De Gulden Passer. Jaargang 56
(1978)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Auteursrechtelijk beschermd
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Fig. 1 - Page de titre d'un pamphlet défavorable à la reprise des travaux du Concile de Trente, annoncée pour 1551 (Collection C. de Clercq).
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Fig. 2. - Page de titre d'une réfutation d'André Osiander par Érasme Alber en décembre 1551 (Collection C. de Clercq)
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Fig. 3. - Page de titre d'une réfutation d'André Osiander par Flacius Illyricus le 1er septembre 1552 (Collection C. de Clercq)
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Fig. 4. - Portrait de François Sonnius, évêque d'Anvers, par François Pourbus le Vieux. Au dessus du portrait on lit: 1577. Aetatis sue 68. Pourbus était né en 1545 et mourut à Anvers en 1581 (Musée des Beaux-Arts à Anvers, no 547 du catalogue)
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Fig. 5. - Page de titre d'une réédition d'une oeuvre de François Sonnius, procurée à Trèves en 1750 par Georges Neller (Bibliothèque du Priesterseminar à Trèves)
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Fig. 6. - Page de titre d'une histoire du Colloque de Worms en 1557, par Frédéric Forner, parue en 1624 (Bibliothèque universitaire de Cologne)
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François Sonnius controversiste et apologiste
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La première brochure se rattache directement à notre sujet: Was von dem ietzt ausgeschriebenen Tridentischen Concilio zu halten sey. Drey gesprech. En dessous du titre on lit les versets 4 et 5 du psaume XXVI (XXV selon la Vulgate), ce qui indique déjà une attitude négative vis-à-vis de discussions où les uns accusent les autres, et la date de 1551. Le livret imagine trois conversations auxquelles participent, suivant des modalités diverses, un archiprêtre catholique, un gardien ou supérieur religieux franciscain, et deux protestants: Pasquillus et le secrétaire d'un seigneur temporel. Selon eux, le concile n'a rien d'oecuménique, il faut suivre une voie moyenne d'entente: la conciliation par la charité. Le petit livre se termine par treize invocations au Seigneur aux pages 55 à 57, la page 58 et dernière est blanche. La seconde brochure est intitulée: Widder das Lesterbuch des hochfliehenden Osiandri, darinnen er das Gerechte Blut unsers Herrn Jesu Christi verwirfft als untüchtig zu unser Gerechtigkeit, etc. An den Hertzogen in preussen geschrieben durch Erasmum Alberum D. En dessous du titre on lit les versets 10 du chapitre V de l'épître aux Galates et 3-4 du chapitre VI de la 1ère épître à Thimothée. André Osiander naquit en 1498 à Gunzenhausen dans le Brandebourg, fut ordonné prêtre catholique à Nuremberg en 1520, se maria et adhéra au luthéranisme en 1525; il fut nommé en 1549 professeur à l'université de Königsberg par Albert de Hohenzollern, celui-ci était passé au protestantisme et obtenu la sécularisation de la Prusse qui devint un duché héréditaire. Osiander défendit des thèses outrancières, notamment que la justification par la foi se produit dans l'homme lorsqu'il entend la parole du Verbe qui vient alors demeurer en lui. La passion et le sang du Christ ne jouent qu'un rôle accessoire de rémission des péchés. Ceux qui s'opposèrent à cette doctrine, notamment l'auteur de la brochure, furent exilés par le duc. C'est ainsi qu'Erasme Alber, né vers 1500 à Brunderbrucken, fidèle élève de Luther, se réfugia à Hambourg. C'est là qu'il signa, en décembre 1551 la dédicace au duc de son écrit contre Osiander. Vient alors la réfutation des doctrines de ce dernier, entrecoupée d'invocations au Christ, considéré surtout dans sa passion. Suivent vingt-trois vers latins, commençant ainsi: ‘Lutherus si iam viveret, Osander (sic) haec | |||||||||||||||
