De Gulden Passer. Jaargang 38
(1960)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Auteursrechtelijk beschermd
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Oeuvres imprimées des minimes de la province belge
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bibliographie, difficile à établir, n'a jamais été faiteGa naar voetnoot1.. Nous étudions ici ces principaux écrivains, en deux tranches chronologiques, la première, quoique plus brève, étant la plus importante; nous
Habit religieux des minimes (pl. 17 du manuscrit B 23631 de la Bibliothèque de la ville d'Anvers)
commençons chacune d'elles par une notice sur les maisons de l'Ordre et la terminons par quelques vues générales. | |
Première partie: 1614-1655Au XVIIe siècle les municipalités des Pays-Bas méridionaux ne permettaient généralement l'établissement d'un nouveau couvent que si celui-ci pouvait s'assurer le fonds immobilier nécessaire et des moyens stables de subsistance. Jean Bruno, écossais d'origine, minime du couvent d'Avignon, se rendant en Angleterre, fit à Anvers la connaissance d'un | |
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marchand originaire de Gênes, Jean-Augustin Balbi, ami des minimes d'Italie, qui proposa l'établissement d'un couvent à Anvers, promettant à cet effet une rente annuelle de 600 florins. Quelques minimes s'installèrent le 8 décembre 1614, place de Meir, et entamèrent des négociations pour y acheter une série de maisons, mais, Balbi étant mort, ses héritiers refusèrent d'exécuter les obligations qu'il avait contractées, ce ne fut qu'après un procès qu'ils remirent en 1622 une fois pour toutes l'argent nécessaire pour payer les maisons et couvrir d'autres dépenses faites par les minimes d'Anvers. Le couvent porta les noms de Jésus et de MarieGa naar voetnoot1.. C'est à la demande de Charles de Lorraine, duc d'Aumale, ancien ligueur réfugié dans les Pays-Bas espagnolsGa naar voetnoot2., et de sa fille Anne, que les minimes fondèrent en 1615 à Anderlecht un couvent qui porta le nom des patrons des deux bienfaiteurs. Ceux-ci leur assurèrent 1000 livres de rente et leur cédèrent divers biens près de l'église Saint-PierreGa naar voetnoot3.. Le 6 août 1616 un manipule de S. Charles Borromée, reçu du cardinal Frédéric Borromée, fut transporté solennellement au couvent par le nonce Ascagne Gesualdi, archevêque de Bari; le couvent entra également en possession | |
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d'autres importantes reliques. De son côté, Hélène de Sermoise, veuve de Nicolas de Rieux, autre ligueur qui avait été exécutéGa naar voetnoot1., s'engagea le 23 juin 1616 à donner une somme importante pour l'établissement d'un couvent à Bruxelles, l'ancienne maison d'André Vésale fut acquise à cet effetGa naar voetnoot2.. En mai 1617 le chapitre général des minimes réuni à Rome érigea une province belge de l'Ordre et désigna Claude du Vivier comme premier correcteur provincial. Selon les constitutions des minimes, le chapitre provincial se tenait toutes les années dans les derniers jours de septembre en un couvent de la circonscription, les candidats aux fonctions de correcteur de chaque couvent étaient proposés par les religieux de la maison même mais le chapitre pouvait pour des raisons sérieuses ne pas ratifier ce choix et faire lui-même la désignation, ce qui arrivait également dans le cas où il n'y avait pas de proposition de la part de la maison locale. Le correcteur d'un couvent restait en fonction pendant un an et ne pouvait être élevé de nouveau à un supériorat qu'après une année d'intervalle. Le premier chapitre provincial belge eut lieu en septembre 1617, à partir de 1620 il choisit également tous les trois ans le correcteur provincial, celui-ci n'était pas non plus immédiatement rééligibleGa naar voetnoot3.. | |
