De Gulden Passer. Jaargang 38
(1960)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Auteursrechtelijk beschermd
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Les éditions espagnoles du ‘chevalier délibéré’ d'Olivier de la Marche
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lège d'édition en premier lieu à Guillaume Van Maele, croyant lui créer ainsi une source de profit; mais il fallait avancer les frais de l'édition et ce dernier s'étant récusé, c'est à son chroniqueur Don Christobal Calvete de Estrella, qu'il concède, par privilège, de publier sa traduction mise en vers par un autre; c'est même un ordreGa naar voetnoot1.. Calvete avait déjà fait éditer deux ouvrages, chez Martin Nutius; en 1551 un commentaire en latin sur la guerre d'Afrique, et en 1552 son importante relation du Voyage de Don Philippe, prince d'Espagne, à travers les Pays-Bas. Il s'adresse, cette fois à un autre éditeur, Jean Steelsius, sans doute parce qu'il fallait publier un livre de luxe, richement illustré, ce qui n'était pas dans les habitudes de Nutius. Steelsius imprimait rarement lui-même; à cette époque il confiait ses éditions espagnoles à Jean de Laet, établi comme lui dans la Cammerstraet, à l'enseigne du Saumon. C'est le graveur Arnold Nicolai d'Anvers qui fut chargé des planches, aux frais de Calvete, qui, nous le verrons, en est resté le propriétaire, et qui les a emportées en Espagne, où elles serviront à illustrer les éditions suivantes. Le graveur Nicolai avait déjà exécuté pour Calvete, une gravure sur bois représentant les armoiries Impériales. Nous la trouvons pour la première fois sous le titre du Très heureux voyage de Don Philippe, édité en 1552. A vrai dire, il n'a fait que copier une vignette, déjà répandue en Espagne, que nous nommerons ‘Bois Molina’, nom de l'auteur du premier livre où elle a figuré. Il est important de suivre ses avatars. Nous l'avons trouvée sur les ouvrages suivants parus en Espagne:
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Nous ne connaissons pas les détenteurs de ce bois entre 1550 et 1585: ce nous serait d'une grande utilité, car nous le verrons employé à cette époque, pour faire un pastiche de l'édition de Steelsius. Nicolai, retraçant ce dessin, l'a visiblement amélioré. Il l'a interprété avec plus de goût, mais pour qui n'est pas prévenu, les deux vignettes peuvent être confondues, et l'on a certainement spéculé sur cette équivoque. Marque no 1 de Jean de Laet.
Ces armoiries seront reprises par le même graveur anversois, mais débarrassées des cariatides, fronton et socle, pour les réimpressions de 1555 et suivantes, données dans un format plus petit que l'édition originale. Pour graver les illustrations du texte espagnol, Nicolai s'est aussi inspiré des bois illustrant les anciennes éditions françaises, en les modernisant. Une planche surtout doit retenir notre attention: elle figure au f. 70 des éditions de 1553 et 1555 (f. 72, de 1565); elle a été l'objet d'une très importante retouche, ce qui nous permet d'établir l'ordre successif des tirages de la première édition. | ||||||||||||||||||||||||||||
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Le texte français de la strophe 269, introduit un personnage ‘vng herault petit / qui portoit ung blason d'attente / son nom fut en armes Respit’. Ce qu'Acuna traduit (strophe 228) Vn rey de armas, / muy chico hombre, / con blason de Prolongar: / Plazo era su propio nombre’Ga naar voetnoot1. Marque no 2 de Jean de Laet.
Or que voyons-nous? La gravure illustrant ce passage nous montre ce hérault ‘Plazo’ non seulement de grande taille, mais même hors de proportion comparativement aux personnages du même plan; sa taille (70 mm sur la gravure) atteint presque en hauteur celle d'un homme à cheval. Les lecteurs se seront récriés devant cette erreur d'interprétation, et nous voyons les tirages suivants de la première édition corriger cette anomalie: le personnage est devenu vraiment ‘muy chico hombre’ (43 mm. sur la gravure). Sa tête arrive à la hauteur de l'ensellure du cheval. C'est cette gravure retouchée qui se retrouvera dans une partie de l'édition de 1553 et dans toutes les suivantes. Il est donc évident que les exemplaires avec la gravure non retouchée et qui donnent aussi la liste des errata sont antérieurs aux autres, contrairement à ce que croyaient Picot et SteinGa naar voetnoot2. | ||||||||||||||||||||||||||||
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Pour différencier les tirages de la première édition, il importe aussi de connaître les marques dont Jean de Laet s'est servi: elles représentent toutes un semeur, avec la devise SPES ALIT AGRICOLAS. La première, la plus ancienne (Bibl. bca. no 1), représente le semeur dans un double cercle, extérieurement orné de fruits et de fleurs; la deuxième le représente dans un double ovale, sans agréments extérieurs, le semeur a le visage tourné vers la main qui sème (Bibl. Bca, no 2). Une troisième marque non utilisée ici, représente également dans un double ovale, le semeur, mais qui regarde devant lui (Bibl. Bca. no 3) (cette 3me marque se trouve à la
Marque no 3 de Jean de Laet.
