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Résumés en langue française
English summaries
Jan van Krimpen
1892-1952
The author opens his essay with an ironical sally against present conditions in human society: the only art that is fully rewarded is the art of twaddling on art; sport and atoms, and the mischief people can do with them, are valued more than anything else.
An atom from England, who came at the turn of the century, has had a wide-spread effect on the Continent: the revival of typography. In Holland there are two men who, both in their own way, can now, after fifty years, be said to have an European importance, if not more, in this field. De Roos and Van Krimpen, of wich the first is the other's senior bij about fifteen years, can not be compared because of different principles and surroundings.
The author then deals with the various typefaces designed by Van Krimpen and with his typography. This part of his essay is appropriately illustrated. He, further, points out that in the later work of Van Krimpen there is a conspicious tendency to simplification and logical order.
He finally mentions the book by John Dreyfus, published this year on the occasion of Van Krimpen's sixtieth birthday, The Work of Jan van Krimpen, an illustrated record, and advises the reader to consult it for better understanding and more ample information.
S.L. Hartz.
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The Plantin-Moretus museum reopened
The worldfamed ‘Golden Compasses’ in the Fridaymarket at Antwerp, home of that famous printer's dynasty of Plantin and the Moretuses, transformed into a museum and beautiful treasureshrine of unique typographie collections and relics, faced complete annihilation at the end of the second world war. On January 2nd 1945, a flying bomb fell in the Fridaymarket, blasting away the neighbouring buildings. By a miracle the Plantinian house still stood upright. The collections, previously put for safety into solid shelters, remained intact, but the damage to the building was very severe, especially to the frontside, where all wood- and glasswork was blasted into pieces, and one of the walls facing the courtyard, thrown out of alignment.
The reconstruction and restoration took five years, but was done with such love and skill, and so much of the old material has been recovered and reused, that the ‘Golden Compasses’ rose again in all its glory. Even for the specialist it is hard to detect the parts restored! On July 28th 1951 the museum was again opened to the public - to bibliophiles and all lovers of old treasures of a beautiful past.
L. Voet.
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La date de la composition des ‘variae lectiones’ de Juste Lipse
Le moyen d'établir avec précision la date de la composition des Variarum Lectionum Libri IIII de Juste Lipse, ne manquait pas. C'est J. Lipse lui-même qui nous a donné des renseignements très précis à ce propos. Mais on a trouvé, suivant ces renseignements, deux dates, qui paraissent toutes les deux, pour ce qui concerne l'ensemble de l'oeuvre, être exactes: 1566 et 1567. La première est celle de la dédicace au Cardinal de Granvelle; la deuxième est celle que l'on trouve dans une lettre de Lipse à son
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élève J. Woverius, écrite à Louvain le 1er octobre 1600. Cette lettre est une véritable autobiographie. Tout porte donc à croire que cette date de 1567 est juste. De l'autre côté, on ne peut pas douter que la date de la dédicace soit elle aussi juste. Comment concilier alors ces deux données?
Au commencement du deuxième livre des Variae, qui est le récit d'un banquet à la romaine donné par Lipse à ses amis, l'auteur écrit: ‘Cum instituissem huic secundo libro iucundissimum eum et ultimum sermonem mandare, quem memini me cum A. Deynio, et L. Carrione primarijs adolescentibus, abhinc plusminus anno uno habere...’
Si nous pourrions établir soit l'époque de la conversation, soit l'époque à laquelle Lipse s'imagine qu'elle s'est tenue, nous pourrions établir de même la date de la composition du deuxième livre. Car ce plusminus anno uno doit s'accorder en tout cas avec l'époque de cette conversation, qu'elle soit vraie ou fausse. Et voilà qu'à la page 78 de l'édition de 1569, nous voyons que A. Deynius, à une question posée par Lipse, répond: ‘Non legisti videlicet, Lipsi, aut parum meministi D. Lambini nuper editos in Ciceronem elegantissimos commentarios...’
Les elegantissimi commentarii de Lambin parûrent dans le printemps de 1566. Il est évident alors que la conversation doit être de la même année: elle doit être, comme le démontre ce nuper, un peu postérieure à la publication de l'ouvrage de Lambin. Par conséquent, le deuxième livre fut composé en 1567. C'est donc en 1567 que les Variae furent terminées, et voilà pourquoi, dans la lettre à Woverius, Lipse a mis cette date en marge.