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Les archiducs Albert et Isabelle avaient entériné le 20 juin 1617 les trois premières fondations des minimes dans leurs états, le 7 avril 1618 ils leur permirent d'ériger des couvents dans n'importe quelle ville de leur territoire à condition que la municipalité et l'évêque diocésain fussent d'accordGa naar voetnoot1.. Le prince-évêque de Liège, Ferdinand de Bavière, leur ayant accordé de son côté le 24 avril de s'établir en sa capitale, quelques minimes se logèrent provisoirement place saint Pierre et firent leurs offices dans la crypte de l'église du même nom, le 11 août 1619 ils s'établirent dans le quartier de Souverain-PontGa naar voetnoot2.. En 1618 également un couvent fut érigé à Mons, provisoirement dans le refuge de l'abbaye bénédictine de Saint-Denis en Bocqueroie, puis en 1620 rue de Nimy, grâce aux libéralités de la duchesse Dorothée de Croy et de Marie Le Brun, ils bâtirent leur couvent en l'honneur de saint Denis, des saintes Dorothée et EugénieGa naar voetnoot3.. Toujours en 1618, du Vivier prêcha l'octave du Saint-Sacrement à Lille et reçut le 24 juin du magistrat la permission d'établir ses religieux en la ville, il résidèrent d'abord au refuge Saint-Christophe des chanoines réguliers de S. Augustin, le 8 août 1619 ils reçurent du chevalier Jean de Bosquiel une maison rue de la Barre, ils achetèrent les immeubles voisins. Les nouveaux bâtiments furent occupés en 1622 et dédiés à saint François de PauleGa naar voetnoot4.. | |
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A Bruxelles, les minimes achetèrent une demeure mal famée voisine de la maison Vésale, afin d'édifier à sa place une église, sur la première pierre fut gravée l'inscription: Quae fuerant Veneris, fiunt nunc Virginis aedes. Elle fut posée le 6 avril 1621 par l'archiduchesse Isabelle et bénie par le nonce Lucien de San Severino, archevêque de Salerne. La Vierge fut la patronne, saint Étienne protomartyr le second patron de l'église, conformément aux voeux d'Hélène de Sermoise, qui mourut en 1623 et y fut enterrée. Les nombreux biens qu'elle laissa par testamentGa naar voetnoot1. permirent d'achever rapidement la construction, le couvent lui-même fut graduellement entièrement réaménagé. Les minimes de Bruxelles se distinguèrent par l'importance des dons et legs qu'ils parvinrent à obtenir de l'aristocratie et de la riche bourgeoisie. En 1622 Gaspard Vincke, abbé de Saint-Hadrien à Grammont, céda la chapelle de Sainte-Catherine en cette ville, ayant jadis appartenu aux teinturiers et incorporée depuis plus d'un siècle à l'abbaye, pour que les minimes en prennent possession, la municipalité approuva cette cession le 18 avril et une communauté fort nombreuse s'y établitGa naar voetnoot2.. Les minimes de Liège commencèrent, sur un terrain situé en Pierreuse et donné par Laurent Bucbach, la construction d'une église en l'honneur de saint François de Paule, dont la première pierre fut bénie le 14 mai 1626 par Pierre Carafa, évêque de Tricarico, nonce à Cologne; ils vinrent habiter le 6 mai 1628 le nouveau couvent contigu. Une première demande d'établissement à Douai ayant été rejetée par le magistrat de la ville, le provincial du Vivier promit de dédier le couvent en | |
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l'honneur de saint Michel et des saints anges s'il obtenait gain de cause; le 8 mai 1624, jour de la fête de l'apparition de l'Archange Michel, l'autorisation municipale fut enfin obtenue, les travaux d'agrandissement de l'ancien hôtel du Forest, rue des Foulons, furent commencés aussitôt, en 1628 une sortie fut aménagée sur la rue du Grand Hacquebart, qui devint rue des Minimes. La première pierre de l'église fut posée le 18 mars 1731, dix ans plus tard les libéralités d'Augustin de Baynast permirent de la terminer, il y fut enterréGa naar voetnoot1.. De leur