fin de Ximenez Ayllon, Los famosos y eroycos hechos... del Cid. Anvers, Vve de Laet, 1568). Abordons ici l'examen des éditions successives du texte espagnol de Acuna, et plus spécialement celles imprimées dans nos contrées des Pays-Bas. Ces éditions se résument ainsi:
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L'édition de 1553, dont le tirage total devait comprendre 2000 exemplaires (Reiffenberg, Lettres sur la vie intérieure de l'Empereur Charles V), s'est vue amputée de 700 exemplaires, perdus en merGa naar voetnoot1. Le privilège rédigé en français est consenti à Iehan Christoual Caluete de Strella, en date du 8 décembre 1552, pour les Pays de Brabant et d'Outre Meuse, pour une durée de dix ans. Un autre privilège, rédigé en Espagnol, concède un privilège de douze ans pour la Castille et de quinze pour l'Aragon. A la sortie de presse des premiers exemplaires, le feuillet chiffré 117, avec les errata, offre le colophon dans sa forme la plus courte: ‘Fue impresso en la muy leal Villa de An-/uers, en casa de Iuan Lacio / en el Ano de / M.D.LIII.’, au verso la marque ovale du semeur. La gravure du f. 70 montre le ‘Hérault petit’ presque sous forme d'un géant atteignant la hauteur d'un cavalier monté; l'accentuation du texte trahit des formes anciennes, entre autres f. 6, lignes 13 et 14 on lit; nació et tocó, qui deviendront naciô et tocô dans les éditions suivantes. Les erreurs de pagination sont | ||||||||||||||||||||||||||||
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nombreuses, le feuillet 26 est chiffré 29; le 36, 35; 41, 14; 44, 46; 74, 44; le 3 de la stance 367 est renversé, etc. Ce sont là les principales caractéristiques du type I (Paris, B.N. - Anvers, M. Pl. - New York (H.S.A.)Ga naar voetnoot1., exemplaire Jerez). Vient un deuxième type (exemplaire Mazarine). Le f. 117 n'est pas chiffré, les errata sont supprimés, mais, au milieu du feuillet, le colophon figure dans une forme plus longue: ‘Fue impresso en la muy noble y leal villa d'Anvers, en casa de Iuan / Lacio, Librero jurado de / Su M. en el Ano de M.D.LIII. Con gracia y Priuilegio.’ Au vo la marque Ovale de Jean de Laet, au f. 6 ro, ligne 13 et 14, les mots naciô, tocô avec l'accent circonflexe, enfin et surtout la gravure f. 70, est retouchée: le personnage ‘Pazo’ est de petite taille, il est devenu le ‘muy chico nombre’ annoncé dans le texte. Le troisième type (exemplaire à Hispanic Society of America, 2me exemplaire sans origine connue) mêmes caractéristiques que pour le type II, mais le colophon est libellé ainsi: f. 117 non chiffré: ro ‘Fue impresso en la muy leal Villa de An-/vers, en cesa de Iuan Lacio / en el Ano de / M.D.LIII. / (pas d'errata)’, et au vo marque: le semeur dans un double cercle, orné de fleurs et de fruits. Ces trois premiers tirages de l'édition ont un titre identique, que nous reproduisons ici, en mettant en regard le titre de la 4me variante. Nous possédons un exemplaire bien curieux, que nous désignons comme type IV. En réalité c'est le type I, sauf le fait que les quatre premiers feuillets (cahier A) sont réimprimés en Espagne, le libellé du titre est découpé différemment, et les armoiries impériales sont imprimées au moyen du bois Molina. Les feuillets 2, 3 et 4, sont réimprimés en suivant d'aussi près que possible la composition primitive d'Anvers, mais les caractères d'imprimerie utilisés trahissent bien deux ateliers différents: le calibre employé pour la première page de l' ‘Argumento’ (qui chevauche sur les cahiers A. et B.) est notoirement plus petit que celui qui y fait suite au feuillet 5, imprimé par De Laet. Le restant est en tous points conforme au premier type, (p. 6, Nació, tocó, f. 70 gravure avant la retouche, p. chiffrée 117, avec errata et colophon, vo marque ovale.) | ||||||||||||||||||||||||||||
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En Anuers en Casa de Iuan Steelsio,
Ano de M.D.LIII.
