Grimbergse oorlog
(1852-1854)–Anoniem Grimbergse oorlog– Auteursrechtvrij
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De la famille des Bertaulds.La famille de Bertaulds estant tant puissante en grandeur et richesse voloit égaler les princes, se soucia peu des admonitions que leur fit Godeffroid, duc de Braband, de relever leurs terres de luy et le recognoistre pour souverain seigneur; car ils s'estoient affranchis (comme dit est) du relieff depuis que Godeffroy, duc d'Ardenne s'estoit emparé de la plus parte de Brabant et avoit continué ceste liberté jusques à l'an 1095 qu'il fut semonGa naar voetnoot(1) par ledit duc de Brabant venir recognoistre son prince et relever de luy. Le duc de Brabant apella en sa ville de Louvain premièrement le conte de Horne qui vint et luy fit homaige de ses terres. Le mesme firent les seigneurs de Gaesbeeck et d'Enghien | |
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et plussieurs autres vassaux, qui depuis que Charles fut prisonnier de Hughe Capet, avoient relevé des ducs d'Ardenne et de Lotrich. Arnoult Bertold, vaillant chevalier, estoit lors sire de Grimberghe; le duc luy envoya son herault pour l'appeller comme les aultres, que luy declara l'intention du duc en présence de ses deux fils, qu'estoient mesire Wathier Bertold et messire Arnoult Draghuebaert, aussy en présence de messire Arnold d'Oyenbrouck, messire Guilheame Tand, messire Godewaert Screihane, messire Sohier delle Malle et messire Guilheame viconte de Grimbergh, sire de la Tombe, en présence de tous ses chevaliers; le susdit Bertold fit refus aux demandes du hérault en soustenant qu'il ne tenoit rien du duc et qu'il ne cognoissoit autre souverain en ses terres que Dieu, excepté la rue que passe entre Louvain et Grimberghe, laquele disoit reléver de l'empereur. Le duc indigné de ce refus mande le seigneur de Diest vers l'empereur à Aix, que luy fit récit du refus fait par les sires de Grimberghe, demandant conseil, confort et avis, affin que le duc fut maintenu en ses ancienes authoritez. L'empereur que voloit grand bien au duc se mit incontinent en devoir, s'acheminat vers Bruxelles et de là en l'abbaye d'Affleghem, auquel lieu il appella ledit seigneur de Grimberghe; mais comme ledit seigneur ne se portoit trop bien, il y envoya ses fils messire Wathier et mesire Gérard, accompagnez de messire Henry d'Oiembrough, messire Gérard Schreynhane et son frère messire Jan, et deux de ses fils, messire Ernout de Hombeck et messire Simon delle Male, chevaliers. Mesire Watier Bertold portant la parolle dit à l'empereur tout ouvertement que son père ne tenoit rien du duc Godeffroid de Braband en fieff, comme aussy n'avoient fait ses prédécesseurs depuis cent ou deux cent ans; et pourautant n'estoit aucunement deliberé de luy faire homage, voire pour nul événement qu'en puisse advenir. Les fils retournez vers le père que s'aprestoit à la guerre, mit son fait avant à tous ses amys, requerant leur assistence et | |
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leurs advis en ceste guerre, qu'il s'attendoit bien luy seroit aspre et dure portee, sy est ce que le pis qui luy povoit advenir à son semblant estoit de tost assez tomber en servitude ou de garder sa franchise au hasarde de sa vie et de ses amis. Le seigneur de Breda le vint assister avecque quattres de ses fils; le vicomte de Grimberghe, sire de la Tombe, y vint aussy; le seigneur Arnould d'Oiembrughe, sage et bien advisé chevalier, fut d'un plus meur advies, disant qu'à son semblant ils éviteroient la guerre; qu'il sçavoit bien que depuis trois cent ans les seigneurs de Grimberghe tenoient leurs terres en fieff des ducs de Brabant et de Lotrich, jaçoit-queGa naar voetnoot(1) ceulx de Grimbergh l'avoient obmis, n'en ayant esté requis, et que partant vauldroit mieux envoyer vers l'empereur, et luy prier d'intercéder affin que le duc laissase le seigneur de Grimbergh en paix et envoyer quelque beau présens à l'empereur, aussy au dit duc, sans touttesfois luy faire homaige. Ce conseil ne fut suyvy, sy ne laissat pource le seigneur d'Oiembrughe suyvre party de ceulx de Grimbergh, ains leur vint en assistence avec messir Henry, son fils, comme aussy fit messir Godeffroy Schreyhane avecque ses deux fils, et messire Arnoult de Hombech avecques quatres fils, chevaliers; mesire Arnoult de Cobbenbosch, messire Pierre d'Impele, messire Alard de Beghem, messire Wathier van der Damme, messire Guilheame van der Bogarde, messire Jean de Caelmont, messire Henry Hoesken; messire Paridaen de Eppeghem, messire Paridaen de Massenhoven, messir Gérard d'Ophem, messir Gerard de Haerlaer, messire Gérard de Liere et plussieurs autres y vindrent qu'en ceste guerre assistèrent le seigneur de Grimbergh. Le seigneur de Grimbergh, qu'estoit fort avisé chevalier, trouva bon le conseil de son cousin d'Oienbrughe, estant d'avis de envoyer vers l'empereur moienant que son honneur fut gardé ne laisser aucun moien de paix en arrière. Le seigneur Arnoult d'Oiembrugh, homme éloquent, fut | |
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envoyé vers l'empereur declarer l'intention de paix des sires de Grimbergh. Il trouva encores l'empereur sur le chasteau de Louvain avec son beau-frère le duc Godeffroy. Le sire d'Oiembrugh ayant sagement declaré sa charge à l'empereur en présence du dit duc, le duc transporté de colère, dit au seigneur d'Oiembrugh qu'il en auroit bien tost la raison, luy deust il couster villes et vilages, et ce le plus tost que luy seroit possible. Le seigneur d'Oiembrughe luy pria moderer ses passions, disant qu'il ne seroit trouvé que le père dudit duc, le comte Lambert ny son ave, aient jamais prétendu vasselage du seigneur de Grimberghe; que ledit seigneur de Grimbergh estoit en possession francque et libre de ne recognoistre par vasselage le duc de Brabant et que partant le duc devoit premier monstrer le contraire et ce par voye de droit. Le seigneur d'Oiembrughe retourné vers les seigneurs de Grimberghe avec les propos du duc plains de colère, le sire de Breda fut d'avis qu'un chacun se retirasse en sa maison pour faire amas de chevaulx, d'armes, victuailles et autres choses nécessaires à la guerre: lequel conseil fut suyvy. L'empereur se retira vers Aix amonestant le duc de soy bien informer de son fait; et si droit avoit il seroit par luy assisté. Le duc le convoya jusque à Mastreck. Quelques mois après, le duc fit prendre quelques marchands subjects du seigneur de Grimberghe leur imposant qu'ils estoient robeurs de chemin, le seigneur de Grimbergh manda au duc de ravoir ses subjets, autrement qu'il feroit le mesme aux chevaliers, escuyers et clercs dudit duc. Le duc se soucia peu de ceste envoy, ains soy en mocquoit, ce que despleut au seigneur de Grimberghe qu'incontinent le fit entendre à ses amis, faisant haster leurs secours, et vindrent les premiers: messire Guilheame de la Tomme, chastelain de Grimberghe, messire Henry d'Oiembrughe, messire Gérard et messire Jan Schreynhane, messire Henry et messire Arnoult de Hombech, frères, messire Simon de Malle, messire Gérard de Haerlaer, messire Paridan de Manshoven, tous grands et vaillants chevaliers et jeunes | |
