De Gulden Passer. Jaargang 26
(1948)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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A propos d'une reliure de Jean-Casimir iconographie et culte de la passion
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petit, dans lequel l'Enfant-Jésus nu est assis sur un coussin orné de glands aux angles. Il est tourné à gauche, la tête entourée de rayons. Dans la main droite levée, il tient un paquet de verges; dans la gauche, un fouet. A l'extérieur du plus grand coeur, de chaque côté, à mi-hauteur de la croix, le soleil et la lune; en bas, deux anges qu'on voit plus qu'à mi-corps. Formant soubassement à l'ensemble, une inscription en capitales romaines: DEVS. CORDIS. MEI. / ET. PARS. MEA DE9 / IN AETERNV. PSAL: 72. / La présence de ce fer ne peut manquer de surprendre sur une reliure d'époque aussi tardive. Non pas en raison de sa facture, car le dessin et la ciselure ne sont nullement archaïques, mais en raison de son thème. Le relieur polonais, peut-être assez pauvre de matériel, aurait-il choisi, faute d'autre, ce sujet religieux, parce que le moins mal adapté à l'ouvrage? N'a-t-il pas voulu plutôt, en plaçant là l'Enfant-Jésus, rappeler la dévotion qu'avait envers lui sainte Thérèse et qu'elle a transmise à ses filles?Ga naar voetnoot(3) Connaissaitil le développement que venait de lui donner Marguerite de Beaune? Sans doute ces hypothèses ne sont-elles pas à rejeter. Cependant, pour plausibles qu'elles soient, d'autres raisons nous paraissent pouvoir expliquer le choix de ce fer comme motif principal de la reliure que nous étudions. Le plat inférieur du volume, dont nous n'avons rien dit jusqu'ici, est orné d'un fer de 76 × 63 aux armes du roi de Pologne, Jean-Casimir (frottis 2). Le dernier des Wasa, qui fut aussi le dernier des Jagellons, était passé des Ordres au trône en 1648. Après avoir reçu les dispenses nécessaires du Pape, il avait épousé la veuve de Wladislas, Louise-Marie de Gonzague (juin 1649). Vingt ans plus tard, il quittait le trône et venait abriter son exil en France, à l'ombre de l'ordre de saint Benoît. L'abbaye de Saint-Germain-des-Prés le reçut comme successeur d'Henri de Bourbon, le 12 octobre 1669Ga naar voetnoot(4). Louis XIV lui donnait aussi les abbayes de Saint-Taurin d'Evreux et de Saint- | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Martin de NeversGa naar voetnoot(5). C'est à Nevers que, revenant des eaux de BourbonGa naar voetnoot(6), il allait mourir en 1672. L'influence française, dont nous avons parlé à propos de l'encadrement de notre reliure, fut prépondérante en Pologne dès l'arrivée de celle qu'on appelait en France la princesse Marie et qui fut en Pologne la reine Louise, épouse de deux rois. Jean-Casimir lui-même, avant son accession au trone, avait vécu en France et était de culture toute française. L'art et l'histoire sont donc ici d'accord. Mais remarquons encore la place attribuée à chacun des deux fers. Celui que nous avons décrit en commençant renferme les éléments essentiels des armes du Christ. Les armes du roi du ciel au plat supérieur, celles du roi de la terre au plat inférieur: pour un prince qui avait commencé sa carrière dans la Compagnie de Jésus, ce n'était pas si mal choisi. ***
Le beau fer qui orne le plat supérieur présente une synthèse de deux dévotions à l'honneur au xve et au xvie siècles, la dévotion aux Cinq Plaies et la dévotion aux instruments de la Passion; il trouve ses ancêtres directs et ses modèles parmi les xylographes allemands de la seconde moitié du xve siècle. Lorsqu'on examine les sujets des plus anciennes gravures sur bois, il apparaît que les représentations figurées des cinq plaies du Christ y tiennent une place importante. Ces témoins nombreux offrent d'ailleurs une assez grande variété. Schreiber, dans son ManuelGa naar voetnoot(7) a décrit, sous les numéros 1786 à 1807:
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Frottis 1
Frottis 2
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Fig. 1
Fig. 2
Fig. 3
