De Gids. Jaargang 77
(1913)– [tijdschrift] Gids, De– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
[pagina 209]
| |
Julie Simon.
| |
[pagina 210]
| |
moeder ontvangt hij, op zijn 34e jaar, vijftig gulden per maand.. Die moeder, de streng-hervormde oude vrouw, zal nog gewonnen moeten worden voor een huwelijk met een ‘Roomsche’ ... Het was voorloopig niet mogelijk, zoolang zij Truitje Toussaint zijn verloofde meent. - En Truitje zelve, hoe moet hij het maken met háár? Haar, wier trouw niet had gefaald toen hem het ongeluk trof, tot eenigen dank aan het ongeluk uitleveren? Hij wilde, hij moest nog wachten, tot de tijd een oplossing bracht... Als wie een bergtop bereikt heeft, doch nú eerst ziet, welke veel hoogere ketenen hem nog scheiden van zijn eindelijk doel, - zoo stond Bakhuizen van den Brink aan den ingang van het jaar 1845. Was het wonder, dat, juist ná Julie's toestemming, zijn gevoel van verantwoordelijkheid sterker spreekt dan ooit, dat hij, op dien donkeren Januari-dag, niet minder naar Holland zijn zware gedachten voelt henentrekken dan naar Luik, en dat zijn brief met het aandoenlijke blauwe bloemetje, gedrukt is van toon, in steê van vroolijk?
Breslau, 1 Janvier 1845. Mon cher ange!
Je vous ai fait mes excuses que je ne pouvais vous écrire avant le jour de l'an. C'est le jour de l'an même que je vous écris. Aussi, j'aime à le croire, aujourd'hui vous aurez beaucoup pensé à moi: peut-être mon nom s'est mêlé à vos prières; peut-être mon avenir a occupé quelque place parmi les voeux que vous formiez pour l'année. Quant à moi je suis un peu mélancolique. Des jours comme celui d'aujourd'hui et d'hier doivent se célebrer en famille. Durant ces deux jours je me suis souhaité des ailes pour me transporter chez mes parents à Amsterdam ou mieux encore à Liège auprès de vous. L'année passée j'avais du moins le bonheur de pouvoir vous adresser mes félicitations en personne. L'ardeur avec laquelle je vous souhaitais alors la bonne année, trahissait peut-être une autre émotion: vous paraissiez sourire à mon empressement. Alors déjà je vous aimais plus que je n'en convenais moi-même; mais j'étais bien incertain si jamais vous pouviez partager mes sentimens. Maintenant, que, grâce au ciel, vous avez répondu favorablement à mes voeux; | |
[pagina 211]
| |
maintenant que mon coeur tout rempli d'amour cherche à se déborder dans le vôtre; maintenant que vous ne fuyez plus si farouchement devant moi, pourvu qu'en embrassant votre joli front j'observe la condition posée: ‘pas plus!’ - maintenant me voilà éloigné de vous par une distance de six à sept jours. Tout plein de votre souvenir, tout enchanté par vos charmes, quel aurait été mon sort durant cette journée, si vous aviez continué à etre sourde et inaccessible à mes sentimens, ou bien si cette malencontreuse lettre, dont nous avons anéanti la copie, m'avait apporté vos adieux pour toujours! Pour moi quel heureux hasard qu'elle n'ait pas prévenu mon voyage de Liège. Maintenant vos lèvres m'ont affirmé ce que je n'osais presque espérer, mais ce qui me semble ouvrir le ciel même. Toute la journée m'a vu formant des voeux pour que je puisse être en état de me rendre digne de cette affection que votre belle âme ne me refuse plus. Depuis trois jours je suis à Breslau et déjà je me suis installé dans mon nouveau quartier. Les chambres sont assez bonnes, même élégantes, mais jamais je ne cesserai de regretter celles que j'occupais au No. 12 de la place du Marché. Avant d'arriver ici je me suis arrêté un jour à Leipzic, un jour à Dresde, un jour à Rudolstadt. Malheureusement à cause du Noël tous les Musées, toutes les bibliothèques étaient fermées. Mais un superbe clair de lune favorisait mes courses nocturnes; un ciel serein comme votre front me permettait de donner libre essor à tous mes rêves d'amour, à tous mes pressentimens de bonheur. Je dois refaire ce voyage et retourner pour quelques jours à Dresde, ville magnifique et luxurieuse, qui contient la plus belle galerie de tableaux de toute l'Allemagne - et vous vous rappelez peut-être combien je suis enthousiaste pour la peinture. La ville de Breslau a quelque rapport avec LiègeGa naar voetnoot1). Elle est presque de la même grandeur et un peu plus peuplée: elle est aussi vieille, j'aurais presque dit aussi sale. La foule qui se heurte dans les rues, est aussi affairée, aussi bruyante, | |
[pagina 212]
| |
aussi caractéristique que vos Wallons pur-sang. Plus que des autres Allemands les Silésiens se rapprochent des Polonais et de la race tout à fait originale des Bohémiens, dont ils sont les voisins. A mes yeux ce n'est pas un tort. Car je déteste cordialement les Allemands et pendant ma dernière excursion j'ai eu encbre l'opportunité de m'effaroucher contre leur grossièreté et leurs embarras. Soyez femme, soyez d'une constitution délicate, souffrez de la toux ou même de la consomption, soyez resserrée dans l'étroit espace d'un coupé de diligence, ces bêtes-là ne vous sacrifieront pas un seul instant leurs lourdes pipes. Même la physionomie distingue mes Silésiens de la reste des Allemands. Vous verrez ici des crânes pointus, des yeux noirs, de larges joues qui leur donnent je ne sais quoi d'étrange et même de sinistre. De plus on voit ici écrit sur les enseignes, on entend parler une langue, à laquelle je ne comprends mot. C'est du Bohémien ou du Polonais. Quelle tentation pour moi de l'apprendre et de pouvoir vous écrire dans ma prochaine en Polonais ou en Bohémien le sens des mots que vous connaissez en Latin: Julia prima suis miserum me cepit ocellis,
quoique l'epithète de misérable ne me convienne plus après votre aveu. Vous vous figurez facilement, mon cher ange, comme je désire vivement apprendre de vos nouvelles. Premièrement je dois être rassuré que la toux vous a entièrement quittée. Ensuite il faut que vous me racontiez bien des choses de votre excursion à Verviers. J'ai béni le ciel, qui vous envoyait un si beau temps pour votre voyage. En voyant moi-même tant de choses inconnues, j'ai partagé la joie que devait vous causer l'aspect d'une ville nouvelle pour vous. Dites donc, mi binemaye grand' feye! n'aviez vous pas un peu peur dans les tunnels? En me racontant de Verviers, n'oubliez pas de me dire si mon bracelet a eu l'honneur d'entourer votre jolie main le jour de Noel. Je l'ai rêvé en effet, ne détruisez pas, je vous en prie, mes beaux rêves. Vient enfin la grande question, qui malgré votre parole donnée itérativement, m'agite au dernier point. Non pas, ma chère Julie, que je n'aie une confiance absolue dans vos | |
[pagina 213]
| |
déclarations; mais je tremble à l'idée, que vous, si douce, si bonne, si sensible, puissiez être exposée à une rude épreuve, si quelque volonté contraire s'opposait à votre décision: une épreuve qui vous côuterait de ces précieuses larmes que toute ma vie, dévouée à votre bonheur, ne suffirait pas à racheter. Je suis bien loin, mon cher ange, si l'opposition que vous paraissiez redouter, se rencontre, de vous conseiller le moindre acte de résistance à une autorité que votre piété a toujours respectée; ce que je vous demande c'est de la constance, c'est de la patience: cette patience qui en paraissant fléchir, sait au moment opportun se redresser et surmonter les obstacles. Je ne puis m'expliquer davantage avant d'avoir reçu votre réponse. Moins encore je puis discuter les scrupules religieuses qui pourraient se présenter. Je les respecte: même, comme je vous l'ai promis, je leur cède tout, excepté ma conscience. Si je vous sacrifiais ma conviction, ne serais-je pas indigne de vous, de vous qui m'avez charmé davantage, s'il était possible, par les preuves de la délicatesse de votre conscience? Je respecte votre religion, et je n'ai pas le moindre dessein de porter atteinte à votre persuasion, d'abord par tolérance de principes, ensuite parce que c'est votre religion et qu'elle vous a inspiré ces sentimens pieux, nobles et vertueux qui vous animent. Je suis convaincu qu'aucune religion ne peut détruire son oeuvre et si vos sentimens généreux ont été nourris par elle, ses préceptes ne peuvent être en contradiction avec les dictées de ces sentimens. Permettez que je vous parle franchement: l'aveu que vous m'avez fait, m'en donne en quelque sorte le droit. Parmi les sentimens dont je parle, comptent pour quelque chose l'obligation d'une parole donnée de libre consentement, et le dévouement pour celui dont on a accepté l'amour et qu'on a promis d'aimer. Ces sentimens doivent rester audessus de toutes considérations temporaires et accidentelles: du moins ces considérations ne doivent jamais avoir l'influence qu'elles ont manqué d'exercer. Jamais comme votre dernière lettre prétendait le faire, notre liaison doit être rompue brusquement et irréparablement. A cette liaison nos coeurs, je l'espère, partagent également; cette liaison fait le charme de mon avenir; elle a opéré plus encore! elle m'a rendu meilleur pour le présent; elle m'a retenu des écarts, auxquels une | |
[pagina 214]
| |
vie indépendante comme la mienne, reste toujours exposée. Renoncer à vous, ce serait me livrer à la perdition. Si je disais que j'attends sans anxiété votre réponse, je me tromperais moi-même. Parmi ceux qui vous entourent, pas même Titine exceptée, votre Maman sera peut-être la seule qui embrassera chaudement ma cause. Viendront après d'autres admonitions, insinuations, injonctions, entièrement contraires à nos projets. Pardonnez mon inquiétude à mon amour. Si vous ne m'aimiez que peu, ce serait de ma part compromettre votre repos, si je vous laissais en proie à ces conflits de conscience et de devoir. Ce serait un égoisme qui me déshonorerait. Si au contraireGa naar voetnoot1), comme j'aime à le croire, votre coeur, lent à se décider, dès qu'il a fait son choix y est entièrement, ah, par égard pour vous-même, par pitié pour moi qui vous aime plus que ma vie, bravez alors avec énergie les entraves qu'on vous opposera. Après que j'avais fait les concessions que je pouvais faire, après que vous y aviez réfléchi, encore une fois vous m'avez déclaré de libre aveu, que vous étiez contente. C'était me dire, que vos sentimens n'avaient plus d'objection à faire. Croyez avec confiance à vous-même, comme moi je crois à vous et restez persévérante, inébranlable dans votre décision. Je n'ai encore rien écrit à ma mère sur les affaires de mon coeur. Pour le faire j'attends votre réponse. Je suis sûr que mon secret l'étonnera d'abord, mais d'après les maximes qu'elle m'a souvent manifestés, son étonnement cèdera au désir ardent qu'elle a, de me voir heureux.Ga naar voetnoot2) C'est de vous que dépend mon avenir. Vous si bonne, si charitable, si pieuse, vous ne le renverserez pas. Ainsi, ma toute chère, écrivez-moi bien vite; je veux dire: trouvez bien vite le temps de m'écrire. Votre aide de campGa naar voetnoot3) | |
[pagina 215]
| |
ne doit pas être seulement là pour me rendre de mauvais services, comme elle a fait cet été. Eh bien! aujourd'hui vous quitterez pour quelques instants la boutique, vous chargerez votre aide de camp d'y gérer vos affaires, et vous vous retirerez pour m'écrire quelques mots bienveillants, une lettre enfin, non pas comme celle qui heureusement ne m'est pas parvenue; mais une lettre, comme cette chère lettre bleue, que j'embrasse chaque jour trois fois à mon réveil. Je n'ai pas même omis cet acte de dévotion, quand j'ai passé la nuit dans la chaise de poste. Elle du moins ne me dit point: ‘pas plus!’ Encore un mot, ma chère Julie! Après vous avoir quittée, je me suis reproché vivement mes exigences. Je ne comprends pas, comment j'ai pu vouloir exposer votre charmante tête aux rigueurs du froid qu'il fait. Ce serait trop de bonté, que d'accorder la prière que je vous ai faite, et à laquelle vous avez promis de réfléchir. Pour le moment, je me résignerai à ne contempler que cette image de vos beaux traits, qui est gravée dans ma mémoire. Seulement, que votre prochaine lettre m'apporte l'assurance que je reverrai le sublime original et que je pourrai l'appeler à jamais: ma Julie! Encore une fois, mon adorable Julie, écrivez moi, écrivez moi bien vite. - Je languis après votre réponse. - Moi je vous embrasse mille fois en pensée. Cela du moins est bien permis à Voss binamé grô René.
P.S. Ma figure épouvantable est entièrement rentrée dans son état normal. Je n'ai plus les yeux pochés. C'étaient cependant des cicatrices honorables, parce qu'elles étaient gagnées à votre service. Si je n'avais pas eu tant d'empressement à vous revoir, je ne me serais pas confié à une chaise de poste qui était destinée à verser. Mon adresse est maintenant: Schuhbrücke No. 8 à Breslau en Silésie. Je serais bien mécontent, ma chère enfant, si dans votre prochaine lettre vous continuiez à me traiter en ‘Monsieur.’ J'aime mieux être votre gros, votre bédouin, votre René, que sais-je? | |
[pagina 216]
| |
Madame G.J. Simon. Madame!
Je ne sais rester longtemps sans écrire à ma chère Julie. Depuis quatre jours je suis à Breslau et il me tarde d'avoir de ses nouvelles. Faites, je vous en prie, ce que vous pouvez, pour qu'elle me récrive bien vite. Je compte rester ici jusqu'à la fin de ce mois.Ga naar voetnoot1) Vous avez acquis, Madame, de nouveaux titres à ma reconnaissance par l'accueil cordial que vous m'avez fait. Puisse le ciel m'accorder le bonheur de vous prouver combien ma gratitude est sincère en me donnant l'occasion de rendre votre fille heureuse. L'aveu qu'elle m'a fait, la bienveillance, que vous, Madame, m'avez montrée, m'a doublement récompensé du long et triste voyage que j'avais à faire. Agréez mes sincères félicitations pour la nouvelle année et soyez l'interprète de mes sentimens à tous les membres de votre estimée famille. Je dois finir cette lettre à la hâte parce que la poste va partir ou est déjà partie: mais je ne puis terminer sans vous témoigner encore une fois ma reconnaissance et le profond respect avec lequel j'ai l'honneur d'être Votre dévoué serviteur R.C. Bakhuizen van den Brink. Breslau, 2 Janvier 1845.
‘Noem mij nu geen Monsieur meer’, had hij gevraagd; ‘noem mij votre gros, votre bédouin, votre René, - wat ge maar wilt.’ En wat schrijft zij? gij zoudt het niet raden:
Monsieur René!
Je suis au troisieme étage, assise dans un fauteuille, au coin d'un bon feu, c'est de là que je vous écris. Il y a quinze jours, j'ai gagné un froid qui ma fait beaucoup souffrir de ma toux, aujourd'hui il me va mieux, j'espere dans quelque jour pouvoir sortir, je m'en réjouis bien, car cela commence a m'ennuyer d'être prisonnière, car c'est vraiment l'être, je ne puis seulement pas aller a la boutique | |
[pagina 217]
| |
et l'on me défend de parler, heureusement, l'on ne me defend pas d'écrire. Je puis donc m'entretenir quelque temps avec vous, et vous conter comment c'est passé notre voyage de Verviers, il s'est passé, on ne peut mieux, il est vrai que sous le premier tunel nous avons eu peur, mais sous les autres, cela ne nous a rien fait. Arrivées, a la station de Verviers, il n'y avait personne de connaissance, heureusement que notre frère Louis, nous avais expliqué la route que nous devions prendre, nous sommes arrivées a la maison ou on nous attendait, sans avoir eu besoin de conducteur. Le jour du noël, nous nous somme découchées a 4 heures, a 5, nous sommes allées a l'Eglise où notre frère, disais ses messes (ce jour les prêtres disent trois messes) nous les avons entendues toutes trois, après cela, nous sommes allées déjeuner chez lui, nous y sommes restées jusque vers 10 heures, ensuite, nous avons été nous promener, voir l'Eglise des Récolets, la sale du spectacle, et deux, trois rues, que je ne connais pas, puis nous sommes venues diner, a peine avions nous finis, voila notre frère Grégoire (qui demeure a la Calamine) qui vient nous surprendre, ce qui nous a fait d'autant plus de plaisir, qu'il y avait longtemps que nous ne l'avions vu, a 3 heures, nous sommes allées aux offices après quoi, nous sommes rentrées chez Eugène ou nous avons causé jusque vers 7 heures, a 7 heures, nous sommes allées souper, chez les personnes ou nous étions logées, après le souper, nous avons joué aux cartes, pour finir la journée. Le lendemain a été a peu près la même histoire, si non, que nous ne sommes pas découchées si matin, et que nous avons été faire visite a des connaissances, et de la, nous avons visiter la nouvelle Eglise. Quant a mon bracelet, je dois vous dire la vérité, je ne l'ai pas porté le jour du noël, mais je me propose bien de le metre a la premiere occasion. Je dirais comme vous, vient enfin la grande question a laquelle, je ne puis pas vous dire grand chose, si ce n'est d'après ce que Maman ma communiqué, que papa a été le premier a lui parler, il parait qu'il n'a pas été trop content de ce qu'on ne lui en avait rien dit plutot, et ce qui est pis, qu'il ne donnerait pas facilement son consentement, mais | |
[pagina 218]
| |
Maman ma dis, que je ne devais rien dire, que je devais la laisser faire. Quand a papa, il ne me parle jamais de votre visite, lorsque je suis seule avec lui, nous causons comme si rien était, il ne me montre pas la moindre humeur, ce qui me fais beaucoup de plaisir. Je dois vous avouer, que si papa métait de la resistance, cela me ferai beaucoup de peine, mais d'après le dire de Maman, je dois espérer que tout ira mieux que je me l'imagine. Voila tout ce que je sais sur ce point, si vous désirez en savoir davantage, interrogé Maman, elle vous expliquera tous cela mieux que moi. Adieu, je vous souhaite beaucoup de bonheur, et de jouissances pendant votre voyage, ce que je vous recommande, c'est de ne plus prendre de chaise de poste qui doit verser; je suis vraiment peinée, que ce soit moi qui en ait été la cause; maintenant, que vous me dite, que tout est fini, cela me fait un sensible plaisir, et j'espère, que cela n'arrivera plus. Mon aide de camp, me charge de vous faire ses compliments; vous voudrez bien vous charger des miens, et les presenter a Monsieur le docteur, ainsi que les souhaits d'une bonne année. Je fini, il est deja tard, et je commence a avoir un petit mal de tête. Julie.
Vous me feriez plus de plaisir, si vous vouliez a l'avenir ne m'appeler que Julie. Liege le 10 Janvier 1845.
En het draaitooneel der correspondentie zet weer den levenskant tegenover zijn Moeder vóór.
Breslau, 11 Jan. 184(5).
Zeer waarde Mama!
Mijn voorlaatste schrijven was, om u met het nieuwe jaar geluk te wenschen. Thans heb ik weder stof om u met uwen geboortedag geluk te wenschen. Maar in de omstandigheden, op den afstand, waar ik mij bevind, heeft dat geluk wenschen iets onbegrijpelijk weemoedigs. Toch dank ik den Hemel vurig, dat hij door uw leven te sparen, mijne hoop onderhouden heeft om u eenmaal weder te zien en te omhelzen, | |
[pagina 219]
| |
dat hij daardoor den heiligsten band heeft bewaard, die mijn tegenwoordig bestaan vereenigt met de herinneringen van een gelukkige jeugd en een dierbaar Vaderland. Moge ook in het nieuw ingetreden levensjaar de Hemel u behoeden. Ik wenschte dat ik dezen dag voor u gelukkig konde maken, door u omtrent mijn lot te troosten of met eene blijde verandering in mijne omstandigheden op te beuren. Maar ik heb voor mij zelven geene andere troost dan de innige overtuiging dat mijn lot in een hooger hand berust, dan de vaste wil mij eerbiedig aan zijne beschikkingen te onderwerpen. En zeker noemt gij, waarde Mama, die troost niet gering, na de ondervinding van anderhalf jaar, na de ondervinding dat dit geloof ook na den zwaarsten slag u heeft ondersteund en kracht gegeven, waar gij aan u zelve zoudt hebben gewanhoopt.
Verder schrijft hij over zijn herwonnen gezondheid, zijn bezigheden te Breslau, zijn prettige connecties. Men kent dat alles levendiger uit de ‘Briefwisseling’. Alleen meldt hij haar nog, nadat hij in een niet door ons afgedrukten brief van 31 Dec. 1844 geklaagd had, zich een nieuwe opoffering te hebben moeten getroosten ‘om Bussemaker van (zijn) lijf te houden’:
Van Bussemaker heb ik uit Berlijn een berigt, dat mijne uitzigten verbetert. Een Franschman heeft hem voor eene wetenschappelijke taak geëngageerd, die te Parijs moet volbragt worden. Hij gaat dus derwaarts en ik heb gegronde hoop daardoor van verdere zorg ontslagen te zijn, die mij zoo bezwarend werd. De ontmoeting is inderdaad voor hem een groot geluk. Ik wenschte dat mij eene dergelijke te beurt viel.
Intusschen had het postscriptum van Julie's goêlijk-vertellend briefje hem in de kwellingen der verliefdheid gebracht.
Ma chère Julie!
