De Gulden Passer. Jaargang 41
(1963)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Auteursrechtelijk beschermd
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Chronologie des oeuvres de Pontus Heuterus
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I. - Oeuvres non reprises dans les Opera historica omnia:1. Histoire des martyrs de Gorcum en vers flamands: terminée, au moins, le 25 octobre 1573.Ga naar voetnoot3 Éditée, partiellement, pour la première fois en 1866.Ga naar voetnoot4 | |||||||||
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Pl. I. - P. Heuterus, Rerum Burgundicarum, Anvers, Ch. Plantin, 1583-1584, [fo 1 verso]. Bibliothèque Royale, VB 10004.
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En 1563, Pontus Heuterus obtient de Philippe II une survivance: un siège de chanoine à l'Église Saint-Vincent de Gorcum; il l'occupe définitivement en 1569, année au cours de laquelle il devient prêtre. En 1572, il vient d'y être nommé receveur du chapitre quand Guillaume de la Marck, Comte de Lumey, amiral des Gueux de Mer, s'empare de Gorcum et arrête Heuterus avec d'autres ecclésiastiques. Alors que la majorité de ceux-ci sont tués (et sont connus sous le nom des Martyrs de Gorcum), Heuterus aura la vie sauve, à notre avis en reniant la religion catholique. Ayant réussi à s'enfuir au cours de l'été 1572, Heuterus regagne les Pays-Bas du Sud et redevient catholique. C'est de Malines que Heuterus, le 25 octobre 1573, écrit à Axelius et lui déclare qu'il a décidé de ne pas faire éditer son manuscrit relatif à la conjuration de Gorcum, avant le retour de cette ville dans le domaine royal.Ga naar voetnoot1 Il doit s'agir dans cette lettre du manuscrit que J.W.L. Smit a édité en 1866, en se basant sur un manuscrit du XVIIe siècle se trouvant dans les archives provinciales des Frères Mineurs à Weert.Ga naar voetnoot2 Smit a édité 541 vers qui ne sont pas tout le poème: manquent en effet le début et la fin, car les juges ecclésiastiques désiraient uniquement conserver la partie centrale, relative aux martyrs de Gorcum, pour la placer dans le dossier constitué en vue de la déclaration de sainteté de ces martyrs. Jean Albert Bannius, chanoine de Harlem et notaire apostolique, authentiqua le poème de Heuterus le 8 mars 1634, après l'avoir collationné avec l'original en 1628, à l'intention des juges ecclésiastiques.Ga naar voetnoot3 Le traducteur assermenté Jean-Baptiste Chaumont traduisit ensuite cette partie du poème de Heuterus du néerlandais en latin.Ga naar voetnoot4 | |||||||||
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Pl. II. - P. Heuterus, Rerum Burgundicarum, Anvers, Ch. Plantin, 1583-1584, [fo 3 recto]. Bibliothèque Royale, VB 10004.
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2. Nederduitse Orthographie, d.i., Maniere oprecht Nederduits spellen ende schriven zal, niet alleen nut ende nootelic die oprecht begeren te schriven, maer al die sulx de ioincheit zouken te leren, Anvers, Ch. Plantin, 1581, in-8o.Pontus Heuterus recherche dans cet ouvrage un bon néerlandais placé au-dessus de tous les dialectes. En effet,... Heuterus had de moeite ‘des gemeen mases’... gezien...Ga naar voetnoot1. | |||||||||
II. - Oeuvres reprises ensuite dans les Opera historica omnia:Il s'agira en premier lieu de l'édition originale de chacune de ces oeuvres et en second lieu des rééditions séparées de ces éditions originales sans considérer les rééditions faisant partie des Opera Historica Omnia. | |||||||||
A. - Éditions originales:1. Rerum Burgundicarum libri sex. In quibus describuntur res gestae Regum, Ducum, Comitumque utriusque Burgundiae; ac in primis Philippi Audacis, Ioannis Intrepidi, Philippi Boni, Imperij Belgici conditoris, Caroli Pugnacis; qui è Valesia Francorum Regum familia apud Burgundos imperarunt,..., Anvers, Ch. Plantin, 1583-1584, in-fo.La première édition de cette oeuvre pose deux grands problèmes: on constate des différences entre les exemplaires de cette édition. Quelles sont ces différences? Comment les expliquer? La deuxième difficulté est celle de la date d'édition: 1583 ou 1584? En effet, les cinq premiers livres, qui étudient les origines de la Maison de Bourgogne et les ‘empires’ (imperia) des quatre grands ducs, portent la date de 1584, alors que le sixième, qui envisage les généalogies des familles dont il fut question dans les cinq premiers livres, est daté de 1583. | |||||||||
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Pour résoudre ces deux problèmes, nous allons ranger les six exemplaires que nous avons examinés en trois catégories; et dans chacune de ces catégories, nous ferons entrer chacun des six exemplaires des Rerum Burgundicarum, selon les caractéristiques qu'il présente. Dans la première catégorie, nous plaçons ceux qui deviendront notre base de référence, dans l'étude comparative des exemplaires des deux catégories suivantes. | |||||||||