côté, les minimes de Grammont édifièrent une nouvelle église qui fut consacrée le 4 août 1641. A Louvain, les minimes obtinrent de l'édilité, le 21 février 1639, de s'établir au nombre d'une dizaine, et ce à la suite de négociations commencées par le comte Jean de Nassau et grâce aux libéralités de sa veuve Ernestine de Ligne, en témoignage de reconnaissance pour la naissance de leur fils François-Jean-Désiré obtenue à la suite d'un voeu à saint François de Paule. Le couvent fut dédié au patron du comte, Jean l'ÉvangélisteGa naar voetnoot2.. Vers les années 1640 les minimes comptaient en Belgique un nombre sans cesse croissant de religieux flamands et une opposition naquit au sein de la province entre ceux-ci d'une part, les anciens religieux d'origine française venus lors des premières fondations et les religieux wallons d'autre part. Le provincial Balthasar d'Avila n'avait plus le crédit suffisant pour réunir le chapitre à la fin de son triennat et ce fut l'évêque d'Anvers, Gaspard Nemius, qui présida | |
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en son palais un chapitre le 15 novembre 1641, mais la plus grande discorde y régna. Dès lors le correcteur général de l'Ordre désigna lui-même le 23 décembre un provincial en la personne de Pierre Canisius. Cependant la question de la division de la province belge demeurait posée, la séparation en provinces flamande et wallonne fut décidée par le chapitre général le 21 juin 1644; après diverses discussions, les couvents d'Anvers, de Bruxelles, de Grammont, de Louvain furent désignés pour la première, ceux d'Anderlecht, de Douai, de Liège, de Lille, de Mons pour la seconde; chaque province ne fut cependant plus gouvernée que par un vicaire nommé par le généralGa naar voetnoot1.. Dans la province wallonne deux nouvelles maisons furent fondées: en 1647 à Dunkerque, où les minimes acquirent un immeuble rue Saint-Jean le 28 juin 1656Ga naar voetnoot2., en 1649 à Jupille, où ils obtinrent une propriété d'Ernestine Bourdelle, veuve de Jean-Valérien Zorn, malgré l'opposition des Récollets envers lesquels Zorn avait contracté certains engagements, ils furent d'ailleurs indemnisésGa naar voetnoot3.. Les deux provinces furent de nouveau réunies le 15 juin 1655. L'ère des fondations était terminée, mais les minimes s'étaient acquis une place importante dans la vie religieuse du pays. Ils organisaient dans les églises de leurs couvents des cérémonies religieuses soignées et de très nombreuses prédications, ils s'occupaient des colonies italiennes ou françaises établies aux Pays-Bas, ils allaient prêcher dans les paroisses, soit à intervalles réguliers à la suite d'un accord, soit occasionnellement. Pendant cette première période, ils comptèrent six écrivains qui eurent un certain renom | |
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et dont nous étudions les oeuvres, même publiées en dehors de leur séjour dans les Pays-Bas. Nous signalons leurs caractéristiques qui jettent un jour curieux sur les méthodes et procédés d'auteurs pendant cette partie du XVIe siècle. | |
I. Claude du Vivier, biographe et polémisteLe minime français Claude du Vivier avait rédigé une biographie de François de Paule, mais comme il devint, fin septembre 1605, correcteur de la province de France, il attendit la fin de son triennat pour mettre la dernière main à son ouvrage: Vie et miracles De Sainct François de Paule Instituteur de Lordre des Frères Minimes Receuillie et Composee par V.P.F. Claude du Vivier Religieux dudict Ordre. A Paris. En la boutique de Nivelle Ches Sébastien Cramoisy rue S. Jacques aux Cicognes. M.D.C.I.X. Avec Privilege du Roy. In-8o, [XL]-828 pages. Au haut de la page de titre on voit un soleil portant le mot Charitas, soutenu par deux anges; au bas François de Paule entouré de part et d'autre de trois religieux. Les pages [III] à [IX] sont occupées par une épitre dédicatoire au prince Charles de Gonzague, duc de Nevers, datée du couvent de Nigeon le 15 juillet 1605; les pages [X] à [XIII] par un avis au lecteur, la page [XIV] par les approbations de deux docteurs en théologie de Paris et du nouveau correcteur provincial, les pages [XV] à [XVIII] par la table des chapitres, les pages [XIX] à [XXXVII] par la préfaceGa naar voetnoot1., la page [XL] reproduit un portrait de François de Paule. La biographie proprement dite occupe les pages 1 à 758, les pages 759 à 808 forment un ‘Traicté de la canonisation’ c'est à dire qu'elles reproduisent les lettres envoyées au pape pour obtenir cette faveur, la bulle de canonisation du 1er mai 1519, le propre liturgique du saint. Les pages 809 à 827 contiennent une table alphabétique des principaux sujets traités, la page 828 donne un extrait du privilège royal, daté de Paris le 15 juillet 1609. Dans cette biographie, du Vivier affirme que son héros n'eut ni frère ni soeur et de ce fait ce livre est important pour comprendre les publications ultérieures de l'auteur qui parurent dans les Pays-Bas espagnols. | |
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Après les trois années d'intervalle requises du Vivier fut de nouveau correcteur de la province de France de 1611 à 1614. Ceux qui en France se prétendaient descendre de Brigitte Martotilla, épouse d'Antoine Alessio, qui aurait été le frère de François de Paule, critiquèrent le livre de du Vivier, une enquête eut lieu en Italie en 1612 qui sembla confirmer les affirmations de l'auteur. Néanmoins un malaise subsista et ne fut peut-être pas étranger à l'envoi de du Vivier hors de France, en mai 1617 il fut désigné par le chapitre général comme premier correcteur provincial dans les Pays-Bas espagnols et obtint également du correcteur général de publier une nouvelle édition de sa biographie de François de Paule. Mais une fois de plus il attendit la fin de son supériorat pour faire paraître l'ouvrage avec l'approbation de son successeur: Vie et Miracles de St François de Paule Instituteur de l'Ordre des Peres Minimes. Recueillie et Composée par le RP. Claude du Vivier, Religieux du mesme Ordre, et Predicateur Ordinaire de Son Altesse. Reveuë, augmentée et enrichie de plusieurs choses notables par le mesme aucteur. Dediée A Son Altesse Serenissime Ysabelle Claire Eugenie etc. A Douay, De l'Imprimerie de Baltazar Bellere Au compas d'or. M.DC.XXII. Avec Privilege du Roy. In-8o, [XXXII]-680 pages. Le titre est dans un cadre architectural, au haut figure au centre la devise Charitas surmontée d'une minuscule figure du Christ; de chaque côté se trouvent deux médaillons représentant à gauche la pauvreté et l'obéissance, à droite la chasteté et l'abstinence: les quatre voeux de religion du minime; au bas figure François de Paule entouré de ses religieux. Les pages [III] à [X] sont occupées par l'épitre dédicatoire à l'archiduchesse Isabelle, datée de Bruxelles le 8 novembre 1617; l'auteur déclare vouloir ‘s'abriter comme soubs le laurier de César, des fouldres de la calomnie’. Aux pages [XI] à [XIV], il explique ‘Au lecteur’ comment la famille de François de Paule a attaqué la première édition de son ouvrage, en prétendant s'appuyer sur des documents originaux, il leur a demandé de les produire mais ils ne l'ont pas fait; ‘ils veulent donc que S. François de Paule soit issu de parens nobles et riches. Et qu'il a esté unique enfant à ses parents, ains aye eu une soeur’ mais l'enquête de 1612 leur a donné tort. Les pages [XV] à [XVII] contiennent les approbations ecclésiastiques, dont | |
