De Gulden Passer. Jaargang 52
(1974)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Auteursrechtelijk beschermd
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Pl. 1. Ecce panis angelorum
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Une dernière hypothèse (?) au sujet de l'ecce panis angelorum du couvent de Béthanie (Malines) portant le millésime 1467Ga naar voetnoot1
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controverse dont on trouve un excellent résumé dans le rapport de J.-Th. de RaadtGa naar voetnoot4. En effet, Paul Bergmans, à l'époque bibliothécaire-adjoint à l'Université de Gand, et l'un des plus sagaces connaisseurs des incunables des Pays-Bas, s'insurgea immédiatement contre les conclusions de Cordemans. Depuis, nombreux sont les auteurs qui se sont occupés de cette estampe, ou plutôt des textes qu'elle illustre. D'autres, la passant sous silence dans des ouvrages traitant de l'histoire de l'imprimerie, ont pris position sans expliquer pourquoi. En 1962, H.D.L. VervlietGa naar voetnoot5 a exposé en détail l'état de la question, apportant des arguments qui avaient manqué jusque là. Pour être compréhensible, force m'est de résumer à mon tour le problème et de reprendre des éléments de son article auquel le R.P. HeiremanGa naar voetnoot6 vient d'ajouter de précieuses informations que j'expose sommairement.
L'Ecce panis angelorum se compose de deux groupes de parties bien distinctes qui s'insèrent les unes dans les autres. | |||||||||
I. Premier groupe (composé d'éléments xylographiques et d'éléments typographiques).
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Ces quatre parties forment un ensemble équilibré. Aussi peut-on considérer comme certain que la feuille se présentait ainsi à l'origine. Rien dans le style de la vignette ne permet de la classer parmi les xylographies du XVe siècle, ce que fit pourtant Cordemans sur la foi de la date 1467 qui apparaît plus bas. Le papier, sans filigrane, est de beaucoup postérieur à 1467. La feuille (probablement très longtemps pliée) se compose de deux parties soigneusement recollées dont l'une semble avoir souffert d'un traitement différent: celle du haut est plus blanche mais comporte une tache, tandis que la moitié inférieure semble souillée (peut-être a-t-elle été exposée davantage à l'air). Fait troublant, le texte ne se devine guère au verso de la première alors qu'il est très apparent au verso de la deuxième, sans que j'en puisse proposer une explication plausible. | |||||||||
II. Deuxième groupe (composé d'un texte en quatre lignes)
C'est sur le contenu de ces quatre lignes que Cordemans fondait l'essentiel de sa thèse, car, pour lui, toutes les parties de la feuille étaient contemporaines. Ce sont ces quatre lignes ajoutées qui provoquèrent le plus d'objections. Dès le premier coup d'oeil, elles apparaissent pourtant comme une addition insérée tant bien que mal dans un espace trop restreint, non sans rompre l'harmonie de la disposition première. | |||||||||
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Les encres employées sont nettement différentes. L'encre du premier groupe est conforme à celles utilisées couramment pour imprimer des gravures sur bois et des textes typographiques. Au contraire, celle qui servit pour les quatre petites lignes a un aspect insolite et paraît contenir un produit bizarre (genre mine de plomb écrasée ou noir servant au nettoyage des poêles). Vues à la perpendiculaire, les deux encres se ressemblent vaguement, mais en oblique, face à la lumière, la dissemblance est éclatante: celle des quatre petites lignes est terne et grisâtre alors que celle des autres parties garde un aspect normal. Mais ce n'est pas le seul point peu orthodoxe. Le R.P. Heireman a mis l'accent sur les éléments prouvant que ces lignes sont en surcharge, donc nettement imprimées par dessus l'ancienne impression, mais aucune reproduction ne permet une telle constatation et encore moins lorsque le cliché a été soigneusement retouché. De plus, il a parfaitement analysé les anomalies typographiques: mélange de deux corps, mauvais alignement, emploi fautif de certains caractères (s rond final pour un s long au milieu d'un mot), etc. CordemansGa naar voetnoot8 