Reflexions sur l'art religieux
II.
Première considération. - Il n'y a pas de style réservé à l'art religieux, il n'y a pas de technique religieuse. Quiconque croit à l'existence d'une technique religieuse est sur le chemin de Beuron, que dis-je, sur le chemin de Saint-Sulpice. S'il est vrai que n'importe quel style n'est pas également favorable à l'art sacré, il est encore plus vrai que l'art sacré, comme nous le disions tout à l'heure, ne peut pas s'isoler, qu'il doit, à toute époque, à l'exemple de Dieu lui-même qui parle le langage des hommes, assumer en les surélevant de l'intérieur tous les moyens et toute la vitalité technique, si je puis dire, que la génération contemporaine met à sa disposition. (A ce point de vue, remarquons-le par parenthèse, il ne paraît pas du tout nécessaire que les artistes chrétiens, et particulièrement ceux qui ne sont pas encore parvenus à la pleine possession de leur métier, fassent exclusivement des travaux d'art sacré).
Il y a cependant, me semble-t-il, dans l'ordre technique, deux conditions requises à l'art religieux comme tel, étant donné son objet et sa destination.
1o Il faut qu'il soit lisible. Car il est là avant tout pour l'enseignement du peuple, il est une théologie en figures. Un art religieux illisible, obscur et mallarméen, est quelque chose d'aussi peu sensé que le serait une maison sans escalier, ou une cathédrale sans portail.
2o Il faut que l'oeuvre soit finie, je dis finie non au sens académique mais au sens le plus matériel et le plus humble de ce mot. Il y a une souveraine convenance à ce que n'entre dans la maison de Dieu que du travail hien fait, achevé, propre, durable, honnête. Cela doit s'entendre évidemment selon le mode propre au style et aux moyens adoptés, mais l'individualisme moderne et la facilité avec laquelle de nos jours on est content de soi, obligent à insister sur ce point.
Seconde considération. - L'art sacré est dans une dépendance absolue à l'égard de la sagesse théologique. Dans les signes qu'il présente à nos yeux, quelque chose d'infiniment supérieur à tout notre art humain est manifesté, la Vérité divine elle-même, le trésor de lumière qui nous est acheté par le Sang du Christ. C'est avant tout à ce titre, parce que les intérêts souverains de la foi sont engagés dans l'affaire, que l'Eglise exerce son autorité et son magistère sur l'art sacré. J'ai rappelé tout à l'heure le décret d'Urbain VIII du 15 Mars