De Gulden Passer. Jaargang 14
(1936)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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Antverpia typographica
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Le verso du titre porte les armes de Charles V et sa devise, à gauche Plvs, à droite Ovtre. En dessous: Cum Gratia & Priuilegio. In 4o, 4 ff., 34 lignes. LA HAYE, BIBL. ROYALE; UTRECHT, B. UNIVERSITAIRE. Cfr Knuttel, 21; Nijhoff-Kronenberg, no 6. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
2. - Requêtes de Guillaume Van Parys.A. Pour imprimer les almanachs de Jean Martinis et de Chrétien Vander Voorde (1570).Aen den Coninck, Ces almanachs ne sont cités nulle part. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
B. Pour la succession de Michel Van Hamont, imprimeur juré des placards (1585).Au Roy, Cette demande ne fut pas agréée; à M. Van Hamont, succéda comme imprimeur des édits officiels le Bruxellois Rutger Velpius.Ga naar voetnoot1) | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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3. - Requête de privilège de Jean Bellère pour l'impression de l'enchiridion piarum precationum de Simon Verepaeus (1588)Ga naar voetnoot1).Remonstre en toute Révérence et humilité Jean Bellerus imprimeur et libraire juré de la ville d'Anevres qu'il a esté durant ces premiers et derniers troubles grevement oppressé et endommagé tant en sa propre personne et biens, par les gens du Prince d'Orenge, comme naguieres en la personne du son fils Lucas BellerusGa naar voetnoot2), qui fut l'an passé en allant a Francfort saisy et retenu prisonnier des brigans armés, vrybuters entre Brusselles et Wavere et mené a Bergues dont le sudt suppliant son père a eu des frais et dépense insupportables pour fournir a sa ransson et délivrance. Et combien que la présente saison soit tresmal propre pour traffiquer et négocier, et néantmoins convienne au Suppliant faire quelque chose, pour aucunement se redresser et remettre sur les pieds, et qu'aucuns malveillans qui se disent imprimeurs ayent contrefait et imprimé aucunes de ses sortes, et livres, et, font bruit d'imprimer son Enchiridion piarum precationum per Magistrum Simonem Verepeum concinnatum, que le sudt. Suppliant a premierement imprimé en latin et puis apres lui mesme traduit en langue fransoise et thyoiseGa naar voetnoot3), et imprimé avec permission et approbation, dont le susdt. Suppliant seroit grandement endammagé sans avoir moyen d'aucunement se remettre au dessus. A cause du quoy le susdt. Suppliant requiert tres humblement Sa Majesté qu'il luy plaise donner congé et permission de pouvoir seul imprimer et vendre es pays du perdessa le susdt. Enchiridion piarum precationum M. Simonis Verepei, es langues latine fransoise et thyoise et ce pour l'espace de dix ans continuels prochainement venans, avec défense et interdiction que aucun autre imprimeur ou libraire, ou autre du quelque estat on condition qu'il soit ne les puisse contrefaire ou imprimer, soit qu'ils soyent augmentés, abbrégés, ou réduits en petits manuels ou Epitomes, sans le vouloir et consentement dudt. Suppliant en aucuns des susd. trois languages en quelque manière que ce soit, sur peine et amende du forfaire. Quoy faisant etc. Simon Verepaeus on Verrepaeus, célèbre humaniste du XVIe siècle, dont la Biographie Nationale et la Bibliotheca Belgica n'ont pas encore fait connaître l'activité, naquit à Dommelen, près d'Eindhoven (Brabant Septentrional), en 1522. Il étudia la philosophie à la pédagogie du Porc à Louvain, fut ordonné prêtre et | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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nommé directeur des religieuses Augustines du Mont-Thabor à Malines. En 1572, lors des troubles calvinistes, il se réfugia à Hilvarenbeeck, puis à Turnhout, enfin à Bois-le-Duc, où il devint recteur d'un collège très florissant. Verepaeus y contribua beaucoup à former la jeunesse à la piété et au culte des belles-lettres. Dans ce but, il composa une vingtaine d'écrits latins, notamment des grammaires et des livres de prières, qui tous connurent le succès. Son zèle lui mérita un canonicat à la cathédrale S.