De Gulden Passer. Jaargang 52
(1974)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Auteursrechtelijk beschermd
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Dessins et eaux-fortes de la suite des bacchanales de Jean-Honoré Fragonard
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pour un mois à Naples à la fin de son séjour; Fragonard y dessine maints sujets qui, pour une bonne part, seront gravés afin de servir à l'illustration de son ouvrage somptueux et ruineux Voyage pittoresque ou description du royaume de Naples et de Sicile, imprimé chez Clousier en cinq volumes de grand format de 1781 à 1786. C'est en campagnie de Saint-Non que Fragonard rentre en 1761 à Paris, en passant par Bologne, Venise, Parme, Plaisance et GênesGa naar voetnoot2. Saint-Non dessine et grave non sans talent. C'est lui sans doute qui initie Fragonard à la technique de l'eau-forte que l'artiste va maitriser rapidement. L'oeuvre gravé de Fragonard est des plus réduites; il ne comporte qu'une vingtaine de planchesGa naar voetnoot3. Mais ses premiers essais sont ceux d'un maître, en effet. Les pièces qui forment la suite des Bacchanales, appelée encore Jeux de satires, sont considérées comme des chefs-d'oeuvre de la gravure française de la deuxième moitié du dix-huitième siècle. Elles sont au nombre de quatre: Nymphe s'asseyant sur les mains de deux satyres, La famille du satyre ou la présentation des jeunes satyres, Jeune fille à califourchon sur un satyre, Danse de satyres. Les quatre planches sont signées Frago; la première porte en plus la date 1763 gravée. Chacune des planches est connue par deux étatsGa naar voetnoot4. Cette suite de classe va connaître une nouvelle diffusion grâce à son ami Saint-Non qui la grave à l'aquatinte en confirmant la paternité des dessins à Fragonard. Les sujets, fort peu sévères, sont ceux que Fragonard a pu dessiner lui-même d'après des bas-reliefs antiques au cours de son séjour italienGa naar voetnoot5. Les dessins préparatoires n'ont pu, jusqu'à mainte- | |||||||||||||||||
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nant, être déterminés avec suffisamment de certitudeGa naar voetnoot6. Les dessins de Fragonard où s'ébattent des bacchantes ou des satyres sont au nombre d'une vingtaine. Cinq sont à rapprocher de la suite des Bacchanales; une série de ‘quatre dessins forme de bas-relief, avec la gravure originale d'un’ a figuré dans une vente publique anonyme, sans doute parisienne, du 19 mars 1870Ga naar voetnoot7. Il est séduisant de penser qu'il s'agit des dessins préparatoires à la suite des Bacchanales gravée par Fragonard. Un doute subsiste néammoins. Ces quatre dessins représentent-ils les quatre scènes de la suite? Par ailleurs, la gravure originale d'un dessin accompagne. S'agit d'un exemplaire d'un état de l'une des quatre planches où d'une aquatinte de Saint-Non qui a gravé non seulement les scènes de cette suite mais encore des sujets semblables que Fragonard a dessinés mais qu'il n'a pas gravés? Un cinquième dessin, Bacchanale d'après un basrelief, plume et lavis de bistre, quinze sur dix-sept centimètres, a figuré dans les collections de deux amateurs passionnés de l'oeuvre de Fragonard, Hippolyte Walferdin et Roger PortalisGa naar voetnoot8. Pour ce dernier, ‘ce dessin fait partie des Jeux de Satyres de Fragonard, mais il ne l'a pas gravé’Ga naar voetnoot9. | |||||||||||||||||
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Le Musée de MariemontGa naar voetnoot10 conserve parmi les cimelia de la bibliothèque un album de dessins à la sanguine sur vélin attribués à Jean-Honoré Fragonard. Ces dessins sont au nombre de dix; ils sont tous de format oblong ou ovale; chacun d'eux est collé sous un carton épais aux tranches dorées, évidé au centre au format de la surface décorée du dessin. Les cartons sont montés sur onglet et rassemblés dans un album. Celui-ci est somptueusement relié et doré; recouvert de maroquin du Cap, rouge pour les plats, beige pour les doublures, il est orné, en partie sur mosaïque, de petits fers au dessin copié sur celui des fers observés sur des reliures françaises du dix-huitième siècle décorées ‘à la dentelle’; au centre de la doublure supérieure est enchassée une miniature représentant le portrait en buste de Fragonard. Cette riche reliure sort de l'atelier de Francisque CuzinGa naar voetnoot11. C'est la reliure somptueuse qui fait connaître le propriétaire des dessins: Greppe au plus tard en 1890. En effet, l'album est signalé parmi la trentaine de reliures mosaïquées exécutées par Francisque Cuzin entre 1876 et 1890Ga naar voetnoot12. Six ans plus tard, l'album est toujours entre les mêmes mainsGa naar voetnoot13. Greppe a-t-il | |||||||||||||||||
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acquis les dessins en bloc où les a-t-il réunis pièce par pièce? Jusqu'à maintenant, aucune indication ne permet de le savoir. L'album est acheté par Raoul Warocqué, le châtelain de Mariemont, chez le libraire parisien Leclerc en 1912Ga naar voetnoot14. L'album, de format in-quarto, rassemble onze cartons recouverts de papier gris bleuté dont le recto est décoré d'encadrements d'architecture et de trophées exécutés au dix-neuvième siècle à la manière des ornemanistes français du siècle précédent. Le premier carton porte le titre Nymphes et Satyres / Suite de dix dessins à la / sanguine sur peau de vélin / par / Honoré Fragonard / 1760-61. Suivent les dessins qui tous ont un format de bas-relief:
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Fig. 1. I Deux nymphes s'embrassant, chevauchant deux satyres affrontés, 12,4 × 9,6 cm. (fo 2). Copyright Musée de Mariemont.
