De Gulden Passer. Jaargang 2
(1924)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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[Nummer 3]Plantin et les ‘Amours’ de Ronsard.A l'occasion du quatrième centenaire de la naissance de l'admirable lyrique Vendômois, il nous semble intéressant de rappeler à ses admirateurs qu'une des premières éditions de son recueil anacréontique, contenant Les Amours, la Continuation des Amours et le Bocage, sortit des presses de Christophe Plantin à Anvers. Dans son Tableau Chronologique des OEuvres de Ronsard,Ga naar voetnoot1) M. Paul Laumonier, le seiziémiste ronsardisant par excellence, cite l'édition des Amours de 1552 (Paris, Vve Maurice de la Porte) comme la plus ancienne. Viennent ensuite celle de 1553 (Id. id.) et les deux qui ont paru en 1557 à Rouen chez Nicolas Le Rous, et à Paris chez Sertenas. Plantin est l'imprimeur de l'édition rouennaise, quoique son nom n'y figure pas. En écrivant ceci je ne signale pas une découverte personnelle. Max Rooses avait déjà reconnu dans l'édition de Nic. Le Rous une impression plantinienne et il nous l'apprend dans son beau livre sur PlantinGa naar voetnoot2) ainsi, que dans le catalogue du Musée Plantin-Moretus, sans toutefois fournir les preuves à l'appui. Cette édition de 1557 est trés rare. Dans sa remarquable thèse Ronsard poète lyriqueGa naar voetnoot3), si riche en documentation, M. Paul Laumonier déclare n'en connaître que trois exemplaires: un à la Bibliothèque nationale à Vienne, un second chez le professeur Stengel à Greifswald, et un troisième dont il est lui-même l'heureux posseseur. Il en existe un quatrième exemplaire au Musée PlantinGa naar voetnoot4). En voici le titre général: Les Amours / de P. de Ronsard / Vandomois, nouvelle- / ment augmentées par luy. Avec les / Continuations desdits Amours, / & quelques Odes de l'Au- / teur, non encor imprimées. / Plus, le Bocage & Meslanges / dudit P. de Ronsard. / A Rouen, / Par Nicolas le Rous. / 1557. C'est un joli volume in 8o, folioté. Il comprend 4 feuillets préliminaires et 72 feuillets reproduisant la deuxième édition des Amours (1553); ensuite 80 feuillets, ayant pour titre: Continuation première et seconde des Amours (du fo 2 au fo 39 la Continuation de 1555, | |||||||||||||||
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et du fo 40 au fo 80 la Nouvelle Continuation de 1556); enfin 108 feuillets reproduisant la première édition du 2e Bocage et des Meslanges. Comment prouver que cette édition est une impression plantinienne? Dans une Ode aus Muses & Poetes d'AnversGa naar voetnoot1), Plantin nous rapporte que parmi ses premières publications se trouvait un recueil de poésies de Ronsard: Puis Ronsard nous vient dire
Ses plus belles chansons,
Que premier sur la Lire
R'aprit dans vos girons.
Dans le catalogue manuscrit des livres imprimés par Plantin jusqu'en 1580, dressé par Jean Moretus et offert comme étrennes à son beau-père, figurent: Les Amours et autres opuscules de Ronsard, 8oGa naar voetnoot2). Une note de la main de Plantin même nous apprend qu'il envoya le 4e jour de décembre 1556 au Sieur Arnould Langelier, libraire à Paris, 100 + 150 exemplaires des ‘Amours continuations et Bocage’, les trois livres ensemble comptant 33 feuilles. Il expédia en outre le même jour 100 + 150 ‘Continuations seules’, contenant 10 feuilles. (Archives plantiniennes, Reg. XXXIV). C'étaient là des exemplaires d'une édition imprimée par Plantin pour compte d'un ou de plusieurs libraires Français. Dans ses années de début le Tourengeau-Anversois a souvent travaillé pour des éditeurs parisiens tels que Martin le Jeune, Nicolas Langelier, la Vve Langelier et d'autres encore. Ordinairement il signalait in fine qu'il était l'imprimeur de ces ouvrages, mais il lui arrivait fréquemment d'omettre ce renseignement. Les volumes parus avec le nom de Nicolas Le Rous à Rouen 1557 sont indentiques à ceux expédiés par Plantin à A. Langelier en Décembre 1556. Nous trouvons dans l'éditions rouennaise les oeuvres renseignées au registre XXXIV des archives plantiniennes et le nombre de feuilles signalé par Plantin (33) est le nombre exact des feuilles de l'édition N. Le Rous (Amours: a - i = 9 feuilles. Continuations: A - K = 10 f. Bocage: A - O = 14 f. Total 33 feuilles.) | |||||||||||||||
