De Gulden Passer. Jaargang 1
(1923)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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Un imprimeur-musicien: Tielman Susato.Dans le monde typographique anversois du XVIe siècle, si abondant en figures importantes ou curieuses, on remarque quelques imprimeurs musicaux dont s'est occupé Alphonse Goovaerts dans un mémoire couronné par l'Académie royale de Belgique en 1879, mais dont l'étude pourrait être utilement reprise, au double point de vue de l'histoire de l'imprimerie et de l'histoire de la musiqueGa naar voetnoot1). On sait que la typographie musicale fut introduite en Belgique par Symon Cock, qui édita en 1539 à Anvers, où il imprimait des livres depuis 1521, un rarissime chansonnier pieux: Een devoot ende profytelyck boecxken, inhoudende veel ghestelijcke liedekens en de leysenen (M. Scheurleer l'a réédité en 1889 et en a publié un fac-similé en 1891), puis en 1540 les fameux Souterliedekens. Dans les premières éditions musicales de Cock, l'impression musicale est encore faite en deux fois: les notes ont été tirées en noir en même temps que le texte, puis la portée a été imprimée en rouge. La soidisant première édition des Souterliedekens de 1539, imprimée en vrais caractères musicaux mobiles, c'est-à-dire comportant la note avec son fragment de portée, et qui est conservée en exemplaire unique au Musée Meermanno-Westreenianum à La Haye, n'est qu'un faux, provenant d'un truquage de l'édition de 1559Ga naar voetnoot2). A ma connaissance, le premier typographe anversois qui se servit ensuite du caractère musical complet fut Tielman Susato, musicien en même temps qu'imprimeur, dont bien des chercheurs se sont occupés déjà, et dont je voudrais esquisser ici la physionomie attachante. Son origine n'est pas certaine: les uns le disent natif de Soest en Westphalie, Susatum en latin, d'où dériverait le nom de Susato, équivalent à van SoestGa naar voetnoot3); peut-être est-il parent du méde- | |
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cin allemand Jean de Susato que Virdung, dans sa Musica getutscht (1511) cite comme un savant musicien. D'autres le font naître à Cologne ou aux environs, en se basant sur des actes où il est qualifié de ‘Thielman van Coelen’, ce que confirme le qualificatif Agrippinensis, dont il fait lui-même suivre son nom dans la dédicace à l'évêque de Liège, Georges d'Autriche, de son Liber primus missarum quinque vocum de 1546. Combinant les deux données, A. GoovaertsGa naar voetnoot1) croit que l'imprimeur était des environs ou d'une localité du diocèse de Cologne et s'appelait van Soest, ce qui paraît admissible, car on ne peut déduire avec certitude du toponyme Agrippinensis que Susato soit né à Cologne même. D'après Goovaerts, il s'établit vers 1529 à Anvers comme instrumentiste et copiste de musique. En 1530, il transcrit un volumineux codex musical (trente-trois cahiers de six feuilles, soit près de quatre cents pages grand in-folio) pour la confrérie de la Sainte Vierge à l'église Notre-Dame. D'après des renseignements fournis à Fr. Fétis par L. de Burbure, il est admis en 1531 dans le corps des musiciens communaux (stadsspeellieden) et joue de la trompette à la chapelle de la Vierge: il est payé pour sa participation à dix-neuf messes et saluts solennels de l'année. Un inventaire des instruments appartenant à la ville, dressé en 1532, mentionne, comme se trouvant en sa possession, un jeu de neuf flûtes contenu dans un étui, un ténor de flûte (teneur pipe), une trompette de campagne (velt trompet) et deux autres trompettes. Les comptes montrent qu'il touchait, outre ses gages, une indemnité annuelle pour avoir fixé sa résidence à Anvers. En 1541, il vend au Magistrat une trompette ténor et une trompette basse, destinées à accompagner les chantres à l'église et dans les processions. L'année suivante, il forme une société avec le libraire Henri Ter Bruggen, qui avait obtenu de l'empereur en 1541 un privilège pour l'édition d'ouvrages de musique, et l'imprimeur Guillaume van Vissenaecken. Mais le désaccord surgit bientôt entre les associés: Vissenaecken et Susato s'entendent pour exclure Ter Bruggen et publient, en 1542, sous le nom du premier d'entre eux, un recueil intitulé: Modulationes quatuor vocum musicae, de divers auteurs, contenant notamment un motet de Susato. Puis les deux compères se brouillent à leur tour, et Susato se débarrasse de Vissenaecken, de manière à demeurer seul maître du matériel de typographie | |