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On le voit, la plaie du Coeur jouit d'une particulière faveur. D'autres xylographes ont lié le souvenir de l'Enfant-Jésus à celui de la Passion. Il en découle une nouvelle série de gravures décrites par Schreiber aux nos 796 à 808, sous la rubrique: l'Enfant-Jésus dans le Sacré-Coeur. Il y aurait là la matière d'un chapitre à ajouter à l'étude du comte Grimouard de Saint-Laurent: Les Images du Sacré-Coeur au point de vue de l'histoire de l'artGa naar voetnoot(8). Tous ces xylographes sont à peu près contemporains. D'après Schreiber, les dates extrêmes seraient 1440-1450 pour le premier groupe de représentations, 1460-1500 pour le second. Il note que c'est à tort qu'Essenwein avait voulu reculer jusqu'à 1420-1440 la figure grossièrement exécutée de l'Enfant-Jésus dans le Sacré-Coeur qu'il décrit au no 798 du Manuel. Les gravures ainsi recensées présentent un autre point commun: elles sont originaires de régions voisines: Bavière, Souabe, avec une pointe vers le lac de Constance, et jusqu'au Tyrol; Franconie; vallée du Rhin jusqu'à Cologne, avec extension en Alsace d'une part et jusqu'aux Pays-Bas d'autre part. L'aire géographique des représentations de l'Enfant-Jésus dans le Sacré-Coeur déborde quelque peu celle des images des cinq plaies et des instruments de la Passion, autant du moins qu'on peut conjecturer le lieu d'origine de leur exécution. La localisation demeure cependant l'Allemagne du sud. Même la gravure que possède notre Cabinet des Estampes, copie du xylographe du Cabinet de Munich, est un travail allemand (B.N. Est, Ea. 5. rés. boite 8, no 16) (fig. 1). Cette estampe a été reproduite et décrite par Lemoine dans son ouvrage: Les Xylographes des XIVe et XVe siècles, T. II, pp. 57-58, pl. LXXXVIII. Elle mesure 117 × 87 et est coloriée en vert, jaune brun et brun rouge. On peut la dater des environs de 1460-1470. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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‘Le Sacré-Coeur est placé sur la croix qui est surmontée de l'inscription INRI. A l'extrémité des deux bras, et au pied de la croix, les [4] clous. Sur chacun des bras de la croix, les deux mains du Christ avec les marques des clous, sortant de nuages; au bas, de chaque côté du pied de la croix et sortant également de nuages, les pieds du Christ avec la marque des clous. Sur le Sacré-Coeur, percé à gauche par la pointe de la lance, l'Enfant-Jésus nu, la tête entourée d'un nimbe crucifère, et tourné à gauche. Il tient dans sa main droite le fouet, et dans sa gauche un paquet de verges. La gravure est bordée d'un trait noir’. Cette image a pour ancêtre, avons-nous dit, une estampe du Cabinet de Munich. On trouve cette dernière reproduite sous le no 36 de Schmidt, Die Frühensten und seltensten Denkmale des Holz- und Metallschnittes... im Kupferstichkabinet... in München, Nurnberg, Soldau (s.d.). Également dans W.L. Schreiber, Holzschnitte aus dem ersten und zweiten Drittel des 15. Jahrhunderts, in der kgl. graphischen Sammlung zu München, Strasburg, Heitz, 1912, no 56, et décrit là et au no 799 du Manuel (fig. 2). Elle mesure 181 × 125 et peut être datée vers 1450-1465 selon Schreiber, et 1430-1440 selon Schmidt. Ici, l'Enfant-Jésus est presque debout; le tertre sur lequel est plantée la croix est indiqué d'un trait arrondi, et il n'y a qu'un clou au pied de la croix. Les intermédiaires nous manquent entre ces xylographes allemands du xve siècle et le fer de reliure polonais employé à l'époque de Louis XIV. Cependant la filiation nous paraît évidente, et l'examen d'autres gravures sur bois renforcera notre hypothèse. Négligeant les figures de l'Enfant-Jésus assis sur un coussinGa naar voetnoot(9), | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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nous retiendrons l'image de l'Enfant-Jésus dans le Sacré-Coeur, qui porte le no 91 de l'ouvrage de Schreiber déjà citéGa naar voetnoot(10) et quelques descriptions de son Manuel (fig. 3). Au tome II de Holzschnitte..., Schreiber donne trois représentations de l'Enfant-Jésus dans le Sacré-Coeur (nos 90-92). La plus intéressante pour notre recherche porte le no 91. La