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d'âge et habiles à manier les armes. Le seigneur de la Tomme conseilla incontinent monter à cheval et courir jusques à Bruxelles, ramenant prisonnier tout ce que l'on trouveroit par les chemins, hommes, femmes et bestes: ce conseil estant suyvy prindrent avecque eulx 40 arbalestriers et prindrent tout ce qu'ils trouvarent par les chemins, sans espargner clercs ni autre. Le duc fit le semblable es limites du pays de Grimbergh; et quant les gens du duc se trouvoient pressés, ils se sauvoient sur la forteresse de Netelare: et dura ceste façon de pilleries quelque espace de temps sans tuer personne, jusque un jour que les Brabançons avoient fait grand mal sur leurs ennemis, voir bruslé plussieurs maisons, messire Guilheame Bertold les poursuyvit sy vivement qu'il en tua plusieurs, et depuis la guerre s'emflamba tout ouvertement. Le sire de Grimberghe manda ses amis de tous costez et en assembla tellement qu'il eut une belle armée avecque laquelle entra en Brabant gastant ce qu'il povoit rencontrer et faisant toute sorte de domaige qu'il povoit sur ses ennemis, et ne demeura maison enthier depuis Grimberghe jusque à Bruxelle, que la forteresse de Netelaer. Ceste façon de course dura assez longuement sans que le seigneur de Grimberghe s'osât mettre en campagne contre le duc, qu'estoit trop puissant de gens estant assisté de l'empereur. La guerre despleut à Mesire Arnoult de Wesmale, et mesire Jan Campenthout, aussy à messire Gérard de Pede et à messire Jan Van der Aa, au seigneur de Hoesbosch et à plusieurs autres du party du duc. D'aultre costé plusieurs du costé des Grimberg se mescontentoient de la guerre: entre autres mesire Godeffroid Schreynhane, mesire Sohier delle Malle, messire Guilheame Tand, messire Arnoult d'Oienbrughe et à plusieurs autres vaillans et sages chevaliers, qui redoubtoient la fin de ceste meslée, considerant la puissance de l'empereur. Le seigneur de Grimbergh perdoit de jour à aultres terres et possessions, et son cas estoit en grand bransle, ne fut ung changement que survint pour la grieffe maladie du duc, suyvie bien tost après de sa mort, qu'advint l'an 1140, et fut ensevely en l'abaye de Affleghem, où avoit | |
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donné des grands revenus. Il fut prince pieux et dévotieux, faisant plusieurs biens aux englieses: il laissa cincques enffans: l'aisné fut Godeffroy, l'autre fut Henri qui fut moine à Affleghem; Aleyde, sa fille, fut royne d'Angleterre; Ide fut contesse de Clèves et Clare garda à Dieu sa virginité. Godeffroy fils au devandit continua la guerre contre ceux de Grimberghe, mais sans conseil ni avis, qui fut cause que plusieurs se desjoindarent de luy et tournarent du party des messieurs de Grimbergh, que reprindrent coeur et vigueur de façon qu'ils pressarent autant les Brabançons qu'eux auparavant avoient estez grevez. Le seigneur de Grimberghe fortifia telement son chasteau qu'il le rendit imprénable. Ce temps pendant mourut pareillement le duc Godeffroyd 2d et fut enterré à St. Pierre à Louvain au choeur: laissat ung fils eagé seulement d'un an qu'estoit nommé aussy Godeffroy, auquel le père institua tuteurs messire Henry de Diest, mesire Gérard de Wesmale, mareschal de Brabant, messire Jan de Bierbeech et mesire Ernoult de Wemmele, et fut par leurs advis recommencée la guerre contre ceulx de Grimberghe. Le seigneur de Grimberghe rappella incontinent ses amis et alliez entre lesquels vindrent le comte de Vianden, le seigneur de Haerlaer, le seigneur de Breda et le seigneur d'Oiembrughe, et furent d'avis incontinent bouter le feu dedans la forteresse de Netelaer et la ruyner, puis passer à Vilvorde et illecque pareillement abattre le chasteau, et fut ce conseil suyvy et de fait executé devant qu'oncques ceux de Brabant les sceurent empescher. Le seigneur de Crainhem, chef et capitaine des Brabançons, ne vint en temps léver le siège; mais se vint camper bien près de là en une pasture voisine à ceulx de Grimberghe. Au camp des Grimbergiens estoient environ deux mille combattant dont en estoit chef messire Gauthier Bertold, lequel chargea ung escusson semblable à sa banniere qu'estoit d'or à une fache d'azur entre trois torteaux de sable, deux en chef et ung en pied; avec luy estoient mesire Sohier delle Malle, mesire Gérard et Jean Schreinhane, frères. | |
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Estant ainsy campé les uns contre les autres firent plussieurs escarmouche. Ung jour mesire Guilheame de la Tomme, vicomte de Grimbergh, chargea un escus moitié d'or moitié de geule à trois chévrons d'azur et d'argent, et tout de même ayant paré son coursier sortit luy seul et renversa trois de ses ennemis par terre avant retourner en son camp: tost après sortit ung gentilhomme du camp brabançon et marcha contre ledit mesire Guilheame; mais ce gentilhomme donna un chocque de lance tant bien à point au dit mesire Jan qu'il cuida culbuter par terre; mais messire Jan se reléva et donna de couroux tel coups au gentilhomme sur les espaules qu'il luy fist voler la teste par terre et tomba mort. Messire Gerard Schreinhaen portoit sur sa cotte d'arme son tornichel; il tua deux gentilhommes, ses ennemis, et au troisième coupa un bras. Semblablement y vint mesire Ernoult de Craienhem, fort brave, chevalier; son tournikel fut semblable à sa bannière, bien richement ouvré tout d'or auquel y avoit une croix de geul et une corneille de sable au premier cartier, et rencontra ung gentilhomme qu'il fit baiser la terre par un rude coup de lance. Messire Sohier delle Malle portoit sa cotte d'arme richement parée de sinople au cheff chastelé d'argent: il tua son adversaire et blessa plusieurs autres. Ceste longue escarmouche se tourna en fin en manière de bataile, mesme mesire Arnoult et messire Gauthier Bertold firent grand proesse et fais d'armes; mais messire Wathier fut abattu par terre par le seigneur de Craienhem et combatant à pied il fut secouru par ung gentilhomme des siens apellé messire Gauthier de Beer, portant son tornichel de geul à cincques lozenges d'argent en croix au lambel d'azur. Ceulx de Grimberghe se portarent si bien que les Brabançons prindrent la fuitte, et y demeurarent beaucoup de mort et de prisonniers. Du costé de Grimbergh y furent que mort que prisonniers environ LX et furent les mors enterrez selon leur degré et honneur. Les tuteurs du duc de Brabant dolens d'une tant vilaine affronte assemblèrent la noblesse de Brabant au lieu | |
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de Cortemberghe et messire Henry y porta la parolle remonstrant qu'ils n'auroient honneur ni bien tant qu'il auroient la revenge de cette deffaite que tous bien délibérez jurarent venger; et ceulx de Grimberghe d'autre costé s'aprestoient les soustenir. Le seigneur de Grimberghe mettant ordre en son camps, ordonna 4 bataille et en chacune il mit quatres mille hommes: la premier bataille conduisoit le conte de Vianden ayant en sa compaignie les sieurs de la Tomme, mesire Piere d'Impele, messire Arnoult d'Cobbenbosche, messire Guilheame Tand, eagé de 75 ans, mesire Alard de Berghe, messir Gérard de Haerlaer, chevaliers, et plussieurs escuyers et bacheliers. La 2e bataille estoit conduite par messire Gauthier Bertold et avoit avec lui messire Gauthier del Male avecque son fils Simon, messire Godeffroid Schreenhaen et ses frères, messir Gerard Segherman et mesir Jan Caelmont et plussieurs autres escuyers: la 3e bataille conduisoit le vaillant seigneur de Breda qu'avoit avecque soy quattres sien fils, tous chevaliers, à scavoir Gérard, Sohier, Henri et Jean; item messir Gauthier Van der Dam, messire Guilheame du Jardin (Van den Bogaerde) et plussieurs autres: la 4e bataille conduisoit messire Arnoult, le courageus et grands seigneur de Grimbergh accompagné de messire Henri, son fils, Paridan d'Eppeghem, mesire Henri Hoesken, mesir Paridan de Manshoven et son oncle mesir Gérard de Lire, mesir Arnoult de Hombeech avec ses 4 fils, et le seigneur d'Asche portoit sa banniere. Le seigneur de Wesemale, mareschal de Brabant, fit pareillement quattres batailles, ordonnant en chascune cincques milles combattans: la premiere menoit le vaillant seigneur de Diest, la 2e le seigneur de Bierbeeck, la 3e le seigneur de Rotzelaer, la 4e le preux et vaillant seigneur de Wesemael avec le seigneur de Craenhem et porta l'estandar le seigneur de Wemele, chevalier de noble extraction. Et estans rangez en bataille donna le premier chocq mesir Henri d'Oiembrugh, jeune chevalier: il portoit fasce d'or et de sinople à la bordure engreslée de geul: à l'encontre de luy vint ung nommé Jan, qui portoit les armes de Wesemale à la bordure d'azur. | |