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musicale. Le 20 juillet 1543, il obtint un privilège pour l'impression de certains livres de musique (om te mogen prenten zekere boecken van musycken); le registre aux droits de sceau du Brabant qui mentionne le paiement du droit d'octroi l'appelle ‘Thielman de Suzato’. Son officine était établie rue des Douze Mois, près de la nouvelle Bourse. C'est de là que sort, en novembre 1543, un Premier livre des chansons, à quatre parties, auquel sont contenues trente et une chansons, convenables tant à la voix comme aux instruments, imprimées en Anvers par Tylman Susato, imprimeur et correcteur de musique (4 fascicules petit in-4o oblong). Il est formé de compositions de dix auteurs, parmi lesquelles huit chansons de Susato; l'entreprise eut un succès marqué, et le quatorzième livre parut en 1555. D'autres collections importantes furent lancées par l'éditeur, à qui ne manquaient ni la compétence spéciale, ni l'esprit d'initiative: nombreux recueils de chansons françaises à diverses partiesGa naar voetnoot1), onze recueils flamands, dont les huit derniers consacrés aux Souterliedekens de Jacques Clemens non Papa et de son élève Gérard Mes, plusieurs recueils de messes et de motets. L'ensemble constitue une source précieuse pour l'étude du répertoire musical au milieu du XVIe siècle. L'orthodoxie de Susato fut-elle mise en doute à un certain moment? En tout cas, les archives anversoises contiennent un certificat délivré le 18 septembre 1546, dans lequel le notaire Jérôme Heyns, l'apothicaire Arnaud Puylinckx et un certain Jean Anraet attestent qu'ils connaissent depuis longtemps Susato, qu'ils ont bu et mangé avec lui, qu'ils l'ont toujours tenu pour bon chrétien, nullement infecté d'hérésie, et remplissant consciencieusement ses devoirs religieuxGa naar voetnoot2). | |
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En 1547, il acheta du terrain près du couvent des Récollets, vis à vis du Poids public en construction; il y bâtit une maison où il s'installa en 1550, à l'enseigne du Cromorne; outre son atelier typographique il y ouvrit un magasin d'instruments de musique et vraisemblablement aussi de musique. Depuis l'année précédente, il n'était plus musicien de la ville: pendant les fêtes de l'entrée de Philippe II, il avait été licencié, le 14 septembre 1549, avec trois de ses collègues. L'extension de ses affaires ne devait guère lui permettre de s'acquitter de sa charge officielle. La dernière impression portant son nom est datée de 1561. Il mourut sans doute peu après, et eut pour successeur son fils Jacques. Celui ci lança en 1564 une nouvelle collection de Chansons à quatre parties, mais mourut prématurément, le 19 novembre de cette année, après la publication du premier livre, contenant vingt-sept chansons nouvelles de Roland de Lassus. Outre ce fils, Tielman Susato laissa deux filles: Claire, qui épousa Arnold Roosenberghe, et Catherine, qui épousa en premières noces Vincent van Wimpe alias de Manemaker, en secondes noces Guillaume de Mont ou du Mont. Les impressions de Susato sont claires, et l'emploi de belles lettres grises leur donne un aspect élégant. Comme innovation typographique, on peut inscrire à son actif l'utilisation de capitales italiques. Ses caractères musicaux combinent la note avec les cinq lignes du fragment de portée, de même que les caractères du fondeur parisien Pierre Haultin ou Hautin, que Fétis et WeckerlinGa naar voetnoot1) considèrent comme ayant été le fournisseur de Susato. Rien n'empêche cependant, en l'absence de documents formels, de supposer que son matériel a été fondu à Anvers d'après des modèles établis par lui à l'imitation de poinçons de Hautin. Le jugement rendu le 3 avril 1543 par le magistrat anversois, à l'occasion du différend entre Susato et Vissenaecken, et publié par Alph. Goovaerts, n'est pas très clair à cet égard: il y est seulement constaté que Ter Bruggen et Vissenaecken avaient ordonné et commandé le matériel typographique consistant en poincons et notes (de ghene waeren geweest die de pinsoenen ende noten... hadden geordineert ende doen maken). Susato semble d'ailleurs se poser en inventeur dans la dédicace en vers à Marie de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas, de son | |
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recueil de Vingt et six chansons musicales et nouvelles à cinq parties (1544): Longtemps y a, très illustre Princesse,
Que mon vouloir à jamais n'a prins cesse
De s'emploier à trouver la praticque
Et le moien d'imprimer la musicque.
Or c'est ainsi qu'après grant diligence,
Non sans travail, non sans cost et despence,
Parvenu suis au chief de mon entente,
Dont touteffois encoir ne me contente...
Dans la même pièce, il dit en parlant de ses propres compositions insérées dans le recueil: Et sy j'ay mis aussi de ma musicque,
Ce n'est pour loz ou gloire en avoir,
Ains seulement qu'il vous plaira sçavoir
Que j'ay moien de tel art corriger.
