De Gulden Passer. Jaargang 30
(1952)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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Corneille-François Nelis et Jean-Baptiste Bodoni
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plupart des lettres sont écrites en français, quelques unes en italien, l'une langue étant cependant émaillée d'expressions de l'autre; on trouve aussi des citations latines, prises notamment à Horace. On pourrait résumer la teneur de cette correspondance par la phrase suivante: comment, en 1794-1796, un évêque d'Anvers fit imprimer de ses ouvrages à Parme et voulut payer l'imprimeur en roubles et en bijoux. Commençons par reconstituer la chronologie des 57 lettres; nous respectons les indications de NelisGa naar voetnoot(1), nous y ajoutons les nôtres entre crochets et mettons un chiffre romain pour numéroter les 11 lettres que nous publions. Nous éditons aussi un document se trouvant à la Bibliothèque d'Este à Modène.
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Retenons d'abord certains renseignements concernant les pérégrinations de Nelis depuis son départ des Pays-Bas en 1794. Après un séjour à Goettingue, où il se lie d'amitié avec le professeur Christian Gottlob HeyneGa naar voetnoot(1) et le libraire Rupprecht, il est à Augsbourg le 16 novembre 1794, il écrit de là à Bodoni, c'est peut-être la première lettre qu'il lui adresse, car Nelis ne craignait pas de solliciter des gens avec qui il n'avait jamais correspondu auparavant. Neuf jours plus tard, ayant passé sans doute par Innsbrück et le Brenner, il se trouve déjà à Trente. Nous savons par ailleurs qu'il demeure deux jours à Mantoue, probablement le 30 novembre et le 1er décembre. L'évêque d'Anvers va ensuite à Milan et à PavieGa naar voetnoot(2), il arrive à Parme le 12 décembre et dépose un billet chez Bodoni afin d'annoncer sa visite pour le lendemain matin. Le 29, il est à Bologne, après avoir fait depuis Modène le voyage ‘avec le jeune Prince Esterhazi et Madame sa femme et sa belle-mère’Ga naar voetnoot(3); il entre immédiatement en contact avec un ami de Bodoni, le fameux graveur François Rosaspina; ayant décidé de prolonger son séjour il prend vers la mi-janvier 1795 ‘un petit quartier’Ga naar voetnoot(4) à Bologne. Graduellement son cercle de relations s'étend: il fréquente, entre autres, | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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les comtes Louis-Victor SavioliGa naar voetnoot(1), Grégoire et Frédéric CasaliGa naar voetnoot(2); Sébastien CanterzaniGa naar voetnoot(3), secrétaire de l'Institut des Sciences de BologneGa naar voetnoot(4); l'ancien jésuite Emmanuel AponteGa naar voetnoot(5) et son élève la poétesse Clotilde TambroniGa naar voetnoot(6), tous deux professeurs de grec à l'Archigymnase de la villeGa naar voetnoot(7); le chanoine Jean-Baptiste MorandiGa naar voetnoot(8), les barnabites du collège Saint-Louis. De Bologne, Nelis écrit à Bodoni presque toutes les semaines, ou même deux fois par semaine. Un courrier part pour Parme au cours de la journée du lundiGa naar voetnoot(9) et du jeudiGa naar voetnoot(10), en sorte que c'est le plus souvent | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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ces jours mêmes que Nelis écrit en hâte ses messages. Les lettres de Parme arrivent généralement le mercrediGa naar voetnoot(1) ou le samedi soirGa naar voetnoot(2) à Bologne. Sauf par oubli, Nelis et Bodoni cachètent leurs lettres, car la Poste est parfois indiscrèteGa naar voetnoot(3). Nelis reste à Bologne jusqu'au 7 avril 1796, il part alors pour Lorette. Il ira ensuite à Rome et à NaplesGa naar voetnoot(4), reviendra à Rome, passera à Sienne et à Florence, pour mourir au couvent des camaldules, près de Poppi. En deux bonnes semaines de séjour à Parme, Nelis est parvenu à convaincre Bodoni à imprimer ses ouvrages; il n'a cependant aucune garantie financière à lui donner si ce n'est qu'il possède des biens assez importants, dont une partie se trouve en Hollande, qu'il croit à ce moment encore en dehors de l'atteinte des troupes françaises. Bodoni se met immédiatement à l'ouvrage; peut-être par suite des temps troublés avait-il moins de commandes que de coutume.
