unita fortior, avec effigie d'une main, sortant d'une nuée, et tenant le roulet, où sera écrit: Concordia, duquel dix-sept flèches seront liées.’
Après trois cent cinquante-trois ans et demi, je la vois réapparaître cette main, ‘sortant d'une nuée’; elle tient le rouleau, où est écrit: concorde.
Pourrait-on citer vraiment un second exemple de pays limitrophes dont non seulement les territoires, mais dont les intérêts, les destinées, les personnes morales s'enchevêtrent aussi indissolublement que dans le cas de la Hollande et de la Belgique? Nous avons fait partie, tous les deux, pendant un siècle et demi, d'un même domaine politique; nous avons des souvenirs communs; il y a communauté de langue entre la Hollande et la majeure partie de la population de la Belgique; nous nous réjouissons toutes les fois qu'une communauté d'idées se révèle entre nous et même l'élément wallon de cette population, jamais exclu de notre sympathie, ayant sa part aux sentiments de bon voisinage que nous aimons à porter à tous les Belges indistinctement. Inconditionnellement, non!
Ici, il faut bien se rendre compte des difficultés existantes: pas moyen de les tourner, avant de les avoir reconnus. Hier encore, il me vint en mains une étude d'un historien belge dont j'apprécie le mérite et la compétence, M. Florent de Lannoy, où il célèbre ‘cette alliance française devenue pour la Belgique la plus précieuse, la plus solide et la plus fidèle sauvegarde de son indépendance’, où il reconnaît ‘que cette indépendance, la seule solution durable et sage du problème des Pays-Bas, a assuré à la France sur le nouvel Etat, uni à elle par une culture commune, une influence qu'elle n'exerce nulle part à ce point.’
Cette affirmation n'est pas isolée; il serait aisé d'en produire des centaines de répétitions. Cette tourbe de témoins n'en garantit pas l'exactitude complète. Elle n'est nullement fausse en son entier, elle est faussée par l'introduction d'un élément que dans l'intérêt d'une véritable entente hollando-belge il est indispensable d'éliminer.
Il est parfaitement avéré que la Belgique ne saurait se poser en ennemie de la France sans mettre en péril la paix de l'Europe. Son intérêt vital le lui défend. Est-ce que cela veut dire que la Belgique est libre de se considérer comme le prolongement de la France, comme la tête de pont au service de la France pour lui faciliter l'exercice de son hégémonie en Europe occidentale? A la longue, la Belgique ne saurait servir de point d'appui à la politique d'une des grandes puissances de l'Europe à l'exclusion des autres sans perd re sa raison d'être et sa sécurité. Il n'est pas dans l'intérêt général qu'on embastille des carrefours, et la Belgique est un carrefour par sa situation géographique, par un passé séculaire, par les aspirations toujours renouvelées de ses meilleurs enfants. Il n'est pas exact de dire que sa culture soit identique avec la culture française. Pour les régions flamandes, il suffit de parcourir Gand ou Bruges, de visiter les musées de Bruxelles ou d'Anvers, de lire Ruusbroec ou Gezelle, pour être convaincu du contraire. Même pour la partie wallonne, s'il y a affinité incontestable, il n'y a pas identité. La culture française est un produit historique au caractère strictement personnel, produit d'une longue histoire à côté de laquelle les provinces wallonnes de la Belgique, qui ont gardé une individualité à elles tout comme la Suisse romande, ont vécu de leur propre vie.
L'identification des Wallons avec les Français est aussi erronée que le serait celle des Flamands avec les Hollandais. Ils fixent notre intérêt,