En Anuers en Casa de Iuan Steelsio.
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De toute évidence nous nous trouvons devant l'un des exemplaires, travaillé à l'époque, pour passer comme original émanant de chez Steelsius à Anvers. Quel serait le motif de cette supercherie? Du désastre des 700 exemplaires perdus en mer, nous n'avons aucun détail. Est-ce un naufrage corps et biens, ou simplement une avarie, et dans ce cas la perte n'aurait peut être pas été réelle pour tout le monde; on sait qu'à cette époque les livres étaient transportés en feuilles et par tonneau. Est-ce l'envoi par mer, est-ce une autre expédition? Je vois une explication plausible: seul le premier cahier d'un envoi aurait été détérioré, et le destinataire espagnol, pour sauver ce qu'il pouvait, aura fait réimprimer sur place, un nouveau titre au moyen du matériel à sa portée: le Bois Molina, dont il était peut être possesseur, ou dont il connaissait au moins le détenteur. Il est certain que ce pastiche date de l'époque, et qu'il ne devait pas être question d'un ou deux exemplaires seulement, mais d'un nombre suffisant pour justifier la depense. Cette première édition de 1553 semble avoir été vite épuisée, tenant compte de ce que 700 exemplaires ont été perdus; c'est pourquoi dès 1555 Calvete donne son livre à réimprimer chez Stelsius: EL CAVALLERO / DETERMINADO TRA-/DVZIDO DE LENGUA FRANCE-/sa en Castellana por Don Hernando / de Acuña, y dirigido al Empe-/rador Don Carlos Quin-/to Maximo Rey de / España nuestro / Señor. / Armoiries impériales / Con Gracia y Priuilegio dela Imperial Maiestad,/ y d'el Serenissimo Rey de Portugal./ En Anuers en Casa de Iuan Steelsio,/ Año de M.D.LV. [1555]. in-8o, sign: A-P8, soit 120 ff. répartis comme suit: 118 ff mal chiffrés 116, et 2 ff. blancs. (Bruxelles, Bibl. Royale; Londres, British Museum; Louvain, Bibl. Peeters-Fontainas; Madrid, Bib. Nat; Paris, Bibl. Nat.). A-t-on voulu diminuer les frais? Au lieu du format 4o utilisé la première fois c'est maintenant un in-8o qui sort de presse, et pour s'adapter au format réduit on a remplacé les armoiries du titre, par un dessin moins orné, sans cariatide, exécuté également par Nicolai. Les armoiries du premier tirage sont sans doute restées en posses- | ||||||||||||||||||||||||||||
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sion de Steelsius en échange des nouvelles, car nous trouvons qu'il en a fait l'emploi postérieurement pour des éditions qui n'avaient rien de commun avec l'éditeur Calvete. Les gravures qui étaient prévues pour un format in-4o, sont également utilisées ici mais elles laissent peu de place pour les marges, et sont souvent atteintes par le couteau du relieur. Le titre est libellé comme en 1553, les armoiries de l'empereur réduites (79 × 57 mm), le monogramme de Nicolai se trouve entre les pattes de l'Agneau de la Toison d'Or; le verso du titre est blanc, les deux privilèges de l'édition première sont reproduits textuellement (la dédicace latine de Calvete au Lecteur, et la dédicace à l'Empereur, etc.). En un mot l'ouvrage est en tout conforme au précédent, les gravures et le texte suivent page par page l'ordre de 1553, - mais la gravure à la p. 70 est évidemment retouchée, et à la fin il n'y a plus de colophon ni de marque d'imprimeur. Cette édition serait sans histoire si elle n'était pas suivie d'une édition dite de Salamanque en 1560, qui nous intrigue. En effet il existe au British Muséum un exemplaire, unique à notre connaissance, mais connu depuis toujours et cité par les bibliographes. Le libellé du titre est tout à fait différent des autres, les armoiries de l'empereur sont remplacées par celles d'une Dame: EL CAVALLERO DETER-/MINADO ESCRITO EN LENGVA / CASTELLANA POR DON FER-/NANDO SARMIENTO DE ACV-/ña, dirigido a la jllustrissima j po-/derosa