Voici le tableau chronologique des travaux exécutésGa naar voetnoot(5) par Bodoni pour l'évêque d'Anvers:
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Cette chronologie rectifie ou précise les indications données dans les bibliographies des éditions bodoniennesGa naar voetnoot(14). Les commandes faites par Nelis étaient des éditions privées; non destinées à être mises dans le commerce, elles n'indiquent ni nom d'auteur, ni d'éditeur. Seul le Prodromus porte la mention: Ex Bibliotheca Cornelii Francisci de Nelis episcopi Antverpiensis et, en regard du titre, un portrait gravé de l'évêque par Rosaspina. Nelis aurait aimé que le Prodromus mentionnât le lieu d'édition et qu'en conséquence un visa de la censure fût obtenuGa naar voetnoot(15), mais Bodoni l'en dissuada. Nelis dut insister pour que Bodoni tolérât | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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une seule mention de son nom: dans une note de l'Entretien XXIII de L'AveugleGa naar voetnoot(1). Les lettres de Nelis à Bodoni ne contiennent pas les longues dissertations philosophiques ou historiques que nous rencontrons dans d'autres correspondances du prélat; elles ont plutôt un caractère commercial: envoi de manuscrits, Nelis s'excusant de sa mauvaise écriture par suite de sa maladie des yeux; réception et renvoi d'épreuves - allant parfois jusqu'à une troisième épreuveGa naar voetnoot(2) - avec les petits incidents que cela amène; insistances de Nelis au sujet de la présentation typographique des éditions, de leur cartonnage ou de leur reliureGa naar voetnoot(3); hommages d'auteur à faireGa naar voetnoot(4). Bodoni avançait même les frais des reliures et des envois. La conquête complète de la Hollande par les Français fut un rude coup pour Nelis. Ses hommes d'affaires d'Amsterdam Van de Vijver ne lui donnant plus aucune nouvelle, il charge son banquier francfortois Brentano d'entrer en rapport avec euxGa naar voetnoot(5). Bodoni commence à s'inquiéter de la façon dont il va être payé. Il veut bien se contenter du règlement des seuls exemplaires dont Nelis a disposé jusqu'alors à condition de garder provisoirement les autres. Le prélat au contraire désire recevoir tout le stockGa naar voetnoot(6). Il possède des actions de mille roubles de la Banque commerciale de Saint-Pétersbourg et offre à Bodoni de lui en céder une; il rédige un projet de contrat à ce sujetGa naar voetnoot(7). Bodoni préfère accorder provisoirement un délai de paiement, mais lorsqu'en septembre | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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1795 Nelis a appris que ses biens sont séquestrés en Hollande comme en BelgiqueGa naar voetnoot(1), Bodoni se résigne à accepter les mille roubles. Il vient à BologneGa naar voetnoot(2); Nelis fait en sa présence, le 30 septembre 1795, un acte de cession de ce billet à condition que Bodoni lui donne tous les exemplaires qu'il détient encore de ses oeuvres; de son côté, l'évêque promet de racheter lui-même le billet si cela lui devient un jour possibleGa naar voetnoot(3). Cet acte mentionne l'apposition du cachet du prélat, Nelis oublie cette formalité, Bodoni demande ce cachet et une légalisation en règle de l'acteGa naar voetnoot(4), mais tarde à renvoyer le document; enfin, le 21 mars 1796, l'acte de cession est légaliséGa naar voetnoot(5), sans doute en même temps que le testament de Nelis fait ce même jour devant le notaire Louis-Camille Aldini de Bologne; le 28 mars, Nelis accuse réception de deux caisses d'exemplaires de ses ouvrages retenus jusqu'alors par BodoniGa naar voetnoot(6). Peu après l'acte de cession du 30 septembre 1795, Nelis demande à Bodoni d'accepter de nouveaux travaux. Dès le début il avait envisagé avec lui, à côté de la petite édition de ses oeuvres, une grande édition in-quartoGa naar voetnoot(7). Les difficultés financières amènent le prélat à ne demander provisoirement que la publication de deux morceaux en ce format: L'AdorationGa naar voetnoot(8) et Le chant du Cygne ou Entretien XXII de L'AveugleGa naar voetnoot(9). L'Adoration comporte une traduction italienne de cet hymne, en vers également, et de quelques extraits des Entretiens IV et VII de L'Aveugle, | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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faite par Clotilde Tambroni, écrivant sous le pseudonyme de Doriclea SicioniaGa naar voetnoot(1). Les textes italiens furent imprimés en un bel italiqueGa naar voetnoot(2), la prose en caractères plus petits que les vers. Nelis retarda son départ de Bologne et renonça à passer par Ravenne afin de pouvoir emporter avec lui les exemplaires de cette belle brochureGa naar voetnoot(3). Comment paiera-t-il cette fois Bodoni? Il possède un anneau d'or, dans lequel peut s'enchasser à volonté une des ‘deux cens seize pièces de minéralogie’ qu'il a amenées avec lui des Pays-Bas. Il propose à Bodoni ‘un troc de cavalier, moi de mes petits bijoux, et vous de votre beau papier de Parme, et de votre bel Art, plus beau encore’Ga naar voetnoot(4). Nous ignorons sur quelle base exacte l'opération fut conclueGa naar voetnoot(5). Somme toute, malgré des discussions d'ordre matériel, la cordialité et la confiance existèrent entre Bodoni et Nelis. L'évêque fit diverses amabilités à l'imprimeur: il présente ses bons offices pour envoyer un exemplaire de la première partie de l'Arte typographica de Bodoni à l'empereur François IIGa naar voetnoot(6); il offre à Madame Bodoni une petite montre en émail du xviie siècle, provenant des collections de Charles de LorraineGa naar voetnoot(7); il traduit en français un manifeste de Bodoni au sujet de la fameuse chambre du Corrège à ParmeGa naar voetnoot(8); il s'efforce de faire connaître le poème La Religion | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Nelis: portrait en face du titre du Rerum Belgicarum Prodromus (Bodoni, 1795).
Fig. 1. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Nelis, L'Adoration: une des belles pages de l'édition in-4o par Bodoni, 1796.