I. - Description de notre exemplaire-typePour plus de facilité, nous parlerons de 1er état. Celui-ci est représenté par: 1o un exemplaire des Rerum Burgundicarum conservé à la section des livres précieux de la Bibliothèque Royale. L'ex-libris de cet exemplaire est daté de Corsendonck 1642. Sa reliure est du XVIe siècle ou du début du XVIIe siècle au plus tard, car la couverture est en parchemin et est semblable à celle de l'exemplaire du Musée Plantin à Anvers, qui remonte à l'époque de l'édition. Autre caractéristique de cet exemplaire: le premier cahier fut ou s'est détaché à une époque indéterminée et fut recollé sur un onglet. Cet accident est sans doute à l'origine de l'état actuel du premier folio du livre, qui est assez détérioré. De plus, ce premier folio a subi quelques grattages qui avaient pour but de faire disparaître des ex-libris antérieurs ou postérieurs à celui qui subsiste et que nous venons de mentionner. Ces grattages provoquèrent des trous, qui furent bouchés par le collage de bandes de papier. Ainsi, dans le titre, le mot Rerum fut lui-même affecté par ces grattages. Le reste de l'exemplaire est en très bon état. 2o L'exemplaire appartenant à la bibliothèque du professeur Paul Bonenfant. L'ex-libris qui, bien qu'effacé, est encore lisible, révèle que sous l'Ancien Régime, cet exemplaire a appartenu aux F. Mineurs d'Anvers. Un autre ex-libris dont il ne subsiste qu'une tache, et qui par conséquent est illisible, se trouvait au bas de cette même page de titre. Cet exemplaire est en très bon état. Il fut relié et revêtu, à la fin du XVIIIe siècle ou au début du siècle suivant, d'une couverture cartonnée. | |||||||||
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Nous passons maintenant à la description du 1er état, à la lumière des deux exemplaires précités. Ce 1er état est composé d'un premier cahier marqué d'une croix en guise de signature (†), de 17 cahiers ayant pour signatures les lettrines A à R, d'encore un cahier marqué d'une croix (†) et de 16 nouveaux cahiers ayant pour signatures les lettrines A à Q. Dans aucun des exemplaires vus, on ne trouve de registre de ces signatures. Le premier cahier marqué d'une croix se compose de quatre folios non numérotés sur lesquels furent imprimés: le titre ([fo 1 recto]), un Carmen in historiam... ([fo 1 verso]), la lettre dédicatoire à Philippe II ([fo 2 recto et verso et 3 recto et verso]) et la lettre de l'auteur au lecteur ([fo 4 recto et verso]). Les 17 cahiers suivants marqués de A à R supportent les cinq livres d'histoire de Bourgogne, un index et des errata. Ils forment 192 folios, à l'exclusion de l'index et des errata, non foliotés. Le second cahier marqué d'une croix comprend 6 folios non numérotés: au [fo 1 recto], le titre: Genealogiae praecipuarum... familiarum de quibus in praecedenti historia maxime agitur... Antverpiae, Ex officina Christophori Plantini, M.D.LXXXIII, il s'agit donc du sixième livre; il ne porte rien au [fo 1 verso]; aux [fo 2 recto et verso et 3 recto et verso], on trouve la lettre dédicatoire de l'auteur aux familles de première noblesse; au [fo 4 recto], un avertissement au lecteur; au [fo 4 verso] les noms de ceux qui aidèrent Heuterus à dresser ses généalogies; aux [fo 5 recto et verso et 6 recto et verso], diverses explications de Pontus Heuterus sur sa façon de calculer les quartiers de noblesse. Enfin, les 16 derniers cahiers, formant au total 99 pages imprimées y compris des errata in fine, sont réservés à l'exposé des généalogies susdites. De ce 1er état, nous avons décidé de retenir cinq choses communes aux deux exemplaires ci-dessus mentionnés:
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L'examen des papiers qui ont servi à l'impression de ce 1er état est intéressant par les conclusions que nous pourrons en tirer. De cet examen par transparence, feuille après feuille, des deux exemplaires du premier état, nous avons conclu qu'il existe deux grands types de filigranes qui sont ou bien des variantes du type fleur de lys, ou bien des variantes du type coeur dans Briquet.Ga naar voetnoot1. Du même examen par transparence, feuille par feuille, du 1er état, il ressort que les pontuseaux du premier cahier marqué (†) sont espacés, en moyenne, d'un peu moins de 3 centimètres et que ceux des autres cahiers qu'on trouve dans les exemplaires de ce 1er état, sont espacés eux aussi, à quelques rares exceptions près et en moyenne, de moins de 3 centimètres. Les dimensions moyennes des folios sont de 24/31 centimètres. Après cet examen des papiers employés pour l'impression des Rerum Burgundicarum, nous pouvons dire que Plantin a employé des papiers français de provenances diverses. Ce qui n'est pas étonnant, car, d'après M. Voet, Plantin a connu après 1572 | |||||||||
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de nombreuses difficultés pour s'approvisionner en papier. Il employait couramment des papiers français, parfois des papiers allemands de qualité supérieure, originaires de nombreux ateliers. Des dimensions du papier et des filigranes, il n'y a rien de vraiment important à retenir pour nos conclusions. Mais nous voulons attirer l'attention sur le fait que, dans le tout premier cahier du 1er état, les pontuseaux sont espacés de moins de 3 centimètres. Afin de bien déterminer le Ier état, notre examen a encore porté sur deux points: les marques typographiques et les caractères d'imprimerie employés. La marque typographique qui apparaît sur la page de titre des cinq premiers livres, se trouve pour la première fois dans L. Guicciardin: La description de tous les Pays-Bas, Anvers, Plantin, 1582.Ga naar voetnoot1. Celle qui fut imprimée sur la page de titre du sixième livre était déjà employée en 1572.Ga naar voetnoot2. Les caractères d'imprimerie employés pour l'impression des Rerum Burgundicarum pouvaient peut-être apporter une certitude sur le lieu d'impression de cet ouvrage: Anvers ou Leyde. La comparaison avec des ouvrages imprimés dans ces deux villes ne nous permet de tirer qu'une seule conclusion: les caractères employés sont des plus courants et ce sont les mêmes qui ont servi pour les six livres. | |||||||||
II. - Description du 2e étatEntrent dans cette catégorie deux autres exemplaires: 1o l'exemplaire des Rerum Burgundicarum se trouvant à la Bibliothèque de Mons, dont l'ex-libris nous apprend que le R.P. Delewarde, l'historien du Hainaut, en fut le propriétaire. Ce livre relié fut habillé, au XVIe siècle ou au début du siècle suivant, d'une couverture de parchemin; par là, il est semblable à celui conservé à la Bibliothèque Royale. II est en très bon état. | |||||||||