Señora. Doña Guy-/onna de la Val, & / RijeuGa naar voetnoot1. / Armoiries / En sala manca, en casa de Iuam batista con / preuilegio de la magestad del Rey Catoli-/co, i del Serenissimo Rey de Portugal. / 1560. Comme on le voit, le titre tranche sur les autres, Acuña complète son nom par celui de Sarmiento. Nous avons déjà décrit sommairement cet ouvrage (Voir LETTRES ROMANES, tome XIII, 1959, p. 69). Depuis lors nous avons pu prendre connaissance des préliminaires, et le problème posé se trouve encore plus compliqué. II s'agit nous l'avons dit, de l'édition d'Anvers 1555, dont les | ||||||||||||||||||||||||||||
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huit premiers feuillets ont été remplacés pour créer une édition nouvelle. Rappelons que l'éditeur et le bénéficiaire des privilèges était Calvete de Stella (le privilège le plus court allant jusqu'en décembre 1562). Or nous trouvons au verso du titre de Salamanque un nouveau privilège, sans date, donné par Philippe II, pour tous ses royaumes, non plus à Calvete, mais à Don Fernando Sarmiento de Acuna et cela pour 15 ans. Ce privilège chevauche donc sur celui consenti à Calvete. Ce n'est plus Calvete qui édite mais bien Acuna, le versificateur resté dans l'ombre des éditions antérieures. Ici, le dédicataire primitif, l'empereur, est remplacé par Doña Guyona de la Val. En 1560, l'empereur était mort depuis deux ans et bien mort dans la mémoire de l'ancien courtisan qu'avait été Acuña. Cependant pour dédier son poème à cette noble personne, il ne se met pas en frais d'imagination; après avoir décliné les titres de Doña Guyonna, il recopie exactement les termes de la dédicace qu'il avait adressée à l'Empereur, sauf bien entendu que les V.M. (Vuestra Majestad) deviennent V.S. (Vuestra Señoria). A la fin, les mots ‘Humil criado y Vessalo de V.M. que sus Imperiales manos besa.’ devienent ‘a vuestra Señora, cuias illustrissimas manus (sic) beso.’ Là s'est arrêté son effort. Doña Guionna appartenait à une des grandes famille de la noblesse française, originaire de Bretagne; l'intitulé de la dédicace lui donne les titres suivants: Illustrissima y poserosa Señora Guionna de la Val, Condessa de la Val [LAVAL-MONTMORENCY] marquesa de Nela [de Nesle?] condesa de Harcourt, Ioingny [Joigny?] y Quintin, Viscondesa de Renes [Rennes?] senora de Oliver [Olivier ou Olivet?] Rochefort [Rochefort-en-terre (Bretagne)?] e vitre [Vitré?] La reproduction de ses armoiries ne nous permet pas de décrire les émaux et métaux, du moins pour les quartiers que nous n'avons pas reconnus, elles portent: Écartelées au 1, à trois fleurs de Lys [France?], au 2 et 3, d'Or à la Croix de Gueules, chargée de cinq coquilles d'Or, et cantonnée de seize Alerions d'Azur [qui est Laval-Montmorency], au 4: à trois fleurs de Lys, au bâton en bande, chargé de quatre bilettes coupées à plomb. Brochant sur le tout au Lion [Vitré?]. | ||||||||||||||||||||||||||||
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Son prénom confirme son appartenance à la célébre famille des Laval: Guionna, forme féminine de Guy. Les aines de famille portaient par tradition ce prénom, qui était un nom de famille avant que soit ajouté Laval, où ils possédaient leur principal château (Laval ou Laval Guyon, en latin Vallis Guidonis). Il s'agit bien, comme nous l'avons dit, et comme l'avait déjà noté Henry ThomasGa naar voetnoot1., de l'édition d'Anvers, 1555 avec huit ff. préliminaires réimprimés, mais non à la requête de Calvete, propriétaire de l'édition de 1555, mais bien du traducteur. A-t-il racheté les invendus de l'édition de 1555, ou a-t-il seulement fait usage des exemplaires d'hommage qui, selon toute vraisemblance, lui auront été remis lors de la sortie de presse de l'édition d'Anvers? Cette dernière supposition réduirait alors à bien peu de chose, les