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celles de l'écolâtre de Bruxelles et d'un théologien de Douai, et ainsi qu'un extrait du privilège donné par le roi d'Espagne le 20 juin 1622; la page [XVIII] reproduit des vers français à du Vivier, les pages [XIX] à [XXII] la table des chapitres, les pages [XXIII] à [XXXI] une préface abrégée par rapport à celle de 1609 dont elle reproduit cependant presque toute la seconde moitié, la page [XXXII] un portrait de François de Paule différent de celui de la première édition et gravé par Gilles van SchoorGa naar voetnoot1.. La biographie comporte davantage de chapitres que l'édition de 1609 et un texte remanié, elle reproduit notamment la généalogie présentée par la famille française de François de Paule et elle la critiqueGa naar voetnoot2., à la page 665 du Vivier reproduit des prières liturgiques en l'honneur du saint mais non ce qui concerne sa canonisation, la table alphabétique des matières s'étend des pages 666 à 680. De la généalogie imprimée par la famille, il existe plusieurs éditions, la première portant une date est de 1618Ga naar voetnoot3.. Cette famille se montra fort mécontente de la biographie republiée à l'abri de la protection espagnole et entama des poursuites contre du Vivier devant le tribunal du Châtelet de Paris, après quelques tergiversations du Vivier vint à Paris et s'engagea devant le tribunal à corriger son ouvrage, ce que celui-ci entérina par jugement du 12 janvier 1623. | |
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Au mois de septembre 1623 du Vivier fut à nouveau élu provincial pour la Belgique. C'est à son insu, ainsi qu'il ressort d'une note de sa main dans l'exemplaire de la Bibliothèque royale à Bruxelles et dans celui de la Casanatense à Rome, que fut imprimée l'Epistola Apologetica Reverendi Patris Claudii du Vivier Provincialis Ordinis Minimorum in Belgio et Praedicatoris ordinarii Suae Celsitudinis. Quod S. Franciscus de Paula Ordinis Minimorum Fundator & Patriarcha sit unicus Parentibus suis nec habuerit Fratrem vel Sororem. Ad Reverendum admodum Dominum D. Robertum Malebranque celeberrimi Monasterii Henniniensis Praesulem meritissimum et vigilantissimum &c. Opera & expensis eiusdem R. di Domini. Duaci, Apud Antonium d'Oby sub signo Aquilae 1626. In-8o, 98 pages et deux triples pages hors-texte. En frontispice un portrait de François de Paule par Francesco VillamoenaGa naar voetnoot1., gravé par Jean ValdorGa naar voetnoot2. en 1625. Les pages 3-6 sont occupées par une lettre latine de l'abbé Malebranque aux minimes, il explique qu'ému par les agitations créées il avait demandé à du Vivier une justification écrite et qu'ayant trouvé celle-ci amplement suffisante il l'avait fait imprimer. A la page 7 commence en effet la lettre apologétique adressée à l'abbé, du Vivier tend à prouver définitivement que Brigitte Martotilla était non la soeur mais la tante paternelle de François de Paule. En hors-texte il reproduit les généalogies avancées par ses adversaires, il imprime aux pages 55-57 la teneur de la sentence du 12 janvier 1623, il déclare n'avoir fait la réédition de la biographie que sous la menace d'un tribunal d'ailleurs incompétent à l'égard d'un religieux. L'épitre proprement dite s'arrête à la page 67, les pages 68 à 87 contiennent le texte de l'enquête faite en Italie en 1612 sur la question, les pages 88 à 93 les approbations ecclésiastiques de deux théologiens de Douai et du censeur de Bruxelles et le privilège royal, la page 95 les ErrataGa naar voetnoot3.. Cette brochure mit le feu aux poudres, le correcteur général des | |
