De Gulden Passer. Jaargang 12
(1934)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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Les Amstelredamsche zeecaerten d'Aelbert Haeyen.Visitant, il y a quelques mois, le Musée Plantin Moretus à Anvers, je remarquai dans la Salle XVIII un livre, portant le no 45, qui aux yeux d'un marin paraîssait très intéressant. Ce livre, en effet, était exposé ouvert, et présentait ainsi une carte du Zuider Zee et des passes de Texel et de Vlie ayant tous les caractères des cartes dont se servaient les marins du 16e siècle. L'explication imprimée se trouvant dans la vitrine m'apprit que ce livre était les Amstelredamsche Zeecaerten d'Aelbert Haeyen, de 1585. La beauté et la finesse de la gravure de la carte exposée et la grande quantité de détails nautiques qu'elle présentait me frappèrent, et je cherchai à savoir davantage sur ce livre et sur son auteur. Le même jour, au cours d'une visite que je fis à M.J. Denucé, Archiviste de la Ville d'Anvers, je lui demandai si le livre des Amstelredamsche Zeecaerten d'Aelbert Haeyen avait déjà été étudié du point de vue nautique et comparé avec le Spieghel der Zeevaert de Lucas Jansz. Wagenaer paru vers la même époque. M.J. Denucé me dit qu'il ne pensait pas que cette étude eût été faite et il m'engagea vivement à la faire. Grâce à la bienveillance de M. Maurice Sabbe, le distingué Conservateur du Musée Plantin Moretus, je pus, peu de temps après, photographier l'ouvrage d'Aelbert Haeyen, l'étudier à loisir et le comparer avec le Spieghel der Zeevaert, et c'est le résultat de mon étude qu'on lira dans les pages qui suivent. Mais avant de terminer cette introduction il me reste un très agréable devoir à remplir: je veux remercier ici M. Maurice Sabbe qui a eu la bonté de me faciliter l'étude des Amstelredamsche Zeecaerten, M.J. Denucé dont les encouragements et les conseils m'ont été très précieux, spécialement pour la traduction de certains mots de l'ancien langage, et enfin M.F.C. Wieder, Bibliothécaire de l'Université de Leyde, et M.W. Voorbeytel Cannenburg, le savant Directeur du Nederlandsch Historisch Scheepvaart Museum d'Amsterdam, qui m'ont très aimablement donné de précieuses indications sur Aelbert Haeyen et sur son oeuvre. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Avant d'aborder l'étude des Amstelredamsche Zeecaerten il paraît logique d'indiquer ce qu'on sait de l'auteur, Aelbert Haeyen ou Aelbert Hendricksz comme il est désigné dans le titre d'un autre de ses ouvrages. On ignore tout de la famille et même de la date de naissance d'Aelbert Haeyen; cependant, se basant sur ce que, d'une part, la publication des Amstelredamsche Zeecaerten en 1585 exige que l'auteur ait eu alors plusieurs années de pratique dans le métier d'officier de navigation et qu'il ait, en plus, dû consacrer quelques années à la composition et à la rédaction de l'ouvrage, que d'autre part une dernière édition de cet ouvrage fut revue par l'auteurGa naar voetnoot1) et parut en 1613, M.C.P. Burger Jr. pense qu'Aelbert Haeyen dut naître un peu avant 1550Ga naar voetnoot2). Le lieu de la naissance d'Aelbert Haeyen fut très vraisemblablement Haarlem, puisque les cartes des Amstelredamsche Zeecaerten portent toutes l'inscription: ‘door Aelbert Haye van Haerlem’. Mais Aelbert Haeyen dut venir de bonne heure à Amsterdam et naviguer, surtout comme officier, à bord des navires de cette ville où il se fixa. Enfin il acquit là une telle réputation de bon marin que, lorsque les autorités d'Amsterdam voulurent faire composer un bon livre d'instructions nautiques destiné aux marins naviguant en mer du Nord, ce fut à Aelbert Haeyen qu'elles s'adressèrent, comme il l'indique lui-même dans un passage de la dédicace de l'ouvrage aux Bourgmestres et aux 36 Conseillers de la Ville d'Amsterdam. On ne connaît malheureusement pas l'arrêté par lequel la composition de cet ouvrage lui fut commandée, mais trois pièces publiées par Mr. C.P. Burger Jr.Ga naar voetnoot3) indiquent: la première que, suivant arrêté des 36 Conseillers et d'ordre du Bourgmestre D. Marten Coster en date du 4 mai 1584, Aelbert Haeyen reçut 150 gulden pour une reconnaissance hydrographique à exécuter vers le Jutland, évidemment en vue de la composition de ses instructions nautiques; la deuxième que, le 19 décembre 1585, les 36 Conseillers délibérèrent au sujet d'une requête présentée par Aelbert Haeyen, où | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
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il demandait 100 écus qui lui avaient été; disait-il, promis pour les 4 années consécutives employées à composer ses instructions nautiques. On ne trouva pas trace de cette promesse, mais comme 100 écus lui avaient été versés l'année précédente, il fut décidé de donner encore 150 gulden à Aelbert Haeyen, en plus de sa pension annuelle, et de rejeter toute demande ultérieure; la troisième pièce est le reçu de ces 150 gulden par Aelbert Haeyen. Aelbert Haeyen passa donc quatre ans á composer et rédiger le livre d'instructions nautiques demandé et le fit paraître sous le titre de Amstelredamsche ZeecaertenGa naar voetnoot1) vers la fin de 1585. Nous verrons que ce livre contient la description des côtes continentales de la mer du Nord depuis le Pas de Calais jusqu'au cap Skagen. Il devait être suivi de 4 autres livres ‘donnant les détails de toute la navigation