De Gulden Passer. Jaargang 7
(1929)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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[Nummer 3]Oeuvres inédites d'Antoine Haneron, professeur a Louvain † 1490.Le nom d'Antoine Haneron, savant grammairien d'origine artésienne, professeur à l'ancienne Université de Louvain où il fonda un collège et auteur de plusieurs ouvrages, - a été laissé dans l'oubli par Foppens dans sa Bibliotheca Belgica, Paquot dans ses Memoires pour servir à l'histoire littéraire des Pays-Bas et par la Biographie Nationale, pour ne citer que quelques-uns des plus importants recueils bio-bibliographiques. Par contre les catalogues d'incunables ont fait meilleure place aux éditions d'Haneron, dont les exemplaires sont actuellement fort rares. Les bibliothèques belges, pensons-nous, n'en possèdent aucun. Deux de ces volumes sont des impressions anversoises. On nous permettra donc de signaler ici, après quelques notes biographiques sur l'auteur, un recueil manuscrit d'oeuvres d'Haneron, dont quelques-unes sont inédites.
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Antoine HaneronGa naar voetnoot1) du diocèse d'Arras, fit ses études à l'Université de Paris où il conquit les grades de maître ès arts et de docteur en décrets. En 1430 il vint à Louvain, où il fut admis comme régentGa naar voetnoot2) au conseil de la faculté des arts le 21 janvierGa naar voetnoot3). Les actes du conseil général de l'Université mentionnent son nom la première | |||||||||||
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fois à la date du 10 août 1432Ga naar voetnoot1) et la dernière six ans plus tard: le 30 août 1438Ga naar voetnoot2) ‘Comme la plupart de ses collègues Haneron réunissait dans sa maison - “in Cattorum strata”, l'ancienne rue des chats, actuellement rue de Bériot - un certain nombre d'étudiants auxquels il donnait des leçons’Ga naar voetnoot3). Haneron joua un rôle assez important au sein de l'université. Non seulement fut-il élu recteur en 1434 pour le trimestre s'étendant du 27 février au 31 maiGa naar voetnoot4), mais en d'autres occasions il fut fréquemment l'objet du choix de ses collègues de la faculté des arts: s'il n'est que deux fois leur mandataire à l'élection rectoraleGa naar voetnoot5), son nom revient presque chaque fois que la faculté des arts a à choisir un ou plusieurs délégués pour quelque affaire importanteGa naar voetnoot6) notamment lors du fameux conflit qui pendant plus d'un an (de juillet 1438 à août 1539) mit aux prises la faculté des arts et les autres facultés de l'université. C'est même à cette occasion qu'est faite la dernière mention d'Haneron que nous avons signalée plus hautGa naar voetnoot7) et sans doute quitta-t-il l'université avant la fin du conflitGa naar voetnoot8). Haneron fut aussi à plusieurs reprises le délégué de toute l'Université auprès de Philippe le Bon et en une de ces occasions nous lisons dans les actes du Conseil (17-1-1438): ‘Tercius est ad audiendum que acta sunt per magistrum Anthonium Haneron in presentia metuendissimi principis nostri. Placent acta per ipsum magistrum Anthonium, et regratiatur Universitas ei de bona diligentia et labore’Ga naar voetnoot9): il suffit d'être familiarisé quelque peu avec ces procès-verbaux pour voir dans le fait seul de ce remercîment, malgré la laconicité des termes, l'expression d'une réelle satisfaction. Haneron a donc ses entrées à la cour: on ne doit dès lors point s'étonner de le voir quelque temps plus tard précepteur de Charles le Téméraire. | |||||||||||