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Ces 33 feuilles donnent la texte de Ronsard. Les 4 feuilles préliminaires de l'édition N. Le Rous, comprenant le titre, les Iambes contre un mesdisant de Ronsard et trois sonnets en l'honneur de Ronsard par M. De S.G., J.A. De Baïf et Estienne Jodelle, doivent être comptés à part. Nous supposons que le texte de Ronsard, imprimé par Plantin a été vendu en feuilles à différents éditeurs qui le publiaient sous leur nom avec un autre titre et d'autres préliminaires. Il y a d'autres faits qui démontrent d'une façon plus concluante encore que l'édition N. Le Rous est une impression plantinienne. Les caractères sont les mêmes que ceux employés par Plantin vers 1556 pour l'impression d'autres ouvrages. Plusieurs vignettes, fleurons et lettres initiales figurant dans l'édition rouennaise ornent d'autres publications plantiniennes de la même époque. Voici quelques exemples:
On pourrait multiplier ces exemples, mais ce serait là, un travail superflu. Les 250 exemplaires des Amours, Continuations et Bocage et les 250 exemplaires des Continuations seules, expédiées par Plantin au Sire A, Langelier à Paris, ne constituaient pas tout le tirage des | |||||||||||||||
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oeuvres de Ronsard fait à Anvers. Plantin en avait conservé encore un nombre assez considérable qu'il fournit à d'autres libraires, comme le prouvent ses livres de comptes. A la p. 37 du Registre XXXIV des Archives plantiniennes on a l'inscription suivante, non datée: ‘Pour envoyer 100 Ronsard a 2 pat. = 10.-’. P. 6 vo du Registre XXXV, Plantin inscrit que le 19 janvier 1558, il expédia ‘à Maistre Robert d'Wal, 6 Amours de Ronsard 1.- 4’ Dans le même livre, p. 110, il note avoir ‘envoyé à Paris en une mande marquée no P L 9, le 12 mars 1560, 50 Amours de Ronsard’. Au Registre XXXVIII il y a encore la trace de plusieurs expéditions du même ouvrage: p. 2, le 13 octobre 1557, à son compère Jan Steelsius, 1 Ronsard P L.; p. 6, le 12 novembre 1557, à son compère Jan Bellart (Bellerus), 100 Ronsard; p. 29, le 4 août 1557, à Jacques Boschart, libraire demeurant à Malines 1 Ronsard à 3 1/2, et 1 Id. à 3 1/2, le 13 septembre 1557; p. 55, le 14 mars 1558, à son compère Jan Steelsius, 18 Ronsard 3-3, et p. 59, le 27 avril 1559, encore à Jan Steelsius, 1 Amours de Ronsard en basanne, 5.- Nous avons constaté que les volumes des Amours Continuations et Bocage parus avec le nom de Nic. Le Rous et ceux expédiés par Plantin à Langelier sont identiques. Ces ressemblances de matériel typographique et de texte n'existent pas pour l'édition parue la même année 1557 chez V. Sertenas à Paris. Celle ci, également de format in 8o, est paginée, non foliée, et comprend la Continuation et la Nouvelle Continuation des Amours ainsi qu'un certain nombre de pièces de vers de Dorat Belleau et Mallot. Le texte primitif a subi dans cette édition de multiples variantesGa naar voetnoot1). Il existe une troisième édition des Amours parue la même année, que M. Prosper Blanchemain signale au tome VIII des OEuvres Complètes de P. de Ronsard dans la Bibliothèque ElzévirienneGa naar voetnoot2). En voici la titre: Les Amours de P. de R., V., nouvellement augmentées par luy avec les Continuations des dits Amours et quelques Odes de l'auteur non encore imprimées. - Basle, Augustin, Godinet, 1557. Deux parties, petit in 8o. M.P. Blanchemain en donne la description suivante; ‘Je possède le seul exemplaire | |||||||||||||||