comparant au no 56, il remarque que l'Enfant-Jésus n'est plus debout, mais assis (comme dans la copie de Paris). Il signale la place inaccoutumée et assez étrange, et la dimension de la blessure représentée par une large ellipse saignante. La main droite de l'Enfant est levée pour bénir. A la croix est accrochée la couronne d'épines et en avant se croisent la lance et le roseau à éponge. Alors que dans le Manuel (no 802) il datait cette gravure des environs de 1470-1480, ici il fait descendre la date jusque vers 1495.Ga naar voetnoot(10bis) D'autres éléments représentés dans le fer polonais peuvent être relevés dans quelques xylographes décrits par Schreiber. Le no 796 présente l'Enfant nu qui tient dans la main droite une verge et dans la gauche un fouet, alors que presque partout ailleurs (nos 797, 799, 801, 807), il tient le fouet de la main droite et la verge de la gauche. Au no 804, la lance, le roseau avec l'éponge sont appuyés à la croix. La présence des anges pourrait dériver du no 1789, le Sacré-Coeur tenu par des anges: ‘Au milieu d'en bas, le Coeur avec la plaie béante est tenu par deux anges visibles plus qu'à mi-corps; cidessus s'élève la croix avec le fouet et la verge y accrochés et contre laquelle s'appuyent le roseau à éponge et la lance croisés...’ Nous laissons à l'auteur la responsabilité du style de sa des- | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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cription. Il en est de même des inexactitudes du passage suivant reproduit sans sourciller par Barbier de Montault:Ga naar voetnoot(11) ‘Un incunable du Musée germanique à Nuremberg, remontant aux âges héroïques de la xylographie (1420 à 1440) offre un médaillon circulaire dont l'encadrement est formé par un texte illisible; au centre un coeur blessé, dont l'artère supérieure est remplacée par un annelet d'attache; l'image de l'Enfant-Jésus, entièrement nu et assis sur un coussin, est placée dans le coeur; il porte le nimbe crucifère autour de la tête, un fouet plombé et une verge dans les bras. (Cloquet, Élém. d'iconogr. chrét., pp. 84-85)’ Faut-il rapprocher cette description de celle qui figure au no 798 du Manuel de Schreiber? Un élément intéressant par notre recherche va cependant nous être fourni par une autre citation du même ouvrageGa naar voetnoot(12). C'est la description donnée par Bachelin-Deflorenne dans le Bibliophile françois (1868, pp. 93 et 119) des miniatures des Heures de la Maison de SchönbornGa naar voetnoot(13) qui datent du xve siècle. On y voit l'Enfant-Jésus ‘assis sur un coussin de velours noir, bordé de franges et de glands d'argent. Son corps est modelé avec une grande science du dessin; de ses beaux cheveux blonds s'échappent des rayons d'or. Le fils de Dieu a les bras étendus. Sept anges dans des attitudes diverses et aux vêtements de couleurs variées portent chacun un emblème de la Passion...’ Une autre miniature ‘représente dans le ciel l'apothéose des cinq plaies...’Ga naar voetnoot(14) L'imagerie populaire qui nous est parvenue est d'époque relativement basse, et d'un art réaliste, caractéristique du siècle, | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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mais qui convient bien aussi au tempérament allemand. On connaît des représentations des instruments de la Passion fort antérieures. Nous citerons un émail byzantin du xiiie siècle au Musée chrétien de la Bibliothèque vaticaneGa naar voetnoot(15), qui possède aussi un Christ aux limbes où des anges au ciel tiennent les instruments de la PassionGa naar voetnoot(16); une fresque du xiiie siècle aux Quatre-CouronnésGa naar voetnoot(17); des pilastres qui portent les Instruments finement sculptés à l'oratoire du Saint-Sacrement, au LatranGa naar voetnoot(18), etc. Contemporaine de nos xylographes est la statue du pape Innocent viii qui tient dans sa main la sainte Lance. Quant aux Cinq Plaies, c'est en leur honneur qu'auraient été composées les armoiries du Portugal, qui remonteraient à 1139 (?) ainsi que l'avance Barbier de Montault ‘suivant quelques héraldistes’Ga naar voetnoot(19).
