Le déjà-vu, voilà le musée imaginaire! il ne faut pas rester là-de-dans. Regardez Picasso! Il a fait l'oeuf de Colomb avec le musée imaginaire. Il trouve une statue égyptienne, mais il découvre qu'elle manque de force, de véhémence. Alors il fait lui-même une nouvelle statue: une statue égyptienne expressionniste! Il trouve un vénitien qui aurait besoin d'un profil grec; all right, il fait un véni- tien avec un profil grec. L'oeuf de Colomb coup sur coup. Picasso veut comprendre la peinture, toute la peinture, et il résout tous les problèmes picturaux.
Ma peinture n'a rien à faire avec le musée imaginaire. Ce que je veux faire est quelque chose à la Gauguin: peindre ‘D'où venonsnous? Que sommes-nous? Où allons-nous?’ C'est après Gauguin que la porte est grande ouverte.
En d'autres termes: si je veux faire l'oeuf de Colomb, c'est avec les formes de la nature, celles du cheval, celles de la mouche. Je peins trois formes faciales dans un visage; cela signifie peut-être l'hésitation, ou le doute. L'art exprime la réponse et la résistance de l'homme au monde. Cette résistance est forte comme un taureau, alors il faut que les glandes du taureau entrent dans la morphologie. Précisément! il s'agit des glandes de la structure. Non de la forme du taureau, non des cornes du taureau’.
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‘Non, il ne s'agit pas des choses, pas de ce que je vois dans la rue - c'est pour la science: plutôt les cicatrices des choses. Je suis attaaué par toutes les choses, elles me donnent des coups blessants. Je suis plein de cicatrices transparantes.
Il y a quelaue chose que j'appelle l'octrui: la douane des autres. Je rencontre des hommes qui refusent de me recevoir, il faut d'abord passer leur douane. Ils posent des questions dans leur douane, des questions qui sont des blessures. Je suis plein aussi de telles cicatrices.
La plupart des hommes ne découvrent pas leurs cicatrices. Ce sont les ‘nageurs aveuqles’ de Max Ernst. Mais il y a une autre sorte d'hommes: the blind divers, ceux aui se jettent dans l'inconnu. Brauner et Wilfredo Lam sont des blind divers, et je crois que moi aussi je suis un blind diver. Quand je peins je ne sais pas où je me trouve, où je vovage; je peins pour pouvoir le savoir.
Une peinture achevée est une carte, une mappemonde, elle montre où sont les fleuves, les montagnes, les précipices.
Répondre aux questions, ce n'est pas tellement important, il est peut-être trop tôt pour répondre. Il s'agit plutôt de dévoiler les questions, de désianer les cicatrices. Bien de gens essaient de répondre sans avoir découvert les contradictions, ils essaient de répondre à