Pour empêcher toute contravention, il faut que les ordres soient bien clairs et bien motivés. Faute de cela, je suis peut-être coupable d'une double désobéissance envers vous. Vous m'aviez ordonné de ne vous appeler à l'avenir que Julie. Songez-y un peu: si | |
[pagina 220]
| |
j'avais mis à la tête de ma lettre rien que ‘Julie!’ Cette courte allocution rendrait si mal les sentimens, qui me préoccupent en vous abordant, que je ne m'y serais plus reconnu moi-même. Toute ma lettre aurait dû se ressentir de la froideur du commencement; il en serait sorti une note diplomatique, mais pas un billet bien amoureux, dicté par le coeur et s'adressant au vôtre. Le fait est, qu'en vous appelant ma chère Julie cette expression est encore trop vulgaire, trop sobre, trop étroite. Les impressions que j'ai de vous m'entraîneraient volontiers à vous donner des noms plus recherchés, qui peut-être auraient le malheur de vous déplaire davantage. Cependant je dois me défendre un peu. Si je vous nomme mon cher ange, je ne revendique la priorité ni de l'invention, ni de l'application à vous. C'est votre bonne Maman qui en a l'honneur, et qui en me parlant un jour de vous, vous disait: un ange de bonté et de douceur. Je vous demande, mon amour ne peut-il pas à l'égard de l'objet unique de mes pensées, du centre pour ainsi dire de mon existence, se permettre une expression, dont la bienveillance maternelle ne pouvait s'empêcher de vous décorer? Vous pourriez prendre tout ce que je viens de dire pour des sophismes, par lesquels je cherchais à m'obstiner dans ma désobéissance. Vous me jugeriez mal; je suis plus sérieux que vous ne pensez et je dois vous l'avouer: autant que votre lettre m'a causé de plaisir, autant ce postscriptum continue à me rendre inquiet et agité. Je me creuse la tête à trouver les motifs de la défense que vous me faites. Pourquoi, me dis-je, Julie ne veut-elle pas que je l'appelle la mienne? Si, comme elle m'en a fait l'aveu, son coeur m'est acquis, n'est-ce pas là une possession, dans laquelle tout se résume? N'ai-je pas la garantie, que quelques obstacles que puissent s'élever, nous en triompherons, parce que nous nous sommes promis de nous appartenir mutuellement? Et si cette promesse fait mon bonheur et ma gloire, pourquoi n'oserais-je pas, je ne dis pas déclarer devant le monde, combien cette possession m'est chère, mais pourquoi me refuserais-je la satisfaction de me le répéter à moi-même, ou dans une correspondance intime, qui ne s'adresse qu'à elle? Voilà les questions que je me pose. Et leur solution? Hélas, ces questions-là sont remplacées par d'autres bien plus sombres | |
[pagina 221]
| |
encore. Serait-ce que Julie manque encore de confiance dans la sincérité de mon affection? Mais elle a le droit de me commander, puisque je lui appartiens; de grâce, qu'elle exige les preuves, que mon amour est véritable, constant, dévoué-Tout lui sera sacrifié, tout ce que je puis sacrifier sans me rendre méprisable à ses yeux et aux miens. Ou bien, serait ce qu'après des mois de réflexion, après sa parole donnée, puis retirée à peu près à cause de nouvelles hésitations, puis enfin réitérée de la manière la plus affirmative, serait-ce qu'après tout cela une réflexion malheureuse aurait jeté de nouveau le trouble dans son âme, et lui aurait fait encore une fois regretter sa promesse? Serait-ce l'opposition, qu'elle craint de rencontrer, qui aurait à ses yeux offusqué notre avenir, et aurait-elle par un mouvement de compassion naturelle voulu m'habituer à l'idée que nous ne nous appartiendrons pas, en me défendant de l'appeler dorénavant ma Julie? Je ne puis achever, Julie! le coeur me manque. - - Oui! il s'offre encore une explication des motifs de votre désir, et j'espère qu'elle sera la seule vraie. J'aime à y découvrir encore cette modestie, qui dans chaque éloge, dans chaque épanchement d'un coeur vivement touché soupçonne une flatterie; qui aime mieux se soustraire aux hommages que d'accepter le tribut dû à tant de grâces et tant de vertu. Cette réserve, chère Julie, tout en s'efforçant à dérober vos belles qualités, ne faisait qu'en rehausser les charmes pour moi. Mais cette même réserve peut pécher par l'excès. Il y a un terme outre lequel elle devient dureté. Pardonnez-moi le mot: dans ma situation actuelle je l'ai bien pesé. Eloigné de vous par une distance de quelques jours, pour un temps dont il dépendra plus de vous que de tout autre de fixer la durée, il ne me reste dans cette séparation d'autre consolation que votre correspondance. Je me trompe; j'en ai une autre encore, c'est l'idée, qui m'accompagne partout: Julie pense à moi, Julie croit à mon amour, Julie forme des voeux pour moi - en un mot Julie m'aime. Mais cette idée, pour conserver toute sa force, demande à trouver un écho dans notre correspondance même. Pour mon coeur c'est un besoin, que les transports dont cette idée me pénètre, se réflètent dans ce que je vous écris. Une fois que je vous aime, toute mon existene est dans cet | |
[pagina 222]
| |
amour. C'est un défaut de mon caractère de ne savoir m'arrêter, de pousser un peu trop toute chose à outrance: mais c'est un défaut qui est excusable en amour: c'est un défaut, dont vous me corrigerez, mais lentement et avec douceur, n'est ce pas? - Il ne s'agit pas de tel ou tel nom, que nous nous donnerons dans nos lettres, mais du système enveloppé dans la maxime, qui a dicté votre postscriptum. Eh, je vous prie, Julie, après l'aveu réciproque de nos sentimens, à quoi bon faire force à ces sentimens en réduisant leur expression aux termes les plus indifférens! Pourquoi cacher avec soin sous un masque de froideur des impressions dont aucun de nous n'a à rougir? Pourquoi après la déclaration faite solennellement de part et d'autre, écarterions nous avec soin comme indices d'une tendresse véritable, ce que nous nous permettions, quand nous avions l'air de plaisanter encore? Peut-être, ma toute chère, notre amour sera exposé à une dure épreuve. L'opposition que vous redoutez, nous en triompherons par - la patience et la résignation. Mais en pratiquant ces seuls moyens loyaux pour venir à bout de nos souhaits, ne faut-il pas nous pénétrer autant que possible de l'idée, que rien au monde ne pourra séparer nos coeurs? Et pourquoi donc éviterions-nous scrupuleusement toute parole, qui par son énergie même pourrait nous raffermir dans cette persuasion? Remplaçons donc à la fin cette contrainte qui nous pèse par une intimité cordiale. Désormais mon coeur vous sera ouvert: vous pourrez y lire toutes mes pensées, parce que votre amour même en chasse toute pensée indigne de vous. C'est d'après cette considération, que je vous ai prié de ne plus m'appeler Monsieur, appellation qui en me rappelant les heureux jours de notre première connoissance, me rappelait en même temps la distance, qui nous séparait alors et qui pour l'avenir n'existera plus. Vous n'avez pas écouté ma prière, méchante! et pour punition vous devez souffrir que je vous nomme encore une fois mi binamaye grand' feye. Peut-être ai-je mal interprêté le sens de votre postscriptum, mais vous pardonneriez mon importunité si vous pouviez savoir à quelle agitation ce peu de mots m'ont laissé en proie. Rien n'est aussi susceptible, aussi ombrageux, que le véritable amour. | |
[pagina 223]
| |
J'ai soulagé mon coeur d'un lourd poids, je puis continuer ma réponse à votre lettre. Et d'abord mille remercîmens de ce que vous m'avez répondu avec tant d'empressement, que vous avez bien voulu vous distraire des ennuis de votre quarantaine en m'écrivant. Le plaisir que cela me cause, ne peut cependant aucunement compenser les regrets que la nouvelle de votre rechute me fait éprouver. Mon imagination ne vous avait point placée au troisième étage et assise dans un fauteuil. Va pour le coin de feu, puisque je sais que vous l'aimez. Mais ma fantaisie vous y plaçait dans votre intérieur habituel, riant de bon coeur aux caprioles de quelques beaux masques et tourmentée un petit peu parce qu'ils venaient vous chanter du bédouin d'il ya un an. Au contraire vous voilà encore souffrante de cette toux, qui m'a tant fait souffrir rien qu'à en être témoin. Aussi par égard pour moi, soignez un peu cette santé, qui m'est doublement chère maintenant, comme moi par égard pour vous je vous promets de ne plus verser en chaise de poste. Si ce n'était la peur de vous fâcher, j'ajouterais: n'allez pas commettre de pareilles atrocités comme vous en avez commises l'année passée, qui en vous forçant d'aller tous les soirs par un temps bien rude entendre le sermon pour pénitence, ont été les premières causes de cette indisposition qui s'est tant prolongée. J'ai partagé les joies que vous a données votre excursion à Verviers. Tous les détails m'en ont vivement intéressé. J'aurais bien aimé être de la partie. Ce jour-là j'étais à Dresde et j'y ai aussi entendu une messe exécutée par la chapelle du Roi de Saxe. On me disait que c'était beau. Pour moi je suis un peu difficile depuis que j'ai entendu la grande messe de Pâques dans la cathédrale de Cologne. L'impression que cela m'a faite, je ne l'oublierai de toute ma vie. La résistance de votre père me fait peine. Votre Maman m'en fait part dans sa lettreGa naar voetnoot1) en des termes encore plus expressifs. Mais j'avoue que j'en suis moins préoccupé que du sens de ces paroles, par lesquelles vous avez terminé votre lettre. Une chose qui me soulage d'une grande inquiétude, c'est que sa bienveillance envers vous ne s'est pas altérée par la confidence qu'on lui a faite. Ce serait pour | |
[pagina 224]
| |
moi le comble de malheur, si je vous savais souffrante pour ma cause. Et cependant, si mon affection pouvait encore s'augmenter, vous ne m'en seriez que plus chère. J'approuve beaucoup que vous évitiez les explications avec votre Papa. Je ne sais comment prouver assez ma reconnaissance envers votre bonne Maman, qui s'intéresse si activement à notre bonheur. Embrassez-la de ma part et assurez-la que je ne saurais mieux m'acquitter de mon obligation envers elle, qu'en vous rendant aussi heureuse que possible. Mais délibérez surtout avec elle, s'il pouvait avoir quelque bonne influence si moi-même je m'adressais à votre Papa avec une déclaration aussi franche que respectueuse? Quant à moi, il y a trois jours que j'ai écrit à mon oncle. Je l'ai prié de vouloir faire part à Maman de mes intentions.Ga naar voetnoot1) J'attends sa réponse et je l'attends avec quelque confiance. Je connais les principes de Maman sur ce sujet et je ne m'attends pas même à une résistance négative. Cependant sa réponse pourrait se retarder de quelque temps. Comme j'ai envoyé d'autres commissions à Amsterdam, je dois attendre ici pour leur exécution et mon séjour à Breslau se prolongera jusque dans le mois prochain. J'y suis bien à mon aise et mon quartier est très confortable. Comme mon propriétaire est tapissier, mes chambres sont meublées même avec quelque luxe. C'est sur un superbe canapé élastique, qui cède à la moindre pression, que je vous écris. J'y suis assis en vrai Pacha. Du reste j'ai fait l'acquisition d'un grand et beau chien, qui s'appelle Tirasse. Ce chien a des qualités ravissantes. Par exemple, si seul dans ma | |
[pagina 225]
| |
chambre, je me répète tout haut le nom de Julie, il se dresse sur ses pattes de derrière et aboie trois fois. Le fait est, qu'il est sûr alors d'attraper un morceau de sucre. Du reste, à deux professeurs près, c'est ma seule conversation. Je suis tout enseveli dans des manuscrits Grecs. J'ai assisté à un bal de l'Université: je m'y suis ennuyé, parce que j'avais la prétention impossible de n'y danser qu'avec vous. Monsieur Bussemaker m'a écrit qu'il me visiterait à Breslau au commencement de Février. Il m'amènera un docteur Parisien, dont il a fait la connaissance à Berlin. C'est dommage, puisque ce fâcheux troisième m'empêchera de lui causer toute la journée de vous. Les manuscrits Grecs obtiendront la plus grande partie de nos discours. Je me suis empressé, Julie, de vous récrire. Vous savez pour quel motif, et vous me pardonnerez si pour ce même motif j'insiste pour cette fois seulement sur une réponse aussi prompte que possible; si ce ne devaient être que quelques mots, j'en serais content, et je vous promets de me conformer à l'avenir entièrement aux conditions, que vous poserez à notre correspondance. Vous ne voudriez pas prolonger ma souffrance, s'il dépend de vous de la soulager. Eh bien, c'est le cas maintenant. Votre Maman a eu la méchanceté de garder votre dernière lettre huit jours dans sa poche. Si elle n'a pas le temps de m'écrire, envoyez-moi du moins votre réponse. J'espère que ce billet parviendra mieux à son adresse, que celui de Wolfenbuttel. Ce billet-là est-il retrouvé? ou l'avez-vous fait réclamer? Jusqu'ici rien ne m'en est parvenu. Je vous baise mille fois les mains avec une vive tendresse. Ayez un peu de pitié de Votre dévoué René. Breslau 23 Janvier 1845.
Chèr René
Vraiment, après la lecture de votre lettre, je n'ai su m'empecher de rire en voyant la maniere dont vous avez interprèté le sens de mon postscriptum; en vous disant de ne plus m'appeler que Julie, je voulais par là, vous dire de | |
[pagina 226]
| |
ne plus me donner le nom d'ange, d'adorable, etc., mais il n'est jamais entré dans ma pensée, de vous défendre de m'appeler votre chère autant que vous le voulez, j'aurai du m'expliquer plus clairement, a l'avenir cela n'arrivera plus. J'espere maintenant que vous serez tranquille. Je veux vous dire la vérité, tout ce qui retient papa, c'est qu'il ne connait pas votre famille, quand il a parlé à Maman, il a dit que vous étiez étranger, il a aussi demandé pourquoi vous aviez quitté votre pays, c'est que tout cela lui fait faire beaucoup de réflections, il aime trop ces enfants que pour les voir malheureux; voila pourquoi il est si dificile, si en lui écrivant, vous vouliez lui donner quelque éclaircisement sur ce point, cela aidera beaucoup a le vaincre, Se n'est pas que je veuille le moins du monde douter de votre sincérité, mais il est bien juste a un père de craindre pour son enfant, il lui est bien permis aussi de prendre toutes les informations nécessaire, vous ne devez pas lui en vouloir, Je crois que votre Maman en ferait tout autant; quand a moi, je sais gré a papa, de ce qu'il prend part a mes interets, c'est une preuve qu'il m'aime, vous devez en être content. Pardonnez, si ma franchisse vous a un peu offensé, mais je ne voulais rien vous cacher. Le jour que j'ai reçu votre lettre, vous auriez dû entendre notre conversation de toute la soirée, papa n'était pas avec nous, nous étions libre de nous entretenir de ce qui nous fesais plaisir, on a beaucoup parlé de vous, (et de moi) Titine, n'a pas manqué de faire beaucoup de projets, elle a dit qu'elle vous écrira pour se remettre dans vos bonnes grâces; Ce jour là aussi, nous avons fait des gauffes, comme c'était moi qui tenait le fer, Titine ma dit; si le gros était ici, il ne permetterai pas cela de vous, il voudrait le tenir lui-même, vous voyez qu'elle est toujours la même, vous en serez peut-être content par ce qu'elle me rappele souvent de vous. Vous avez fait, me dite vous, l'acquisition d'un beau et grand chien, cela me fait beaucoup de plaisir, d'abord parce qu'il vous distrait dans votre solitude, ensuite que vous lui apprenez de si belle chose. Ma toux a tout-a-fait cessé, j'en ai beaucoup souffert cette fois-ci, je suis sortie hier pour la première fois, mais je ne reste pas encore a la boutique parce qu'on crains que cela | |
[pagina 227]
| |
ne revienne de nouveau, j'en ai assé pour cet hiver, cependant cela ne ma pas fait maigrire, je suis toujours la même, que lorsque vous nous avez quitté. J'espère, qu'a l'avenir vous ne vous alarmerez plus pour un postscriptum mal expliqué, et veuillez aussi ne plus douter de la sincerité de Julie. P.S. Ne dite rien a papa de notre correspondance, il a toujours ignoré jusqu'a présent.
Een allerliefst, maar een ernstig briefje. Die vragen waren natuurlijk en konden niet uitblijven: wie en wat zijt ge toch? en waarom hebt ge uw land verlaten? Zal Van den Brink ze niet reeds lang hebben verwacht, ja, zal hij niet reeds lang hebben gevoeld, dat hij eene biecht schuldig was? - Doch valt elke biecht zwaar, - was deze niet welhaast ondoenlijk? Als hij haar alles zonder eenigen omweg bekent, zal hij haar zéker verliezen. Of is het niet zoo, - haar te zeggen: ik heb in Holland eene verloofde, voor wie ik nooit de ware liefde heb gekend, maar met wie ik desniettegenstaande niet plotseling breken kon; wegens schulden tot een bedrag van bijna een half millioen francs heb ik moeten vluchtenGa naar voetnoot1); mijne moeder is een deftige oude-dame, die in deze omstandigheden een nieuwen band niet zou kùnnen erkennen, en, strenge Calviniste als ze is, een huwelijk met eene ‘Roomsche’ bezwaarlijk goedkeuren zal; - haar dat alles te schrijven, stond gelijk met afstand te doen van een meisje als Julie. Want mocht zij al over de schulden en de feitelijke ballingschap zijn heengekomen - maar hoe zou het burgerkind niet geduizeld hebben voor den afgrond van een zoo reusáchtige schuld? - het slepend-houden zijner relatie tot Truitje had zij nìmmer kunnen begrijpen; en de voorstelling eener kettersche familie, die háár zoeten, eenig-denkbaren godsdienst minachten zou, hadde haar met verontwaardiging en afschrik vervuld. - Dan, wat nieuwe wapens verschafte hij haar biechtvader niet, wanneer dat bëangste hart bij hem om uitkomst school? Julie immers wàs niet de intellectueel | |
[pagina 228]
| |
hoogaangelegde vrouw, die dit verwikkelde levenslot had kunnen ontwarren en vergevend begrijpen, en heldhaftig het samen met hem zou hebben aanvaard. Maar het zou ook niet zulk een vrouw zijn geweest, die Van den Brink had kunnen beminnen; even weinig als hij ooit waarlijk de geniale en heldhaftige Truitje Toussaint bemind had. Julie was maar een eenvoudig meisje, met geen andere verdiensten dan haar zachtheid, haar ernst, haar onschuld, haar vroomheid, en haar pas ontwakende liefde. Haar kon, haar mocht hij niet verbijsteren met den aanblik van een zoo troebele werkelijkheid en een toekomst-duisternis, benard van zoóveel moeilijkheden. Een andere vraag is: had Van den Brink het recht, in zijn omstandigheden, Julie voor zich te winnen en te willen behouden? - Of hij dat recht had met het oog op Truitje, wij laten het voor een oogenblik daar; in elk geval zag hijzelf zijn toekomst niet langer met de hare verweven. Hij zag in de toekomst alleen Julie, en hij zag die toekomst met vertrouwen. Door deze liefde voelde hij zich tot een nieuw leven herboren; hij voelde zich ín die liefde tot het leven gesterkt; die liefde had hem het geloof in zichzelf hergeven; zij gaf hem het zelfvertrouwen en den moed, Julie's lot aan het zijne te verbinden. Háár intusschen kon hij dien verwonderlijken omkeer in zijn gansche bestaan, kon hij die heugelijke inwendige verzekerdheid niet bijbrengen. En terwijl hij-voor-zich het verleden en het heden vergat, en met zijn onuitroeibaar optimisme, door deze stralende liefde nog verzonnigd, zich ondanks alles de mogelijkheid, de zékerheid van een oplossing voorspiegelde, - daar zou zij, in haar kleine sfeer, door de rauwe feiten verpletterd zijn. En dus zag hij zich gedwongen... veel te verzwijgen, veel te verzachten, veel zelfs anders voor te stellen dan het was. Doch zal hij zijn verleden dan al niet klaar voor haar openleggen, wij weten, hoe geen enkele lagere beweegreden hem daarbij aanzet: geld, noch eer, noch eenig ander profijt bestaan voor hem, waar hij ijvert om het eenvoudige burgermeisje, Julie, eens de zijne te mogen noemen. Zij zijn biecht geen biecht, - het is enkel de zuiverste liefde die hem drijft, en ... ontzondigt: de komende jaren zullen 't blijken doen met een ontroerende zekerheid. | |
[pagina 229]
| |
Toch, al ging hij alle zijn innigste krachten beproeven, Julie te behouden, - zoomin als hij te voren ànders haar liefde wilde dan ‘entièrement et librement’, zoomin zal hij zich nu vernederen tot een vergiffenis-vragend aandringen, een bedelen hem niet los te laten. Hoezeer hij voelde, op een beslissend punt in zijn leven te staan, men ziet het aan het plechtig quarto-vel dat hij ditmaal voor zich neemt om er den angst-zwaren brief op te schrijven, die tegelijk van alles afstand zou doen en met een even hartstochtelijk als doorwrocht pleidooi alles zou pogen te herwinnen; een brief, waarin hij met (men zou bijna zeggen) al te bedachtzaam overleg zich beschuldigend van dingen die hij niet uitspreekt en geen enkelen naam noemend, en echter een toon van berouw niet kunnende weerhouden, dieper en bewogener dan die bekentenis zelve te rechtvaardigen scheen, zich verdedigt en strijdt om haar achting te redden uit den gevoelsstorm dien hij over haar brengt. Hij schrijft haar half bewust, half onbewust zóó, dat hij meent te kunnen bevroeden hoe zij, gelijk hij haar kent en liefheeft, antwoorden moet. Door zijn algeheele liefde tot haar beheerscht, beheerscht hij wederom haar leven, en richt het met de berekening zijner liefde-machtige intuïtie. Hij doet daarbij, het is ontegenzeggelijk, als waarheden gelden wat hij slechts vurig zou wenschen, hij borduurt verder op onderstellingen of vage plannen, hij werkt ook op kleinere gevoeligheid, waar hij bijvoorbeeld zijn jaardag aandoenlijk maakt, - maar op den bodem zijner ziel is geenerlei verraad jegens haar. Nu hij de waarheid niet ongeknot openbaren kan, nu bouwt hij op onderscheidene levens-motieven één groote, nieuwe feiten-voorstelling, waarin wij gedurig Wahrheit en Dichtung versmolten vinden. En hij voert haar heen om den tuin van zijn verleden. Hij verhult - en dit was hij aan haar onschuld verplicht - hij verhult zijn uitspattingen; hij verbloemt zijn verkwistingen, door vaag te spreken van ‘valsche vrienden’, waarvan het romantische haar meêlij zou gaande maken; hij loopt heen over de hoegrootheid zijner ‘verplichtingen’; hij verbindt aan toespelingen op eene aanbieding van het Nederlandsch Gouvernement niet alleen de mogelijkheid van een terugkeer in Holland ‘wanneer het hem goeddunkt’, maar hij tracht | |
[pagina 230]
| |
langs dezen weg haar de belangrijkheid van zijn persoon te doen vermoeden, die hij haar, de onontwikkelde vreemdelinge, niet rechtstreeks bewijzen kon; hij gaat voort met de aanstaande toestemming zijner moeder als buiten twijfel voor te stellen, en over Truitje rept hij met geen woord... Maar waarom, zoo zal men vragen, brak hij dan zelfs nu dit engagement met Truitje Toussaint niet af? Het ware zoo eenvoudig, om althands in dit opzicht zijn levensverhoudingen te zuiveren; en hij ware mans genoeg geweest, om dán, met al de welsprekendheid waarover hij beschikte, zijn nieuwe liefde te bepleiten bij zijn moeder. Doch ook in deze moeilijke verwikkeling met Truitje Toussaint meenen wij, dat Bakhuizen van den Brink zoo goed mogelijk heeft pogen te handelen. Hij kende haar uiterst kwetsbare gevoeligheid, de edele bewegingen, waartoe zij haar geest, naar verhevenheid dorstig, gaarne opdreef; hij kende de hooge vlucht van haar liefde. ‘Die met éénen slag te vernietigen’, schrijft hij later aan BakeGa naar voetnoot1), ‘ware bij een meisje, wier fantasie zoo levendig is als de hare, geweest haar in den levensader te treffen. Ik kon, ik mogt het niet. Tot leeniging der wonde haar toegebragtGa naar voetnoot2) was slechts één middel in staat: haar te verheffen tot een meer dan gewone zedelijke krachtsontwikkeling. Met het buitengewone ongeluk kon de buitengewone vrouw zich alleen verzoenen, door het handhaven van een buitengewoon karakter. Zie daar de gronden van mijne handelwijze, die zeker in den drang van het oogenblik niet alle zoo duidelijk voor mijnen geest waren, maar die echter, bij de kennis, die het verkeer met juffr. T. mij van hare beginselen en gemoed hadden gegeven, tot mijn besluit medewerkten.’ En zoo had hij dan ook, kort voor hij Julie begon lief te krijgen, ‘om de voortduring harer trouw gesmeekt’. Nu minder dan ooit mocht hij haar den schok toebrengen van eene plotselinge vernietiging der hoogstrevende droomen, door hemzelf gevoed. - Wat hij kon, dat was: haar schrijven voornamelijk op een intellectueel plan, zoodat die brieven haar belangstelling zouden hebben, maar, koel, haar onbevredigd moesten laten. Op die wijze zou hun inniger ver- | |
[pagina 231]
| |
houding allengs afsterven, tot zij zelf het oogenblik zou gekomen voelen om zich terug te trekken. - Ook aan zijn moeder schrijft hij nimmer over haar; aan zijn vrienden, Van Hees uitgezonderd, evenmin, zoolang zij hem er niet naar vragen. Deze organische ontknooping heeft hij intuitief, als de eenig aannemelijke, gezocht. En deed zich misschien daarbij ook wel de overweging gelden, dat een bruusk breken met de gevierde romancière nogmaals de veroordeeling van geheel letterkundig Holland over hem brengen zou, - hield méér nog wellicht, tegenover Truitje-zelve en de waarachtigheid harer liefde, hem ook de schaamte terug over het ledige en voorbarige van vroegere betuigingen, - het staat voor ons vast dat Truitje te sparen, zijn éérste beweegreden is geweest. Want liep hij thands, te harer wille, niet een veel gróóter gevaar dan haar of Hollands oordeel hem zijn kon: dit, dat Julie te eeniger tijd van deze, in haar oog zeker verfoeilijke dubbelverhouding geruchten vernemen zou, - een beproeving, die zij, ná deze, zéker niet zou vermogen te doorstaan? En wàs het geen zware beproeving alreeds, voor de onervarene, het ontvangen van dezen dramatischen brief, en deden wij goed háár géén heldin te noemen, die hem onderging en niet bëangst terug-week?