-Jean. Décédé en 1598, il fut inhumé en cet édifice. Son épitaphe, composée par François Haraeus, a été reproduite par ses anciens biographes. Cfr V. Andreas, Bibl. Belg., Lov. 1643, 814-815; Fr. Sweertius, Athenae Belg., Antv. 1628, 677-678; J.-F. Foppens, Bibl. Belg., 1103-1104; [Paquot], Mémoires, II, 62-70. L'Enchiridion, dont il est question dans la requête, fut composé par Verepaeus à la demande de Jean Bellère qui précédemment avait chargé d'un travail semblable un prêtre anversois, Cornelius Lindanus. Celui-ci en mourant laissa inachevée une immense et indigeste compilation de prières. Verepaeus y mit de l'ordre, élaguant par ci, ajoutant par là. (S. Verepaeus Christiano Lectori). Par la suite, il corrigea et amplifia également sa propre composition. L'ouvrage eut un grand nombre d'éditions et de traductions en flamand, français et espagnol; à peu près toutes sortent des presses anversoises et méritent donc d'être notées ici, au moins en bref:
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Le traducteur est Pierre Bellère I, frère de Jean, admis dans la gilde de S. Luc en 1574, beau-fils de l'imprimeur Jean Steels dont il occupa la maison à partir de 1576, mort en 1600. La Biogr. Nat. II, 135, art. de F. Nève l'a confondu avec son neveu, Pierre B. II, qui ne devint imprimeur qu'en 1613. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
4. - Requêtes de Jérome Verdussen.A. Pour l'obtention d'un privilège général pour l'Almanach de Jan Franco de 1602. en français.Aux Archiducqz, Cet ‘Almanach oft Journael door M. Jan Franco Medecyn ende Doctoor van de Princelycke Stadt van Brussel woonende op de | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Spieghel-brugghe achter Stadt-huys’, a été imprimé en 1588 par Joachim Trognesius; en 1593, 1596, 1599, 1601, 1610, 1611, 1613 et 1614 par Arnout s' Conincx. Ces éditions, sauf celles de 1588 et 1593 qui appartiennent à la Bibliothèque de l'Université de Gand, ont fait partie de la collection du Chevalier G. van Havre et furent vendues en 1905, sous le no 755 de son catalogue. Les premières ont été décrites par P. Bergmans, les autres par Emm. de Bom dans Tijdschrift voor Boek- en Bibliotheekwezen, I, 1903, pp. 185 et 191. A Bruges, Arch. Communales (Bureau de l'état civil), on trouve en outre une édition de Conincx de 1595 et une de Jan Vankeerberghen de 1598. Cfr A. Warzée, Recherches bibliographiques sur les Almanachs Belges. 1er suppl. Brux., 1852, no 1 et 4; G. Zech-Du Biez, Les Almanachs Belges [1902], nos 167 et 172. Nos deux éditions de Verdussen 1602 et 1604 (cfr infra) ne sont citées nulle part; par contre, on rencontre celles de Conincx jusqu'en 1617. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
B. Autre requête pour l'an 1604.Remonstre... comme il at obtenu au conseil de Brabant octroi et consentement pouravecq seclusion de tous aultres pouvoir imprimer tant en la langue flamande que franchoise, l'Almanach avecq sa prognostication de Mre Jehan Franco docteur en medecine pour l'an mil six cents et quattre. Et craindant que... aulcuns volussent faire le semblable (comme ceste annee ils ont faict a cause de quoy il est en proces audict conseil de Brabant contre un Arnoult sconincx)... | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