de l'Est à l'Ouest’Ga naar voetnoot2), mais ces livres ne parurent point et il est facile d'en deviner la raison: c'est que en 1584 avait paru la 1ère partie du Spieghel der Zeevaert de Lucas Jansz. WagenaerGa naar voetnoot3) d'Enkhuizen, et en 1585 paraîssait la deuxième partie du même ouvrage qui donnait ainsi la description de toutes les côtes de l'Europe occidentale. Il est vraisemblable que, dès qu'ils eurent connaissance du succès du Spieghel der Zeevaert auprès des marins, les Bourgmestres et les Conseillers de la Ville d'Amsterdam jugèrent inutile de faire de nouvelles dépenses en vue de la production d'un ouvrage analogue. Nous verrons plus loin en comparant les | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Amstelredamsche Zeecaerten avec les parties correspondantes du Spieghel der Zeevaert si cette manière de voir était justifiée. Les Amstelredamsche Zeecaerten furent appréciées des marins naviguant en mer du Nord, et leur succès fut tel que, quelques années après leur publication, il fallut les rééditer à plusieurs reprises. Outre l'édition de 1585, de 56 pages de texte, imprimée par Christophe Plantin à Leyde, et dont 2 exemplaires sont actuellement connus, l'un conservé dans le Musée Plantin Moretus à Anvers, l'autre dans le Nederlandsch Historisch Scheepvaart Museum à Amsterdam, on connaît:
Mais Aelbert Haeyen ne borna pas son activité à la révision et à l'augmentation de son livre d'instructions nautiques; il était devenu professeur de navigation à Amsterdam, et à plusieurs reprises il crut devoir exprimer dans des publications imprimées ses opinions au sujet de certaines théories enseignées par d'autres maîtres, parce qu'elles lui paraissaient devoir entraîner des conséquences néfastes pour les marins qui les auraient mises en pratique. C'est ainsi que, outre une feuille intitulée: Vijf articulen belangende de kunst van der zee (Cinq articles au sujet de l'art de la navigation) parue vers 1597, qui n'est connue que par la mention | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
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faite par Robbert Robbertsz.Ga naar voetnoot1), il fit paraître, avant que Willem Barentsz. partît pour sa deuxième expédition, un opuscule dans lequel il blâmait les idées de ceux qui préconisaient la recherche d'un passage au Nord de la Sibérie pour aller par là plus facilement en Inde que par la longue route du cap de Bonne Espérance. Cet opuscule dont nous ignorons le titre ne nous est connu que par la mention qu'Aelbert Haeyen lui-même en fait, justement à propos des voyages dans les mers arctiquesGa naar voetnoot2), dans son ouvrage plus important intitulé Een corte onderrichtinge...Ga naar voetnoot3) qu'il fit paraître en 1600. Cet ouvrage, in 4o de 64 pages numérotées, dont un exemplaire se trouve dans la Koninklijke Bibliotheek de La Haye, ‘n'est pas du tout une oeuvre préparée longuement, mais une brochure écrite à l'occasion du Havenvinding, petit ouvrage anonyme qui fut considéré par Haeyen comme erroné et dangereux, et qui le poussa à exprimer publiquement nombre de choses qu'il avait sur le coeur au sujet de la navigation’Ga naar voetnoot4). Cette définition de l'Een corte onderrichtinge d'Aelbert Haeyen convient parfaitement à ce livre qu'on pourrait appeler un réquisitoire contre toutes les théories | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
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de navigation que Aelbert Haeyen jugeait fausses et les pratiques qu'il estimait dangereuses. Mais si, comme l'indique encore M.C.P. Burger Jr. ‘ce petit livre eut les qualités et les défauts d'un tel écrit de circonstance’Ga naar voetnoot4), du moins, en le lisant, on arrive à se faire une idée de la personne de l'auteur, et c'est surtout par cela qu'il est intéressant. Après avoir lu les passages de la Corte onderrichtinge cités par M.F.C. WiederGa naar voetnoot1), et par M.C.P. Burger Jr.Ga naar voetnoot2), on a l'impression que Aelbert Haeyen devait être un bon marin, mais que ses connaissances théoriques n'étaient vraisemblablement pas aussi étendues que ses connaissances pratiques. Ses attaques contre Petrus PlanciusGa naar voetnoot3) sont menées souvent avec bon sens, mais parfois | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
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aussi avec une incompréhension réelle ou feinte des choses qu'il lui reproche. On ne voit pas bien le motif de la vigueur de ces attaques qui dépasse parfois ce qu'on pourrait attendre d'un homme qui veut simplement faire triompher la vérité. Peut-être l'amer désappointement que causa sans doute à Aelbert Haeyen la décision des Bourgmestres et des Conseillers de la ville d'Amsterdam, lorsqu'ils résolurent de mettre fin à la mission honorable et rémunératrice qu'ils lui avaient confiée, peut-il, avec l'aigreur de caractère due à l'âpreté de la concurrence avec les autres professeurs de navigation, expliquer l'humeur et la partialité que l'on constate dans ses attaques souvent violentes; peut-être avait-il aussi à l'égard de Petrus Plancius l'animosité méprisante du vrai marin contre le géographe de cabinet qui, sans avoir jamais navigué, prétendait donner des conseils et indiquer des routes sûres pour de dangereux voyages sur mer. En tout cas on peut regretter ces traits mesquins d'un marin intelligent et généralement plein de bon sens, et on doit approuver la remarque que lui adressait Robbert Robbertsz.: ‘si vous vous en étiez tenu à vos premières règles que j'ai entendu louer, c'est-à-dire à votre premier livre qui n'est en vérité calomnié par personne, et si vous l'aviez plus avancé sans vous attaquer à quelqu'un supérieur à vous, vous auriez mieux fait’Ga naar voetnoot1). On ne sait pas si Aelbert Haeyen fut marié, ni s'il eut des enfants; on ne connaît pas non plus la date de sa mort: elle est en tout cas postérieure â 1613, puisqui cette année-là parut la dernière édition connue des Amstelredamsche Zeecaerten ‘revue par l'auteur’. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