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2o l'exemplaire de la bibliothèque des R.P. Jésuites de Louvain. Le seul ex-libris que nous y avons trouvé se situe au folio 86 des généalogies, il s'agit d'un simple nom sans explication complémentaire: De Schoock.Ga naar voetnoot1. Cette reliure a quelque peu rogné les folios et son auteur a fait subir des transformations à l'exemplaire: l'index que l'on trouve d'habitude à la fin du livre cinquième, accompagné des errata, fut placé à la suite du sixième livre et les errata ont disparu. Il s'agit donc de transformations assez peu importantes puisque postérieures à l'impression; elles n'ont en rien nui au très bon état de cet exemplaire. Nous ne décrirons pas en détail ce 2e état, car il est semblable au 1er, excepté pour quelques-uns des cinq points que nous avons remarqués ci-dessus à propos du 1er état et pour un autre point très important, que nous signalerons en son temps. Les cinq points remarquables d'abord:
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Passons maintenant à l'examen de l'autre point qui constitue une très importante différence entre le 1er état et le 2e. Il s'agit de l'Ad Lectorem Auctoris Epistola: on comparera à cet effet nos planches III et IV qui reproduisent le 1er état et nos planches V et VI qui donnent deux images du 2e état. Cette lettre au lecteur fut imprimée au recto et au verso du [folio 4] du tout premier cahier. Dans le 2e état, à partir du bas du [folio 4 recto], 10 lignes et un peu moins d'un cinquième de la 11e ligne, et à partir du haut du [folio 4 verso], 13 lignes et plus d'un cinquième de la 14e ligne furent supprimées. Cette suppression commence à partir du point qui suit ... Plantino tradidi. au recto du [folio 4] et se termine juste avant De ordine... au verso du même folio. Dans le 1er état, l'imprimeur n'a été à la ligne ni après le ... tradidi., ni avant le De ordine, alors que dans le 2e état, il a été à la ligne dans les deux cas, faisant de la phrase qui commence par De ordine... un alinéa. De même, alors que les espaces entre les axes des deux lettres terminant et commençant un mot sont de 3 millimètres dans les 25 lignes incriminées et dans les lignes qui les suivent immédiatement du 1er état, qu'il y ait ou qu'il n'y ait pas de virgule entre les mots; dans les 4 lignes qui suivent la ligne du De ordine... du 2e état, les axes des lettres susdites sont espacés de 5 millimètres lorsqu'il y a une virgule entre les mots. | |||||||||
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On remarque encore que les mots ou parties de mots qui commencent et terminent les quatre lignes, à partir de la ligne qui contient le De ordine, ne sont pas les mêmes dans le 1er et dans le 2e état. On comparera, à cet égard, nos planches IV pour le 1er état et V pour le 2e. Attirons l'attention sur le fait que les espaces entre les axes des lettres susdites sont différents dans les quatre lignes dont il vient d'être question. En quatre lignes donc, l'imprimeur a regagné 4,1 centimètres, en espaçant davantage ses lettres dans le 2e état. Or, 4,1 centimètres, c'est exactement la place occupée dans le 1er état par les derniers mots des 25 lignes supprimées dans le 2e état, mots qui précèdent le De ordine... du 1er état. Quant au blanc qui amorce le nouvel alinéa du 2e état, il correspond exactement à celui qui existe entre le point et le D de De ordine... du 1er état. Nous concluons de tout ceci qu'il s'agit non seulement d'un changement de la mise en page, mais encore d'un changement de la composition. Le changement de la mise en page valant pour l'ensemble et le changement de la composition n'intéressant que les seules lignes recomposées avec des espaces plus larges entre les mots. A part ces quelques lignes, l'imprimeur a utilisé la composition du 1er état pour tirer le deuxième. L'imprimeur n'a dû recomposer que quelques lignes du texte, du fait de la suppression d'une partie de celui-ci, et afin de ne pas rendre trop apparente cette suppression. C'est aussi par suite de cette suppression qu'il a été amené, dans le 2e état remanié, à couper son texte par un alinéa inexistant dans la composition originelle. Telles sont les preuves que nous apportons pour affirmer que le 1er état est à coup sûr antérieur au 2e. Ajoutons à ces preuves deux faits déjà mentionnés: d'abord la différence, constatée par transparence, entre les endroits d'impression dans le 1er état et dans le 2e, des mots Carmen in historiam; ensuite l'absence de la surcharge manuscrite du a du mot scriptam du 1er état, imprimé correctement scriptum dans le 2e état. Nous pouvons donc conclure, pour le moment, que le premier cahier marqué d'une croix dans le 2e état, est une réimpression, revue et corrigée, du premier cahier correspondant du 1er état. En ce qui concerne les autres cahiers du 2e état, ils sont en tous points semblables à ceux du 1er état. | |||||||||
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Pl. III. - P. Heuterus, Rerum Burgundicarum, Anvers, Ch. Plantin, 1583-1584, [fo 4 recto]. Bibliothèque Royale, VB 10004.
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Pl. IV. - P. Heuterus, Rerum Burgundicarum, Anvers, Ch. Plantin, 1583-1584, [fo 4 verso]. Bibliothèque Royale, VB 10004.
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Pl. V. - P. Heuterus, Rerum Burgundicarum, Anvers, Ch. Plantin, 1583-1584, [fo 4 recto]. Bibliothèque Publique de Mom, Cat. no 6910, 31/C-7058.
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Pl. VI. - P. Heuterus, Rerum Burgundicarum, Anvers, Ch. Plantin, 1583-1584, [fo 4 verso]. Bibliothèque Publique de Mons, Cat. no 6910, 31/C-7058.