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Messire Gérard, fils du noble seigneur de Breda, vint moult valeureusement en bataille; sa banière et son escus fut de geul à trois sautoirs d'argent au lambel d'azur. Il rencontra un noble seigneur nommé HommaerGa naar voetnoot(1) de Thines et le rua par terre; puis entra son père avecque ses trois frères: entre autres y fut fort vaillant le conte de Vianden: ses armes furent richement armoyées d'un escu d'azur à trois escussons d'argent. Il fut rencontré par le seigneur de Diest, que portoit d'or à deux fasces de sable, et romparent leur lance l'un sur l'autre, de sorte que tous deux furent mis en terre; et estans remontez par leurs escuyers combatirent longuement à l'espée. Mesire Wathier Bertold tua ung gentilhomme de Bois-le-duc en ce mesme rencontre, ce voiant le seigneur de Rotselaer chevacha rudement contre ledit Messire Wathier et fut rencontré de façon qu'il eut son escu percé tout oultre; puis combatirent longuement à l'espée faisant merveilleux fais d'armes. Et comme messire Gauthier fut abatu de son cheval, il fut secouru par messire Henri d'Oiembrughe qui le remonta. Ledit seigneur de Rotselaer portoit l'escu d'argent à trois fleurs de lys de geul. Le preux seigneur de Wesemale, mareschal du camp brabançon, vint bravement en bataille et fut rencontré par le seigneur de Grimbergh; le mareschal donna sa banière en garde au seigneur d'Asche; et se rencontrarent les deux seigneurs fort bravement et dura la meslée plus de deux heures. Le sire de Wesemale portoit de geul à trois fleurs d'argent: le seigneur d'Asche burelé d'or et de geul de diex pièces: le sire de Grimberghe portoit d'or à une fasce d'azur. En la meslée qu'estoit fort et dure chacun crioit son cry: le seigneur de Breda crioit Breda! le comte de Viande Vianden! le seigneur de Grimbergh, messire Wathier Bertold crioit Malines! semblablement du costé des Barbançons fut crié: Lothier! Brabant! Diest! Wesmale! Craienhem! Rotselaer! | |
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Wemmele! Bierbeeck! Wavre! Leefdale! et furent en la bataille plussieurs tuez et navrez. Mesire Godeffroid rencontra le sire de Grimbergh et se ruarent l'un sur l'autre par terre, mais furent relevez. Ledit seigneur de Leefdael portoit d'or à deux roses de geul, quartier de geul à ung aigle d'or. Mesire Arnoult d'Oiembrughe et son fils Henry se portarent vaillament et fut le seigneur de Wavre abatu de son cheval par le dit seigneur d'Oiembrughe le jeune; mais son père mesire Arnoult se trouva en grand danger de sa vie par ce que le seigneur Van der Aa luy perça son escus tout oultre. Ledit seigneur Van der Aa portoit de geul au sautoir d'argent. Le seigneur d'Asche eut son cheval tué; mais fut secoru et mené son estendart. Les villagois d'entour de Grinbergh choisirent pour leur chef et capitaine Jean de Massenhoven de la lignée de Grimbergh venu de bas: hardi mais pauvre gentilhomme que porta luy mesme l'estandar de la ville de Grimbergh qu'estoit de sable à une eglise d'argent; et venant au secours de leurs seigneurs donnarent dedans les Brabançons; et eussent deffaits les pietons brabançons ne fusse que le seigneur de Wesemale leur vint au secours avecque une trouppe de chevaux. Ce nonobstant les Brabançons se mirent en fuite et furent les nobles seigneurs de Wesemale, de Diest, de Bierbeech, de Craienhem, de Rotselaer, de Wemmele, de Wavre, de Leefdale, de Hobosche et de Campenhout contraint soy retirer avecque eulx. Le comte de Vianden, qui tenoit ses gens lassez, manda qu'on ne deust poursuyvre les fuyars, et le seigneur de Grimberghe fit charger les morts sur chariots et mener à Grimberghe et les fit enterrer selon leur degré au cimetier et en l'église, dont fut lowé mesme de ses ennemis. Les seigneurs brabançons furent fort desplaisans de ce desastre. Lendemain fut assemblé le conseil du duc où comparurent mesire Godeffroy de Leefdael, Arnoult de Craienhem, Henri de Rotselaer, Philippe de Wavre, Jan de Campenhout, Gautier de Beer et ses fils, Gerard Pede, Floren de Hobosche, Gooswin | |
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de Polaer, Guilheame de Pamele, Jan de Hanut, Jean de Hasbaing, Sohier de Molin, Jean d'Eversberghe, Godeffroy de Elinghen, Henri de Haren et Henri de Hombeeck, N. de Huldemberghe, tous chevaliers, et plusieurs autres. D'autre costé le seigneur de Grimbergh conclud avecque ses amis qu'il falait ruyner Vilvorte: à quoy le seigneur de Breda tenoit fort la main pour la haine qu'il portoit à ceulx de Brabant. Le seigneur d'Oienbrughe estoit d'oppinion contraire qu'on devoit demander treuves avec le jeune duc, alleguant que le duc de Brabant estoit vrayment leur souverain seigneur; mais le seigneur de Grimbergh suyvoit l'opinion contraire, comme aussi le conte de Vianden: plussieurs estoient de l'oppinion du seigneur d'Oienbrugh, autres du seigneur de Grimberghe. Finalement fut conclud de ruyner Vilvorte: et furent ordonnée par ceulx de Grimbergh quatres batailles: la première fut conduite par le conte de Vianden que print aussy porter l'estandard de Grimbergh et le rescomanda porter à ung vaillant escuyer nommé Jan de la Dale; la 2de menoit le seigneur de Breda; la 3e le seigneur d'Asche, la 4e le seigneur de Grimberghe. Ceulx de Villevorden entendant les aprestes de leurs ennemis savèrent leur meilheur, quittant la reste, se retirèrent tous à Bruxelles; et ceulx de Grimberghe sans resistence pillarent la ville et y mirent le feu; puis rasèrent le chasteau de fons en comble. Ceulx de Brabant sentant les forces et insolence de ceulx de Grimberghe demandarent secours au conte Badouin de Flandre et furent resolus avecque toutte force aller assiéger Grimberghe. Le conte de Flandre envoya un beau secours au jeune duc, sous la conduite des gentilhomes suyvans: le seigneur de Gavre, le seigneur d'Audenaerde, le seigneur de Nevele, de Ghistelles, de Rhodes, d'Axel, de Massemines et de Scorisse, qui conduisoient mille hommes bien armés et estoit leur souverain conducteur le seigneur d'Escornet, fort hardi et appert chevalier. A l'aide du duc sont aussy venus les comte de Looz et Godeffroy de Namur; et arrivés à Bruxelles y trouvarent les | |
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seigneurs d'Arschot, de Hornes et de Gaesbeck; ceux d'Enghien, du Reux, de Perwes; aussy messire Godeffroy de Leefdael, mesire Arnoult de Craienhem, messire Jan de Marbais, mesire Henri de Rotselaer, le seigneur de Wavre, mesire Godeffroi de Nivelle, le seigneur de Dongleberghe, mesire Jan de Cappenhout, le seigneur de Rèves, le noble seigneur de Tresignies, le seigneur de Wedergrate, messire Thiri de Liedenberghe, mesire Gérard de Sulen, et autres chevaliers qui s'aprestèrent pour achever l'entreprinse de Grimberghe; et fut ordonnée la premiere bataille sous la charge du seigneur de Wesemale; la 2e sous la charge du seigneur de Craienhem. Entrez qu'ils furent au pays de Grimberghe, mirent par tout le feu; ceulx de Grimberghe leur ont fait teste; et après plussieurs escarmouches, ceulx de Grimberghe se sentant trop foible, se sont retirez sur le chasteau, laissant aux Brabançons tous leurs chariots et attelage, lesquels aprochans la ville bruslarent plussieurs maisons des faubourgh, en fin s'estant fait maitre de la ville, la bruslarent et pillarent entièrement; aussy bouttarent le feu dedans le cloistre des religieux dedans laditte ville. Le seigneur de Wesemale estoit d'opinion assiéger le chasteau; mais le comte de Namur fut d'opinion contraire veuillant premier assiéger la ville de Malines. Allant vers Malines mirent le feu par tout, sans respecter ny cloistre ni englise. Ce temps pendant se sont armés plussieurs parens et alliez des seigneurs de Grimbergh, scavoir: le comte de Vianden, le seigneur de Breda, le seigneur de Keppele, au pais de Gueldre, le seigneur d'Erchel, du pays de Hollande, le seigneur de Morrel, le seigneur de Iterne, mesire Bernard, seigneur de Iselstein, messire Conrard, seigneur de Buren; item de France vindrent les seigneurs de Moy d'Arthois, le seigneur de Chastillon, de Monbouson, le frère du conte de St. Pol, mesire Hughelin de Couchy, le seigneur de Hain en Vermandois; item le seigneur de Boussut en Haynaut et messire Jacques seigneur de Roye, avecque bon nombre de gens bien armés, et mieux deliberées; arivarent aussy ceulx du linage de Grimberghe, | |