Quant à la date de 1566, nous avons dit qu'elle est juste, elle aussi. En effet, elle se rapporte au Ier, au IIIe et au IVe livre des Variarum Lectionum Libri IIII de 1569; nous la trouvons dans les éditions successives de l'oeuvre (1585, 1596, 1600) dans lesquelles il n'y a plus le deuxième livre, qui avait paru dans l'Antiquarum Lectionum Commentarius (livre III) en 1575. Seulement, dans ces éditions, la dédicace à Granvelle est datée, tandis que dans la première édition elle est sine data. Car l'auteur, après avoir écrit la dédicace, le 1er juin 1566, ajouta l'année suivante, encore un livre à l'ouvrage.
Massimo Colesanti.
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Les deux premières impressions du livre d'Henri Conscience ‘Het wonderjaer’
L'édition originale de ‘In 't Wonderjaer’ de Henri Conscience parut en mai 1837. Le titre porte ce millésime tandis que la couverture est datée de 1836.
Il y a trois tirages:
1) | Sur papier ordinaire, avec 10 planches sur chine appliqué. |
2) | Sur papier ordinaire, sans illustrations. Sur 30 ex. de l'édition originale, je n'en trouvai que 2 ainsi constitués. |
3) | Sur papier fort, Whatman, avec 10 planches sur chine appliqué. Ce tirage est très restreint. |
La seconde édition, datée de 1843, est considérablement remaniée et partiellement originale. Elle est fort rare en bel état.
H. Dirkx.
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La bibliographie de l'histoire de la typographie
Depuis 1940, les moyens nous manquent pour compléter la bibliographie de l'histoire de la typographie. Notre article a pour but d'indiquer quelques études, qui pourraient, le cas échéant, aider l'historien qui s'intéresse à la typographie.
L'article est divisé en trois parties: la première donne la liste des bibliographies générales; la deuxième partie comporte les bibliographies concernant plus particulièrement l'invention de l'imprimerie et les incunables, tandis que l'histoire régionale de l'imprimerie à partir du seizième siècle est réservée pour la fin.
H. Vervliet.
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L'architecture du livre anglais
L'édition anglaise compte parmi les plus solides qui soient (le chiffre d'affaires annuel dépasse les 40 millions de livres sterling). Elle l'est pour diverses raisons. L'Anglais, qui est par excellence un homme littéraire - une boutade veut que tout Anglais qui se respecte écrit de son vivant au moins un livre -, publie beaucoup (18.000 titres nouveaux et réimpressions par an) et il lit énormément (une moyenne de dix livres par an pour l'ensemble d'une population de quelque 50 millions d'habitants). Du fait de son respect inné de l'Individu, il sent et il respecte dans et à travers le livre, le génie individuel de l'Homme de Lettres.
Il va de soi que ces divers éléments déterminent dans de vastes proportions, ce que William Morris appelait - et à notre connaissance il fut le premier à le faire - l'Architecture du livre. Il y en a d'autres, c'est entendu. Il y a notamment une attitude plus ou moins utilitaire à l'égard du livre (‘no furniture is as charming as books’ a dit Sydney Smith), mais surtout, le conservatisme ou le traditionnalisme, cette vertu qui est concurremment un vice typiquement et une vertu si magnifiquement britannique.
Dans le domaine de l'édition il est une vertu pour autant qu'il assure aux grands représentants de l'édition anglaise une pérennité plusieurs fois séculaire, fort proche de l'immortalité. Il se porte, en outre, garant du caractère individuel, ou si vous le préférez, de l'architecture individuelle qui caractérise et distingue entre eux les livres publiés par les vingt ou trente maisons principales (d'un simple coup d'oeil sur un livre le connaisseur plus ou moins averti établira l'identité de son éditeur; et cela se comprend puisque c'est le ‘production manager’ de ce dernier et non l'imprimeur qui établit les ‘plans’ d'un livre).
