De Gulden Passer. Jaargang 4
(1926)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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La petite dynastie des Le Poittevin de la Croix.Les grands imprimeurs forment des dynasties: tels les Estienne, les Elzevier, les Moretus, les Verdussen, les Didot, Nous voudrions dire, ici, un mot d'une dynastie, moindre en importance et en nombre, celle des deux Le Poittevin de la Croix, père et fils, Français par nature, devenus Anversois par destination, qui, dans la première moitié du XIXe siècle, occupèrent, chez nous, comme imprimeurs, une certaine place, aujourd'hui tombée dans l'oubli. Cette petite dynastie ne constitue plus, maintenant, qu'une petite curiosité locale, intéressante seulement pour les bibliophiles anversois. Notre attention fut éveillée le jour où, grâce à la générosité d'un ami, nous entrâmes en possession d'un ouvrage dont voici le titre: ‘Maxims || and || moral reflections. || By the || Duke de la Rochefoucault. || A New Edition, Revised and Elarged. || - Calais: || Printed for Lepoittevin-Lacroix. || M.DCC.XCVII.’ In-8o, 176 pages, plus un index non paginé, auquel, dans notre exemplaire, manquent les lettres postérieures à E. Il n'est peut-être pas sans intérêt de remarquer que cette traduction anglaise du plus féroce des moralistes français fut publiée, à Calais, en 1797, l'année où eurent lieu, à Lille, les fameuses conférences, pour la paix, entre l'Angleterre et la France. Malgré nos recherches, nous n'avons trouvé, dans les bibliographies, aucune trace de cet ouvrage. Si nous pouvons en croire les bouquinistes, que nous avons interrogés en désespoir de cause, il constituerait une rareté. Nous n'avons pas non plus trouvé trace d'autres ouvrages imprimés, à Calais, par ‘Lepoittevin-Lacroix.’ Dans le courant de l'année 1797, Louis Le Poittevin de la Croix, imprimeur, venant de Calais, arrive à Anvers, où il s'installe, Marché aux Souliers, section 3, numéros 701 et 702, dans un immeuble occupé par un imprimeur nommé Allebé, dont il reprend les affaires. Il épousa Marie De Visser, dont il eut quatre enfants: Edmond, né en 1812; Louis, né en 1814; Casimir-Florent, né en 1820; et une fille qui mourut à l'âge de dix ans. Les ‘Actes et Mémoires de la Société d'Emulation d'Anvers’, établie à Anvers, département des Deux-Nèthes, le cinq messidor | |||||
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an IX de la République française (Anvers, imprimerie H.P. Van der Hey, libraire, coin de la rue des Menuisiers. In-8o, 202 p. avec table et 24 planches non chiffrées) se terminent par des tableaux météorologiques du ‘ci-devant citoyen L.P.X. qui savait tout.... même le flamand.’ Cet omniscient imprima le Journal du Commerce appelé, plus tard, Journal du Département. Il écrivit, en français, plusieurs ouvrages, entr'autres l'Almanach du Département des Deux-Nèthes (Années 1806, 1807 et 1808) qui parut d'abord ‘chez Allebé, imprimeur, rue Bonaparte, 702’, et qui devint, ensuite, l'Almanach d'Anvers et du Département des Deux-Nèthes (Anvers, 1809 à 1814 inclus) publié ‘chez l'auteur, rue Bonaparte, 702’. Sous le régime hollandais, à partir de 1815, parut ‘chez L.P. Delacroix, imprimeur du gouvernement, marché aux Souliers, 702’, le Mémorial administratif de la province d'Anvers, en un texte bilingue, jusqu'en 1820. A partir de cette date, cette publication prit le nom de Memoriaal van administratie der provincie Antwerpen, en paraissant, en un texte exclusivement flamand, ‘by L.P. Delacroix, drukker van het Gouvernement, Groeneplaatsstraat, 702.’ Louis Le Poittevin de la Croix mourut le 24 mai 1829. Son épouse, née Marie De Visser, qui continua les affaires, décéda, à Londres, le 29 septembre 1844. Après la mort de celle-ci, les affaires furent reprises par Edmond Le Poittevin de la Croix, fils aîné du précédent. Il avait épousé Françoise Adrienne Beukman, née à Amsterdam en 1822, et était allé habiter Londres le 27 juin 1833. Quand il revint à Anvers, il alla demeurer rue des Tanneurs, 1054. Son dernier domicile fut rempart du Lombard, section 3, no 809, actuellement no 60. Le 24 novembre 1851, il alla s'établir à Saint Josse-ten-Noode, près de Bruxelles, où nous perdons sa trace. Frans Olthoff, dans son ouvrage intitulé: ‘De Boekdrukkers, boekverkoopers en uitgevers in Antwerpen. Drukkery: J.-E. Buschmann, Rijnpoortvest, 1891. Boekhandel Max Ruef, Antwerpen’. In-4o, 134 pages, s'exprime comme suit (p. 83, col. 1): ‘Poittevin de la Croix, L. Boekdrukker, opvolger van Allebé, woonplaats Schoenmarkt, later (1812-1814) Napoléonstraat geheeten, tot na de fransche onwenteling. Hij was franschman van oorsprong en schreef in die taal eenige werken, waaronder de Almanach du département des Deux-Nèthes. Hij was ook de | |||||
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drukker van den Journal du Commerce, later genoemd Journal du Département. Zijne weduwe zette de zaak voort onder de firma Wed. van Poittevin de la Croix. Na dezes dood, werd de zaak voortgezet door den zoon Edmond Poittevin de la Croix (1844).’ Edmond Le Poittevin de la Croix est l'auteur des deux ouvrages suivants:
On trouvera des renseignements dans la Bibliographie nationale de Belgique, vo Le Poittevin de la Croix, p. 409, et dans Lorentz, 1re série de la Bibliographie de la France, vo Le Poittevin de la Croix. De tout quoi, il nous semble résulter que la petite dynastie des Le Poittevin de la Croix, imprimeurs lettrés comme leurs grands devanciers, mérite une place dans l'histoire de la typographie anversoise. Il nous est agréable de reconnaître que, dans notre tâche, nous avons été puissamment aidé par nos amis le docteur Alexandre de Mets, oculiste à Anvers; Jules Lhermitte, conservateur adjoint de la Bibliothèque principale de la ville d'Anvers. et Romain Van den | |||||
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Bosch, archiviste adjoint de cette ville. Ce dernier poussa même l'obligeance jusqu'à demander, pour nous, des renseignements à son collègue de Calais; mais ce bourgeois de Calaïs, dégoûté, apparemment, de toute abnégation par l'exemple de ses concitoyens illustrés par le groupe de Rodin, ne donna pas de sa personne. Voilà pourquoi notre fille, nous voulons dire notre étude est muette sur tout ce qui concerne les Le Poittevin de la Croix antérieurement à 1797. Peut-être, un jour, daignera-t-on combler cette lacune.
Charles Dumercy. |
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