De Gulden Passer. Jaargang 7
(1929)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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D'autres reliures de IP et IB.Dans mon article sur les Reliures de Louvain à Uppsala, publié dans Le Compas d'Or (1927), j'ai signalé onze reliures portant les initiales du relieur connu IB, et M. Theele en mentionna deux autres dans le Jahrbuch der Einbandkunst pour 1927 (voir mon second article dans le même revue, même année). Je viens d'en découvrir une autre, la quatorzième, au Musée de Rhöss à Gothembourg, qui me semble remarquable car les impressions qu'elle renferme prolongent l'activité de IB jusqu'à 1574 au moins. La reliure qui provient de la collection du prof. W.H. Corfield (428) et a fait partie plus tard de la bibliothèque du Baron Per Hierta à Främmestad (Suède) porte la plaque avec Spes et les inscriptions connues. Elle contient quatre ouvrages, à savoir: 1. Psalmi Davidis centum in carmen conversi per Jacobum Latomum Canon. Louaniensem, Antverpiae, Plantin, 1572 in-8o. 2. Sacrarum Heroidum libri tres. Auctore Andrea Alieno Eburone, Lovanii, J. Heybergius, 1574 [selon Foppens, Bibl. belgica: ‘typis Velpii’]. 3. Petri Jacobi Victriacensis Campani de triumphatis adiutrice cristifera Maria apud pictones anglis liber vnus, s.l.n.d. 4. Pugna porcorum per P. Porcium poetam [c-à-d. Joannes Leo Placentius], Parisiis, apud Aegidium Gorbinum, 1572. De ces impressions celle du no 3 semble être très rare. Je n'ai pu l'identifier et malheureusement je n'ai pas non plus à ma disposition le catalogue de Corfield (Sotheby, Wilkinson et Hodge, 21-23 nov. 1904), mais je cite le ‘Tetrasticon docens ubi venalis Liber reperiatur’: Istos venales cupies quicunque libellos Hilarii ad cellam cognita templa pete Aut si forte piget quem dicunt esse minorum Lignipedum vicum candide lector adi’. Au verso du feuillet du titre est imprimé: ‘Petri Jacobi Victriacensis Campani ad eum doctissimum: tum religiosissimum Petrum Sacergiacum benignitate diuina Luxionensem episcopum Epistola’. J'ai aussi rencontré une curieuse combinaison de trois plaques de IP sur le même plat. C'est un volume in-folio qui fait partie de la | |
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bibliothèque du duc de Medinaceli, cf. Series de los mas importantes documentos del archivo del Sen̅or Duque de Medinaceli por Paz y Melia, Ser. 2: p. 489 (Madrid 1922, avec reproduction), et contient: Inscripciones sacrosanctae vetustatis Petro Apiano et Barth. Amantio auctoribus (Ingolstadii, in aedibus P. Apiani, 1534). Le plat porte au milieu la plaque connue de Lucrèce et aux deux cotés celle de Fides-Spes aves le mot: Charitas.
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M.E. Ph. Goldschmidt, dans son important ouvrage: Gothic and renaissance bookbindings (1-2, London 1928), apporte de nouvelles contributions à notre connaissance des reliures en question. Quant aux reliures de IB, dont il signale le quinzième exemplaire (Michael Suffrag. Mogunt., De Missae sacrificio, Cologne, Jo. Quentel, 1549 in-4o; cf. le cat. de Leighton, 9:615) - je me demande ci c'est par erreur qu'il indique la marque de IB à droite et le mot Charitas à gauche puisque c'est le contraire dans les autres exemplaires - elles sont, selon lui et contrairement à l'opinion de M. Theele, des copies de la plaque de IP et d'origine louvaniste, comme l'ont déjà montré MM. Hulshof & SchretlenGa naar voetnoot1). Mais c'est sur les reliures de IP qu'il nous donne des renseignements et des observations remarquables. Ainsi il fait connaître deux ou plutôt trois plaques jusqu'ici inconnues. Il possède deux volumes identiques, dont l'un renferme: Erasmus Roterodamus, Familiaria colloquia (Cologne 1528 in-8), qui présentent au plat de derrière l'Annonciation. Il existe aussi des exemplaires néerlandais très similaires sans signature signalés par Weale (Rubbings 412), M.M. Hulshof & Schretlen (p. 48, pl. XXXII) et M. Goldschmidt luimême (no 151). Etant d'un style gothique ces plaques sont apparemment d'une date antérieure aux autres de IP et faites par un autre graveurGa naar voetnoot2). Une autre reliure (reprod. pl. LXV) contient P. Crinitus, De honesta disciplina, De poetis latinis, Poemata (Bâle 1532 in-4o) et porte des entrelacs géométriques avec des bustes | |