Nos conclusions à propos de la réimpression de tout le premier cahier de l'exemplaire sont provisoires, car l'examen du papier va nous permettre d'être plus précis. Les dimensions moyennes des folios sont identiques dans les deux états envisagés. De même pour les filigranes dans les deux exemplaires du 2e état. Il s'agit donc toujours de papiers français de provenances diverses. Nous devons nous arrêter maintenant à l'examen des pontuseaux. Les espaces séparant les pontuseaux, mesurés sur chacun des folios du 2e état, sont en général les mêmes que ceux que l'on trouve dans le 1er état: ils sont inférieurs à 3 centimètres et supérieurs à 2,5 centimètres. Cela est valable pour tous les cahiers du 2e état, sauf pour le premier cahier marqué, d'une croix. Dans ce premier cahier du 2e état, et il en est de même dans le 3e état, les premier et quatrième folios sont tirés sur un papier dont les pontuseaux sont espacés de plus de 3 centimètres: Mons: 3,3 centimètres et Louvain: 3,2 centimètres, en moyenne; les deuxième et troisième folios dans l'exemplaire de Mons ont les pontuseaux espacés de 3,2 centimètres en moyenne, et dans | |||||||||
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l'exemplaire des Jésuites, de 2,8 centimètres. Ce dernier espace de 2,8 centimètres entre pontuseaux rappelle donc celui que nous avons mesuré sur le 1er état, et c'est dans cet exemplaire des Jésuites que se trouve corrigée la faute que nous avons remarquée, à propos de la signature des folios par des (†). Nos conclusions à ce sujet ne peuvent malheureusement se fonder que sur les quatre exemplaires des deux états susdits, ceux du 3e état ne possédant pas la lettre à Philippe II, seront nécessairement provisoires. Étant donné les défauts constatés dans l'impression des quatre exemplaires susdits, il ne peut s'agir - nous le répétons - que d'une correction, en cours d'impression, de la signature (†2) en (†3); cela d'autant plus que le papier employé dans l'exemplaire des Jésuites pour l'impression de la préface à Philippe II est le même que celui du 1er état. Il y a donc eu remplacement du caractère 2 par le caractère 3 au cours de l'impression du [folio 3] du premier cahier marqué d'une croix, cela étant valable pour l'exemplaire des Jésuites de Louvain. Quant à l'exemplaire de Mons, les quatre folios qui forment son premier cahier ont été imprimés sur un papier uniforme, présentant des caractéristiques constantes. Cela ne signifie pas que ces quatre folios furent l'objet d'une impression simultanée, car on a pu imprimer la préface à Philippe II sur du papier dont les pontuseaux sont espacés de plus de 3 centimètres, et cela en même temps que l'on imprimait la préface susdite du 1er état, mais avant que l'on ne substituât le caractère 3 au caractère 2 dans l'exemplaire des Jésuites. Il n'y a donc eu qu'une seule impression de la lettre dédicatoire à Philippe II, celle du 1er état, utilisée aussi pour le 2e. Le mélange des papiers n'a rien de surprenant parce que, de temps à autre, on trouve quelques exemples de papier dont les pontuseaux sont espacés de plus de 3 centimètres dans les cahiers qui suivent le premier, et cela dans tous les exemplaires des Rerum Burgundicarum. Enfin, ce que nous venons d'avancer ne contredit en rien nos conclusions relatives à la suppression des 25 lignes, puisque ce qui est remarquable du point de vue du papier à ce sujet, c'est la présence constante de pontuseaux espacés de plus de 3 centimètres dans le papier employé pour l'impression des folios [1 et 4] revus et corrigés du 2e état, et du 3e état dont nous parlerons. | |||||||||
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L'examen des marques typographiques et des caractères d'imprimerie employés dans le 2e état ne nous a rien apporté de plus que ce que nous savions déjà. En conclusion, étant donné la position des mots Carmen in historiam, la faute disparue dans scriptum, la suppression des 25 lignes et la composition nouvelle faite en vue de cacher cette suppression, étant donné d'autre part nos conclusions relatives à l'examen des pontuseaux, le 2e état des Rerum Burgundicarum présente les mêmes caractères que le 1er, exception faite des deux folios, sinon des quatre du premier cahier, lesquels ont été réimprimés et substitués aux folios correspondants du 1er état.Ga naar voetnoot1. La cause de la suppression des 25 lignes et par conséquent de la réimpression du premier et du quatrième folio, qui furent tirés sur la même feuille, en regard l'un de l'autre et dans le même sens, avec des corrections, nous la trouvons dans ces 25 lignes elles-mêmes. Pontus Heuterus y donne de précieux renseignements relatifs à sa vie jusqu'en 1583. Il dit d'abord qu'il devint prêtre à l'âge de 34 ans. Il évoque brièvement son passage à Gorcum.Ga naar voetnoot2. Il remercie Philippe II de sa générosité. Il mentionne un séjour de cinq ans à Jabbeke, d'où il fut chassé par la barbarie féroce, dit-il. Il se penche sur le sort de sa famille, qui l'a recueilli en Hollande pendant quatre ans. Enfin il fait part des difficultés qu'il éprouve, en vivant avec sa mère, pour subsister et pour travailler à son oeuvre historique. Tous ces renseignements, Pontus Heuterus les a supprimés, alors que, sans doute, une partie des exemplaires (1er état) avaient déjà été vendus. Peût-être craignait-il de déplaire à la fois aux Catholiques et aux Calvinistes: aux premiers en rappelant Gorcum, épisode au cours duquel il avait renié la religion catholique, ce qui douze ans après les faits, n'était peut-être pas oublié par tout le monde, et en évoquant son retour en pays calviniste pendant | |||||||||
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quatre ans, retour qui pouvait paraître suspect, surtout après son reniement de 1572 et après l'octroi d'une pension par les États de Hollande en 1581; aux Calvinistes le rappel de ces faits risquait de déplaire aussi, car il leur avait, pour le moins, joué un bon tour, en reniant sa religion et en entrant à leur service pour sauver sa vie, quitte à s'enfuir ensuite aux Pays-Bas catholiques. De plus, il traitait les Calvinistes de barbares féroces et rappelait que tous ses bénéfices ecclésiastiques en Hollande, étaient entre les mains de ces mêmes Calvinistes.Ga naar voetnoot1 Nous reviendrons tout à l'heure sur les raisons pour lesquelles il ne voulait déplaire à aucun des deux camps adverses. | |||||||||