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non scriberet’, et quelques textes de Luther réprouvant les thèses d'Osiander. A la fin de la brochure page 64, on lit: ‘Ex officina Ioachimi Leonis’. C'était un imprimeur à HambourgGa naar eind4. Un autre adversaire d'Osiander fut Mathias Vlacič, latinisé en Flacius, dit Illyricus. Il était en effet né à Albona en Illyrie en 1520, il devint professeur à Magdebourg et se distingua par sa lutte contre les communautés non-luthériennes. En 1552 il publia à Francfort-sur-Main: Confessionis Andreae Osiandri de iustificatione refutatio, et à Magdebourg, chez Christian Rödinger, le 1er septembre, ainsi que l'indique le page 48 et dernière: Kurtze und klare erzelung der argument Osiandri mit ihrer verlegung, und unserer beweisung wider ihn von der gerechtigkeit des glaubens. En dessous on trouve un texte de Luther sur le psaume XXXII (XXXI de la Vulgate). L'opuscule est dédié à la communauté de Königsberg. Après un prologue, l'auteur expose trente thèses d'Osiander et les rejette, il définit ensuite sa propre doctrine en trente thèses également, puis ajoute quelques ultimes réfutationsGa naar eind5. La session du concile de Trente, du 13 janvier 1547, avait traité de la justification, celle du 3 mars des sacrements en général, du baptême et de la confirmation, les réunions tenues sous Jules III s'occuperont des autres sacrements. La réouverture du concile ne se fit que le 1er mai 1551, on discuta d'abord au sujet de l'eucharistie. Marie de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas, envoya à ses frais au concile dix hommes d'Église: l'abbé bénédictin de Saint-Bertin à Saint-Omer, Gérard de HaméricourtGa naar eind6; quatre professeurs de la faculté de théologie de Louvain: le doyen Ruard TapperGa naar eind7, Jean van der Eycken, dit LeonardiGa naar eind8, Sonnius, Josse van RavesteynGa naar eind9; quatre religieux, parmi lesquels Jean de MahieuGa naar eind10; Vulmar Bernaert, docteur utriusque iuris de Louvain. Ils arrivèrent à Trente fin septembre, les premières délégations protestantes furent sur place début octobre. Les quatre professeurs louvanistes eurent tout juste le temps de remettre le 9 octobre un mémoire sur l'eucharistieGa naar eind11, car deux jours plus tard furent votés en réunion plénière les chapitres et canons en la matière, rédaction à laquelle ils n'avaient donc pris aucune part. Les thèses protestantes sur la pénitence furent résumées en douze articles, celles sur l'extrêmeonction en trois articles; les condamnations les visant avaient été | |||||||||||||||
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préparées. Le 21 octobre les quatre professeurs louvanistes remirent leur mémoire; ils se rallièrent aux condamnations mais relevèrent ce qui chez les protestants n'était pas erroné: la satisfaction pénitentielle dépend de l'arbitre du confesseur; en dehors du sacrement, il y a une vertu de pénitence; le Christ n'a pas précisé si la confession devait être publique ou secrèteGa naar eind12. Le concile comportait des assemblées générales et des réunions particulières. Dans une de celles-ci, qui commença le 22 octobre à 20 heures, Sonnius donna son avis sur les articles concernant la pénitence, il répéta les trois remarques du mémoire louvaniste, précisant encore davantage sa pensée à leur sujet, il déclara explicitement que l'énumération de tous les péchés est impossible dans un sens absolu, que la satisfaction n'est pas toujours rigoureusement nécessaire et qu'elle doit rester dans la limite des choses possibles à accomplir. Après lui, van Ravesteyn présenta ses remarques au sujet de l'extrême-onction. La réunion se termina à 23 heures. Le texte définitif des chapitres et des canons sur la pénitence, adoptés