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minimes, Simon Bachelier, vint à Paris voir les pièces originalesGa naar voetnoot1., puis à Rome, le 13 novembre 1627, Bachelier rendit un décret déclarant qu'André d'Alessio, fils d'Antoine et de Brigitte Martotilla, était bel et bien le neveu de François de Paule, que du Vivier devait corriger ses livres conformément à son engagement de 1623 et que l'Epistola Apologetica devait être retirée des bibliothèques de l'Ordre. Ce décret fut imprimé en une brochure de 6 pages petit in-8o: Decretum Reverendissimi Patris Simonis Bachelier, Totius Ordinis Minimorum Sancti Francisci de Paula, Correctoris Generalis, & Delegati Apostolici. In favorem Nepotum eiusdem Beatissimi PartisGa naar voetnoot2. Francisci de Paula. Adversus libellos & Apologeticum Claudii Du Vivier, eiusdem Ordinis Sacerdotis. A Paris M.DC.XXVII. Mais le débat n'était pas clos pour autant, du Vivier ne s'avoua pas vaincu et obtint de la Faculté de théologie de Louvain le 26 juin 1628 la ratification de l'approbation par deux théologiens de Douai de son Epistola ApologeticaGa naar voetnoot3.. Par contre parut à Paris la brochure: Defensio contra Epistolam Apologeticam Patris Claudii du Vivier. Qua S. Franciscum de Paula, Sacri Ordinis Minimorum Patriarcham, Sororem habuisse probatur, & nepotes. Et rationes in oppositum refutantur. In favorem nepotum praenominati Sancti. Opera & labore F.I.C.M.B. Parisiis, Ex Officina Rob. Stephani. M.DC.XXVIII. Petit in-4o, 16 pages. L'auteur propose d'abord quatorze preuves de ce que François de Paule avait une soeur, la treizième est le décret du 13 novembre 1627, puis il réfute longuement les arguments de du Vivier. A la fin de l'ouvrage se trouve une approbation de deux théologiens de Paris datée du 12 avril 1629 et d'où il ressort que l'auteur de la brochure est le minime Jean ChappotGa naar voetnoot4.; c'est à l'invitation ou peut-être sur l'injonction de la famille qu'elle fut | |
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publiéeGa naar voetnoot1.. La controverse fut portée jusque devant le Saint-Siège: le 27 février 1629 une commission cardinalice à Rome confirma le décret du 13 novembre 1627 et déclara que la question des neveux et nièces de François de Paule ne pouvait plus être mise en discussion. Cela n'empêcha pas du Vivier de devenir à nouveau provincial en septembre, il mourut au couvent de Liège le 7 août 1630. Sa notice nécrologique parut chez Godefroy Schouaerts à Bruxelles, elle est probablement l'oeuvre de son élève le minime Charles Gambart. Le minime français François de la Noue, dans son grand ouvrage Chronicon generale Ordinis minimorum paru à Paris en 1635, parle brièvement de la controverse au sujet de la famille de François de Paule, sans mentionner du Vivier, puis il esquisse lui-même une généalogie de la descendance de Brigitte MartotillaGa naar voetnoot2.. Au XVIIIe siècle le minime français Claude Raffron publia à Paris un grand placard reproduisant cette descendance jusque 1717. | |
II. Mathieu Martin, apologiste et moralisteMathieu MartinGa naar voetnoot3., né à Dieppe, fut correcteur du couvent des Minimes de Bruxelles en 1618-1619, 1620-1621 et 1622-1623. En 1623 il prêcha le carême en l'église du couvent, l'aristocratie de la capitale vint l'écouter, parmi elle se trouva Rudolphe-Maximilien duc de Saxe, officier au service de l'empereur et de religion protestante qui, ému jusqu'aux larmes par les sermons et fortement édifié par l'atmosphère de piété qui régnait à la cour de l'archiduchesse Isabelle, eut pendant quatre semaines des entretiens sur le catholicisme avec le P. Martin et abjura le luthéranisme entre les mains du nonce le 26 mai, le lendemain il adressa une | |
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lettre latine de soumission au pape. Martin songea aussitôt à publier, sous une forme quelque peu plus littéraire, les instructions religieuses qu'il avait faites en ces quatre semaines, il obtint l'autorisation du correcteur général de l'Ordre le 3 juillet, les autres approbations nécessaires et le privilège royal à la mi-septembre. Toutefois au chapitre provincial de la fin de ce mois, Martin fut transféré comme simple religieux au couvent d'Anvers et il chargea les frères Beller d'imprimer son ouvrage en cette ville, où il reçut l'imprimatur