Fig. 2. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Vengée du cardinal de BernisGa naar voetnoot(1) imprimé par Bodoni en 1795Ga naar voetnoot(2); il caresse de grands et stériles projets d'organiser avec Bodoni une vaste entreprise d'édition, de préférence à Anvers, s'il peut un jour y retournerGa naar voetnoot(3). La dernière lettre de Nelis à Bodoni est un court billet écrit au moment de son départ de Bologne, la marche en avant des troupes françaises empêcha sans doute le prélat de correspondre avec son ami parmesan; de toute façon, une édition complète in-quarto de L'Aveugle de la Montagne, ne paraîtra pas chez Bodoni mais, beaucoup moins belle que ne l'aurait faite ce dernier, chez Vincent Poggioli à Rome en 1797. L'exposé que nous venons de faire sur les relations entre Nelis et Bodoni paraîtra adéquatement illustré par les quelques lettres que nous publions ci-dessous. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
IMonsieur,
La réputation d'un Prince aussi attaché à l'auguste Religion de Ses Pères, qu'est Son Altesse Royale Votre illustre Souverain; la protection en même tems qu'il accorde aux Lettres, et dont Monsieur Bodoni, et son art immortel, sont une preuve bien parlante pour toute l'Europe; tout cela m'a décidé à quitter l'Allemagne pour l'Italie, et à fixer, pendant quelque tems, sur ce sol, (que les fureurs Françaises ne troubleront pas, j'espère), un séjour, devenu bien amer, pour moi, aux Pays-Bas et en Hollande. Je cours donc à toutes brides, Monsieur, autant que les rigueurs de la saison, déjà commencées, le permettent, vers l'heureuse Parme, brûlant du plus ardent désir de présenter l'hommage de mon respect profond à Leurs Altesses Royales, à Monseigneur et à Madame l'Archiduchesse-Infante. J'aurai du moins la consolation d'y trouver le Sang de mes maîtresGa naar voetnoot(4), et un pays éloigné de toutes les fatales semences d'irréligion et d'insurrection. J'ai demandé et obtenu l'agrément formel de Sa Majesté l'Empereur pour ce voyage; et je retourne par Vienne. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Comme plusieurs Lettres de Vienne, et d'autres contrées de l'Allemagne, qui devoient me parvenir à Ausbourg n'y étoient pas encore arrivées ce matin: j'ai pris la confiance, la grande confiance, Monsieur, de prier Monsieur le Directeur Principal de la Poste, le Chev. de Malthe Baron d'Haisdorf, de me les addresser à Parme, et sous votre enveloppe; et craignant qu'il n'en arrive avant moi, (car le vent, la pluie et la neige rendent déjà les chemins difficiles), je prens la liberté de vous supplier, de daigner les recevoir et les garder jusqu'à mon arrivée. Mon premier soin, comme mon premier devoir, sera de venir vous en témoigner toute ma reconnaissance, en vous remboursant tous les petits frais. Oserois-je, Monsieur, vous demander une seconde grâce? Ce sera celle, s'il vous plaît, de témoigner, d'avance ainsi, ma profonde vénération à l'illustre Prélat qui gouverne l'église de Parme; puis de m'écrire un tout petit mot sur tout cela, Poste restante, à Trente. Lorsque j'aurai le bonheur d'avoir fait personnellement votre connaissance, je porterai le désir, peut-être, jusqu'à voir sortir de vos Presses, si dignes de leur éclatante réputation, quelques uns de mes Brimborions Littéraires, si tant est qu'ils puissent mériter cet honneur. J'avois formé le projet, dès que j'ai pris pied à Anvers, d'y rétablir la réputation des Imprimeries Belgiques, si fort déchue depuis Plantin et les premiers Moretus. Ces malheureux Français ont tout dérangé. J'ai eu le bonheur au reste, de sauver mes manuscrits et ma Bibliothèque, en Hollande; d'où je devrai la sauver peutêtre une seconde fois, à Brême, Altona, ou Hambourg, si une prompte paix, dont les Nouvelles Publiques nous bercent, ne met promptement fin aux progrès et aux desseins des Français, républicains. Je me recommande, Monsieur, à votre amitié et à celle des illustres Savans de vos contrées, dont vos Presses ont embelli les productions déjà si estimables, je tâcherai de mériter cette faveur par le respect dû à votre Goût, à votre zèle, à vos talens, et par l'attachement le plus sincère; sentimens avec lesquels je ne cesserai jamais d'être, Monsieur, Votre très humble et très obéissant Serviteur
✠ Corn. François de Nelis Évêque d'Anvers d'Ausbourg, ou Augusti (au moment de partir,) ce Dimanche, 16 Novembre 1794. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
IIMonsieur,
Dans la confiance que vous aurez reçu, et que vous m'aurez pardonné ma lettre du 16 de ce mois, je me suis adressé à la Poste Impériale, pour voir, s'il y a quelque lettre de votre part, pour votre serviteur. N'en ayant pas trouvé, j'en ai conclu, Monsieur, que vous n'avez encore rien reçu pour moi. Je m'empresse de vous prier en conséquence, de ne rien envoyer à Trente, mais de garder tout, jusqu'à mon arrivée à Parme, que j'espère qui sera très prochaine. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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J'ai eu l'honneur d'écrire en attendant à l'illustre Ambassadeur d'Espagne à RomeGa naar voetnoot(1), j'ai pris la liberté de lui témoigner combien Monsieur Bodoni me tenoit au coeur et entroit dans le projet, Monsieur, que j'avois formé, de voir cette partie de l'Italie. Je vous ferai donc bientôt, Monsieur, toutes mes excuses, mes remerciemens, et mes protestations d'attachement et de dévouement, sentimens qui vous sont bien dus, et avec lesquels je ne cesserai jamais d'être,
Monsieur, Votre très dévoué et très obéissant serviteur C.F. Évêque d'Anvers
A Trente, dans le coin d'une auberge avec une très mauvaise plume, ce 25 Nov. 1794. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
IIIParme, ce vendredi 12 décembre 1794.
L'évêque d'Anvers a l'honneur de présenter ses très humbles civilités à Monsieur le Chevalier Bodoni, et en attendant qu'il puisse s'en acquitter, en personne et de vive voix, demain, (il est un peu harassé aujourd'hui du voyage et un tant soit peu incommodé); il prend la liberté de demander les lettres ou petits paquets qui peuvent être arrivés pour lui chez Monsieur Bodoni. - Ce sera avec autant de reconnaissance que de satisfaction que demain matin l'évêque aura l'honneur d'aller lui faire le remboursement de tous les petits frais et le saluer.
Corn. François de Nelis, É. d'A. A Monsieur Monsieur le Chev. Bodoni. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
IVBologne, le 29 décembre 1794. Monsieur,
Je n'eus l'honneur et le plaisir de recevoir votre premier paquet, des mains de notre grand et aimable artiste Monsieur Rosaspina, qu'un couple d'heures avant le départ de la poste; et Monsieur Rosaspina se chargeat de vous en accuser la réception et de me rappeler à votre souvenir. Aujourd'hui, Monsieur, je reçois des mêmes mains le second, et au moment de vous écrire sur le tout et sur votre belle et bonne lettre reçue dans l'intervalle, au long et au large, voilà que des distractions, des visites, mille choses inséparables de l'état d'un voyageur, un gros rhume avec cela, et des bontés sans fins des braves et aimables Bolognois, voilà que tout cela y met son veto. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Je n'ai donc le tems que de vous envoyer des corrections faites à la hâte a l'Entretien XXVII (et non XVII) de mon Pauvre Aveugle. Je crois qu'il y a encore quelques fautes de grec; mais j'enverrai cela jeudi prochain, premier jour de l'an, que je souhaite à Monsieur, Madame Bodoni, infiniment heureuse et accompagnée de l'amata Pace puis d'un héritier de son nom et de ses talents. Je le prie de ne pas attendre pourtant cette amata pace pour mettre sous Presse mon Prodromus Latin, je brûle d'avoir cela de la piccola ma gentile e Bodoniana, (c'est tout dire) Edizione, presto, presto, pour mes amis d'Italie et de Rome et avant que je redevienne encore une fois Barbare et Teuton. J'ai déjà écrit dans cette Teutonie, et à Vienne, de tout ce que j'ai admiré à Parme; j'ai commencé à jetter les premiers fondements d'un édifice ou d'un projet que vous savezGa naar voetnoot(1), et dont l'une partie doit se construire à Rome, l'autre dans cette Vindobona, dont nous venons de parler: le tout dans le Ciel qui doit nous délivrer de nos Vandales. Mais adieu mon cher Bodoni: voilà qu'on frappe encore à ma porte et la Poste part. Je vous recommande mes deux Entretiens suivans (après le 27ème), le 7ème et 19eGa naar voetnoot(2) si je ne me trompe, Dieu, et le Plaisir. Nous parlerons de la grande édition après. Adieu, senza cerimonie ma grandissimo con affetto, etc.
