De Gulden Passer. Jaargang 2
(1924)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
[pagina 116]
| |||||||||||||||||||||||||
Un drapelet ancien de Notre-Dame d'Anvers.Introduction.Le drapelet ancien d'Anvers, dont nous publions une reproduction, nous a été offert dans le courant de l'année 1922 par quelques folkloristes liégeois. Il est le seul que l'on connaisse pour la célèbre dévotion de la vierge miraculeuse vénérée à l'église de Notre-Dame à Anvers C'est aussi un exemplaire unique. A défaut d'une oeuvre d'art, il constitue au moins un document d'un vif intérêt et confirme notre opinion que pour tous les pèlerinages flamands de quelque importance, on a gravé jadis un drapelet, soit en bois, soit en tailledouce, ou à l'eau-forte. Autrefois, le drapelet en était le souvenir traditionnel, l'accessoire obligé. Le drapelet d'Anvers est à deux faces gravées en taille-douce. L'avers représente le célèbre ommegang avec quelques-uns de ses chars, le revers la riche procession de Notre-Dame, qui déroule encore sa pompe à travers les rues de la grande métropole commerciale le dimanche qui suit l'Assomption. Ces deux gravures sont de deux différents artistes, ont été exécutées à des époques différentes et ont une valeur bien inégale. Aucune des deux ne porte un nom de graveur ou d'éditeur. Celle de l'ommegang nous semble la plus ancienne; elle est aussi la plus usée. Il est même probable que le marchand qui a fait imprimer le drapelet possédait déja la planche de l'ommegang et que voulant en tirer parti à l'occasion des fêtes religieuses qu'on allait célébrer à Anvers, il a chargé un graveur, populaire peut-être mais médiocre certainement, de la compléter par une autre représentant la procession et la cathédrale d'Anvers. Tout nous porte à croire que la gravure de l'ommegang pourrait être l'oeuvre d'un artiste allemand ou hoilandais, qui s'est peut-être inspiré de la belle planche de Gasper Bouttats. mort en 1696, pour la mise en page de la sienne. Quoi qu'il en soit, car il est difficile de se prononcer dans l'occurrence, le drapelet d'Anvers a été mis dans le commerce en 1728, au mois d'août, à l'occasion de la célébration du 250e anniversaire de l'institution de la confrérie de Notre-Dame d'Anvers. Notre exemplaire doit dater de cette année; il était sans doute fixé à un bâtonnet, car il porte encore les traces du collage. La légende de | |||||||||||||||||||||||||
[pagina 117]
| |||||||||||||||||||||||||
la banderole qui flotte dans le ciel de l'avers doit se traduire: Voici assis grand'père en grand apparat, le peuple le voit avec plaisir. Cette légende a été gravée par un illettré, elle fourmille de fautes d'orthographe. On remarquera aussi, non sans quelque surprise, que le nom même d'Anvers a été estropié. Les dimensions de la surface gravée du drapelet sont les suivantes. Avers, hauteur: 170 mm., base: 270 mm. Revers, hauteur: 160 mm., base: 270 mm. On lira peut-être avec quelque intérêt les renseignements qui vont suivre sur les images miraculeuses de Marie vénérées à l'église Notre-Dame d'Anvers, sur la confrérie dont on célébra le 250e anniversaire en 1728 et sur la composition en la même année de l'ommegang, à juste titre réputé. Nous avons consulté des publications de l'époque, les archives de la confrérie, obligeamment mises à notre disposition par M. Georges de Cock de Rameyen, président des maîtres de la chapelle de Notre-Dame, les archives du Musée Plantin et celles de la ville d'Anvers. | |||||||||||||||||||||||||