Description et analyse des Amstelredamsche zeecaerten.L'exemplaire des Amstelredamsche Zeecaerten qui se trouve au Musée Plantin Moretus à Anvers est un livre petit in fo de dimensions 200 mm. × 310 mm., épais d'environ 10 mm.; il est recouvert d'une simple feuille de parchemin sans inscription. Le texte de l'ouvrage est imprimé en caractères gothiques, avec des initiales ornementées; le titre (renfermé dans un encadrement de 153 mm. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
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× 254.5 mm.), les indications de place des cartes, ainsi que l'‘Avis au relieur’ (placé à la fin) sont en caractères latins; les titres des chapitres et le Privilège (à l'avant-dernière page) sont en une sorte de gothique cursive. Après la page de titre, reproduite ci-contre, on trouve la dédicace ‘aux très honorables, très savants, très sages et très prévoyants Seigneurs Messeigneurs les Bourgmestres, Ecoutètes, Echevins et 36 Conseillers de la très renommée ville de commerce d'Amsterdam’ qui occupe 6 pages non numérotées. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Dans cette dédicace, Aelbert Haeyen commence par faire remarquer que les gens qui réfléchissent s'aperçoivent que ‘c'est par la connaissance de la mer, plus ou moins développée, que souvent les pays, les villes et les peuples voient leur situation améliorée ou diminuée’. Il en donne des exemples, puis il constate que ‘divers Rois et divers Princes ayant depuis longtemps pris ce sujet en considération... n'ont épargné... ni dépenses ni peines, ni temps,... pour acquérir la connaissance de la mer, pour appeler, dans cette intention, de divers pays lointains... divers mathématiciens et astronomes très célèbres qu'ils entretiennent à grands frais, ainsi que les officiers de navigation les plus rénommés, dans des écoles publiques’. Aelbert Haeyen souhaite donc que le Gouvernement de son pays ‘avec une pareille attention et une pareille vigilance procure aussi au pays de semblables écoles’. Les élèves ne manqueraient pas, et il vante à ce propos la valeur des marins hollandais et zélandais. Il remarque ensuite ‘quels désastres... aussi bien pour les hommes que pour les navires et les cargaisons... arrivaient et peuvent encore arriver, seulement à cause de l'ignorance, de la sottise et de la stupidité des officiers de navigation’.... ‘Ces inconvénients... ayant été remarqués... et pris à coeur... et considérant que, entre le Pas de Calais et Skagen en particulier, on ne trouve pas ou peu de sécurité, les honorables et sages Seigneurs [Conseillers et Bourgmestres] ont pensé... à faire paraître la réforme d'une Instruction Nautique nouvelle et autant que possible plus véridique pour avertir tous les officiers de navigation prudents et pour instruire les jeunes marins’. Il ajoute: ‘cependant... pour exécuter le susdit ouvrage vous avez eu la bonté d'employer ma personne’. Bien qu'il reconnaisse qu'on aurait pu trouver d'autres officiers plus anciens et plus capables, sachant la grande nécessité de l'ouvrage il n'a pas voulu se dérober à ce qu'il considère comme un devoir. ‘En conséquence’, dit-il, ‘j'ai accepté de grand coeur cette charge de votre part’, et il a rédigé ce premier livre ‘afin que tous les officiers de navigation fréquentant ces mers et se conformant avec soin à mes instructions puissent estimer facilement les périls de la mer et les éviter, avec l'aide de Dieu’. Il espère que cet essai sera un heureux commencement et que les Autorités de la ville continueront ‘avec le même zèle, la même protection et la même libéralité pour que en temps et lieu les quatre autres livres restants et déjà projetés concernant tous les détails de la navigation de l'Est à | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
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l'Ouest paraissent effectivement et comme un but convenable’. Aelbert Haeyen termine en demandant que ‘pour cela Dieu lui accorde santé et pouvoir’ et en faisant hommage de son livre aux Autorités de la ville. Sur la dernière page de la dédicace se trouve un court errata. Vient ensuite le texte de l'ouvrage lui-même, divisé en 56 chapitres, sur 56 pages numérotées. Cinq cartes gravées en taille douce par Herman Muller sont réparties dans l'ouvrage; chacune d'elles, d'environ 20 cm × 31 cm, est imprimée sur une feuille double montée sur onglet et blanche au dos. Par exception, au dos de la première carte sont imprimés, en caractères plus petits que ceux du texte ordinaire, plusieurs paragraphes qui se raportent à une étendue de côtes étudiée dans les chapitres précédents. Voici maintenant les titres des 56 chapitres avec quelques indications sur leur contenu.
