De Gulden Passer. Jaargang 12
(1934)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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Première page de la Vita beati hieronimi de Chrétien Masseeuw.
F. 20 ro du ms. (0,25 m. × 0,20 m.) | |
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Une oeuvre inédite de Chrétien Masseeuw († 1546)Le nom de Chrétien MasseeuwGa naar voetnoot1) est lié à deux intéressantes impressions anversoises. Tout d'abord: ‘Christiani Massaei Cameracensis Scholae Pedagogi, prima pars Grammatices rursum revisae et adauctae adeo ut nihil praeteritum sit, quod huc pertinens videbatur. In fronte praefert sui Auctoris Encomium cum duplici lectionis exercitamento, authore Godefrido Regnerio’, édité chez Guillaume Vorsterman en 1536, in 4o, 94 ff. et 6 pagesGa naar voetnoot2). Et ensuite: ‘Chronicorum multiplicis historiae utriusque testamenti, Christiano Massaeo Cameracenate authore, libri viginti’ chez Jean Crinitus en 1540, in 4o, 45 ff. et 184 pages. Cette chronique contient à l'an 420 le témoignage de l'auteur au sujet d'un autre de ses ouvrages: ‘Eodem anno beatus Hieronymus apud Bethleem defunctus est, ultima Septembris, feria quinta. De quo (quia vita eius olim studiose conscripsi) nunc tantum illum Platine commemorabo: eius sanctissimam vitam praelucere omnibus, eius scripta ita esse in precio et honore, ut nemo magis legatur’. (p. 158). FoppensGa naar voetnoot3) et après lui PaquotGa naar voetnoot4) ont rappelé ce passage. Alphonse Roersch également, dans la notice de la Biographie Nationale consacrée à notre auteur, écrit: ‘Massaeus laissa en manuscrit une vie de St. Jérôme.....’Ga naar voetnoot5). Pas plus que de son vivant, cet écrit ne connut après la mort de Masseeuw les honneurs | |
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de l'édition, jamais même on ne signala de manuscrit où on pouvait le lire. Le Grand Séminaire de Malines a la bonne fortune de posséder un tel documentGa naar voetnoot1), provenant de la bibliothèque des Augustins de Bois-Seigneur-Isaac, où, parmi d'autres textes, par une main qui lui est propre (ff. 20-28), se trouve transcrite cette vie inédite de St. Jérôme, Chrétien Masseeuw naquit à Warneton le 13 mai 1469. Il entra à Gand chez les Frères de la Vie Commune dits Hiéronimites, du nom de St. Jérome auquel leur couvent était dédiéGa naar voetnoot2). C'est sans doute là qu'il put connaître de plus près le célèbre Jan Van Standonck (1443-1504) auquel il consacre un souvenir ému dans son Chronicon déjà citéGa naar voetnoot3). Malinois de naissance, ancien élève des frères à Gouda, Van Standonck séjournait d'ordinaire à Paris, à la maison-mère de la Congrégation de Montaigu qu'il avait fondée, mais il revint aux Pays-Bas en 1499-1500, comme exiléGa naar voetnoot4), et en 1502. Parmi les quatre maisons subalternes que Standonck avait rattachées à celle de Paris et qui, aussitôt après sa mort, furent relâchées de leurs liens envers elle, se trouvait l'ancien collège des Bons-Enfants à Cambrai repris par Standonck en 1499Ga naar voetnoot5). La dissolution | |
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des liens avec Paris amena la décadence de l'institution. Il faut croire que les Frères de la Vie Commune ne purent se désintéresser de cette fondation du vénéré Standonck; le fait est qu'en 1509, au témoignage du Chapitre de la ville, ils demandent de rejoindre l'école. Après de laborieuses négociations le 29 juin un accordGa naar voetnoot1) est signé entre l'évêque, le chapitre et le recteur des Frères de Gand, Jacques Proost, et parmi les six frères que dans un acte du 6 février 1510 nous trouvons mentionnés comme desservant le nouvel établissement, nous trouvons au rang des prêtres ‘Christianus Massieu, rector puerorum’Ga naar voetnoot2). L'histoire ne dit pas si l'ardent admirateur de Standonck avait été pour quelque chose dans la reprise de 1509, toujours est-il qu'il reste fidèle à la nouvelle maison: dans les deux éditions anversoises que nous avons signalées nous l'avons entendu s'intituler Cameracensis scholae paedagogus, Cameracetanus. Masseeuw mourut chargé d'années et de labeurs dans sa ville adoptive le 25 septembre 1546Ga naar voetnoot3). Peu après, les Frères de la Vie Commune étaient rappelés à Gand. C'est pendant son séjour à Cambrai, en 1512 comme l'apprend l'explicit de notre manuscritGa naar voetnoot4), que Masseeuw composa la vie de St. Jérôme, patron de la maison de Gand, où il avait sans doute appris à le vénérer plus spécialement.