du censeur diocésain le 1er février 1624. La page de titre a été tirée d'après un cuivre gravé par Charles de MalleryGa naar voetnoot1.: Triomphe de la Vérité En l'heureuse et tant desirée conversion de Monseigneur Rudolphe Maximilien Duc de Saxe, Angrie et Wesphalie. A la gloire de Dieu consolation des Catholiques et confusion des Heretiques. Composé par le P. Matthieu Martin Religieux Minime instrument de la susdite conversion. Ce titre se trouve au centre de la page sur une sorte de bannière tenue par le haut, au milieu dans la bouche d'un angelot et de chaque côté par deux minimes debout et de la même hauteur que la bannière: à gauche saint François de Paule, à droite Gaspard de Bono, mort en 1604, indiqué comme Bienheureux quoiqu'il ne sera officiellement béatifié qu'en 1786; sous le piédestal de chacune des deux statues on lit ‘Charitas’, devise des Minimes, entre ces piédestaux et en dessous donc du titre proprement dit, deux angelots soutiennent un cartouche avec l'inscription: A Anvers, chez Pierre et Jan Beller M.DC.XXIV. La partie supérieure de la gravure est occupée par une allégorie représentant le triomphe de la vérité. In-8o, [XVIII]-464 pages. Les pages [III] à [V] sont occupées par une offrande de l'oeuvre à Jésus et à Marie, les pages [VI] à [X] par une préface au lecteur, les pages [XI] à [XIII] par des vers de circonstance français, grecs et latins, les pages [XIV] à [XVIII] par la table des chapitres. Suit alors en hors-texte une grande gravure indiquant toute la généalogie de Rudolphe-Maximilien de Saxe et ornée de quatre cartouches: deux grands représentant respectivement le duc et ses armoiries, deux plus petits représentant respectivement un aigle et un lion. | |
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L'ouvrage proprement dit commence par une dédicace de onze pages au duc de Saxe dans laquelle Martin insiste sur la sincérité de la conversion du duc faite uniquement pour ‘l'honneur et la gloire de Dieu’ et ‘le désir du salut de son âme’, il comporte ensuite trois parties: la première (pp. 12-192)Ga naar voetnoot1. est une apologie de l'Église catholique, la deuxième (pp. 195-326) expose la vraie doctrine sur l'eucharistie et la messe, le purgatoire, les indulgences, le culte des saints; la troisième (pp. 327-343) réfute diverses objections mineures des protestants, montre les raisons qui rendent leur conversion difficile, se termine par un épilogue qui comme tout ce qui précède s'adresse au duc dans les termes de ‘Mon fils’ et par un appel à ‘Messieurs’ les protestants pour revenir tous au vrai bercail. Après avoir reproduit la lettre du duc au pape, une table alphabétique des principales matières occupe les pages 449-461. Le style de l'auteur est clair, alerte, parfois combatif, mais toujours serein. Son ouvrage ne manque pas d'intérêt pour connaître l'apologétique de l'époque. Mathieu Martin devint correcteur à Mons en 1626-1627. Le 3 avril 1627 mourut un ami du couvent, Herman-Philippe de Mérode, marquis de Treslon ou TrelonGa naar voetnoot2., né à Argenteau le 20 juin 1590 de Philippe de Mérode et d'Ursule Scheifart; il avait épousé en 1617 Alberte de Ligne, princesse d'ArembergGa naar voetnoot3. et était père de trois garçons. Pour consoler la veuve éplorée, Martin rédigea un ouvrage qui porte comme titre: Les appanages d'un cavalier chrestien, ie veux dire, qualitez ou vertus que Dieu requiert et demande parmy les Grands, et en tous les Nobles: ou est naifvement representé l'heureux Estat & la fortune triomphante d'un homme de bien. Et par occasion et a diverses reprises L'on y despeint les moeurs corrompus de ce siecle, les noires malices des Politiques qui abusent de l'Authorité & Bonté des Roys et Princes, Leur ambition & effrenée convoitise. Et du plus intime de ces desastres L'on entend la voix sourde, languissante & lamentable des peuples desolez. Le tout descrit En faveur du feu Marquis de Treslon, & de tous les bons Cavaliers. Par le P. Matthieu Martin Religieux Minime. A Mons, De l'Imprimerie François de | |