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Ce chapitre donne les relèvements et les distances de plusieurs points les uns par rapport aux autres, ainsi que des indications de profondeurs et de courants de marée entre le Pas de Calais et Texel. Viennent ensuite plusieurs paragraphes non numérotés, imprimés (en caractères plus petits que ceux des autres chapitres) au dos de la première carte qui figure la côte depuis Nieuport jusqu'à Scheveningen. Ces paragraphes, sûrement rédigés lorsque le livre était déjà imprimé, sont des compléments à des chapitres précédents qu'il fallut imprimer au dos de la première carte parce qu'on ne pouvait les intercaler à leur place correcte. Voici les titres de ces paragraphes: Pour entrer dans la Meuse, tel que l'honnête Conseil de Briel me l'a transmis en l'an 1586 (sic) par le pilote Jacob Bouwenssen, à ce commis (complément au 13e chapitre). Pour entrer dans la passe Nord de la Meuse (complément du 13e chapitre). | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Pour sortir de la Meuse avec de petits navires et entrer dans la passe de Goeree (complément du 11e chapitre). Pour entrer dans la passe de Goeree avec un navire calant beaucoup (complément du 11e chapitre). Pour entrer dans la passe de Brouwershaven (complément du 10e chapitre, la passe de Brouwershaven étant près de Schouwen). Pour entrer dans la passe de Vere (complément du 8e chapitre). La série des chapitres numérotés reprend ensuite:
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Ici sont décrites avec leurs amers les îles de Texel, Eyerland (aujourd'hui rattachée à Texel), Vlie, Terschelling, Ameland, Schiermonnikoog, Rottum, Juist, Bosck (aujourd'hui disparue), Noorderney, Baltrum, Langeroog, Spikeroog, et Wangeroog, A la fin de cette description l'auteur attire l'attention du lecteur sur les grands changements qui se produisent en peu de temps dans la forme et la grandeur de ces îles et il en donne des exemples. Enfin, il indique que, s'il ne décrit pas les passes qui se trouvent à l'Est de l'Ems orientale, c'est parce que ‘l'honorable Conseil d'Emden ne l'a pas jugé bon, bien qu'il les balise tous les ans, mais parce que les passes changent tous les ans et qu'il n'y a pas autre chose [sur la côte] que des ports à marée qui ne sont pas utilisables par les grands navires’. Ici est intercalée la carte des côtes de Terschelling à Noorderney.
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‘Il n'est pas douteux que, sur de telles côtes maritimes peu connues, on ne peut pas donner trop d'indications aux capitaines ou officiers, principalement á ceux qui sont embarassés là-dessus. aussi j'espère que le lecteur ne se fâchera pas si je publie mon opinion autant qu'il m'est possible, quoique moi-même je ne puisse pas le faire aussi parfaitement que l'exige la chose, toutefois j'en ferai connaître autant que j'en sais ou qu'il m'est enseigné par d'autres’. Après ce début empreint de modestie et de sincérité l'auteur donne quelques indications sur les particularités qui distinguent certains points de la côte et des îles d'Amrum et d'Helgoland. Ici se trouve la carte des côtes depuis la pointe Sud de Silt jusqu'au Nord de Nyminde.
