De Gulden Passer. Jaargang 14
(1936)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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Le cas Brito
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puis vient Strasbourg où la première impression de Wentelin n'est pas postérieure à 1461; Bamberg où Pfister date un livre de 1461; Subiaco, près de Rome, où deux Allemands, Panhartz et Sweynheim, impriment en 1465; Cologne, où le premier livre daté d'Ullrich Zell est de 1466; Eltweyl, près de Mayence, où Henri Bechtermuncze, parent de Gutenberg, imprime en 1467; Augsbourg, Bâle en 1468; Venise en 1469; Nuremberg en 1470. A partir de cette date les ateliers typographiques poussent comme des champignons. Le premier atelier belge datable est celui d'Alost; les deux typographes qui s'y installent en 1473, un Alostois, Thierry Martens et un Westphalien, viennent de.... Venise. Bruges n'en est que le point de départ vers l'Angleterre. L'Anglais Caxton y imprime avant de se fixer à Westminster en 1477.’ De cela il faudrait logiquement conclure que, aussi longtemps que l'on ne pourra produire des preuves matérielles, faisant foi d'une date antérieure à celle de 1457, il faudra se résigner à ne pas revendiquer la gloire de l'invention de la typographie pour Jean Brito et à mettre une sourdine à son enthousiasme. Mais il me semble que ceux qui affirment que nous nous trouvons ici devant de la typographie ne se trompent pas. Je reviendrai sur ce sujet dans un second article. Au fond, sur quoi sont fondées les théories de Gilliodts et de Rommel? Rien que sur des suppositions. On suppose que le Doctrinal que Jean-le-Robert, Abbé de St. Aubert à Cambrai, a fait acheter à Bruges en 1445, est imprimé métallographiquement ou typographiquement, parce que l'on suppose que les termes ‘getté en molle’, employés par lui pour le désigner, se rapportent à ces modes d'impression. On suppose que Brito a imprimé ce ‘Doctrinal’ parce que, à Paris, à la Bibliothèque Nationale, on conserve un soi-disant ‘Doctrinal’ imprimé par Brito et dont M. Bossaerts, le prédécesseur de Gilliodts, a retrouvé des fragments aux archives de la ville de Bruges. On ne possède pas le Doctrinal de Jean-le-Robert et le Doctrinal de Brito ne porte pas de date. Il s'agit donc de prouver que Brito a imprimé son Doctrinal avant 1445, date à laquelle l'Abbé Jean-le-Robert a fait acheter le sien à Bruges. Avec un enthousiasme digne du plus grand éloge, les défenseurs de Brito ont déployé une grande adresse à essayer de combler cette | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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lacune de trente-deux années, entre l'année 1445 et l'année de la parution d'une des éditions de Brito, la Deffense, que l'on peut situer à une date assez précise, puisque l'impression n'en pourrait être antérieure à l'année 1477, cette date étant contrôlée par les faits historiques y relatés. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
1445-1477Après les livres de Gilliodts et de Rommel, il a paru en 1907, une oeuvre qui est du plus grand intérêt dans la question qui nous occupe, notamment le Dictionnaire des filigranes de Briquet. Quand on a parcouru les quatre grands volumes, contenant plus de 16.000 filigranes, triés dans les 40.000 décalques pris sur les documents les plus divers, dans les archives de toute l'Europe, on comprend, après une lecture attentive, que le filigrane constitue le véritable ‘acte de naissance’ d'un papier. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Les FiligranesIl se trouve aux archives de la ville de Bruges, six enveloppes, contenant les fragments suivants:
Ces derniers fragments ayant été découverts par le Conservateur actuel, M. Parmentier, nous avons là une preuve que l'ère des découvertes n'est pas encore clôturée. En examinant tous les fragments d'épreuves susmentionnés, on peut en reconstituer les filigranes. Le Harau Martin porte comme filigrane un chien rampant portant un fleuron sur le dos; les pontuseaux ont un écartement de 31 à 33 m/m et la vergeure est de 10 lignes pour 9 à 9 1/2 m/m. Les feuilles portent sur le bord deux pontuseaux placés à plus courte distance, 19 m/m environ (tranche-fil). Le papier des trois fragments d'épreuves du Doctrinal présente des caractéristiques identiques à celui du Harau Martin, mais ne contient que la partie postérieure du chien, avec la moitié du fleuron. Ayant pris des décalques de deux variétés de ce filigrane sur les | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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épreuves du Harau Martin, ainsi que de celui du Doctrinal, je les fis parvenir tous les trois à M. le Conservateur de la Bibliothèque Nationale à Paris, avec prière de bien vouloir m'informer lequel