De Gulden Passer. Jaargang 13
(1935)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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Voyageurs toscans en Flandre, pendant le XVIIe siècle.(Robert Pucci - 1657)Robert Pucci, noble Florentin, visita l'Europe en 1657. Il parcourut l'Allemagne, la Hollande, la Flandre, l'Angleterre, la France et l'Espagne. Il écrivit de son voyage une relation qui n'est pas particulièrement intéressante, mais de laquelle nous extrayons ce qu'il écrit de la Flandre. De l'Allemagne il arriva à Anvers où il s'arrêta quelques jours. Là, grâce à un Florentin de la famille Ridolfi, qui l'accueillit avec beaucoup d'amabilité, il fit la connaissance de plusieurs commerçants italiens résidant à Anvers. Pucci eut une excellente impression de la ville qui, écrit-il, est ‘très belle par son port et par ses constructions et la plus importante de la Flandre. Il y a de très belles rues et des maisons grandioses bien soignées.’ Il rappelle celle des Osterlini qui ‘est maintenant comme un couvent, mais qui était la première des Pays-Bas, au temps de leur prospérité commerciale. Là logeaient les marchands allemands, hollandais et orientaux, qui au son de la cloche se réunissaient au dîner commun en payant tant par jour’.Ga naar voetnoot1) L'Eglise des Jésuites, dont il fait remarquer la beauté et la richesse, était, dit-il, le siège d'une congrégation religieuse appelée ‘Jésuiterie’; sans doute, une sorte de troisième ordre, dont les membres laissaient leurs biens à l'église. Il rappelle ensuite que, dans la Cathédrale, il existe un tableau peint par un maréchal-ferrant épris d'une jeune fille aimée également par un peintre. Celle-ci décida, pour trancher la question, de choisir celui des deux qui peindrait le plus beau tableau. La lutte semblait inégale, mais l'amour tenace de l'artisan sortit victorieux de l'épreuve; s'étant mis au travail, il fit en six mois, écrit Pucci, ‘cette oeuvre estimée la meilleure chose qu'on voit en Flandre’. | |
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L'écrivain vante ensuite l'importance de la forteresse d'Anvers, construite en forme de cône, comme celle de Milan. La ville est riche en fossés, glacis, terre-pleins. Il rappelle la résistance qu'elle opposa, autrefois, au marquis Spinola. Après avoir rappelé l'oeuvre admirable de Rubens et l'art de la tapisserie à cette époque, Pucci termine ses souvenirs d'Anvers en disant, que la ‘Bourse des marchands’ est la plus belle qu'on voit, mais elle est maintenant vide de marchands’. Il cite aussi les imprimeries encore nombreuses, ‘mais moins parfaites qu'autrefois’. D'Anvers il s'achemine vers Bruxelles; il fait ce voyage dans une barque commode et bien équipée et ce sans dépenser beaucoup d'argent. Le voyageur florentin est enthousiaste de la ville. Le séjour à Bruxelles, écrit-il, est charmant, grâce à la courtoisie des habitants, au nombre de nobles et au bon marché de la vie. Selon lui, la ville compte une population d'environ 150 mille habitants et est très importante par son commerce; mais il s'étonne de voir de nombreuses femmes s'adonner au commerce. Dans les boutiques, écrit-il, vous verrez continuellement des femmes tenir les comptes et diriger les affaires. Il constate une très grande honnêteté commerciale, ce qui facilite les opérations, Quant aux moeurs, il signale que les filles publiques ne sont pas tolérées et qu'elles sont punies de peines sévères; en général, dit-il, les femmes sont honnêtes et spirituelles par le contact continuel avec les étrangers. Le jugement de Pucci sur les hommes est beaucoup moins flatteur: il les qualifie ‘froids, mais paisibles, peu enclins à la guerre, aimant leurs aises et à bien boire’. Mais je crois que son jugement tant sur les hommes que sur les femmes est superficiel ou de seconde main. Il admire, avec raison, l'industrie des dentelles magnifiques qui