Ma toute chère Julie! Vous serez alarmée par la manière étrange, dont cette lettre vous arrive.Ga naar voetnoot1) Le contenu vous alarmera encore davantage. Jour et nuit j'ai agité la question, s'il fallait vous écrire, s'il ne le fallait pas. Souvent j'ai commencé et la force m'a manqué pour continuer. J'ai prié Dieu qu'il m'éclairât: enfin ma résolution s'est arrêtée. Cette lettre, en détruisant la confiance que vous aviez en moi, vous prouvera, que pour le moment du moins je la mérite. Elle vous prouvera que mon amour pour vous est véritable et désintéressé. Je vous ai dit souvent, que volontiers je vous sacrifierais ma vie. Vous verrez que je sais vous sacrifier encore plus: c'est à dire mon bonheur et mon avenir. Il s'agit d'une chose importante. Ma conscience m'oblige | |
[pagina 232]
| |
à renoncer, s'il le faut, à toutes mes belles espérances, m'oblige à vous rendre la parole, que vous m'avez donnée. Ce n'est pas que je doute de votre amour. Oh non! en franchissant volontairement la distance qui vous séparait d'un Protestant, vous m'avez convaincu que votre affection était sincère. Si j'en ai pu douter, si ces doutes vous ont pu offenser, pardonnez-moi! - C'est encore moins que votre amour ne soit pour moi le plus grand bien sur terre. En vous rendant votre parole, je me résigne au malheur et à la tristesse, et je prie Dieu qu'il m'accorde la force pour supporter une existence désormais fatale. - Non je dois renoncer à vous, du moins vous laisser la liberté de renoncer à moi - parce que - ah! ma plume se refuse à l'écrire - parce que je suis trop indigne de vous. Votre Papa demande des informations sur moi. J'en donnerai, non pas à lui, mais à vous. Si après la lecture de ma lettre vous me refusez à l'avenir votre amour, du moins par égard pour les doux sentimens que nous avons nourris réciproquement, vous ne trahirez pas ma confiance. Ecoutez! Je suis issu d'une famille honorable, appartenant même aux classes distinguées de ma ville natale. Mon pére mourut il y a cinq ans. C'était un homme généralement respecté et généralement regretté. Je le chérissais à l'idolâtrie. Ma mère me reste. A mon père je dois mon goût pour le travail et les recherches, et une fermeté inébranlable dans mes convictions. Ma mère est un modèle de piété et de bienfaisance. C'est à elle que je suis redevable de ces inspirations religieuses qui m'ont soutenu au moment, où les revers de la fortune m'auraient poussé au désespoir. Comme j'étais l'unique enfant, mon éducation a été bien soignée. J'ai fait mes études à Leide: je suis Docteur ès Lettres. Quant à ces études, je pourrais m'en vanter, puisque le suffrage universel a été encore au-dessus des exigences de mon amour-propre. Parmi les jeunes gens, mes contemporains, peu ont exercé une influence plus grande sur la littérature nationale et même sur diverses branches des sciences que je cultivais. La chaire de la philosophie à l'Université de Leide était vaquante: les voeux de mes précepteurs, de l'Université presque entière, m'y appelaient. J'aurais obtenu cette place, malgré les menées d'un parti | |
[pagina 233]
| |
réactionnaire, qui se manifestait chaque jour davantage et que je considérais comme préjudiciable à la vraie science, au bien-être de ma patrie et à ses traditions glorieuses. Je n'ai cessé de le combattre: il me voue une haine implacable. Malgré cela je l'aurais emporté. Mon père en mourant nous avait laissé une honorable aisance. Je fus même réputé riche, plus que je ne l'étais. Voilà des avantages qui présageaient de beaux résultats. Dieu en avait disposé autrement. Si mes fautes ont hâté son sévère jugement, je lui rends grâces que dans mon infortune même il m'a conservé toute l'énergie de mon intelligence. J'y vois la preuve qu'il me destine à une autre carrière plus conforme à ses volontés et que je n'aurais pas rencontrée en poursuivant la route, dans laquelle je marchais.Ga naar voetnoot1) A côté de mes belles facultés, j'avais l'esprit vif et le caractère passionné. Les flatteurs, les faux amis ne me manquaient pas. Ils savaient profiter de ma faiblesse. Un surtout que vous ne connaissez pasGa naar voetnoot2) - mais en reconnaissant mes propres torts, je ne dois pas m'appesantir sur ceux d'autrui - un surtout sut m'entraîner dans des engagements, qui quoique n'empêchant pas sa chute, m'y compromettaient gravement. Il fallait sacrifier ou ma bonne mère ou moi-même. Je n'ai pas hésité: mon départ pour la Belgique en fut la conséquence. La fortune de Maman a été sauvée. Tout s'est arrangé au contentement de tous. Vous, chère Julie, vous dont l'âme si pure ne connaît pas de cuisants remords, vous dont la vie calme n'a jamais été interrompue par des catastrophes terribles, vous m'épargnerez les détails. Mais si vous daignez accorder votre confiance à ce que je vous avoue de mes torts, ayez la même confiance quand la main sur le coeur je vous assure, que ce n'est que l'étourderie que j'ai à me reprocher, que mon caractère n'a | |
[pagina 234]
| |
été souillé par aucun crime, qu'aucune ignoble action ne pèse sur ma conscience. J'arrivais dans la Belgique, j'arrivais dans votre maison. Ce qui se serait assoupi peut-être dans ma prospérité, mon énergie, se réveillait au milieu de mon infortune. Je me trouvais dans un pays, par où mes ancêtres avaient passé. Dans vos belles vallées je me souvenais que l'illustre fondateur de notre indépendance y avait porté ses premières armes. Avec un zêle patriotique je me livrais à l'étude de cette histoire, je consultais les documens précieux que me fournissait votre pays. Un livre qui s'imprime actuellement en est le résultat.Ga naar voetnoot1) Le travail a été ma première consolation. J'avais une autre encore. Ma famille, mes amis, mes fauteurs n'ont cessé de rendre justice à ce que mon caractère avait toujours eu de désintéressé, de bienveillant, de dévoué. Mes précepteurs, les savants les plus illustres de ma patrie, entretenaient avec moi une correspondance suivie, et remplie des marques de l'intérêt qu'ils me portent. La place que j'ambitionnais est restée vaquante, on n'y attend, je l'espère, que mon retour.Ga naar voetnoot2) Le désir insatiable que j'avais nourri longtemps, de cultiver ma science en visitant les pays étrangers, s'accordait avec la position où le malheur m'avait mis. J'en ai profité et après l'Allemagne je compte parcourir l'Italie et la France et rapporter les fruits de mes courses dans ma chère patrie. Les recommandations de mes Professeurs m'ont valu la bonne réception que j'ai trouvée partout en Allemagne. Le gouvernement même a daigné me remarquer et me donner une preuve d'estime et de confiance, que je devrai peut-être refuserGa naar voetnoot3). Je vous expliquerai mes raisons plus tard. | |
[pagina 235]
| |
J'arrive à la plus grande consolation, que le bon Dieu m'a donnée dans mon adversité. Vous m'avez fait un crime de ce que je vous ai appelée: mon ange. Et cependant ce que je vous écrivais naguère était bien senti: vous aviez été pour moi une apparition d'en haut. Vous me connaissez du temps que j'ai passé auprès de vous. Vous m'avez vu réglé, laborieux, religieux, simple dans mes habitudes, rempli peut-être de bons sentimens. Je ne m'en vante pas. Quand plein de repentir je demandais à Dieu le pardon de mes offenses, il m'a semblé qu'il avait exaucé ma prière. Je vous avais vue, je vous avais aimée, non seulement fasciné par vos charmes, mais encore plus pénétré de tout ce que votre caractère avait - pardonnez-moi le mot - de céleste. Quand vos regards se reposaient sur moi avec un peu de bienveillance, c'était comme si une voix d'en haut me disait de ne plus désespérer, comme si elle m'enjoignait de mériter votre affection par une vie probe et digne de vous et de moi. Sans que vous le sachiez, tout ce qu'il y avait de bon dans mes dispositions, tout mon sincère désir d'effacer par un avenir glorieux le blâme, qui aurait pu reposer sur moi, tout m'a été inspiré par vous. Quel que soit le résultat de cette lettre, vous vous êtes acquis un droit inaliénable sur la reconnaissance de ma vie entière. Mon amour pour vous était un culte: aucune pensée impure ne s'alliait à l'idée de vous. Vous étiez pour moi l'étoile par laquelle Dieu me guidait dans les ténèbres de ma tristesse. Comme pécheur repentant je me prosterne à vos pieds. Votre religion et la mienne nous apprennent que les anges se réjouissent d'un sincère repentir. Vous dont la nature est si angélique, me repousserez-vous impitoyablement? Pardon, Julie, toute chère Julie, je ne dois pas faire force à vos émotions. Le ciel seul peut savoir si mon repentir portera des fruits. Vous ne pouvez pas en juger. Si, après | |
[pagina 236]
| |
les révélations que je vous ai faites, j'ai perdu votre estime, vous ne pouvez vous confier, vous et votre bonheur, à un homme, que vous n'estimez plus. D'ailleurs des devoirs auxquels vous n'avez manqué jamais, reposent sur vous. Votre père vous aime; il craint de vous voir malheureuse. C'est pour cela qu'il cherchait des informations sur moi. Peut-être en confiant mes chances au hasard, il aurait quelque part pu en obtenir qui m'auraient été favorables: car moi aussi j'ai mon bon côté. Mais mieux me sacrifier moi-même avec toutes mes espérances que de vous tromper. Je m'accuse moi-même. Si votre père connaissait tout ce que je viens de vous écrire, son jugement sur moi serait désavantageux. Il aurait raison de croire que d'accorder ma prière, serait vous livrer au malheur que dans sa tendresse pour vous il redoute. Chère Julie! ce serait peu vous aimer que de vouloir vous engager à résister à ses volontés, ses volontés si raisonnables et dictées par l'amour qu'il vous porte. Si cela doit être mon arrêt, ma conscience me force de vous dire: Chère Julie, ne lui désobéissez pas! J'ai hâte d'écarter une accusation, qu'en lisant ma lettre, vous aurez élevée contre moi. Vous me reprocherez de n'avoir rien négligé de nourrir en vous des sentimens et des espérances que la vérité devrait un jour cruellement détruire. Daignez accepter ma défense. L'amour que je vous portais, je vous l'ai déjà dit, exerçait sur moi une influence morale. Avec vous comme une nouvelle ère de ma vie avait commencé. En vous aimant c'était comme la vertu que j'aimais, chaque marque de votre amitié m'était comme l'approbation du ciel sur mes bonnes intentions. - Il est vrai, Julie! je ne vous aurais pas caché jusqu'au bout mes antecédens malheureux. Mais vous le savez: j'ai été bien longtemps dans l'incertitude à l'égard de vos dispositions. C'est Titine qui me les a laissé deviner: c'est votre Maman, qui m'a affirmé la première que je ne vous étais pas indifférent. Convenez-en vous-même: il a fallu bien du temps pour établir entre nous une cordialité réciproque, qui pût seule amener de pareilles confidences. Je ne dissimule pas, que je souhaitais que tout restât un secrèt pour votre famille. En vous faisant mes aveux, je désirerais encore qu'ils ne fussent communiqués à personne. | |
[pagina 237]
| |
Ne montrez pas la lettre que je vous écris. Quand nous ne pourrons plus continuer notre correspondance, accusez-moi d'indifférence; joignez votre voix à celles qui me condamneront d'inconstance; trouvez-y le prétexte pour la rupture d'une liaison qui n'est plus cachée à ceux qui vous environnent. Je vous dois encore une explication. Pour moi le plus grand, l'unique bonheur aurait été de pouvoir vous appeler mon épouse. Mais jamais je ne vous aurais épousée sans pouvoir offrir à votre père toutes les garanties possibles pour votre bonheur matériel. C'était pour cela qu'il me fallait le concours de ma bonne mère. Depuis que je lui ai écrit, j'ai reçu une lettre d'elle, mais elle ne m'en parle pas. Probablement la date de la lettre est antérieure aux communications que de ma part mon oncle devait lui faire. Elle me prie de refuser la proposition, qui m'a été faite de la part du gouvernment. En l'acceptant je ne serais plus entièrement libre de retourner chez moi, quand bon me semblerait, ou quand elle le désirerait. Je devrais faire des démarches bien ennuyeuses pour obtenir un congé qu'à toute apparence on ne m'accorderait pas dans les premières années de service. J'apprécie les motifs de Maman: du moins je ne saurais me décider, sans avoir essayé d'obtenir à Vienne des conditions plus favorables à cet égard. Quant à mon avenir et au vôtre, je connais la générosité de Maman: elle me facilitera de sa part l'accomplissement de mes voeux. Peut-etre pour mon jour de fête elle me prépare la surprise de son consentement. Du moins c'est alors que j'attends une lettre d'elle. Hélas, ce jour sera pour moi un jour de deuil. A côté des preuves de la tendresse maternelle, j'aurai la désolante conviction de vous avoir perdue pour toujours. Oui, pour toujours. Je connais, il est vrai, tout ce qu'il y a dans vous de céleste. Je n'oserais définir jusqu'où pourrait aller votre dévouement: il se pourrait que par charité vous tendrez la main à relever un pécheur pénitent. Mais je le dois à ma conscience de vous dire: Julie ne m'accordez rien sans que ma conduite vous ait prouvé, que je suis à l'avenir digne de vous: sans qu'un éclat honorable ait relevé le nom, que vous consentiriez à porter. Je ne veux pas me faire des illusions. En vous sacrifiant tout, en mettant à votre disposition la parole que vous m'avez | |
[pagina 238]
| |
donnée, tout est nuit devant moi. Mon Dieu ne m'a pas doué de mes belles facultés pour qu'elles se perdent dans une oisive mélancolie. Je dois travailler pour ma patrie, pour la science; j'y dois trouver une compensation quelconque pour le bonheur que j'aurai perdu en vous disant adieu. Les bons sentimens, qu'a nourris en moi votre amour doivent rester inébranlables. Ce sera la meilleure manière d'honorer votre mémoire. Car le souvenir de vous m'accompagnera jusqu'au tombeau. Aucune autre ne pourra jamais vous remplacer dans mon coeur. Même si quelqu'une possédait toutes vos belles qualités, les circonstances ne seraient plus égales. Voilà mon secret. La communication en a été bien des fois entrecoupée par des larmes, par de sombres distractions. Je vous ai priée de garder mon secret; mais j'ai peur que son poids ne vous oppresse. Dans ce cas, ne m'épargnez pas: que le sacrifice soit complet de ma part. Vous aurez peutêtre besoin de décharger votre coeur au sein d'une amie éprouvée, de votre Maman peut-être. Encore une fois, sacrifiez plutôt moi, que de risquer votre santé et le repos de votre belle âme par une réticence prolongée. Je ne vous dirai pas: épargnez-moi autant que possible en révélant mon secret. La tendresse qu'un jour vous avez entretenue pour moi, rend cet avertissement superflu. Et maintenant, que faut-il vous dire? Oubliez-moi? - Non, chère Julie, je ne le puis. Mon plus grand bonheur serait de vivre encore dans votre bon souvenir. Pensez à moi comme à un ami dévoué, comme à un frère malheureux. Surtout priez Dieu pour Votre infortuné René. Breslau 13 Février 1845.
Enkele dagen later ontving hij den brief van BakeGa naar voetnoot1), waarin deze hem over Mejuffrouw Toussaint, die hij te Amsterdam ontmoet heeft, onderhoudt en de vraag stelt ‘of (hij) wel doet, wanneer (hij) haar lot zóó van (zijne) onbestemdheid en zeer gedeeltelijke attentie laat blijven afhangen’. Moet Bake's lof: ‘Hare beminnelijkheid heeft mij geheel betooverd’, Van den Brink wel lichtlijk gëergerd hebben, - | |
[pagina 239]
| |
de werkelijkheid, die hem uit wat dan volgde tegemoet kwam: ‘maar ik heb ook diep medelijden met haar lot’, - die zal hem een oogenblik zeker sterk hebben aangegrepen. Dan moet hij eene geruststelling hebben gevoeld in den hem zijdelings gegeven raad, komende van een zoo bezadigd man, de verbindtenis te verbreken. En ten slotte - zal hij den brief onwillig terzij hebben gelegd. Die brief stelde de liefdesquaestie wel heel nuchter, waar hij voornamelijk rekening hield met Truitjes belangen, maar niet met haar gevoelens; en hij stelde de feiten wel heel onverzoenlijk. De toon was vaderlijk en niet onhartelijk, maar te practisch toch, te blijkbaar geheel op Truitjes hand en daardoor te hard om Van den Brink tot warme vertrouwelijkheid te stemmen. Hemzelf ontnamen de inderdaad ‘harde woorden’ over zijn toekomstGa naar voetnoot1) alle uitzicht; en de beminnelijke Geel, uit wiens naam tevens de brief geschreven was, heeft het gevoeld, waar hij den volgenden dag eveneens een billet schrijft, over allerlei andere zaken, en besluit met deze vriendelijke bemoediging: ‘Nu, mijn beste Brinki, houd moed en zeg maar telkens: ϰαὶ ϰύντεϱον ἄλλο ποτ᾽ ἔτλη;ςGa naar voetnoot2); eens komt het teregt, zoo God wil; maar gij moet van u doen hooren: wat gij zult laten hooren, zal zeker voortreffelijk wezen’.Ga naar voetnoot3) Het zou vier maanden duren, vóór Van den Brink, op een nieuw schrijven van Bake, zich verontschuldigde over zijn zwijgen, om eerst in een lateren brief de prachtige psychologische uiteenzetting te gevenGa naar voetnoot4), die zijn handelwijze tegenover Truitje zoozeer verklaart, en waarmee hij tevens toonde, dat de oude dankbaarheid over den tijdelijken wrevel had gezegevierd. Het was voor Van den Brink, in de onzekerheid wat Julie hem schrijven zou, een bange Februari-maand. En het | |
[pagina 240]
| |
is geen brief van haar, doch van Eugène, dien hij zich den 28en, op zijn verjaardag, te bëantwoorden zet.
Ma toute cherè Julie!
