De Gulden Passer. Jaargang 43
(1965)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Auteursrechtelijk beschermd
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La réédition de la ‘Bibliotheca Belgica’ et la poursuite de l'édition princeps
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heureusement être publiée sans grande difficulté, - et elle le sera par priorité - le manuscrit que nous a laissé l'auteur étant au point pour l'essentiel. Désireux de poursuivre sa collaboration à la Bibliotheca Belgica, Louis Bakelants s'était attelé, d'autre part, à une entreprise de plus longue haleine encore: l'étude des oeuvres de grammairien de Nicolas Clénard. Il avait réuni une importante documentation à ce sujet, il avait déjà rédigé de nombreuses notices, mais il reconnaissait volontiers lui-même qu'il lui faudrait de longs mois de travail pour terminer cette bibliographie. Il nous laisse néanmoins de gros dossiers de notes soigneusement ordonnées et partiellement élaborées, qu'il serait regrettable de ne pas voir reprendre et mettre en oeuvre. Il y aurait là notamment matière à une très belle étude sur la grammaire grecque de Clénard et sa destinée au travers de trois siècles de réédition. Puisse cet appel rencontrer un écho favorable et susciter la collaboration souhaitée. Poursuivre les travaux de Louis Bakelants en s'efforçant de réaliser ce qu'il n'a pu qu'amorcer, n'est-ce pas le plus bel hommage qu'on puisse rendre à sa mémoire. Cependant, la bibliographie de Latomus et la mise en chantier de celle de Clénard ne constituent pas les seules contributions de notre regretté collaborateur à la Bibliotheca Belgica. N'avait-il pas entrepris et déjà terminé aux trois quarts la rédaction sur fiches d'un index rerum des cinq mille pages de notre réédition anastatique. Mais il faudrait surtout évoquer ici les multiples formes sous lesquelles, avec toute la simplicité et l'inépuisable obligeance qui le caractérisaient, il a manifesté sans cesse à l'égard de notre publication un intérêt actif et fructueux. Attentif aux divers aspects de notre politique d'édition, il était toujours disposé à discuter les problèmes d'organisation qu'elle implique, suscitant des collaborations, suggérant des sujets d'étude, fournissant des références bibliographiques et communiquant avec libéralité les fondements et les résultats de ses propres recherches et de ses réflexions. Sous une certaine timidité, sous une réserve et une modestie presque exces- | |
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sives, Louis Bakelants dissimulait, en effet, une immense érudition, liée à une inlassable curiosité et à d'énormes lectures, et qui se manifestait, en ce qui nous concerne, par une connaissance critique et profonde des xve et xvie siècles dans tous les domaines. A la veille de son décès, il s'était vu confier, à l'Institut d'Histoire du Christianisme de l'Université libre de Bruxelles, le cours d'Histoire de l'Église (Temps modernes): la magnifique leçon inaugurale qu'il avait préparée à cette fin,Ga naar voetnoot5. nous permet de mesurer les qualités et la valeur du savant que nous avons perdu et d'imaginer aussi tout ce que nous réservait encore la maîtrise à laquelle il était parvenu.