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Fig. 2. VI Jeune fille à califourchon sur un satyre, 9,5 × 12,3 cm. (fo 7). Copyright Musée de Mariemont.
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Fig. 3. VII La famille du satyre, 10,5 × 9,2 cm. (fo 8). Copyright Musée de Mariemont.
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Trois de ces dessins sont à rapprocher indubitablement de trois planches de la suite des Bacchanales, gravée par Fragonard, sans cependant présenter l'encadrement d'arbres et de fleurs: Nymphe s'asseyant sur les mains de deux satyres (II), la première planche; cependant le bâton manque; par contre, y figure un écuelle posée à même le sol; le sujet est inversé. Jeune fille à califourchon sur un satyre (VI), la troisième planche; la cruche couchée est plus trapue; la présentation est inversée. La famille du satyre (VII), la deuxième planche; le format du bas-relief est ici ovale. Le dessin de la quatrième planche de la suite, Danse de satyres, ne figure pas dans l'album. Saint-Non a gravé différentes suites d'après les dessins de Hubert Robert et de Jean-Honoré Fragonard. Une suite de dix planches gravées à l'aquatinte est éditée à Paris chez La Voye, ‘imprimeur en taille douce et marchand d'estampes cour de l'Orangerie aux Thuileries’; les dessins sont de Fragonard; son nom est gravé dans la plupart des planches, Frago(nard) del(ineavit), par Saint-Non qui les a signées et datées de 1767Ga naar voetnoot16. Deux des quatre bas-reliefs des Bacchanales, tronqués du cadre de feuillage, y sont reproduits; leur présentation est inversée: au deuxième feuillet figure la troisième planche, Jeune fille à califourchon sur un satyre, au dixième, la quatrième planche Danse de satyres. En outre, deux dessins de l'album de Mariemont sont repris dans la suite de 1767, les scènes étant également inversées: au huitième feuillet se trouve Nymphes rassemblées, lutinant un amour (X), au neuvième, Deux nymphes s'embrassant, chevauchant deux satyres affrontés (I), dans un encadrement rectangulaire, cependant. | |||||||||||||||||
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Fig. 4. X Nymphes rassemblées, lutinant un amour, 9,5 × 13,6 cm. (fo 11). Copyright Musée de Mariemont.
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Le département des Estampes de la Bibliothèque nationale à Paris conserve à la Réserve un précieux album de grand format qui débute par un titre gravé par Saint-Non en 1772, d'après Fragonard: Fragments choisis dans les Peintures et les Tableaux les plus interessans des Palais et des Églises de l'Italie. A la garde supérieure une note précise que l'album contient ‘125 sépias... de Fragonard, de Robert, de Clodion et d'Ango’; le détail des sépias qui termine la note en donne quatre-vingt seize à Fragonard, six à Robert, six à d'Ango, un à Clodion, dix sept sans signature ni dans le sépia, ni dans l'eau-forteGa naar voetnoot17. Les dessins sont placés en face des gravures qui en dépendent. Certains feuillets sont restés vierges de dessins. Ainsi au folio 152, se trouvent les gravures de la suite déjà citée de Saint-Non, gravée en 1767 et éditée chez La Voye; les feuillets numérotés 2, 8 et 9 ne sont pas accompagnés des dessins de Fragonard. Les liens qui unissent les dix dessins de l'album conservé au Musée de Mariemont et la suite des Bacchanales gravée par Jean-Honoré Fragonard ainsi que les gravures de Richard de Saint-Non apparaissent fort sensibles. Dessins et eaux-fortes donnent l'occasion de rappeler la période si importante pour Fragonard du séjour romain et les contacts privilégiés noués entre un artiste en plein avenir et un mécène distingué et avertiGa naar voetnoot18. | |||||||||||||||||
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Tekeningen en etsen uit de bacchanalen-suite van Jean-Honoré FragonardTijdens zijn verblijf te Rome, van 1756 tot 1761, leert Jean-Honoré Fragonard de abbé Richard de Saint-Non, mecenas en graveur, kennen. Er ontstaat een hechte vriendschap tussen beiden. Bij de tekeningen, die Fragonard in die periode ontwerpt naar antieke bas-reliëfs, bevinden zich ook bacchanalische taferelen, waarvan er een viertal door Fragonard zelf werden geëtst. Saint-Non graveerde, samen met enkele soortgelijke scènes, een ander deel van de reeks. Welke van deze prenten teruggaan op de tekeningen van Fragonard valt echter moeilijk uit te maken. Het Museum van Mariemont bezit een album met tien sanguines op velijn, die aan Fragonard worden toegeschreven. Vijf van deze tekeningen houden duidelijk verband met de Bacchanalen-suite: drie ervan werden door Fragonard zelf in prent gebracht en de twee andere door Saint-Non naar Fragonard. |
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