considérait ces quatre lignes comme une impression tabellaire (texte xylographique), ce que confirme formellement le R.P. Heireman. D'autre part, pour W. GodenneGa naar voetnoot9, ‘il ne s'agit pas de xylographie mais de caractères mobiles et en métal’ et H.D.L. Vervliet a pu tout aussi formellement identifier les caractères mobiles en question. On verra plus loin ce qu'il faut en conclure. Les deux premières lignes additionnelles contiennent une demande de prières: Dat ghi bidde voer die van berghe loen heynsberch ryswyck chaboth nassouwe grobbendonck glimis ruysenboch Amen. À Paul Bergmans qui s'étonnait de l'absence de prénoms dans cette énumération, Cordemans répondait qu'il s'agissait des noms des familles de religieuses (ou demoiselles retirées à Béthanie) qui | |||||||||
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auraient fondé des anniversaires pour leurs plus proches parents décédés. Il faudrait traduire: ‘Priez pour ceux des maisons de Bergen-op-Zoom, etc.’Ga naar voetnoot10. Les deux autres lignes concernent l'endroit où la pièce est censée avoir été imprimée et la date: Intra muros castelli marthe Bethania ppe mechlinam impssum añ dñi m cccc lxvij. L'expression ‘Intra muros castelli marthe’ paraît bien étrange, non du fait qu'un couvent n'est pas, à première vue, un castellumGa naar voetnoot11, mais parce que le couvent des chanoinesses régulières de Saint-Augustin n'est pas connu sous le vocable de sainte Marthe mais sous celui de Notre-Dame. C'est ce que prouve une xylographie coloriée: La Déposition de croix (pl. 2) non dépourvue de charme dans sa naïveté. Louis Lebeer l'a décrite et commentéeGa naar voetnoot12; il la date de vers 1500 en raison de la technique et aussi de l'encadrement dans le genre de ceux qu'on trouve dans les xylographies et dans les miniatures de cette époque. Au bas de l'estampe on lit: Tonser liev vrouwen te Betanie. Cette mention (gravée en même temps que la composition et l'encadrement de fleurs qui l'entoure) ne se rapportant pas à la scène représentée, ne peut concerner que la provenance, à savoir le couvent de Notre-Dame, de Béthanie. On pourrait objecter qu'il n'est pas certain qu'il s'agisse du couvent de Béthanie près de Malines, puisqu'il y en eut d'autres dans les Pays-Bas. Mais pour Béthanie hors-les-murs de Malines (près de la porte d'Adegem), l'appellation ‘Tonser liev vrouwen’ est confirmée par une mention contemporaine sur le feuillet de garde d'un manuscrit de 1457, conservé à la Bibliothèque royale Albert Ier: ‘Dit boeck hoert toe den cloester tot onser liever vrouwen te | |||||||||
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Pl. 2. La déposition de croix
Pl. 3. Jésus et sa Mère dans la maison de Lazare
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bethanien buten mechelen’Ga naar voetnoot13. Quant à la date de 1467, Cordemans s'appuie sur elle pour affirmer que Malines fut le siège d'une imprimerie au moins sept ans avant Alost. Si sa théorie avait été exacte, la Belgique aurait pu s'enorgueillir d'avoir été l'un des premiers pays (après l'Allemagne et l'Italie) où une imprimerie aurait été installée. Dans ce cas, Malines aurait eu l'honneur de venir au sixième rang des villes qui en possédèrent une (en même temps que Rome). Cordemans fait encore état de textes d'archives capitaux pour sa thèse. L'estampe ne venait donc que les confirmer. En résumé, il s'agit d'abord de l'inventaire de la succession de Jacqueline de HeinsbergGa naar voetnoot14 dans lequel sont mentionnés ‘neuf blocs de bois à imprimer des images et quatorze blocs de pierre portant une empreinte, ainsi qu'un appareil pour imprimer des textes et des images...’Ga naar voetnoot15. Cordemans y voit la preuve que le couvent possédait un atelier d'imprimerie (encore qu'il ne soit nullement question d'un stock de caractères ni des divers accessoires nécessaires). DelenGa naar voetnoot16 interprétait, non sans vraisemblance, l'expression unum instrumentum ad imprimendas... par frotton, ustensile qui servait à imprimer les estampes (qu'elles comportassent un texte ou non), gravées sur bois, telle la Déposition de croix mentionnée plus haut. La présence de pierres soulève un problème de plus, car il n'est pas question de gravure sur pierre avant le XIXe siècle et il ne faut certes pas songer - comme le firent certains auteurs - à un ancêtre de la lithographie! Toutefois le R.P. Heireman propose une solution à laquelle personne n'avait pensé. Il rappelle que dans les couvents malinois, on avait l'habitude de fabriquer des jardins clos en terre cuite, comportant l'une ou l'autre inscriptionGa naar voetnoot17. Ainsi | |||||||||
