De Gulden Passer. Jaargang 65
(1987)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Auteursrechtelijk beschermd
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L'oeuvre d'un jésuite flamand en hongrois au début du XVIIème siècle
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comme étant une oeuvre flamande très populaire de la main de Jan David. Jan David (1545-1613)Ga naar voetnoot4, prédicateur jésuite, auteur de disputes et recteur de divers collèges avait édité à Anvers en 1607 un livre comprenant deux volumes et intitulé: paradisus // sponsi et sponsae: // in quo // messis myrrhae et aromatum // ex instrumentis ac mysterijs // Passionis christi colligenda, // ut ei commoriamur. // et // pancarpium marianum, // Septemplici Titulorum serie // distinctum: // ut in b. virginis odorem curramus, // et christus formetur in nobis. // Auctore p. ioanne david, // Societatis iesu // Sacerdote. [//antverpiae, // ex officina plantiniana, // Apud Ioannem Moretum. // M.D.VII.]. Ce livre de dévotion est illustré de 102 planches. Dans cette oeuvre emblématique David traite de la Passion, disposant les planches auprès du texte latin de telle façon qu'elles rendent plus facile l'interprétation par les lecteurs et qu'elles provoquent une réaction plus affective. Il considère les emblèmes - toujours en latin -, à l'intérieur de la peinture et de l'art graphique, comme un moyen d'expression propre à faire prendre conscience des doctrines. La signature au bas de chaque illustration, écrite en latin, en néerlandais et en français est composée en distiques. Un hommage est rendu par l'auteur aux archiducs Albert et Isabelle, gouverneurs des Pays-Bas Méridionaux, dédiant le premier volume à Albert et le second à Isabelle, la dédicace étant faite à Ypres et datée du 30 juin 1607. Albert, élevé dans la mentalité jésuite et Isabelle qui protège la mystique religieuse, acceuillent probablement avec beaucoup de satisfaction cet oeuvre ascétique-mystique. En dehors des Pays-Bas Méridionaux le livre connaît un suc- | |
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cès quasi-immédiat partout en EuropeGa naar voetnoot5; une seconde édition est d'ailleurs publiée en 1618. On trouve déjà en 1608 une traduction du premier volume en polonais de la main de Stanislaw Grochowski († 1612) et trois ans plus tard les 50 planches sont spécialement éditées pour cette traduction avec les distiques y relatifs également traduits en polonais. En 1617 l'oeuvre intégrale est traduite en allemand par un moine bénédictin du nom de Karol StengelGa naar voetnoot8. Ce vif intérêt pour ce livre de dévotion n'est pas le fait du hasard, puisque le Paradisus Sponsi et Sponsae (...) illustre déjà ce nouveau sentiment religieux de la vie, c'est-à-dire une religiosité personnelle et affective et non les disputes théologiques très générales. Cette nouvelle attitude religieuse exige de ce fait des livres de dévotion écrits dans la langue dite vulgaire, c'est-à-dire la langue du peuple et non le latin. C'est dans cet état d'esprit que le grand seigneur hongrois István Wesselényi, ce catholique dévot, s'intéresse au livre de David et le traduit en hongrois pour sa soeur, grande dame de Transsylvanie, Anna Wesselényi. C'est elle qui l'inspira pour la traduction d'un livre destiné à pratiquer une religion individuelle puisque cette grande dame, dont le mari était décédé, voulait élever ses enfants dans la foi catholique, seule au milieu d'une communauté protestante. István Wesselényi ne traduit que le premier volume du livre de David, laissant de côté - de même que le traducteur polonais - les recommandations de l'auteur: ‘Hac modò te monitumGa naar voetnoot6 Ga naar voetnoot7 | |
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volui; ne quae aptè coniuncta, ignarus divellas: quamquam et altero sine altero frui, in tui emptorisq́ue erit arbitrio’. Le manuel d'exercices spirituelles était dédié à la soeur du traducteur, au châteu Vécs en Transsylvanie. Il est dès lors facile à comprendre que la dédicace en vers hendécasyllabes adressée à Albert et Isabelle manque dans la traduction hongroise. Également manquant est le ‘Lectori Benevolo’ bien que cette partie doive attirer l'attention du lecteur sur l'existence de deux volumes dans un livre. A partir du ‘Praefatio’, Wesselényi prend pour base à sa traduction le texte latin, sans que nous ayons pu savoir s'il connaissait l'existence de l'édition polonaise. Les 50 méditations surla Passion se terminent par un discours; dans ces méditations l'on exige des lecteurs une conduite dévote, la même que dans le Cantique des Cantiques ou dans la mystique bernardine du Moyen-Age: ceci est le rôle du fiancé. On peut également trouver dans l'oeuvre des allusions à la ‘triple route’, issue du mysticisme du Moyen-Age: la via purgativa, la via illuminativa et la via unitiva. Au cours de la méditation le dévot se renferme en soi-même et fait des exercices ascétiques, la partie des prières passant au second plan. On peut donc reconnaître dans cette oeuvre ce type de livres de prières dans lequel l'exercice autonome de la religion joue le rôle dominant et dont le but ultime est la direction de la volonté humaine. Parallellement à tout cela les chapitres font également appel à cet aspect médiéval qu'est l'‘ars moriendi’. Wesselényi rend le texte de David d'une façon tellement précise que l'on retrouve certains passages et lieux de la Bible sur la base de la traduction hongroise. La meilleure preuve de ce travail précis est qu'il traduit également les passages qui font allusion aux emblèmes de l'originale, bien qu'ils ne soient pas nécessaires dans le texte hongrois puisque cet ouvrage manuscrit ne comporte pas d'illustrations. La fidélité dans le texte s'explique facilement par le fait que Wesselényi voulut publier cet oeuvre en forme illustrée mais n'y réussit jamais pour des raisons inconnues. L'existence de ce manuscrit est donc la preuve que l'oeuvre du jésuite flamand arriva en Hongrie dans la deuxième décennie | |
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du XVIIème siècle. C'est ainsi que nous pouvons également compter une traduction hongroise à côté des deux éditions polonaises et de l'édition allemandeGa naar voetnoot9. |
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