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L'iconographie témoigne d'un culte. La dévotion populaire, consacrée par l'Église, entre ainsi dans la liturgie. Le symbolisme des Cinq Plaies, honorées dès les premiers âges du christianisme, a persisté dans le rite de la consécration des autels, dans les cinq signes de croix qui accompagnent à la messe la prière Unde et memores, dans les cinq grains d'encens placés en croix dans le cierge pascal, etc. La dévotion aux Cinq Plaies ne nous arrêtera cependant que dans ses incidences sur l'iconographie. Nous n'en referons pas l'historiqueGa naar voetnoot(20) et nous contenterons d'un seul complément: celui apporté par le Sermon des Cinq plaies, sermon en vers, extrait d'un manuscrit du xiiie siècle conservé à la Bibliothèque de Mons, et publié par Henri Ehrismann (Strasbourg, 1896). D'après lui, le poème serait lorrain; Gaston Paris le croit plutôt wallonGa naar voetnoot(21), et peut-être d'inspiration franciscaine. La stigmatisation de saint François joue évidemment un grand | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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rôle dans la diffusion d'un culte qui semble avoir connu ses plus beaux succès au xve et au xvie sièclesGa naar voetnoot(22). Comme à cette époque les livres liturgiques sont les plus nombreux, que, manuscrits ou ensuite imprimés, ils veulent une illustration, nous chercherons dans la liturgie la trace du culte des Cinq Plaies. L'Office des Cinq Plaies ne fut inséré au Bréviaire romain qu'au xviiie siècle, par le pape Benoît XIV, bien que quelques-uns de ses dévots assurent qu'il aurait été composé par saint Bonaventure. Ce qui est certain, c'est que dès le xive siècle la Messe des Cinq Plaies était célébrée, comme en font foi les missels d'ArlesGa naar voetnoot(23) et de CastresGa naar voetnoot(24), un missel des ChartreuxGa naar voetnoot(25), ou mieux le missel romain lui-mêmeGa naar voetnoot(26). L'incipit varie quelque peu: Missa; Missa devotissima; Missa Quinque Plagarum Christi; ou de Plagis Christi; ou Quinque Plagarum sanctissimi corporis D.n.I.C.Ga naar voetnoot(27). Au xve siècle, la diffusion de cette messe est extrêmement large, et il semble que la forme de vulneribus soit au moins aussi fréquente que la forme de plagis. Mais on trouve aussi l'annonce formulée en français: S'ensuit la messe des V Playes dans un missel de Cluny (seconde moitié du xve siècle)Ga naar voetnoot(28). On relève cette jolie formule: Missa aurea, dans un missel franciscain de la seconde moitié du siècleGa naar voetnoot(29). Quant à l'origine de cette messe, les incipit qui prétendent l'indiquer n'éclaircissent guère la question. Un missel romain du xive siècle, conservé à la Bibliothèque de VesoulGa naar voetnoot(30) porte au fol. 209 vo: In nomine D.n.I.C. crucifixi. Incipit officium misse Quinque | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Plagarum... quod composuit Iohannes papa XXII. Un bréviaire de Paris de la seconde moitié du xve siècle renferme une Missa V Plagarum per sanctum Iohannem evangelistam compositaGa naar voetnoot(31). Un missel du xve siècleGa naar voetnoot(32) explique: Missa... facta a sancto Iohanne evangelista omni feria sexta dicenda, cui papa Iohannes duodecimus concessit tam dicentibus quam audientibus ducentos dies indulgencie pro qualibet vice. Sur quoi un missel de Bordeaux contemporain renchérit: Incipit missa... edicta et completa ex dictis et doctrinis b. Iohannis evangeliste, diebus Veneris dicenda, approbata et confirmata per Iohannem papam duodecimumGa naar voetnoot(33). Saint