I. - Les notre-dame miraculeuses de l'église notre-dame d'Anvers.Parmi les images miraculeuses de Marie vénérées en Belgique, celle d'Anvers, honorée sous le titre de ‘O.L.V. op 't Staaksken’ jouit jusqu'en 1533 d'une si grande notoriété que Wichmans écrit, à tort sans doute, que par suite du grand concours de monde une rue voisine de l'église Notre-Dame reçut le nom de rue des Pèlerins (Platea Peregrinorum). On y trouvait un grand nombre de petites constructions dans lesquelles vivaient des cabaretiers et des marchandsGa naar voetnoot1). Une hôtellerie du Vieux marché au Blé avait pour enseigne ‘De Pelgrim’Ga naar voetnoot2). Papebrochius pense qu'un ermite pourrait avoir habité la maison appelée l'Ermitage (Cluys), qui fut vendue, en 1488, aux marchands hanséatiques et qui s'élevait à l'endroit où se trouve aujourd'hui le Vieux marché au Blé, entre la rue des Pèlerins et la rue HauteGa naar voetnoot3). Cet auteur rapporte, d'après la chronique du chanoine Snyders, qu'en 1473 de nombreux miracles récompensèrent la confiance des fidèles. Ils furent reconnus authentiques l'année suivante. | |||||||||||||||||||||||||
[pagina 118]
| |||||||||||||||||||||||||
On sait que de bonne heure les pèlerinages à des lieux plus ou moins éloignés furent ordonnés à titre de punition. Notre-Dame d'Anvers était au nombre de ceux que le magistrat de Lierre imposait aux délinquants (1446 et 1451)Ga naar voetnoot1).
* * *
On croit communément que Notre-Dame d'Anvers porte le titre de ‘O.L.V. op 't Staaksken’ parce que des habitants de cette ville auraient trouvé la statue sur une souche d'arbre, dans un potager, en l'année 837, après les dévastations des Normands. Mais ce n'est là qu'une légende. Le culte de l'image ne remonte pas aussi haut, il doit dater tout au plus du XIVe siècle. Il ne nous paraît pas impossible qu'une madone, objet de la vénération populaire, se soit trouvée primitivement dan le chemin, en escalier, qui conduisait du Vieux Marché au Blé au Cimetière Notre-Dame et qu'on désignait par les mots ‘aen de staecxkens’. C'est aujourd'hui le passage Quinten MatsysGa naar voetnoot2). Cette madone, portée plus tard à l'église Notre-Dame, peut-être après un événement dont le souvenir est perdu, y aurait été honorée sous te nom de l'endroit où elle avait été fixée d'abord. Il est plus probable cependant que ce titre lui a été donné parce qu'elle était exposée sur un Staatsken (petit pilier, branchette). Toutefois cette représentation ne confirme pas la légende car elle peut avoir créé celle-ci.
* * *
D'après une autre légende, deux images de Marie descendant l'Escaut en 1371, furent recueillies devant Anvers par des pêcheurs. Mais quand ceux-ci se proposèrent, après les avoir apportées à terre, de les transporter plus loin, on ne parvint, malgré les chevaux et les machines auxquels on eut recours, à les faire avancer que lorsqu'on eut décidé de placer une d'elles à l'église Notre-DameGa naar voetnoot3).