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En 1446 Haneron devint chanoine de la 7me prébende à Bruges, plus tard prévôt de Ste Waudru à Mons, de St Barthélémi à Béthune et enfin en 1467 de St Donatien à Bruges et chancelier de Flandre. Lors du soulèvement des Gantois, après la mort de Charles le Téméraire (1477), Haneron paya de sa personne sa fidélité au prince défunt: il fut fait prisonnier par les rebelles et transporté dans la citadelle de Vilvorde d'où il parvint cependant à s'échapper. Plus que sexagénaire il est probable qu' Haneron mena dans la suite une vie plus retirée: nous le voyons cependant préoccupé du sort du collège qu'il avait fondé à Louvain et auquel il donna par testamentGa naar voetnoot1) du 20 août 1484 sa forme définitive. Les revenus du collège devaient servir à l'entretien d'un ‘magister’ président, d'un prêtre-aumônier et de cinq étudiants en droit canon. Leur nomination revenait à la faculté des arts. Le ‘patronde’ de cette fondation était le prévôt de St Donatien à Bruges. C'est de là que le collège tira son nom: suivant l'exemple de Bruges où l'on traduit ‘Donatianus’ par Donat, on le nomma ‘collège St Donat’, alors qu'en rigueur de termes ce nom est différent de Donatien. Les revenus de ce collège furent considérablement augmentés en 1544 par Jean Carondelet qui peut en être considéré comme le second fondateur. Au XVIIe siècle l'établisement fut entièrement reconstruit. Après la Révolution française il fut occupé nombre d'années par une fabrique de papiers peints mais un incendie le détruisit dans la nuit du 2 au 3 février 1848. Le parc St Donat actuel occupe une partie de l'emplacement de l'ancien établissement universitaire. Haneron fut également dans ses vieux jours le conseiller de Maximilien d'Autriche. Il mourut le 10 décembre 1490 et fut enterré dans le choeur de l'église St Donatien à Bruges.
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Les ouvrages imprimés d'Haneron qui nous ont été conservés sont:
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A la bibliothèque du Grand Séminaire de Malines se trouve un manuscrit, provenant avec plusieurs autres de l'ancien prieuré des Augustins de Bois-Seigneur-Isaac, côté no 23, papier écrit-XVIe siècle, diff. mains, qui contient aux f. 62 ro-70 ro, 71 ro-84 vo, 87 ro & vo, 95 ro-102 vo, des oeuvres d'Antoine Haneron. Quoique l'écriture de ces différents passages varie de dimension et de soin dans l'exécution, elle peut cependant être l'oeuvre d'une main unique. Ce manuscrit contient principalement de menus extraits ‘flores’ des auteurs les plus divers, païens et chrétiens, et il semble bien que ce soient ces ‘flores’ qui continuent à travers les pages intercalaires où ne figurent pas les oeuvres d'Haneron. Fait cependant à signaler: les ‘flores’ de ces pages sont alors fort souvent empruntées à des lettres ou traités de grammaire. Les pages consacrées à Haneron forment quatre suites distinctes, constituant autant de groupes autonomes. Nous les numéroterons de 1 à 4. Le groupe 4 (f. 95-102) contient le ‘De Epistolis brevibus edendis’ tel qu'il a été édité. Le texte débute immédiatement, sans titre: ‘Si male utile erit praeceptor optime’ et se termine comme suit: ‘Haec pauca ita accipa ab amico, ita lege ut nova, ita serva ut data, fac bene valeas. / Ex Lovanio / Explicit libellus de brevibus epistolis ad archidiaconum tornacensem editus a magistro anthonio de Haneron regente Rundstrate Lovaniensi’. Le groupe I, (f. 62-70) comprend, trancrits dans la même écriture soignée, deux petits traités bien distincts dont le titre est indiqué dans leur explicit: le premier (f. 62ro-67vo) s'intitule Ars dictandi, le second (f. 68ro-70ro) Quaedam praecipua praecepta oratoribus | |||||||||||
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Dernière page des Praecepta oratoribus multum utilia d'Antoine Haneron f. 70 ro du ms. - Dimensions de l'original.