✠ C. Fr de Nelis, Év. d'Anvers | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
VBologne, le 4 janvier 1794 [= 1795]. Monsieur,
J'ai l'honneur de joindre ici l'Entretien VII, corrigé, en partie par votre serviteur; en partie, (pendant qu'il était occupé, ce serviteur) par une main qui ne vous sera pas inconnue, et fort amie. Je vous prie de mettre, par forme de devise, en italique, à la tête ces vers: Que m'importe la Terre, où mon coeur me tourmente!
Que me fait l'Univers, si mon Dieu s'en absente!
L'Univers ne m'est rien; mais son Auteur m'est Tout.
Le reste ira son train. Je serai bien aise, mon cher Bodoni, d'avoir encore quelques exemplaires de cet Entretien corrigé par la Poste courante, et poi l'Entretien XVIII, avec tout ce que vous voudrez. Car nolim molestus esseGa naar voetnoot(3); et en bien des choses, sat cito, si sat beneGa naar voetnoot(4). Je vous dirai seulement, (pour gouverne) que je compte de rester à Bologne, jusqu'au lundi 12 janvier, mais aussi c'est l'ultimum potentiae, comme disoient les anciens scholastiquesGa naar voetnoot(5). Vous | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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voyez que Bologne a des attraits pour l'AnacharsisGa naar voetnoot(1), j'espère que ChrysopolisGa naar voetnoot(2) n'en sera pas jalouse, il vaut trop peu, ce cadet voyageur Scythe. D'ailleurs la tramontana souffle ici terriblement, c'est ce qui me fait craindre de me mettre en route, puis je suis plus près de vous et de mes Sibyllae foliaGa naar voetnoot(3). Après mon départ, le cher et instruit et aimable Rosaspina sera notre entremetteur, notre facteur, si vous voulez bien; il m'adressera à Rome, tout ce dont j'aurai besoin: le reste il le gardera, soit jusqu'à mon retour à Bologne, hirundine primaGa naar voetnoot(4), soit jusqu'à l'arrivée de mes foglietti. Si j'osais vous prier, ce serait de faire encartonner tutti les piccoli volumi; les 5 premiers Entretiens (que vous recevrez per l'altra posta) à part, puis le VIIe, le XVIIIe, et le XXVIIe aussi, chacun à part, ne fût-ce qu'en une enveloppe d'un papier un peu gros; avec ces vers, imprimés en caractères capitaux, ou majuscules, sur l'enveloppe: Haec ego de Veterum placitis; etc. Vous les connaissez. Je vous prie de garder, (de ces Entretiens, ainsi que du Prodromus,) au moins trois cens Exemplaires, dont je vous dirai la destination. Le plus grand nombre sera pour le Libraire Rupprecht, à Göttingue. Voici la liste des Noms (dont je vous supplie de tenir note) pour distribuer quelques exemplaires, à Parme, de tout ce que vous voudrez bien imprimer pour votre Serviteur: A S.A.R. L'Infant (ce Prince chéri de Dieu et des Hommes) et la Famille Royale, (si tant est que ce ne soit pas prendre trop de Liberté) et cela, della parte mia; à S.E.M. le comte de Valdeparaiso, au P. AffòGa naar voetnoot(5), à Mr l'abbate RiccaGa naar voetnoot(6), BartoliGa naar voetnoot(7), à Mr le Segretario MazzaGa naar voetnoot(8), et à tous ceux généralement que vous trouverez bon de favoriser de ces bagatelles. Par la Poste de jeudi prochain, j'enverrai les corrections du 1er volume (ou des V premiers Entretiens), avec la fin de mon Prodromus. J'espère que j'aurai reçu alors, les copies de mon Entretien VII corrigées, et celle de mon Entretien XVIII à corriger. Puis j'espère que je recevrai pour la fin de la semaine, ou Samedi, tous les exemplaires de l'Entretien XXVII, encartonnés; exceptés les trois cens, que vous garderez pour mon compte chez vous, et dont j'aurai l'honneur de vous marquer la destination. Sans réserves, comme senza cerimonie, Tout à vous, mon cher Chevalier, Votre ✠ C.F. De Nelis, Év. d'Anv. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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VIBologne, le 7 May 1795. Monsieur,
J'aurois ajouté motu proprio (comme dit le pape) le nom de l'artiste que j'honore, dans la Note, que je renvoye ici avec mes autres corrections, si cet artiste ne me l'avoit défendu, en retranchant aussi, motu proprio, ce que j'avois déjà dit, de grand coeur, à sa louange. Jugez d'après cela, Monsieur, du plaisir que j'ai eu de vous obéirGa naar voetnoot(1). J'attendrai ces dernières corrections encore de retour avant de procéder à l'impression. Malgré toutes mes recherches je n'ai pu découvrir encore le lieu où mon banquier d'Amsterdam s'est retiré; et son silence me fait croire qu'il est resté dans cette ville, ainsi que ma bibliothèque et celui qui la garde. D'un autre côté, les banquiers d'Italie, sur qui j'ai des lettres de crédit, refusent d'entrer en ligne de compte avec les négocians hollandois, et autres, dans les pays occupés encore par les armes Françaises. Et je vous