J'aborde à présent le premier point inscrit au sommaire de cette communication: la réédition de la Bibliotheca Belgica.Ga naar voetnoot6. Rappelons d'abord qu'il s'agit d'une réédition anastatique en cinq volumes in-4o, d'un millier de pages chacun, dans lesquels sont reprises, en un seul classement alphabétique, toutes les notices contenues dans les deux cent trente premiers fascicules de l'édition princeps. Évoquons ensuite le double mobile qui a inspiré l'entreprise: d'une part, le souci de remédier aux inconvénients de la publication sous la forme de feuillets volants au format in-16; d'autre part, l'intention de favoriser l'utilisation de quantité de données éparses, par la rédaction d'index. C'est précisément ce dernier aspect de la réédition qu'il importe d'exposer ici, eu égard au travail considérable qu'il implique et à la complexité des problèmes qu'il soulève. Devant l'ampleur de la tâche à réaliser par les moyens manuels traditionnels et, dès lors, étant donné la longueur du délai d'exécution présumé (vingt ans au moins pour une personne travaillant à mi-temps), j'ai envisagé la possibilité de recourir à l'automatique pour économiser du temps et des forces. En janvier 1965, suivant l'avis et l'expérience de M. Jacques-Henri Michel, chargé de cours à l'Université libre de Bruxelles, je suis entrée en relation avec le | |
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Centre de linguistique automatique appliquée de l'UniversitéGa naar voetnoot7. et j'ai pu exposer à son directeur, Mme Lydia Hirschberg, le problème des index de la Bibliotheca Belgica: il s'agit en l'espèce ‘d'élaborer et de publier, outre une table de concordance de l'édition princeps avec la réédition, un index général de tous les noms propres et les titres d'ouvrages anonymes, une série d'index particuliers (auteurs, éditeurs scientifiques et anonymes dont les éditions sont décrites; imprimeurs, éditeurs commerciaux et libraires; collaborateurs qui ont signé leurs notices; lieux d'édition et lieux de conservation des exemplaires), éventuellement aussi un index des sujets et une table chronologique des éditions décrites’.Ga naar voetnoot8. Ce problème a retenu l'attention de Mme Hirschberg qui, à partir des éléments recueillis à la faveur du dialogue qui s'est engagé et poursuivi entre elle et nous, a pu tracer les lignes générales d'un programme et procéder à des essais encourageants. Ceux-ci ont justifié la poursuite de l'expérience sur la base d'un contrat de recherche et d'exécution conclu, en juillet 1965, entre le Centre de linguistique automatique appliquée et la Bibliotheca Belgica. Les premiers résultats de cette collaboration seront publiés sous les signatures de Lise Delhaye, Lydia Hirschberg et Éric Morlet pour le Centre de linguistique automatique appliquée, Anne-Marie Frédéric et Marie-Thérèse Lenger pour la Bibliotheca Belgica.Ga naar voetnoot9. Avec l'aimable autorisation des coauteurs, j'en reproduis ici le passage essentiel, qui correspond en fait au texte remanié du chapitre de la présente communication dans lequel j'ai voulu montrer ‘l'état actuel de l'expérience en cours et les perspectives favorables qui s'en dégagent pour l'objectif à atteindre’. ‘Afin de ne pas disperser nos efforts à ce premier stade de la recherche, nous avons limité notre champ d'investigation à deux | |
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séries de notices dans lesquelles nous pouvions espérer rencontrer la plupart des problèmes: d'une part, le fascicule 231 de l'édition princeps, publié en 1964 et consacré par le Père J. Fabri, s.j., à l'oeuvre de Pierre Pantin; d'autre part, dans le tome I de la réédition, les pages 794 à 954 occupées par la bibliographie de François et de Samuel Coster. La matière ainsi délimitée a été traitée selon un processus en plusieurs étapes: la perforation des textes et la rédaction de programmes, l'élaboration de kwic,Ga naar voetnoot10. la construction d'un dictionnaire et enfin celle des index proprement dits. Précisons chacune de ces étapes. Au stade de la perforation, le texte à traiter est tout entier transposé sur cartes perforées qui, à leur tour, sont converties en bandes magnétiques. Chaque carte porte un fragment du texte précédé de codes de localisation: ceux-ci indiquent notamment la place qu'il occupe dans la notice, les caractères spéciaux éventuels dans lesquels il est reproduit, la cote de la notice, le numéro du tome, le numéro de la page, le numéro de la carte par page. A l'exception des majuscules, toutes les conventions typographiques et autres signes conventionnels sont respectés. La fragmentation du texte est purement fortuite: elle dépend uniquement de la place disponible sur chaque carte; en fait le texte s'enchaîne d'une carte à l'autre. Cette perforation intégrale représente au départ l'investissement en main-d'oeuvre le plus important de ce travail. Elle se fait à la vitesse de la dactylographie ordinaire. Mais elle s'avère économique à la longue parce qu'elle permet de mettre la matière en ordinateur une fois pour toutes, indépendamment des machines particulières, des programmes, des changements de projets, et quels que soient les index que l'on voudrait publier par la suite. Elle offre en outre à chaque chercheur la possibilité de trouver automatiquement des informations sur des questions particulières qui l'intéressent, informations dont il est impossible, au départ, de prévoir l'intérêt ni surtout d'envisager la publication exhaustive. Le texte entier sur bandes magnétiques reste donc la source de toute information ulté- | |