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Ce chapitre indique le mouillage et les dangers entre le cap Skagen et Hirtsholm, sur la côte Est du Jutland. ‘Ici suit la dernière carte’ est-il imprimé au bas de la 5e page; mais cette carte, qui devrait représenter la côte Nord du Jutland, de Nyminde à Skagen, n'existe pas dans l'exemplaire appartenant au Musée Plantin Moretus. Comme la même carte manque également dans l'autre exemplaire de l'édition de 1585 conservé dans le Nederlandsch Historisch Scheepvaart Museum d'Amsterdam, ainsi que dans l'exemplaire de l'édition de 1613 de la Koninklijke Bibliotheek de La Haye, on peut en conclure que cette 6e carte n'a jamais dû exister. Après le texte de l'ouvrage se trouve, sur une feuille non numérotée, une ‘Copie du Privilège’ pour 10 ans, accordé le 12 octobre 1585 par les Etats Généraux des Provinces-Unies Néerlandaises à Aelbert Haeyen pour ce livre. Le texte indique que l'ouvrage en question a été examiné par les Autorités de la ville d'Amsterdam, ainsi que par les capitaines et officiers de navigation de cette ville ‘et approuvé et trouvé bon par eux’. Le même texte accorde également ce privilège pour 10 ans à un livre du même auteur ‘où est enseigné le moyen par lequel les capitaines et officiers pourraient trouver leur latitude dans le ciel sans aucune mesure, et, pour leur succès et leur rapidité, pourraient trouver l'heure du jour.’ Ce livre ne parut cependant jamais, car en 1600, dans sa Corte onderrichtinge, Albert Haeyen reconnaissait qu'il y avait alors travaillé pendant ‘16, 17 ans et au delà’ et avouait qu'il y fallait encore travailler beaucoup plus d'années. Enfin, au dos de cette ‘Copie du Privilège’ se trouve en quelques lignes un ‘Avis au relieur’ relatif à la manière de monter les cartes sur onglets lorsqu'on relie le livre. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
Comparaison des Amstelredamsche zeecaerten avec le spieghel der zeevaert.Il était intéressant de comparer les Amstelredamsche Zeecaerten avec les passages correspondants du Spieghel der Zeevaert de Lucas Jansz. Wagenaer dont la première partie était parue en 1584 et | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
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dont la deuxième partie parut en même temps que l'ouvrage d'Aelbert Haeyen; c'est ce que j'ai fait en comparant le texte et les cartes des Amstelredamsche Zeecaerten avec ceux de l'exemplaire du Spieghel contenant les parties réunies, édition de 1585, appartenant à la Bibliothèque Royale de Bruxelles. Cette comparaison entraîne les remarques suivantes. 1o La disposition des chapitres contenant la description des côtes comprises entre le Pas de Calais et le cap Skagen est différente dans les deux ouvrages. Tandis que dans les Amstelredamsche Zeecaerten la description des côtes est continue, commençant à Calais et finissant aux environs du cap Skagen, dans le Spieghel au contraire cette description part de Texel et suit les côtes en allant vers Calais, et continue ensuite en allant vers l'Ouest dans la 1e partie de l'ouvrage; par contre la description des côtes de la 2e partie finit en passant par Skagen pour se terminer á Texel. Les cartes étant, dans le Spieghel, intimement liées au texte descriptif, car ce texte est imprimé au dos de la carte qui représente la partie de côtes décrite, les descriptions et les cartes s'y succèdent comme suit;
Dans les Amstelredamsche Zeecaerten, au contraire, on trouve:
L'ordre adopté par Aelbert Haeyen pour la description des côtes en partant du Pas de Calais, détroit important, paraît plus logiqueGa naar voetnoot1), | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
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mais on comprend bien que, au 16e siècle, pour un marin d'Enkhuizen comme Lucas Jansz. Wagenaer, il pouvait y avoir de bonnes raisons de prendre pour origine des descriptions de côtes les passes de Texel, et de continuer en allant vers l'Ouest, puis de terminer sa description générale en venant de l'Est pour aboutir à Texel. 2o L'importance du texte d'instructions nautiques relativement aux cartes est aussi différente dans les deux ouvrages. Dire comme le Dr W. Behrmann, parlant de Lucas Jansz. Wagenaer: ‘ses travaux sont purement des oeuvres de cartographie nautique’Ga naar voetnoot1) est certainement exagéré; néanmoins les cartes sont une partie importante du Spieghel der Zeevaert, en fait elles sont la moitié du livre; dans les Amstelredamsche Zeecaerten au contraire elles ne sont que le complément, l'illustration en quelque sorte du texte d'instructions nautiques. Une preuve que Aelbert Haeyen ne les considérait pas comme absolument indispensables est fournie par le fait que l'ensemble des 5 cartes de son ouvrage ne forme pas une représentation complètement continue des côtes de Nieuport à Ringkjöbing; il manque entre les cartes 3 et 4 la représentation d'environ 13 milles de côtes, ainsi que des îles Baltrum et Langeroog. Enfin on a vu plus haut que la côte du Jutland de Ringkjöbing à Frederikshavn, décrite dans les 7 derniers chapitres, n'est pas représentée sur une carte. 3o Si on compare spécialement entre eux les textes d'instructions nautiques des deux ouvrages, on voit d'abord que le texte rédigé par Aelbert Haeyen est beaucoup plus étendu que le texte correspondant du Spieghel der Zeevaert; copiés tous deux sur des feuilles de même format, le texte des Amstelredamsche Zeecaerten occupe environ 4 fois et demie le nombre de feuilles contenant les parties correspondantes du Spieghel, édition de 1585. Mais bien que tous les chapitres des instructions nautiques soient plus développés dans l'ouvrage d'Aelbert Haeyen que dans celui de Lucas Jansz. Wagenaer, le rapport de l'étendue de chacun des chapitres des Amstelredamsche Zeecaerten à l'étendue du passage correspondant du Spieghel der Zeevaert est assez variable. Pour en donner quelques exemples: ce rapport est de 5 à 1 pour la description et la naviga- | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