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placés dans les quatre coins et les initiales IP inscrites au milieu des deux cotés entourant un champ intérieur rectangulaire où est suspendu l'écusson avec la marque de IP et plus bas l'année: 1540. C'est à peu près une manière grolièresque. mais, selon M. Goldschmidt, ce doit être une réplique exacte de la bordure dont se sert l'imprimeur S. Colines à Paris pour le frontispice d'un ouvrage de Fernelius de 1528 et dont l'artiste est G. Tory ou Oronce Finé. Cette dernière plaque est donc postérieure à celle de Lucrèce, j'en ai signalé un exemplaire à Uppsala, - dont M. Goldschmidt possède le quatrième connu (Theodoretus, Eranistes seu Polymorphus, Bâle 1549, et Jo. Cochlaeus, De sacris reliquiis, Mayence 1549) et qui porte la date 1534. Un panneau avec Justitia (Salluste, Opera, Lyon 1545, no 182, pl. XXVI) que M. Goldschmidt attribue au même graveur de Lucrèce. Cléopâtre et Spes étant du même style, daté de 1544. M. Goldschmidt, de même que M. Theele, distingue parmi les autres reliures de IP, représentant la plaque avec Spes, deux variantes, l'une avec et l'autre sans le mot Charitas. Pour le premier groupe il fait remarquer que c'est l'original puisqu'il porte aussi ‘on the top of the pedestal beside the figure's left foot’ le même monogramme entrelacé M Gr qu'on retrouve sur les plaques de Lucrèce et de Cléopâtre; ce qu'on n'avait pas observé jusqu'ici. Il y a aussi dans le second groupe sans le mot Charitas, dont M. Theele a signalé deux exemplaires et dont M. Goldschmidt en cite encore un troisième (Galenus, De constitutione artis medicae, Paris, Colines, 1531 et L. Fuchs, Methodus parveniendi ad veram medicinam, Bâle 1541), sur le piédestal, des traces d'une signature effacée à dessein dont les détails sont indéchiffrables. Les possesseurs des exemplaires signalés par M. Theele lui semblent démontrer suffisamment l'origine louvaniste de ces reliures. Ce qui intéresse tout spécialement c'est que M. Goldschmidt regarde l'interprétation qu'a faite Weale du monogramme M Gr comme inadmissible. Il suit la thèse de M. Haebler que j'ai déjà citée dans mon premier article et selon laquelle le monogramme qui est aussi placé par un détail architectonique (la colonne) doit indiquer un graveur; le sujet des plaques avec Lucrèce et Cléopâtre s'opposant aussi à une origine monastique. IP serait un libraire de Louvain qui possédait peut-être un atelier de reliure. Bien que la provenance louvaniste ne soit pas clairement démontrée, la présen- | |
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ce d'impressions faites dans cette ville, et, ce qui est encore plus significatif, le plus fréquemment latines ou grecques, confirme l'opinion qu'il s'agit d'un relieur ou d'un libraire d'une ville universitaire. Des 50 spécimens qu'il a vus avec des plaques de IP, aucun ne contient un auteur protestant; au contraire, quelques titres ou dédicaces portant les noms d'Erasme ou de Camerarius en qualité d'éditeur ont été mutilés par le censeur ecclésiastique. Ce sont donc des ouvrages qu'on devait attendre de Louvain ou d'une université rigoureusement catholique ayant une faculté exclusivement philologique comme le Collegium trilingue. Les initiales IP et IB et le monogramme M Gr restent donc toujours inexpliqués et il se peut que les sources manquent pour résoudre cette question qui se lie à l'histoire inexplorée de la librairie et de l'imprimerie de la ville de Louvain. Mais il n'est pas impossible qu'on le trouve autre part. Cependant, il est très remarquable qu'on peut constater aussi en Allemagne, où des initiales et des monogrammes sont d'un usage plus fréquent, l'existence d'un IP à Augsbourg qui se sert même d'un panneau estampé signé par le monogramme de Hans Sebald Beham (cf. Goldschmidt p. 66) avec le buste d'un homme à barbe et en chapeau c.-à-d. le même emblème qu'on voit sur la plaque de Cléopâtre de IP (Weale, Rubbings 432). Aussi, ce qui est frappan, on retrouve, au plat verso d'une reliure recouvrant Johannes Chrysostomus, Homiliae ad populum Antiochaenum (Anvers 1552), provenant peut-être de Cologne et datée de 1555 environ, la plaque avec Spes (cf. Goldschmidt no 222, reprod. pl. CVIII) différant seulement par le format et par la légende de la bordure. M. Goldschmidt croit que cette variante est une copie de la plaque louvaniste, ce qui est possible. En tout cas le frontispice de l'impression de Melanchton de 1548 signalée par M. Theele montre aussi que cet emblème n'était pas non plus inconnu en Allemagne, presque à la même époque. La plaque de Lucrèce datée de 1534 est en usage encore en 1549, et la plaque avec Spes de IP qu'on a sur une impression de 1552 aura pu être en usage pendant quelques années puisque la plus ancienne impression connue date de 1532. La chronologie ne défend donc pas la supposition de l'antériorité de la plaque de IP, à part la question de l'origine du prototype de de cette plaque. De plus, on ne doit pas oublier que les initiales d'un graveur MG qu'on a sur une reliure d'Augsbourg de 1569 (Weale, | |
