De Gulden Passer. Jaargang 5
(1927)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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Les reliures de IB et IP.Voici encore une de ces singulières coïncidences. Presqu'en même temps que mon article sur Les reliures de Louvain à Uppsala, publié dans un numéro précédent de cette revueGa naar voetnoot1), M.J. Theele a fait paraître dans le Jahrbuch der Einbandkunst pour 1927 un très intéressant essai sur ‘Die Spes-Platte der Meister IB und IP, ein Beitrag zur Beziehung zwischen Graphik und Einbandkunst’ qui contient de nouvelles contributions à cette question. M. Theele y signale encore trois reliures de IP à Cologne (Paris, 1537), Francfort (Paris, 1536 et 1539) et Lyon (Bâle, 1532) et deux de IB à Vienne (Anvers, 1540) et à Düsseldorf (Cologne 1548). Trois de ces reliures sont de provenance néerlandaise, celle de Cologne porte même le nom d'un possesseur de Louvain. Theele a aussi trouvé des variantes de la plaque de IP où le mot Charitas manque, à savoir dans les exemplaires cités de Cologne et de Francfort qui doivent provenir du même atelier étant, selon lui, peut-être des reliures commerciales de S. Colin de Paris. L'impression de la plus ancienne portant la plaque avec Spes de IP date selon lui de 1532, ce qui, bien entendu, n'indique pas né- | |
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cessairement la date de la reliure. Mais ce qu'il y a de plus intéressant, c'est la découverte d'une impression de 1548 à la bibliothèque de Cologne contenant Causae quare et amplexae sint, et retinendam ducant doctrinam, quant profitentur Ecclesiae... où l'on a, au feuillet du titre, une figure féminine différant un peu dans les détails de celle de IB et IP, sans le mot Charitas et bien entendu sans la citation de la bordure tirée des Psaumes, mais portant les mots Spes-Fides et la même inscription: Meritum Christi et In te dn̄e speraui... La question se pose donc si nous y avons à faire au prototype des plaques de IB et IP, question dont la solution pourrait être avancée par la découverte d'autres impressions antérieures à 1548 pourvues du même titre gravé, et par la fixation de l'origine de cette gravure en trouvant par ex. le lieu de l'impression de Melanchton. A ce sujet M. Theele fait mention d'un graveur de Cologne Anton Woensam qui s'est souvent servi dans ses planches de titres de figures féminines semblables pour symboliser les vices et les vertus, notamment dans une impression de 1532. Puisque l'existence de plusieurs ouvrages dans le même volume, imprimés dans des endroits différents, ne permet pas de croire à une reliure commerciale, la date antérieure de quelques-unes des impressions connues ne peut infirmer cette influence. Il est vrai aussi que la plus grande partie des reliures connues de IB et aussi de IP contient des impressions datées de 1540 et des années suivantes; mais il faut observer que d'autres plaques de IP portent la date de 1534, et l'on doit donc tenir compte que ce relieur pourrait avoir exercé sa profession jusqu'à dix années avant la date de l'impression de Melanchton. Apparemment il faut aussi, pour appuyer la thèse de M. Theele, dresser l'inventaire des reliures conservées. Peut-être l'examen de leur provenance pourrait-il donner un point de départ. Pour indiquer qu'il n'est pas impossible que ces reliures soient de provenance colonaise, M. Theele a aussi attiré l'attention sur la ressemblance qui existe entre le chiffre de notre IP et des monogrammes aux initiales IB et aux armes de Cologne (une croix) originaires de cette ville. Mais, sans tenir compte de la forme surtout du chiffre de IB, cela supposerait, comme il le fait remarquer lui-même, une identification de IP et IB et en général, comme on peut le voir dans l'introduction de Delalain à son ouvrage: Inventaire des marques d'imprimeurs et de libraires (Paris 1892), la croix | |
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plus ou moins compliquée ne doit pas nécessairement indiquer la provenance géographique. L'adoption de la croix soit dans sa représentation simple soit avec complication d'ornements accessoires semble avoir été très fréquente dans les divers pays et pourrait aussi bien être l'indice d'une affiliation à une confrérie ou une corporation comprenant non seulement des imprimeurs et des libraires mais aussi des peintres, des sculpteurs etc., comme on a pu le constater pour les Pays-Bas. En réalité, cet emploi peut aussi dériver d'une idée religieuse. En tout cas, soit que l'idée ou la fabrication de la plaque indique une origine française ou allemande, l'atelier des reliures même semble être à chercher dans les Pays-Bas et en abordant cette question de provenance il s'agit de trouver les documents et indications nécessaires.
Uppsala, mai 1927. Paul HÖGBERG. |
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