en séance plénière le 22 novembre, tint compte des suggestions de Sonnius; toutefois, en ce qui concerne la satisfaction, le concile maintint son anathème contre ceux qui nieraient qu'elle fait partie intégrante du sacrementGa naar eind13. Ensuite le concile s'occupa de la messe et du sacrement de l'ordre. Il échut à Sonnius d'exposer son avis sur l'article 5 des protestants concernant la messe et de l'article 3 concernant l'ordre. Il remit un long mémoire écrit pour les condamnerGa naar eind14, il cite longuement les Écritures et les Pères, il répond aux théories du théologien protestant Philippe MelanchtonGa naar eind15, qui avait pensé venir au concile mais s'arrêta en cours de route. Au début de l'après-midi du 10 octobre Sonnius s'appliqua dans une discussion privée à réfuter plus particulièrement les arguments de ce dernierGa naar eind16. Il parla ensuite à la réunion des théologiens à 21 heuresGa naar eind17. Il distingue une triple offrande du Christ: sur la croix, sur l'autel, dans les cieux, où, selon la parole de saint PaulGa naar eind18, le Christ intervient constamment pour nous auprès de son Père. Il apporte ainsi un complément tout-à-fait orthodoxe et réel à l'insistance quasi exclusive que théologiens catholiques et protestants mettaient sur la passion et la mort du Christ, et, en ce qui concerne ceux qui | |||||||||||||||
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admettaient la messe, sur le renouvellement non sanglant du sacrifice sanglant, contre l'exclusivité de celui-ci Osiander avait réagi avec outrance. Les protestants rejetaient toute véritable hiérarchie dans l'Église, tous les chrétiens sont égaux, ce sont eux qui désignent les ministres du culte; Sonnius au contraire montre que le sacerdoce du prêtre est le même que celui du Christ et que les prêtres doivent être nommés par l'évêque. La réunion se prolongea jusqu'à 24 heures, Sonnius avait eu une journée bien remplie. Le 31 décembre, Bernaert écrit à André MasiusGa naar eind19: ‘les quatre théologiens de Louvain et moi habitons avec un des ambassadeurs de l'empereur Gulielmus a PictaviaGa naar eind20. Nous dépensons beaucoup d'argent, toutes choses sont très chères ici et nous vivons largement. Chacun de nous a deux serviteurs, et reçoit de la Cour chaque jour, pour lui et pour eux, un subside de trois philippins; la nourriture plaît assez à chacun de nous, mais le vin beaucoup moins. L'un de nous, le maître de Hasselt, se trouve mal; il souffre d'un flux du ventre et cela depuis longtemps, en sorte qu'il est très faible, et parce qu'il est sévère de caractère et mélancolique nous doutons de son sort, nous espérons cependant le mieux. Nous enterrons aujourd'hui un de ses serviteurs, un prêtre qu'il avait amené avec lui de Louvain, il est mort hier d'une maladie étrange peu connue des médecins..., que son âme repose en paix. Nous avons déjà enterré le secrétaire de l'ambassadeur, qui est décédé d'une grave hémorragie. Ces exemples de la fragilité humaine nous sont donnés, il faut nous garder de contracter maladie par trop de nourriture ou de boisson’. Le maître de Hasselt est van der Eycken, il mourut en effet le 5 janvier 1552. Avant Noël, le concile s'était ajourné au 25 janvier, il s'éternisa ensuite dans les discussions sur la messe et sur l'ordre, en sorte qu'aucun texte définitif n'avait été adopté en ces matières, lorsque, le péril de guerre se rapprochant, l'assemblée fut suspendue le 28 avril. Les délégués des Pays-Bas prirent la route du Brenner, mais arrivés à Bolsano, le théâtre des opérations militaires se rapprochant, ils décidèrent de regagner Trente où ils étaient encore le 22 juinGa naar eind21 et dont ils partirent par un autre chemin. En 1555 Sonnius publia les deux premiers traités de ses Demonstrationum religionis christianae, à Louvain chez Étienne Valerius. | |||||||||||||||