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s'expliquerait le mot formerijen qui apparaît dans l'inventaire, constituant une nouvelle preuve aux yeux de Cordemans, car ce dernier y voit un mot forgé d'après formen (formes d'imprimerie) tout comme printerij dérive de prentenGa naar voetnoot18. Au contraire, pour le R.P. Heireman, tout le matériel aurait servi à la fabrication de jardins clos. Cette conclusion n'exclut naturellement pas l'existence d'un atelier où l'on imprimait, à l'aide d'un frotton ou au moyen d'une presse, des estampes du genre de la Déposition de croix. De toute manière, l'inventaire ne vient pas au secours de Cordemans. Lui-même d'ailleurs s'appuie surtout sur la chronique: ‘D'après le témoignage formel de la chronique... l'on construisit de la fin de l'année 1463 au début de l'année 1464... des locaux destinés à l'installation d'une imprimerie. En l'année 1464, un bâtiment, spécialement construit à cette fin fut affecté exclusivement à “l'usage des copistes et à l'installation d'un atelier typographique”Ga naar voetnoot19. Il affirme encore que “non seulement le matériel xylographique qui figure dans l'inventaire y fut conservé, mais promptement complété par l'adjonction de caractères mobiles...”Ga naar voetnoot20. On le voit, de proche en proche, Cordemans devient de plus en plus affirmatif, à partir de textes parfois vagues qu'on peut interpréter autrement que lui. BergmansGa naar voetnoot21 émit aussi l'hypothèse qu'un c avait été omis involontairement ou non encré dans la date qui aurait donc été 1567 et non 1467 (il y a en effet, un petit espace entre le dernier c et le l). Cordemans repousse cette solution en affirmant qu'en 1566 “les gueux firent irruption dans le couvent (délaissé par les soeurs qui s'étaient réfugiées dans la ville de Malines) détruisirent la plus grande partie de l'édifice, pillèrent et saccagèrent le reste”. La mémoire de Cordemans était défaillante ou son information erronée (il ne publie pas le passage de la chronique relatif à ces événements), car H.D.L. Vervliet constate dans la Chronique de Béthanie, en cette année, que les religieuses rentrèrent dans leur couvent au bout de | |||||||||
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treize jours et réparèrent les dégâts, les frais de réparations et d'entretien dépassant les 91 florinsGa naar voetnoot22. Les grands dégâts ne se produisirent que plus tard. C'est encore H.D.L. Vervliet qui retrouve, enfin, les caractères typographiques des inscriptions: Bergmans n'avait pas cherché assez loin! Apparemment parce qu'il ne s'était intéressé qu'aux grands caractères, considérant les lignes additionnelles comme xylographiques. Ceux du grand texte n'ont pas été en usage avant 1536Ga naar voetnoot23 et servirent pendant longtemps encore, ce qui concorde parfaitement avec l'époque assignée à la vignette de l'Ecce panis angelorum. Quant aux petits caractères, ils furent si courants, à partir de 1492, que les deux tiers des imprimeurs de post-incunables les possédèrentGa naar voetnoot24. Ils furent utilisés jusque vers 1560 et peut-être même plus tard (en 1767, un jeu de matrices fut vendu à Joh. Enschedé et est encore en possession de la firme qui porte son nom). Reste à concilier le point de vue de ceux qui considèrent les quatre lignes additionnelles comme gravées sur bois et l'opinion de ceux qui y reconnaissent des caractères typographiques dont l'existence est prouvée. De l'avis de M. Lebeer, l'ajouté en quatre lignes ne date ni de 1467, ni de 1567, mais bien du XIXe siècle! Un faussaire a gravé ou fait graver les quatre lignes litigieuses. Comme il lui fallait un modèle, il choisit les caractères gothiques les plus anciens qu'il pût trouver, en se trompant faute d'être assez expert en la matière. Une autre éventualité demeure possible: disposant de caractères dépareillés, usés et abîmés, il aurait composé ou fait composer le petit texte en imprimant les lettres une à une avec toutes les anomalies que l'on sait. Il utilisa donc l'un des deux systèmes pour “compléter” le texte typographique d'une estampe qu'il prenait lui-même pour une gravure du milieu du XVe siècle, ou qu'il croyait pouvoir faire passer pour telle. Teinté de connaissances linguistiques, il n'était pas assez érudit pour éviter des erreurs. La Chronique de Béthanie lui servit à élaborer un texte probant assez court pour être placé dans l'espace disponible. C'est | |||||||||