des trois était celui du Doctrinal de Brito qui y est conservé. Je reçus la réponse suivante: ‘Je suis très embarrassé pour répondre avec précision à votre question, car dans le précieux volume sorti des presses de Jean Brito (Rés. D. 7780), les filigranes sont placés à la couture des cahiers, donc peu visibles, et il n'y a pas de pages blanches permettant de les calquer avec exactitude. Autant qu'il m'est permis d'en juger, les filigranes, dans les deux premiers cahiers, sont conformes à votre croquis no 2. Dans les deux derniers cahiers au contraire, il y a des différences provenant de la disposition des pontuseaux. Dans le troisième cahier, on trouve la disposition suivante (ici suit un croquis montrant le chien rampant entre deux pontuseaux, touchant le pontuseau supérieur de la tête et l'inférieur des pattes). Dans le quatrième cahier (ici suit un croquis, montrant le chien rampant, dont la tête est éloignée d'environ un centimètre du pontuseau supérieur et dont les pattes dépassent d'environ un centimètre le pontuseau inférieur).’ Le contenu de cette lettre me démontrait l'inexactitude de ce qu' avait avancé le savant W. Blades, qui avait affirmé que le filigrane du Doctrinal de Brito était le même que celui d'un cahier de 1371, se trouvant dans les archives de la ville de Bruges. Or le chien auquel W. Blades faisait allusion était sautant et non rampant, deux fois aussi grand que celui du Doctrinal, appliqué sur des pontuseaux verticaux d'un écartement très irrégulier, dont les distances variaient entre 23, 26, 35 et 40 m/m et â vergeure de 10 lignes pour 23 m/m. Cette lettre démontrait également que le filigrane à chien rampant, dont j'avais trouvé trois variétés dans les documents brugeois, était le même dans l'incunable parisien.
Les variétés pouvaient se classer comme suit:
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Nous trouvons donc quatre variétés du même chien, dont le type reste le même, mais dont la position par rapport aux pontuseaux, varie dans les proportions suivantes: 0 m/m, 3 m/m, 15 m/m et 20 m/m. La variété, désignée sur mes décalques par le Conservateur de la Bibliothèque Nationale de Paris, comme étant la même que celle des deux premiers cahiers de l'incunable et dont la position est telle que le dos forme une même ligne avec le pontuseau supérieur, est également la même que celle d'une épreuve du Harau Martin. Nous pouvons donc conclure:
Pourquoi pouvons-nous conclure que les quatre variétés du filigrane au chien rampant sont de la même époque? Tout d'abord parce que dans les quatre variétés, le chien porte sur le dos un même fleuron à quatre feuilles. Dans le dictionnaire de Briquet où les filigranes représentant un même sujet sont placés par ordre chronologique, c'est-à-dire d'après la date mentionnée sur le document qui en est pourvu, nous voyons que les dessins des filigranes vont se compliquant avec les années, qu'ils deviennent de plus en plus réguliers et naturels et sont pourvus de plus en plus de détails. C'est ainsi que l'on peut constater que le filigrane à chien rampant avec fleuron apparaît après le chien sans fleuron. Cela peut se constater non seulement pour les chiens, mais pour tous les filigranes, tels les clefs et les mains, pour ne citer que deux exemples. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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En second lieu, parce que la position du chien par rapport aux mêmes pontuseaux d'un écartement de 31 à 33 m/m et sur une vergeure identique de 10 lignes pour 9 à 9 1/2 m/m, dépend simplement de l'application plus ou moins méticuleuse du filigrane lors de son cousage sur la vergeure. Or, comme un ouvrier employait deux formes, on remarque toujours dans des cahiers manuscrits, une suite continue de deux variétés du même filigrane et si on multiplie ce nombre par le nombre d'ouvriers travaillant à la fabrication du même papier, on en arrive à une multitude de variétés. La durée d'une paire de formes étant de deux ans environ, on peut se faire aisément une idée de la multitude de variétés du même sujet que l'on retrouve dans une période d'une dizaine d'années. C'est d'ailleurs cette constatation qui a amené Briquet à éliminer de ses 40.000 décalques une telle quantité de variétés, que son dictionnaire ne contient plus que 16.112 dessins de filigranes. A quelle période se rapportent maintenant les quatres variétés de chien rampant à fleuron? Briquet donne trois chiens de ce genre sous les numéros 3623, 3624 et 3625:
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Nous pouvons donc situer l'emploi de ce papier entre 1467 et 1489. On nous objectera peut-être que ce cas pourrait bien être un cas isolé. Mais que constatons-nous par exemple pour la Deffense de Brito? En se basant sur les données historiques, on est convenu de situer cette oeuvre de Brito vers 1477. Or le papier de la Deffense porte comme filigrane les initiales IHS qui correspondent au No 9468 du dictionnaire de Briquet, qui donne pour l'emploi de ce papier les dates suivantes:
donc entre 1473 et 1486, ce qui correspond à la période dans laquelle tombe l'année 1477. Ce qui est très curieux à constater, c'est que le Quadrilogue de Collard Mansion, daté également de l'année 1477, est imprimé sur le même papier jésus. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Pour toutes les éditions de Collard Mansion, les dates données par Briquet pour l'emploi du papier à même filigrane, correspondent à la période dans laquelle tombe l'année de leur parution. Ce n'est donc nullement conclure à la légère, quand on dit que le filigrane du papier constitue son véritable ‘acte de naissance’ et aussi longtemps que l'on n'aura pas apporté de preuves matérielles du contraire, on pourra dire que le Doctrinal de Jean Brito ne peut être antérieur à l'année 1467. Or, comme le Doctrinal et le Harau Martin sont imprimés sur papier au même filigrane, il faut nécessairement en conclure qu'ils sont de la même époque. Le point d'appui s'élargit donc et un fait nouveau, une découverte se rapportant à la traduction française du livre de Van Maerlant, au manuscrit original de cette traduction, à l'impression ou à la diffusion du Harau Martin, nous rapprochera encore plus de la vérité et nous permettra de situer plus ou moins exactement l'année de sa parution. Dans tous les cas, de l'année 1445, où l'Abbé Jean-le-Robert acheta à Bruges son Doctrinal ‘getté en molle’, à la première année possible de la période qui commence avec l'année 1467, il y a de la marge. Pour finir, quelques considérations concernant ce que l'on pourrait appeler le trio de prototypographes: Brito, Caxton, Mansion. Pour mieux comprendre, reprenons les dates principales de la vie de Caxton. De 1463 à 1469
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date à laquelle il s'établit à Westminster. Pendant une partie de la période de 1470 à 1475, on perd également la trace de Mansion. En effet, dans le registre de la confrérie des libraires, conservé aux archives de l'état à Bruges, on voit dans le compte annuel du mois de mai de l'année 1474 au mois de mai de l'année 1475, que ce n'est pas lui qui paie personnellement sa cotisation pour l'année 1473 et il n'est pas question de lui dans les comptes de l'année 1475-1476 pour la cotisation de l'année 1474. Caxton lui-même a dit en 1470 que Mansion l'avait aidé de ses conseils. A ce moment Caxton traduisait le Recueil. Ils se connaissaient donc déjà avant 1470. Caxton, en sa qualité de représentant de Sa Majesté le Roi d'Angleterre, a dû voir s'ouvrir devant lui beaucoup de portes qui seraient restées closes devant des gens moins influents que lui. A Cologne il apprend à connaître le nouvel art, se concerte avec Mansion, le fait embaucher dans une imprimerie à Cologne et, une fois au courant de la nouvelle invention, ils revienent tous les deux à Bruges, s'associent, et, impriment avec les mêmes caractères. Il est vrai, et je le reconnais volontiers, que la présence de Mansion à Cologne n'est nullement prouvée et qu'il s'agit ici d'une hypothèse dont je ne possède aucune preuve. Pour le reste, les coïncidences, les dates et les faits établis nous orientent vers des recherches à Cologne même, pour la période pendant laquelle Caxton y a séjourné, afin d'essayer d'y trouver le ‘missing link’ dans la vie de Mansion. Dès son retour à Bruges, d'après Blades, Caxton fait paraître le ‘Recuyell of the Histories of Troye’, le premier livre au monde imprimé en langue anglaise: Le savant W. Blades pense que le ‘Recueil’ français; ‘The Game and Play of Chess Moralised’; ‘Les Fais et Prouesses du Noble et Vaillant Chevalier Jason’; ‘Les Meditations sur les Sept Pseaulmes Pénitentiaulx’ et ‘Les Quatre Derrenières Choses Advenues’ furent imprimés à Bruges en association avec Mansion, car ils sont composés avec les mêmes caractères employés par celui-ci. Il reste acquis que Mansion et Caxton se connaissaient avant le départ de ce dernier pour Cologne; que pendant son séjour dans | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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cette ville qui se trouve dans le rayon de diffusion dont parle M.A. Vincent, Mansion disparaît de Bruges et que, dès leur retour vers la même époque, ils impriment chacun un livre sur le même papier et avec les mêmes caractères. On doit en convenir qu'il y a de quoi s'étonner de cette absence de Mansion. Je n'ai pu jusqu'ici pousser mes investigations plus loin que le ‘Recuyell’ anglais, mais il est surprenant de constater que le filigrane de ce livre d'après