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Dans le premier traité, sur la Parole de Dieu, Sonnius adopte une thèse très mitigée sur la question si discutée de l'inspiration des Écritures: Dieu a parlé par révélation intérieure à l'écrivain sacré, mais celui-ci s'est servi de ses lumières naturelles, de sa propre prudence et industrie, pour établir son récit. Sonnius s'occupe aussi de définir le nombre exact des livres de l'Écriture sainte. Charles Quint abandonna à son fils Philippe II la souveraineté sur les Pays-Bas le 25 octobre 1555 et, sur le royaume d'Espagne le 15 janvier 1556. Il céda l'empire à son frère, Ferdinand I, le 24 février suivant. Ferdinand se préoccupa de la situation religieuse en Allemagne et convoqua en 1557 une réunion de théologiens catholiques et protestants à Worms. Il désigna comme président Rodolphe de Frankenstein, évêque de Spire, puis celui-ci étant mort, Jacques Pflug, évêque de Naumburg-Zeitz en Bavière. Il demanda à son neveu Philippe II d'envoyer trois théologiens louvanistes à Worms, le souverain des Pays-Bas désigna van Ravensteyn, Sonnius et Martin Boudewijn van RijthovenGa naar eind22. Le colloque s'ouvrit à Worms le 11 septembreGa naar eind23, les douze théologiens catholiques comportaient deux évêques, les trois louvanistes, deux jésuites et deux dominicains, un autre prêtre, deux laïques convertis du protestantisme; les douze théologiens protestants comptaient six surintendants, dignité correspondant à celle d'évêque, trois professeurs d'université et trois autres ministres du culte. Sonnius écrit à Viglius van Aytta, président du Conseil privé et du Conseil d'État à Bruxelles: ‘Nous serions à juste titre effrayés et par le lieu, c'est-à-dire Worms où se traite l'affaire, et par tout le voisinage d'alentour, et par le nombre des adversaires, qui est grand, et qui jouit en outre de la grande faveur des princes séculiers; nous autres au contraire, quelques uns seulement, des étrangers, odieux à plusieurs en raison de la cause que nous défendons, en un lieu hostile, sans créance publique, sans protection du roi ou des évêques catholiques, si tout notre espoir n'était pas en Dieu... Nous sommes logés dans un faubourg au couvent des carmes, assez commode, mais trop éloigné de là où se tient l'assemblée...’Ga naar eind24. La base des discussions devait être la Confession d'Augsbourg, mais dès le début on ne put se mettre d'accord sur les éléments d'interprétation de ce texte, les protestants n'admettant que les | |||||||||||||||
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Écritures, les catholiques voulant y ajouter les Pères et la traditionGa naar eind25. Même quant aux Écritures, il n'y eut pas entente quant au nombre des livres sacrés, Sonnius prit spécialement part à la discussion sur ce point qu'il connaissait bien. Le 20 septembre, le président demanda s'il fallait tenir compte des sectes qui proposent des doctrines s'écartant du texte primitif de la Confession d'Augsbourg, les disciples de Zwingle, d'Osiander et d'autres. Ici les protestants eux-mêmes se divisèrent: cinq d'entre eux étaient d'accord pour condamner immédiatement ces sectes, mais les sept autres prétendaient qu'il fallait d'abord examiner chaque cas et voir jusqu'à quel point on s'écartait de la Confession d'Augsbourg, ils allèrent jusqu'à exclure de leur collège les cinq théologiens plus sévères, ce qui rendait toute discussion impossible. Le 6 décembre, les théologiens catholiques adressèrent au président du colloque un long et important mémoire sur ce qui s'était passé aux réunions et sur l'impossibilité de continuer les débatsGa naar eind26. L'assemblée fut dès lors dissoute le 8 décembre, sans aucun résultat. Philippe II se trouvait à Bruxelles en 1558, il se préoccupa de ce que les Pays-Bas comptassent trop peu de