III. - Description du 3e étatCe troisième et dernier état, est attesté par deux exemplaires conservés à Anvers: 1o celui du Musée Plantin-Moretus, qui est dépourvu d'ex-libris et qui n'a pas dû quitter la collection de la Maison Plantin depuis la date de son édition. Il est recouvert de parchemin, sans doute depuis la même date. Il est parfaitement conservé: nous avons eu l'impression en l'ouvrant qu'il n'avait pas dû être très souvent consulté. 2o celui de la Bibliothèque de la ville d'Anvers. L'ex-libris qui se trouve sur le recto du premier folio nous apprend qu'il entra dans la bibliothèque des ... Predicatorum Antwerpensium... anno 1607 18 Julii. Ce premier ex-libris fut retranscrit plus bas sur le même folio, d'une manière plus lisible. Selon nous, cet exemplaire ne quitta pas Anvers depuis 1583. La reliure en cuir date, de la fin du XVIe siècle ou du début du siècle suivant. Elle contient, avec les Rerum Burgundicarum, Dell' Historia Generale di S. Domenico et dell' ordine suo dé predicatori, composta per il molto rever. padre M.F. Ferdinando del castiglio, in lingua Castigliana; E poi tradotta nella nosta Italiana dal Reverendo Padre F. Timoteo Bottoni, Venise, 1589, in-fo. | |||||||||
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Le 3e état présente les mêmes caractéristiques que le 2e, mise à part l'absence de lettre dédicatoire à Philippe II, qui aurait dû se trouver aux [folios 2 et 3] du premier cahier. Cette suppression, rendue possible par le fait que les exemplaires étaient vendus non reliés et que la dédicace occupait à elle seule deux feuillets détachables, est regrettable d'une part, parce qu'elle ne permet pas de savoir si le folio 3 était marqué (†2) ou (†3), mais est fort intéressante d'autre part pour nos conclusions. Alors que la ville d'Anvers est aux mains des Calvinistes en 1583, Pontus Heuterus y fait paraître les Rerum Burgundicarum. Outre la dédicace à Philippe II, cette oeuvre contient dans le texte même, un véritable message de l'auteur à tous les Pays-Bas tant du Nord que du Sud.Ga naar voetnoot1 En effet, Heuterus, catholique du point de vue religieux, mais surtout partisan convaincu de l'unité bourguignonne du point de vue politique, ainsi que nous le présentâmes dans notre mémoire de licence,Ga naar voetnoot2 y glorifie l'oeuvre de Philippe le Bon, Imperij Belgici conditoris, et l'unité des Pays-Bas sous l'autorité d'une seule dynastie. Il est vraisemblable de croire que pour ne pas compromettre la diffusion de son ouvrage et de son message en-dehors d'Anvers, Heuterus et son imprimeur décidèrent de supprimer la dédicace à Philippe II dans des exemplaires dont on avait déjà retranché les 25 lignes dont il fut question ci-dessus. Cette suppression de l'épitre adressée au roi catholique avait l'avantage de ne rien révéler de suspect dans ce travail historique, sur un rapide coup d'oeil, à d'éventuels contrôleurs calvinistes et de permettre aux Rerum Burgundicarum de quitter Anvers. Nos conclusions auraient été encore plus solides si nous avions pu examiner des exemplaires envoyés en territoire calviniste dès leur édition, mais jusqu'à présent cela ne nous a pas été possible. Dans les six exemplaires des Rerum Burgundicarum, nous avons constaté un fait surprenant: la présence sur le folio de titre des cinq premiers livres, de la date de 1584, et celle sur le folio de titre du sixième livre, de 1583. Ce sixième livre détaille les généalogies | |||||||||
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des familles de quibus in praecedenti historia maxime agitur, ac ad eius intelligentiam plurimùm conducentes. Cette différence de date, est encore constatée dans tous les catalogues de libraires ou de bibliothèques, et dans divers ouvrages bibliographiques. En vue de résoudre le problème ainsi posé, nous pouvons émettre l'hypothèse d'une annonce qui aurait été faite en 1583 par l'imprimeur et l'auteur, qui auraient envoyé aux éventuels souscripteurs, par exemple aux membres encore en vie des familles dont il était question, le sixième livre, afin qu'ils s'engagent à acheter, moyennant un prix convenu, les cinq livres contenant les histoires qui allaient être publiés l'année suivante. La présence des mots ... in praecedenti historia... dans le titre du sixième livre n'est pas une objection à cette souscription, si l'on suppose que ces mots furent copiés dans le manuscrit que Pontus Heuterus donna à Plantin: ..., opus sub limam revocavi, atque in hanc quam vides formam coactum, Plantino tradidi;Ga naar voetnoot1 et qu'il oublia ou ne désira pas supprimer, parce qu'ils faisaient partie de son plan. Il nous vint toutefois à l'esprit une autre explication: Pontus Heuterus ayant terminé ses généalogies en 1583, aurait voulu par l'indication 1583 sur le folio initial de ces mêmes généalogies, montrer qu'il ne fallait pas s'attendre à y trouver des indications postérieures à cette même année. La présence d'une note manuscrite au troisième folio des généalogies, dans l'exemplaire de la Bibliothèque Royale, renforce cette hypothèse: on trouve en face du nom imprimé Franciscus Dux Alensonij la note manuscrite: obijt 10o may 1584. De même, autres preuves de cette hyptohèse: Heuterus signale un assez grand nombre de fois qu'il écrivait ses généalogies en 1582, on pourra à cet égard consulter entre autres le folio 11 où à propos des Bourbon, Heuterus déclare: Carolinam Iovarrensem Antistitem, sed quae eiurata religione tertia uxor Guilielmi Nassauuij Aurantij Principis est facta, pepereratque et cùm haec scriberem, anno 1582. filias sex, pauloque pòst morbo é vivis decessit. ce qui fut complété à la main dans l'exemplaire de M. Bonenfant, entre... sex... et la virgule, par les noms des filles. Encore, | |||||||||