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tion dans le Zuider Zee, ainsi que pour celles relatives à la Weser; il est de 5 à 2 pour celles relatives aux côtes depuis le Pas de Calais jusqu'à l'embouchure de l'Escaut, de 2 à 1 pour celles concernant l'Elbe. Enfin de nombreux chapitres très intéressants, comme ceux où Aelbert Haeyen décrit avec soin les îles de la côte de Frise, et celles de la côte de Sleswig, n'existent pas dans le Spieghel der ZeevaertGa naar voetnoot1). 4o Les deux ouvrages diffèrent encore considérablement par la façon dont les textes sont divisés en chapitres, car le Spieghel der Zeevaert ne présente qu'un chapitre par carte, de sorte que chaque chapitre traite de la navigation sur une assez grande région de côtes et que, seuls des alinéas en divisent les parties, tandis que le texte des Amstelredamsche Zeecaerten est, comme on l'a vu plus haut, très bien divisé en nombreux chapitres que des sous-titres placés en marge subdivisent encore, en rendant la lecture bien plus aisée et l'usage bien plus pratique. 5o Quant aux indications données par les deux auteurs, elles sont en général nettement différentes. Toutes les côtes et les passes décrites ont beaucoup changé depuis le 16e siècle; il est donc impossible de dire si les instructions données dans un des ouvrages étaient plus correctes que celles données dans l'autre. Toutefois on peut comparer les deux textes l'un avec l'autre en ce qui concerne la façon générale dont les indications sont données dans chacun. Tandis que dans le Spieghel der Zeevaert on ne trouve le plus souvent que des indications très brèves, celles qui, pour ainsi dire, sont strictement indispensables pour suivre un chenal par exemple, dans les Amstelredamsche Zeecaerten au contraire les amers sont presque toujours décrits bien plus minutieusement (certains chapitres comme le 1er, le 13e, le 30e, le 48e, sont même uniquement consacrés à ces descriptions), puis on trouve des instructions très détaillées où sont signalés les bancs et les dangers à éviter, ainsi que la manière de le faire en vérifiant sa position par des alignements, les profondeurs | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Partie de la carte no 2 des Amstelredamsche Zeecaerten d'Aelbert Haeyen, montran passes de Texel et de Vlie.
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d'eau dans les chenaux, les directions des courants de marée, toutes choses qu'on trouve rarement dans le Spieghel der Zeevaert. 6o Enfin on constate que Aelbert Haeyen rédigea le texte des Amstelredamsche Zeecaerten avec un très grand soin. Pour écrire le 1er chapitre il avait compulsé les aide mémoire des pilotes les plus capablesGa naar voetnoot1), le chapitre sur l'entrée de la Meuse lui fut fourni par le pilote Jacob Bouwenssen, par ordre du Conseil de Briel; le 28e chapitre, sur l'Ems occidentale, provient de renseignements donnés par Henrick Wonder, capitaine du bateau baliseur d'Emden, par ordre du Conseil de cette ville; enfin le 33e chapitre, sur la Jade, contient les renseignements donnés par écrit par Claes Slechuysen Bersman de la ville de Brême, par ordre du Conseil de cette ville. Il faut remarquer que jamais Lucas Jansz. Wagenaer ne mentionne les sources des indications qu'il donne dans le Spieghel der Zeevaert, tandis que Aelbert Haeyen prend soin de dire à qui il doit les renseignements importants qu'il transmet dans les Amstelredamsche Zeecaerten. Assurément on ne peut rien reprocher à ce sujet à Lucas Jansz. Wagenaer, mais la façon d'agir d'Aelbert Haeyen est une preuve du souci d'exactitude avec lequel il rédigea ses instructions nautiques. En résumé, le texte des Amstelredamsche Zeecaerten est nettement supérieur à celui des passages correspondants du Spieghel der Zeevaert, tant par l'ordre et la subdivision des chapitres que par l'abondance des indications et la clarté avec laquelle elles sont données. 7o Il reste maintenant à comparer entre elles les cartes des deux ouvrages. Comme les cartes du Spieghel der Zeevaert, celles des Amstelredamsche Zeecaerten sont des cartes à compas, c'est-à-dire des cartes où les points des côtes, les bancs, etc., sont placés au moyen de leur relèvements réciproques et de leurs distances les uns aux autres, distances mesurées à l'aide d'une échelle de milles tracée sur la carte et d'un compas à pointesGa naar voetnoot2). 8o Toutes les cartes des Amstelredamsche Zeecaerten sont sensiblement à la même échelle, comme celles du Spieghel der Zeevaert, mais l'échelle des cartes n'est pas la même pour les deux ouvrages. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Tandis que le mille germanique de 15 au degré est de 19 mm sur les cartes du Spieghel der Zeevaert, il n'est que de 13,5 mm sur les cartes des Amstelredamsche Zeecaerten. En mesurant sur les cartes
Partie de la carte no 2 du Spieghel der Zeevaert de Lucas Jansz. Wagenaer, montrant les passes de Texel et de Vlie.