diocèses et même qu'une partie d'entre eux dépendît d'évêques habitant un territoire étranger. Il voulut obtenir du Saint-Siège l'érection de nouveaux évêchés dans les Pays-Bas, il envoya Sonnius à Rome pour traiter l'affaire auprès du nouveau Pape Paul IV et signa le 8 mars des instructions détaillées pour Sonnius. Celui-ci voyagea par l'Allemagne, emportant avec lui la traduction des Actes de Worms. Il arriva à Rome le 13 mai et fut admis le 31 auprès du pape, auquel il remit un mémoire demandant l'érection de nouveaux évêchés. Le pape nomma une commission de sept cardinaux pour étudier la question, ils se réunirent les 5, 9, 10, et 27 août, Sonnius étant chaque fois convoqué et pouvant présenter ses observations. La commission rédigea un rapport favorable le 19 septembre, Sonnius y ajouta une note additionnelle et les deux documents furent présentés au pape le 5 octobre. Le 3 novembre Sonnius adressa à Paul IV une supplique pour hâter l'affaire, il fut reçu le 2 décembre et remit au pontife les Actes de Worms et une nouvelle supplique concernant l'érection des nouveaux évêchés. Il en adressa une troisième le 10 mars 1559. Enfin, le 12 mai, il fut | |||||||||||||||
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admis au consistoire pour plaider la cause, il dut ensuite se retirer pendant que le pape et les cardinaux délibérèrent et décidèrent la création demandée de nouveaux évêchés. Après le consistoire le pape apprit lui-même la bonne nouvelle à Sonnius, qui le lendemain la fit connaître dans une lettre à Philippe II. Le pape reçut encore Sonnius le 9 juilletGa naar eind27. La bulle d'érection des nouveaux évêchés porte, selon l'usage, la date du consistoire où elle fut décidée, mais le pape n'y apposa sa signature que le 21 juillet. Sonnius occupa diverses résidences lors de son séjour à Rome, en dernier lieu il habita l'hospice Sancta Maria de Anima, dit teutonique, parce que les ecclésiastiques, sujets du Saint Empire germanique, y étaient accueillis. Sonnius admira la nouvelle église de l'hospice, et les oeuvres d'art qui s'y trouvaient déjà, notamment le monument funèbre d'Hadrien VI, sculpté par Balthazar Peruzzi, et élevé peu après que le corps du pape, décédé en 1523, eut été transporté en l'église de l'Anima le 12 août 1530Ga naar eind28. Sonnius donna le 1er août 1559 trois ducats à l'hospice et un ducat pour les prêtres y résidantGa naar eind29. Il quitta Rome le lendemain pour se rendre auprès de Philippe II à Middelbourg, le 28 le souverain s'embarqua pour l'Espagne à Flessingue. Philippe II désigna les nouveaux évêques, il promut Guillaume de Poitiers à l'évêché de Saint-Omer, Jean de Mahieu à celui de Deventer, Martin van Rijthoven à celui d'Ypres, François Sonnius à celui de Bois-le-Duc dans lequelle était située sa terre natale. Guillaume de Poitiers refusa sa dignité et Gérard de Haméricourt sera nommé à sa place, de Mahieu ne pourra prendre possession de son siège en raison de l'opposition de la population. Après la suspension de 1552, la réouverture du concile de Trente avait tardé, le nouveau pape Pie IV la décida. Répondant à une lettre de Sonnius, envoyée de Bruxelles le 14 décembre 1561, Musio Calini, archevêque de Zara depuis 1555, annonça le 27 décembre depuis Trente cette prochaine réouvertureGa naar eind30. Sonnius voulut se rendre au concile pour défendre ses idées en ce qui concerne la messe et l'ordre, mais il devait encore être sacré évêque et prendre possession de son siège de Bois-le-Duc, ce qui, en raison de diverses circonstances, ne se fit qu'en novembre 1562. La réouverture du concile avait eu lieu le 18 janvier, chapitres et | |||||||||||||||