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Bindings 189; cf. aussi Goldschmidt no. 253) et sur une autre de 1555 environ, appartiennent au monastère de Sainte Gertrude à Louvain (Weale. Rubbings 442-443). Il va sans dire que ces deux MG ne sont pas nécessairement identiques ni entre eux ni avec M Gr; les répétitions de sujets identiques sur les reliures de la fin du XVe et du XVIe siècle sont aussi très fréquentes, et l'on trouve, comme le fait remarquer Delstanche dans l'article cité (de la Revue des bibl. de Belgique), sur des réliures françaises et flamandes, des estampages exécutés avec des fers en usage à la même époque en Allemagne. Ici il ne s'agit pas de repliques exactes, et on n'a donc pas besoin d'admettre l'hypothèse émise par M. Harrisse sur des vignettes faites sur métal et multipliées par un procédé de clichage - soit qu'elle s'applique avec autant de raison aux estampages des reliures - mais la connexion de la Belgique et de l'Allemagne dans ces plaques ne se laisse pas repousser. Ces lignes étaient déjà écrites et expédiées au directeur de cette revue quand parut le tome premier de l'important ouvrage de M. Haebler, Rollen- und Plattenstempel des XVI. Jahrhunderts (Sammlung bibl. wiss. Arbeiten, 41). Le célèbre maître, toujours actif, nous y donne une oeuvre à ranger à côté de son excellent Typenrepertorium der Wiegendrucke. Sa description ne dépasse que par exception les limites de l'Allemagne, qui est sans doute le vrai pays des panneaux et des plaques du XVIe siècle; mais, comme il dit lui-même, quoique la technique des plaques de IB et IP soit déjà tout autre que celle des graveurs allemands, c'est parce que la manière d'appliquer les initiales et les marques correspond à celle des relieurs allemands que nos reliures ont aussi trouvé place dans son répertoire. Les initiales IB sont très fréquentes, constate-t-il, en Allemagne. Il les partage en huit groupes différents auxquels s'en ajoute encore un autre, désigné sous le nom de ‘Varia’, et il énumère quelques relieurs allemands qui ont dû se servir de telles initiales, sans vouloir les raccorder. Il en est de même pour les IP allemands qu'il range dans un seul et même groupe où il reconnaît pourtant un relieur de Görlitz, et il est remarquable qu'on y retrouve, du moins sur les panneaux, des emblèmes semblables représentant Fides-Spes-Charitas etc. Quant aux initiales MG que je viens de citer d'après Weale comme provenant d'Augsbourg, M. Haebler est du même avis en constatant que ce sont celles de Mathias Gart- | |
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ner, mais les plaques signées des mêmes initiales pourront être attribuées à Matthias Georg von Wittenberg. Des trois reliures que M. Haebler signale portant la plaque avec Spes-Fides de notre IB - leur nombre monte donc à dix-huit, - deux renferment des impressions de Louvain, à savoir: Derrer, Jurisprudentia Louvain 1552) et, sans titre indiqué. Louvain 1536, toutes les deux à la bibliothèque de Dresde, ainsi que la troisième: Paris 1545, sans titre indiqué. De plus il fait connaître encore deux reliures de IP, à savoir: Pollux, Onomasticon graece (Bale 1536, Bibl. d'Augsbourg) portant sur le plat recto: Lucretia et sur le verso Cleopatra (Weale 433 et 432) et Terentius, Comoediae (Lyon 1541, Bibl. de Dresde), reliure pourvue de la plaque avec Spes-Fides (Weale 434). La supposition de Weale d'une origine néerlandaise lui paraît donc fondée, mais, quant au monogramme du graveur, il le déchiffre comme: CMR, tandis que Weale, MM. Hulshof et Schretlen et M. Goldschmidt l'ont interprété comme: MGR, MCR ou M Gr, tous inconnus à Nagler (Monogrammisten). Puisque, p. 82 de son ouvrage, M. Haebler semble accepter aussi MCR, qui, en tout cas, ne peut être identique à MC (Michael Crampnitz à Breslau), il faut tirer la conclusion qu'il ne refuse pas une autre interprétation, et, en regardant le monogramme en question, celle de M. Goldschmidt paraît fondée. Je fais observer aussi que M. Haebler signale l'existence d'un panneau avec les initiales IB combinées avec celles d'un relieur énigmatique CR qui se dénonce expressément comme catholique. Paul Högberg. |
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