avouerai, Monsieur, que cette raison est celle, en partie, qui me fait rester à Bologne, jusqu'à la Paix, que j'aime à croire qui n'est pas éloignée, pas de six mois au moins. Dans cet état des choses, j'ai besoin de mettre beaucoup d'eau dans mon vin. Aucunes de ces circonstances n'existoient, lorsque j'eus le plaisir, le grand plaisir de faire votre connaissance à Parme, et de concevoir le projet de faire imprimer mes petits ouvrages. La Hollande n'étoit pas prise; et j'y conservois de grands fonds. Aujourd'hui je dois me passer de tout cela; et tirer de mon épargne, et de ce que j'ai avec moi, ou de ce que je puis sans mon banquier, pour satisfaire, comme je le désire tant, mon cher Bodoni. Pour voir donc si je le puis, dans le moment, je le supplie, en grâce, de composer tout, et de ne pas insister pour ce que je fasse moi-même le prix de ses stampe, mais de me présenter son compte; et cela non en calculant chaque exemplaire, ou par exemplaire, mais toute l'impression: puisque j'ai pris toute l'impression à moi et que je suis résolu de ne pas laisser vendre un seul exemplaire, voulant les conserver tous, pour faire des présens; tous ne suffisant même pas pour cela, en ayant donné un tiers presque déjà dans Bologne seul, sans compter ce que j'ai envoyé et dois envoyer à Rome encore, à Florence, etc. Il n'y a que la Cour seule qui ait eu à Vienne jusqu'ici quelques exemplaires, et pas la moitié, pas la sixième partie de ce que Rome et Vienne me demandent. Il me faut donc, pour bien faire, tout garder, et chercher, mon cher Bodoni, toute l'économie possible. Je vous supplie, d'après cela, de régler mon compte, en entier; il dépendra de cet entier, le moyen et la manière de vous satisfaire, comme je de désire, subito, subito, et de combiner avec la Cour de Vienne che ha | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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molto aggradito le vostre bellissime stampe, l'exécution des projets que vous savez que j'ai à coeurGa naar voetnoot(1). Fra tanto, et ne voulant pas laisser passer cette poste ou ce courrier, mi professo con tutta la stima et attacamento, antico, nuovo, eterno,
Sempre vostro N. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
VIIBologna, 16 Maggio 1795.
Mi rincresce infinitamente, che malgrado tutte le mie premure dopo la mia entrata nell'Italia, non ho potuto realisare alcune delle mie Lettere di credito. I banchieri, come voi stesso l'avete osservato, Signore mio Padrone, in una della vostre antiche lettere, non corrispondeno coll'Ollanda nè coi Paësi-Bassi: e non si può dire chè fanno ingiustamente o male; perchè le loro spese non solamente sofrirebbero un ritardo notabile, ma gli Francesi potrebbero ancora confiscare i capitali che si sono commessi ai banchieri nei Paësi occupati dalle loro armate. Io dunque, se avessi mai preveduto questo imbroglio, avendo lasciato più di venti mille Zecchini in contante, ossia in effetti sopra I principi o Stati del Nord, in paësi vicini al Reno, gli avrei trapportati in Amburgo. Nunc sero sapiunt PhrygesGa naar voetnoot(2). Ma chi l'avrebbe creduto mai? Io, per confessare il vero, dopo la funesta invasione dell'Olanda, e considerando tutte queste cose, e l'incertezza degli eventi, Io ho ritardato, in gran parte, per questa ragione (che pur non voglio dire che à voi solo,) la mia partenza verso Roma e Napoli, avendo bisogno di moderare la spese, e di vivere del mio contante, ch'é affatto piccolo; aspettando un largiamento che mi renda almeno i miei beni patrimoniali, se non mi rende la mia chiesa. Dunque, Signore mio Padrone, ecco la cosa che è presentamente in mio potere. Io ho, qui, una Lettera in forma di mille Roubles, sopra il Banco Imperiale della Russia, ossia di San-Petersbourg. Ho voluto realisarla (come si può fare a voglia;) ma il cambio è tanto disavvantaggioso, che sarebbe una Schichezza di farlo. Il Rouble, come i banchieri mi dicono, vale, circum-circa, otto Paoli; e presentamente qui, nell'Italia, non avrei forse cinque. Dunque perderei, à peu près, la metà. Per questa ragione non ho voluto ricevere anche li interesse, ossia rendite annue o frutti, di 4½ p. % (al cento), che mi son dovuti dopo due o trè anni. Io vi cedero questa lettera cambiale, ovvero di Banco, con suoi dovuti frutti (passati, presente e futuri), per un trasporto o cessione legale, ovvero di Notario, e nella maniera che vorrete, alle condizione riprese nel foflietto aggiunto qui sub litt. A, aggiungendo anche in contante, e subito, tutto ciò che il mio caro Bodoni ha speso al suo Bibliopega per la legatura delle mie operette, e per alcuni libri. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Bologna, il 18 di Maggio 1795.