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conun de ce volume, écrit-il. La première partie contient 4 ff. préliminaires et 72 ff. dont 5 pages de table. - La continuation (première et seconde) qui a un titre et un foliotage particuliers renferme 80 ff., elle n'a pas de table. - Cette édition est sans commentaires. On y lit plusieurs pièces de Belleau, J. Aubert, N. Mallot et Daurat’. M. Paul Laumonier affirme que cette édition de Bâle est identique à celle de Rouen ‘avec cette différence qu'elle n'en contient pas la troisième partie’Ga naar voetnoot1). L'identité dont parle ici M. Paul Laumonier, est-ce seulement une identité de contenu et de disposition du texte, ou bien une identité complète de texte et de composition typographique? Nous nous sommes adressé à M.P. Laumonier lui-même pour avoir ces renseignements. Il nous a déclaré qu'il n'a jamais eu l'édition de Bâle sous les yeux, Il ne la connait que par la discription ci-dessus de M.P. Blanchemain et il ne s'est pas intéressé a son aspect typographique. Quand, en lisant la description de l'édition de Bâle, faite par M. Prosper Blanchemain, nous avons constaté que Les Amours y occupent 4 ff. préliminaires et 72 ff. dont 5 pages de table, tout comme dans l'édition rouennaise; quand nous avons constaté en outre que Les Continuations des dits Amours comptent également 80 ff. comme dans l'édition de N. Le Rous, nous avons eu l'impression que l'édition bàloise pouvait être la même que la rouennaise avec un simple changement de nom, de lieu et d'éditeur. L'édition Godinet ne serait-elle donc qu'une légère métamorphose de l'impression plantinienne. Pour en avoir le coeur net nous avons fait des décalques des principaux ornements typographiques, lettres initiales, fleurons etc., de l'édition Le Rous pour les envoyer à M. Paul Blanchemain, héritier de la bibliothèque du Château de Castel Biray, où se trouvait la précieuse édition de Bâle. Par la comparaison il eût été facile d'établir s'il y a identité typographique ou non entre les deux éditions. Malheureusement M. Paul Blanchemain est mort au début de 1924 et notre lettre est restée sans réponse. Espérons qu'un jour nous pourrons être fixés sur ce point. Qu'il nous suffise pour le moment d'avoir établi que l'édition de Nic. Le Rous à été imprimée à Anvers, où l'admiration pour le poète Vendômois était très grande parmi les lettrés de l'entourage | |||||||||||||||
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de Plantin. Charles de Rouilon, l'auteur du Premier Livre des Odes sorti de l'officine plantinienne en 1560, nous donne la mesure de cet engoûment pour les poètes de la Pleïade dans les vers suivants, empruntés à son Ode à Charles d'Utenhove Gantois: Témoin en est non Ronsard,
Duquel ja le non s'epart
Jusqu'à la voute du monde.
Et du Bellai, dont la vois
A ja tourné tant de fois
Toute la machine ronde....Ga naar voetnoot1)
Maurice Sabbe.
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Annexe.
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100 les amours continuations et Bocage de fin papier a 30 s. la rame dudict papier et contient chacun decdicts livres comprins les 4 ensemble le nombre de 33 feilles qui font 6 Rames 12 mains | 9-18 |
100 Continuations soubs de fin papier a 30 s. la rame contenant 10. feilles qui se montent a 2 Rames | 3-18 |
150 Les Amours continuations et Bocage papier de Rouen a 15 s. la Rame et contiennent comme dessus les 4 ensemble la piece a 33 feilles qui font 9 Rames 18 mains | 7-8 |
150 continuations dessusdicts papier de Rouen a 15 s. la Rame contenant comme dessus 10 feilles chaicune 3 Rames | 2-15 |
Tous lesquelz livres ensemble se montent en papier a vingt Rames et six mains et avons prix faict a 18 s. pour l'impression de chaicune Rame qui se monte en argent au prix susdict a | 19-8 |
42-10 |
- voetnoot1)
- Paris, Hachette & Cie 1911, p. 5, 13.
- voetnoot2)
- Chr. Plantin (Anvers, Zazzarini, 1914. p. 19).
- voetnoot3)
- Paris, Hachette & Cie 1909, p. 173.
- voetnoot4)
- Salle XVII, no 5.
- voetnoot1)
- Les Rimes de Chr. Plantin (Editions du Musée Plantin, 1922, p. 18).
- voetnoot2)
- Musée Plantin-Moretus, salle XVII.
- voetnoot1)
- Voir les détails P. Laumonier Ronsard poète lyrique, p. 174.
- voetnoot2)
- Paris, Librairie A. Franck, 1867 p. 80.
- voetnoot1)
- P. Laumonier: Ronsard poète lyrique, p. 173.
- voetnoot1)
- p. 70.
La firme Castellan et Cie, 26, Boulevard Malesherbes à Paris, a eu l'extrême. obligeance de nous prêter le cliché de l'intéressant portrait de Ronsard qui accompagne notre article. Nous l'en remercions bien vivement. Le portrait, représentant le poète en habit de cour, fait partie de l'illustration de l'ouvrage La Fleur des poésies de Pierre de Ronsard, édité par la Maison Castellan.