De Gulden Passer. Jaargang 13
(1935)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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[Nummer 3]La bibliothèque du grand conseilGa naar voetnoot1).Deux notes conernant cette bibliothèque, les seules, croyonsnous, parues à ce sujet, nous mirent sur la voie de nos recherches. On les trouve dans le Bulletin du Bibliophile Belge, où tant de questions intéressantes furent soulevées mais le plus souvent superficiellement solutionnées. La première mentionne un achat de livres fait en 1557: ‘A maistre Joachim Hoppers, conseillier, la somme de XL livres, pour son rembourssement de semblable somme pour luy employée à l'ordonnance et pour l'usaige de la court en l'achat des deux corps de droit et des Pandectes florentines’Ga naar voetnoot2). | |||||||||||||||||||
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Un autre document, plus récent d'une vingtaine d'années, nous livre un renseignement plein d'intérêt au sujet de cette bibliothèque. C'est un nouveau règlement, daté du 18 janvier 1581 et élaboré à la suite du sac de la ville de Malines par la soldatesque espagnole le 9 avril 1580. Pendant ce pillage, le Grand Conseil, malgré son dévouement à la cause espagnole, ne fut pas plus épargné que le reste de la ville et vit sa bibliothèque détruite de fond en comble. Il fallut donc pourvoir à une nouvelle collection de livres de droit. Ce qui se fit par la résolution suivante, datée du 18 janvier 1581: Le conseil ‘considérant que par la pitoyable surprinse, sacq et pillage de la ville de Malines, advenue le IXe d'apvril XVc IIIIxx, la chambre du conseil est dépourveue de tous livres servans à la comodité d'icelle, à l'advancement de bonne et droicturière administration de justice, désirant à ce remédier et par succession de temps restablir ou de nouveau ériger et instruire une bibliothèque convenable et correspondante à la grandeur, authorité et splendeur dudit conseil ‘statue que tout président, conseiller et greffier devra laisser à la bibliothèque, en souvenir de sa personne, soit à sa mort soit à son départ, un livre ou une somme d'argent. Faute de quoi, la Cour aura le droit de choisir elle-même parmi ses livres ceux qu'elle jugera convenables. Il est établi, en outre, que tout membre nouveau, en prêtant serment, sera tenu de donner une somme qui ne peut être inférieure à trois livres de gros de Flandre ou tels volumes à son choix. Enfin, une dernière décision charge le plus jeune des conseillers du soin de la bibliothèque et de la rédaction de son catalogueGa naar voetnoot1). Durant le XVIIe siècle, à la date du 16 février 1661, le règlement | |||||||||||||||||||
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précédent fut renouvelé, au moins pour ce qui concerne la cotisation désignée sous le nom de contingentGa naar voetnoot1). Jusqu'à cette date les Mémoriaux du Grand ConseilGa naar voetnoot2) ne renferment aucune délibération touchant la bibliothèque, ce qui porte à croire que son organisation répondait à l'attente générale. Ce fut sous l'administration du chanoine Louis-Marie de FrarinGa naar voetnoot3), mort presque octogénaire en 1706, que de graves négligences virent le jour. On emportait des livres sans laisser de reçus, on les gardait trop longtemps et parfois même pour toujours chez soi, Enfin on ‘oubliait’ de payer la cotisation fixée pour l'entretien et l'augmentation de la bibliothèque. Son successeur, le chanoine Aimé-Ignace de CoriacheGa naar voetnoot4), qui ne fut nommé qu'un an plus tard et qui dut quitter Malines après quelques années ne parvint pas à remédier au désordre. En vue de lui donner un successeur et de prendre les mesures nécessaires à une réorganisation de la bibliothèque, eut lieu alors une assemblée générale des deux chambres du Grand Conseil. On y décida également de mettre en vente les livres démodés et d'en acheter d'autres ‘bons et utiles’. La résolution fut actée aux Mémoriaux et ce seul fait en indique l'importance. Celle-ci ressort aussi de la nomination comme bibliothécaire du procureur général. C'était reconnaître que le règlement de 1581 qui chargeait le plus jeune des conseillers du soin de la bibliothèque ne donnait pas satisfaction. Voici cette résolution: Differends inconveniens ayant fait connoître combien il est necessaire de pourvoir a la conservation des livres de la Biblioteque du grand Conseil et a la meilleure direction et augmentation d'icelle. | |||||||||||||||||||
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procureur General du LauryGa naar voetnoot1) et Conseiller de SteenhaultGa naar voetnoot2) Bibliotequaires de la Biblioteque de ce Conseil. Ce règlement, toutefois, laissait subsister de graves inconvénients. La cause en était le local même de la bibliothèque qui se trouvait remisée dans la grande chambre du ConseilGa naar voetnoot3). Or, celle-ci servait de lieu de passage et devait, pour ce motif, demeurer toujours ouverte. Mauvais endroit, certes, pour une bibliothèque, que celui où les | |||||||||||||||||||