Je viens de recevoir la lettre que votre frère a eu la bonté de m'écrireGa naar voetnoot1): vous avez eu la bonté plus grande encore de vouloir qu'il me répondît pour vous. Ce qu'il m'écrit est pour moi la seule, la plus grande consolation possible, une consolation que je n'avais pas même osé espérer. Vous étiez prévenue de mes antécédens et vous m'aimiez malgré cela; je vous ai fait mes aveux, et vous continuez à m'aimer et vous m'assurez, que vous ne m'oublierez jamais. Comment puis-je répondre dignement à tant d'affection? Faut-il vous répéter encore une fois: je vous aime de toutes les forces de mon âme, je ne cesserai jamais de vous aimer avec la même tendresse, la même passion, le même respect; la mort seule pourra arrêter mes pensées qui se reportent chaque jour, chaque heure vers vous? Mais je crois que vous ne révoquez pas en doute la sincérité de mon amour; ma lettre même a dû vous prouver comme mon coeur se crispait sous l'obligation de vous délier de votre parole. Fautil vous faire le tableau de ma désolation, de mon agonie, quand la lettre fatale était partie? L'arrivée de Mr. BussemakerGa naar voetnoot2) m'a donné une distraction pénible d'abord, mais salutaire. J'avais quelqu'un à qui je pouvais m'épancher et Mr. B. m'a fait preuve de sa sincère amitié en s'associant avec plus de cordialité à ma tristesse, qu'il ne l'avait jamais fait à ma joie. Lui parti, j'étais abandonné à ma solitude et à ma mélancolie. Mais vous avez souffert comme moi, ma chère Julie, et vous n'avez pas voulu, en me cachant votre affliction, me cacher la grande tendresse que vous aviez pour moi. Je vous remercie mille et mille fois de tout ce que vous m'avez fait écrire par votre frère. Veuille le | |
[pagina 241]
| |
ciel, que ce soit la dernière peine, que je vous ai causée. Oui, ma chère Julie, je dois vous demander pardon à genoux, si la douleur, que vous a causée ma lettre, ait été augmentée par l'idée que mon coeur avait renoncé à vous. L'émotion dans laquelle je vous écrivais, m'aura empêché d'exprimer clairement ce que je sentais. Mon unique bonheur est votre amour, mon voeu le plus ardent notre union. Mais il y a deux manières d'envisager une telle liaison. L'une est celle-ci: tout en supposant une affection mutuelle, d'autres considérations prévalent. On demande si l'objet en est digne, si le monde le reconnaît comme tel, si ses antécédens donnent des garanties pour l'avenir, si sa position sociale présage une vie calme, heureuse, aisée. C'est la maniére de voir des parents et je ne dirai pas qu'ils ont tort. L'autre manière de voir est plus idéale. En déconsidérant un peu les intérêts matériels, elle met le bonheur principal dans l'accord des sentimens; elle ne demande d'autre garantie que la conviction d'une affection sincère, elle ne se propose qu'un échange de dévouement réciproque. D'ordinaire ces deux manières de voir se heurtent, d'ordinaire, je dois l'ajouter, la première [l'emporte]. Car il faut une affection bien fondée qui ne peut avoir lieu que dans les âmes les plus [pures, il] faut [une convic]tion inébranlable, un héroisme d'amour, pour engager son avenir à si peu de garanties. Aux [réflex]ions ordinaires se joignent l'opposition des parents, les préjugés de ceux qui nous environnent, les soupçons mêmes qu'un retardement de nos voeux pourrait faire naître en nous-mêmes. Tout cela il faut le braver pour arriver à un but qui justifie et récompense quelquefois les sacrifices qu'on a faits. Vous me direz que c'est là l'amour véritable, l'amour dans toute sa sublimité. C'est vrai, mais personne n'a le droit de l'exiger. Dans ma position, que devais-je faire? La question de l'intérêt matériel, des antécédens, etc., était posée par votre père: il en avait le droit, il le faisait par amour pour vous. Lui répondre d'une manière satisfaisante, ce serait le tromper; de plus ce serait vous tromper, si vous ne saviez rien de mon passé; ce serait me rendre méprisable à vos yeux, si vous en aviez connoissance. J'avais trop de fierté pour en faire la révélation à votre père, si ce n'était dans le cas | |
[pagina 242]
| |
extrême. C'est pour cela, que je vous ai fait mes aveux: un jour vous devriez savoir tout, afin que notre union pût être franche, intime, sans masque comme sans secret. Exiger de vous, après ces aveux, le même amour, la même fidélité, je n'en avais pas le droit. Sonder votre coeur avant de venir à une déclaration franche, aurait été une indiscrétion. Je croyais fermement à votre sincérité, mais je connaissais votre réserve. D'ailleurs, les âmes les plus bienveillantes auraient pu se décourager devant une telle épreuve. Tout en reconnaissant les immenses obligations, qu'elle m'impose, je dois vous le dire, chère Julie, votre tendresse pour moi est exceptionnelle. Je l'ai déjà dit, mon voeu le plus ardent était, que vous m'aimiez encore, mais c'était un voeu que je n' osais confier qu'à Dieu dans mes prières. D'après ce que Mr. Eugène vient de m'écrire, ce voeu s'est accompli. Si je me demande, quel résultat doit avoir un amour si éprouvé, j'aime à répondre, qu'il ne peut trouver sa récompense que dans une union heureuse. Vous me demandez, si ce résultat est possible; je dois vous dire que j'y crois fermement. Je ne parle pas des faveurs, que des amis influents me promettent, de la bonne volonté même de mon gouvernement; la plus sûre base pour ma conviction est dans moi-même. Je suis aujourd'hui comme j'étais à Liège, sous vos yeux et peut-être même un peu meilleur. Je crois à mes talents, à mon énergie qui s'est réveillée dans mon adversité: je crois au pardon du ciel même. Puis mon plus fort soutien c'est la certitude, que vous m'aimez. Chère, toute chère Julie, c'est aujourd'hui mon jour de naissance. C'est un jour pour former de bons projets et de bonnes résolutions. Acceptez mon serment que je vous aimerai encore davantage que je ne l'ai fait, que cet amour me préservera des écarts que j'ai à regretter, que cet amour me forcera à travailler toujours à votre bonheur et au mien. Une grande difficulté, je l'avoue, s'oppose à notre perspective. Ce sont les considérations de vos parents, considérations contraires aux nôtres et que cependant nous devons respecter. Qu'y a-t-il à faire? Rien que d'employer tous les moyens permis et loyaux pour concilier les unes avec les autres. Dès lors pas de désobéissance, pas de résistance positive! mais de | |
[pagina 243]
| |
la patience et de la prudenceGa naar voetnoot1). Pour moi ma conduite est exactement tracée. Je dois ambitionner de regagner leur faveur, si je l'ai perdue: s'ils savent ma faute, qu'ils connaissent aussi mon repentir: qu'ils ayent la conviction que ce repentir est sincère. Par ma bonne conduite, par l'emploi industrieux de mes facultés, je dois hâter le moment, où je pourrai leur présenter des garanties rassurantes pour votre bonheur: je dois effacer mes torts par une réparation éclatante. Je le dois à moi-même, aux miens, mais surtout à vous et à notre avenir. Quant à ma mère, elle n'est pas exempte de préjugés, mais ces préjugés ne prévaleront pas sur sa tendresse envers moi. Si je lui demande son consentement, ce n'est pas parce que des considérations de famille pourraient en rien changer mes dispositions, non, c'est que son consentement une fois obtenu, elle pourra par son concours rapprocher l'heureux moment de notre union. Quant à vous, ma chère Julie, je me fie entièrement aux inspirations de votre noble coeur. Je vous avais proposé de soulager votre coeur à votre Maman. Vous ne l'avez pas fait. J'en conclus, que vous redoutez qu'elle ne joigne sa résistance à celle de votre Papa, si tout lui fût connu. Cependant je crois, que c'est un acte de droiture de leur en faire savoir quelque chose. Mais il dépendra de vous de choisir le moment favorable pour une telle révélation et les moyens les plus à propos. - Seulement n'exposez pas par égard pour moi votre précieuse santé, le calme de votre âme, par une réticence, sous laquelle votre coeur se brise. Chaque larme qu'une telle position ajouterait à votre souffrance, me pèserait comme un remords. - Mais en communiquant à vos parents, ce qu'ils doivent savoir, soyez franche et courageuse. Dites-leur ce que vous n'avez pas caché à votre frère, que vous m'aimez, que vous ne pouvez, que vous ne voulez pas abandonner cette affection. Ils vous aiment, ils apprécient votre caractère, ils sont raisonnables. Vos sentimens si énergiquement | |
[pagina 244]
| |
prononcés auraient peut-être une influence décisive sur leurs réflexions. Je vous envoie cette lettre par la voie ordinaire, c'est à dire, sous le couvert de votre Maman. Je n'osais plus embarrasser Mr. Eugène d'une affaire peut-être mal en rapport avec son caractère et ses fonctions. Comme je ne savais pas, si votre Maman eut connaissance de ce qui vous avait été communiqué, même avant mes aveux, je ne lui en dis rien. Vous m'avertirez si j'ai bien fait, ou s'il vaut mieux que je lui fasse une confidence plénière. Ensuite, chère Julie, la communication qui vous a été faite sur ma personne, tout en découvrant la vérité, paraît m'avoir représenté sous un aspect favorable. Par malveillance ou par ignorance des faits, on vous aurait pu tout expliquer d'une manière sinistre. Je n'ai pas la certitude que de pareilles insinuations ne vous arriveront pas. Mais en vous faisant mes aveux, je vous ai prouvé que je mettais en vous une confiance entière. Je réclame pour moi la même chose. Interrogez-moi, quand quelques doutes sur mon passé se présenteront à vous. Ce sera pour moi un acte de contrition de vous avouer mes torts, s'ils sont réels: si au contraire ils sont controuvés, vous devez me croire, quand je les repousse avec indignation. ------------------ Chère Julie! Toutes mes forces, toutes mes facultés ne sont dominées que par une seule idée: mon amour invariable pour vous. Faut-il vous répéter que je désire rester pour la vie, Breslau, 28 Fevrier '45. Votre René.
Julie's antwoord is verloren gegaan. We hooren er echter over in een brief van 25 Maart, aan Madame Simon:
Je suis heureux, Madame, de pouvoir maintenant vous parler ouvertement. Julie vous a communiqué ce que je lui avais écrit et, comme elle fait toujours, elle a bien fait. Vous pourrez juger, dans quelle anxiété j'ai passé le mois de Février; mais la douleur la plus cuisante était pour moi, que j'étais obligé de mettre ma toute chère Julie dans la désolation. | |
[pagina 245]
| |
Son âme, pure et noble, n'a pas succombé à la terrible épreuve. J'en rends grâce à Dieu: vous croirez aisément qu'elle m'est doublement chère. [Ook was hem uit dat antwoord gebleken, dat de moeder alles geweten had; hij is er de goede vrouw te erkentelijker om, en hij verontschuldigt zich, vooreerst dat hij niet haar doch Eugène had in den arm genomen, en voorts: J'en conviens Madame, j'aurais dû vous faire mes aveux dès le commencement. Mais l'amour ardent que j'éprouvais pour votre fille me faisait reculer devant chaque obstacle qui pût s'opposer à mes voeux. Votre dévoué et reconnaissant serviteur R.C. Bakhuizen van den Brink. Breslau, 25 Mars 1845.
Doch niet slechts weten wij van Julie's antwoord. Van den Brink zelf zal er iets uit aanhalen in zijn schrijven van den derden September van dat jaar - deze roerende woorden:
‘Ce que je puis vous offrir de mieux, c'est la parole, que vous m'aviez. rendue, en me faisant tant de peine. Oui, cher René, à peine avais-je lu votre lettre, que je me suis imaginée que vous ne m'aimiez plus, puisque vous me rendiez - me semblait-il - si facilement ces mots que vous aviez tant sollicités’.
Soms kon Van den Brink wel heel aardig en hartelijk ook aan zijn moeder schrijven. Kennen wij de oude, zuinige vrouw niet uit een trekje als dit: Terwijl ik over de koude zit te klagen, bedenk ik dat het in mijn vaderland ook wel koud kon zijn. Zelfs in de eetkamer bij het schrale turfvuurtje, waaraan gij gehecht waart. Ik hoop dat ieder die u omgeeft u zal aanpraten, dat gij het in uwe nieuwe woning toch regt warm maakt. Uwe jaren vorderen het gebiedend. Ik wensch Jans van harte te eeniger tijd een knappen vrijer toe, zoo zij voor uwen haard wakker zorg draagt. | |
[pagina 246]
| |
11 Maart schrijft hij haar, uit Breslau nog altijd, over een bezoek aan Krakau: Reeds ben ik van mijnen togt naar Krakau terug. Drie dagen heb ik er doorgebragt en langer kon en mogt ik er niet blijven, omdat op mijne pas de reis derwaarts niet uitdrukkelijk vermeld was. Het heet N.B. een vrijstad, maar met een cordon Oostenrijksche en Russische soldaten er omheen. Het is er zeer koud en zeer Poolsch. Maar de stad is regt oud en regt merkwaardig, als de zetel en vrijplaats van vele geleerdheid in oude tijden beroemd, schoon juist niet orthodox naar uwen zin. Want het was het middenpunt der Socinianen. Ik zou u wel iets goeds van Faustus Socinus, wiens huis men hier aanwijst, mededeelen; maar het zou u niet bevallen. Ik wil u dus liever vertellen, dat ik mijzelven met een mondvol Poolsch redelijk wel in die stad teregt geholpen heb. [Aardig is ook zijn aanloop, om nog wat geld te vragen:] Het is niet altoos het geval; maar het kan echter voorkomen, dat men in Oostenrijk niet toegelaten wordt, zonder geld te laten kijken. Kijken maar; zij zijn daarmede tevreden; want zij hebben slechts de onbeleefde voorzigtigheid den vreemdeling te vragen, of hij middelen van onderhoud bij zich heeft, en vooral wanneer men uit het hart van Duitschland of Frankrijk komt, doen zij dat. Daarvoor reiken nu, wanneer ik hier nog deze maand bijna uit vertoeve, na mijn aankoop van boeken, mijne middelen niet toe.
Eindelijk, einde Maart, vertrekt hij voorgoed uit Breslau. Den vierden April, te Praag, vertrouwt hij zijn eerste nieuwe reis-indrukken aan het papier. Het geluk over haar thands beproefde liefde, tintelt tusschen het vertellen door:
Ma chère Julie,
Me voilà à Prague, bien fatigué d'une grande course que je viens de faire, - moitié étendu sur le canapé, toujours pensant à vous et ne rêvant que vous. Si jamais votre souvenir pouvait pour un moment s'obscurcir, un coup d'oeil sur tout ce qui m'entoure, le vivifierait de suite. Car Prague | |
[pagina 247]
| |
ressemble à Liège. Vous allez un peu rire, de ce gracieux petit sourire qui me charmait tant, parce que c'est ma phrase habituelle pour toutes les villes, qui me plaisent, qu'elles ressemblent à Liège. En effet, Liège est toujours au fond de mes pensées, Liège est le miroir où se réflètent tous les objets qui se présentent à mon esprit et à mon imagination: vous devez bien me pardonner cela, ma toute chère, parce que, comme Titine l'a très bien observé le 23 Mai il y aura un an, ce n'est pas tant Liège que j'aime, que Julie que j'aime. Du reste, la ressemblance entre Liège et Prague est frappante: seulement Prague est plus grande, plus belle et plus illustre. Pensez un peu. Prague est aussi ancienne que Liège et son origine date à peu près du meme siècle (le huitième). Comme Liège elle [est] située dans une belle vallée, entourée par de hauts rochers: comme à Liège la ville est divisée en deux parties par une grande rivière, qui embrasse encore de petites iles, comme la Boverie; la rivière est traversée par un pont du moyen-âge, de la même forme mais plus grand et plus magnifique que votre pont des Arches: grâce à l'inégalité du terrain, on trouve ici des rues qu'on ne monte qu'au risque de perdre haleine, des rues aussi escarpées que votre rue Pierreuse de fatiguante mémoire. Prague a ses faubourgs et ses fortifications qui valent bien votre citadelle et votre chartreuse. La populace y parle non pas un patois comme à Liège, mais une langue parfaitement inintelligible pour tout étranger. Enfin, tous ces points de vue, toutes ces hauteurs, toutes ces rues, toute cette foule sont très destinctement caractérisés dans l'histoire. Car comme Liège Prague a ses saints et ses martyrs, il y a ici un Prince-Evèque, comme Liège en avait autrefois et comme votre Monseigneur désirerait l'être. Ici comme à Liège l'histoire d'une nation s'est concentrée dans l'histoire d'une ville. Prague a été la scène, où s'est jouée la destinée de plusieurs générations, le champ de bataille où le sang a coulé à longs flots. Je savais cela d'avance: mais la vue de Prague a de beaucoup surpassé mon imagination. Les premiers beaux jours du printemps ont contribué peut-être à rendre mes impressions plus vives, mais rien n'y a autant contribué que vous, ma toute chère, et la certitude que j'avais de votre amour. Aussi n'ai-je pas senti ma solitude en parcourant cette ville intéressante. C'était | |
[pagina 248]
| |
comme si vous étiez a côté de moi, comme si vous partagiez mon ravissement, comme si je vous arrêtais de temps en temps, d'abord, pour vous faire remarquer la belle perspective, que les collines qui nous envirronnent, les prairies, le fleuve, le ciel azuré se combinent à nous offrir; puis je vous aurais raconté l'histoire de beaucoup de ces lieux, dont le nom est à jamais gravé dans les Annales, ensuite je vous aurais tourmentée pour trouver comme moi que ceci ait beaucoup de rapport avec Ste Marguérite, cela avec Ste Valpurge, un troisième lieu avec St. Gilles. Et si, enchantée de tout ce que vous veniez de voir, vous auriez dit: oei! oei! oei! j'aurais sauté de bonheur et je vous aurais demandé si ‘j'esteu 'co vosz bienamé grô?’ Enfin - je n'ose vraiment pas le dire - quelle désillusion pour moi que de rentrer seul dans une chambre d'hôtel, d'y allumer une chandelle comme fait tout bon épicier et de n'avoir autre chose à faire que de me coucher! Tandis qu'à Liège, au retour d'une grande promenade, j'avais à persécuter une chère petite Mademoiselle Julie, qui m'échappait sans cesse et qui tout en m'évitant me fascinait davantage, à qui j'aurais apporté de jolis bouquets, rien que pour obtenir le bonheur de son doux sourire. Maintenant, pourvu que je vous apportasse les plus belles fleurs du printemps, vous n'auriez pas été quitte pour si peu. J'aurais voulu embrasser votre front si serein mais - ‘pas plus’. C'est un vrai bonheur pour moi que de passer de si beaux jours à Prague, surtout comme c'était un peu contraire à mes intentions. J'ai quitté Breslau samedi passé, et je pensais me rendre d'abord à Raudnitz. Le dégel avait commencé depuis quelques jours, mais en passant par cette série de montagnes de Silésie, appelée les Monts du Géant, l'hiver y régnait encore dans toute sa dureté: une grande partie de la route devait se faire en traîneau et souvent tout notre équipage semblait s'enforcer dans la neige. Moitié chemin les plus tristes nouvelles nous arrivaient: les rivières avaient commencé à charrier, aux environs de Prague la glace s'était mise: la campagne et la ville étaient inondées à une hauteur dont on ne se souvenait pas depuis l'an 1724; des villages entiers avaient été entraînés par le courant; beaucoup d'hommes avaient péri; et si c'était encore | |
[pagina 249]
| |
possible d'arriver à Prague, du moins il fallait abandonner toute idée de venir à Raudnitz, dont la situation était plus basse encore et qui était tout à fait noyée pas les eaux. Je suis Hollandais de coeur et d'âme, l'eau est mon élément naturel et je me moquais un peu de la frayeur des Allemands. J'insistais à poursuivre mon voyage et à la fin j'arrivais Lundi à un petit hameau nommé Melnik, où il fallait traverser le Moldau. J'avoue que la rivière était bien agitée: mais les bateliers que j'y rencontrais étaient au-dessous du courage de nos matelots hollandais. J'ai employé prières, menaces, promesses d'argent pour leur persuader de me faire passer la rivière. Les malheureux n'osaient pas. Je leur ai proposé de me donner une nacelle, et que pourvu qu'un homme m'accompagnât pour tenir le gouvernail, je prendrais moi-même les rames. Impossible! malgré moi j' étais obligé de passer toute la journée et la nuit dans un mauvais village, entouré d'une population, qui à deux ou trois habitants près, capables de comprendre l'Allemand, me répondait dans leur Bohémien, auquel je n'entends rien encore. Malgré moi j'étais forcé de revenir sur mes pas et de me rendre à Prague, où j'arrivais le Mardi. - Les bruits que j'avais entendus en chemin sur les calamités qui étaient arrivées à la ville, étaient exagérées: cependant le ravage était assez considérable. Dans les faubourgs plusieurs maisons avaient croulé, l'entrée de la ville était embarrassée par d'énormes glaçons, deux personnes, dont l'une était une fiancée, avaient été les victimes de la catastrophe. Mais le fleuve était rentré pour le moment dans son lit et un beau soleil de printemps éclairait la ville. Comme je ne pouvais faire autre chose, je me consolais de mon désappointement: et cela se faisait facilement, grâce à tout ce que Prague a de beau et de remarquable. Demain sous de meilleurs auspices je compte partir pour Raudnitz. Le quelques jours que j'ai passés ici, je me suis enfermé le matin dans les bibliothèques, les après-midi j'ai voué à mes promenades. Je ne vous ai rien encore raconté de toutes les belles églises, que sans doute ma Julie aurait visitées avant tout. Vous me méconnaîtriez, ma toute chère, si vous pouviez croire que je ne partage pas votre goût. Tout protestant que je suis, j'étais content de me retrouver | |
[pagina 250]
| |
dans une ville éminemment catholique: tout mon sentiment artistique se réveille a l'idée de vos monuments religieux, de vos chefs-d'oeuvre d'architecture, de vos sublimes peintures d'autel, du luxe imposant de votre culte. A Prague il y a de quoi satisfaire ce goût-là. La cathédrale est parmi les plus célèbres de l'Allemagne: elle est bâtie dans l'enceinte du chateau des anciens Rois de Bohème, le Hradschin comme on l'appelle: c'est à dire le bourg du Roi. Ce bourg est élevé au-dessus du reste de la ville sur une hauteur, dont on jouit d'une perspective vraiment éblouissante.