* * * | |||||||||||||||||||||||||
[pagina 119]
| |||||||||||||||||||||||||
Quelques écrivains ecclésiastiques rapportent qu'en l'année 1348, les maîtres de chapelle de l'église Notre-Dame d'Anvers ayant relégué l'antique image miraculeuse dans un coin obscur du sanctuaire pour la remplacer par une autre moins ancienne et plus belle, la vierge Marie apparut à trois reprises à une vieille dévote, Béatrice Soetkens, et lui intima l'ordre de faire repeindre l'ancienne statue et d'aller la placer à Bruxelles, dans l'église du Sablon, sur le grand autel. Béatrice monta avec l'image dans une barque et arriva, d'une manière surnaturelle, sans le secours des voiles et des avirons, à Bruxelles où elle fut accueillie avec des témoignages extraordinaires de foi et de bonheur. Les notables de la ville, et à leur tête le duc Jean III, vinrent à sa rencontre et escortèrent ensuite l'image jusqu'à l'église du Sablon où elle fut déposéeGa naar voetnoot1). Elle y fut brûlée en 1580 par les iconoclastesGa naar voetnoot2). * * *
Il va de soi que le voyage surnaturel de la statue miraculeuse de Notre-Dame d'Anvers ne soutient pas la critique. Il est probable que l'image n'a jamais quitté notre ville. On présume qu'elle a péri dans l'incendie qui consuma en 1533 tous les autels, à l'exception du maître-autel, en l'église Notre-Dame d'Anvers, car, à partir de cette année, les auteurs n'en font plus mention et les pèlerins cessent de venir implorer son secours. La dévotion déclina et tomba dans l'oubliGa naar voetnoot3). Cependant, M. l'abbé Louis Philippen, qui a fait une étude approfondie de cette vénération, pense que l'image miraculeuse n'a été détruite ou perdue que lors de l'occupation de l'église en 1580 par les Calvinistes. * * * On ignore si l'image qu'on vénère encore à la cathédrale d'Anvers est celle sculptée en 1399, probablement aux frais de la ville, pour être portée, richement habillée, gesiert met eerliken abiteGa naar voetnoot4), dans la grande procession de l'Assomption. Elle est en bois de chêne et de grandeur moyenne. Marie est représentée debout, tenant sur | |||||||||||||||||||||||||
[pagina 120]
| |||||||||||||||||||||||||
le bras gauche l'Enfant et de la main droite le sceptre. Cette statue a été faite pour être habillée car toutes les parties visibles dans une image habillée sont bien achevées et finement peintes, tandis que les parties cachées sont ébauchées et recouvertes d'une grossière couleur brune. L'Enfant est indépendant de l'image principale de façon à pouvoir être facilement vêtu. La statue de Marie est en partie évidée pour la rendre plus légère et empêcher le bois de travailler. Elle a toujours été revêtue d'habits précieux qui gagnaient encore en somptuosité les jours de procession, grâce à la générosité de riches Anversoises qui avaient offert leurs diamants et leurs joyaux pour l'en parer. Le 20 août 1566, cette statue, qui avait déjà été insultée l'avantveille par les hérétiques pendant la procession, fut gravement mutilée dans la chapelle de Notre-Dame où elle se trouvait exposée à la vénération des fidèles. Elle fut percée de coups d'épée, criblée de balles, on lui abattit la tête, on détacha la main droite et le bras gauche qui portait l'Enfant. Elle porterait encore, paraît-il, les traces de ce vandalisme. * * * Notre-Dame d'Anvers n'a pas, comme les Notre-Dame d'autres lieux de pèlerinage, une spécialité bien déterminée, on l'invoque dans toutes les nécessités. En temps d'épidémie, la foule s'y portait pour obtenir par ses prières, ses voeux et ses offrandes la cessation du fléau. Elle délivra, rapporte-t'on, en 1527, l'antique cité de la maladie infectieuse connue sous le nom de suette. Au XIXe siècle, lors des épidémies cholériques de 1832, 1849 et 1866, un nombre considérable de fidèles vinrent l'implorer et déclarèrent avoir été exaucés. Quoi qu'il en soit, en souvenir des nombreux miracles qu'on lui attribue, l'image a été couronnée au nom du pape le 15 août 1899. | |||||||||||||||||||||||||
II. - La Confrérie de la Louange de Notre-Dame.Une première confrérie en l'honneur de la Vierge, érigée en l'église Notre-Dame d'Anvers au XIVe siècle, celle de Salve Regina, précéda celle de la Louange de Notre-Dame. Elle disparaît en 1511. Son autel appartenait en 1596 aux débitants de vin, qui avaient pour patron saint MartinGa naar voetnoot1). | |||||||||||||||||||||||||