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rieure, occasionnelle ou systématique. De plus, les applications actuelles des techniques de l'automation à l'imprimerie permettent d'envisager la conversion de ces bandes magnétiques en bandes linotypes et, par suite, l'impression automatique éventuelle des textes, en même temps que de nos index. Les programmes qui interviennent dans le traitement de la matière ont été composés pour un ordinateur IBM 1401. L'élaboration des kwic résulte d'un programme qui nous offre une liste strictement alphabétique de tous les mots du texte, sans aucune intervention humaine une fois la perforation corrigée, chacun d'eux étant replacé dans une ligne de contexte et accompagné de ses codes de localisation. Ce kwic admet des variantes, qui vont de la liste intégrale aux listes partielles, fondées, par exemple, sur l'exclusion de certains mots définis par les utilisateurs, sur tel autre groupe de mots demandés ou encore sur l'ensemble des mots relevant d'une rubrique déterminée. Il est également possible de renoncer à limiter la longueur du contexte à une ligne, mais de convenir de l'arrêter à un signe ou à un mot spécifiés au préalable. L'étude des kwic permet, dès lors, d'extraire les mots à retenir pour les divers index et d'établir les formes sous lesquelles ils devront y figurer. A cette fin, les codeurs rédigent des cartes dites “D et K” qui constituent un dictionnaire automatique. Les cartes “D” recueillent les formes principales des mots retenus, accompagnées d'un code qui entraîne leur répartition dans les index. Les cartes “K” revêtent différentes fonctions: donner les formes secondaires, avec renvois aux formes principales; indiquer des formes secondaires dont seules les références doivent apparaître en regard des formes principales auxquelles elles correspondent; distinguer les mots susceptibles de plusieurs significations: des prénoms, par exemple; enfin, définir, à l'aide d'une parenthèse fermante, la limite à partir de laquelle le radical d'un mot est acceptable, quelle que soit sa désinence. Ici le codeur doit faire preuve de subtilité: par exemple, pour désigner le personnage Apostolios, la forme Apostolio)s est correcte, mais Apostol)ios ne l'est pas, car elle entraîne aussi la forme apostoli, apôtres. Le dictionnaire ainsi construit s'accroît à la faveur des textes nouveaux, sous réserve d'une simple mise à jour Dar le truchement de cartes de correction. | |
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Une partie des cartes “D” est construite automatiquement et vérifiée ensuite par les codeurs. Ainsi les mots contenus dans les rubriques des vedettes et des adresses bibliographiques (cartes “V, B et W” de la perforation originale) sont repris automatiquement et convertis en cartes “D”, selon certaines conventions; une liste de ces codages automatiques est soumise aux codeurs, qui les vérifient d'après le kwic et les corrigent, s'il y a lieu, en rédigeant des cartes de correction. De même, tout texte nouveau est interprété automatiquement en machine, sur la base du dictionnaire précédemment élaboré; ici également les codeurs interviennent pour le corriger et le mettre à jour. Les marques typographiques aussi font l'objet d'un traitement qui combine des règles d'admission automatique et la rédaction de cartes “M” qui en corrigent l'application. Dès lors, le programme est en mesure de construire automatiquement les index projetés, à partir de la bande kwic et du dictionnaire. Ces index peuvent être listés, tirés en offset, publiés et, en même temps, conservés sur bandes magnétiques. Au stade actuel de notre expérience, le fascicule 231 de l'édition princeps de la Bibliotheca Belgica, consacré à la bibliographie de Pierre Pantin, est passé par toutes les phases du traitement. Néanmoins, le document qui en résulte et dont un spécimen est reproduit ci-après, n'est encore, à nos yeux, qu'un projet d'index. Il fera l'objet d'un examen attentif dont les conclusions, nous l'espérons, en nous suggérant les amendements nécessaires, nous permettront de mettre définitivement au point notre méthode et d'entamer, à bref délai, la construction effective des index de la réédition.’ Cette méthode est illustrée, dans les pages qui suivent, par un choix d'exemples empruntés à chacun des documents représentatifs des étapes successives du travail: 1) une page de notice, 2) le listing de la perforation du texte correspondant, 3) un fragment du kwic, 4) 5) un spécimen des listes de cartes ‘D’ et de cartes ‘K’, 6) un échantillon de l'index des personnages (cf. pp. 25-30).
