De Gulden Passer. Jaargang 5
(1927)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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Bezoek van Albert en Isabella aan de plantijnsche drukkerij ter gelegenheid van hun blijde intrede in Antwerpen (december 1599).Door een artikel van Prof. Maurits Sabbe in ‘De Gulden Passer’Ga naar voetnoot1) werd onze aandacht gevestigd op een handschrift van Philippe Chiflet (1597-1657), kapelaan van Infante Isabella. Het wordt bewaard in de stedelijke Bibliotheek te Besançon. Diezelfde bibliotheek bezit nog twee andere handschriften van denzelfden Chiflet. Een van deze handschriften bevat allerlei stukken door Chiflet samengebracht met het doel het leven van de Infante te beschrijven. Over de Blijde Intrede van Albert en Isabella in Antwerpen en over hun bezoek aan de Plantijnsche Drukkerij - December 1599 - vernemen wij hier het volgendeGa naar voetnoot2): Fol. 84 - 10 dec. 1599. Mais ceux d'Anvers comme les plus polis et cultivez de touts et qui vivans dans la plus belle ville du monde, autresfois le magasin de l'Europe, ont à la faveur de leur celébre port de grandes commodites de la mer des quelles les autres ne jouissent qu'avec beaucoup plus de frais et moins davantage. Aussy remporterent ils le prix par dessus toutes les autres villes faisans parade d'un triomphe sortable aux puissans mouvemens de leur humeur qui est toute genereuse, et déployans leur coeur dans un nombre infini d'escritaux dont les instruments du triomphe les rues et les places publiques estoient tapissees. Ce fut le 10e jour de Decembre que l'Archiduc et l'Infante firent leur entree en cette belle ville a l'abbord de laquelle ayans este salue par un compliment bien adiancé que le pen- | |
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sionnaire leur porta au nom de touts. L'infante qui estoit tousjours au coste droict de l'Archiduc replique avec une douce majeste qu'elle aggreoit fort les tesmoignages de leur bonne volonte, quelle en auroit souvenance à l'occasion et un soin particulier de la conservation de leurs privileges. L'Archiduc confirma la response de l'Infante par la sienne demonstrant de participer aussy bien qu'elle a la satisfaction qu'elle recevoit de la bonne volonte du magistrat et de la bourgeoisie. La porte de St Georges qui avoit este basttie expressement pour servir d'entrée à l'Empereur Charles V fut cinquante quatre ans après honnoree d'icelle de l'Infante Isabelle sa petite fille; comme la memoire de la premiere solemnite avoit este gravee dessus de cette porte, la ville voulut que cette seconde y fut aussi appliquéé en ces termes: Alberto et Isabellae Dans la ville tout fut en feu en rejouissances, inventees à l'envi par ceux de la ville par les Fugger et par les nations Espagnoles, Portugaises, Genevoise et Milanaise qui habitent la pour la commodite de la negociation. Pendant que LL. AA. y sejournerent il ne s'en passa aucun qui ne merita d'estre compte comme rempli de quelque action considerable. Le premier fut le jour heureux de leur entree. Au deuxieme LL. AA. furent veoir le superbe palais des Nations Hanséatiques appelé la maison des Osterlins, pres de la grande place qui est au devant de la Citadelle. La matinee du troisieme fut employée a l'office qui fut celebré par l'Evesque en l'egglise cathedrale et à l'inauguration des princes qui fut couronnee par la creation de quatre chevaliers et suivie d'une confusion de voix d'allegresse et d'un applaudissement generale peu exprimer, que par autant de bouches qu'il y en eut a former un concert si ravissant. Et la soiree par courir en dessoub les arcs de triomph les endroicts par ou ils avoient passe à leur entrée. De tous les escriteaux dont ce triomphe estoient | |
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revetus, nous ne raporteront que celuy qui marque l'inauguration du marquis du St Empire. Ut Albertum et Isabellam principes optimos Le quatrieme jour ils assisterent à une action de Ste Elisabeth fort gentiment representee au collège des Pères de la compagnie de Jesus, par leurs escholiers, en faveur de l'Infante. L'apres dinee du cinquieme ils furent à la Bourse et des plus magnifiques ouvrages de la ville destine a la communication des marchands de toutes sortes de nations pour l'ajustement de leur compte et de leur trafic. De la à la verrière. ou les ouvriers firent jouer les plus secrets ressorts de leur industrie, s'evertuans à qui mieux à former l'un des animaux de differentes especes, un autre des arbres charge de fleurs et de fruicts, celui-ci des parterres bigarrés de mille fleurs si naturelles qu'il ne leur manquoi que l'odeur; celuy la eslevait en un instant une tour, un palais, une montagne; qui souflait un navire equipe de touts ses voiles et cordages et assorti de canons et de matelos, qui batissoit en un quart d'heure une ville entière, qui un paysage et tout ce l'imagination avoit menee en gros on le voyait aussitost sortir de leur bouche, comme le (tan d'un ours?) et recevoir en deux ou trois tours de mains telles formes pu'il plaisoit a l'ouvrier de luy departir; a quoy l'Infante prenoit un singulier plesir. Cette verriere n'est pas moins estimee que celles de Venise mais elle le fut bien davantage par la visite royale de ces deux grands princes. | |
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Le sixieme jour ils recurent le serment de fidelite du gouverneur de la citadelle d'Anvers et des gouverneurs de Liere et de Gavre en conformite de l'ordre qu'ils avoient du Roy frère de l'Infante. Et pour ne rien obmettre de tout ce qui estoit de rare a voir apres le disne ils furent en la maison ou se trouve le magasin de toute sorte de tapisseries en si grande quantite qu'il y en a dordinaire pour assortir un royaume entier. Le reste de la journee fut utilement passe dans l'imprimerie du docte et renomme Christoffle Plantin, curieusement administrée pour lors par le soigneux et exact Jean Moretus son gendre, lequel en reconnaissance de l'honneur dont il se sentoit oblige fit sortir de l'une de ses presses en la presence de ses Princes un escrit en lettres capitales qu'il leur presenta sur le champ. Dans l'ordre des visites que firent l'Archiduc et l'Infante tousjours ensemblent le beau et magnifique vaisseau de la grande egglise de Notre Dame estoient dispose pour le septieme jour qu'ils s'y plurent fort longuement à considerer les autels et monuments de marbres d'orient, dont l'eglise est abondement enrichie et les tableaux et chefs d'oeuvre ou les peintres les plus excellent qui ayent este des que la peinture à huile est en usage, ont mis la main.
Dom. ROGGEN. |
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