Mais ce traditionnalisme est aussi un vice, puisqu'il s'oppose à toute incursion aventureuse dans le domaine de la bibliophilie pure telle qu'elle est pratiquée, par exemple, en France, en Hollande, voire en Belgique. Aujourd'hui comme hier, l'architecture du livre anglais est la manifestation d'une évolution lente
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et constante quoique timide et un tantinet paresseuse; mais certainement pas celle d'une révolution (à tout prendre l'édition anglaise n'a connu depuis ses premiers jours qu'une seule révolution: celle des Penguin qui date de l'année 1935).
Dans la période d'entre les deux guerres la Neue Typographie a trouvé, il est vrai, une poignée d'adhérents, tout comme l'architecture dite moderne. Mais de même que cette dernière, la Neue Typographie n'a pas eu de lendemain, ou peu s'en faut, en Grande-Bretagne. Le livre anglais d'aujourd'hui diffère à peine de celui d'il y a un siècle! Papier de qualité décente, sinon bonne ou même très bonne. Les caractères typographiques sont généralement encore de l'ancien style (encore que ce style ait été simplifié, rendu plus sobre, plus classique, nous dirions presque plus stylé!). Reliure pleine toile maintenant comme jadis, dans une série de formats qui eux aussi semblent être immuables. Il s'y est glissé pourtant une nouveauté: le ‘dust jacket’, cette couverture de papier plus ou moins rigide dont on recouvre la reliure pleine toile et qu'on connaît sur le Continent sous le nom de ‘liseuse’.
Quant au reste, n'y a-t-il vraiment rien de changé? - A cette question nous n'hésitons pas de répondre par l'affirmative. Nous avons dit que les caractères typographiques de l'ancien style prédominent toujours, mais dans une forme simplifiée, plus disciplinée, plus classique, voire mieux stylée. La remarque vaut pour la présentation générale du livre anglais contemporain. C'est ça le principal changement intervenu son évolution majeure. D'aucuns auraient sans doute espéré ou souhaité davantage. Mais c'était de leur part méconnaître le caractère britannique. Somme toute, la position et l'architecture du livre anglais d'aujourd'hui ont-elles été admirablement définies par les membres du jury qui eurent à juger des cent meilleurs livres produits en Grande-Bretagne dans le courant de l'année 1950 (un concours biennal d'élégance du Livre anglais a été instauré il y a une bonne dizaine d'années par la Ligue Nationale du Livre). Tout en signalant une amélioration constante dans l'ensemble de la production, le jury reconnut sans ambages que la quantité des chefs-d'oeuvre sortant des presses anglaises est négligeable. Dans son ensemble, ajouta- | |
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t-il, l'édition anglaise fait plus état de bon et solide métier que de vitalité; et aussi, aurait-il bien fait de conclure, de moins d'audace que de bon sens et même de bon goût.
Hugo A.J. van de Perre.
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Quelques considérations à propos d'une lettre inconnue de Rembert Dodoens
De la correspondance probablement considérable de Rembert Dodoens une vingtaine de lettres seulement nous sont parvenues, conservées dans différentes bibliothèques d'Europe (Bruxelles, Malines, Breslau, Leiden, Leeuwaarden). Ces lettres étaient adressées au magistrat de la ville de Malines, à Viglius, à J. Crato von Craftheim, à Ch. de l'Escluse, à Juste Lipse, à H. Mercurialis et à Burmannia; d'autres, insérées dans ses ouvrages sont de véritables dissertations scientifiques, rédigées sous forme épistolaire et adressées à certains savants de son temps.
Aucune, connue jusqu'ici, n'était adressée à Plantin. C'est aussi un hasard heureux qui nous a permis de mettre la main sur une lettre autographe de Dodoens au célèbre imprimeur, signé et daté du 11 janvier 1566. Elle est immatriculée aux archives du Musée Plantin-Moretus à Anvers sous le numéro 81, folio 401 a, b et c.
La lettre règle certaines questions concernant la mise au point de la première publication que Dodoens confia à Plantin, notamment la Frumentorum, leguminum, palustrium et aquatilium herbarum ac eorum quae eo pertinent historia. Malheureusement la première feuille manque.