Je pense que ma chère Julie doit être plus belle que jamais dans ces beaux jours: je suis convaincu qu'elle languit de désir de se trouver à la campagne: j'ai assez de prétention pour croire qu'elle se propose même d'y penser à moi, beaucoup et à son aise. Quand vous irez aux Boncelles, je vous supplie n'oubliez pas de m'y écrire. Une lettre de vous datée de BoncellesGa naar voetnoot1) me mettrait au comble de joie. Toutefois, s'il y a encore longtemps avant que vous y alliez, n'attendez pas jusque-là pour m'écrire. Je vous donne le bon exemple, ma charmante enfant, en vous écrivant si souvent. Aujourd'hui je ne pouvais me contenir: j'avais le coeur rempli de nouvelles émotions et je suis trop heureux de pouvoir vous les communiquer. Demain je pars pour Raudnitz et je ne puis pas encore fixer combien de jours j'y resterai. De là je pars sans délai pour Vienne: et je ne pourrais arriver dans cette ville avec un pressentiment plus agréable que l'idée d'y trouver à la poste une lettre de vous. Ecrivez donc bien vite un petit mot, et adressez votre billet poste restante à Vienne en Autriche. Recommandez-moi au bon souvenir de toute votre respectable famille, surtout présentez mes respects à votre bonne Maman et à la méchante Titine. Dites-lui qu'ici dans la patrie des Bohémiennes et des diseuses d'avonture, elle aurait peur de rencontrer à chaque pas ‘le petit noir’. Du reste, cela ne serait pas mal, si elle avait un peu de crainte. Cela | |
[pagina 251]
| |
lui apprendrait à être plus sage, et à ne pas tourmenter sa soeur aînée, que j'aime tant. Oui, Julie, je n'aurais jamais cru de ma vie, que je pourrais être susceptible de tant d'amour, comme j'en ressens pour vous. Vous remplissez toute ma vie, toutes mes pensées, toutes mes espérances. Il n'y a que cet amour sans bornes qui puisse me faire mériter que vous aussi, vous pensiez souvent et avec sincère affection à Votre René. Prague 4 Avril 1845.
Waarde Mama!
Zoo afgezonderd van de wereld en alles wat haar beweegt, zoo zonder eene enkele courant of nieuwstijding als hier in Raudnitz heb ik nimmer geleefd. Zoo dikwijls ik echter de geruchten der overstroomingen hoorde, heb ik gehuiverd voor het lot dat ook onze Hollandsche streken mag hebben getroffen. Maar vandaar heb ik niets vernomen. Daarentegen heb ik veertien dagen lang veel gewerkt en van den ochtend tot den avond gepend. Hoeveel vriendelijkheid mij de bibliothecaris bewezen heeft, kan ik niet beschrijven: het was of hij voor de eer van mijn bezoek nog dankbaarder was, dan ik behoorde te zijn voor de gemakkelijkheid, die hij mij aanbood om de bibliotheek te bezoeken en te gebruiken. Hij en zijne vrouw waren regt hartelijke goede menschen. Mijn herberg is een landherberg geweest, waar ik meest Boheemsch hoorde spreken en om mij verstaanbaar te maken zelf ook die taal moest kromtongen. Zij is zeer moeijelijk, zeer rijk, zeer belangrijk, ik leer haar met vlijt. Ik schrijf dezen nog uit Raudnitz, maar morgenochtend vertrek ik. Dadelijk na mijn aankomst te Praag frankeer ik dezen brief: want dat is noodzakelijk, wanneer hij naar Holland zal komen. Het is eene treurige noodzakelijkheid, die mij wel dwingen zal, minder drok te schrijven dan vroeger het geval was. Intusschen waar ik mij in Weenen ophoud verneemt gij met den eersten. Ik heb daarbij het dubbeld belang, dat ik | |
[pagina 252]
| |
nieuws van huis, en zoo ik hoop de verzekering bekom dat gij wel zijt. Dat de stroom dien ik binnen weinige dagen bevaren zal (de Donau) van Holland afvloeit en niet zooals de overigen die ik tot nog toe zag naar Holland toe, zal mij pijnlijk aandoen. Maar God zij dank, ik gevoel kracht om te leven en om te arbeiden, en meer dan ooit noem ik mij met innige gehechtheid UEd. liefhebbende Zoon Reinier. Raudnitz 20 April. 45. | |
[pagina 253]
| |
Hoofdstuk IV.
| |
[pagina 254]
| |
réveille la nuit. Après avoir entendu aujourd'hui à la poste pour la sixième fois la réponse négative, je vous écris celle-ci, mais je ne vous l'enverrai que demain, après m'être informé pour la septième fois s'il n'y a rien pour moi. Oh! ma bonne et belle Julie! Si peut-être ces quelques lignes ont pu vous attrister parce que, comme je n'en doute pas, ce n'est pas votre faute que vous ne m'ayez pas écrit, je vous en demande pardon à genoux. Cependant vous voyez bien que je vous aime, vous désirez même que je vous aime beaucoup et plus que tout au monde, eh bien, voyez dans mon inquiétude, dans mon impatience une preuve de la ferveur de mon affection, qui ne me laisse pas la tête à moi, qui me ravit à moitié à moi-même, tant que j'ai quelque, incertitude, de quelle nature que ce soit, à l'égard de vous.
Jusqu'ici Vienne ne me plaît pas beaucoup. J'y arrivais à l'instant même où un orage épouvantable éclatait sur la ville. Mais déjà le lendemain le temps s'était éclairci et quelques beaux jours de suite m'ont permis de m'y promener à mon aise, du moins autant à l'aise que la foule qui se heurte dans les rues me le permet. Le Viennois, à ce qu'il paraît, a très peu l'habitude de vivre chez soi. Car ce ne sont ni les intérêts du commerce comme à Amsterdam, ni l'industrie comme chez vous, ni la soif de parler politique qui oblige les Viennois d'être en route depuis le matin jusqu'au soir. Non, ils se promènent pour s'amuser, pour voir et pour être vus. Une population comme celle de Vienne n'est guère à mon goût. Il est vrai, qu'ils sont affables, complaisants, mais en même temps d'une superficialité étonnante, et adonnés aux amusements les plus futils. Vous allez sourire, chère Julie, quand je vous dis que mon caractère est trop sérieux pour me plaire parmi eux: et cependant c'est ‘très vrai’. La ville elle-même n'est ni belle ni intéressante. Les rues sont étroites et courtes, les maisons grandes mais d'un intérieur extrêmement uniforme: en matière d'édifice il n'y a de remarquable que l'église de St. Etienne, construction massive et gothique, avec des arcades imposantes et une tour dont la flêche est un vrai chef-d'oeuvre. Le palais impérial n'est ni antique ni imposant. Les acteurs sont | |
[pagina 255]
| |
distingués, mais les salles de spectacle sont de vraies écuries. C'est une licence poétique de dire que Vienne est située aux bords du Danube. Il n'y a qu'un bras de ce fleuve magnifique, que j'ai passé non sans impression profonde, qui se prolonge jusqu'à la ville. En un mot, Vienne ne m'offrait rien qui pouvait soutenir la comparaison avec cette belle ville de Prague dont je suis encore tout à fait ébloui. Moi j'habite un des faubourgs; mes fenêtres donnent sur le glacis et chaque matin je suis réveillé par le son du tambour; car le glacis est le lieu pour l'exercice des troupes. Mes chambres sont assez grandes et belles, mais l'ameublement laisse beaucoup à désirer. Même en faisant abstraction de votre chère et charmante personne, je ne trouverai jamais un quartier à l'étranger, qui soit aussi à mon goût que le No. 12 de la Place du Marché! Il n'y a pas ici de propriétaires comme Madame votre bonne Maman, qui vous invitent à prendre une tasse de café, invitation qui m'était infiniment agréable, non seulement pour le café, qui était excellent, mais surtout puisque c'était un précieux moment pour regarder ma chère Julie, malgré toutes les réflexions que faisait cette méchante Titine. Depuis neuf heures jusqu'à deux heures je passe mes matinées dans la bibliothèque royale: je suis heureux et comme dans mon élément au milieu de tous ces manuscrits Grecs. Aussi je me livre avec effusion à ces recherches scientifiques. Je dois même avouer, que pour y être entièrement, je fais tous les efforts possibles pour écarter votre image de ma pensée pendant quelques heures. Faut-il vous avouer que ces efforts échouent ordinairement? Si le mot Grec qui signifie ‘belle’ ou ‘amour’ ou quelque chose de semblable, - car les Grecs aimaient assez à parler et à écrire de pareilles choses - frappe mes yeux, d'abord mon imagination s'envole vers vous, et je ne puis la ramener à l'ouvrage qu'au prix de quelques moments d'une douce rêverie. Après la bibliothèque je vais dîner. J'ai dîné quelquefois avec l'ambassadeur, mais habituellement je m'assieds à une bonne table d'hôte. Assez souvent mon voisin est un jeune homme de Liège, attaché à la fabrique de Seraing, mais qui est ici afin de diriger les travaux au chemin de fer. Nous aimons à ruminer et à regretter Liège et votre compatriote | |
[pagina 256]
| |
ne sait assez s'étonner de trouver dans un bon Hollandais comme moi autant d'enthousiasme pour son pays et sa ville. J'ai bien garde cependant de lui dire le mot de l'énigme. L'après-dîner et le soir, je les passe dans ma chambre à étudier et à écrire. Voilà le tableau de ma vie actuelle. Je vous demande en conscience s'il ne lui faut pas un peu de poésie. C'est à vous de la donner en ne tardant plus longtems avec votre réponse, et en m'affirmant, ce que je crois d'ailleurs mais ce que j'aime à entendre et à lire bien souvent: que vous voulez être à jamais ma chère Julie. Ecrivez-moi, si c'est possible, courier par courier. Si ce n'étaient que ces mots: je me porte bien et je vous aime, je serai au comble de bonheur. Bonne, chère, charmante, aimable Julie, ayez un peu pitié de votre soupirant Vienne 8 Mai 1845. René.
P.S. J'ai oublié de vous écrire que depuis Prague et Raudnitz je me suis épris d'une ardeur, vraiment inquiétante, pour la langue Bohémienne. J'y ai fait de considérables progrès et ce n'est pas une vaine menace que j'ai faite à Titine de lui écrire un sermon comme il faut, en Bohémien. Veuillez donc lui dire, qu'afin d'éviter ce péril, qui lui côutera un frais de port énorme, elle s'oblige à être pour le futur une bonne belle-soeur pour moi et de ne vous jamais tourmenter à cause de Voss binamé grô.
Het beviel hem in Weenen dan bitter slecht. Reeds den derden Mei klaagt hij aan zijn moeder: Van het goedkoope van Weenen heb ik nog geene ondervinding. Ik zal mij nog moeten orienteeren. Mijne aanbevelingsbrieven heb ik overgebragt. Veel had men mij van de Weener gastvrijheid voorspeld: maar schoon ik zeer vriendelijk ontvangen ben, heeft nog niemand mij ten eten genoodigd. Slechts bij Professor Endlicher heb ik eene soirée bijgewoond, waar het eenigzins stijf was. Met mijne kamers schijn ik bedrogen. Ik had die Maandag gezien, en vond ze goed gemeubileerd. De eigenaar bekleedde | |
[pagina 257]
| |
eene betrekking bij de Universiteit, de vrouw was vriendelijk en voorkomend, alles beviel mij wel. Toen ik ze echter gisteren betrok, waren de schoone meubels bijna alle verdwenen: voor de ramen hingen geene gordijnen, de kanapé en tafel waren door twee regt smerige exemplaren vervangen. Ik heb een leven gemaakt als een Turk en daarmede de toezegging bekomen, dat alles heden beter zou zijn ingerigt. Of het zal geschieden weet ik niet. Ongelukkig heb ik mijne huur vooruit betaald en moet nu deze maand uitzingen. De bedriegerij heeft mij uit mijn humeur gebragt. Alles was mij zoo schoon voorgepraat. De uitkomst heeft mij geleerd dat men de Weeners niet vertrouwen moet.
9 Mei schrijft hij weer ‘eigentlijk tegen (zijn) zin en wensch, maar de nood dringt (hem)’. Het is één lange grieven-brief tegen de duurte van Weenen en de leeghoofdigheid van de Weeners. Men moet in zoo een brief geen litteratuur verwachten, maar karakteristiek is hij zeker: karakteristiek voor den nu zoo zuinig uitrekenenden, gewoonte- en hokvasten Hollander; karakteristiek voor den ernstigen werker ook, die ééns zijn hartstochtelijk leven-voor-de-wetenschap met even hartstochtelijk feesten had afgewisseld, maar die het futloos pleizier der Weeners innig haten moest.
Op mijn hevigen uitval is, ja, mijne kamer met eenige hoogst noodige meubelen verrijkt geworden: maar nog altoos b.v. zucht ik om een behoorlijk tafelkleed. Ik heb namelijk in plaats van een klein tafeltje dat ik op mijn kamer vond, eene groote gëeischt, waaraan ik naar behooren kon arbeiden. Ik heb een groote gekregen, maar zoo smerig en gemeen, dat ik niemand hier ontvangen kan, tenzij die tafel met een kleed bedekt worde. Ik geloof dat ik eindelijk in de noodzakelijkheid zal zijn, mijne ergerlijke tafel, die mij bijna den lust tot werken ontneemt, naar alle duivels te jagen, en ergens bij een schrijnwerker per maand eene andere te huren. Maar zoo zijn de Weeners. Zij begrijpen niet dat men te huis zit en studeeren wil. Zij willen hun vermaak en voor alle dingen geen studie. Nu geloof ik, dat wat mij van het goedkoope van Weenen verzekerd werd, aldus moet worden opgevat: wanneer men voor zijn ver- | |
[pagina 258]
| |
maak reist, is er misschien op de wereld geene stad, waar men zich den ganschen dag dóór goedkooper kan vermaken dan Weenen. Wanneer men iets anders op het oog heeft en tot iets anders gedwongen is, vindt men zich in de verwachting dier goedkoopheid bedrogen. Naar het oordeel der Weeners is een kamer voor een eenloopend persoon niets anders dan de plaats waar hij slapen of desverkiezende luijeren kan. Alles wat hij te doen heeft, en doen staat hier gelijk met pleizier hebben, is buitenshuis. Vandaar eene levensinrigting, die mij kostbaar maar buitendien hoogst onaangenaam is. Men ontbijt in een koffijhuis en ieder ontbijt kost tien kreuzers, dat ongeveer met 4 stuivers Hollandsch gelijk staat. A plus forte raison haalt men zijn eten buitenshuis en als ik mijn maag het meest ingebonden heb, heb ik nog niet kunnen slagen onder veertig kreuzers, dat is zestien stuivers, den kost te vinden. Daar men om twee uur eet, is het noodig 's avonds iets te nemen. Ook dat moet buitenshuis gehaald worden en als men daarbij een halve flesch wijn drinkt, die twee kreuzers goedkooper is dan een glas koffij, kost dat avondeten toch altoos zestien à twintig kreuzers. Nu heb ik nog niets om de zandwoestijn van den langen achtermiddag door te worstelen; aan thee drinken valt niet te denken: een pond thee kost hier 4 Weener guldens (specie) d.i. vijf guldens Hollandsch en dan heeft men in mijn logies van trekpot noch kookend water, noch theeservies het minste denkbeeld. Ik vind mij dus tot water en bier veroordeeld. Het eerste is slecht, nog slechter dan te Amsterdam, het tweede misschien iets beter; maar een flesch, die kwalijk den omvang van eene Hollandsche kruik heeft, kost tien kreuzers. Bij iedere reis dat men het koffijhuis bezoekt, is het reçu den knechts een fooi te geven. Twee kreuzers wanneer men ontbijt of avondspijs neemt, vijf à zes wanneer men gedineerd heeft. Dan komt nog eene fooi aan den portier, te geven òf maandelijks, òf telken reize wanneer ik na tien ure te huis kom, van drie kreuzer, kortom eene menigte van zaken, die mij bitter in mijne verwachting hebben teleurgesteld. Nog heb ik twee gruwelijke grieven tegen Weenen. Voor alle tabak is de regie ingevoerd. Wat dat voor een vreeselijk ding is, her innert ge u uit de dagen van Napoleon. Gelukkig rook ik | |
[pagina 259]
| |
niet; maar zonder snuif kan ik niet levenGa naar voetnoot1) en die is wanneer zij eenigzins bruikbaar is, zoo duur dat ik om den anderhalven dag vijftien kreuzers daaraan moet uitgeven (d.i. 6 stuivers Hollandsch). De tweede grief is, dat ik elken brief naar Holland tot aan de grenzen van Holland frankeeren moet, en daarentegen elken brief die mij van daar kan toekomen moet betalen na rato van den onmetelijken afstand van het groote Duitschland. De slotsom van alles is, noch Noord- noch Zuid-Duitschland behagen mij, in geen van beide wil ik een bijzondere plaats zoeken. Ik kan in gemoede verklaren dat ik nog geen vermaak in Weenen genoten heb. Eene schilderijen-galerij heb ik gezien, en eenmaal ben ik in de Comedie gegaan. Het Prater, het ontspanningsoord aller Weeners, heb ik eens bezocht op een uur dat er niemand te vinden was. Eene bevolking die slechts op de kinderachtigste wijze voor hare uitspanning leeft, boezemt mij den innigsten weerzin in. De laatste geldelijke bijdrage, die u mij toezond, was, ik erken het dankbaar, ruim. Ik had te Breslau misschien vijftig thalers te betalen, maar ik had behoefte aan een rok, een broek en een hoed. Nog voor mijn vertrek schafte ik die aan. Ik rekende niet op schoenen, maar van beide paren die ik bezat, weigerde mij het eene zijne dienst te Raudnitz; met het andere sukkelde ik voort tot Weenen; nauwelijks hier aangekomen, was ik tot den aankoop van twee nieuwe paren verpligt. Voeg daarbij dat te Praag mijne parapluie bezweek. Eerst heden heb ik mijne boeken thuis ontvangen: men heeft bij de censuur niets daarvan teruggehouden; maar het transport, de verzegeling en ontzegeling kostte mij des ondanks 11 gulden 20 kreuzers Weenensch. Zes weken heb ik in logementen doorgebragt, te Raudnitz, te Praag, alhier. Van tijd tot tijd heb ik gereisd en de postwagens zijn hier ietwat duurder dan in Pruisen. Gij zult u, dit alles berekenende, niet verwonderen, dat ik van al het gezondene slechts 18 guldens Weenensch over heb en dat die op zijn best voor twaalf dagen toereikend zijn. | |
[pagina 260]
| |
Te Breslau, te Luik, aan den Rhijn kon ik mij dekken doordien b.v. eeten, weekbriefje en dergelijke eens per maand werd betaald. Hier wordt alles dadelijk betaald en aan het einde van twaalf dagen ben ik zonder schuld, maar ook zonder geld om te eeten. Mijn verzoek is dus: Zend mij of laat van Hees uit uwen naam mij zenden twee Hollandsche bankjes van zestig guldens. Er is hier ruimschoots gelegenheid die in te wisselen. Schoorvoetend heb ik den verkoop van alle mijne boeken toegegeven; maar vergeef het mij, zoo ik nu ook wensch de vruchten te zien van het offer dat ik gebragt heb. De toezending geschiede zoo het eenigzins mogelijk is per omgaande. Ik reken dat de brieven van Weenen naar Amsterdam zes dagen onder weg zijn. Zoo zij langer blijven, zal ik mij één dag zonder ontbijt, of zonder avondeten, of zonder bier moeten behelpen. Daarvan zal ik in allen gevalle niet sterven.
Den vijftienden Mei schrijft Van den Brink een epistel, bestemd voor den 22en, de Ste Julie. Juist op Pinksterdag, eindelijk, was hem een briefje van haar geworden, dat niet meer bestaat. Dat briefje was abnormaal lang onder weg geweest:
J'ai eu tort: la faute n'en était pas à vous. Votre ministère des travaux publics n'a pas assez de coeur pour comprendre à quel point je suis amoureux de vous, et combien je languis après la plus petite marque de votre affection. On n'a expédié la lettre de Bruxelles que le 5 Mai. Je souhaite au chef de bureau, qu'il soit bien malheureux en amour, et bien tourmenté par son épouse, s'il est marié. S'il ne l'est pas, qu'il ne se marie jamais! Mais holà! L'indignation me ferait oublier que pour aujourd'hui j'ai d'autres souhaits à faire. Je ne sais vraiment comment m'y prendre, car je sens que tous les voeux que je forme pour vous, paraîtraient avoir une tendance égoiste. Si je vous souhaite que vous continuiez toujours à être si belle, si bonne, si aimable, tout cela à la fin est autant à mon avan- | |
[pagina 261]
| |
tage qu'au vôtre. Vous souhaiter que je vous aime encore plus, c'est souhaiter l'impossible. Je vous aime plus que ma vie, plus que moi-même, plus que la terre entière, peutêtre même un peu plus que le ciel. L'année passée vous n'avez pas été parfaitement heureuse. Vous avez souffert du corps, vous avez souffert de l'âme. Les premières souffrances, j'ai tâché de les adoucir autant que je pouvais. Ce n'est pas ma faute si cette toux obstinée ne vous a pas quittée plus tôt. Des autres souffrances, hélas, moi j'ai été un peu la cause. Un jour votre bonne Maman, qui vous aime tant, m'a dit qu'elle s'est inquiétée en vous voyant verser souvent de chaudes larmes. C'était dans un temps où vous me déclariez ne pas pouvoir répondre à mon affection. Je crois que du moins de cette douleur-là je n'ai pas été la cause. Mais avant de me donner votre parole, vous avez hésité; de mauvais rapports sur moi vous avaient été communiqués; dès que j'avais cessé d'être indifférent pour vous, il vous aura coûté cher de les entendre. Si j'ai donné occasion à ces rapports par des fautes passées, jamais ces fautes n'ont pesé si lourdement sur ma conscience, que lorsque j'ai su qu'elles vous ont dû causer une cuisante douleur. Puis votre âme religieuse a eu un autre combat à se livrer. En accédant à mes voeux, vous avez dû vaincre une répugnance qui vous était inspirée dès l'enfance. Vous avez balancé: quand vous m'écriviez la lettre qui n'est jamais arrivée à son adresse, cette lettre doit vous avoir coûté bien de la peine. Enfin vous avez triomphé de ces scrupules, mais ce triomphe ne se sera pas obtenu sans larmes. Et voilà dans le moment que vous vous disposiez à vivre désormais pour moi, ma malheureuse lettre arrive. Maintenant, j'espère, vous me justifierez au sujet de cette lettre. Pour le moment elle vous a cruellement affectée. C'était encore la suite de mes fautes, que je devais vous faire souffrir. Mais vous, toute chère, vous ne m'avez retiré ni votre parole ni votre coeur. Oh ma chère Julie, oserai-je vous dire ce que je vous souhaite pour votre jour de fête? D'abord que je sois de jour en jour plus digne de vous et du don inestimable que vous m'avez accordé en me donnant votre parole. Mais puisse aussi cette promesse se convertir en réalité: puissent les difficultés qui existent maintenant, l'opposition de votre respectable père, les scru- | |
[pagina 262]
| |
pules que pourrait faire ma mère, s'applanir entièrement, puisse mon sort se fixer de manière à vous donner une existence honorable et assurée, du moins à pouvoir appointer définitivement le terme de nos voeux, le commencement de notre bonheur. Alors pour votre vingt-deuxième année, chère enfant, plus de toux et plus de larmes! J'espère que toute votre famille, qui vous aime si tendrement, toutes vos amies, se combinent à rendre pour vous cette journée bien gaie. Combien je leur envie le plaisir de vous offrir des bonbons et des bouquets! Je voudrais moi même être un petit jardin. Je serais en fleur pour vous durant toute l'année.