exemplaires datés de Salamanque, et destinés à plaire à Doña Guyonna. Le fureteur qui découvrirait la personnalité exacte de cette dame pourrait peut-être nous donner la clef de cette énigme. Toujours est-il que l'exemplaire du British Museum semble unique, et que de toutes les éditions espagnoles, celle-ci est la plus rare. Cet exemplaire porte une note de la main de Gallardo: ‘cette édition, bien que dite de Salamanque, a toutes les apparences d'avoir été contrefaite en Flandres, ou à tout le moins en dehors de l'Espagne. N. Antonio n'a pu la voir. (s) Gallardo’; l'illustre bibliographe espagnol avait vu clair! En 1565, donc bien en cours de privilège récemment consenti à Acuña, nous trouvons une nouvelle édition, imprimée cette fois entièrement dans la péninsule, et donnée par l'éditeur en titre Calvete: / EL CAVALLE/RO DETERMINADO/TRADVZIDO DE LEN-/gua Frãcesa en Castellana por Don- / Hernando de Acuña, y dirigi-/do al Emperador Don Car/los Quinto Maximo / Rey de España / nuestro Se-/nor. armoiries. EN BARCELONA / En casa de Claudio Bornat, al Aguila fuerte / 1565. / Con priuilegio por deziseis años. | ||||||||||||||||||||||||||||
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In-8o de 118 ff.. ch. 2 ff. bl. 20 grav. dans le texte (exemplaire Louvain, J.P.F.). Le titre reprend exactement le libellé des éditions d'Anvers, dédicace à l'empereur, armoiries de Charles Quint sur le titre, monogrammé de Nicolai, comme en 1555, mais un nouveau privilège est donné en espagnol par le roi Philippe II, daté de Barcelone, 18 mars 1564. C'est ce privilège qui nous fait connaître la perte de 700 exemplaires d'Anvers: ‘Nous avons reçu de votre part, notre bien aimé Christobal Calvete de Estralla domestique de notre maison, vous nous avez exposé avoir fait imprimer à vos frais le livre intitulé Cavallero Determinado, par ordre de Sa Majesté l'Empereur, mon Seigneur et Père, (que Dieu ait son âme) et qu'il vous a été concédé par sa Majesté privilège pour l'imprimer pour une durée de 16 ans, lesquels, dites vous, se terminent cette année-ci) et que vous désirez le faire imprimer une fois de plus à vos frais: Nous suppliant qu'étant donné le grand dommage que vous avez eu lors de l'édition antérieure, pour avoir subi la perte en mer de sept cent exemplaires, et avoir dédommagé le négociant qui les vendait, il nous a plu d'ordonner de proroger la licence antérieure pour une nouvelle période de 16 ans...’. Les gravures sont les mêmes que dans les éditions imprimées à Anvers tant pour les armoiries au titre que pour les 20 gravures; le texte suit aussi page par page celui de l'édition anversoise de 1555. En 1573, paraît une cinquième édition, datée de Salamanque, et cette fois ci, certainement imprimée sur place: EL / CAVALLERO / DETERMINADO, / Traduzido de Lengua Francesa en Castellana, por / Don Hernando de Acuña, y dirigido al Emperador Don / Carlos Quinto Maximo, Rey de España, / nuestro Señor. / Armoiries Impériales. / CON PRIVILEGIO. / En Salamanca, En casa de Pedro Laso. / 1573. / Esta tassado en... (VindelGa naar voetnoot1. 21, indique in-4o de 118 ffch. 2 ff.). Seules les armoiries du titre sont nouvelles, et un peu chargées dans le goût de l'époque. Les gravures sont les mêmes mais ne se présentent pas exacte- | ||||||||||||||||||||||||||||