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au folio 28 dans ce dernier exemplaire, in genealog. Atrebatensem ac Challonicam, in fine, la même mention selon laquelle Heuterus dressait ses généalogies en 1582, juste après une phrase qui comprend un blanc. Dans ce blanc a été ajouté à la fin de la ligne Aemi- et au début de la ligne suivante liam, en une note manuscrite qui n'offre pas d'intérêt immédiat pour nous. Le premier exemplaire des Rerum Burgundicarum mis en vente fut acheté par Abraham Ortelius le 9 août 1583 pour 1 fl. 6 st. sous le nom hist. a Burgundica. Pon. Hi.Ga naar voetnoot1 A cette date, il y avait seulement quelques jours que les généalogies étaient terminées. Nous avons en effet pu reconstituer la chronologie de la composition et de l'impression des ... en histoire de Bourgogne Généalogie...: le 16 mars 1583, le compositeur Hubert Coismans avait terminé les cahiers A, B et C; le 23 mars: une partie du cahier D, qu'il achevait le 30 du même mois avec le cahier E. Le 7 mai, le cahier F était composé; le 14, G et H; le 21, I; le 28, K et L; le 4 juin, M et une partie de N qu'il achevait le 11 juin avec une partie de O; le 18, O était fini; le 27, P et Q. Enfin, le 2 juillet, il recomposait B2 et Q1, le 9, c'était au tour de B1 et de F2 d'être recomposés et le 23, il terminait son travail avec la recomposition de I 1, 2 et 3.Ga naar voetnoot2 Les lettres majuscules sont les lettrines qui indiquent les cahiers, et les chiffres, les indices des folios à l'intérieur de ces mêmes cahiers. L'imprimeur des généalogies se mettait au travail dès le 16 mars et il avait fini le 23 juillet, sa tâche étant parallèle à celle du compositeur.Ga naar voetnoot3 Nous ignorons quand le premier cahier marqué (†) fut composé et imprimé. Pour les histoires, la chose est beaucoup plus compliquée et il est difficile d'arriver à un résultat: le 29 septembre 1582, le compositeur H. Coismans composa des cahiers d'histoire et cela dura jusqu'au 24 novembre de la même année, mais le nombre de cahiers est plus élevé que celui que l'on trouve dans l'oeuvre de Heuterus.Ga naar voetnoot4 Pour les années 1583 et 1584, on ne trouve rien de précis | |||||||||
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relativement à des histoires, d'autant plus que furent imprimées en même temps, les Rerum Scoticarum de Georges Buchanan. Nous n'avons trouvé aucune mention relative à la composition du premier cahier. Ce premier cahier aurait pu faire l'objet de transactions entre les imprimeurs et Heuterus, il en fit même certainement l'objet, mais si ces transactions ont eu lieu, elles n'ont laissé aucune trace dans les Grands livres signés C, ce qui est normal étant donné la nature même des transactions [Arch. Plant., no 19, Grand livre signé C (1572-89) et, no 20, Ibid, (1582-89)]. Nous venons de citer les Grands livres parce que c'est dans ceux-ci qu'étaient conservées, en résumé, les affaires traitées par Plantin ou par ceux qui le remplaçaient pendant son séjour à Leyde. Le 9 juillet 1583, l'oeuvre complète de Heuterus était mise en vente. L'oeuvre complète, parce que nous n'aurions pas trouvé la mention historia Burgundica, mais quelque chose d'autre qui nous aurait montré qu'il ne pouvait être question que d'une partie du tout, si tel était le cas, et nous n'aurions pas toujours retrouvé cette même appellation jusqu'à la fin de l'année 1585, terme de notre dépouillement des Journaux. Abraham Ortelius fut le premier acheteur des Rerum Burgundicarum. Le 16 août de la même année 1583, il en acheta encore trois exemplaires,Ga naar voetnoot1 pour les envoyer à des amis, sans doute. En effet, M. Vermaseren qui a dépouillé des lettres d'Ortelius, en cite une qui fut adressée au même Ortelius par Joh. Crato, le 10 septembre 1583, de Breslau. Dans cette lettre, Crato déclarait à Ortelius qu'un certain Joh. Monau lui avait dit qu'il attendait un envoi de livres, parmi lesquels une Historia Burgundica que lui, Ortelius, devait lui faire parvenir d'Anvers.Ga naar voetnoot2 En ce qui concerne la vente des Rerum Burgundicarum, le 12 août 1583, 182 exemplaires des Burgundica Historia fo fl. 236 st. 12 furent envoyés à Francfort par le navire de Jean Kemp ou Kemper.Ga naar voetnoot3 Ces exemplaires étaient destinés au marchand de livres G. Willer, dont le catalogue pour la seconde foire de l'année 1583 contient parmi d'autres titres: Res gestae regum, ducum, comitumque utrius | |||||||||
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Burgundiae, sex libris comprehensae à Ponto Heutero Delfio, fol., Antwerpiae, per Plantinum.Ga naar voetnoot1 Le libellé de ce titre, qui ne correspond que partiellement à celui que nous connaissons, pourrait s'expliquer par le fait qu'étant donné la date de l'expédition des Rerum Burgundicarum d'Anvers, le marchand de Francfort n'aurait pas vu d'exemplaire de l'ouvrage de Heuterus avant de dresser son catalogue; il l'a fait probablement dans le cas qui nous occupe, d'après des renseignements fort imprécis qui lui furent sans doute communiqués d'Anvers pendant le tirage de l'oeuvre. Cette vente de 182 exemplaires en une fois est la plus importante que nous ayons remarquée jusqu'en 1585. Elle permit sans doute à l'imprimeur de rentrer dans une partie de ses frais. L'envoi d'autant d'exemplaires à Francfort est tout à fait normal, car au cours du XVIe siècle, Francfort est devenu, par ses foires de livres, un marché international.Ga naar voetnoot2 On comprend donc le désir des imprimeurs d'y vendre leurs toutes dernières nouveautés. Les foires de Francfort, depuis 1541, se tenaient, la première à la mi-carême et la seconde, quatorze jours après le 24 août.Ga naar voetnoot3 Cette dernière date explique l'envoi de 182 Historia Burgundica de 1583. Quatorze jours après le 24 août, cela nous reporte au 6 septembre, et l'embarquement des livres à bord du navire a eu lieu à Anvers le 12 août. En supposant que le bateau eût quitté Anvers le jour de l'embarquement des livres et en considérant qu'il devait arriver à Francfort la veille, au moins, du jour de la foire, le 5 septembre donc, il eût dû naviguer pendant 25 jours. A notre avis, c'est fort peu de temps eu égard à la situation politique et à la distance à parcourir: le navire devait quitter Anvers et l'Escaut, ce qui n'était sans doute pas de tout repos parce que la flotte espagnole devait guetter et essayer d'intercepter les navires venant d'Anvers tenue par les Calvinistes; il devait ensuite gagner l'embouchure du Rhin, en échappant aux habituels corsaires; puis remonter le Rhin jusqu'au confluent de ce dernier avec le Main, qu'il devait emprunter | |||||||||