C. Pour renouvellement de privilège pour l'impression des ordonnances monétaires avec figures.Aen Henne Hoocheden, | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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silvere penninghen zoowel geevalueert, als ongevalueert met heure prysen, gewichte, ende weerde gelyck allen t' selve is blyckende byde voorz. opene brieven synde hiermede gaende. Ende alsoo hy suppliant selve successivelyck heeft doen maecken ende snyden de efigien ende waepenen van uwe Hoocheden gemunt t' sedert haerder compste binnen dese Landen van herwaertsovere omme d'occasie occurerende gedruckt ende vuytgegeven te worden inde evalutie boecken... D'après ce qui précède, Jérôme Verdussen avait déjà un privilège exclusif pour l'impression des ordonnances monétaires avec figures, du temps de Philippe II. Ce n'est donc pas en 1629 qu'il obtint un monopole en tant que maître de la monnaie, comme l'écrit L. GÉNARD. L'hôtel des monnaies d'Anvers. Brux., 1874. Ann. Acad. Anvers, t. XXX, 2e s., t. X. Sur ces ordonnances, cfr Placards monétaires des Archiducs Albert et Isabelle (1598-1621) et de Philippe II (1555-1598) par Marcel Hoc. Bibliotheca Belgica, fasc. 203-205 (1934), 209-210 (janv. 1936). Le privilège précédent y est plusieurs fois cité à partir de P 371, celui de Philippe II une seule fois et sans date dans la notice P 355, mais toujours sous forme de Sommaire du Privilege. Il est probable que le privilège accordé par Philippe II remontait à 1598. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
5. - Papier de couverture de l'atelier de Catlyn Hamers, veuve d'Isaac Verhoeven (1637-1678)Ga naar voetnoot1).On appelle papier de couverture, celui qui jadis servait au brochage des livres, ‘à la confection des boîtes et cartons destinés aux femmes pour les objets de toilette, aux cahiers d'école, aux cahiers de chansons... En fait, le papier destiné à couvrir, comme il y avait le papier destiné à l'impression et celui qui servait à l'écriture’Ga naar voetnoot2). Il n'est pas inutile de rappeler ici, que le livre broché ancien | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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n'avait pas de couverture avec titre typographique. D'où la nécessité, s'il n'était pas relié ou cartonné, de le couvrir avec du papier dit de couvertures, ‘couvertures sans prétentions et, cependant réjouissantes à l'oeil avec leurs dessins à grands ramages, avec leurs ornements primitifs, avec leurs damiers, avec leurs étoiles, imprimées en noir et coloriées comme des images au patron, en trois couleurs, rouge, jaune, vert; à moins, encore, qu'elles ne soient tirées tout entières en rouge ou en bleu’Ga naar voetnoot1). A lire cette description, spontanément revient à la mémoire la collection que le regretté E. van Heurck avait formée de ces feuilles pittoresques et qu'il exposa à la section de l'Art ancien flamand à l'Exposition d'Anvers de 1930Ga naar voetnoot2). Ces papiers étaient aux couleurs vives et criardes, glacés pour la plupart, offrant ainsi beaucoup de ressemblance avec les papiers marbrés actuels. Ils dataient du XVIIIe et du XIXe siècle. Très différent est l'aspect de notre couverture: elle est ce qu'on appelle un dominoGa naar voetnoot3); à première vue, elle apparaît toute noire en son champ formé de multiples fleurs de lis losangés. Cependant, si on l'examine du côté intérieur, qui a moins souffert ‘des ans l'irréparable outrage’, on voit tout de suite qu'elle a été coloriée comme des images au patron et on y distingue fort bien trois couleurs, le rouge, le jaune et le vertGa naar voetnoot4). Mais voici qui va nous intéresser davantage. Ce même côté intérieur a conservé, ce qui arrive | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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rarement, le bord du papier où est imprimée l'adresse de la fabriqueGa naar voetnoot1): | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