[pagina 121]
| |||||||||||||||||||||||||
Une autre confrérie en l'honneur de Marie fut instituée en 1478 par quelques personnes notables d'Anvers, dans la même église, sous le titre de ‘Ghilde van Onser Liever Vrouwen Loff’ (Confrérie de la Louange de Notre-Dame). Elle avait pour but de faire chanter chaque soir, après la sonnerie des cloches et le jeu du carillon, des hymnes, avec accompagnement d'orgue, en l'honneur de Marie, afin de solliciter son aide et sa protection pour la ville d'Anvers et d'appeler sa bénédiction sur les membres de l'association. Les premiers cantiques furent chantés le 12 février 1478Ga naar voetnoot1). Cette confrérie acquit quelque célébrité et compta parmi ses membres des personnages considérables. La confrérie payait au corps de garde une contribution annuelle, qui s'éleva jusqu'à trois cents florins, et moyennant laquelle tous ses membres étaient dispensés de tout le service personnel de milice, sauf celui de l'aumônerie. Le nombre des confrères était donc limité, et fixé par l'autorité supérieure. Les membres étaient recrutés parmi les personnes honorables et notables de la ville, qui briguaient l'honneur de se faire inscrire dans l'association religieuse et sans doute jouir des avantages qui y étaient attachés. Par un privilège en date du 7 juillet 1505, la confrérie fut autorisée, pour couvrir les frais d'embellissement de la chapelle, notamment ceux de l'exécution d'un retable, à porter le nombre de ses membres à 200. Chacun d'eux devait payer un droit d'entrée de trente escalins gros de Brabant, six escalins pour sa contribution annuelle et onze escalins pour sa dette mortuaire. Les régents et les doyens de la confrérie devaient faire célébrer annuellement un service funèbre pour le repos des confrères trépassés. Le 10 décembre 1548, pour couvrir les frais d'entretien et de restauration de la chapelle, fort éprouvée par un récent incendie de l'église, la confrérie fut autorisée à porter le nombre de ses membres à 300. Le 12 août 1553, le nombre des membres, qui avait déjaà été réduit précédemment à 150, fut diminué jusqu'à 100. | |||||||||||||||||||||||||
[pagina 122]
| |||||||||||||||||||||||||
Par octroi du 26 janvier 1567, pour réparer les dégâts causés par les iconoclastes, la confrérie, qui ne comptait plus à ce moment que 36 membres, fut autorisée à s'adjoindre une centaine de personnes honorablesGa naar voetnoot1).
* * *
Les membres promus maîtres étaient tenus de donner un grand repas à leurs confrères. Suivant une communication que M. Maurice Sabbe, le savant conservateur du Musée Plantin, a eu l'obligeance de nous faire, les frais du banquet offert par Pierre Goos et Balthazar Moretus III les 24, 25 et 26 janvier 1672 ne s'élevèrent pas à moins de 942 florins 11 sous. Bathazar Moretus II, père du jeune maître, car celui-ci n'avait alors que 26 ans, paya une moitié de cette somme et Pierre Goos l'autre. D'après une note récapitulative, Balthazar Moretus II, qui désirait sans doute que son fils traitât avec magnificence ses confrères, dépensa au cours de l'année de maîtrise (1672) de celui-ci 1120 florins et 17 sous, y compris un droit d'entrée de 250 florins et la moitié d'un autre repas donné en commun avec Pierre Goos, qui avait été élu maître en même temps que le jeune Moretus, dans la chapelle de Notre-DameGa naar voetnoot2), repas auquel on ne servit que du poisson, des pâtisseries, de la bière et du vin du RhinGa naar voetnoot3). Balthazar Moretus II lui-même avait été promu maître en 1644.
* * *
D'après les livres de comptes de la confrérie. entre les années 1700 et 1745, les offrandes en argent atteignaient une moyenne annuelle de 1323 florins. On les recueillait dans la chapelle pendant l'octave et dans le tronc pendant l'année, - par les marguilliers les samedis, les dimanches et les jours fériés et par le bedeau les autres jours - plus, les collectes faites dans la ville, notamment le premier lundi du carême et les jours suivants. En l'année 1728. alors qu'on célébra le 250e anniversaire de l'érection de la confrérie, on re- | |||||||||||||||||||||||||
[pagina 123]
| |||||||||||||||||||||||||
tira des troncs, pendant l'octave de l'Assomption, une somme de 424 florins et 2 sous. Pendant cette même année, les offrandes, les rentes, les fondations au profit de la chapelle de Notre-Dame produisirent 3696 florins 4 1/4 sousGa naar voetnoot1).