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jusqu'à Francfort. Le problème restait le même, mis à part les corsaires, dans l'hypothèse où le navire eût gagné le Rhin en empruntant l'Escaut oriental. Il se pouvait donc que le navire arrivât en retard, c'est-à-dire que les livres qu'il transportait manquassent la seconde foire de l'année 1583 et dussent attendre jusqu'à la mi-carême 1584, époque à laquelle ils n'auraient plus été la toute dernière production plantinienne. Prévoyant ce retard éventuel et le fait que les Rerum Burgundicarum ne pourraient peut-être pas être mises en vente en 1583, l'imprimeur aurait daté ses exemplaires de l'année 1584. En ce qui concerne les livres qui accompagnaient les Rerum Burgundicarum, il s'agissait en majorité de rééditions d'autres ouvrages. Il y avait sans doute quelques ouvrages dont c'était la première apparition sur le marché; cependant, il ne nous a pas été possible de les identifier ni par conséquent de savoir quelle date ils portaient, car dans les Journaux plantiniens les titres sont mentionnés en abrégé, sans nom d'auteur ou avec uniquement les premières lettres du nom et du prénom de celui-ci, le tout étant difficile à interpréter. Voilà donc une explication possible de la présence de la date de 1584 sur le folio de titre des cinq premiers livres mis en vente dès 1583. Pour le sixième livre, ou bien l'imprimeur aurait oublié d'ajouter un un en chiffre romain à M.D.LXXXIII., ou bien ce qui est plus vraisemblable, Pontus Heuterus aurait voulu indiquer qu'il arrêtait ses généalogies en 1583, comme nous l'avons mentionné ci-dessus. Notre hypothèse quant à l'arrivée tardive des Rerum Burgundicarum à Francfort en 1583, ce qui aurait provoqué leur vente à la mi-carême de l'année suivante, paraît étayée par un second envoi de 30 exemplaires de l'ouvrage susdit le 29 juin 1584.Ga naar voetnoot1 En effet, cet envoi peut avoir été destiné à la seconde foire de Francfort de 1584, les 182 exemplaires dessus dits ayant été vendus à la micarême de la même année 1584. Ce second envoi pouvait tout aussi bien répondre à des commandes passées cette mi-carême. Nous mentionnerons encore un troisième envoi à Francfort, - assez important par rapport à des ventes habituelles de un ou deux exemplaires - de 25 exemplaires, le 19 novembre 1584,Ga naar voetnoot2 sans doute | |||||||||
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pour répondre aux commandes de la seconde foire de 1584. C'est donc à Francfort que fut écoulée la majorité des exemplaires des Rerum Burgundicarum. Comme autre commande importante, nous n'avons remarqué que l'expédition, le 10 septembre 1583, de 56 Historia Burgundica avec généalogiae familiarum fo à Paris par Rouen.Ga naar voetnoot1 Ce qui prouve définitivement que les six livres étaient réunis et mis en vente dès 1583.
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B. - Rééditions des oeuvres de Heuterus, autres que celles faisant partie desOpera Historica Omnia
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III. - Éditions des Opera historica omnia:1) Première édition des Opera Historica Omnia; Burgundica, Austriaca, Belgica: De rebus à Principibus Burgundis atque Austriacis, qui Belgis imperarunt, pace belloque praeclarae gestis. Insertus est eiusdem De Vetustate et Nobilitate Familiae Habspurgicae et Austriacae Liber singularis. Accessereque De Veterum ac sui Saeculi Belgio Libri duo; aliaque. Nunc primùm simul edita, operâ atque industriâ Viri docti J. Coppenii recensita, et Capitibus distincta, Louvain, Justus Coppenius, 1643, in-fo. D'après la préface par laquelle Justus Coppenius dédie cette édition à Jean Maes (Masius), abbé de Parc à Louvain, l'imprimeur semble être l'éditeur, celui qui a rassemblé les Opera Historica Omnia. Coppenius s'est servi, comme Théodore Maire à La Haye en 1639, du 2e état susdit en ce qui concerne les Rerum Burgundicarum; Coppenius ignorait sans doute le 1er état. Les Rerum Austriacarum furent amputées de divers carmina, oeuvres d'amis de Pontus Heuterus, d'un petit poème grec qui suivait l'épître dédicatoire à l'archiduc Albert en 1598, d'une quinzaine de lignes que l'on trouvait dans l'Author ad lectorem de 1598 (fo 3 et 4) par lesquelles Pontus Heuterus évoquait encore une fois les malheurs qui frappaient son siècle, racontait que Pantin, le | |||||||||
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doyen de Sainte-Gudule, lui avait conseillé de tirer de l'argent de la préface à Philippe II des Rerum Burgundicarum et, enfin, citait les noms de quelques-uns de ses protecteurs. Coppenius retrancha encore de son édition les noms de ceux qui aidèrent Pontus Heuterus à rédiger ses histoires autrichiennes, noms qui étaient placés, dans la première édition de celles-ci, à la suite de la liste des auteurs chez lesquels Heuterus avait puisé des renseignements. Telles sont donc les amputations les plus importantes que Coppenius a fait subir aux Rerum Austriacarum. La cause de ces suppressions est à rechercher soit dans les frais que l'impression d'un poème en caractères grecs aurait provoqués, soit dans le désir de faire tenir le texte de Heuterus sur le moins de papier possible, nous pensons surtout ici à la suppression des carmina et à celle des noms des amis de Heuterus que, par ailleurs, il était inutile de rappeler puisqu'on les trouvait déjà, à quelques exceptions près, dans les Rerum Burgundicarum ou dans d'autres oeuvres; enfin, il était superflu d'accorder trop de place à des détails sur la vie de Heuterus, parce qu'il était mort. Pour ce qui est du De Veterum... et des traités qui lui furent adjoints, nous n'avons constaté aucun changement important, mis à part ceux provoqués par des bouleversements de la mise en page, bouleversements témoignant du même désir d'occuper le moins de place possible sur le papier. Nous terminerons sur cette dernière remarque: Coppenius a usé de caractères italiques lorsque Pontus Heuterus dit citer un auteur et en donne le nom, ces caractères n'apparaissant pas dans les Rerum Burgundicarum édités chez Plantin. Et d'autre part, l'éditeur de 1643 a supprimé les guillemets que Plantin, et sans doute Heuterus dans son manuscrit, avaient placés pour signaler des citations sans indication de la source copiée ou traduite. Pour ne donner qu'un seul exemple, Pontus Heuterus a traduit et recopié Enguerrand de Monstrelet, sans le signaler, quand il reproduit in extenso les lettres de défi échangées entre les fils du duc d'Orléans et le duc de Bourgogne Jean sans Peur en 1411; or, il les a placées entre guillemets dans l'édition plantinienne, lesquels guillemets ont disparu dans l'édition de Coppenius. | |||||||||