A Anuers, sur la Lombarde-veste, chez la vefue d'Isaac Verhoeuen, au so-[leil d'or].Grâce à l'enseigne du Soleil d'or universellement connue comme étant celle d'Abraham Verhoeven, nous sommes sûrs d'être en présence d'une personne qui lui est apparentée. Il s'agit de la veuve de son fils Isaac. Celui-ci né en 1607, fut admis en 1629-30, comme relieur, dans la Gilde de St-Luc. En 1632, le 27 avril, quinze jours après le décès de sa mère, il quittait le toit paternel pour contracter mariage avec Catlijn Hamers. Peu de temps après, Abraham Verhoeven, qui toute sa vie vécut dans le besoin, fut menacé par l'imprimeur Trognesius de saisie judiciaire en paiement de ses dettes. En vue de satisfaire son créancier, il manda chez lui le jeune ménage auquel il loua son atelier et son magasin. Lui-même occupa l'arrière-maison, tout en se mettant au service de son fils, moyennant six florins par semaine. Sur ces entrefaites, Isaac mourut vers la fin de 1636. Trognesius moins payé que jamais mit sa menace à exécution et fit vendre la maison occupée par Verhoeven et portant comme enseigne ‘De Gulden Handt’Ga naar voetnoot2). Le vieux Verhoeven, atteint de synarthrose, céda alors sa presse et son atelier avec tout le contenu à sa bru, qui s'installa dans l'ancienne maison de son beau-père ‘Het Huis Turnhout’, à laquelle celui-ci avait donné le nom de la maison de son parrain Henri Wauters ‘In de gulde Sonne’Ga naar voetnoot3). Le contrat de reprise fut signé par devant les échevins d'Anvers, le 26 mars 1637 et portait sur une somme de cinq cent nonante et un florinsGa naar voetnoot4). La veuve y continua la publication de la gazetteGa naar voetnoot5) qui avait fait la renommée des Verhoeven, ainsi que la fabrication de billets pour tirer le roi, | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Papier de couverture anversois (1637-1678), la bande supérieure en grandeur naturelle. (Collection L. Le Clercq).
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Coninx-brieven et de papier de couverture. Pour confectionner ce dernier elle avait à sa disposition, d'après l'inventaire: Blomvormen van alle differente soorten met hun patroonen daertoe, zijnde 36 stucken a 2 guldens 10 stuivers tstuck, comt tzaemen Abraham Verhoeven mourut le 13 octobre 1652 et la veuve d'Isaac en 1678Ga naar voetnoot1). Notre papier de couverture, qui est le seul connu d'une fabrique anversoise du XVIIe siècle, a donc été imprimé entre les années 1637 et 1678. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
6. - Un livre de prix de Joseph-Hyacinthe Moretus (1773).Joseph-Hyacinthe Moretus (1762-1810) fut un des derniers représentants de la firme plantinienne. A la mort de sa mère, Marie-Thérèse Borrekens épouse de François-Jean Moretus, survenue le 5 mai 1797, il dirigea l'architypographie avec ses trois frères Jacques, Louis et François. Après son décès et celui de ses frères, Louis ayant trépassé le dernier en l'année 1820, ce furent les deux fils de Joseph-Hyacinthe qui succédèrent tour à tour à leur oncle: l'aîné, Albert jusqu'en 1865; puis, pendant les deux dernières années d'existence de l'imprimerie, le cadet Edouard. En 1876, ce dernier vendit à la ville d'Anvers les bâtiments et toutes les richesses que les siècles y avaient accumulées. Joseph-Hyacinthe - celui qui nous occupe ici - fit ses classes latines chez lez Augustins d'Anvers. A l'âge de 11 ans il avait achevé les grands Rudiments, nous dirions aujourd'hui la 5e latine et y avait obtenu la septième place. Il entrait ensuite dans la classe inférieure de grammaire, c'est-à-dire en 4e latine. C'est ce que relate une note manuscrite collée au second feuillet de garde d'un volume qu'il reçut comme prix: Ex Majoribus Litterarum Rudimentis Ad infimam Classem Grammatices gradum facit: Septimus Praenob: ac ingenuus Adolescens Josephus Hyac: Moretus Antverpiensis. L'ouvrage a