De Gulden Passer. Jaargang 52
(1974)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Auteursrechtelijk beschermd
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Portrait et grimace
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portrait me ressemble beaucoup, mais il y en a bien aussi qui n'y trouvent point de ressemblance. Pour moi, je ne me connais pas trop bien... Il y a encore un autre portrait de moi, gravé par un ouvrier dont je ne sais point le nom, et qui me ressemble moins qu'au Grand Turc. Il me fait extrèmement rechigneux’Ga naar voetnoot2. Si Boileau n'est donc pas satisfait, plus d'un siècle et demi après, Darwin l'est encore moins de la peinture de W - W. Ouless qui le représente. ‘J'y ai l'air, disait-il, d'un bien vénérable, sagace et mélancolique vieux chien’. La question des portraits de Diderot présente, elle aussi, un grand intérêt: le portrait qu'a fait de lui Louis-Michel Van Loo le montre somptueusement vêtu, la bouche à peine ouverte, en train d'écrire; une main levée et la chemise entr'ouverte indiquent qu'il ne s'agit pas d'un personnage officiel, mais d'un littérateur ou d'un artiste. Dans un passage célèbre de son Salon de 1771, Diderot, tout en reconnaissant qu'il est ressemblant, très vivant, conclut: ‘Ce n'est pas moi’. ‘La bouche en coeur’ lui avait déplu, comme à sa femme, et il assure que ‘Je n'ai jamais été bien fait que par un pauvre diable nommé Garaud’. Ce portrait, encore conservé (gravé par Chenu), est artistement faible, mais on comprend pourquoi Diderot le préfère à l'autre, c'est qu'on le voit ici en penseur, la tête appuyée sur la main, et non vêtu d'un costume somptueux, qui, dit-il, va le faire imposer sur les signes extérieures de la richesse (déjà). On pourrait citer d'autre exemples dans lesquels des hommes de lettres désirent être peints dans telle pose, avec telle expression. Leurs exigences étaient considérables, et Menut Alophe, lithographe chargé spécialement des portraits d'auteurs de romances, avait raconté à Alphonse KarrGa naar voetnoot3, que l'un d'eux lui avait demandé de ‘faire son portrait avec une expression qui rappelât celle de la romance qu'il allait publier: Je pense à toi’. Le modèle se voit-il bien lui-même, et l'artiste ne l'aide-t-il pas à cerner sa personnalité. C'est ce qui est arrivé au polémiste Louis Veuillot, laid, boutonneux, que Nadar a représenté sous la forme d'une cuisinière; Veuillot s'en est déclaré enchanté, il l'a écrit à | |
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NadarGa naar voetnoot4, en ajoutant: ‘La physionomie me révèle un fonds de tigre que je n'avais jamais remarqué’. Une dernière citation touche à un point essentiel, autour duquel tournent la plupart de ceux qui se font peindre ou graver, celui du portrait flatté. Bien entendu, c'est la formule qu'on préfère; cependant, à la fin du XIXè siècle, à l'époque du naturalisme, de l'expressionnisme, un article paraît dans l'Aube (1896, p. 133). Il est de Jules Renard, qui a réfléchi au problème, et qui écrit quelques lignes qui ont dû faire scandale: ‘Cessez donc de sourire. Le plus heureux des hommes préfère grimacer. Il grimace dès qu'il souffre, qu'il s'ennuie, qu'il travaille. Il grimace continuellement d'orgueil ou de pitié’. Et Renard conclut, à l'usage de ceux qui se font représenter ‘Croyez-moi, Monsieur, faites la grimace’Ga naar voetnoot5. | |
Het portret en de grijnslachVeel grote geesten hebben zich ongaarne laten portretteren, omdat ze vreesden dat het resultaat niet vleiend genoeg zou zijn. Sommigen weigerden botweg, anderen lieten zich bidden. Erasmus behoorde tot de laatste categorie, maar zijn tijdgenoot Gretserus gaf degenen die zijn portret wilden maken de raad een ezel als model te nemen. Boileau, Darwin en Diderot lieten zich wel schilderen - resp. door de Piles, W.-W. Ouess en L.-M. Van Loo - maar over het resultaat waren ze niet te spreken. Jules Renard ten slotte ergerde zich aan het geflatteerde portret, inz. aan de stereotiepe glimlach van de geportretteerde personages. Hij was van oordeel dat gelukkige mensen eerder geneigd zijn te grijnslachen dan te glimlachen. |
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