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Il ne faut pas conclure de ces changements que l'éditeurimprimeur Coppenius était un grand érudit: il tirait sans doute son érudition apparente de l'héritage reçu des grands imprimeurs du siècle précédent. 2) Louvain, Judocus Coppenius, 1649, in-fo: réédition des Opera Historica Omnia.Ga naar voetnoot1 Dans ces deux exemplaires que nous avons consulté, on peut lire ce qui se trouve dans l'édition de 1643, à une différence près; dans l'un (celui du séminaire d'Histoire du moyen âge), on voit, conformément aux exemplaires de 1643, se suivre immédiatement les Rerum Austriacarum libri XV sans plus, qui couvrent donc la période chronologique allant de la mort du Téméraire jusqu'à l'année 1564 durant le règne de Philippe II, et le De Veterum ac sui saeculi...; dans l'autre (celui du séminaire d'Histoire moderne), on trouve, en plus des quinze livres des Rerum Austriacarum et à la suite des éloges des différents souverains et de l'Index rerum memorabilium, trois livres nouveaux: les livres XVI, XVII et XVIII,Ga naar voetnoot2 intercalés avant le De Veterum ac sui saeculi... Nous reviendrons sur ces trois livres, mais dès maintenant, nous tenons à faire remarquer que dans les deux exemplaires cités ci-dessus, nous avons en gros les mêmes caractéristiques dans l'impression: aux folios 8, une ligne fut ajoutée et deux folios 126, le premier étant en réalité 124, se retrouvent dans les deux exemplaires. Enfin, le papier employé pour les deux types d'ouvrage est différent. Donc, au même endroit, à la même date et par le même: impression de deux types d'exemplaires et, anticipant quelque peu sur la suite de notre article, nous dirons qu'il y a eu réimpression du tout, à l'exclusion des livres XVI, XVII et XVIII dans le cas de l'exemplaire cité en premier lieu ci-dessus. Ces livres furent donc supprimés lors de la réimpression. Leur pagination continue celle des quinze premiers. La période chronologique envisagée va de 1560 à 1569, elle reprend donc brièvement une période de quatre ans (1560-1564). A la suite du texte de | |||||||||
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Heuterus, l'éditeur indique ce qui suit au folio 448: Huc usque ex autographo Auctoris, quod quidem reliquum fuit. Nam ulterius Historiam hanc de duxisse certum est, ipseque non uno loco significat. Unde interim his, benovole Lector, dum bona aliqua Fortuna et reliqua, quae adhuc desiderantur, publico bono in lucem proferet. C'est donc, selon l'éditeur, tout ce qui reste du manuscrit de Heuterus, manuscrit qu'il rédigeait quand il mourut en 1602. Selon M. Vermaseren, le manuscrit ne fut pas édité dès 1643 parce qu'il était à la Chambre des Comptes.Ga naar voetnoot1 L'éditeur n'a donc pas eu la possibilité de l'employer. Il l'a peut-être vu cependant et, en tous cas, Miraeus et Sweertius étaient au courant de son existence. L'étaient-ils de son contenu? Miraeus nous indique, en 1636, qu'il allait jusqu'à 1599.Ga naar voetnoot2 Mais seule la partie allant jusqu'à 1569 fut éditée. Erreur de Miraeus? Perte de la partie 1569-1599? Intervention de la censure? Copie partielle? Nous l'ignorons, mais nous tenons à signaler que M. Vermaseren nous a déclaré au mois d'août 1961, qu'il recherchait la partie de ce manuscrit qui ne fut pas éditée. Ce manuscrit, ou une copie, selon M. Vermaseren, se trouverait peut-être dans les archives de l'Abbaye de Parc et aurait appartenu à l'abbé. Nous ne savons pas depuis quand, s'il y est toujours et à quel abbé aurait appartenu ce manuscrit, qui est peut-être le début et la fin du poème écrit par Heuterus en l'honneur des martyrs de Gorcum. Mais ce qui nous a frappé dans tout cela, c'est que le manuscrit a peut-être été en la possession de l'abbé de Parc. Or, c'est à Jean Maes, abbé de Parc, grand mécène, appartenant à la dynastie des imprimeurs Maes, que Coppenius dédie son édition de 1643, laquelle ne comprend pas les trois livres. Nous nous demandons si ce n'est pas dans cette voie que l'on découvrira la justification de la dédicace de 1643 à Jean Maes. En effet, comment expliquer autrement le patronnage par Jean Maes d'une édition de Coppenius et non de son frère ou de son neveu?Ga naar voetnoot3 | |||||||||
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De toutes façons, ce qui est remarquable, c'est que les trois livres en question furent édités pour la première fois en 1649 dans certains exemplaires, et furent supprimés dans d'autres exemplaires de la même édition. M. Vermaseren, après avoir écarté l'idée d'un faux à propos de ce texte, qui est bien de Heuterus, pense que l'interdiction serait intervenue en cours d'impression à l'initiative du fisc ou de la censure.Ga naar voetnoot1 Nous ajouterons à cela que si dans ce texte, Heuterus nous montre une nouvelle fois son attachement à Philippe II et se livre parfois à une violente polémique contre la Réforme, il ne pense pas beaucoup de bien du duc d'Albe par exemple. Cela ne peut-il pas être aussi la cause du retrait de ces trois livres? A leur suite, on peut lire au folio 449 un Index capitum qui les intéresse, ainsi que des indications relatives aux années courant de 1566 à 1609.Ga naar voetnoot2 L'auteur de cette pièce n'est certainement pas Heuterus parce qu'il est mort en 1602. Il nous semble que l'auteur en est l'éditeur lui-même, qui se dit typographe juré. De l'Université de Louvain sans doute. Cependant, l'éditeur de 1643 avait pour nom Justus Coppenius et celui de 1649 Judocus Coppenius. Furent-ils deux? S'agit-il d'un seul et même homme?Ga naar voetnoot3 Après de nombreuses recherches et démarches infructueuses,Ga naar voetnoot4 nous croyons qu'il s'agit dans les deux cas du même homme. En effet, d'une part | |||||||||
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le prénom Josse (Joost en flamand) a souvent été traduit par Judocus ou par Justus en latin. D'autre part, Piot donne un tableau, incomplet, des imprimeurs et éditeurs de Louvain et mentionne un Justus Coppenius, comme ayant travaillé de 1639 à 1653 à Louvain.Ga naar voetnoot1 Alors que la deuxième édition du De initiis tumultuum Belgicorum de Florent Van der Haer fut l'oeuvre de Judocus Coppenius à Louvain en 1640. Nous terminerons en donnant les dates de deux Titelausgaben des Opera Historica Omnia dont tous les exemplaires contiennent les trois livres dont il vient d'être question:
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