des deux ouvrages les distances de certains points les uns aux autres et en les comparant avec les distances des mêmes points mesurées sur une carte moderne j'ai trouvé pour échelle moyenne des cartes | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
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des Amstelredamsche Zeecaerten 1: 440000, et pour échelle moyenne des cartes du Spieghel der Zeevaert 1: 370000Ga naar voetnoot1). 9o Les cartes des Amstelredamsche Zeecaerten, comme celles du Spieghel der Zeevaert, sont sensiblement orientées par rapport au Nord vrai, mais tandis que celles du Spieghel der Zeevaert, portent des roses des vents à 32 rayonsGa naar voetnoot2) prolongés par des lignes droites qui traversent les mers, chaque carte des Amstelredamsche Zeecaerten ne présente qu'une seule rose à 32 rayons non prolongés, ce qui rend ces cartes beaucoup plus claires à la lecture. 10o Le tracé des côtes semble être aussi consciencieusement fait dans les deux ouvrages, bien que ni dans l'un ni dans l'autre il ne soit basé sur une triangulation précise; cependant les côtes du Zuider Zee sont tracées d'une façon plus grossière sur la carte des Amstelredamsche Zeecaerten que sur la carte correspondante du Spieghel der Zeevaert; on dirait qu'Aelbert Haeyen a jugé que ces côtes ne présentant aucun point remarquable dont la vue pût aider la navigation (qui, d'ailleurs se fait là dans des chenaux assez éloignés de la rive), il n'était pas indispensable de les tracer avec soin, ce que pourtant Lucas Jansz. Wagenaer a pris la peine de faire. 11o Les vues de côtes rabattues sur le tracé même de la côte et vers l'intérieur des terres se trouvent également dans les deux ouvrages; on trouve aussi dans les Amstelredamsche Zeecaerten, comme dans le Spieghel der Zeevaert, de très intéressantes vues de côtes détachées spécialement, placés aux endroits vides de la 3e et de la 5e carte. 12o Mais deux faits caractérisent surtout les cartes des Amstelredamsche Zeecaerten et les distinguent nettement de celles du Spie- | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
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ghel der Zeevaert. D'abord le tracé sur la carte des alignements à l'intersection desquels se trouvent des bouées, des bancs, etc.; puis la désignation sur la carte d'un certain nombre d'endroits remarquables (bancs, passes, etc.) chacun par une lettre de l'alphabet, et la présence dans un coin de la carte d'un tableau indiquant les noms de ces endroits remarquables en face des lettres qui leur correspondent. L'idée de représenter sur la carte les noms des passes, des bancs, etc., par des lettres n'est pas heureuse, car bien que la lisibilité et la clarté de la carte en soient augmentées, cette disposition oblige le marin à perdre du temps à chercher sur le tableau explicatif la signification de chaque lettre; par contre, le tracé des alignements facilite beaucoup au navigateur l'emploi de la carte; aussi retrouve-t-on ce tracé sur les cartes des ouvrages nautiques qui furent publiés ultérieurement. En résumé, les cartes des Amstelredamsche Zeecaerten, plus petites et d'un tracé un peu plus schématique, semble-t-il, du moins en certains endroits, paraissent, plus que celles du Spieghel der Zeevaert, n'être qu'une annexe du livre d'instructions nautiques; mais le tracé des alignements qu'on y remarque est, du point de vue du marin, un avantage que n'ont pas les cartes du Spieghel der Zeevaert. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
Importance des Amstelredamsche zeecaerten.Le fait que le livre des Amstelredamsche Zeecaerten eut au moins 4 éditionsGa naar voetnoot1) de 1585 à 1613 est un sûr indice que ce livre fut très apprécié par les marins des Pays-Bas. Aelbert Haeyen lui-même rapporte comment son livre fut utilisé par ses compatriotes en disant dans sa Corte onderrichtinge: ‘lorsque la navigation prit rapidement de l'extension vers l'Elbe et la Weser les officiers et les capitaines emportèrent avec eux mon livre d'instructions nautiques et coururent ensuite vers la Weser ou l'Elbe, sans avoir jamais de leur vie parouru ou vu la région ni les passes; là leur manoeuvre et l'enseignement que j'avais donné dans mon livre d'instructions nautiques se vinrent en aide l'un à l'autre’Ga naar voetnoot2). Il cite même le cas | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
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d'un capitaine de Terschelling qui, surpris par des pirates à l'entrée de la Weser et serré de près par eux, sauva son navire et sa cargaison en gouvernant couché sur le pont (pour éviter les coups de feu des pirates), ayant devant lui le compas et le livre d'instructions
Partie de la carte no 1 du 't Licht der Zeevaert de Willem Jansz. Blaeu, montrant les passe de Texel et de Vlie. Comme sur la carte correspondante des Amstelredamsche Zeecaerte d'Aelbert Haeyen des alignements y sont tracés donnant les directions des passes ou la pos tion des bouées