En ce qui concerne la poursuite de l'édition princeps - le second point de cette communication -, rappelons d'abord que le dernier fascicule paru en 1965 correspond aux livraisons 234-235 et contient | |
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la description par Louis Bakelants des éditions de cinq discours de Cicéron commentés par Bartholomaeus Latomus (L 969-1019: cf. note 4 ci-dessus) et l'étude par les soins du Père J. Fabri, s.j., des Opera omnia de Cornelius Crocus réédités par André Schott (C 1145-1151). Comme je l'ai laissé entendre au début de cet exposé, l'année à venir sera consacrée, par priorité, à terminer la publication de la bibliographie de Latomus: le manuscrit que nous a laissé Louis Bakelants nous donnera un ensemble de quatre à cinq fascicules. Mais avec ceux-ci j'envisage de mettre un terme à la formule des feuillets volants in-16, dont les défauts et leur critique ont précisément justifié notre réédition, pour adopter un nouveau type de publication qui s'inspire du format de cette réédition.Ga naar voetnoot11. Dans cette perspective, la Bibliotheca Belgica serait publiée désormais en fascicules brochés in-40, imprimés sur deux colonnes, mais sans aucune modification quant au fond et à la forme des notices: chaque fascicule contiendrait, comme par le passé, une ou plusieurs bibliographies d'auteurs ou d'oeuvres anonymes, composées sur le même plan et selon les mêmes normes que précédemment, sous réserve toutefois de l'addition d'index. La soudure entre la réédition et la série nouvelle de l'édition princeps pourrait être assurée par la publication d'un supplément anastatique, muni d'index, qui engloberait les livraisons 231 et suivantes. Par ailleurs, le programme des prochaines années s'annonce intéressant dans sa diversité: ne relève-t-on pas, au sommaire des notices en préparation, les noms d'Andreas Alenus, de Noël Chamart, de Nicolas Clénard, de Jan Franco, de Pontus Heuterus, de Cornelis Kiliaan, de Gaspard Laet, d'Augustinus Malineus, de Gabriel Mudée, d'André Schott, de Carolus Scribani et de Joannes Wamesius. Cependant, comme tous ces travaux requièrent de très longues recherches, il importe d'établir des prévisions à long terme. Aussi ne puis-je, en terminant, que faire le plus large appel à la collaboration de tous ceux dont les études s'inscrivent dans le cadre de la Bibliotheca Belgica. | |
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Fig. 1. Page 8 de la notice T 178.
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Fig. 2. Listing de la perforation du texte correspondant à la page 8 de la notice T 178.
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Fig. 3. Fragment du kwic.
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Fig. 4. Spécimen des listes de cartes ‘D’.
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Fig. 5. Spécimen des listes de cartes ‘K’.
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Fig. 6. Échantillon de l'index des personnages.
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DiscussionGerlo: Je remercie particulièrement Mademoiselle Lenger de nous avoir donné sur le vif les résultats des expériences en cours. Trocki: A mon avis, le terme ‘automation’ doit être rejeté. Abbé Marcel: A propos de Latomus, j'ai pu mettre la main sur l'Enchiridion d'Érasme. Je le tiens à la disposition de Mademoiselle Lenger. De Graaf: Y-a-t-il certains critères qui s'opposent à ce que l'on reproduise les pages de titre exactement en dimensions originales? Les sujets des fascicules sont-ils indiqués d'avance, ou bien se contente-t-on de ce qui s'offre? Lenger: Notre programme de publication n'est pas préétabli. Il s'élabore à la faveur des collaborations qui s'offrent à nous. C'est un système souple, qui est lié aux thèmes de recherche des collaborateurs et qui tend à suivre le rythme de leurs travaux. De Graaf: Envisage-t-on de faire des fac-similés 1/1? Linger: Certainement. |
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