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multum utilia. Nous donnons en fac-simile la dernière page, avec l'explicit fort intéressant, de ce traité. Nous croyons pouvoir dire que nous sommes en présence de deux oeuvres inconnues du savant grammairien artésien. Peut-être furent-elles imprimées et les trouvera-t-on un jour parmi les si intéressantes productions des premiers typographes. L'Ars dictandi (Incipit: Eum qui bene ac artificiose litteram (?) edere satagit oportet partes cognoscere quibus epistola componi debet) traite, tout comme le De epistolis brevibus edendis, de l'art épistolaire et le contenu des deux traités pourrait être l'objet d'une comparaison intéressante. Notre manuscrit porte des subdivisions à l'encre rouge, que nous transcrivons ici:
Les Praecepta oratoribus utilia (Inc.: Quod oro sepius in verbum). sont de fait une série de 33 brefs conseils donnés aux orateurs: aucun de ces alinéas ne dépasse les dix lignes. La nature des écrits contenus dans les deux autres groupes de pages consacrées à Haneron est plus difficile à déterminer. Le groupe 2 (f. 71-84) comprend tout d'abord le feuillet 71 dont l'écriture est en tout point identique à celle des deux inédits signalés. Il débute comme suit: ‘Epistola in sex (sic) partes dividitur: in prohemium sive exordium, narratione, petitione, confirmatione & conclusione’. L'exposé de chacune des cinq parties comprend un bref alinéa, à la fin du texte (Desin.: hec pauca satisfiunt pueris pro partibus dictamina) on lit ‘Antho. haneron’. Tout ce qui suit semble former un tout, le texte est beaucoup moins bien écrit et plein de surcharges et corrections. Le haut du f. 72ro porte le titre: ‘Sequitur de condicionibus partium (mot illis.) et primo de salutationibus’. Incipit: ‘Prima est quod debet exprimere nomen mittentis et recipientis....’ | |||||||||||
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Quelques sous-titres sont indiqués: il faut en signaler ici les deux derniers: f. 76ro Sequitur de coloribus rethoricis (Inc: Si rethor velit esse in sermone placidus. Des.: quos stilus insertos carminis huius habet) f. 81vo Sequitur de coloribus sentenciarum (Inc.: Primus est distributio que est diversorum officiorum.. Des.: Et sic gaufredus non ponit nisi novem decem praetermittendo istum moudum Expliciunt colores....). Ainsi finit ce groupe. Enfin le feuillet 87-groupe 3-débute, sans titre, comme suit: ‘Hoc opusculum continebat modum componendi epistolas qui ruditer et modo faciliori solet tradi pro iuvenibus’: ce dernier mot suffit pour faire soupçonner une ressemblance avec le texte du feuillet 71 (cfr desinit donné plus haut). De fait d'abord sont indiquées les divisions de l'epistola (mais cette fois avec la bonne leçon quinque) et est développée chaque division: tout cela en des termes presque littéralement identiques au texte parallèle indiqué, parfois quelques ajoutes cependant. Enfin un alinéa supplémentaire se terminant par ces mots: Hec autem quo intellectu faciliora sint hanc epistolam pro exemplo addidi, Suit une épître modèle. Au haut du ro du f. 88 le florilège épistolaire reprend, il ne semble aucunement dû à la plume d'Haneron, et nous rencontrerons presque tout un feuillet blanc avant de rejoindre le groupe 4 que nous avons décrit déjà. Le lecteur a ainsi une idée de l'enchevêtrement du manuscrit, et ceci est la justification du trop sec exposé qu'il vient de subir. Nous ne croyons nullement avoir dit le dernier mot concernant les textes que nous avons signalés; nous avons simplement voulu attirer sur eux, et sur toute la personnalité d'Haneron, quasi inétudiée jusqu'ici, l'attention des chercheurs. Nous avons pensé bien faire en y ajoutant à leur intention, les détails techniques qu'une longue fréquentation de ce manuscrit et des manuscrits du même fonds nous rendait faciles à signaler. Nous espérons pouvoir publier sous peu l'inventaire de ce fonds intéressant. Abbé Carlo DE CLERCQ. |
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