nautiques à l'aide desquels il cherchait les bouées des chenaux. Mais d'autres témoignages indiquent encore la valeur que les contemporains attribuaient aux Amstelredamsche Zeecaerten. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Adriaen VeenGa naar voetnoot1) chercha dans son ouvrage le Napasser paru en 1597, à comparer entre elles les routes et les distances données dans les principaux ouvrages nautiques et les cartes des différents auteurs des Pays-Bas; parmi les ouvrages qu'il compulsa, il mentionne les Amstelredamsche Zeecaerten, édition de 1594, concurrement avec le Spieghel der Zeevaert et le Thresoor der Zeevaert de Lucas Jansz. Wagenaer, et les ouvrages: De Zeevaert ende onderwijsinge der gantschen Oostersche ende Westersche zeevaertwater de Adriaen Gerritsz. van Haerlem (1594) et Die caerte van de Oost ende West Zee de Goeyvaert Willemsen van Hollesloot (1590)Ga naar voetnoot2). Enfin Willem Jansz. BlaeuGa naar voetnoot3) commence la préface de son ouvrage 't Licht der Zeevaert (1608) par cette phrase: ‘Quel grand et utile service, aimable lecteur, est rendu à tous les marins par les livres d'instructions nautiques qui ont été jusqu'à présent faits pour la navigation (comme ceux de Lucas Jansz. Wagenaer, d'Aelbert Haeyen, de Willem Barentsz.Ga naar voetnoot4) et de bien d'autres), livres où avec un soin extrême ils ont décrit la disposition des passes, des ports et des chenaux de divers pays, il serait impossible de le dire...’Ga naar voetnoot5). | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Ce début montre à quel point le savant auteur estimait les Amstelredamsche Zeecaerten dont il avait examiné avec soin les indications et les avait comparées à des renseignements plus récents, comme le prouve encore la phrase suivante extraite de la même préface: ‘La passe Nord, qui est décrite par Wagenaer et Aelbert Haeyen comme étant la meilleure passe de Vlie, s'étend à présent tout différemment et elle est tellement diminuée qu'elle ne peut plus être utilisée que par de petits navires’Ga naar voetnoot1). Tout indique donc que Willem Jansz. Blaeu a étudié spécialement les Amstelredamsche Zeecaerten pour les améliorer; mais il a fait plus encore car il s'est un peu inspiré de cet ouvrage, notamment en traçant sur les cartes du 't Licht der Zeevaert les alignements permettant de déterminer les positions des points intéressants pour les marins. Mais même si l'influence des Amstelredamsche Zeecaerten sur la composition du 't Licht der Zeevaert ne fut pas, dans l'ensemble, trés considérable, du moins le fait qu'un savant comme Willem Jansz. Blaeu plaçait Aelbert Haeyen sur le même rang que des hommes tels que Lucas Jansz. Wagenaer et Willem Barentsz, est une bonne preuve de la valeur que les marins instruits de l'époque attribuaient aux Amstelredamsche Zeecaerten. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
Conclusion.Le livre des Amstelredamsche Zeecaerten est le résultat du désir que le Conseil de la ville d'Amsterdam eut, vers la fin du 16e siècle, de fournir aux marins des Pays-Bas de bonnes instructions nautiques. Aelbert Haeyen qui fut chargé de la composition de cet ouvrage était bien qualifié pour exécuter ce travail: le texte de son oeuvre se fait remarquer par son ordre, sa clarté et son abondance de détails utiles aux marins; grâce aux alignements tracés en grand nombre sur elles, les cartes qui l'accompagnent pouvaient rendre souvent de grands services. Le livre des Amstelredamsche Zeecaerten est donc nettement supérieur aux parties correspondantes du Spieghel der Zeevaert qui ne possède pas ces qualités au même degré, et il est regrettable que les quatre autres livres qui devaient compléter | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
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la série des instructions nautiques demandée par le Conseil de la ville d'Amsterdam à Aelbert Haeyen n'aient pas été composés. Le motif exact de cet arrêt d'une publication qui avait si bien débuté, nous ne pouvons, malheureusement, jusqu'à présent, que le conjecturer sans en avoir la certitude absolue, de même que nous regrettons de ne pas savoir exactement comment réagit Aelbert Haeyen lorsqu'il se vit forcé d'arrêter un travail où il avait mis toute sa conscience et toute sa science de marin. Ce sont ces considérations qui me portent à émettre en terminant le voeu bien vif que de savants chercheurs réussissent à trouver dans les archives néerlandaises des documents nous faisant connaître davantage la vie et la personnalité de l'auteur des Amstelredamsche Zeecaerten: Aelbert Haeyen. D. Gernez Capitaine au long cours. Lieutenant de vaisseau honoraire de la Marine française. |
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