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canons sur la messe furent adoptés le 17 septembre, ceux sur l'ordre seulement le 15 juillet 1563, mais Sonnius avait abandonné toute idée de se rendre à Trente et les textes adoptés ne portent aucune trace de ses interventions de 1551: il n'est pas bon d'être absent. En 1569 Sonnius passa à l'évêché d'Anvers, beaucoup plus important que celui de Bois-le-Duc. Après un fructueux épiscopatGa naar eind31, il mourut à Anvers le 29 juin 1576. | |||||||||||||||
IILes oeuvres de Sonnius eurent de fréquentes rééditions au XVIe siècle. Nous en avons trouvé une, plus récente, à peine connue: Reverendissimi Patris Francisci Sonnii Theologi, quondam Episcopi Buscoducensis, Demonstrationum Religionis Christianae Tractatus primus. De Verbo Dei, juxta Exemplar Parisinum de anno 1568. Ob excellentiam operis In gratiam examinandorum recusus. MDCCL. Treviris apud J.C. Reulandt, Aul. & Univ. Typogr.Ga naar eind32. Celui qui a procuré cette réédition en a signé la préface le 1er septembre 1750: c'est Georges-Christophe Neller, né en 1729, professeur de droit canon à l'université de Trèves depuis 1748, examinateur du clergéGa naar eind33. Il cite trois textes du Décret que le célèbre canoniste Jean Gratien composa à Bologne vers 1140; il argue de sa double fonction à Trèves pour faire l'éloge de Sonnius et du traité qu'il réédite: ‘Georgius Christophorus Neller J.U.D. et Ss. Canonum Professor, Assessor Consistorialis, et Examinator Synodalis Trevirensis. Cupidae Sacrarum Literarum juventuti Salutem. Duo sunt, quae aspirantes ad regimen animarum praeprimis nosse, proindeque tempestive discere debent, scilicet Scripturae sanctae, et Sacri canones. Cap. I. dist. 38, illae ad fidei scientiam, hi ad operis disciplinam. Inscitia alterutrius nec excusatione digna est, nec venia. Ignoratio Scripturarum ignoratio Christi est. Cap. 9, dist. ead. Nulli Sacerdotum liceat Canones ignorare. Cap. 4, ead. Hos ego vobis oretenus quotidie interpretor: illam in examine synodali commendo legere, et urgeo. Inveni autem, animos vestros perquam avidos hujus sancti atque eruditi studii, hinc deliberavi | |||||||||||||||
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mecum, quo vos libello ad lectionem S. Scripturae commodius praepararem. Sorte incidi in opuscula Francisci Sonnii, eaque tam reperi solide conscripta, tam facilia captu, ut iis successive reimprimandis operam meam commodare mox decreverim. Movit me profunda Viri eruditio, claritas methodi, coaeva S. Concilio Tridentino aetas, multa circumspectio et cura in delectu verborum, pressa decretorum Tridentinorum imitatio, elegans textuum biblicorum applicatio. Ut vero sciatis, quis, quantusque extiterit Author hic noster, vitam ejus accipite ex Galliae Christianae recens Parisiis 1731 editae Tome V'. Il s'agit ici du grand ouvrage du bénédictin Denys de Sainte-Marthe, dont Neller cite le passage concernant Sonnius. Il continue ensuite sa préface: ‘Editio, quam restauro, Parisiensis est de anno 1568, multis referta mendis typicis, neque nitida satis: adeo autem exacte autographi fidem sequitur hoc exemplar, ut nequidem ea voluerim expungere, quae omissa à Viro coeteroqui erudito voluissem, allegationes nempe falsarum Decretalium. Sed lapsus iste primariis ejus aevi Theologis fuit ex asse communis, quos inter eximius Cochlaeus anno 1526 edidit epistolas quinque S. Clementis, tres Anacleti, duas Evaristi, PP. MM. tanquam genuinas omnes, easque consecravit Ferdinando Hispaniarum Infanti, omissurus sane, ubi paulo serius vixisset, et Criticorum nostrorum sensa desuper intellexisset. Denique ad calcem hujus tractatus adjeci in supplementum selectiora quaedam monumenta, queis constans, aviternaque traditio Ecclesiae circa numerum et canonem Sanctarum utriusque foederis Scripturarum demonstratur, subjuncto indice exercitatorio. Accipite ergo pretiosum Sonnii laborem, fidei nostrae sanctae ac perpetuae medullam, sicque sanam magni Viri doctrinam combibite, ut ex eadem suo tempore Oves Dominicas uberrime queatis passere. Dabam Treviris Kal. Sept. 1750’. Neller dit donc qu'il fait réimprimer une édition de Paris datant de 1568 malgré ses nombreuses fautes d'impression; il faut malheureusement ajouter que son imprimeur en commet aussi d'autres, jusque dans cette préface. Neller fait état d'un ouvrage de Jean Cochlée, né à Wendelstein près de Nuremberg en 1476, chanoine et théologien, mort à Breslau en 1552, qui a cru authentique les | |||||||||||||||