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pour cela qu'il supprima les prénoms contrairement à l'usage du XVe siècle. Il reprit les noms
À noter que, sauf celui de la fondatrice, tous ces noms figurent dans la Chronique, dans le même ordre et très proches les uns des autres. Cordemans considère cette énumération comme la preuve de la valeur du texte de l'estampe. Il faut plutôt y reconnaître la source des informations du mystificateur. Mais d'où provient la mention “Intra muros castelli marthe bethania ppe mechlimiam” (qui n'apparaît pas dans la Chronique)? D'une autre estampe sortie des ateliers de Béthanie-lez-Malines, à part les mots “Intra muros” (pl. 3). Il s'agit de Jésus et sa Mère dans la maison de LazareGa naar voetnoot25. Cette fois la gravure a été exécutée | |||||||||
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sur métal, mais à la manière d'une xylographie (Metallschnitte). La scène se passe dans un avant-corps à colonnettes, avec des arcatures formant de grandes baies. Au milieu, le Christ et la Vierge sont assis entourés de Lazare et de ses soeurs. À droite s'affaire une servante, nommée Marcella, près d'une cheminée pourvue d'une crémaillère à laquelle est suspendue une marmite. Marthe semble être venue de la cuisine. Elle essaie de faire se lever Marie qui est assise, un livre sur les genoux, aux pieds du Christ. À gauche, près de Lazare et de la Vierge, un groupe de saints et de saintes remplit tout l'espace jusqu'au fond; Lazarus est gravé sur un phylactère aux pieds de l'ami de Jésus, de même que Celidoni’Ga naar voetnoot26 sur un autre phylactère, aux pieds du saint tout proche, au premier plan. Tout l'intérêt de cette estampe que les auteurs datent de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle, réside dans l'inscription gravée en haut et en bas. Dans la marge inférieure, on lit: Ex bethania ppe (propre) mechliniam traditr pressaGa naar voetnoot27, tandis qu'au sommet de l'avant-corps, il y a Castellum marthe bethania. Ces derniers mots ne sont point relatifs au couvent malinois mais bien à la demeure de Lazare à Béthanie, en Palestine. Il semble que le faussaire se soit inspiré des deux textes pour inventer de toutes pièces la troisième des lignes litigieuses. Il n'y avait plus qu'à ajouter une date raisonnablement antérieure à 1473, pour créer le plus ancien document typographique des Pays-Bas! Quant à l'identité du mystificateur, il faut renoncer à la trouver, car Cordemans ne livre pas assez de renseignements sur l'origine de l'Ecce panis angelorum. La feuille, dit-il, fut découverte en 1894 | |||||||||
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par ‘l'effet du plus grand hasard. Ayant remis il y a un an, à notre relieur, M. Beckers quelques vieilles reliures veuves des livres en vue de la préservation desquels elles furent exécutées, afin de faire utiliser le parchemin qui les recouvrait à la restauration d'un incunable pareillement relié de vélin, l'on trouva dans l'une d'elles, collée entre le carton et le vélin, la rarissime impression ci-dessus décrite. Grâce au flair de M. Beckers,... le précieux feuillet échappa aux ciseaux de l'ouvrier et me fut fidèlement restitué’Ga naar voetnoot28. D'où provenaient ces reliuresGa naar voetnoot29? Qui fut témoin de la trouvaille? Ces questions restent sans réponses. Mais peu importe: la découverte sensationnelle d'une feuille prouvant l'existence d'un atelier d'imprimerie en 1467 reposait sur une falsification, qu'un chauvinisme local, ne manqua pas d'accréditer en induisant en erreur ceux qui connaissaient mal les objections de Bergmans.