Il precedente, e usque huc, aveva già scritto, quando ho ricevato la sua amabilissima lettera del 12 corrente, la quella non so perchè, ho ricevuta solamente del uffizio della Posta il 16 di Maggio all'ora di pranzo, e poche ore prima di quella dei 15. Aveva non dimeno mandato il mio servitore al solito, alla Posta, il mercoledi, 13 di Maggio. Qualumque sia, Io spero ch'aggradirà Ella, la mia grandissima e sincerissima volontà d'ubbidirla in tutto, e di fare con Lei un trattato d'amicizia e allianza perpetua. Se mai la mia sposaGa naar voetnoot(1) d'Anversa ritorna a me, e gli Paësi Bassi al loro buono, leggitimo e magnanimo sovrano, (ch'Io amo tanto), mi stimaro onoratissimo e fortunatissimo d'imitare in tutto Ulrico FuggeroGa naar voetnoot(2), e Ella farà ben più ch'Arrigo StefanoGa naar voetnoot(3). Ma questo, giovedi, (Se Dio lo vuole,) prossimoGa naar voetnoot(4). Scusate oggi la mia gran fretta. Scrivero, dorénavant, in Francesse. Aggiungo qui la Lettera Francese, che voi mi avete fidataGa naar voetnoot(5). Io credo pure ch'ella non sia quella che volevate communicarmi. Qualumque siasi, vi la rimando di nuovo. Non credo mai ch'Ella intraprenda mai una tale impresa, in ogni modo e riguardo diffavorabile: e quanto differente del progetto nobile, lucroso, e grande, d'una Edizione d'Omero, del Nuovo Testamento greco, del Cicerone, del Platone, etc.; tutte intraprese degne e del nuovo Arrigo Stefano, e d'Ulrico Fuggero, ch'il cuor mi dice che faremmo l'impossibile, imitandogli, ossia in Parma, ossia in Anversa, e anche col favore dell' Imperadore Cesare, e del vostro Rè di Spagna. Io aveva gia risoluto di stabilirvi una Ti[po]grafia, e d'imiter et de surpasser, si cela se pouvoit, il mio Cristoforo Plantino. Nous ferons cela un jour, s'il plaît au ciel, duce et auspice TeucroGa naar voetnoot(6). Seulement, prenons du courage: que la Paix arrive; e fra tanto, Tu ne cede malis, sed contra audentior itoGa naar voetnoot(7). Tout à vous sans réserves. Je n'ai pas le tems de relire ma lettre. Midi sonne, je vous prie de m'envoyer encore une épreuve, de tout l'Entretien 23: ce sera le dernier qui sera si mal écrit et par conséquent qui vous donnera tant de astidio. Si vous imprimez jamais le Nouveau Testament grec, Homère, Cicéron, ou Platon, je m'offre volontiers à faire une Préface, ou des Prolegomena, à tous; et je crois qu'une de ces Éditions pourroit très bien être addressée à l'Empereur: je lui en demanderai, si vous voulez, lorsqu'il sera tems, la Permission.
Litt. A. I. Il Sig.r Cav. Bodoni ricevera, presto, il montant delle spese ch'egli ha fatte per far legare alcuni exemplari del Prodromo e dei Trattenimenti filosofici: e tutte le spese, in questo genere, saranno sempre pagate in contante. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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II. Per le stampe gia fatte, de'i exemplari, che debbono consegnarsi tutti al Vescovo di Anversa, tanto del Prodromo, che dei Trattenimenti Francesi; e per la stampa a fare, (ossia à achever.) del Trattenimento XXIIIo, dedicato al Senatore Conte Savioli, e dei Trattenimenti I, II, III, IV, ed il principio del Vto, che furono stampati in Anversa, e ch'il Signore Bodoni a già vedute e m'ha rimesse per fare la ultime correzione, Ella avrà la degnazione e la generosità di contentarsi d'una obbligazione, ovvera una Lettera in forma di mille Roubles, sopra il Banco Imperiale della Russia, ossia di S. Petersbourg; co'i frutti dopo due anni e nove mese. Questa Lettera o obbligazione Le sarà ceduta, (transportée,) per ufficio d'un Notario pubblico di Bologna, nella maniera usata, coi frutti correnti dopo il mese di Settembre dell'anno 1700 nonanta due; e così il Signore Cavaliere Bodoni darà, pel passato, (compris Les Entretiens I, II, III, et 4, et qu'on enverra tout de suite, et dont la Préface est déjà imprimée,) una quittanzia generale. III. Sé il Vescovo vuole far stampare altre cose, (come Egli ha gran voglia), sarà regolato il prezzo delle cose da stamparsi, al foglio (par feuille,) alla sodisfazione delle parti contrattanti; e il prezzo convenuto sara pagato in contante. Così convenuti, sub utriusque signatura, il... di Maggio 1700 novanta cinque.
✠ Corn. François de Nelis, Évêque d'Anvers. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
VIIIGa naar voetnoot(1)Je soussigné déclare d'avoir vendu, cédé et transporté le Billet de la Banque Impériale de Russie, à mes ordres et à mon profit, de la valeur de Mille Roubles, ci-joint en original (N. 4733) (et N. 2327 dans la 1ère expédition ou enregistrement de la Banque) comme je le cède et transporte par cette, pour solde de compte jusqu'à ce jour, à Monsieur J.B. Bodoni, directeur de l'Imprimerie Royale de Parme, pour solde de compte et de tout ce que je dois jusqu'à ce jour, trente septembre, 1700 quatrevingt quinze: sous condition que Monsieur Bodoni me livrera les exemplaires restans de mon Prodromus et de mes Entretiens Philosophiques. Fait à Bologne, et remis à Mr Bodoni, présent, sous ma Signature et mon Cachet, ce 30 Sept. 1700 quatrevingt quinze.
Corneille François de Nelis Évêque d'Anvers.
Je promets, en outre, lorsque je serai à Anvers, et que mes revenus, qui sont sous la main des Français, me seront rendus, de racheter de Monsieur Bodoni, ou de reprendre, à un prix discret et juste, s'il le trouve bon, le même Billet: de céder en outre les intérêts annuels, depuis leur première échéance. Fait le même jour 30 de septembre, 1795. Corn. François de Nelis Évêque d'Anvers. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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IXBologne, le 29 octobre 1795.