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messire Gérard, seigneur d'Asche, messir Alard de Beighem, le seigneur d'Eppeghem, messire Arnoult de Hombeeck qu'estoient quattres chevalier banneré, demeurans dans le pays de Grimbergh et autres vassaulx dudit pays, sy comme messire Arnoult de Oienbrughe, mesire Henri, son fils, mesire Sohier van Male avec mesire Simon, son fils, mesire Godeffroy Jan et Gérard Schreynhane, frères, messire Guilhame Tant, le seigneur d'Opphem, messire Jan de Eechove, messire Goeswin de Schoudebrouck, messire Guilheame de Boomgarde, mesire Bernard de Zytvort, mesire Guilheame, vicomte de Grimberghe, mesire Paridan de Massenhove, messire Gérard de Liere, mesire Arnoult de Cobbenbosche, mesire Piere d'Imple, mesire Gérard de Haerlaer, mesire Goeswin de Helrode, mesire Jacques de Beringhen, mesire Jan de Caelmont, messire Henri Hoeshen, messire Arnoult de Zulvoert, tous aprestez pour assister leurs parens et seigneurs de Grimberghe. Et fut aresté par l'advis du seigneur de Couchy faire lever le siège de devant Malines. Ceulx du Brabant avertis du secours venus à ceulx de Grimberghe, craignant qu'ils allassent assaillir Bruxelle et nuire à la personne de leur duc, par advis du seigneur de Diest levarent le siége de devant Maline, et sont venus camper à demi lieuue près de Grimberghe. Le seigneur Godeffroid de Gaesbeeck fut d'avis de faire venir le jeune duc au camp pour tant plus encourager ses subjects; aussy pleust cest advis au seigneur de Hoernes et puis tous le trouvèrent bon. Mais premièrement furent d'avis de faire requerir le seigneur de Grimberghe de faire homage audit jeune duc et que l'on pardonneroit tout le passé, et en cas de refus qu'on le diffieroit au feu et à l'espée; et si la fortune tournoit contraire au seigneur de Grimberghe qu'il seroit traité selon ses démérites. Mesire Arnoult de Craienhem fut envoyé vers Bruxelle quérir le jeune duc et aussy fut envoyé vers le seigneur de Grimberghe aux fins que dessus. Le seigneur de Grimberghe dit aux trompettes: ‘Dites à voz maistres que demain ils me trouveront à la campaigne bien assisté, et que je ne suis encore preste faire homaige selon le | |
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jugement des barons de Brabant.’ Le jeune duc estant au berseau fut apporté en une litière au camp devant Grimberghe et l'armée des Brabançons par le seigneur de Wesemale, mareschal du camp, fut divisée en neuff parties: la premier sous la conduite du seigneur de Diest, la 2e menoit le noble seigneur d'Arschot, la 3e le puissant seigneur d'Enghien, la 4e le seigneur de Hoerne, la 5e les deux seigneurs de Gaesbeeck, la 6e mesire Gerard de Roz, la 7e le noble comte de Namur, la 8e le vaillant comte de Looz, et l'arrièregarde estoit conduite par le seigneur d'Audenaerde avecque les seigneurs de Gavre, de Ghistelles, de Nevele, de messieurs d'Axelle et d'Escornay, qu'estoient huicts chevaliers banneré, envoyez par le comte de Flandre, chacun avec cent chevaulx; chacune bataille contenoit plus de deux mil cincques cens combattans et fut capitaine des piétons mesire Jan de Hasbaing, hardi chevalier, que portoit de sable à ung colomb d'argent couronné d'or. Lors on attacha le berceau où gisoit le jeune prince à une saux bien ouvertement à la veuue d'un chacun, affin que chacun le voyant s'efforçassent faire leur debvoir pour leur prince. Pareillement ceulx de Grimberghe se mirent en bel ordre, partissant leur, armée en 8 esquadrons: le première fut conduite par messire Gérard d'Asche, le 2e par le seigneur de Keppele, le 3e par le seigneur de Bossu, le 4e par le seigneur de Couchy, le 5e par le seigneur de Moy, le 6e par le seigneur de Breda, le 7e par le comte de Vianden; l'ariergard menoit mesire Arnoult de Grimberghe, messire Gauthier Bertold et messire Gérard, son fils; et portoit l'estandar dudit seigneur messire Paridan de Manshoven et Gerard de Liere, oncle dudit Paridan; estoit le lieutenant de cors Jan Van den Dale et Gérard Van der Biest, escuyers. Messire Wathier Bertold partit l'infanterie en deux; chacune trouppe contenoit environ cincques mille combatans: la premier il donna au seigneur de Beyghem, chevalier banneré, l'autre à mesire Paridan de Oppeghem aussy chevalier banneré; mesire Wathier Bertold constitua messire Sohier de la Malle et mesire Jean de Caelmont, vaillant chevalier, pour la garde de | |
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son père, le seigneur de Grimberghe; et pour la garde de sa personne mesire Henri d'Oiembrugghe et mesire Simon delle Male, fils dudit Sohier. Il envoya mesire Godeffroyd Schreinhane descouvrir l'ordre que tenoit l'ennemy; ayant aperccu la présence du jeune duc de Brabant, il conseilla au seigneur de Grimberghe vers le duc pour rechercher paix plustost que d'entamer une si cruelle guerre. Le seigneur de Grimberghe respondit qu'il estoit trop tard. Ceste assemblée fut faite le jour de Nostre Dame demi Aoust en ung beau champ appelé Longue-Haye, gisante près du chasteau de Grimberghe. Après le signe de la bataille donné, ung chevalier, appellé mesire Gérard Van den Holtmeulen, donna le premier sur les Brabançons, criant: Grimberghe! et du premier coup abatit ung chevalier de Brabant: lors sortit le seigneur de Diest, et vint à l'encontre de luy le seigneur d'Asche, et persarent tous deux l'un l'autre leurs escus jusques à la cuirasse; puis se battirent longuement à l'espée et s'ils n'eussent estez secourus de leurs gens se fussent entretuez l'un l'autre. Mesire Gérard d'Asche fut blecé et rué par terre par le seigneur de Wemele; le seigneur de Bierbeeck receu ung coup de lance par ung gentilhomme, nommé Garnier de St. Omer, qui luy perça l'escu et ne fut sans blessure, dont le seigneur pour soy venger luy donna la lance de costé audit de St. Omer au travers du corps, puis en fit autant encore à ung autre. Ceste journée le seigneur de Bierbeeck portoit d'argent à une fasce de geule et le seigneur de Wemmele portoit de geule à cincques lozenge d'argent, posées en croix; mesire Gérard d'Asche portoit d'asur à un pal de geul, à neuff roze d'or; le seigneur de Wesmale crioit son nom et puis Lotrich! Le seigneur de Keppel portoit de geul à quattre cocquile d'argent: il rompit un coup de lance contre le seigneur d'Arschot, lequel portoit d'argent à trois fleurs de sable. Le seigneur de Boussy en Hainault rompit sa lance sur ung de ses ennemis et l'abattit par terre: il estoit chevalier banneré et portoit d'azur à une croix d'argent. Le seigneur de Hoerne | |
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s'avanca contre luy et romparent leurs lances et fonçarent leurs escus; et venant à l'espée, furent separés de leurs gens. Le dit seigneur de Hoerne portoit d'or à trois huchets de geul, virolés de sinople; le sire de Couchy qui portoit de siex pièces de vair et de geul aprocha de grand courage le seigneur d'Enghien que portoit son escu et sa banière d'argent et de sable semé de croizettes d'or. Le cheval dudit seigneur d'Enghien fut tué et cheut desoubs son cheval en grand danger de sa vie. Puis vindrent les deux frères de Gaesbeeck portans de sable à un lion d'argent coronné d'or, et le frère mesné brisoit d'un quintefeuille d'azur en l'espaule dudit lion: ils gardient la 5e bataille des Brabançons; l'aisné eut à nom Godeffroid et l'autre Henri. Le seigneur de Moy en Artois proche parent au seigneur de Grimberghe chargea d'or et de geul fretté; il rencontra le seigneur de Gaesbeech et se porta bien encore qu'il fut pressé en la teste. Le seigneur de Rooz que menoit la 6e bataille des Brabançons portoit d'or à trois lions de geul, et estoit moult richement monté, et vint encontre de luy le seigneur de Breda, que portoit de geul à trois sautoirs d'argent, et mesire Jean, son fils, portoit le bord engreslé d'or; messire Gérar, aisné fils, comme le père, au lambel d'azur. Ledit seigneur de Breda abatit le seigneur de Rooz par terre et fut tellement estonné de la cheute qu'il fut quelque temps entre ses gens avant qu'il revint à soy. Le comte de Namur que conduisoit la 7e bataille des Brabançons entra au conflit; il portoit en sa banière et son escus d'or au lion de sable à la colice de geul; et vint à l'encontre de luy le comte de Vianden qu'avoit sa banière et escus de geul à un escusson d'argent. Mesire Sohier de Breda fit ce jour merveille et grand esclandre de ses ennemis et moururent plussieurs de son espee; car il estoit puissant de corps et hardy: à l'encontre de luy vint un roid chevalier de Namur, nommé Messire Gérard delle Strade, et portoit d'argent à deux chevrons d'azur, lequel fut abattu de son cheval par ledit mesire Sohier; mais estant redressé, luy donnat | |
