De Gulden Passer. Jaargang 61-63

[p. 557]

Les dernières oeuvres datées de Jean Wierix
par M. Mauquoy-Hendrickx
(Falmagne)

Jusqu'il y a peu d'années, le millésime ultime figurant sur une oeuvre de Jean Wierix était celui gravé à la suite d'une signature particulièrement explicite, celle d'Orphée charmant les animaux (M.-H. n^o 1603¹): IOHANNES. WIRICX. INVE.[NTOR] ET. F.[ECIT] EXC.[VDIT] CO. (pour CVM) GRATI.[A] ET. PRIVILEGI.[O] AE.[TATIS] 67. A.[NNO] 1615. Jean ajoute avec une certaine fierté que ‘devenu usé, il n'a pas tout oublié’: ICK VOT (=word) VERSLETEN HEBT NIET AL VERGETEN.

Une estampe comportant le millésime 1616 ne prouve pas que Jean gravait encore cette année, mais seulement qu'il était encore en vie, puisqu'il en était l'éditeur et le dessinateur (le dessin pouvait être antérieur). C'est le Sang du Christ (M.-H. 579).

Le grand album - peu connu - de Thierry Piespord, intitulé Serenissimorum potentissimorumque Pnncipum Habsburgi-Austriacorum Stemma... édité à Bruxelles (M.-H. 2142), fut commencé le 1^er juin 1615 et terminé le 31 décembre 1616, selon le texte du titre gravé par Nicolas Rijckmans. Le fait qu'il contient une planche de Jean, comportant la mention de son âge: 67 ans, n'apporte pas la preuve que cette estampe est de 1616 puisqu'elle n'est pas datée elle-même et peut donc être de l'année précédente, soit 1615, comme l'Orphée. En fait, c'est une annexe relative à l'empereur Rodolphe Ier, collée par le bas et rabattue sur le dernier tableau. Cette feuille comporte au verso un avis au lecteur, dans un encadrement gravé non signé qui ne semble pas être de Jean Wierix et qui existe en une deuxième version, sans encadrement, parue dans la réédition de 1620.

1 M. Mauquoy-Hendrickx, Les Estampes des Wierix, catalogue raisonné, Bruxelles, 1978-1982.

[p. 558]

Ill. 1: Jean Wierix, Pietà, 1618 (Copyright Mr. Richard L. Feigen, New York).

[p. 559]

Depuis peu, on sait que Jean a encore dessiné en 1618, à l'âge de 69 ans, car l'artiste a écrit de sa main la mention ‘Johan Wiericx in[ve]ntor. AE. 69 ã. 1618’ sur une Pietà qui présente quelques faiblesses indéniables: la position imprécise de la Vierge à peine assise sur le bord d'un tombeau fort étroit, soutenant de ses mains, sans fermeté, le corps du Christ presque debout. Les gestes de l'ange - un peu ahuri - ne sont guère plus efficaces, car il effleure à peine le coude du Christ et touche trop légèrement son épaule pour le maintenir, etc.

Le dessin est à la plume, à l'encre brune, sur vélin (133 × 103 mm.). Il a passé en vente chez Sotheby, à Londres, le 27 juin 1974 et fait actuellement partie de la collection privée de Monsieur Richard L. Feigen, de New York, qui a aimablement autorisé la reproduction de cette oeuvre importante.²

2 Le dessin comporte un fort trait d'encadrement dont le côté gauche ne coupe pas autant l'angle du tombeau.