* * *
Dans leur séance du 21 février 1728, les administrateurs de la confrérie décidèrent de célébrer avec la plus grande pompe la même année le 250me anniversaire de l'existence de leur association et de confier la direction de la décoration de la chapelle au père jésuite Van Loo, qui serait assisté des confrères Lambrechts, Heck, Willems et CoppalGa naar voetnoot2). Le 25 juin suivant, par la voie de la Gazette van Antwerpen, les maîtres et les confrères faisaient savoir à la population anversoise que le 15 août suivant ils célébreraient le 250e anniversaire de l'institution de leur confrérie par une octave solennelle de quinze jours et que les magistrats communaux leur avaient permis de se servir, pour donner plus d'éclat à la procession qui sortirait à cette époque, de quelques-uns des principaux chars de l'ommegang, comme cela avait eu lieu lors des dernières fêtes donnèes à l'occasion de la canonisation de quelques saintsGa naar voetnoot3). Le 23 juillet suivant, la même feuille annonçait que les maîtres de la confrérie de Notre-Dame faisaient des préparatifs extraordinaires pour célébrer avec la plus grande pompe le 15 août la fête de l'Assomption et qu'à l'occasion du 250e jubilé de leur confrérie, le 22 du même mois, l'image de Marie, patronne de la ville, serait portée dans la magnifique procession, procession qui serait suivie non seulement par les principaux chars du fameux ommegang anversois, mais aussi par d'autres, construits par des particuliers, pour donner encore plus d'éclat à cette grande fêteGa naar voetnoot4). Le 13 août, la Gazette van Antwerpen annonçait qu'on mettait en vente chez le sieur Hieronymus Verdussen, à la Grand'place, et chez J.B. Van de Cruys, dans la rue des Peignes, un petit livre, orné de belles planches sur cuivre, représentant la solennité et la | |||||||||||||||||||||||||
[pagina 124]
| |||||||||||||||||||||||||
magnificence du 250e Jubilé qui allait être célébré à Anvers en l'honneur de MarieGa naar voetnoot1). Le 24 août, le même journal rapportait que le dimanche précédent la magnifique procession était sortie avec toute la solennité imaginable, suivie de plusieurs chars de triomphe de toute beauté et d'autres pièces principales de notre réputé ommegang, soulevant l'admiration non seulement des habitants de la métropole commerciale mais aussi d'une affluence considérable d'etrangers (sic) qui étaient accourus des localités environnantesGa naar voetnoot2). Le 27 du même mois, par la voie du même journal, les membres de la confrérie annonçaient à la population qu'avec la permission de Messieurs du Magistrat, le dimanche suivant, étant le 29 août, aurait lieu une nouvelle sortie de la procession. Celle-ci serait suivie de la plupart des chars de l'incomparable ommegang, aussi richement, aussi magnifiquement ornés qu'à la première sortie. Cette sortie de la procession clôturerait l'octaveGa naar voetnoot3).