J'ai reçu, Monsieur, les douze volumes de mon Aveugle, reliés, la moitié en maroquin, l'autre moitié en basane, et j'ai l'honneur de vous en remercier. Je vois bien que notre Relieur a été ou de mauvaise humeur, ou pressé: il pouvoit certainement faire mieux et j'espère qu'il fera mieux pour les douze volumes restans, que je vous supplie, en grâce, de faire relier avec toute l'élégance possible, et, tous en maroquin rouge, avec une dentelle, au lieu d'un filet, sur le plat. Mais aucune fleur sur le plat, c'est à dire dans les quatre coins: cela ne me paraît pas beau pour de petits volumes. J'attends toujours avec empressement le retour du Père Gambarana, Supérieur des Philippins de Bologne, et avec lui votre caisse. J'espère de trouver dans cette caisse, ou ailleurs, (car je ne l'ai pas reçue) la traduction de l'Entretien SavioliGa naar voetnoot(1), puis certaines autres petites choses et renseignements, que Monsieur Bodoni m'a promis. Je ne puis me dispenser, Monsieur, de réimprimer et in majori numero, et de la manière la plus belle, (comme je le désirerois du moins) de la façon la plus brillante, mon Hymne orphique avec la traduction ci-jointe. Vous n'aurez pas de peine à en reconnoître la Muse AuteurGa naar voetnoot(2), qui avant de finir son travail, dont je suis supérieurement content et reconnoissant, l'a envoyé à Monsieur le Secrétaire Mazza. (Elle l'aurait communiqué également au Père PagniniGa naar voetnoot(3), s'il ne se trouvoit actuellement en voyage). Enfin le tout formera huit ou douze pages in-quarto, selon le caractère que vous jugerez à propos: mais vous jugerez tout cela mieux que moi. J'en voudrais une quantité, sur du papier mince et léger, susceptible d'être plié et d'être envoyé ainsi, par la poste, à mes amis absens. Ils y verront toujours la beauté de la stampa, les belles formes de vos caractères de fonte. Ceux-ci mon cher Bodoni, je voudrais les payer in massa. Pour un bon nombre sur papier velin ou d'AnnonayGa naar voetnoot(4), sur le plus beau enfin que vous puissiez employer, quelques uns même sur de la carta pecora, nous règlerons cela en détail. Je voudrais que cette petite chose, philosophique et religieuse, que je mettrai encore en vers latins, servit par tout le monde d'un échantillon volant de ce que peut notre thaumaturge de Parme. Votre TaciteGa naar voetnoot(5), que j'ai vu mais non reçu encore, est très beau: mais il y a un caractère d'un Enchiridion, je crois, italien, d'ÉpictèteGa naar voetnoot(6), qui me paroît plus beau encore. Enfin vous réglerez cela, et m'en prélevez selon votre volonté. Vous me direz enfin ce que vous estimez devoir mettre en italique, ce que vous mettrez en romain. Enfin, vive, vale, et salve; et tui amantissimum ama.
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XBologne, le 7 mars 1796.
Voici, Mon cher Bodoni, une réponse à plusieurs des articles, ouverts encore, de notre correspondanceGa naar voetnoot(1) dans des notes mal fagotées, auxquelles je vous prie de donner une réponse à votre loisir, mais sans trop la différer, à cause de mon voyage, projetté au moins, pour le lendemain de PâquesGa naar voetnoot(2), dans le reste de l'Italie. Mr WolffGa naar voetnoot(3) me marque de m'avoir écrit, vers le mois de Février, il y a un an, c.à.d. en 1795. Cette lettre, qui devoit m'être addressée à Parme, me manque. Je lui ai écrit l'ordinaireGa naar voetnoot(4) dernier. Mr le Sénateur Savioli m'a fait un regallo de l'in-4to de ses poésies, dont vous lui avez fait le cadeauGa naar voetnoot(5). Voilà, mon cher Chevalier, una Stampa, et una gran finezza de votre part. On parle de paix: utinam! utinam! Alors nous pourrons nous livrer à nos projets. Mais tant que les Français sont les maîtres chez moi, et que je perds vingt par % sur le peu qui me reste, il me faut aller bride en main. Je vous supplie de m'accuser la réception de mes 9 articles, y compris l'anneau, dans la petite boîte confiée à Mr Businari et qui part aujourd'hui, et surtout la première épreuve du Chant du Cygne. Vendredi vous aurez tout. Notes pour Mr Bodoni.
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P.S. Si Mr Bodoni permet une réflexion que l'amitié seule et non l'intérêt dicte, ce sera de lui observer, (afin qu'il ne laisse pas échapper de sa main légèrement, en faveur d'un amateur, la montre en émail ancien, que l'on a pris la liberté d'offrir comme simple souvenir, à Madame Bodoni), ce sera, dis-je, de lui observer que cet ouvrage est ancien, à ce qu'on croit, au moins de cent et soixante dix ans: qu'il vient du feu Prince Alexandre de Lorraine Gouverneur des Pays-BasGa naar voetnoot(1), qu'on a seulement changé la vieille...Ga naar voetnoot(2). | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
XIBologne, le Dimanche 13 mars [1796].
J'ai reçu hier, soir, mon cher Bodoni, votre Lettre, que, (cette fois-ci), vous avez oublié de cacheter. Il n'y avoit heureusement, que de ces secrets, dont Horace auroit dit, ou pouvoit dire du moins, quae rimosa bene deponuntur in aureGa naar voetnoot(3). Je répondrai (en détail,) à cette lettre, et à celle que j'ai reçue, jeudi dernier, s'il plaît à Dieu, j'y répondrai jeudi prochain. Aujourd'hui et demain, je prévois que je ne le pourrai pas. Outre que j'ai quelques affaires pressantes, je dois achever de corriger la copie de mon Chant du Cygne, que vous recevrez par l'ordinaire de demain, en entier. Je dis corriger: car un petit jeune homme Français y a fait tant de fautes, et estropié de lignes entières, et moi-même, je suis si difficile lorsque j'écris surtout en une Prose, qui est et doit être, (selon l'intention de l'Auteur du moins,) plus difficile que le Vers, que d'après le précepte de Votre Horace toujours, je n'envoye rien à l'Imprimerie, quod non multa litura coercuitGa naar voetnoot(4), etc. Me pardonnerez-vous, encore cette fois-ci, mon griffonage, devenu vrayement indéchiffrable, quelquefois? Mais une personne qui compte de partir pour Ravenne, et de là pour Rome, le lendemain de Pâques, et qui a d'ailleurs les yeux très fatigués, très malades, mérite un peu d'indulgence. Je vous garantie d'ailleurs la copie avec ses corrections et ses renvois, fort exacts. Je vous prierai de faire donner, de ma part, un séquin à vos ouvriers pour boire; surtout au compositeur, s'il pouvoit et vouloit manoeuvrer si bien, si bien que tout fût composé, et eût reçu ma dernière correction, avant mon départ. Et là-dessus nos intérêts s'accordent car vous avez plus de tems à songer à d'autres Entreprises: et vous direz (selon le proverbe): celles-là sont cuites. Je vous prie de joindre la copie manuscrite aux épreuves à corriger. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Pour la réimpression (in-quarto), et notre petit échange (s'il est possible de vaincre mon goût enfantin pour des joujouxGa naar voetnoot(1) qui ne sont peut-être plus de mon âge;) nous en parlerons, définitivement, jeudi prochain; et je laisserai en ce cas-là, c.à.d. si tout s'arrange selon la volonté ou le désir de Monsieur Bodoni, ma Paccotille ici, pour ne pas essuyer des tentations à Rome. Je viens d'envoyer à St. Marco, et mon serviteur me rapporte, saine et sauve, la petite boîte addressée à Mr de BusinariGa naar voetnoot(2), attention dont j'ai l'honneur de vous remercier. Je suis requis de la part de Mr Hore Naylor, chevalier Anglois, ami et connu de Mr AzaraGa naar voetnoot(3), qui demeure ici à Bologne, de vous prier de lui envoyer, par occasion, votre Tasse in-quartoGa naar voetnoot(4), imprimé l'an passé, relié alla rustica, je m'imagine que le mieux serait de le faire par Mr Rosaspina, qui pourrait être chargé en même tems d'en recevoir le prix, et qui seroit bien aise, peut-être, de connoître cet ami des arts, lequel a fait buriner et inventer des Estampes, ou simples lineamens; et les exécuter par un Anglois, qui étoit de son tems à Rome, et qui a buriné les mêmes choses, pour le compte de Monsieur Hope, par rapport au Dante, mais on ne tira de ces derniers que 25 Exemplaires. Je vous prie, Monsieur, de tirer cent et cinquante exemplaires, de mon OdeGa naar voetnoot(5) ou Hymne du matin, volgarizata, ou traduite par Melle Tambroni, sur le plus beau papier, bien lisse, in-quarto. Et comme j'ai un peu de temps, je vais crayonner mon petit projet, et dire tout ce qui me passe par la tête, dans le papier ci-joint, sub. AGa naar voetnoot(6) relativement à notre petit traité, ou projet sur les Pierres, en change de quelques Éditions. Favete linguisGa naar voetnoot(7). Je suis comme je serai toujours, et du fond de mon coeur
Votre N. L'Év. d'Anvers.
P.S. J'ai pensé que jeudi, j'aurai peut-être moins de tems que ce soir; et puis, j'aurai votre réponse trop tard, car, si rien ne renverse mes projets, (comme il est tant de fois arrivé,) je compte toujours de partir le lundi de Pâques pour Imola; de là, pour Ravenne, et ultrà. Je vous prie donc de me renvoyer mon projet, le plus tôt que faire se pourra, attendu mon voyage, qui est aussi bon qu'arrêté. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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XIIBologne, le 4 avril 1796.
Notre bon Rosaspina a voulu, Monsieur, vous remettre lui-même la dernière correction du Chant, etc.Ga naar voetnoot(1), dont il avoit déjà eu la bonté de me remettre la Stampa. Vous verrez, et me pardonnerez, si j'y ai fait quelques nouvelles corrections: nous aimons tout deux la perfection d'un ouvrage autant qu'il est donné à l'homme de l'atteindre; et nous ne sommes pas chiches de nos peines. La cause involontaire, qui a retardé l'envoi de la dernière feuille, et les nouveaux exemplaires, à m'envoyer avant mon départ, de l'Hymne du matinGa naar voetnoot(2), m'ont fait reculer, mais non plus ultra, à giovedi prochain mon départ pour la dominanteGa naar voetnoot(3), en sacrifiant le petit voyage de Ravenne. Je vous prie donc, Monsieur, de m'envoyer mardi (pour que je les reçoive sans faute, mercredi,) trente exemplaires en feuilles, et tout ce que vous avez de relié d'exemplaires de cet Hymne, de l'impression duquel tout le monde est ici très content, comme étant faite avec le plus grand soin et délicatesse. Je ne doute nullement, qu'on ne le soit encore davantage, quant au Chant du Cygne. Je vous prie, mon cher Bodoni, de garder chez vous vingt cinq exemplaires, sur beau papier cylindré, de mon Hymne; et vingt cinq de même, de mon Chant du Cygne, dont vous me permettrez, lorsque j'aurai l'honneur de vous écrire de Rome, de vous dire l'usage que je serai bien aise que vous en fassiez. Pour tout le reste, je vous prierai de le remettre, - encartonné c.à.d. en papier marbré, à la rustica, (pour ce qui est du papier cylindré), et en feuilles, pour ce qui est du papier commun ou non cylindré, à Monsieur Rosaspina, à qui je dirai également l'usage, que je le prierai d'en faire. Seulement s'il est possible de m'envoyer vingt cinq de mon Chant du Cygne, sur papier commun, non cylindré, par la diligence de Rome qui partira lundi prochain de Bologne, et d'addresser le petit paquet au Gouverneur de Loretto, Mgr Cerano, (que je préviendrai,) je vous en serai très obligé. Le reste fera Mr Rosaspina, dans les bontés de qui je me confie. Je compte que mon voyage sera de trois mois, et que je reviendrai par la Toscane. Honorez-moi de vos nouvelles, je vous prie, pendant les deux premiers mois, poste restante, à Rome; honorez-moi de vos commandemens, je demande la même grâce à Madame Bodoni; et je serai, partout, avec autant d'attachement que d'estime et de dévouement sincère et profond, Monsieur,
Votre T.H. et T.O.S. et ami ✠ C.F. de N., Évêque d'Anvers.
P.S. - S'il étoit possible, (mais je crains qu'il ne le soit pas,) de m'envoyer, non pour faire des corrections nouvelles, mais pour m'assurer que, currenti rota, comme dit HoraceGa naar voetnoot(4), il ne s'est pas commis quelque faute nouvelle, mardi, une épreuve, que je méditerais et dont je me consolerais pendant ma route, jusqu'à Loretto, je vous serais bien obligé. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Je vous prie de mettre, au milieu de la première page, comme vous avez fait à l'Hymne: L'Aveugle à l'envers, nous mettrons peut-être, c.à.d. au milieu de la seconde page: à...Ga naar voetnoot(1). Je vous écrirai là-dessus, en montant en voiture, jeudi. |
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