Jean... Jean XII... Jean XXII...? Si saint Bonaventure composa l'office, c'est peut-être celui que renferme le bréviaire franciscain de la fin du xve siècle conservé à LyonGa naar voetnoot(34). L'office des Cinq Plaies se rencontre également dans un missel d'Utrecht à l'usage de Leyde, de la même époqueGa naar voetnoot(35). Les livres d'Heures font place aussi à cette dévotion. Ce sont les Heures de Paris, ou Heures de Néville (1re moité du xve siècle) où l'on trouve au fol. 133: Les V Plaies Nostre Seigneur; Les Sept requestesGa naar voetnoot(36); les Heures de Rouen (2me moitié du xve siècle) dont les fol. 130 vo - 132 renferment: Les V plaies Nostre Signeur [sic] Ihesus: Doulx Dieu, doulx Pere... Les Sept requestes à Nostre SeigneurGa naar voetnoot(37); les Heures de Paris (xve siècle) qui n'énumèrent que cinq requêtes au fol. 112 vo: Les V Playes Nostre Seigneur. Quiconques veult estre bien conseilles.Ga naar voetnoot(38) L'extrême diffusion de l'office et surtout de la messe des Cinq Plaies atteste l'universalité de cette dévotion. On le verra plus clairement en consultant le tableau publié ci-après. Mais notre fer de reliure, comme les xylographes qui l'ont inspiré, présente aussi les signes d'un autre culte, celui des instruments de la Passion. Dans la liturgie, nous ne pouvons faire état des offices, des | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Ce tableau a été dressé à l'aide des ouvrages suivants: Ulysse Chevalier: Repertorium hymnologicum, Louvain, 1892-1920, in-8o. Abbé Victor Leroquais: Les Sacramentaires et les Missels manuscrits des bibliothèques publiques de France, Paris, 1924, in-fol. idem Les Livres d'Heures manuscrits de la Bibliothèque nationale, Paris, 1927, in-fol. idem Les Bréviaires manuscrits des bibliothèques publiques de France, Paris, 1932-1934, gr. in-4o. et des notes inédites de M. l'abbé G.-M. Beyssac, archiviste honoraire du diocèse de Paris, qui nous a largement prêté sa bienveillante collaboration. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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hymnes, des messes de la Croix ou de la Passion. Ce champ trop vaste ne nous conduirait nulle part. Nous retiendrons seulement le culte de la Lance et du Clou qui a laissé des témoins nombreux et nettement localisés. Sans parler du Vexilla regis, qui pourtant lui fait place, ni de ses multiples paraphrases, il nous reste une liste imposante d'hymnes en usage dès le xve siècle, à Prague, à Passau, à Salzbourg, à Strasbourg, à Metz, à Trèves, même à Liége et à Utrecht, et provenant du bréviaire pour la plupart. On connaît aussi des antiennes, des répons, des proses, toutes traces d'un office et d'une messe. L'office est conservé dans un missel d'Utrecht à l'usage de LeydeGa naar voetnoot(39) qui annonce au fol. 305: Officium de Lancea Domini cuius festum servatur in dyocesi Coloniensi feria sexta post octavas Pasche. La messe est insérée au fol. 123 d'un missel de Cologne à l'usage de Neuss (xve siècle): De Lancea Domini;Ga naar voetnoot(40) une Missa de Lancea et Clavis se trouve également dans un missel de Thierenbach (xve siècle)Ga naar voetnoot(41), un missel de MetzGa naar voetnoot(42) avant 1458, un missel à l'usage d'Issenheim de 1516Ga naar voetnoot(43). On la trouve aussi dans un missel franciscain de la seconde moitié du xve siècleGa naar voetnoot(44). Celui-ci mis à part, les diocèses que nous venons de nommer forment un tout assez cohérent. Le tableau ci-joint montrera que l'Allemagne, surtout l'Allemagne du sud et de l'ouest, a été une terre d'élection du culte de la sainte Lance.