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tel coups qu'il luy fenda le cerveau et cheut ledit Mesire Sohier de Breda mort: ce fut un grand domage; car c'estoit un vaillant chevalier et un des plus hardi de linage de Grimbergh, et se plainda fort le comte de Vianden, auquel il estait cousin et poursuyvit l'autre de tele sorte qu'il le tua d'un coup d'espée qu'il luy férit en la teste. Le comte de Looz, qui menoit l'huictiesme bataille des Brabançons vint à l'aide de ses gens: il portoit burelé d'or et de geul de diex pièces: contre luy vint le seigneur de Grimbergh, avec luy ses deux fils; mesire Wathier Bertold portoit d'or à la face d'azur entre 3 torteaux de sable; messire Gérard, son frère maisné, portoit d'or à la fasce d'azur, sautoir de geul sur tout: ils chocquarent sy furieusement que leurs chevaulx tumbant par terre se crevarent et furent en grand danger de leurs personnes. Le seigneur de Beyghem encouragoit fort ceulx de Grimberghe et donna vivement dedans ses ennemis: il portoit d'azur à une croix d'argent; comme aussy le seigneur d'Oienbrughe que fut tiré d'un coup de trait d'arbalestre au visage: mais ne fut qu'estourdy. Mesire Guilheame, viconte de Grimberghe, se portoit aussy très vertueusement et remonta le seigneur d'Ische, que portoit d'or à trois fleurs de lys de sable; et fut ledit seigneur d'Ische abatu par terre. Mesire Jacques de Chastillon que portoit de geul à trois pasles de vairs, chef d'or à ung huchet de sable, vint sur le seigneur de Perwes et se combatirent longuement; mesire Arnoult de Craienhem que ceste journée avoit fait mainte chevalereux fait, et avoit en garde l'estandar de Brabant, courut sur le seigneur de Monbason, hardi et noble chevalier, que portoit vairs d'or et de geul; et se donnarent maints coups de lance et d'espee. Mesire Godeffroy de Nivele entra en la bataille: sa bannière fut d'argent au lion de sable; et chevacha contre luy mesire Gauthier Bertold, lequel d'un coup d'espée fenda la teste à mesire Gerard de Cocquelebergh. Mesire Gérard de Harlaer portoit d'or et de geul au chevron d'azur sur tout, et vint droit à l'encontre mesire Jan de Pamele, que portoit d'argent à trois | |
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rutures ou lozenge de geul, et se donnarent des braves coups de lance. Semblablement mesire Jean de Marbaise, que portoit d'argent à la face de geul, à trois merles de mesme en chef, rencontra mesire Jan de Roye, que portoit d'argent semé de fleurs d'or au lion sinope, et tous deux tombarent d'un coup à terre et combatirent longuement à pied à l'espee. Mesire Thomas de Weyneghem rencontra mesire Guilheame de Manshoven et le tua tout roid mort; mais tantost après il fut tué par mesire Jan de Caelmont. Mesire Gérard de Lire que portoit de sinople au chef de geule; et mesire Paridan de Manshoven, que portoit fache d'argent de sinople, et avoient en garde l'estandard de Grimberghe rencontrarent chacun son adversaire et les tuarent de coups de lance. Ceste bataille fut merveilleusement cruelle et se tuoient les parens, amis et alliez, comme sy jamais ne se fussent veu et cognu les uns les autres. En ceste meslée se trouva mesire Guilheame de Saint Pol: sa banière estoit de geul à trois pales de vairs au chef d'or: et contre luy vint messire Godeffroy de Rèvez que portoit d'argent au chef de geul, et se combatirent jusques à renverser sur la croupier de leurs chevaux. Messire Guilheame Boomgarde portoit d'or et de sinople de diex pièces au lambel d'azur: se combatirent aussy fort vaillament. Mesire Paridan d'Eppeghem, que portoit sa banière et son escu d'un eschecquier d'or et de sinople, estoit capitaine des piétons de Grimberghe, tua ung cousin du seigneur de Rotselaer. Messire Sohier seigneur de Mollin rencontra lez son père Jean de Breda et le persa d'un coup de lance tout au traverse du corps. Le seigneur de Breda s'escria de deuil: ‘O grand orgueil des seigneurs de Grimberghe! je puis bien pleindre ceste malheureuse guerre ou j'aie perdu deux miens fils et heritiers.’ Puis se retourna vers le seigneur de Mollin et luy donna tel coup entre l'espaule et la teste que bien tost après il en mourut. Le dit seigneur de Mollin portoit de sable à trois fers de mollin d'argent; le seigneur de Han en Vermandois | |
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que portoit sa banière et escus d'or à trois croissans de geul, ayant amené au secours de Grimberghe bonne quantité de chevaux, fut rencontré d'un chevalier, nommé messire Thiri de Lederberghe de Brabant, que portoit de geul à trois lozenge d'argent, et tous deux du choc tombèrent par terre. Le seigneur d'Itheren, que portoit de sinople à lion d'or, crioit: Itheren! et puis Grimberghe! rencontra mesire Gérard de Zuilen, que portoit d'argent à trois pales de sable: ils firent grands fais d'armes l'un contre l'autre; finablement ledit seigneur de Zuilen traversa sa lance tout oultre du corps du seigneur d'Iterne. Mesire Arnoult d'Oiembrughe rencontra mesire Gérard de Zuilent et luy perça le corps, de sorte que ses gens le pensant lever le trouvarent mort. Les gens du seigneur de Zuilen ruarent d'une grande impétuosité sur le seigneur d'Oienbrughe que fut en grand danger de sa vie, sy le seigneur de Grimberghe ne l'eut incontinent secouru: deslors comença la meslée pesle mesle et y furent plussieurs abatus et tués; et messire N. d'Elinghen s'adressa contre messire Godefroid Screynhaen, portoit de sable à trois fauchilles d'argent et ledit Screinhaen portoit de geul au chef d'argent à trois merlettes de geul, et messire Gérard, son frère, portoit une bordure d'azur et Jan, leur frère, une bordure d'azur engreslée. Le noble seigneur de Morueil portoit ses baniers et escus semé de fleurs de lis d'or au lion d'argent naissant au mi tain: il assailla le seigneur de Leefdale, que portoit la banière et armes d'or à une rose de geul, et donnarent maint coups de lance et d'espée. Mesire Jan de Cappenhout portoit la banniere et escus de sinople au chef d'argent. Il rencontra le seigneur d'Archel, que portoit d'argent à deux faches fort richement chastelée de geul; ils donnarent maints coups de lance et tirèrent maint coup d'espée l'un contre l'autre. Mesire Guilheame de Wavre; ses baniers et ses armes furent d'argent facé de sable: il trencha la teste à mesire Jean de Hombeeck. Ce voyant mesire Arnoult de Hombeeck, cousin audit | |