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dix lettres papales indiquées. Elles font cependant partie d'une collection déjà contestée à l'époque, qu'on appela plus tard les Fausses Décrétales, ouvrage élaboré par un Pseudo-Isidore entre 847 et 852Ga naar eind34. Sonnius tenait encore cependant pour l'authenticité. Neller dit ensuite qu'il ajoute à l'oeuvre de Sonnius un supplément, au sujet de la liste officielle des livres de l'Ancien et du Nouveau Testament. Ce supplément est paginé en chiffres romains. Une brève analyse nous permettra de constater l'évolution de la critique historique en la matière, de Sonnius à NellerGa naar eind35. Neller reproduit et commente onze textes contenant cette liste. Le no 1 est le canon indiqué comme 48 des Apôtres, il s'agit en réalité du canon 84 ou 85 de la série grecque des Canons dits Apostoliques. Il situe entre les Épîtres et les Actes des Apôtres: ‘Clementis epistolae duae, et Praeceptiones, quae vobis Episcopis per me Clementem in octo libris editae sunt, quas omnibus publicare non oportet ob quaedam arcana, quae in se continent’. Neller écrit au sujet du canon 85: ‘deceptum fuisse Sonnium’. Il rapporte l'opinion formulée en 1693 par Zeger-Bernard van Espen, né à Louvain en 1646, professeur à l'université en cette ville en 1675, jansénisant, mort en exil à Amersfoort en 1728Ga naar eind36. Neller admet que les deux épîtres de Clément jouirent d'un réel crédit dans l'Église primitive, mais il témoigne moins de confiance à l'égard des Praeceptiones ou Constitutiones Apostolicae, dont l'auteur du canon 85 s'attribue faussement la paternité. En réalité la série des Canons Apostoliques forme le dernier chapitre du Livre VIII des Constitutions Apostoliques, qui sont apocryphes et dont certains textes ont en effet un caractère mystérieux. Elles datent de la seconde moitié du IVe siècle. Depuis, la critique a encore fait des progrès, si la 1ère épître de Clément est de fait une lettre adressée par le premier pape de ce nom à l'Église de Corinthe, la seconde est une simple homélie dont on ne connaît pas l'auteurGa naar eind37. Tyrannius Rufinus, prêtre à Aquilée, mort en 411, a rendu les plus grands services à la science ecclésiastique tant par ses traductions latines d'écrits patristiques grecs que par ses oeuvres personnelles. Il a traduit l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe, évêque de Césarée, décédé en 340; cette version a été publiée par Cacciani à Rome en 1740Ga naar eind38. C'est sans doute par elle que Neller a utilisé | |||||||||||||||
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Eusèbe pour trois textes: IV, 26 = no 2, lettre de Méliton, évêque de Sardes, mort vers 195; VI, 14 = no 3, extrait des Hypotyposes de Clément, évêque d'Alexandrie, décédé vers 215; VI, 25 = no 4, extraits de deux commentaires et d'une homélie scripturaires par Origène, mort vers 254. Parmi les oeuvres personnelles de Rufin, Neller a reproduit, sous le no 7, un extrait de la section 35 de l'Expositio super Symbolum Apostolorum. Un autre ouvrage important, dont Neller déclare trois fois avoir utilisé le tome I, est la célèbre collection du jésuite Jean Hardouin, parue en douze volumes à Paris en 1714-1715: Acta Conciliorum et Epistolae decretales ac Constitutiones Summorum Pontificum. Le canon 60 du concile de Laodicée, qu'Hardouin date de 372, donne