* * *
L'octave de Notre-Dame était toujours célébrée par la confrérie avec une grande solennité. Celle de 1728 et la décoration de la chapelle à l'occasion du jubilé nécessitèrent une dépense de 1326 florins et 13 sous. Ainsi, on paya aux musiciens et aux chanteurs 383 florins et 11 sous, au chanoine Damiens pour deux saluts d'enfants 8 florins, au carillonneur Théodore Everaerts 8 florins 8 sous, à J.P. Geeraerts pour la sonnerie de la grande cloche 14 florins, a l'organiste J. Ch. Goovaerts 10 florins 10 sous, au veilleur Thomas Paepe 16 florins 6 sous, au sculpteur Corn. Struys pour la confec- | |||||||||||||||||||||||||
[pagina 125]
| |||||||||||||||||||||||||
tion de deux têtes de bois et une paire de jambes 14 florins, à Geevaerdt Useel pour la confection de bras pour des anges et pour avoir fourni de grandes et de petites roses en papier 57 florins, à Mathys Peeters et son fils pour la fourniture de couleurs et d'écussons 50 florins 8 sous, au maître d'école Driesens pour avoir calligraphié les noms des maîtres de la confrérie, quelques sentences et ‘cronika’ 10 florins 7 sous, à Melle Waerbeeck pour huit douzaines de livrets d'étain battu et deux livres de papier doré 9 florins 18 sous, à Albert Verbrugghen, pour la restauration et la remise à neuf de l'autel 44 florins, à Melle Panis pour de la toile grise 74 florins, à Jan Vermeiren, cladschilder, pour peindre la chapelle 45 florins 5 sous, à Melchior Mouchou pour la fourniture de colle forte, avoir peint les roses et doré pendant cinq jours avec trois ouvriers 32 florins 2 sous, au peintre Haeck pour avoir dessiné et peint les cartouches 115 florins 10 sous, au brasseur Peeters pour quatre tonneaux et demi de bière 32 florins 11 sous, au confrère Boeckaert qui avait livré un demi-muid de vin de Beaune offert au père jésuite Van Loo qui avait prêché pendant l'octave 35 florins, etc., etc.Ga naar voetnoot1).
* * * On a une description détaillée de la décoration de la chapelle dans le livret publié à l'occasion du jubilé. Nous allons la résumer. Pour rehausser l'architecture et la beauté du magnifique autel en marbre blanc de Notre-Dame, on l'avait surmonté d'un riche baldaquin de velours, dont les draperies pendantes, frangées d'or, le faisaient mieux ressortir. Sept anges sculptés avec art descendaient de ce baldaquin, embouchant une trompette comme pour annoncer le jubilé. Le fanion de chaque trompette portait une inscription, sous forme de chronogramme, proclamant que Marie était semblable à l'arche d'alliance parce qu'elle avait su vaincre et détruire l'hérésie, qu'elle était le rempart du christianisme et de la ville d'Anvers, etc. La chapelle de Notre-Dame était fermée par vingt piliers toscans rectangulaires, entourés de bandeaux de cuivre rouge et dont sept fermaient le côté droit, sept le côté gauche et dont les six autres soutenaient le jubé. Entre les bandeaux de cuivre rouge il y avait | |||||||||||||||||||||||||
[pagina 126]
| |||||||||||||||||||||||||
des roses en relief, ce qui produisait, paraît-il, le plus bel effet. Dans les intervalles compris entre les piliers et les fenêtres, des piédestaux supportaient des représentations de l'arche, appropriées à la vie de la Mère du Sauveur. Ainsi, parmi ces représentations, nous mentionnerons celle du roi David jouant de la harpe et dansant devant l'arche, avec l'inscription formant chronogramme: La ville d'Anvers se réjouit pieusement de la restauration du culte de Marie. Au jubé, on avait représenté le prophète Jérémie devant la grotte où il avait caché l'arche, pour rappeler que les bourgeois d'Anvers avaient caché l'image de Marie, pendant les années 1581-1585, dans le but de la préserver contre les violences des iconoclastes. A l'entrée de la chapelle, un groupe représentait la Mère de Dieu sur un char de triomphe écrasant des hérétiques. Des cartouches chargés de chronogrammes et des guirlandes de verdure achevaient la décoration de la chapelle. Presque toutes les inscriptions établissaient un parallèle entre Marie et l'arche d'alliance. | |||||||||||||||||||||||||