Susato tenait visiblement à sa qualité de ‘correcteur musical’, sans que nous puissions déterminer de façon précise ce qu'il entendait par là. De son oeuvre de compositeur, nous possédons de nombreux échantillons et d'abord trois recueils entièrement de sa main, deux vocaux et un instrumental. Les premiers sont intitulés: Le premier livre de chansons à trois parties auquel sont contenues trente et une nouvelles chansons convenables tant à la voix comme aux instruments, composées en Anvers par Tylman Susato, correcteur et imprimeur de musique demourant en ladicte ville auprès de la nouvelle Bourse en la rue des Douze Mois (1544; in-4o obl.) et Tiers livre contenant XXX nouvelles chansons à 2 ou à 3 parties... (s.d.). Dans la préface du premier livre, Aux amateurs de la noble science de musicq, l'annonce qu'on peut chanter ses compositions, écrites pour soprano, ténor et basse, soit à trois voix, soit à deux seulement, en omettant la partie de basse. A chaque page des cahiers du Superius et du ténor se trouve cet avis; Chantez à deux si bon vous semble,
Puis chantez tous trois ensemble.
Le cahier de la basse porte de son côté la mention: Veulx-tu chanter par bon advis?
Attends que tu en sois requis.
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L'absence de réédition moderne en partition ne permet guère d'apprécier ces chansonsGa naar voetnoot1). La troisième oeuvre est importante pour l'histoire de la littérature instrumentale, car, au lieu d'être écrite ad libitum pour voix ou instruments, elle est exclusivement destinée à ces derniers: Het derde musyck boexken begrepen int ghetal van onser nederduytscher spraken (c'est à dire, le troisième de nos recueils en flamand), daerinne begrepen syn alderhande danserye, te wetens Basse dansen, Ronden, Allemaingnien, Pavanen ende meer andere, mits oeck vyfthien nieuwe gaillarden, zeer lustich ende bequaem om spelen op alle musicale instrumenten. Ghecomponeert ende naer d'instrumenten ghestelt door Tielman Susato (1551; in 4o obl.). C'est la première publication de ce genre faite dans les Pays-Bas. Se rattachant à la musique ancienne par le caractère modal, par l'harmonie à parties très serrées, avec croisements fréquents, les soixante et une pièces du Musyck-Boexken sont cependant d'intéressants précurseurs de la musique instrumentale moderneGa naar voetnoot2); elles sont, en effet, divisées en petites périodes rythmiques nettement distinguées, structure toute différente du développement continu de la polyphonie vocale du temps. Il est probable, d'ailleurs, que ces morceaux sont plutôt des transcriptions que des compositions entièrement originales, car les titres mêmes des danses montrent que la plupart viennent de France, quelques-unes d'Italie; le plus petit nombre sont de source indigène, comme la pavane: Ghequest ben ic et la Hoboecken dans (danse de Hoboken). Cette dernière a donné lieu à une amusante méprise d'un musicologue allemand: songeant à la localité de Hoboken sur l'Hudson, en face de New-York, M.R. OppelGa naar voetnoot3) considère cette ronde comme le premier document européen d'ancienne musique américaine. On peut se faire une idée des danses de Susato par les seize spécimens transcrits sur deux portées par R. EitnerGa naar voetnoot4): quatre rondes, | |
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une saltarelle, une ‘Danse de Hercules oft maticine’, deux allemandes, trois pavanes, un passemezzo et quatre gaillardes) ainsi que par les seize transcriptions de J. Röntgen pour piano à quatre mainsGa naar voetnoot1). A propos du Musyck Boexken, il faut remarquer que, tout en rimant en français. Susato était profondément attaché à la langue néerlandaise; dans la préface du premier de ces recueils (1551), il demande expressément: ‘Pourquoi ne pourrait-on pas dorénavant faire aussi bien dans notre langue maternelle, avec un art et une douceur pareils, que l'on n'a fait jusqu'ici en latin, en français et en italien? Faisons donc désormais toute diligence pour faire connaître et introduire dans la pratique ordinaire notre musique néerlandaise, qui n'est pas d'un art ni d'une suavité inférieurs aux autres. (Waeromme en soude men dat voortane niet also wel met gelycker konst ende soetichheit in onser moederspraken connen gedoen, als men tot nu toe in latynsche, walsche ende italiaensche sprake gedaen heeft? Is de konst en de soeticheit even gelyck, waerom salmen die meer om deene dan om dander sprake wille verachten. Laet ons dan voortane alle neersticheyt doen, om onse vaderlandsche musycke, die niet van minder konst en soeticheit en is dan andere, allomme int openbaer ende gemeyn ghebruyck te brengene gelyck andere tot nu toe gedaen hebben...) Paul BERGMANS. | |