Hij kocht ook een cadeautje voor haar, en wijdt langdurig uit over de moeilijkheden der overzending; hij wacht een geschikte gelegenheid af. Dan herdenkt hij, hoe 't was, niettegenstaande bloemen en bonbons, het jaar te voren, toen hij uit Bonn voor haren naamdag overkwam:
Vous n'étiez pas trop bonne pour moi alors. Je me promenais, il est vrai, à côté de vous, j'effeuillais les marguérites de votre jardin pour les interroger si vous m'aimiez. Quelle que fût leur réponse, - à mes instances que vous continuiez à m'écrire, vous ne vouliez rien me promettre; au beau milieu de mes plus ferventes protestations, j'étais interrompu par votre aide de camp, qui par vos ordres voltigeait toujours autour de nous. Dites, mon cher ange, si je pouvais cette année-ci venir moi-même complimenter ma Julie, me serait-il permis alors d'appuyer mes lèvres un instant sur son beau front, mais ‘pas plus!’ J'insiste vraiment sur une réponse catégorique à cet égard. Car quoique je sois retenu pour aujourd'hui de venir vous voir: je travaillerai avec un zèle redoublé pour épargner trois semaines à mon séjour à Vienne. Et ces trois semaines je les employerai pour voler vers ma chère Liège et ma chère Julie avec tout l'empressement que la poste Allemande (qui ne vole pas) le permet. Ce sera pour lui dire adieu, avant d'aller plus loin en Italie, et quoique cette excursion ne puisse se faire qu'à la fin peut-être de deux mois, je suis extrê- | |
[pagina 263]
| |
mement curieux de savoir si ma chère Julie consentît à m'embrasser en partant. Il n'y a que deux cas, qui pourraient hâter ma venue. Ce serait d'abord si vous réclamiez ma présence en pensant que le moment serait venu de triompher des scrupules de votre Papa. L'autre cas serait, que ma mère accéderait entièrement aux conditions que je vais lui proposer ces jours-ci, du moins si la lettre que j'attends toujours d'elle, m'encourage à lui faire de pareilles propositions. Dans le cas qu'elle m'aurait tout accordé, je donnerais moi-même bravement l'assaut à M. Simon. Toutefois, chère Julie, quoique éloigné de vous, le jour de vôtre fête vous aurez la conviction que nul autre n'y partagera avec plus de tendresse que moi. Le soir du 21 je m'engage à me faire apporter un brillant bouquet, qui occupera un coin de mon armoire. Car sur l'autre la botteresse a été installée. Puis j'achèterai une guirlande de roses, comme on en vend ici de très jolies, pour en décorer la Mignon solitaire. J'embrasserai à plusieurs reprises la belle bourse, que je garde toujours, mais que je n'employe pas toujours parce qu'elle est définitivement destinée maintenant à ne renfermer que de l'or. Et le lendemain je dînerai au restaurant: je mangerai des pigeons, et je boirai à votre santé trois verres de St. Julien - le tout pour célébrer dignement la sainte Julie. Votre lettre a été charmante comme vous-même. Le matin que je la recevais à la poste j'ai tout de suite cherché un coin dans le bureau même pour l'embrasser sans être vu. Puis je suis allé me promener avec mon trésor dans les allées les plus touffues du Prater. Il faisait bien beau ce jour-là, et au milieu d'une belle nature, entouré du chant des oiseaux, j'ai savouré tous ces délicieux épanchemens de votre âme. Je suivrai vos tendres conseils: la pensée de vous m'arrêtera à ne jamais aller au-devant des périls: un signe de vous me suffit pour me faire reculer où il n'y aura aucun danger, comme il n'y en avait pas à Melnik. Vous savez que dès longtemps j'ai l'habitude de lire la loi de ma conduite dans vos beaux yeux. Mais en me donnant ce conseil, vous m'avez révélé une chose terrible, dont je dois savoir tous les détails. Vous avez été près d'être engloutie par l'eau? Mais quand? mais où? mais comment? Par nationalité, comme grenouille Hollandaise, j'ai toujours aimé l'eau et j'espère que c'est | |
[pagina 264]
| |
par exagération, que vous élevez contre mon cher élément l'accusation d'avoir attenté à votre précieuse vie. Je ne me suis pas moins amuséGa naar voetnoot1) à apprendre par votre lettre le récit des exploits héroiques de Madame Simon lors de l'incendie de l'hôtel du Gouvernement. Elle a mérité la couronne civique. Dans la lettre que je lui écris, je lui en fais mon compliment. J'espère qu'elle n'aura pas vu la vôtre. Ce serait dommage. Car je lui débite à ce sujet ‘une bourde’, comme dirait Mademoiselle Titine; et tout serait perdu si elle découvrit trop tôt que tous mes renseignemens me viennent de vous. J'espère que le temps vous aura déjà permis d'aller aux Boncelles. Et puis vous allez vous amuser à Flémalle, si vos parents le permettent. Mais vous n'y songez pas à demander ma permission à moi. Si je m'y opposais? Car mes pensées ne peuvent vous y accompagner comme à Boncelles ou à Rocour. J'ai d'abord regardé la carte de la Belgique: par un miracle inexpliquable le nom de Liège y était remplacé par le nom de Julie; mais Flémalle n'y est par marqué. Par générosité cependant je veux bien vous accorder d'y aller, à condition de recevoir une description détaillée du lieu et du plaisir que vous y éprouverez. Pour cette fois je ne vous raconte rien de Vienne. Je suis pour le moment trop préoccupé de votre fête, de notre amour, de vous et un petit peu de moi-même toujours en rapport avec vous. Aujourd'hui la ville est parsemée de jolies petites filles en robe blanche, les cheveux couronnés de fleurs, qui viennent de faire leur première communion. J'aurais voulu vous voir à cette époque: vous avez dû avoir l'air d'un petit ange. Si vous me trouvez un peu fou et extravagant aujourd'hui, c'est que toute ma gaîté m'est revenue avec votre chère lettre. Qu'avez-vous dit de la précipitation avec laquelle je vous ai fait part de mes inquiétudes et de mes soucis en ne recevant pas la vôtre? Il faut me pardonner, chère Julie. La | |
[pagina 265]
| |
tête me tourne un peu quand je pense à vous et cela ne cessera que lorsque je vous aurai revue - pour recommencer de plus belle. Encore quelque chose, que la méchante Titine qualifierait d'extravagance. J'espère qu'il fera un beau clair de lune le soir du 21 à Liège et à Vienne. Je ne suis pas lunatique, mais je me propose d'aller me promener ce soir-là, avant de me coucher, au Prater, et je désire que ‘lè baîté’ puisse vous assurer, que je le fais en pensant à vous. Adieu, ma toute chère fille aînée de vingt-deux ans. Soyez bien heureuse le jour de votre fête et pensez un peu et écrivez bien vite à Votre René. Vienne, 15 Mai 1845.
Cher René
Vous avez bien compté les jours pour que votre lettre arrive la veille de ma fête et de plus le matin, c'est Maman qui me la donnée, accompagnée d'un beau lilas et me souhaitant une bonne fête en votre nom; c'est vous le premier qui me l'avez souhaitée, vous ne pouvez douter que cela m'a fait d'autant plus de plaisir. Vous comptez, dites vous, venir dans deux mois; au premier abord j'ai cru que c'était pour tout; mais j'ai bien été trompée, c'est au contraire pour faire vos adieux et ensuite vous éloigner encore d'avantage; quand donc ce voyage sera-t-il à son terme? il paraît que pour célébrer le jour de ma fête vous vous êtes proposé de bien vous dorloter (comme on dit ici), je vous en félicite, vous auriez bien dû au moins m'inviter à partager votre diner; il est vrai que j'en profiterai toujours puisque vous aurez bu a ma santé trois verres de St. Julien. qui sait si ce n'est pas cela la cause que j'ai aujourd'hui mal a la tête: vous direz que je ne dois pas avoir fort mal puisque je vous écris, c'est vrai, ce n'est qu'un petit froid que j'ai gagné, depuis deux au trois jours; ici la temperature est si froide que l'on se vête encore comme en hiver. Heureusement que j'ai profité des premiers beaux jours, que nous avons eu, pour aller au Boncelle où je suis | |
[pagina 266]
| |
restée deux semaines. Je suis revenue avec une figure de véritable paysanne, aussi l'on a beaucoup ri de me voir une peau brune comme l'on a ordinairement a la campagne. J'espère que si tot que le temps le permettera j'irai de nouveau me brunir pour votre arrivée ici; peut-être ne me reconnâitrez vous pas; si cela est j'en rierai de bien bon coeur, ce ne sera plus au Boncelle que j'irai, c'est à Flémalle, je vous remercie beaucoup de ce que vous me permettez d'y aller; si vous me l'aviez défendu je crois que j'y serai toujours allée; cependant je tacherai de remplir les conditions que vous joignez a votre permission. Vous croyez donc que c'est exageration quand je vous dis que j'ai été près d'être engloutie par l'eau; c'est bien la vérité, mais il y a de cela plusieurs années j'étais alors bien jeune, cependant je ne l'oublierai jamais; avant que cela n'eut lieu c'était tout mon plaisir d'aller sur l'eau, mais depuis ce moment je crains beaucoup de m'y exposer de nouveau, je ne me souviens pas comment cela est arrivé. C'est grand domage que votre boude n'a pas réussi a tromper Maman, elle avait vu ma lettre. Comme je vous l'ai déjà dit, je laisse voir nos lettres à Maman, et pourquoi ne le ferai-je pas puis qu'elle est au courant de tous, vous devez même en être content parceque lorsqu'elle voit que vous désirez une réponse, de suite elle me presse de vous écrire; quelquefois si elle n'était pas là je retarderai ma lettre de quelque jours, par exemple aujoud'hui, si elle ne m'avait pas envoyée à ma chambre pour vous écrire il est possible que je ne l'aurais pas fait parce que j'étais un peu paresseuse a cause de mon petit mal de tête. Maintenant me voici a un autre chapitre, vous me demandez cher René si lorsque vous viendrez, je me laisserais embrasser sur le frond avant de partir; que faut-il répondre a cette question, si c'est non, que direz-vous; je crois qu'il faudra bien dire oui; dois-je ajouter ‘pas plus’? J'espère que dans votre prochaine vous me détaillerez tout ce que vous aurez vu de beau a Vienne, cela me plaît beaucoup, du reste vous ne pourriez pas continuer a me débiter de si belles choses que dans la dernière; à la fin cela pourrait vous ennuyer, je ne sais pas, comme vous, faire de beaux compliments; que diriez vous si je commencais a | |
[pagina 267]
| |
vous nommer charmant, aimable, adorable René etc. etc., riez, riez, je le veux bien, vous méritez tous ces titres chaque fois que vous me les donnez. Moi aussi je rie, et Maman lorsqu'elle rencontre ces doux mots ne peu s'empecher de rire avec moi. Vous allez vous plaindre que je suis méchante aujourd'hui, il faut me le pardonner, c'est peut-être mon mal de tête qui me donne un peu de fievre, nous verrons si vous vous corrigerez; si point, garde a vous, je vous ferai a mon tour une lettre de compliments. Adieu, cher René, modérez vous un peu, ce n'est pas que je veux dire de ne plus penser a Liege, le 24 Mai 1845. Votre Julie.
P.S. Si vous voulez avoir la complaisance d'aller a la poste vous y trouverez une lettre a votre adresse de mon frère Louis, il vous demande, s'il ne vous était pas possible de lui procurer un employe quelconque sans que cela puisse vous déranger de vos occupations, il a cru ne pouvoir mieux s'adresser qu'a vous qui voyagiez beaucoup, cela lui est indifferent dans quel pays que ce soit pourvu qu'il ait une occupation, et qu'il puisse gagner un peu d'argent, il est inutile de vous dire, que je vous le recommande moimême. Il vous souhaite le bon jour, et attend impatiemment votre réponse.
Monsieur!
Je ne crois pas abuser de votre complaisance ni même la mettre à une trop grande épreuve, en venant vous demander de vouloir bien me rendre un service; voici sans autre préambule ce dont il s'agit: Je désire m'expatrier; je vois que je ne puis me créer un avenir en Belgique, c'est donc à l'étranger, bien loin de Liège, que je chercherai le chemin de la fortune. Pour arriver à mon but, je crois bien m'adresser en vous écrivant; toutefois, je ne le fais pas sans recommandation, une main que vous connaissez appuiera ma demande. Obligez-moi donc, Monsieur, en vous informant à Vienne, ou par des intermédiaires en Russie, en Italie ou n'importe dans quel pays, quelqu'éloigné qu'il soit de ma patrie, si l'on ne pour- | |
[pagina 268]
| |
rait m'employer. J'ai travaillé pendant cinq années dans des ateliers de construction de machines et moulins à vapeur, j'ai tenu une comptabilité d'atelier, je connais le commerce et en peu de jours je puis être au courant d'une besogne qui me serait tout à fait étrangère. Je connais aussi le dessin des machines. Je puis donc être employé comme aide-ingénieur, mécanicien, conducteur de travaux, surveillant aux chemins de fer, secrétaire particulier d'un monsieur quelconque, ou dans une maison de commerce. Il peut y avoir aussi d'autres emplois que je ne connais pas, ou que je ne cite pas, tels que: intendant d'une bonne maison etc., etc. ou bien encore receveur d'un richard, enfin toute place m'est bonne pourvu qu'elle ne soit pas avilissante et qu'elle me donne pour vivre indépendant. Je dois vous dire que je ne connais que le français, ah pardon je connais aissi...le wallonGa naar voetnoot1), mais cette langue ne peut me servir en Russie je crois. L'on m'a promis une petite place dans une fonderie de fer près d'Amsterdam, mais une promesse n'est pas une certitude; ainsi donc, afin d'avoir plus de chance de succès, je tends plusieurs cordes à mon arc, celle-ci par exemple est un peu longue, car elle s'étend jusqu'auprès d'Alexandre. Je suis certain d'avance qu'il ne dépendra pas de vous si je ne reçois pas de bonnes nouvelles d'ici à peu de temps, dans tous les cas je vous devrai de la reconnaissance, ou pour la place que vous m'aurez obtenue ou pour les peines que vous vous serez données. S'il était possible d'avoir de l'emploi pour deux jeunes gens, un de mes amis voudrait aussi suivre mon projet; cependant moi d'abord, lui après ou en même temps. Comptez sur l'amitié de votre bien dévoué Liège le 14 Mai 1845. L. Simon.
Het is wèl de latere ‘man van twaalf ambachten’, die hier aan 't woord is. En, al was die brutaal-rondborstige schrijverij niet onsympathiek, - het was een onmogelijk verzoek. Hoe wilde een ambteloos vreemdeling zonder andere dan enkele wetenschappelijke relaties, stappen doen | |
[pagina 269]
| |
om een reeds 28-jarige, van wien hij niets positiefs verzekeren kon, aan een baantje te helpen? In elk geval bleek er Julie's lief vertrouwen en hoog opzien uit. En - het dient er bijgevoegd - hij had haar ook wel eens wat te veel maatschappelijke gewichtigheid gesuggereerd. Wat moet hij doen? 't Geldt Julie's liefste broer. En het is de eerste dienst, dien zij hem vraagt, - nadat hij haar menigmaal verzekerd heeft, alles voor haar over te hebben. Hij weet er weinig weg mee, en pas aan het eind van zijn brief komt hij tot antwoorden op dit punt, waarop Julie zeker ditmaal allereerst antwoord verwachtte.
Auriez-vous jamais cru, toute chère Julie, que voss binamé grô pourrait recevoir de vous une lettre aussi aimable sans y répondre pendant presque quinze jours? Je ne l'aurais pas cru moi-même et cependant je n'étais ni malade, ni de mauvaise humeur, ni moins amoureux. C'était une abstinence que je devais m'imposer moi-même. Car je commence à craindre que la fainéantise des Viennois n'ait quelque chose de contagieux. Depuis longtemps j'étais chargé de rédiger une mémoire qui me coûtait une infinité de recherches et beaucoup de travail. Les recherches, je les avais faites avec assez de zèle et d'assiduité, mais pour les mettre en ordre, enfin pour terminer ce que j'avais entrepris, je ne sais quelle indolence m'empêchait de mettre la main à l'oeuvre. Cependant des lettres m'arrivaient pour insister sur l'accomplissement de ma promesse. Elles n'auraient guère eu quelque succès sans votre coöpération. Je me suis dit à moi-même: Mon cher gros, tu n'auras pas le plaisir d'écrire à ton ange, avant que tu n'aies satisfait à ces exigences si justes. Et l'effet de cette menace a été que j'ai envoyé hier un paquet assez pesant de griffonageGa naar voetnoot1) en Hollande, qui y arrivera seulement un jour au-delà du terme qu'on m'avait fixé. Je suis heureux | |
[pagina 270]
| |
d'en être quitte et je saisis avec avidité ma récompense, qui sera de causer à loisir avec vous. Vous voyez, ma chère enfant, que je n'ai pas besoin d'une Maman, qui me chasse à ma chambre pour vous écrire. Votre dernière lettre m'a rendu extrêmement heureux. C'est en effet un éloge que je pourrais donner en commun à toutes vos lettres; mais la dernière surpassait encore les autres en cette belle qualité. Il est vrai que vous vous plaigniez d'un petit mal de tête, mais j'ai la conviction que le mal sera diminué en m'écrivant. Vous me paraissiez bien gaie, et rien ne me donne plus de joie que quand je m'aperçois que ma Julie est contente. Le jour de votre fête, je l'ai célébré comme je vous l'avais dit. Je ne savais pas que ce jour-là était la Fête-Dieu. Quand le matin je voyais tous les gens endimanchés et plus riants que de coutume, je leur savais gré de sympathiser à mes sentimens. Je me disais d'abord: ma chère Julie sera belle aussi aujourd'hui, elle aura mis sa robe gris de perle! - je l'aurais presque dit si je ne m'étais avisé que la robe aurait vieilli depuis que je ne l'ai plus revue et que du reste ce n'est pas une robe d'été. En faisant ces réflexions-là, une singulière fantaisie d'amoureux m'est venue. Vous en rirez encore, mais j'ai un terrible désir d'y satisfaire, quoique ce soit à peine que j'ose réclamer cette bonté de vous. Je me recommande à votre indulgence. Eh bien, pour que toute ma Julie soit bien présente à mon imagination, ayez la bonté de me communiquer quelques détails de garde-robe: par exemple de quelle couleur et de quelle forme est la robe qui a remplacé ma favorite gris de perle. J'espère que vous n'y aurez pas fait comme à la robe brune des manches de religieuse. Elles ne vous vont pas si bien: vous êtes trop religieuse intérieurement pour en porter l'habit en dehors; puis de quelle couleur et de quelle forme sont votre chapeau et votre shawl; surtout n'oubliez pas de m'informer si mon bracelet a été assez heureux de passer autour de votre main. Peut-être vous me reprocherez, que je suis infiniment niais. C'est l'air de Vienne qui exerce son influence sur moi et le contact de la diplomatie. Quant à l'air, il ne faut pas lui trop en vouloir, cet air-là me donne encore un | |
[pagina 271]
| |
rapport avec vous. Il me brûle ma peau. J'ai une figure de bronze. Vous aviez espéré que j'allais vous dire: n'exposez pas ce front serein au soleil de la campagne! n'allez pas gâter ce teint si transparent! Afin de vous désappointer, je ne le dirai pas; au contraire, je vous dirai: Brunissez vous toujours, je serais charmé de vous retrouver bien foncée, bien châtain. J'en ferai autant et à notre prochaine rencontre nous serons un joli couple de Créoles.
Nu behandelt hij de quaestie der ‘lieve naampjes’, waarom Julie en Moeder Simon soms niet laten konden te lachen. Hij bekijkt het vraagstuk van alle kanten, met een ‘methode’, die den man der wetenschap ook hier niet begeeft. Doch is het dan ietwat te ‘beredeneerd’, telkens weer is hij heel frisch en mooi:
Riez de moi si vous en avez envie et que votre bonne Maman le fasse aussi. Je suis plus satisfait si vous riez de mon extravagance, que si vous pleuriez à cause de ma froideur. Parlons un mot au sérieux, mais au très grand sérieux, ma toute chère, et si votre Maman en lisant mes épanchemens ne puisse s'empêcher de rire, dites-lui avec une petite moue, comme vous savez si bien la faire, qu'elle n'en rie pas. Comment voulez-vous que cette modération, que votre incomparable modestie me prêche, tienne forme contre toutes les émotions qui m'accablent en pensant à vous: émotions d'estime, d'amour, de gratitude, de dévouement? Non chère Julie, vous avez tort de croire qu'il commencera à m'ennuyer de vous dire de belles choses. Je le ferai toujours: un jour quand j'aurai le bonheur de vous appeler mon épouse, je resterai toujours votre tendre amoureux, votre dévoué enthousiaste.
En nu heeft ze hem aangespoord, haar veel van Weenen te vertellen: wij kennen zijne indrukken van stad en volk. Opnieuw lucht hij zijn hart over dien adel, waarvan de stad vol is, ‘mais je n'ai jamais vu une si grande foule de nobles ignobles, dont la figure et le maintien porte à ce point l'empreinte d'un mauvais goût et d'une mauvaise éducation’, - over de vrouwen, die nergens ter wereld ‘plus déver- | |
[pagina 272]
| |
gondées’ zijn, - over het gebrek aan huiselijkheid en het futiel pret-leventje der Weeners, op straat, in de parken, in de theaters, bij hun volksspelen en hun wedrennen, bij hun muziek, hun acrobaten en goochelaars, hun kwakzalvers op alle gebied. Hij haat hun eeuwige ‘sourire insignifiant’: zij missen alle eerzucht en zijn zelfs te onbeduidend voor groote passies of voor de misdaad. Vervolgens verklaart hij de verachtelijke eigenschappen zijner Weeners uit de ontstentenis van volks-eenheid, uit de veelheid van rassen die er zich ontmoeten en tezamen een slecht Fransch plegen te koeteren, en eindelijk uitvoerig uit Weenens glorielooze geschiedenis: Voila ma chère Julie, un petit cours d'histoire, qui vous ennuyera beaucoup. Mais je devais vous expliquer pourquoi moi, Hollandais pur sang, d'une patrie dont l'histoire offrait (autrefois hélas) de si belles pages, dont la nation avait (autrefois hélas) un caractère si décidé, je me trouve mal à mon aise au milieu de cette populace ignoble.
