III Les dessins inconnus du docteur Nicolas Bidloo (1673/74?-1735)
Depuis 1966, l'Université de Leyde compte, parmi ses riches collections, une vingtaine de dessins originaux de Nicolas Bidloo, médecin d'Amsterdam pratiquement ignoré jusqu'ici.
Qui était Nicolas Bidloo, et quelle valeur peut-on attribuer à ses dessins si miraculeusement conservés parmi les biens d'une famille américaine de Cleveland?
Pierre le Grand, après sa première visite en Hollande, avait pris sous contrat le jeune Nicolas comme médecin de chevet - voilà, à peu près, l'essentiel de ce qu'on savait de lui à ce jour dans sa terre natale. On ignore que Nicolas Bidloo avait fait construire le premier hôpital en Russie, qu'il avait fondé l'enseignement de la médecine dans ce pays - faits reconnus par les savants soviétiques -, et que, grâce à lui, l'hôpital de Bidloo était devenu le berceau du théâtre russe.
Nicolas Bidloo est un produit de cette Amsterdam du XVIIe siècle, centre culturel, scientifique et artistique, dans lequel la perspicacité de ses -édiles faisait régner l'esprit d'hospitalité et de tolérance. Quoi d'étonnant que Bidloo, cet ‘honnête homme’, ait estimé, une fois à Moscou, que son état de médecin n'était qu'un moyen pour faire profiter sa deuxième patrie de ses dons naturels et de son savoir en plusieurs domaines, outre la médecine?
Les Bidloo, mennonites, d'origine liégeoise, appartenaient à la classe lettrée amstelodamoise du XVIIe siècle, imbue d'humanisme. Le grand-père de Nicolas, d'après ses familiers, était un homme très instruit. Son père, Lambert, pharmacien, fut mennonite militant et poète. Son oncle Geoffroy, un des anatomistes les plus célèbres de son temps, fut nommé recteur de l'Université de Leyde, en dépit du fait d'avoir été, dans ses jeunes années, un dramaturge assez connu des habitués du Nouveau-Théâtre d'Amsterdam. Des peintres comme Gérard de Lairesse, Romeyn de Hooghe, des latinistes comme Francius et Broukhusius, et bien d'autres personnalités étaient reçus chez les Bidloo: il est naturel qu'un tel milieu ait pu former un homme d'esprit pour qui la vie signifiait bien autre chose que le simple accomplissement