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Waudré à la Bible. 1628. Petit in-4o, [XXVIII]-460 pages. La page de titre est suivie d'une gravure hors-texte très réussie: en haut deux anges tiennent une couronne de lauriers au dessus des bustes en médaillons du marquis et de la marquise, au bas deux autres anges soutiennent les armoiries du marquis qui s'insèrent entre les deux médaillons et reposent sur un piédestal où le titre de l'ouvrage est répété en abrégé, le nom de l'imprimeur est également repris au bas de la page. Les pages [II]-[XXIII] donnent le texte d'une épitre dédicatoire à la marquise, datée du 2 février 1628, la page [XXIV] celui de deux épigrammes latins, les pages [XXIV]-[XXVIII] la table des chapitres. Le prologue de l'ouvrage porte en exergue ce texte du Livre des Nombres, XXIII, 10: ‘Moriatur anima mea morte iustorum, & fiant novissima mea horum similia’, texte qui, amené par une phrase de conclusion, termine la plupart des chapitres. Ceux-ci sont divisés en paragraphes numérotés. Comme le disent les censeurs de l'Ordre, l'auteur expose ‘une doctrine pour bien vivre et bien mourir’, les divers aspects de l'existence et les vertus du chrétien sont expliquées à l'aide d'épisodes de l'Ancien et du Nouveau Testament, de l'Antiquité païenne, de la vie des Saints, et ce parfois par contraste, c'est à dire que c'est l'horreur de l'aspect ou du vice opposé qui est mis en lumière; les allusions au marquis sont tout-à-fait générales, les anecdotes à son sujet sont rares et peu typiques. L'auteur s'adresse à son ‘cher lecteur’, parfois à la veuve ou aux enfants du défunt dont il fait même l'éloge. C'est donc un long ouvrage de complaisance. Les pages 447-460 sont occupées par une table alphabétique des principales matières et par les approbations ecclésiastiques. On sait que le milieu du XIXe siècle fut marqué en France et en Belgique par le manque d'une littérature ascétique appropriée et par la réédition de plusieurs ouvrages anciens. Celui de Martin en eut une dans chacun des deux pays. A Bruxelles, chez de Mortier Frères, et aux frais du comte Félix de MérodeGa naar voetnoot1., ce fut, en 1845, un petit, in-4o de [XVI]-310 pages, la gravure de l'original est repro- | |
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duite en lithographie. En France, ce fut un grand in-8o et sous un autre titre: Le coeur chrétien. esquisse des qualités et des vertus que donnent la sagesse chrétienne par le P. Mathieu Martin avec les tablettes de la vie et de la mort, quatrains de Pierre Mathieu. Librairie d'éducation de Périsse Frères, Paris-Lyon, et Paris, A la librairie des livres liturgiques illustrés, rue de Vaugirard 36. 376 pages. L'imprimatur est de 1846. La gravure ancienne n'est pas reproduite, c'est une représentation de la Vierge et de l'Enfant qui se trouve en face du titre. Un avertissement de 14 pages explique les raisons de cette réédition, faite d'après un exemplaire prêté par la famille de Mérode, et reproduit l'épitre dédicatoire originale, le texte de l'ouvrage proprement dit commence à la page 15 et se poursuit jusqu'à la page 345. Viennent ensuite les vers français sur la vie et la mort, qui sont sans doute du minime Pierre Mathieu, entré dans l'Ordre le 8 juin 1580, décédé à Reims le 29 juin 1588. Il est probable que le texte de ces vers avait été joint par la famille de Mérode à celui de l'ouvrage de Martin. Le volume se termine par la table des chapitres. Ces deux rééditions nous étonnent, mais correspondent au goût de la société d'alors. Du point de vue bibliographique il était intéressant de les signaler.
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