Le quartier n'est toujours pas comme celui du No. 12: il y manque toujours une petite trappe dans le plancher et le beau coup d'oeil que me donnait cette même trappe; en compensation on m'a donné un canapé commode et un grand bureau. Je ne changerai donc pas de domicile. Le matin je m'y lève de bien bonne heure,Ga naar voetnoot1) je vous laisse à deviner quelle est ma première pensée. Mais non! je sens que je me trahirais tout de suite; car j'allais vous dire qu'en imagination je soutiens une lutte avec une certaine bien aimable personne, qui de nous deux, elle ou moi, soit le plus matinal. Je crois même que je l'emporte sur vous, non par mon mérite mais grâce aux circonstances. La méridienne de Vienne et de Liège diffère d'une heure entière et par conséquent, quand je me lève a six, j'ai la satisfaction de me dire qu'il ne sera que cinq heures a Liège et que peutêtre dans ce moment même ma toute chère s'occupera de prier pour moi.
Vous voyez, chère enfant, que par cette distribution de ma | |
[pagina 273]
| |
journée il me reste peu de temps à faire des promenades. Aussi par la semaine je n'en fais guère; le Prater est trop éloigné de ma demeure; il y a trop de monde dans les allées, et par conséquent il sent un peu la fumée et la bière: les deux passions du Viennois. Du reste si quelque chose pourrait me plaire à Vienne, ce serait que dans la ville même il y a répandu je ne sais quel air de campagne. A chaque pas vous rencontrez les Tyroliens dans leur costume si caractéristique; puis viennent les paysans du Steyermark, tout habillés de blanc (d'un linge il faut l'avouer un peu sale) et leurs larges chapeaux couronnés de guirlandes de fleurs. Leurs malheureux rejetons en haillons vous demandent l'aumône avec une importunité rebutante, mais dans leurs figures rustiques il y a quelque chose de si original, dans leur grands yeux il y a quelque chose de si romanesque, que vous ne leur refuserez pas quelques pièces de monnaye. En général les habitants de Vienne ont du moins le mérite d'aimer la campagne. Vous les rencontrez les souliers tout poudreux et les fleurs dans leur boutonrière. Il y a ici une profusion de fleurs et une quantité de fleuristes. Je trouve des bouquets, qui me font monter l'eau à la bouche, non pas pour les avoir moi-même, mais afin de les déposer dans un certain petit comptoir en honneur d'une bien jolie personne de ma connaissance.
Ten leste vertelt hij over een uitstapje naar den Brühl en van een voetreisje door Tirol, dat hij gezamenlijk zal doen met een jongen Engelschman, dien hij iederen dag op de bibliotheek ontmoet: - Si Monsieur l'Anglais est bien aimable, je lui ferai la confession que je suis amoureux, et que c'est à cause de cela que les impressions de la nature sur moi sont plus vives. A tout prendre, quel mal cela nous ferait-il, s'il veut raconter à Londres ou à Oxford qu'il a rencontré un gros Hollandais bien épris d'une demoiselle Liégeoise, de laquelle il ne savait par assez vanter les belles qualités. Oh, chère Julie, je vous aime d'un amour dont moi-même je ne me serais pas cru capable. Toute mon existence n'est qu' à vous et ne dépend que de vous et c'est avec d'autant plus de douleur que je dois aborder un point de votre lettre | |
[pagina 274]
| |
auquel malgré moi je ne saurais donner une réponse satisfaisante. C'est la lettre de Mr. Louis. Votre famille a eu tant de bonté pour moi qu' à cet égard même il aurait pu compter sur mon dévouement. Je ne dis pas que je ferai pour lui ce que je ferais pour un frère; je le considère déjà comme tel. Je lui sais même gré de la confiance qu'il m'a montré en m'écrivant, je lui sais gré encore davantage de la persuasion, que si je ne réponds à cette confiance, ce ne sera pas faute de bonne volonté.
En dan, eindelijk, zet hij in den breede uiteen, waarom hij waarlijk niets voor Louis kan doen; waarom alles wat hij beproeven kon, zoowel in Holland als in Weenen, tòch geen kans op succes zou hebben. Hij spreekt ook van aangewende pogingen, bij Prof. Bake en bij den Hollandschen Gezant, welke hij, de eene zékerGa naar voetnoot1), de andere hoogst waarschijnlijk, niet heeft aangewend; doch hij voegde er aanstonds aan toe, dat hij er zich niet het minste van voorstelde. En dus nam hij zelf maar den wil voor de - ongetwijfeld nuttelooze - daad. Want, wij zijn er stellig van overtuigd, Van den Brink hadde gedaan al wat maar in zijn vermogen was, indien hij er iets op geweten had. Terwijl hij er zich volstrekt niet bravelijk op toelei, niet egoïst te schijnen, en 't dan ook van harte wezen kon, - had hij aan den anderen kant eene natuurlijke goedhartigheid, die zich bijna geen grenzen wist te stellen en die zóózeer in zijn aard lag, dat hij er zich nauwlijks bewust van was en er zich nimmer op liet voorstaan. Hoeveel kostbare dagen en weken offert hij niet, met een zorgelooze vrijgevigheid, aan zijn vrienden en leermeesters, om wetenschappelijke nasporingen, enkel ten hunnen profijte, te doen. En, wat hier meer nog zegt, hoeveel vervelende moeite zal hij zich later niet getroosten (en zonder éénigen ophef) ten behoeve der familie Simon. Hij geeft Louis alleen den raad om, wil hij in 't buitenland slagen, Engelsch te leeren: | |
[pagina 275]
| |
Si j'étais à Liège, je proposerais a M. Louis de lui en enseigner autant que j'en sais moi-même. J'espère qu'il aurait été plus docile que vous, ma toute chère, ne l'étiez en apprenant le latin. Vous auriez dû employer du moins quelque étude pour comprendre mes beaux vers et ne pas confier la traduction à M. le vicaire, qui les a mis, je crois, sur l'index des écrits prohibés. Je n'ose augmenter le poids de cette lettre en y ajoutant encore une pour votre bonne Maman, que vous saluerez mille fois de ma part. Les lettres pour M. Louis et pour Titine sont ci-incluses. Mais il faut qu'il me reste encore assez de place pour vous assurer que le contenu de cette lettre comme de toutes mes lettres se résume dans l'aveu renouvelé que je veux vivre et mourir comme Vienne, 13 Juin, 45. Votre bienaimé Gros.
Kort na het verzenden van dezen brief ondervond Van den Brink eene grievende teleurstelling. Begeerig, ten behoeve zijner studiën over den Nederlandschen vrijheidsoorlog, ook de Weener archieven te doorzoeken, had hij zich tot onzen gezant gewend. Baron Van Heeckeren maakte nog den eigen dag werk van de zaak, doch Vorst Metternich eischte een aanvraag der Nederlandsche Regeering zelve. De Nederlandsche Regeering - uit vage vreesachtigheid, en wellicht omdat Van den Brinks wijze van geschiedbeschouwing, in de bëoordeeling van Prins Willem I, haar niet beviel - weigerde. Maar Van den Brink zou niet op den ‘wilden kop’ van Frans Hals geleken hebben, als hij 't daarbij gelaten had. Hier was niet alleen hij persoonlijk, hier was de wetenschap zelve aangetast, en méér nog dan zij: ‘het heiligste beginsel van Holland: onbelemmerde vrijheid van onderzoek’. Op 18 Juni verzendt hij naar Holland zes brieven tegelijk. Aan zijn moeder schrijft hij:
Ik heb op het oogenblik in den brief aan van Hees, vijf brieven in te sluiten, welke alle haast hebben en heb het daardoor zoo drok, dat ik zou volstaan hebben met u mijne groete te laten overbrengen, ware het niet dat gij mij zelve geschreven hadt en ik uw teederen brief wilde bëantwoorden. Ik voeg hier in korte woorden bij, dat ik wel ben, maar dat eene | |
[pagina 276]
| |
weigering op zekere aanvraag door mij aan het gouvernement gedaan, mij niet neerslachtig gemaakt heeft, maar woedend en wraakgierig. Wat zij gedaan hebben, zal hun berouwen.
Niet minder dreigend is de toon aan D.D. Büchler.Ga naar voetnoot1) ‘Belemmeren zal men den gang van mijn onderzoek niet, maar het zal nu zooveel mogelijk de rigting nemen om dwars tegen eene regeering in te gaan, die ik van dit oogenblik af haat en waaraan ik slechts wraakademend denk’. Met Potgieter bespreekt hij het wagen eener laatste poging bij de regeering, ‘eer ik opentlijk alarm en schandaal maak’. (Brfw. blz. 136) Aan Prof. Bake eindelijk heet het: ‘Zoo gij door Uwen invloed... iets voor mij kunt uitwerken, ik bid U doe het dan: want waarachtig! ik maak spektakel!’ (blz. 129) Het is een verrukkelijke episode, waarin dit geuzen-temperament zich evenzeer toont als de hartstochtelijke geschiedvorscher en de man van karakter. En dermate nam hem die zaak in beslag, dat hij een àndere zaak, die anders wel geschikt ware geweest hem in 't vuur te brengen, voor 't oogenblik opgewonden voorbijging. - Men herinnert zich, hoe hij, te Breslau nog, een brief van Prof. Bake, gedateerd van 16 Febr., aangaande zijne verbindtenis met Mej. Toussaint ontvangen had. Toen hij dien brief maandenlang onbëantwoord liet, schreef Bake, die vreesde zijn gevoeligen vriend te hebben gekwetst, ten anderen male. Doch als dan dien 18den Juni Van den Brink zich tot schrijven zet, dan verontschuldigt hij zich op dat teêre punt en handelt voornamelijk over de weigering der Nederlandsche Regeering in zake zijne archief-onderzoekingen. Eerst den 29sten Juni komt hij ertoe, aan Bake den grooten brief te schrijven, waarin hij de steeds nog haperende fout zijner verhouding tot Truitje Toussaint zoo scherp belicht. Deze hoog-gevoelende jonge vrouw en deze onstuimige mannen-geest, hoe diep begrepen zij elkander, en konden elkander niet baten. | |
[pagina 277]
| |
‘Ware Jufvr. Toussaint eene gewoone vrouw geweest’, schrijft Van den Brink, ‘de zaak had de gewoone loop moeten hebben; onze betrekking ware prosaisch afgebroken door de materiele onmogelijkheid van het voortzetten dier betrekking. Maar hier werden de droomen verstoord eener levendige fantasie, die op de vleugelen van liefde door alle hemelen, dat is door alle mogelijke en onmogelijke vooruitzigten, gedragenwas.’ En wat schreef zij, eens, van haar kant aan Potgieter?: ‘Maar ik zeg U, als men mij die (de hartstogten) afneemt, c'est me briser les ailes....’Ga naar voetnoot1) Niet minder doorvoelde op hare beurt, en van den aanvang af, Mej. Toussaint den aard van haren vriend, toen zij, hare verloving aan Willem de Clercq meldende, schreef: ‘....en zoo zal de liefde een man als deze nog gered hebben uit zijn indolentie, voor het vaderland, voor de letteren - voor waar niet voor? Kent men de wegen Gods?’ Zij kon niet vermoeden, dat deze woorden niet haarzelve zouden betreffen; dat zij waren: een profetie. Een profetie van hoe later ‘in de stille diepten van het menschenleven eene ziel gered (zou worden) door de liefde’ - voor en van.... een andere.Ga naar voetnoot2) Zij had de diepten van Van den Brinks bestaan geproefd en wist wat het noodig had. Zij gevoelde, dat een reine hartstocht het tooverwoord moest zijn, dat zijn rustelooszwalpend leven verlossen zou. En hij ook heeft aanvankelijk gemeend, een reinen hartstocht gevonden te hebben, - niet aanstonds bemerkende, dat zijne bewonderende genegenheid voor de bewonderenswaardige vrouw vooral rein en niet zoo zeer hartstochtelijk was; dat zij was: cerebraal. Truitje echter kreeg haren vriend wèl zeer hartstochtelijk lief; haar brieven aan Potgieter getuigen het.Ga naar voetnoot3) Doch Van den Brink was een dier mannen, wier hartstocht niet door hartstocht gewekt wordt, en zeker niet door den goeddeels | |
[pagina 278]
| |
intellectueelen hartstocht eener zoo hoog intellectueele vrouw, - maar veeleer door schroomvallige kuischheid en koele terughouding; door de dichtgeloken, bedauwde rozeknop, waaronder zij den teêren gloed sluimeren weten, wanneer die eenmaal openluikt, van de gedachtelooze, geurende, zich gevende roos. En zoo zou deze machtige, maar zwakke man, niet gered worden door den edelen hartstocht der gevierde romanschrijfster, doch door het simpele Luiksche meisje, even goedlachsch als schuchter, en even naief als lief en trouw.
Hoe kon, in dienzelfden brief aan Bake, de zwakheid hem verleiden, Julie te verloochenen en, na zijn nieuwe liefde te hebben bekend, aan die bekentenis toe te voegen: ‘maar toch gevoelde ik dat de gedachte die mij beheerschte, eene schandelijke ontrouw (aan Truitje) was, en ik geloof dat ik haar meester ben geworden.’ Na zijn langen liefdebrief van 13 Juni had, het is waar, zijn vaderlijke vriend hem waarschijnlijk opnieuw over Truitje geschreven, en, wat meer nog zegt, hij kreeg ook, juist in dien tijd, een brief van Truitje zelveGa naar voetnoot1); een brief waaruit hem niets was gebleken, ‘dat van hare zijde naar eene wensch tot verandering (hunner) wederzijdsche betrekking zweemde’Ga naar voetnoot2). Doch dat hij daardoor aan 't wankelen gebracht zou zijn, dat het gevoel van plicht en dankbaarheid tegenover Juffrouw Toussaint zou hebben gezegevierd, al was 't maar gedurende de weinige oogenblikken dat hij de woorden neerschreef, over zijn liefde voor Julie, - wie zou het willen aannemen van den man, die zijn laatsten brief aan de geliefde besloot met de woorden ‘je veux vivre et mourir comme votre René’? Ook tegenover Julie had hij zijn dure plichten en gevoelde hij ongetwijfeld een nog veel inniger dankbaarheid. Door de heiligste liefde was hij aan haar verbonden, terwijl hij aan Truitje nog slechts verbonden was door een schijn, om harentwille voortdurende. Men zou nog kunnen vragen: heeft, al schrijvende, al zich verdiepende in Truitjes lot, hij misschien niet gevoeld, hoe- | |
[pagina 279]
| |
veel heviger Truitje hem liefhad dan Julie tot dusver deed, en dat hij Truitje bijgevolg nòg ongelukkiger ging maken, dan Julie worden zou, indien hij háár prijsgaf? - Maar voor een dergelijke gevoelerige edelmoedigheid was Van den Brink veel te gezond egoïst en veel te helder van doorzicht. Hij had immers eene vrouw als Truitje, zonder liefde, geen waarlijk geluk kunnen geven? - En waar hij Truitje, die hij niet meer liefhad, door zijn misschien te groote gevoeligheid, den slag maar niet kòn toebrengen, - zou hij daar één oogenblik de gedachte kùnnen hebben gehad, zijn aangebedene liefste te verlaten en een zoo felle pijn aan te doen? Van den Brink echter was zeer schaamachtig. Men heeft zijn strijd gezien, om zijn verleden aan Julie te bekennen, zijn zwaarderen strijd om zijn schaamte te verwinnen tegenover de familie Simon. - Hij moet nog beschaamder geweest zijn voor wat hij thands te bekennen had; en zijn vereerde leermeester stond in dit opzicht oneindig ver van hem af. Men herinnert zich wellicht onze beschouwing over het ietwat harde en nuchtere van Bake's brief van 16 Februari. Het ware Van den Brink uiterst pijnlijk geweest, een liefde te bepleiten, die geen pleit behoefde, en daarbij de ontstemmende gedachte te hebben, dat zij, in steê van begrepen te worden, wellicht tot een aanstoot zou zijn. - Twee jaar laterGa naar voetnoot1) zal hij het Bake bekennen: ‘Vergeef mij, dat ik U toen niet met meer opregtheid antwoordde: ik hield mijn geheim nog in mijn hart besloten’. Toch, op het oogenblik, dat hij het heilige wonder zijns levens een schandelijke ontrouw noemde, die hij meester zou zijn geworden, - toen moet de Petrus, die in hem, zoo goed als in elk feilbaar mensch, woonde, verbleekt zijn door he hanegekraai van zijn geweten.
Het zou een sombere zomer worden voor Bakhuizen van den Brink. In zijne wetenschappelijke verwachtingen teleurgesteld, zag hij met bitterheid de vacantie naderen, dat de bibliotheek gesloten zou zijn en hij zelf werkeloos. Dan, het werd 1 Juli, het werd half Juli, en op zijn brief van 13 Juni kwam nog steeds geen antwoord van zijn liefste. | |
[pagina 280]
| |
- Zes dagen was een brief onderweg; liet ze een week met antwoorden hebben gewacht, dan had er toch op 1 Juli bericht van haar moeten zijn... En, meer dan ooit, overmeesteren hem de zwartste voorgevoelens. Eindelijk, 20 Juli, wordt hem het wachten te bang.
Ma toute chère Julie!
Je suis au dernier point d'inquiétude et d'angoisse. Les tourments que j'éprouve ne peuvent se comparer qu'à ceux auxquels j'étais en proie, lorsque j'avais écrit en février à votre frère Eugène. Je ne dors pas la nuit, car la pensée de vous m'éveille à chaque instant. Je me demande pourquoi vous ne m'écrivez pas. La dernière lettre que j'ai reçue de vous, porte la date du 28 Mai: ainsi il y aura à peu près deux mois que je n'ai de vos nouvelles. Qu'ai-je commis pour que vous m'infligiez une punition qui est presque audessus de mes forces. Vous connaissez mon caractère, chère enfant: vous m'avez même souvent conseillé de mettre plus de modération dans mon amour pour vous. Jugez donc combien, avec un tel caractère, je dois souffrir, dès que le doute s'élève dans mon esprit que vous ne répondiez plus à cet amour. Oui, chère Julie, dans ce cas-là vous me briserez, mais vous n'entendrez pas un seul réproche, une seule accusation. Vous serez toujours pour moi ce saint idéal, dont je me suis souvent déclaré indigne. Cette main que vous m'avez tendue, m'a relevé, m'a soutenu, m'a dirigé: grâce à elle je formais de nobles projets, je nourrissais de bienheureuses espérances. Si vous me la retirez maintenant, mon avenir est funeste. Oh, chère, toute chère Julie! je vous aime, autant qu'on peut vous aimer, autant que vous êtes digne d'être aimée. C'est cet amour qui fait la plus grande partie de mon existence. Sans cet amour, il n'y a pour moi que ténèbres et néant. Ce langage est passionné, j'en conviens, mais il doit bien l'être, poussé à bout, comme je suis, par une incertitude qui me tue. Vous-même m'écriviez, il y a quelque temps: ‘Jugez un peu de l'inquiétude dans laquelle je me serais trouvée | |
[pagina 281]
| |
en ne recevant de vos nouvelles’. Je vous répète votre phrase en l'appliquant à moi. Oh de grâce, toute chère Julie, dites-moi le sacrifice que vous exigez de moi: je n'hésiterai pas un seul instant; mais je vous prie devant Dieu, qui vous bénira à cause de cette céleste bienveillance que vous aviez jusqu'ici pour moi, ne m'abandonnez pas! Encore je ne puis m'habituer à cette pensée qui porterait un coup funeste á tout mon avenir. J'aime mieux croire que ou une lettre que vous m'avez adressée, ou ma dernière du 15 Juin environ s'est égarée. En tout cas, vous me pardonnerez que je vous écris: je ne vous reproche pas votre silence. Oh non! ma bienaimée; seulement je vous supplie de me donner une explication, et si cela vous est possible, même courrier par courrier. Car le mois d'Août est prochain et vous savez quels sont mes projets pour ce mois. Je me flattais même que vous applaudissiez à ces projets et que vous les encouragiez par cette ravissante promesse que j'ai relue tant de fois dans votre dernière. Mais comment oserais-je me mettre en voyage pour Liège, sans avoir reçu l'assurance que vos dispositions à mon égard n'ont point varié? - La bibliothèque se ferme au commencement d'Août; je n'y ai pas fait tout ce que je m'étais proposé de faire, mais enfin il faut mettre un terme à tout, même aux recherches scientifiques. Toutefois je devrai attendre avant de partir de Vienne une réponse de mon gouvernement. Je voudrais ajouter à cette lettre tous les détails que je vous ai promis dans ma dernière. Mais cette incertitude me ronge le coeur. Il m'est impossible de rire, d'être gai, ou de voir le beau côté des choses tant que je souffre sous cette impression inquiétante. Le mois de Juillet vraiment est un mois terrible pour nos amours. C'était en Juillet de l'an passé que vous ne pouviez pas, ou que vous n'osiez pas avouer, que vos sentimens répondaient aux miens. Les mois suivants ont changé la douleur que cette réponse me causait en une félicité indicible. Qu'il en soit de même cette fois-ci. Que le mois d'Août m'apporte la confirmation de cet aveu, qui ne perd rien de son influence sur moi, à être répété cent fois. Cette lettreci partira le 21, vous l'aurez le 27. Ainsi je pourrai avoir | |
[pagina 282]
| |
une réponse le 2 ou le 3 d'Août. Je vous prie, ne me désappointez pas. Ainsi encore une fois, Julie, courrier par courrier, un mot de réponse de vous, et si c'est possible un mot d'amour pour Vienne, 20 Juillet 1845. Votre René.