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mesire Jean: il portoit sa bannière d'argent à une face de geul, moult bien fretelée d'or; là fut tué mesire Henri de Hombeeck, l'un des 4 fils dudit mesire Arnoult; à la fin fut tué le seigneur de Wavre, et fut tué par mesire Arnout de Hombeeck. Là vint Conrard de Buren, le seigneur d'Iselsteine et plussieurs aultres: la banière de Buren fut d'argent à une fasce chastelée de geul; le seigneur d'Iselsteine eut sa banière et escus d'or à une fasce d'azur au sautoir eschecqué d'argent et de geul surtout. Voyant venir mesire Goeswin de Wedergraete contre luy, avalla sa lance et la brisa contre cestuy de Wedergraete; se combatirent à l'espée longuement sans que personne fut blessé. Ledit de Wedergraete portoit sa banière en bende d'or et d'azur bordée de geul. Le noble seigneur de Trasegnies, nommé Guilheame, grand baneré de Brabant, portoit la banière et escus: bende d'or et d'azur à une fasce de lion surtout; il vint au secours dudit seigneur de Wedergraet; tantost apres vint mesire Jean de Dongleberghe, portant fasce d'azur et de sable au lion d'or couronné, armé, lampassé de geul, et courut sur messire Gerard d'Oppeghem, que portoit d'argent à 5 lozenge de geul. Or comme la nuict s'aprochoit, ils furent constraint d'un costé et d'autre s'en retirer sous leurs ensengnes; entretans pensoyent leurs blessez et enteroyent leurs morts. Lendemain par avis de seigneur de Diest fut envoyé vers le comte Badouuin Flandre le prier de plus grand secours; ce que le compte promis faire au plus tost qu'il le poroit assembler. Lendemain au poinct du jour ceulx de Grimberghe recomencèrent la meslée et y fut grand nombre de tuez et blessez, en fin ceulx de Grimberghe eurent la victoire de ce jour là. Le jour après ensuyvant mesire Arnoult, sire de Grimberghe menoit la bataille et bien chaudement frappa sur ceulx de Brabant: il eut avecque luy mesire Gérard, son fils, mesire Paridan de Massenhoven, Henri d'Oienbrughe, mesire Gauthier Bertold, mesire Guilheame de Norselle, messire Gérard delle Spreet, mesire Henri delle Werde, mesire Gauthier delle Heyde, messire Henri de Schoelbrouck, mesire Guilheame delle Hove; le | |
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seigneur de Barbelghem, tous nobles chevaliers et plussieurs escuyers; et devant le rencontre y furent fait 4 vaillants chevaliers à bannière: le premier fut le seigneur de Bares, que l'on disoit d'Aspremont; le 2e le seigneur de Clermont; le 3e le seigneur de Beaufremont; le 4e le vicomte de Montenack; item avec eulx plussieurs nouveaux chevaliers, sy comme mesire Alard de Bejeghem, Obert, son cousin; Godeffroyd de Lembosch; Arnoult d'Oiembrughe, frère à mesire Henri, enfans de mesire Arnoult, le jeune Henri de Lint; Gauthier Isembaert, Adam Hoesken; Gauthier de la Tombe. Au camp des Brabançons trois chevaliers de bannière desployèrent leurs blazon, sçavoir: le seigneur de Cuuick, le seigneur de Tonnenburg et le seigneur de Merphem; plusieurs chevaliers nouveaux y furent aussy faits, sy comme: messire Gauthier de Huldeberghe, mesire Guilheame Hondsbeeck, messire Omer de Baerlaer, messire Gérard Dormale, messire Gauthier de la Tour, messire Goeswin de Wange, messire Adolphe de Erpe, messire Guilheame de Nevelle, mesire Watier, dit de Warfuzée, mesire Gérar de Hosemont, mesire Gauthier de Condé, mesire Waleran Van der Schreu, mesire Pierre de Houc, mesire Arnoult et mesire Jean, frères de Haren. Ce jour y eut grand fais d'armes d'un costé et d'autre, car tous deux combatoyent pour l'honneur et le dessus, et signament les nouveaux chevaliers s'y portarent vaillamment. Le jour suyvant arriva en grande diligence le secours de Flandres conduit par quattres banerez ensuyvant: le seigneur de Steynhuse, le seigneur de Maldeghem, le seigneur d'Eede et le seigneur de Soumerghem: et fut ce jour cruellement combatu. Le comte de Vierson, le seigneur de Couchy, le seigneur de Harcourt, le seigneur de Herck, le seigneur de Bronckhorst firent proesse indicibles d'armes; et avec iceulx le brave seigneur de Grimbergh avecque ses deux fils, dont mesire Gérard fut tué en présence de son père, et le père blesé bien griévement, parquoy il fut contraint soy rendre prisonnier. Là mesme fut tué le seigneur de Keppele, le seigneur de Iselstaine, le comte | |
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de Vierson, le seigneur de Harcourt, le seigneur de Montbason et le seigneur de Bronckhorst, le seigneur d'Erchel et le seigneur de Couchy, le seigneur de Chastillon, le seigneur de Schoubrouck, le seigneur de Berbelghem, messire Arnoult d'Oienbrouck, le viel mesire Henri, son fils, et numerables d'autres; messire Gauthier Bertold, mesire Paridan de Massenhove, mesire Guilheame Van den Hove, et plusieurs autres furent prisonniers. De la parte de ceulx de Brabant y furent tuez le seigneur de Gavre, le seigneur de Ghistelles, le seigneur de Diest, le seigneur de Rotselaer, le seigneur Wesemale, le seigneur de Marbais, le seigneur de Leefdael, le seigneur de Hoesdene, le seigneur de Hornes, le seigneur de Trasegnis, le seigneur de Rèves, le seigneur de Dongleberghe, le seigneur de Campenhout le seigneur de Wavre, le seigneur Huldenberghe, messire Renier de Baerlaer, mesire Guilheame de Mesplan et beaucoup d'autres gentilhomes. Du mesme context le chasteau de Grimberghe fut rendu es mains des commis du duc de Brabant qu'eut grand joye de la victoire, combien que ce fut à leur grande perte. Les Brabançons renvoyèrent les Flamens avecque grands dons et richesse. Le 26e jour après la bataille mesire Arnoult de Grimbergh trespassa tant de la navrure que de desplaisance. Mesire Arnoult d'Oienbrughe trespassa le 12e jour après la dite bataille et fut enterré au cloistre de Grimbergh avec les autres. Mesire Guilheame Tant eut les deux jambes coupées tout vif en la bataille et mourut en grand misère. Messire Gauthier Bertold fit tant d'instance vers les tuteurs du jeune duc, qu'il fut relaxcé avecque mesire Paridan de Massenhoven, moienant qu'il livreroit son jeune frère en prison. Il vendit et engagea tout ce qu'il peu; et avec bonne compaignie s'achemina en la Terre Sainte. Long temps après retournant vers sa maison et ayant par chemin entendu que son jeune frère estoit mort en prison, il en print si grand deuil que jamais plus ne fut veu pardeçà; et retourna de là la mer. Mais messire Paridan de | |
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Massenhoven retourna en sa maison en Brabant. Ledit mesire Gauthier laissa deux fils bien jeune, qui furent nouris en la court du duc de Brabant; et depuis furent vaillant chevaliers. L'empereur Fréderic, présent le duc de Brabant, fit appointement pour la terre de Grimberghe, que le chasteau seroit abatu à jamais, sans estre rediffié, et pour ce que l'aisné frère avoit abandonné son frère mesné en prison, estant son hostage; que de là en avant, le plus jeune frère tiendroit en fieff à perpétuité pour soy et ses successeurs de luy, la terre et seigneurie de Grimberghe du duc de Brabant; et que son frère aisné tiendroit en fief de luy, à sçavoir en arrierfief. Le maisné des susdis frères, fils de messire Gauthier, s'appelloit Gérard; et fut le premier de Grimberghe ensuyant le jugement de l'empereur et du duc de Brabant après la victoire dessusdite; son frère aisné s'appelloit Gauthier, et releva de Gérard, son frère maisné, la seigneurie, présent ledit empereur et le duc. Ainsy finist ceste cruelle guerre, laquelle eut comencement en l'an 1142 et dura bien 18 ans ou environ, laisant un exemple à tous seigneurs et princes de ne ce point témerairement s'eslever contre leur souverain; car Dieu enfin tout en temps chastie leur orgueil. D'autant que ceste famille de Grimberghe et de Berthold est tant ancienne et qu'icy s'est offert occasion d'en parler, j'ay icy joinct ce que j'ay trouvé de mémoire de ladite famille avecque leurs descente tant ancienne que ceulx le possèdent à présent. | |
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Descente des familles de Grimberghe et de BertoldGa naar voetnoot(1).Phelippe, comte de Malines, est le premier duquel l'on trouve par les histoires se fait mention, et ce environ l'an 724; il laissat ung fils nommé Arnulphe. Arnulphe succeda à son père et laissa ung fils nommé Adon. Adon fut seigneur de Malines après son père: il laissa ung fils unicque, lequel estant mort fut résucité par Saint Rumbau. Litbert ayant esté resucité par St. Rumbau, fut seigneur de Malines: il laissa un fils nommé Bertold. Bertold succéda à son père. Comme les Normans s'estoient fourés au pays de Brabant et s'estoient emparez de Malines, il fit tel devoir qu'en l'an 895 il déchassa lesdis Normans hors de Malines: il fut tant renommé pour ses prouesse et ses vertus que | |