Si l'Ecce panis angelorum a beaucoup perdu de son intérêt, celui des deux estampes authentiques provenant des ateliers de Béthanie sort accru de la présente ‘enquête’. Sans l'une d'elles, on n'aurait pas pu se rendre compte d'une des sources des lignes additionnelles. D'autre part, toutes deux sont de précieux témoins d'un fait qui n'est pas unique mais qui est assez rare: la présence de l'indication de la provenance. M. Lebeer a signalé quelques xylographies du dernier quart du XVe siècle munies d'inscriptions du même genre. L'une fut imprimée à Bruxelles chez les soeurs grises (appelées Bethlehem); les autres furent imprimées à VilvordeGa naar voetnoot30. À leur sujet, il commente le fameux texte de l'inventaire et constate que rien n'exclut que ‘l'outil à imprimer’ ait été une presse (et non un simple frotton). Comme on n'y découvre aucun outil ayant pu servir à la gravure proprement dite, il croit que cette constatation implique peut-être que ‘la fourniture des formes appartenait à des ateliers spécialisés et que le couvent ne s'occupait que de l'impres- | |||||||||
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sion des images en vue de leur dispersion, de leur édition pourraiton dire’Ga naar voetnoot31. Même si la taille des bois était exécutée dans des locaux du couvent, rien n'empêche de supposer que les religieuses aient eu recours à des salariés, se réservant seulement l'impression. Dans l'état actuel de nos connaissances, il serait vain de vouloir trancher la question. Un seul point reste acquis: elles procédaient ellesmêmes au coloriageGa naar voetnoot32. En tout cas les religieuses de Béthanie indiquaient parfois - ou toujours? - que provenaient de leur couvent les estampes qu'elles vendaient ou distribuaient en grandes quantités. Il ne faut pas s'étonner qu'il ne subsiste que deux compositions munies de la preuve qu'elles proviennent de Béthanie. Il est en effet admis que les images pieuses de par leur fragilité et de par leur utilisation souvent quotidienne des années durant, étaient vouées à la destruction. Compte tenu des pertes, celles qui ont échappé ne représentent donc qu'une très petite partie du tirage et une proportion encore plus infime de la production totale. Elles n'en sont que plus précieuses. Quant à l'Ecce panis angelorum, plus rien n'empêche de douter qu'il ait quoi que ce soit de commun avec le couvent de Béthanie. | |||||||||
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Een recente hypothese omtrent de ecce panis angelorum van 1467 in het klooster van Bethanie (Mechelen)H. Cordemans de Bruyne beschouwde de Ecce panis angelorum als een homogeen geheel waarvan het jaartal volgens hem het bestaan bewees van een Mechels drukkersatelier dat ouder zou zijn dan dat van Dirk Martens te Aalst. P. Bergmans weerlegde deze stelling, maar kon geen afdoende bewijzen voor zijn standpunt aanvoeren. Op zijn beurt toonde H.D.L. Vervliet inmiddels aan, dat het gebruikte lettertype van een veel latere datum dan 1467 is. Zoals de E.P.K. Heireman vervolgens omstandig bewees, vormen de vier regels in kleine letter een latere toevoeging. Heel waarschijnlijk werden deze regels, geïnspireerd door oorspronkelijke historische teksten (waarnaar Cordemans ter staving van zijn theorie verwees), in de loop van de 19de eeuw toegevoegd aan een tekst uit de 2de helft van de 16de eeuw. De vermelding ‘...Castelli marthe...’ werd ontleend aan een prent, die betrekking heeft op het huis van Martha en Lazarus in het Palestijnse Betanië... In zijn onwetendheid heeft de vervalser de naam van de H. Martha verbonden aan het klooster van O.L. Vrouw te Bethanie bij Mechelen. |
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