les dires de W. Blades, serait le même que celui de la première édition de Mansion, ‘Le Jardin de la Dévotion’, dont Mansion dit que c'est le premier livre qu'il a imprimé et qui, étant antérieur au ‘Boccace’ de 1476, aurait pu être imprimé en 1475. Ce filigrane représente un écusson à trois fleurs de lis, surmonté d'une couronne. On ne connaît d'autres incunables imprimés avec la grosse bâtarde de Mansion que ceux de Mansion même et ceux que Caxton a imprimés durant sa période précédant l'année 1477, date à laquelle il fut appelé à Westminster, car à partir de ce moment il adopta un type nouveau. Caxton et Mansion pourraient bien être les tout premiers typographes brugeois et ma thèse, basée sur des dates et des faits connus, tout en restant une hypothèse, me semble plus vraisemblable que celle qui tend à combler la période avant 1475 avec des éditions inconnues et hypothétiques. Reste Brito. Reprenons le colophon de son Doctrinal, dans la traduction que l'on en donne d'ordinaire. Voyez quelle beauté dans l'écriture présente. Comparez le travail au travail, l'ecriture à l'écriture. Voyez avec quelle pureté, quelle perfection, quelle beauté le citoyen brugeois Jean Brito l'a imprimé, inventant ainsi un art admirable, personne ne lui montrant, avec des instruments non moins dignés d'éloges. Ce texte latin dont on est convenu de traduire le mot inveniens par inventant, alors que invenire signifie aussi bien trouver, m'a toujours semblé quelque peu énigmatique et on peut se demander si l'on ne se trouve pas ici devant un cas psychologique, dont le moyen âge, dans ce que l'on pourrait appeler sa naïveté, nous a donné beaucoup d'exemples. Brito n'est d'ailleurs pas le seul à avoir revendiqué l'invention de la typographie. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Dans le cas où Caxton et Mansion auraient été les premiers typographes travaillant à Bruges, on comprendra le mystère dont ils auront entouré tous leurs agissements et le soin jaloux qu'ils auront mis à conserver leur secret le plus longtemps possible. On peut se demander si, à la lueur de tout ce qui précède, ce texte ne pourrait pas être interprêté comme suit: Voyez quelle beauté dans l'écriture présente. Comparez mon travail au travail (de qui?) de Mansion, l'écriture (les caractères) à l'écriture (les caractères) (de qui?) de Mansion. Voyez avec quelle pureté, quelle perfection, quelle beauté (pourquoi insister tellement), le citoyen brugeois, Jean Brito, l'a imprimé (dépassant en beauté, en perfection, en pureté l'impression lourde de cet étranger, qui n'est pas citoyen brugeois, l'Anglais Caxton, qui est l'associé de Mansion) trouvant ainsi la manière admirable d'imprimer, personne ne le lui montrant, bien qu'il en ait découvert le secret, avec des instruments de sa propre fabrication, mais qui n'en sont pas moins dignes d'éloges. Dans ce cas ce serait Brito réinventant la typographie sur les indications d'un tiers à moins que ces ‘instruments non moins dignes d'éloges’ ne soient tout simplement une presse à imprimer avec ses accessoires. Le fragment du Disticha Catonis de Brito porte comme filigrane deux clefs réunies en haut par l'enchevêtrement des anneaux et en bas par un trait auquel pend une croisette. Briquet, sous les numéros 3820 et 3823, donne comme dates extrêmes 1462 et 1477. Alors que le papier à filigrane à chien rampant du Doctrinal, est employé pour la première fois en 1467, celui au filigrane à clefs apparaît pour la première fois en 1462, ce qui les situe tous les deux environ dans la même période de fabrication, de vente et d'emploi. Nous tournons donc toujours en cercle dans cette même période, aussi bien pour le Doctrinal, le Harau Martin et la Deffense, que pour le Disticha Catonis. Impossible de trouver une date antérieure à l'année 1462 pour l'emploi d'un des papiers employés pour une des éditions de Brito. Quant à la ‘Payse des Brugeois’, aussi longtemps que ces pages ne seront pas retrouvées, il faudra renoncer à les situer et même à accepter qu'elles soient de Brito. Le champ reste libre aux investigations. Le dernier mot n'est | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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pas encore dit dans la question Brito-Mansion-Caxton et on se demande si, dans le but de faire toute la lumière possible dans une question intéressant à un très haut degré la connaissance de la première période de l'invention de la typographie, il ne vaudrait pas mieux, au lieu de se chamailler, de constituer, ce que nous pourrions appeler la ‘Brito-Vereeniging’Ga naar voetnoot1) qui aurait pour but d'étudier la question à fond. Mais pour en arriver là il faut l'aide de tous.
A. MAENE. Goudenboomstraat, 98 Brugge. |
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