Er kwam geen antwoord. In hoe groote ongerustheid hij verkeerde, blijkt wel uit den aanvang van den brief, welken hij 5 Aug. aan Potgieter schreef - Potgieter, die niets van zijne verhouding tot Julie afwist en volstrekt niet vermoeden kon, wàt Van den Brink eigenlijk bedoelde - doch zijn hart uitstorten mòest hij: ‘Ik had gaarne een helderder oogenblik te baat genomen om u te schrijven, dan dit is, waarin ik ten gevolge van het mij onbegrijpelijk uitblijven van verlangde tijdingen, aan eene neerslagtigheid ten prooi ben, die ik te minder kan bestrijden, omdat het wapen daartegen, arbeid, mij ontbreekt. Drie dagen geleden is de Keizerlijke bibliotheek voor de maand Augustus gesloten. Ik ben dus gedwongen op mijn eigen vet te teeren, en dat zou misschien ruim genoeg kunnen strekken, maar ik zal u niet behoeven te zeggen, hoe doodend voor alle lust tot werkzaamheid ongerustheid en zorg is. Beide zijn (tot) het hoogste toppunt gestegen; want het wegblijven van alle tijding sedert meer dan eene week dat ik die verwachtte, kan ik aan niets anders dan aan een groot onheil of aan het verloren gaan van een of meer brieven toeschrijven.’ Zes dagen later schrijft hij aan moeder Simon; nu niet meer met een grapje, als waarmee hij den vorigen aan Julie begeleidde: ‘Dans sa dernière ma chère Julie m'écrivait que vous l'envoyiez de temps en temps à sa chambre pour m'écrire. Je désirerais que vous fissiez encore une fois usage de votre autorité maternelle’, - ditmaal is voor grapjes de angst te nijpend. En waarlijk niet zonder reden. Want als er niet weer een - nu hoogst onwaarschijnlijk, want tè langdurig - postverzuim in 't spel is, dan is dit volkomen stilzwijgen ziekte of erger, indien niet... het doordringen van geruchten, die, vóór dat de tijd rijp zou zijn, een onherstelbare breuk veroorzaken konden. Gesteld, dat Julie de rauwe, uiterlijke ‘waarheid’ omtrent Truitje ware overgebracht; dat haar de | |
[pagina 283]
| |
naakte aanklacht hadde bereikt; ‘maar je z.g. verloofde is geëngageerd met een beroemde Hollandsche romanschrijfster,’ zou een dergelijke verzekering een karakter als Julie er niet toe kunnen brengen, in bittere verontwaardiging voor immer te zwijgen?
Madame!
Je ne puis me persuader que mes deux lettres, celle du courant de Juin et celle que je vous ai envoyée le 21 Juillet, ne soient parvenues à leur adresse. Je dois plutôt supposer qu'un fâcheux obstacle ne vous ait empêchées, vous et Julie, d'y répondre. C'est pourquoi je dois renouveler ma prière et vous supplier humblement de m'accorder quelques mots, quel qu'en doive être le contenu. A notre entrevue l'hiver dernier, Julie m'a promis, qu'elle ne ferait jamais ce qu'elle avait fait dans la lettre qui s'était égarée, c'est à dire, qu'elle ne romprait jamais si brusquement notre liaison pour ne pas me permettre de lui récrire. Après les explications que j'ai données spontanément à Julie, je lui ai laissé entière liberté de retirer la parole qu'elle m'avait donnée. Elle m'a mis au comble de bonheur en ne la rétractant pas. Mais alors, en mettant sa parole à sa disposition, je l'ai priée de ne jamais suivre les insinuations qui pourraient lui arriver à mon égard, sans s'expliquer franchement avec moi. J'avais un peu le droit d'agir de cette manière puisque je lui avais montré de la franchise, et elle m'a paru consentir à cette condition. Je comptais donc que si quelque considération postérieure pourrait affecter ses sentimens envers moi, elle m'en ferait part. Elle aurait pu se confier à mon amour. Car quand je dis, que j'aime Julie sincèrement, je l'entends dans ce sens, que je me consacre tout à fait à elle: qu'aucun sacrifice ne pourrait être assez grand ou assez douloureux, que je ne le lui ferais pas - dussé-je lui sacrifier moi-même, mon bonheur, mon avenir. Oui, Madame, même si les sentimens de Julie n'auraient pas répondu aux miens, elle aurait toujours acquis des droits immuables sur ma reconnaissance et mon estime. Je le répète, Madame, dans une situtation, qui s'approchait du | |
[pagina 284]
| |
désespoir, l'amour que m'inspirait Julie m'a soutenu, m'a relevé, m'a remis sur le bon chemin. Elle a été pour moi un ange du ciel, et quand j'étais éloigné d'elle, la pensée d'elle m'a retenu de tout écart, dont vous comprenez combien, dans une vie errante et libre comme la mienne, les occasions étaient fréquentes. Je le proteste hautement: si peut-être avant que je la connusse, j'étais indigne d'aspirer à sa main, depuis que je la connais, depuis que je l'aimais, je ne le suis plus. Julie est mon unique pensée, qui m'accompagne dans la journée, la pensée avec laquelle je me lève et je me couche, la pensée qui se mêle aux prières que j'adresse à Dieu, aux projets que je fais pour l'avenir. Dans cette disposition, je n'aurai pas besoin de vous dire, combien il me doit être pénible de ne recevoir pas un mot de sa part. Je suis en proie à tous les doutes, à toutes les craintes, aux plus tristes pressentiments. La nouvelle la plus écrasante serait une torture moins terrible, que l'incertitude où je me trouve à présent. Toutefois Madame je n'écris pas à Julie cette fois-ci. Il se pourrait que son silence lui fût imposé par une influence, dont elle reconnaît l'autorité. Je connais un peu le caractère de Julie: si elle croyait devoir sacrifier mon amour à son devoir, il lui serait pénible de me faire une communication qui me rendrait infiniment malheureux. Je ne veux pas lui faire peine et c'est pour cela, que je ne lui écris pas. Mais les considérations qui puissent agir sur Julie n'existent pas pour vous, Madame. Tout en reconnaissant avec gratitude la part que vous avez toujours voulu prendre à nos amours, j'insiste à ce que vous m'expliquiez aussitôt que possible les motifs, qui ont mis cet obstacle à ma correspondance avec votre fille. Je vous donne entière liberté, Madame, de laisser ignorer à Julie la réception de cette lettre. Agissez comme vous jugerez convenable; seulement pensez que rompre brusquement les liens qui nous unissaient, c'est compromettre deux existences: celle de votre chère, bonne et aimable fille peut-être, mais assurément la mienne. Si j'osais supposer, Madame, que vous vous intéressiez à mon sort, j'ajouterais que depuis quelque temps un incident m'est survenu, qui m'a beaucoup inquiété. C'est-à-dire une | |
[pagina 285]
| |
inflammation terrible sur les yeux, qui paraît avoir été la suite de mes travaux non-interrompus depuis un an dans les manuscrits du moyen-âge. Heureusement Vienne a dans ses murs l'oculiste le plus célèbre de l'époque, M. le Professeur Jäger. C'est à ses soins que je dois beaucoup de soulagement et presque la certitude d'une prochaine et entière guérison. Si ce n'avait été cette indisposition, je ne vous aurais pas donné la peine de lire cette lettre et d'y répondre. Mon inquiétude l'aurait emporté sur ma résolution antérieure et je me serais mis en route pour Liège, quelque dût être le résultat de ce voyage. Pour le moment je n'ai d'autre moyen que de vous supplier d'accorder à mes demandes réitérées un petit mot de réponse. Fasse le ciel que cette réponse ne coupe court à toute espérance, fasse le ciel, que vous m'accordiez de revoir celle, que je ne cesserai d'aimer que quand j'aurai cessé d'exister. Peut-être même, la cause de l'interruption de notre correspondance est une de celles, qui peuvent mieux s'expliquer de bouche que par écrit. Dans ce cas ayez la bonté de me l'écrire le plus promptement possible. J'ai l'honneur d'être avec des sentimens invariables de respect et de reconnaissance Votre très dévoué R.C. Bakhuizen van den Brink. P.S. Mon adresse est toujours la même: à Vienne, faubourg Josephstadt No. 216. Souvenez-vous s.v.p. que vos lettres, pour qu'elles m'arrivent, doivent être affranchies jusqu'aux frontières de l'Autriche. Je serai prêt à vous restituer à la première occassion les frais que vous ferez pour cette correspondance. Vienne, Lundi 11 Août (1845).
En nog kwam er geen antwoord. Zijn wanhopige onrust, na tot haar toppunt gestegen te zijn, als een ziekte die over een crisis héén is, maakt plaats voor een smartelijke gelatenheid. Toch klinkt, als hij den derden September opnieuw zich tot schrijven zet, aan de Moeder ook wel een accent van verontwaardiging door, over dit eenvoudig-niet-antwoorden. Hij blijft eerbiedig en waardig, maar juist die eerbiedige waardigheid is, voor het eerst, en nauw merkbaar, uit de hoogte: | |
[pagina 286]
| |
Madame! je serais bien affligé, si vous aviez de moi une si mauvaise opinion, que vous redoutiez un manque d'égards de ma part, dès que votre communication devrait m'être défavorable. Si c'est pour cela que vous ne m'en avez fait aucune, rassurez-vous. Je me souviens toujours avec reconnaisance de tous les soins, de toutes les marques de bienveillance que vous m'avez prodigués. Je ne cesserai jamais d'être avec une gratitude sincère et une profonde estime (poststempel 3 Sept.) Votre bien dévoué R.C. Bakhuizen van den Brink.
Voor Julie zelve echter blijken zijne gevoelens door deze beproeving eerder opgedreven en veredeld. De brief die hier volgt, is een van de schoonste der correspondentie.
Ma toute chère Julie!
Ne craignez pas que je vous fasse encore une fois le récit des souffrances, que votre silence me fait endurer. J'ai peur de vous faire de la peine, j'ai peur d'ajouter à votre douleur en vous détaillant la mienne. J'ai la conviction qu'en gardant envers moi un silence si obstiné, vous pensez obéir à un devoir impérieux, qu'il vous est aussi pénible d'accomplir qu'il m'est douloureux d'en être la victime. Car, chère Julie, vous m'avez aimé; vous avez le coeur sensible et votre amour n'en est que plus profond; timide à fixer vos affections, ces affections sont d'autant plus intimes et inébranlables. Ce qui s'est passé au mois de Février m'en a fourni la preuve. Encore dans ce moment-ci, lorsque vous vous habituez peut-être à l'idée de m'abandonner, j'ose me flatter que tout souvenir de moi ne sera pas effacé de votre coeur; que par moments vous désirez même qu'une explication satisfaisante pût changer les circonstances et pût permettre à votre conscience d'échapper à un devoir que vous n'exécutez pas, sans que vos sentimens les plus tendres en soient grièvement froissés. C'est pour cette raison, chère Julie, que je ne vous dirai rien de ce que j'éprouve moi-même. Il suffira de vous dire que ma tristesse est telle, que vous pouvez vous la figurer, du moins, si vous croyez encore, que je vous aime par-dessus tout, que je vous aime comme je vous aimais, lorsque à Liège je vivais sous vos yeux. | |
[pagina 287]
| |
Le 19 Novembre 1844 vous m'écriviez: ‘votre constance me touche, je serais ingrate, si je ne vous laissais au moins un peu d'espoir’. Ce qui vous affectait le plus dans ma lettre de Février, c'était le soupçon que j'avais manqué à cette constance. Car voici les mots de votre lettre du 11 Mars: ‘Ce que je puis vous offrir de mieux, c'est la parole, que vous m'aviez rendue, en me faisant tant de peine. Oui, cher René, à peine avais-je lu votre lettre, que je me suis imaginée que vous ne m'aimiez plus, puisque vous me rendiez - me semblait-il - si facilement ces mots que vous aviez tant sollicités.’Ga naar voetnoot1) - C'est donc ma constance surtout qui m'a gagné votre coeur, et j'ai bien le droit de demander par quelle inconstance je l'ai perdu. Je n'en ai aucune à me reprocher. Je sais qu' à la distance qui nous sépare vous ne pouvez pas suivre mes démarches. Je sais, qu'une fois que le doute est entré dans votre âme, mes protestations les plus solennelles peuvent être suspectes. Je n' en appellerai pas au témoignage, que M. Bussemaker qui a vécu dans toute mon intimité pourrait déposer en faveur de ma sincérité; je ne citerai pas les lettres, que j'ai écrites à mon confident le plus intimeGa naar voetnoot2), et la lutte que j'ai soutenue pour vous avec lui, dont les intentions étaient bonnes sans doute, mais qui s'opposait à mes voeux, parce qu'il envisageait mon bonheur d'une autre manière que moi. Je suis donc borné à la seule preuve qui me reste, celle de vous écrire assidûment, puisque c'est par ce moyen que vous avez reconnu la premiere fois ma constance. Je sais que cette preuve n'est pas suffisante non plus. Mais alors je dois vous dire, cherè Julie: Demandez quelle preuve vous voulez de ma constance, de ma sincérité, je serai heureux de vous la donner. Autre raison pour laquelle je vous écris: pensez un peu, s'il vous plaît, à ce qui s'est passé vers la fin de l'année | |
[pagina 288]
| |
passée. Alors des scrupules de religion vous avaient suggéré l'ideé de renoncer à moi. Vous terminiez votre billet en me disant que désormais mes lettres resteraient sans réponse. De ce billet je n'ai jamais vu que la copie et j'étais infiniment heureux de pouvoir la brûler devant vous. Je vous demandais alors: chère Julie, si j'avais reçu votre lettre et si je m'étais conformé à votre avertissement, notre liaison en serait-elle restée là? - Après quelque hésitation vous m'avez répondu: ‘Vous auriez toujours pu m'écrire.’ - C'était me dire, que même si quelque scrupule vous empêchait de me répondre, vos dispositions me restaient favorables; que votre résolution pourrait être modifiée, soit par les circonstances, soit par quelque changement, qui s'opérait en moi, soit enfin par des réflexions plus mûres que vous feriez vous-même. - Eh bien! me voila encore dans une position semblable, sauf que vous n'avez pas agi entièrement maintenant comme alors. Alors vous m'annonciez d'avance le parti que vous aviez pris et les motifs qui vous avaient décidée. Aujourd'hui vous me laissez dans une incertitude complète. Je ne vous en fais pas un tort, ma bienaimée! Votre silence imprévu m'est si inexplicable, que je ne sais à quoi m'arrêter, que je n'ose former aucun jugement. Je ne puis, hélas, me douter, que vos dispositions me soient encore aussi favorables qu'elles ne l'étaient: mais un changement pourrait s'opérer, un changement doit s'opérer, parce que envers vous ma conscience m'acquitte. Le seul moyen pour vous en communiquer la conviction, c'est de vous écrire, et fasse Dieu qu'il se rencontre enfin sous ma plume ce mot, qui, en vous révélant la sincérité de mon attachement, puisse me rendre le vôtre. Oui, chère Julie, s'il y a encore une consolation dans votre silence, c'est que ce silence est complet, c'est que du moins vous n'avez renoncé positivement et ouvertement à moi; je me considère encore comme appartenant à vous et j'aime à me représenter, que, quand ma constance et fidélité auront résisté à la terrible épreuve à laquelle vous me mettez, une lettre bonne et bienveillante comme la lettre bleue, aimante comme la dernière, mettra un terme à mes peines. Je me plais à croire, que puisque vous ne me défendez pas de vous écrire, mes lettres vous sont encore | |
[pagina 289]
| |
agréables, que vous aimez encore à y lire les aveux de ma tendresse, que vous y étudiez peut-être les nuances de mon caractère, afin de vous décider davantage dans les sentimens par lesquels vous voudriez répondre aux miens. Voilà quels sont les motifs qui me forcent à vous écrire. Réfléchissez, je vous en prie, toute chère Julie, si les motifs pour lesquels vous me refuserez une réponse, peuvent être aussi valables. Pas une seule fois la supposition ne m'est venue que vous ayiez changé spontanément vos affections, et qu'un autre ait occupé dans votre coeur la place, que vous m'avez accordée. J'ai un profond respect pour votre caractère; je sais combien vous êtes réfléchie et modeste, dévouée et fidèle. Il faut donc que de mon côté j'aie donné occasion à ce changement dans vos dispositions. Il faut qu'on vous ait donné des avertissements qui me sont très défavorables. Ces avertissements doivent se rapporter au passé. Car s'ils se rattachent au présent, je puis, grâce à Dieu, dire que ces avertissements sont des calomnies. Ma conscience m'acquitte. Quand au contraire c'est sur mon passé qu'on vous a donné de fâcheux renseignements, je suis heureux, chère Julie, d'avoir été moi-même le premier à vous confesser mes égaremens. En vous faisant mes aveux, je vous ai prié de ne me cacher rien de ce que vous appreniez, de me demander à moi le premier l'explication de tout; je me suis engagé à vous répondre à tout, comme à celle que Dieu m'avait donnée pour compagne de la vie, pour confidente de mes secrets, de mes peines, de mes espérances. Il est vrai que vous n'avez pas répondu positivement à cette prière, que vous ne m'avez fait aucune question; mais je concevais, qu'il pourrait y avoir des choses, qui se communiquent difficilement par écrit. J'avais l'espoir de vous voir au mois d'Août et j'espérais que vous-même, vous me fourniriez alors l'occasion pour des confidences plus détaillées, plus intimes, et j'ose le dire plus satisfaisantes. - La justice humaine, qui se pique d'impartialité, ne condamne personne, sans l'avoir admis à se défendre; elle lui explique pourquoi il a mérité la peine qui lui est infligée. L'amour ne prétend pas à la même impartialité. Au contraire, il est porté à écouter tout ce qui est en faveur de son objet, à en diminuer les | |
[pagina 290]
| |
torts, à en pallier les fautes. Chère Julie! vous que j'avais crue si aimante, si dévouée, si débonnaire, seriez-vous envers moi plus sévère que les hommes ne le sont envers le plus coupable? me condamneriez-vous sans avoir admis ma défense? me frapperiez-vous du coup le plus fatal, sans m'avoir même expliqué, comment j'ai mérité une si grande infortune? J'aime mieux croire autre chose: votre silence ne dépend pas de votre volonté; vous vous y êtes engagé malgré vous, envers une autorité, dont vous aimez à suivre les dictées. Encore une fois, ma toute chère, ce qui m'a charmé surtout en vous, c'est votre piété, votre soumission. Relisez chacune de mes lettres: vous n'y trouverez jamais le désir que vous fassiez force aux scrupules de votre conscience Je ne dirai pas autre chose maintenant; mais que je sache du moins que la raison de votre silence est là. Je conçois que dans un pareil cas, vous ne pourrez pas me récrire vous-même; mais tout en vous soumettant à cette autorité, soit de père, soit de confesseur, vous avez le droit d'exiger qu'on me communique que c'est pour eux que vous agissez d'une manière apparemment contraire à nos engagemens mutuels. Agissez en sorte, et quelles que soient les influences sinistres qui ont interrompu notre correspondence, chargez du moins un autre, qui que ce soit et en quelle forme que se soit, de me délivrer d'une inquiétude qui - ce que je vous écris n'est que trop vrai - me ronge la santé. Réfléchissez, chère Julie, mûrement à tout ce que je viens de vous écrire et vous avouerez, j'en suis sûr, que j'ai beaucoup raison et même un peu le droit d'insister sur une réponse. Pour ma part je ne me lasserai pas avant d'avoir amené une explication quelconque. Je suis bien décidé de ne partir de Vienne pour aller plus loin, sans que j'aie revue Liège et vous si c'est possible. Depuis trois jours j'ai repris mes travaux: doucement toujours, parce que mes yeux exigent que je les épargne un peu. Mais enfin, dans ce travail je trouve quelque distraction à ma sombre mélancolie. Désoeuvré à cause des vacances de la bibliothèque, malade, et souffrant encore davantage moralement, vous pouvez deviner comment s'est écoulé pour moi ce mois d'Août pour lequel j'avais rêvé tant de bonheur. Mais je ne veux point vous | |
[pagina 291]
| |
affliger. Le travail me rend un peu d'énergie, un peu de calme. Même par intervalles c'est comme si je pressentais que votre réponse ne sera pas si écrasante que votre étrange silence me le fait redouter. J'aime encore reporter mes pensées vers le beau passé, lorsque nous vivions si près l'un de l'autre: lorsque je vous persécutais sans relâche et que vous me fuyiez sans que votre timidité réussît toujours à m'échapper, lorsque vous me faisiez perdre mes centimes aux cartes, lorsque nous arrangions nos petites soirées dans ma chambre, lorsque je vous importunais en voulant fermer les volets avec vous, lorsque nous nous boudions de temps en temps pour des enfantillages, dont Titine avait beau rire. Mais votre botteresse, votre bourse, les petits billets que Louis m'écrivait pour vous, les gants Simon, la petite trappe dans le plancher, mon costume de bédouin, le petit valet de boutique, tous ces petits riens avaient un prix indicible pour moi. Ils me sont encore chers comme souvenirs, souvenirs mélancoliques pour le moment, mais qui nourrissent toujours en moi l'espoir que notre liaison, qui s'est formée si spontanément, si naturellement, si innocemment, si providentiellement, ne se rompra pas par une séparation aussi brusque. Sans vous ma vie ne pourra jamais être heureuse, car la place que vous avez occupée dans mon coeur restera vide à jamais. Mais cependant je ne me laisserai pas aller à des pensées de désespoir et de perdition. Chère Julie, je sens que cela serait me montrer indigne de vous. Au contraire, je reconnais toujours combien je dois à votre amour. C'est cet amour, qui m'a inspiré les plus saintes résolutions, la plus ferme détermination. Vous êtes pour moi un modèle de vertu, je dirais presque, si cela n'offensait pas votre modestie, de sainteté. Je vous en remercie de coeur. En vous voyant, en vous aimant, j'aspirais à devenir semblable à vous. Quel que soit le sort, que vous me destinerez, je veux que ma vie soit honnête, probe, utile, bienfaisante et - à vous je ne dissimulerai pas mon ambition - même un peu célèbre. Si le bon Dieu exauce ces voeux, et je sais que votre prière les secondera, vous entendrez peut-être un jour mon éloge, comme vous avez appris, je le suppose, mes torts. Peut-être vous regretterez alors d'avoir abandonné une liaison qui seule eût pu me rendre heureux, une liaison, dans laquelle | |
[pagina 292]
| |
vous aussi vous avez mis un jour votre bonheur: mais cette tristesse s'adoucira alors pour vous par la pensée que ce sont là les fruits de ces germes de bien, que vous avez répandus dans mon âme. Ressembler à vous, ce sera le meilleur culte, que je pourrai vouer à votre ineffaçable souvenir. Mais j'espère que les mots que je viens d'écrire, n'auront pas besoin d'une application. Veuille Dieu, chère Julie, que bientôt une lettre de vous, ou du moins un mot de votre part me rassure, en m'affirmant que vous voulez rester encore ma Julie, comme moi je ne cesserai jamais d'être Vienne, 3 Sept. 1845. Votre René.
(Wordt voortgezet.) |
|