Et de la poitrine du moribond, non plus avec ces accents tonnants qui autrefois subjuguaient ses immenses auditoires, mais avec l'humble et douce émotion du pélerin fatigué, sortent ces paroles qui révèlent toute la splendeur de son âme:
‘Je désire ardemment voir la face du Seigneur.’
Puis, retournant une dernière fois vers les ombres de la terre, son regard déjà illuminé par la vision d'en haut, il ajoute:
‘Continuez de combattre avec courage pour la cause sacrée de la Démocratie chrétienne. C'est la cause de Dieu’.
Mais la Mort est impatiente de rompre l'entretien. Le moribond s'en aperçoit; il se tourne entièrement vers elle et pour la dernière fois, ce soupir monte de son coeur à ses lèvres:
‘Je n'ai plus qu'un désir, c'est de voir bientôt la Face adorable du Seigneur.’
Ce désir, nous l'espérons, est aujourd'hui réalisé.
Le monde chrétien pleurera longtemps Schaepman, et bien des générations s'écouleront avant que sa patrie revoie un semblable.
Mais la démocratie chrétienne, qui a été sa dernière pensée sur son lit de mort et qu'il a pour ainsi dire emportée devant le trône de Dieu parmi ses derniers soupirs, ne se contentera pas de verser des larmes stériles sur sa tombe.
Elle trouve dans ce testament un nouveau motif de joie et d'espérance au lendemain de ce mémorable discours de Noël, dont l'écho retentit encore à travers le monde.
Déjà, en dressant à Rome même, la chaire de l'abbé Pottier, le Pape Léon XIII semble avoir voulu se faire l'exécuteur testamentaire de Schaepman.
Désormais, la doctrine de l'Ecole de Liège sera enseignée à l'élite du clergé du monde entier, par la volonté du vicaire de Jésus-Christ.
Qui habet aures audiendi audiat!