sortent, pour la plupart, des béguinages d'Anvers et de Malines; industrie vraiment nationale, dont le pays tire de grands avantages. La proximité de l'ennemi l'empêcha de faire un long séjour à Gand. Il nota seulement que cette ville de 60 mille habitants environ, avait une enceinte égale à celle de Paris; qu'elle était forte à cause de la citadelle et de ses nombreux travaux de défense, mais sans constructions importantes si on en excepte l'Hôtel de ville. Je crains que la peur n'ait ôté au voyageur la sérénité nécessaire pour juger. Sa visite à Bruges fut tout aussi courte. Il y assista à une procession solennelle, qu'il admira; puis il se hâta de quitter la petite | |
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ville, si intéressante pourtant au point de vue artistique. Il lui attribue une population d'environ 20 mille habitants. Il se dirigea alors vers Ostende. Ici encore, ses observations se limitent aux travaux de fortifications, terre-pleins, palissades, qu'il visita. Il rappelle aussi le fameux siège de la ville (1601-1604). Celle-ci était défendue par des Hollandais, des Suisses, des Anglais et des Allemands, qui opposèrent une forte résistance aux Espagnols, Italiens, Wallons, conduits par le marquis Spinola. Mais Ostende fut prise, après une lutte qui avait, selon l'écrivain, coûté 12 mille hommes. Pucci quitte Ostende, ville de marins, dit-il, et s'embarque pour l'Angleterre, où il reprend ses observations superficielles et sa relation partiellement intéressante, bien que sans couleur.Ga naar voetnoot1) | |
A.F. Dal Pino (1695).Thomas Del Bene, grand prieur de l'Ordre des Chevaliers de Malte, à Pise, et maître de chambre du grand-duc Cosme III fut, en 1695, envoyé comme ambassadeur extraordinaire près du roi d'Angleterre. Parmi les personnes de sa suite, se trouvait son chapelain et homme de confiance, le prêtre Antoine-François Dal Pino. Le cortège parcourut une partie de l'Allemagne et de la Hollande, entra en Flandre, visita Anvers et s'embarqua à Ostende pour l'Angleterre. Dal Pino rédigea du voyage une brève et inélégante relation, peu importante parce que l'auteur est un observateur superficiel et qu'il enregistre surtout les visites rendues et reçues par les prêtres catholiques. Si nous citons ce que le prêtre toscan a écrit au sujet d'Anvers et d'Ostende, c'est parce que rien de ce qui concerne les villes de Flandre n'est à dédaigner. Dal Pino écrit qu'à Anvers il y a peu de maisons construites en pierre; la plupart d'entre elles sont en briques cuites très bien disposées ou décorées de stuc, ce qui est du plus bel effet. Il est frappé par l'emploi du verre, même dans les plus humbles cabanes des paysans et par la grandeur des carreaux très luisants. Le prêtre écrit que dans les environs d'Anvers, les terrains sont peu travaillés, mais qu'il y a beaucoup de prairies et de bétail; il n'y a pas de blé, mais surtout des légumes et des fruits. Certes, l'étrange | |
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voyageur trouva trop peu à noter sur l'activité et sur la beauté de la ville, il n'a même pas été frappé par la magnificence de la célèbre cathédrale, tandis qu'il rappelle l'église St. Pierre, à Ostende, qu'il juge grande, belle avec, ses riches chapelles décorées de sculptures en noyer et sa chaire remarquable. Là, le père Guillaume Bourn montra à Dal Pino un instrument musical très rare, à huit registres, à la fois luth et rossignol, avec un orgue dont on pouvait se servir isolément. L'instrument avait été fabriqué par le frère de de Guillaume Bourn et était, au dire de celui-ci, unique au monde. Après avoir entendu jouer de l'orgue, Dal Pino quitta l'église et Ostende, pour l'Angleterre. Ses impressions sur ce pays montrent la même faiblesse d'observation que celles sur la Flandre.Ga naar voetnoot1.
Mario BATTISTINI. |
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