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ment dans le même ordre que précédemment. Le privilège donné à Calvete en 1564 est renouvellé en date du 29 août 1672. En 1580, le traducteur Hernando de Acuna s'éteignait à Grenade. Dix ans après, la veuve Dona Juana de Zuniga allait publier la dernière édition qui paraîtra en Espagne, en y ajoutant les additions composées par son époux et restées inédites jusqu'alors. Elle obtient un privilège pour dix ans, en date du 15 août 1587, et d'autres postérieurement pour d'autres royaumes et les Indes. Claveria la décrit ainsi (p. 75): ‘El cavallero / determinado, / traduzido de lengua francesa / en Castellana por don Hernando / de Acuña. / Dirigido al Emperador Carlos Quinto Ma-/ximo, Rey de España nuestro Señor. / En Madrid, en casa de Pedro Madrigal. / Ano de M.D.XC.’. Londres, B.M., in-4o de 8 ff. 112 ff., vient ensuite ‘Adicion al Cavallero determinado, Compvesta por el mismo Autor’. 32 ff. dont le dern. blanc (M.B.). Cette édition doit avoir été faite avec le consentement du propriétaire des bois gravés, de Calvete de Estrella, qui vécut jusqu'en 1593. Il aura pu voir ainsi paraître toutes les éditions anciennes du Poème, car il est vraisemblable que les Moretus éditeurs anversois lui auront adressé un exemplaire de l'édition qu'allait publier en 1591, l'Officine Plantinienne. Ce sera la dernière, nous l'avons décrite plus haut. Cette édition est visiblement faite à la vue de la première, de 1553, et l'exemplaire qui a servi de modèle existe encore au Musée Plantin. Jean Moretus, qui dirigeait alors l'Office Plantinienne a supprimé les privilèges, périmés à l'époque, des autres pièces liminaires ou finales. Il ne conserve que la dédicace primitive à l'Empereur et rédige une nouvelle dédicace: ‘Al muy Illustre Senor el Colonel Christovan de Mondragon’. Cette épitre est datée de l'Officine d'Anvers, 22 décembre 1590, et signée Jean Moretus. Puis vient l'Argumento, et le texte en double quintillas. A la fin la censure ecclésiastique donnée à Anvers, le 15 nov. 1590, signée Silvestre Pardo, et le privilège Royal (en français) a Ian Mourentorf (Jean Moretus) pour six ans, daté de Bruxelles 15 août 1590, signée I. de Buschere. L'éditeur cherche, avec succès, a produire un livre de luxe; le texte est imprimé en grands caractères tels qu'ils l'étaient dans l'édition in-4o de 1553. Les gravures primitives étant restées en Espagne, il a fait regraver les figures, | ||||||||||||||||||||||||||||
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sur cuivre cette fois, et bien qu'elles ne fussent pas signées, elles sont attribuées sans discussionGa naar voetnoot1. à Pierre van der Borcht, et copiées de celles de Nicolai. Le titre montre une gravure sur cuivre (83 × 77 mm.) représentant le Chevalier délibéré. Les gravures dans le texte sont au nombre de vingt, comme antérieurement. C'est l'édition que l'on rencontre le plus fréquemment aujour-d'hui, ce qui n'empêche qu'en ventes publiques elles s'adjugent à des prix élevésGa naar voetnoot2.. La traduction de Urrea, Anvers, 1555. Comme nous l'avons dit, Le Chevalier délibéré a reçu une deuxième traduction en vers, dûe à Jeronimo de Urrea, qui avait précédemment publié en 1549, chez Nutius à Anvers, la traduction du ‘Roland Furieux d'Arioste’. C'est également chez Nutius, concurrent de Steelsius pour les éditions espagnoles, que Urrea publie sa traduction: DISCURDO / Dela vida hu-/MANA, Y AVENTVRAS / del Cauallero determinado, tra-/duzido de Frances por don / Ieronymo de Vrrea. / Marque de Nutius / EN ANVERS / En casa de Martin Nucio / M.D.LV. 1555. / Con Preuilegio Imperial. / In-8o de 108 ff. sign: A-N8, C4. Cette édition ne comporte pas de gravures; le privilège est donné à Bruxelles, le 30 octobre 1553. On y trouve un sonnet et une exhortation au lecteur, de Martin Cordero (Vindel, 3039; Claveria, p. 174). La même année ce texte est publié en Espagne: DISCVSOS / De la vida humana, y / AVENTVRAS DEL / Cauallero determinado, / traduzido de Frances / por don Ieronymo / de Vrrea. / (Marque du Libraire.) / En Medina del Campo por Gui / llermo de Millis. / 0000. in-8o de 88 ff. Cette édition reproduit le texte de Nutius (Vindel, 3038; Claveria, p. 174). Ce sont là les deux seules éditions de la traduction de Urrea. |
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