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ses successeurs depuis ont retenu pour nom de leur famille ce nom de Bertold. Il laissa ung fils nommé Gauthier. Gauthier Berthold fut sire de Malines, et d'aucuns le nomment seulement vouuéGa naar voetnoot(1) d'autant qu'un sien frère aisné, estant seigneur d'une partie de Malines, se rendit religieux à Lobbe et donna tout son patrimoine à ladite abbaye, que possedant ladite ville rendarent la vouuerie de ladite ville au seigneur Gauthier Bertold, frère audit religieux, lequel estoit seigneur de l'autre moitié de Malines contre son dit frère aisné, et par ainsy les dis de Bertold se sont escris Vouué de Malines; puis ceste moitié de Malines laissée à l'abbaye de Lobbes fut vendue aux évesques du Liège. Gauthier Berthold laissa ung fils nommé Gérard, et mourut l'an 1120. Gérard Bertold, hawoé de Malines, sire de Grimberghe, fut surnommé Barbe de Dragon, pour autant que sur son timbre il portoit ung dragon volant, comme seroit icy representé sur les vielles armes de ceulx de Grimberghe. Ledit Gérard morut l'an 1130. De son temps furent mis des religieux en l'abbaye de Grimberghe, sçavoir l'an 1128. Arnoul Bertold, fils au devant dit Gérard, fut homme riche et très-opulent, non seulement seigneur de Grimberghe, Malines etc.; mais posseseur de tout le pays presques entre Malines, Bruxelles et Anvers. Il estoit seigneur de Walem, Duffle, Gheel, Rumst, Berlaer, Haerlaer, Rhety etc. Cestuy estant sy puissant ne voulut faire hommage au duc Godeffroid de Brabant, dont ensuyvit la guerre icy devant escripte; mais ledit Arnoult ne vit la fin de ceste guerre, car il mourut l'an 1137 laissant deux fils, sçavoir: mesire Arnold Bertold et mesire Gérard Draghebart, lesquels continuarent l'orgueil de leur père, gueroyant fort et ferme le duc de Brabant qu'ils ne voloient recognoistre pour seigneur. Arnold Bertold succeda à son père et ne voulut relever du duc de Brabant dont s'ensuyvit tele guerre qu'en fin mesire Ar- | |
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nolt fut prins et mourut en prison. Son fils Florent y fut tué; et Gauthier son fils aisné prisonnier; mais mit son frère Gérard en ostage pour luy et mourut son dit frère, parquoy Gauthier dolent retourna en la Palestine. L'an 1159 le duc de Brabant print et destruit le chasteau de Grimberghe. Gauthier Bertold, fils aisné d'Arnold, après avoir laissé en ostage son frère mesné, s'en alla oultre mer; puis entendant son dit frère estre mort ne retourna oncques plus. Il laissa deux enffans: Gauthier et Gérard. Gérard estant mesné, selon le jugement de l'empereur Fredericque icy devantdit, fut seigneur de Grimberghe et son frère aisné eut Malines. Gauthier Bertold, sire de Malines, espousa Machtilde, fille de Loys, conte de Looz. Il mourut l'an 1178: il laissat ung fils nommé Gauthier. Gérard Bertold, sire de Grimberghe, frère au susdit Gauthier, eut espouse N....., duquel nous laisserons parler jusques à ce qu'aurons deduit la descente du frère aisné, pour n'y entremesler confusion. Gauthier Bertold, fils au devant dit Gauthier, fut sire de Malines: il eut espouse Marie, fille au comte d'Avergne, de la fille de Henri premier, duc de Brabant. Il s'en alla en la Palestine et Terre Sainte avecque Conrard, archevesque de Mayence, l'an 1191, laissant ung fils, nommé Gauthier. Gauthier Bertold, fils au devant dit fut sire de Malines, fut fort vaillant chevalier de son corps et fit maints service en diverses guerres, signament au duc de Brabant en la guerre qu'il eut contre les Liégois pour le comté Moha, l'an 1212; puis estant allé oultre mere contre les infidels, mourut l'an 1219 en la ville d'Accaron en Sirie, laissant ung filsGa naar voetnoot(1). | |
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Gauthier Bertold, dit le Noble, fut sire de Malines; il espousa N.... de Brétagne, seur au seigneur de Diest, de laquelle eut deux enffans: Gautier et Henri, seigneur de Duffle; il se trouva en diverses guerre contre les Frisons, l'an 1233. L'an 1238 s'esmeut grande controverse et différent entre le susdit Gauthier Bertold et mesire Gérard de Grimberghe, sire de Grimberghe; et ce à raison que ledit de Grimberghe prétendoit le seigneur de Malines devoit relever ce qu'il tenoit à Malines de luy; mais comme le duc de Brabant s'en voloit entremesler pour ceulx de Grimberghe, et l'évesque de Liége pour maintenir Malines selon que Hughe, évesque de Liége, s'estoit accordé avec le viel mesire Gautier Bertold, l'an 1213, pour éviter la guerre qu'en poroit survenir, ils s'accordarent paisiblement. Messire Gauthier Bertold, dit le noble, trépassa l'an 1243Ga naar voetnoot(1). Gauthier Bertold, dit le Grand, succeda à son père es terres et seigneuries de Malines, espouz Marie, fille au comte d'Avergne et de Marie, fille à Henri, premier du nom, duc de Brabant, de laquelle eut trois enffans masles et une fille: Gauthier Bertold, sire de Malines; Florent, seigneur de Baerlaer; Giele, seigneur de Humbeeck et Sophie que fut dame de Breda par son maritGa naar voetnoot(2). | |
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Ledit Gauthier Bertout se maria avecque laditte dame, l'an 1238: elle morut l'an 1280, et luy fut tué en la bataille de Vouronck, quant le duc de Brabant conquist la terre de Limbourg au droit de l'espée. | |
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Quant à Henri, seigneur de Duffle, frère au devant dit mesire Wathier Bertold; icy desoubs serat declaré ses successeurs. Gauthier Bertold, fils aisné au devant dit mesire Gauthier, fut sire de Malines, après son père: il eut espouse Alys de Guisnes, de laquelle eut Gautier Bertold, mort jeune; Jan Bertold, qui fut sire de Malines et espouse N. de la Marche, dont ne furent aucuns enffans; et mourut le dit mesire Gauthier l'an 1304, et fut ensevely avecque sa femme au milieu de cheure des Cordeliers à Malines; et fondarent audit Malines le monastère des Carmelites. Giele Bertold 3e fils mourut l'an 1310, le 23 d'Aoust, sans hoirs, parquoy la seigneurie de Malines retourna à mesire Florent Bertold, frère au devant dit Gauthier et fils au grand Gauthier Bertold. Florent Bertold, sire de Baerlaer et de Malines, après la mort de ses nepveux, comme dessus est dit, eut espouse N... de Chastillon et St. Pol, de laquelle eut une fille tant seulement nommée Sophie. Ce Florent fut puissant seigneur et selon qu'en escript Froissart en son troizieme volume, chapitre 96, il faisoit un grand trafficque de marchandise par mer et par terre; car jusques en Damas, au Caire et en Alexandrie, ses galères trafficquoyent; sy que son vaillant pour lors estoit estimé 5 à 6 millions de florins. Il avoit furni deniers au comte Regnault de Gueldre; et tenoit la plus parte des terres dudit comte engagées pour scureté desdis deniers, que fut cause que ledit comte de Gueldre se trouva conseillé espouser sa fille et unicque heritière; et par ce moien se trouva dechargé de ses debtesGa naar voetnoot(1). | |
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Sophie, fille heritier de mesire Florent Bertold, espousa Renard que fut premier duc de Gueldre, et fut conditioné en traitant le mariage, que si le comte de Gueldre avoit hoirs d'elle, ils seroient heritiers de Gueldre; et en ce cas le conte venoit à morir devant elle sans hoirs, elle demeureroit heritière sa vie durant dudit conté; et furent toutes les debtes dudit comte payées; mais ne vesquirent en mariage que quatres ans; et morut la ditte dame laissant deux filles, dont l'aisnée fut mariée au comte de Clève et depuis au comte de Blois: et la 2e espousa Guilheame, comte de Julliers. Ledit duc Regnard de Gueldre se remaria à la fille d'Edouuard 3e du nom, roy d'Angleterre, de laquelle eut deux fils: Renault, qu'espousa Marie, fille au duc Jean de Brabant: lequel comte Renault vollut frustrer sa soeur du premier mariage, du duché de Gueldre, dont survindrent grandes guerres hors propos icy declarer. La duchesse de Clèves, fille aisnée à la dame heritière de Malines avecque son mary vendirent leur moitié de la ville de Malines au viel comte Loys de Flandre, comme plus amplement sera descript au traité particulier de MalinesGa naar voetnoot(1); et par ainsy Malines sortit des mains de ceulx de Bertold qui l'ont possedé l'espace de siex à septs cens ans; et l'estocq des Bertolds estant icy tombé | |