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poussières étaient amenées et soulevées par les passants et où la possibilité de vol était permanente. On y remédia par le choix d'un lieu clos et fermé à clef. Ce nouveau local était la petite chambre du Conseil, pour laquelle on fit faire deux clefs, qui furent déposées dans chacune des chambres du Grand Conseil. Ainsi fut-il délibéré le 14 septembre 1716 et acté aux Mémoriaux, t. XX, fol. 76 vo. C'est le dernier document mentionné aux Mémoriaux concernant la bibliothèque. Celle-ci, peut-on en conclure, sera demeurée en son petit local jusqu'à la dissolution du Grand Conseil par la Révolution française. En 1770, il en était certainement ainsi. L'ouvrage cité de Van den Eynde, paru à cette date, mentionne en effet (p. 311): ‘Achter deze voorsz. Consistorie (dénommé anciennement la grande chambre) is eene groote Saele (petite chambre ancienne), in de welcke staet de Bibliotheke van desen Raedt, voorsien van schoone Boecken’. Et après, se demandera-t-on? Le 15 juillet 1794, les Français entrèrent victorieusement à Malines et confisquèrent en faveur de la République les bibliothèques des communautés religieuses et des anciennes institutions de la Belgique. Leur première visite fut pour la riche bibliothèque des archevêques. Sous la direction du représentant du peuple Laurent, ils y prirent les ouvrages qu'ils jugèrent les plus importants et les firent transporter à Paris en vingt-deux grandes caisses. Ils épargnèrent, semble-t-il, la bibliothèque du Grand Conseil, très peu riche en livres rares. Celle-ci fut mise sous scellés, à la suite de l'arrêté du 18 Pluviose, an 3 (6 février 1795), par lequel l'Administration centrale et supérieure de la Belgique fit mettre les scellés sur tous les dépôts de livres confisqués. Trois mois plus tard, les mêmes administrateurs, voulant réorganiser la Bibliothèque publique, dite de Bourgogne, à Bruxelles, où le même Laurent avait opéré des coupes sombres, envoya le sous-bibliothécaire de La Serna en province avec mission de choisir dans les bibliothèques confisquées les livres qui pouvaient être utiles à Bruxelles. Par arrêté du 16 Floréal, an 3 (5 mai 1795), elle le chargea de se rendre à Malines afin d'y examiner l'état de la Bibliothèque du Grand Conseil. Le Resolutieboeck du Magistrat malinois a noté cette visite dans les termes suivants: | |||||||||||||||||||
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26 Floreal, 15 Mey 1795.‘Commissie van te lichten de segels gestelt op de Bibliotheque van den grooten Raede. Eodem is den greffier Rymenans genoemt om te versellen den onderpubliothecaris (sic) dela Serna naer den grooten Raede ten eynde aldaer te lichten de stelde segels op des selfs bibliotheque ende aldaer te besoigneren ingevolge de commissie aen den voormelden dela Serna door de administratie van Brabant gegeven’. Celui-ci trouva, dit-il, ‘la Bibliothèque en fort bon état et composée de bons livres, mais que nous avions déjà dans le dépôt général, à l'exception de trois ou quatre ouvrages, parmi lesquels la Bibliotheca maxima Pontificia, de Rocaberti, que je fis transporter à Bruxelles, pour augmenter notre collection’Ga naar voetnoot1). Ce qui restait fut plus tard abandonné à la ville de Malines et déposé à la bibliothèque des Archives Communales. On y trouve, à présent, environ deux cents ouvrages de la bibliothèque du Grand ConseilGa naar voetnoot2), dont un certain nombre comprennent plusieurs volumes et quelques-uns même une dizaine. Ils renferment, presque tous, on le devine, des matières de droit canonique et civil, en format in-folio ou in-4o. Cinquante-huit ouvrages sont du XVIIIe siècle; le dernier en date est de 1787 (no 3253).
L. Le Clercq. | |||||||||||||||||||
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Annexe.Liste des conseillers qui votèrent la résolution du 18 janvier 1581. Une liste des membres du Grand Conseil datant de 1585, trouvée dans un manuscrit de l'Université de LouvainGa naar voetnoot1), nous permet, moyennant quelques corrections, de donner les noms des conseillers qui firent le règlement de 1581. Nomina consiliariorum magni concilii anno 1585 [18 Novembris] quo primum ingressus sum concilium.
Sur cette liste on remplacera le nom du président par celui de Jean de Glimes et les sept derniers conseillers, qui furent nommés entre les dates du 18 janvier 1581 et du 18 novembre 1585, par les noms de leurs prédécesseurs: Jean de Blaesere, Théry Deijn, Jean Richardot, Jean Auxtruyes, Jean van der Burch (le président actuel), Jean du Bois, Georges RatallerGa naar voetnoot2). |
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