une liste des livres de l'Écriture, que Neller reproduit sous le no 5. Depuis A. BoudinhonGa naar eind39 a prétendu avec quelque vraisemblance que ce ‘concile’ est peut-être simplement une petite collection canonique de l'époque, ce qui n'enlève cependant rien à l'intérêt de la liste. Sonnius en avait déjà cité une autre comme canon 40 du concile de Carthage de 397, Neller la reproduit d'après Hardouin sous le no 8; depuis, il a été prouvé que c'est le canon 40 du concile d'Hippone de 393, qui en effet a été relu au concile de Carthage du 28 août 397 et a formé le canon 47 du Codex canonum Ecclesiae Africanae, adopté par un concile de Carthage le 25 mai 419Ga naar eind40. Sonnius avait cité une lettre du pape Innocent I, il s'agit de celle adressée le 20 février 405 à Exupère évêque de ToulouseGa naar eind41; Neller reproche à Sonnius d'avoir utilisé une édition fautive de cette lettre et en reproduit, d'après Hardouin, sous le no 9, le passage concernant les Écritures. Nous ne savons pas d'après quelles éditions Neller a utilisé, sous le no 6, une poésie de saint Grégoire de Nazianze, mort vers 389/390, et, sous le no 10, un passage du De doctrina christiana, II, 13, écrit vers 397 par saint Augustin évêque d'Hippone. Sous le no 11, Neller étudie un décret sur le canon des Écritures et les livres postérieurs admis ou rejetés par l'Église, qu'il attribue au concile romain de 1493 tenu sous le pape Gélase I et réunissant 70 évêques. Il y a une faute manifeste d'impression, sans doute pour 493, tandis que c'est plutôt en 494 que d'autres ont situé ce concile. Mais ni l'une ni l'autre date est exacte, on admet | |||||||||||||||
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aujourd'hui que ce concile n'a pas eu lieu et que son décret est l'oeuvre d'un particulier de l'époque ou d'une date légèrement plus tardiveGa naar eind42. Ceci nous permet de conclure: Neller a fourni un excursus sur le canon des Écritures, méritoire pour son temps, mais qui n'est évidemment plus à jour. Il fallait néanmoins fournir une analyse, jamais faite jusqu'ici, de sa réédition d'une oeuvre de Sonnius, dans une étude consacrée à celui-ci. | |||||||||||||||
Appendices:I. - La pénitence selon le Concile de Trente:Résumé des avis de Sonnius sur les textes proposés au concileGa naar eind43 Décisions définitives du concileGa naar eind44
Au sujet de la pénitence:
Poenitentia agite et baptizetur unusquisque vestrumGa naar eind45...
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II. - Liste des théologiens présents au Colloque de Worms de 1557:Du côté catholique: les évêques Michel Helding, dit Sidonius, de MarsebourgGa naar eind46, et Jean Delphius, auxiliaire de StrasbourgGa naar eind47: les trois théologiens louvanistes; les jésuites Pierre CanisiusGa naar eind48 et Nicolas Goudanus; les dominicains Jean GressnicGa naar eind49 et Mathias Esche, dit Cythardus; Jean Silvanus, concionator à WurzbourgGa naar eind50; les laïques Frédéric Stappelage, dit StaphilusGa naar eind51, et Georges WitzelGa naar eind52. Du côté protestant: les surintendants Georges Karg, d'Ansbach en BavièreGa naar eind53, Jean Marbach, de StrasbourgGa naar eind54, Jacques Runge, de GreifswaldGa naar eind55, Joachim Mörlin, de BraunschweigGa naar eind56, Jean Pistorius, de NiddaGa naar eind57, Erasme Sarcerius, de MansfeldGa naar eind58; les professeurs d'université Philippe Melanchton, de Wittemberg, Ehrard SchnepfGa naar eind59 et Victorin StrigelGa naar eind60, d'Iéna; le prévôt Jean BrentzGa naar eind61, de Stuttgart; Michel DillerGa naar eind62 et Jean StösselGa naar eind63, prédicateurs respectivement chez l'électeur palatin et à Weimar. Les cinq de la minorité étaient Stössel, Mörlin, Sarcerius, Schnepf et Strigel; ils quittèrent Worms le 1er octobre. |
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