Notre tableau appelle deux remarques. Paris n'y figure qu'à peine, et assez tard, pour une messe des Cinq Plaies. Cependant les reliques de la Sainte-Chapelle, les ‘grandes reliques’, y sont honorées depuis 1238. Mais l'importance même de ces reliques exigeait un office strictement propre, son adoption ailleurs eût été un nonsens. De plus, parmi les grandes reliques, la Couronne d'épines a pris une place prépondérante, et l'office de la Susception, à Sens | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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comme à Paris, s'adresse à elle. Paris possédait aussi des clous de la crucifixion. On sait que pour la plupart de ces reliques, dont le nombre atteint au moins trente-deux, il s'agit de fragments enchassés dans un clou ordinaire. A l'époque que nous avons considérée, il y avait un clou à Saint-Denys. Plus tard il y en eut un à Saint-Germain-des-Prés et un chez les Carmélites de la rue Saint-Jacques. Les deux premiers passèrent ensuite à Notre-DameGa naar voetnoot(45). Le clou vénéré à Saint-Denys pendant tout le moyen âge proviendrait de Charlemagne; celui-ci l'aurait reçu de l'empereur Constantin V, et son fils Charles le Chauve l'aurait transféré d'Aix-la-Chapelle à Saint-DenysGa naar voetnoot(46). Secondement, nous n'avons pas intégré les ordres religieux parmi les populations de tradition allemande, à l'exception des Chevaliers Teutoniques et des Ermites de Saint-Paul. Mais il ne faut pas oublier qu'à l'époque qui nous occupe plusieurs d'entre eux étaient particulièrement répandus en Allemagne: ainsi les Chartreux, les Cisterciens et les Dominicains.
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Faut-il s'étonner maintenant de la localisation presque exclusive en terre d'Empire du culte de la sainte Lance? Ce serait ne pas savoir que, parmi les saintes lances ou fragments de saintes lances qui tous se veulent authentiquesGa naar voetnoot(47), la lance de Nuremberg, la lancea sacra, faisait partie des insignes impériaux. D'aucuns prétendent qu'elle serait la lance de Constantin dans laquelle on aurait enfermé l'un des clous de la crucifixion. La relique aurait été cédée, de force plutôt que de gré, par Rodolphe de Bourgogne à l'empereur Henri I, en 929, à moins qu'elle n'ait été léguée, en 918, à Henri de Saxe par le roi Conrad. D'autres voient dans la | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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lancea sacra la lance de saint Maurice, ou la lance de Charlemagne qui serait celle même avec laquelle le soldat perça le côté du Sauveur. Toujours est-il que cette lance fut vénérée à l'égal des plus authentiques reliques. L'empereur Charles IV la reçut à Nuremberg, en 1350, avec les insignes impériaux. Il la transféra ensuite à Prague. Comme elle faisait l'objet d'un culte très développé, il désira que ce culte fût consacré par l'Église. Le 13 février 1353, le pape Innocent VI décréta d'Avignon que ‘chaque année, le vendredi après l'octave de Pâques, une fête propre serait célébrée, avec son office, en l'honneur de la Lance et des Clous, et sous ce vocable, en Allemagne et en Bohème’. L'office était enrichi d'indulgences. Les reliques du Saint-Empire furent ramenées à Nuremberg par Sigismond en 1424. Martin V confirma alors la fête et l'office de Armis Christi. Les reliques furent placées dans l'église du nouvel hôpital du Saint-Esprit, où elles furent vénérées. La dernière solennité spéciale fut célébrée en 1524. L'histoire et la liturgie nous ramènent aux lieux d'origine de nos xylographes. Leur présence simultanée s'éclaire ainsi tout naturellement. Nous pourrions renforcer notre thèse en rappelant que la Couronne de fer de Monza, qui servit à l'époque qui nous occupe au couronnement de Charles IV et de Sigismond, renferme un des clous de la Passion. Rien de plus normal, dans ces conditions, que le Saint-Empire ait témoigné un culte particulier aux instruments de la Passion, qu'il ait aimé les représenter dans son imagerie populaire. Il est cependant une autre lance qui nous donnera peut-être la possibilité d'établir le lien entre les xylographes et le fer polonais qui a retenu notre attention dès l'abord: c'est la Lance de Cracovie. Nous ne pouvons mieux faire que ce reproduire après F. de MélyGa naar voetnoot(48) un extrait de Przezdziecki: ‘Fer