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en quenouille, retournerons à mesire Henri Bertold, sire de Duffele, frère au grand Wathier Bertold. Henry Bertold, sire de Duffele, fils au noble Wathier Bertold, eut espouse Béatrix de Wesemale de laquelle eut une fille tant seulement, nomée Catherinne, laquelle espousa mesire Thiri, sire de Perwes, dont issit Henri de Perwes, père à Thiri de Perwes, esleu du Liége, tuez père et fils à la journee d'Othée, contre le duc de Brabant l'an 1408. Par ainsy tomba de rechef ceste branche de Bertold en quenouille et ne resta que le costé de mesire Giele Bertold, sire de Humbeeck et Baerlaer, frère mesné à mesire Gauthier et Florent Bertold. De messire Giele Bertold, sire de Baerlaer et Humbeeck vint Jean Bertold, dit de Baerlaer, sire de Keerberghen, lequel vivoit l'an 1312; Florent Bertold, dit de Baerlaer, lequel vivoit l'an 1316: desquels ignorant encores la vraye succession, laisseray icy la famille de Bertold pour retourner à mesire Gérard Bertold, sire de Grimberghe. Gérard Bertold, fils mesné de messire Gauthier Bertold, selon la sentence de l'empereur Frederic, fut sire de Grimberghe et releva Grimberghe du duc de Brabant; et mourut l'an 1181; laissa deux enffans: Gerard, mort sans hoirs, l'an 1193 et Alys: de façon que la maison de Bertold tumba icy pour ceste branche en quenouille. Alys, dame de Grimberghe espousa messire Godeffroy, sire de Perwes, que moururent tous deux: scavoir ledit sire de Perwes l'an 1257 et elle l'an 1250, laissant ung fils nommé Godeffroy. Godeffroid, sire de Perwes et de Grimberghe, eut deux filles: Marie et N..., mariée au seigneur Van der Aa, duquel sera après fait mention; et ledit Godeffroid trespassa l'an 1255. Marie, fille aisnée au devant dit Godeffroy, fut dame de Grimberghe, Perwes et de Ninove: elle espousa Phelippe, comte de Vianen, duquel eut ung fils nommé Godeffroy; et ledit Phelippe trespassa l'an 1272, et sa femme l'an 1289. Godeffroid, comte de Vianen et sire de Grimbergh, eut ung fils nommé Philippe, et trespassa l'an 1309. | |
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Phelippe, comte de Vianen et seigneur de Grimberghe, eut deux enffans: Henri et Gerard; et trespassa l'an 13... Henri fut comte de Vianen. Gérard, fils mesné, fut sire de Grimberghe; trespassa l'an 1332, le jour St. Clément, enseveli à Grimberghe; et d'autant que ne trouve autre successeur à cestuy, reprendray la branche alliée au seigneur d'Aa, lesquels furent par ceste alliance sire de la moitié de Grimberghe, et depuis l'eurent entièrement. Leon Van der Aa espouse N... fille à mesire Gérard de Grimberghe; et fut sire par sa femme de la moitié de Grimberghe; trespassa l'an 1269, laissant ung fils nommé Gérard. Gérard Van der Aa; l'an 1297 fit apointement avecque Godeffroy, comte de Vianen, pour la jurisdiction de Grimberghe: vivoit encor l'an 1312; laissa ung fils nommé Jan. Jean Van der Aa, sire de Grimberghe, en partie, laissa une fille unicque, mariée au seigneur Henri de Bautressen, sire de Berghe-sur-la-Zome; de laquelle alliance sont venus les sires marquises de Berghe-sur-la-Zome, et ceulx de Grimbergh; et laisserons les marquis de Berghe, poursuyvant seulement la branche, dont sont à présent les sires de Grimberghe. Faut icy noter que ceste famille de Aa estoit de celle de Gruthuse et de Bruges; et selon que se voient en l'église de Grimberghe deux magnificques tumbes de ceux d'Aa, portoient en leur escus ung sautoir. Henry de Bautreschem, seigneur de Berghe-sur-la-Zome, espousa N. d'Aa, dame de Grimberghe, et en eut Henri de Bautreschem, mort sans hoirs et jeune. Jenne, héritière de Berghe, de Bautrechem et de Grimberghe et de Walhem, espousa Jan de Glime, fils de Jean, bastard, fils au duc Jan 3e duc de Brabant, engendré en Elizabet, fille au seigneur de Gottignis, lequel bastard fut legitimé par l'empereur Loys, l'an 1344; et son père, sçavoir ledit duc le maria à une damoiselle de la maison d'Estreez, la mère de laquelle estoit de la maison d'Argenteau; et luy donna le duc en mariage la terre de Glimes, Opperbais et Torbizel; et ses successeurs ont | |
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quitté le surnom de Brabant, prenant le surnom de Glimes. Cestuy Jan de Glimes eut de ladite Jenne 4 enffans: l'aisné fut Jean, sire de Berghe; Antoine de Glimes, seigneur de Walhein, mort sans hoirs, apres avoir esté marié à une fille de Zevemberghe; Phelippe, sire de Grimberghe; N... mariée à mesire Adrien de Cruninghe. Philippe, baron de Grimberghe, 3c fils au devandit Jan de Glimes, espousa Jenne de Hamale, fille de monseur Arnold de Hamale, sire d'Elderen et de la fille de Tresegnies; eurent ensemble quatres enffans: Phelippe, fils aisné, mort à marier, devant Nancy; Jacques, sire de Grimberghe, héritier après son frère; Anne, femme Phelippe d'Espaigne en Hollande; et Jodoce, femme Pierre de Lanoy, seigneur du Fresnoy, chevalier de la Toison d'or. Jacques de Grimberghe espousa Elisabeth de Ghines, alias de Bossuzen, de laquelle eut trois enffans: George, baron de Grimberghe, Roland de Grimberghe, lequel espousa Gommare Prant, fille au seigneur de Blaesvelt, mort sans hoirs; et Jenne de Grimberghe, femme Adrien de Rimerswael, seigneur de Lodye. George, baron de Grimberghe, espousa Philipotte Tserclaes, fille de Guilheame Tserclaes et de Jenne de Bax, veuf à Jan de Witthem, seigneur d'Ische; et eurent les devantdis conjoins cincques enffans, lesquels reprindrent le surnom de Berghe pource que Jan, marquis de Berghe, seul du nom, estoit mort sans hoirs. Pierre, fils aisné mourut sans hoirs, n'ayant esté marié, l'an 1582; Jean de Berghe, chanoine du Liége, trespassa l'an 1555; Jerosme de Berghe, abbé de Berghe-saint Winock en Flandre, mort l'an 1575; Ferry de Berghe, baron de Grimberghe; Margueritte de Berghe, mariée premièrement à Loys Stradio, sire de Malene, Aa et Orbais: et en deuxsieme nopces espousa Jan Psalmir, baron de Bonignies et de Brenaigne. Ferry de Berghe, baron de Grimberghe, espousa Anne Sters, fille unicque et heritière à Gérard Sters, seigneur de Busquoy, Wyneghem, Hootvonder, Boutersem et Pulle; laquelle Anne fut engendrée en sa deuxieme femme Jodoce delle Dale, qu'aporta | |
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en mariage les terres de Stabrouc, Casterlé et Lichtaert; et eurent les devantdis conjoins ensemble seize enfans: l'aisné fut George de Berghe, seigneur de Stabrouck, mort sans hoirs, l'an 1578; Gérard de Stabrouc, Hoetwonder, Pulle et Boutersem, espousa Anne de Hamale, fille de messire Philippe de Moncheau et de Marguerite de Culemburghe, desquels sont enffans encores fort jeusnes; Guilheame de Berghe, prothonotaire du Saint Siege Apostolicque, doyen du Liége, prélat de grand vertus et expectation; Jacques de Berghe, seigneur de Saint Amand, non encor marié; Pierre, Jan et Philippe de Berghe, morts enffans; Ferry, baron de Grimberghe, encore jeune; Anne, femme de Monsr. Gérard de Poelgheest, seigneur en Honade et Coudeberck; Marie de Berghe, mort jeune; Marie, religieuse à la Camere; Margueritte, religieuse à Herquenroe; Loyse de Berghe, mort à marier; Maximiliene, religieuse à Vorst; Jenne de Berghe et Elizabeth de Berghe. Voila la succession des Bertold de Malines, que j'ay pu retirer de diverse memoriaux jusques à l'an 1586, que j'ay icy mis pour les raisons devandites. |
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