pour titre: Praxis rite administrandi Sacramenta Poenitentiae & Eucharistiae cum Instructione de Ritibus & Caeremoniis in Sacrificio Missae | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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servandis, & cavendis abusibus Authore Theologo Lovaniensi (Vignette: Colombe, symbolisant le S. Esprit, dans un cartouche). Leodii, Apud Joannem Franciscum Broncart Typographum, sub signo Typographiae novae. M.D.CC.X. Cum Approbatione. Louvain, Bibliothèque de l'Université. Comme on le voit, il s'agit ici d'un livre datant de 1710 et traitant de l'administration des sacrements. C'est un vieil ouvrage destiné au clergé, un invendu, que par économie on offre à un enfant de onze ans. D'où peut provenir une parcimonie si ridicule? Le motif s'en trouve dans la dédicace citée plus haut et signée de la main du professeur. Nous y apprenons que la distribution des prix à cette époque se faisait aux frais des Pères Augustins et n'était plus due à la munificence d'un grand seigneur ou du magistrat d'une ville, Liberalitate ou Ex munifica liberalitate Domini..., comme il se lit à la feuille de garde d'anciens livres de prix. Seigneurs et magistrats avaient évidemment en vue de soigner ainsi leur popularité, et pour en perpétuer le souvenir ne manquaient jamais d'orner de leurs armoiries la reliure des volumes. Ainsi se fait-il qu'aujourd'hui encore, on rencontre fréquemment des ouvrages classiques des XVIIe et XVIIIe siècles portant les armes de la noblesse ou des villesGa naar voetnoot1). L'usage dont ils témoignent se maintint d'ailleurs jusqu'en 1914: aussi longtemps que les livres furent offerts reliés, l'Etat pour les athénées, les villes pour leurs écoles y mirent régulièrement leurs armoiriesGa naar voetnoot2). | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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7. - L'origine de la devise ‘Pietas homini tutissima virtus’.Cette devise appartient doublement à l'histoire de la typographie anversoise. Pendant des siècles, elle a servi d'exergue aux marques de plusieurs imprimeurs de notre métropole et l'une de ces marques a été utilisée comme ex-libris par le célèbre bibliophile et libraire anversois Jean-Baptiste Verdussen. Marques et ex-libris ont été longuement décrits précédemmentGa naar voetnoot1); voyons ici l'origine de la devise. Elle est tirée du poème Aetna, où elle se lit en liaison avec le vers précédent de la façon suivante: o maxima rerum
Et merito pietas homini tutissima virtus!Ga naar voetnoot2).
L'Aetna fut longtemps attribué à Virgile mais sans qu'on y mît beaucoup de conviction. Au XVe siècle, des humanistes italiens, que suivit Scaliger, s'appuyant sur une lettre de Sénèque (Epist. LXXIX) admirent comme auteur Cornelius severusGa naar voetnoot3). Aujourd'hui, des arguments de critique interne ont réfuté cette opinion et l'ouvrage considéré comme étant incerti auctoris se place en appendice des oeuvres virgiliennesGa naar voetnoot3). On n'ignore pas que la paternité de la devise Pietas homini tutissima virtus fut anciennement l'objet d'une attribution erronée, et d'ailleurs beaucoup moins accréditée, dont l'origine remonte à Vincent de Beauvais (ca. 1190 - ca. 1264). Celui-ci avait trouvé la sentence dans un manuscrit du XIIIe siècle (actuellement Paris 17903), à la suite des Satires de Pétrone et il l'inséra dans son Speculum | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Historiale, XX, 25 en la prêtant à ce dernier écrivain. Par après, Jacques Le Grand (Jacobus Magni, XVe siècle) dans son Sophologium IIII, 10 la copia, en lui donnant le même auteur. Grâce à ces autorités, on considéra parfois, mais à tort, l'Aetna comme un ouvrage de PétroneGa naar voetnoot1). (A. suivre). L. Le Clercq. |
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