de lance conservé au trésor de la cathédrale de Cracovie depuis huit siècles. La tradition veut que ce soit la lance de saint Maurice, donnée à Boleslas le Vaillant, alors duc et depuis roi de Pologne, par Othon III, lors du pélerinage que fit cet empereur au tombeau de saint Adalbert, à Gnèze en Pologne, l'an 1000 de l'ère chrétienne. C'était le signe de l'autorité et c'est ainsi que | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Charles Martel (?) vainquit les Sarrazins à Poitiers (731) avec la lance de saint Maurice... Il est probable que Othon III fit faire cette lance à l'instar de la sainte Lance impériale pour la donner à son puissant allié Boleslas de Pologne, comme il le fit pour saint Étienne de Hongrie, si nous en croyons le témoignage d'Adémar.’ Le royaume de Pologne vit sans doute, lui aussi, dans sa sainte Lance, une véritable relique de la Passion. De là au culte des Instruments, il n'y avait qu'un pas. Ce culte est d'ailleurs attesté par le propriétaire même de notre reliure, le roi Jean-Casimir, A son départ de Pologne, il emportait avec lui nombre d'objets précieux dont il enrichit le trésor de Saint-Germain-des-Prés: ses insignes royaux, les deux couronnes de roi de Pologne et de grand-duc de Lithuanie, en vermeil doré, un globe surmonté d'une croix et deux sceptres du même métalGa naar voetnoot(49), et un tableau de la Vierge peint sur une lame d'argent attachée sur une plaque de bois, et exécuté à SmolenskGa naar voetnoot(50). Il apportait aussi des reliques: une importante portion de la vraie Croix, provenant du trésor de la couronneGa naar voetnoot(51); la pointe d'un des saints Clous enchâssée dans du vermeilGa naar voetnoot(52); un doigt de S. Casimir, roi de PologneGa naar voetnoot(53); des ossements de S. Stanislas et de S. Florian, dans un petit reliquaire au dos duquel était gravée cette inscription: ANDREAS LIPSKI EPISCOPUS CRACOVIENSISGa naar voetnoot(54). Il donna toutes ces reliques à la princesse Palatine, sa belle-soeur, qui les légua ensuite à Saint-Germain-des-PrésGa naar voetnoot(55). Parmi elles, la portion de la vraie Croix mériterait une mention particulière: elle est une des plus considérables, si ce n'est la plus considérable que l'on connaisseGa naar voetnoot(56). Le reliquaire d'or et de pierre- | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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ries dans lequel l'apporta le roi Casimir portait une inscription au nom de Manuel Comnène: on pense que l'empereur de Constantinople aurait donné la relique à un prince polonaisGa naar voetnoot(57). Enfin il ne faut pas oublier ‘le miracle évident’ dont le souvenir s'attache à cette croix. C'est elle que la princesse Palatine atteste ‘avoir vu de ses yeux... jettée dans le feu, y rester du temps sans en recevoir aucun dommage’. La duchesse de Brunswick, sa fille, assura que ‘ce prodige était arrivé en présence de plusieurs princes et princesses et de quelques personnes de qualité’Ga naar voetnoot(58). Mais c'est au Clou que nous nous arrêterons encore un instant, puisqu'il nous ramène plus directement à notre sujet. Il appartenait au trésor de la couronne de Pologne, et à ce titre le roi Michel le redemanda à la Palatine après la mort de Casimir. Il offrait en échange des avantages matériels importants: la princesse, alors convertie, leur préféra la reliqueGa naar voetnoot(59). Du prix qu'y attachaient leurs souverains, on peut inférer la vénération des Polonais envers les instruments de la Passion et leurs reliques: la lance, la croix, le clou étaient les plus beaux joyaux de la couronne. Rien d'étonnant de les retrouver sur une reliure du roi, à plus forte raison du roi Casimir. Celle qui nous occupe lui appartint certainement. Que devint, à la mort de Jean-Casimir, cet exemplaire des OEuvres de sainte Thérèse? Peut-être le testament du roi le révèlerait-il. Ce que nous pouvons dire, c'est qu'il ne fut pas intégré dans le fonds de la bibliothèque de Saint-Germain-des-Prés, car il ne porte aucun ex-libris de l'abbaye. Ses pages sont si vierges de toute marque de possesseur que nous ne pouvons savoir en quelles mains il passa de 1672 à son entrée dans nos collections pour y recevoir l'estampille tardive de la Bibliothèque impérialeGa naar voetnoot(60). Janvier 1948. |
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