III. - L'Ommegang.La procession de Notre-Dame fut instituée par un acte de l'an 1398. La Renaissance y introduisit ses allégories païennes, ses représentations empruntées plutôt à l'antiquité qu'à la légende. Albert Durer, qui visita Anvers en 1524, fut émerveillé du spectacle à la fois original et magnifique qu'elle présentait. Elle était si longue, écrit-il, qu'il se passa bien deux heures avant qu'elle eût défilé tout entière devant la maison où il se trouvait. La veille de la procession, dans l'après-midi, les membres du magistrat et la plupart des fonctionnaires communaux se rendaient au son des trompettes, de l'hôtel de ville à l'église, où les membres chantaient les vêpres, après quoi l'image de Marie était solennellement portée au milieu de l'église et l'on chantait devant elle le Salve Regina. Durant toute la nuit suivante l'image était gardée par des confrères des ghildes. Le lendemain matin la procession sortait par le grand portail de l'église et parcourait à peu près le même itinéraire que de nos jours. Elle avait douze stations, à chacune desquelles les porteurs de l'image étaient renouvelés, Au retour de la procession à l'église, la grand'messe était célébrée au maître-autel, et l'après-midi les vêpres, puis la sainte image était reportée avec les mêmes cérémonies dans la chapelle. | |||||||||||||||||||||||||
[pagina 127]
| |||||||||||||||||||||||||
L'Oudt register metten berderen, conservé aux archives communales d'Anvers, contient une ordonnance de l'année 1399, règlant l'ordre de la procession et la place qu'y devaient tenir, tant le clergé, les ordres religieux et les confréries, que le magistrat, les serments et les corps de métiers qui prétendaient à l'honneur de porter, à tour de rôle, la statue de la Vierge. Cette ordonnance fut renouvelée plusieurs fois, et nous voyons que l'ordre des préséances fut modifié à différentes reprises, suivant l'importance relative des corps de métiers. Les comptes de la ville montrent qu'une partie des frais était supportée par la caisse communaleGa naar voetnoot1). Aujourd'hui, les deux éléments qui composaient l'ommegang de jadis, l'élément civil et l'élément religieux, sont séparés. A l'occasion de la réception de certains personnages de marque, les autorités communales ont organisé des sorties de l'ommegang. Ainsi, quand l'Infante Isabelle conduisit à Anvers, en 1631, Marie de Médicis, mère de Louis XIII, roi de France, elle demanda au magistrat de vouloir bien avancer la date de la sortie de la procession afin que sa royale invitée pût y assister. Le 20 juillet 1803, à l'occasion de la visite que le Premier Consul fit à la ville d'Anvers, on organisa aussi une sortie de l'ommegang. Le spectacle intéressa si vivement Bonaparte et sa suite que le baron Meneval, son secrétaire, dans les ‘Souvenirs’ qu'il a publiés en 1845, n'oublie pas de parler ‘de la procession triumphale, si chère au peuple d'Anvers, où figurèrent des personnages historiques, mystiques, profanes ou fantastiques dans une suite de bizarres tableaux’Ga naar voetnoot2). Autre sortie le 9 juin 1811, pour fêter la naissance du Roi de Rome. A cette occasion, six chars nouveaux représentèrent la France couronnée par l'Immortalité, l'Alliance entre les maisons d'Autriche et de France, la Naissance du Roi de Rome, le Berceau | |||||||||||||||||||||||||
[pagina 128]
| |||||||||||||||||||||||||
du Prince héritier, un Autel entouré des vertus royales et des Beaux-Arts, et la France donnant pour roi à l'antique ville de Rome le petit Napoléon, Enfin, quand, en 1816, le prince d'Orange Guillaume et sa femme la grande duchesse Anna-Paulowna visitèrent Anvers, l'ommegang déroula encore ses fastes à travers les rues de notre cité et le géant harangua en vers, mais peu spirituellement, leurs Altesses. Ainsi qu'on vient de le voir, on complétait quelquefois l'ommegang par des chars allégoriques, dont le sujet était emprunté aux événements politiques on économiques du moment.
* * *
Voici, d'après le livret de 1728, la composition du cortège qui sortit cette année à l'occasion du jubilé de la confrérie et l'ordre dans lequel ses différents éléments se succédèrent.
| |||||||||||||||||||||||||
[pagina 129]
| |||||||||||||||||||||||||
| |||||||||||||||||||||||||
[pagina 130]
| |||||||||||||||||||||||||
| |||||||||||||||||||||||||
[pagina *126]
| |||||||||||||||||||||||||
[pagina *127]
| |||||||||||||||||||||||||
|