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Disons quelques mots sur cette oeuvre inédite. Nous en publions d'abord la préface. Nous y entendrons Masseeuw se vanter des mêmes qualités de critique - recours aux sources originales et comparaison des auteurs - qui lui sont attribuées dans la page liminaire du Chronicon.
Ga naar margenoot+ Incipit prologus christiani massei in vitam beati hieronimi. Novam de sancto iheronymo scripturus historiam: debeo prius suscepti operis causas exponere. Multi de hoc beatissimo viro multa | |
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scripserunt, sed nemo secundum ordinem eius hystoriam prosecutus est: quia vel ignoraverint propter gestorum eius multitudinem, vel si noverant neglexerint annotare quod maxime decet hystoricum: locus et tempus, ubi et quando gesta sunt que scribebant. Unde factum est ut licet scripserint plurima: minorem certitudinem prebeant, Quod et si quandoque facere videantur, ut est illud quod rome puer hebraicam linguam didicerit, quod sub liberio factus sit cardinalis, quod postea gregorium nazanzenum audierit et cetera talia: errasse eos facile deprehenderimus si propria doctoris nostri scripta legerimus. Ut ergo certa pro dubiis, ymmo vera pro falsis habeamus, omissis rivulis ex ipso nobis fonte bibendum est: et ex suisipsius libris veritas hystorie requirenda. Illud autem quod de se ipse dicere non potuit beati prosperi cronicis concedendum: quod obierit theodosio novies et constantio ter consulibusGa naar voetnoot1). Quos certum est anno domini quadringentesimo vicesimo quinto fastis nomen dedisse. Sed et illud presupponendum: quod ultra centesimum annum etatis sue non vixerit. Quia scripsit eustocio regulam in qua dicit se propinquum iam morti cum premisisset prescium futurorum. Quibus datis non tamen assertis: facile gestorum eius tempora colliguntur. Adsit desideriis nostris, adiuvet nos, inducat in omnem huius hystorie veritatem spiritus sanctus, qui divum hieronimum nostrum suum fecit hospitium et ita magnificavit ut non recedat laus eius de ore hominum.
Masseeuw réalisa-t-il l'idéal qu'il promet dans sa préface? C'est le seul problème un peu intéressant qui puisse se poser au sujet de son oeuvre. Or on peut répondre qu'à l'encontre des vies moyenâgeuses et légendaires de St. JérômeGa naar voetnoot2), celle écrite par Masseeuw peut prendre place parmi les vies modernesGa naar voetnoot3) qui firent un effort sérieux pour respecter davantage la trame historique de leur biographie. Sans atteindre á l'envergure d'Erasme dont la notice consacrée au Saint est ‘une des plus intéressantes productions de l'humanisme | |
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chrétien’Ga naar voetnoot1), et sans en avoir les qualités critiques, Masseeuw - pour l'avoir précédé - n'est pas moins digne d'être mentionné à côté de lui comme ayant, ainsi qu'il le promettait dans sa préface, puisé largement dans les oeuvres du Saint et assuré par le fait même une base solide à son travail. Les citations, même étendues, ne manquent pas, elles sont souvent judicieusement choisies, à preuve qu'elles coïncident plus d'une fois avec celles que le P. Cavallera, qui a donné récemment une biographie définitive de St. Jérôme, a cru devoir insérer dans son récitGa naar voetnoot2). Masseeuw s'est rallié á la thèse de l'origine istrienne de St. JérômeGa naar voetnoot3) et donne comme date de naissance 326. Toute la chronologie absolue en est faussée. mais la chronologie relative - la succession des événements dans la vie du Saint - est dans l'ensemble assez satisfaisante. Malgré toute sa bonne volonté. Masseeuw n'a pu s'empêcher de reproduire des traits légendaires: les circonstances du départ de Rome qu'on lit déjà au chapitre 146 de la Légende dorée; le trait du lion, de l'âne et des marchands, plus ancien encoreGa naar voetnoot4); la dignité cardinalice du Saint, ses apparitions après sa mort. L'allure littéraire de l'écrit est plutôt nulle: parfois une note pathétique, trop souvent nous rencontrons des digressions sur la situation politique et religieuse de l'époque, sur les qualités du héros dont la vie est décrite. Abbé Carlo DE CLERCQ. |
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