Dodoens y dresse la liste des errata à insérer à la fin de l'ouvrage, qui, en ce moment était en voie d'impression. Il incita l'imprimeur
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à plus de hâte, afin de voir la publication avant le départ de son cousin Joachim Hopper pour Madrid (celui-ci y fut appelé en qualité de secrétaire privé de Philippe II). Dans ce but on pourrait se limiter aux seuls index latin et grec avec omission des index français et allemand. Il confère à Plantin le droit exclusif d'imprimer le livre, et lui propose le texte du privilège quinquennal qu'il avait obtenu du roi Philippe. Suivent quelques détails concernant la correction du texte, la rédaction et l'impression des index. La lettre finit par le salut, la date et la signature.
La liste des errata, dressée dans la lettre, ainsi que la teneur du privilège sont textuellement reprises à la fin de l'ouvrage imprimé; de même les index précités se trouvent à la même place.
Notons que Dodoens a confié la grande majorité de ses ouvrages à trois imprimeurs, à savoir Jean Van der Loe, Christophe Plantin et Cholinus Maternus. Il s'était adressé à ce dernier lors de son séjour à Cologne, étant dans l'impossibilité de communiquer régulièrement avec Plantin, à la suite de la situation politique et militaire.
On remarquera aussi que la durée des privilèges successifs accordés par les souverains pour les différents ouvrages de Dodoens, augmente à chaque publication.
Dans le même dossier du Musée Plantin-Moretus se trouve également un écrit curieux de Rembert Dodoens fils. Celui-ci y reconnaît avoir emprunté à Plantin une première fois quatre livres de son père, une seconde fois douze florins. Le premier ‘reçu’ n'est ni signé ni daté; le second - et ceci marque le souci de Plantin de se couvrir dans la mesure du possible - est, en bas de la première feuille, dûment signé et daté du 26 septembre 1580; d'ailleurs les stipulations de l'emprunt, quant au montant de la somme ainsi qu'au remboursement, y sont plus explicites.
Cette double note jette une vive lumière sur la vie dissipatrice, connue d'ailleurs depuis longtemps, du fils du grand botaniste, qui, médecin remarquable lui-même, n'eut aucune honte à emprunter là où il pouvait, allant même jusqu'à vendre les biens de son père, durant l'absence de celui-ci.
A. Louis.
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Une polémique au sujet des chambres de rhétorique au XVIIIe siècle
Une polémique entre deux écrivains brugeois du début du xviiie siècle au sujet de l'utilité des chambres de rhétorique, doit être interprêtée comme la preuve du rôle important que ces institutions jouaient encore dans la ville de Bruges.
Adriaen Vander Brugghe (né à Lo-lez-Furnes en 1664 et décédé à Bruges le 30 juillet 1727), bien qu'il fut ancien greffier de la chambre de rhétorique du Saint Esprit, ne recula pas devant la publication (entre 1716-1723) d'un poème à la gloire des gildes d'armes. Son argumentation le conduit à considérer l'exercice des armes comme étant de première nécessité pour l'état. Les chambres de rhétorique au contraire offrent le spectacle de réunions bruyantes, où l'esprit ne trouve plus l'atmosphère calme qui lui est nécessaire. Vander Brugghe est même d'avis que la jeunesse doit être tenue à l'écart des muses; seuls les loisirs peuvent être employés aux exercices littéraires, ce qui n'a d'ailleurs pas empêché l'éclosion de sommités poétiques.
Par ordre même de la chambre de rhétorique, le prêtre Jean Pierre Van Male (1681-1735), historien et littérateur connu dans le milieu brugeois, rédigea une réponse, également en 184 vers, selon la coutume des rhétoriciens. Van Male y défend la valeur des belles lettres, qui ne doivent céder en rien à l'art de faire la guerre. Il attribue l'attitude provocante de Adriaen Vander Brugghe à l'esprit de lucre de ce dernier.
Au nom de la poésie même, les deux antagonistes font preuve d'une virulence extrême dans le choix des expressions et des épithètes. A leurs yeux, la ‘conste’ c'est-à-dire l'art littéraire selon la conception des réthoriciens, valait bien la peine d'être défendue avec la dernière vigueur. En somme cette polémique évoque d'une manière pittoresque, l'état d'esprit qui régnait dans les chambres de rhétorique, pendant cette période de décadence de notre littérature.
M. Luwel.
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