Appendice.Outre les recueils que nous avons énumérés dans cette notice, trente huit compositions vocales de Susato, huit religieuses et trente profanes, sont éparses dans des publications collectives parues de 1540 à 1556. En voici la listeGa naar voetnoot2), OEUVRES RELIGIEUSES. Une Messe: 1. Missa super In illo tempore cum audissent, à 5 voix, dans le Liber primus missarum quinque vocum publié par Susato en 1546 (no 1). Sept motets ou chansons spirituelles: 2. Musica donum Dei optimi, à 6 voix, dans les Selectissimae necnon familiarissimae cantiones imprimées à Vienne, par M, Kriesstein, en 1540 (no 105); | |
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3. Fili quid fecisti (2e partie: Et ait ad illos), à 4 voix, dans les Musicae modulationes de 1542 (fo 20), reproduit dans le Liber tertius sacrarum cantionum de Susato de 1547 (fo 14); 4. Domine da nobis en 2 parties, à 4 voix, dans les Concentus imprimés par Ulhard à Vienne en 1545 (no 15); 5. In illo tempore quam audissent (2e partie: Nondum enim), à 5 voix, dans les Cantiones septem, sex et quinque vocum, Vienne, M, Kriesstein, 1545 (no 15), reproduit dans le Liber primas sacrarum cantionum de Susato, 1546 (fo 4); 6. Salve quae rosea decora (2e partie: Hunc tibi ille pater); à 5 voix, dans le même Liber primus de 1546 (no 2); 7. Nil homini firmum, à 2 voix, dans les Diploma amoena et florida d'Erasme Rotenbucher, Nuremberg, 1549 (no 18); 8. Peccata mea Domine (2e partie: Quoniam iniquitatem), à 5 voix, dans le Liber nonus ecclesiasticarum cantionum de Susato, 1554 (fo 16), reproduit dans la cinquième volume des Evangelia et piae sententiae quinque vocum, Nuremberg, J. Montanus, 1556 (no 43).
OEUVRES PROFANES. Dix-neuf-chansons francaises à 4 voix: 1. Si ton amour (Premier livre des chansons de Susato, 1542, fo 3); 2. Plus ne beuvray (ibid., fo 5); 3. Langueur hellas (ibid., fo 7); 4. Si tu te plains (ibid., fo 11; arrangement à 5 voix dans les Vingt-six chansons de Susato, 1555, fo 6); 5. D'argent me plains (ibid., fo 12; arrangement à 5 voix dans les Vingt-six chansons, fo 13); 6. Si de présent peine j'endure (ibid., fo 14; arrangement à 5 voix dans le Sixième livre des chansons, 1545, fo 16); 7. Ne lui monstrant, et 8. Pour estre aymé (ibid., fo 15); 9. De mon malheur (Second livre de chansons, 1544, fo 6); 10. Amours a tort et 11. Ma maistresse, ma bonne amy' (ibid. fo 16); 12. Pleusist adieu (Quatrième livre des chansons, 1544, fo 11); 13. J'ay si forte battaille, et 14. N'avez point vu (ibid. fo 13); 15. O Souverain pasteur et maistre (Onzième livre des chansons, 1549, fo 2); 16. La grant douceur (ibid. fo 8 ); 17. Les miens aussi bref, et 18. Malgré moy vis (ibid. fo 10); 19. Père éternel (ibid., fo 16).
Quatre chansons françaises à 5 voix: 20, Pour ung plaisir qui si peu dure (Sixième livre des chansons, 1545, fo 16); 21. Le content est riche (Vingt-six chansons, 1545, fo 9); 22. Mille regrets (ibid. fo 11); 23. Puisqu'en janvier (ibid., fo 16).
Une chanson française à 6 voix: Contre raison vous m'estes (Sixième livre des chansons, 1545, fo 9). | |
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Six chansons flamandes à 4 voix: 25. O wrede fortune ghy doet my treuren (Ierste musyck Boexken, 1551, fo 4); 26. Mijn liefkens bruyn ooghen en haren (ibid., fo 6); 27. Int midden van den meye (ibid., fo 13); 28. Diepe ghepeys en swaer versueken (ibid., fo 16); 29. Peysen en trueren, duchten en hopen (Tweede Musyck Boexken, fo 5); 30. O tyt zeer lustig vul melodyen (ibid., fo 11). On trouvera les no 25 à 28 mis en partition dans la réédition de l'Ierste Musyck Boexken par Fl. van Duyse (publication XXIX de la Vereeniging voor Noord-Nederlandsche muziekgeschiedenis, Amsterdam, 1908); ce sont des chansons contrapontiques, écrites en style strictement imitatif. |
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