Dietsche Warande en Belfort. Jaargang 1914
(1914)– [tijdschrift] Dietsche Warande en Belfort– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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Antwerpen vóór honderd jaar
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ne veut pas nous céder avant la paix générale. Quel homme! aimes le donc, ma petite, je t'en prie. un armistice avec les anglais qui nous entourent, vient d'être conclu; les provisions de toute espece nous arriveront des endroits qu'ils occupent; nos avant-postes seront établis: du côté de la hollande, à Eckeren; du côté de Bruxelles, à Contig, et en flandres, à St Nicolas. tu vois que nous pourrons nous promener; mais jusqu'à présent on ne peut sortir de la ville qu'avec une permission. Que ne nous laisse-t-on pour toujours renfermés de cette manière! on assure que nos voisins de Malines, de Lierre etc. enragent de nous savoir si heureux. l'autre jour nous avons eu la visite de mon oncle gysbrecthsGa naar voetnoot(1); Wetteren n'a pas souffert beaucoup; la fabrique pas du tout...Ga naar voetnoot(2) Mardi 19. C'est aujourd'hui, ma chère petite soeur, qu'on a pris ici la cocarde blanche, et arboré le pavillon blanc; à midi une salve d'artillerie et le son des cloches ont annoncé cette cérémonie qui s'est faite tranquillement chacun chez soi. je ne sais pas si elle se bornera là; dimanche nous aurons sans doute grande parade; nous en avons eu plusieurs pendant que nous étions bloqués; c'est un coup d'oeil magnifique...’ Uit het dagboek van Th. Teichmann, met de eerste melding zijner liefde voor Jenny: ‘16. J'ai été ce soir à un concert d'amateurs. Société Olympique. Il n'y avait pas une jolie femme. Il est vrai qu'elle n'y était pas, au surplus quand elle y eût été elle n'aurait pas embelli les autres. J'ai entendu un concerto de basson, cet instrument est vraiment magnifique; Slatel m'a fait grand plaisir. Mr Simon nous a joué une fantaisie à l'eau de rose; cet homme est vraiment glacial, je ne conçois pas comment il a pu apprendre la musique; il n'a pas d'âme. 17. Dimanche. Un ordre du gouverneur défend aux militaires de donner leur adhésion au nouveau gouvernement. Mr B. veut envoyer la sienne et nous demande si nous voulons en faire autant. Mr B. espère ainsi faire sa cour au nouveau Ministère de la Marine. Je n'ai pas le | |
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même motif, j'attendrai le plus longtemps possible pour faire cette démarche. L'abdication de l'Empereur étant authentique, rien n'empêche au reste de donner à la nouvelle constitution son approbation. Elle me paraît sage; il me semble que les droits des peuples sont garantis contre l'autorité du Roi; les sénateurs actuels dont la conduite lâche dans ces derniers tems, peut laisser soupçonner que leur intérêt personnel les a guidés plus que celui de la nation ont cependant, selon moi, bien fait de rendre leur dignité héréditaire. Un corps tel que sera le Sénat sera un contrepoids respectable contre la tyrannie. Cette mesure prise par eux-mêmes, est un aveu tacite de leur bassesse, ils reconnaissent que la crainte les a empêchés de s'opposer aux mesures illégales qui ont perdu la France et Napoleon. Hommes dignes de l'exécration du peuple, c'est à votre pusillanimité que nous devons nos malheurs. Quoi! pas un d'entre vous n'a osé élever la voix pour s'opposer à la ruine de votre patrie qui était manifeste aux yeux de l'Europe et maintenant que l'homme que vous n'auriez ôsé regarder en face, entrainé par son ambition dévastatrice est conduit par vous-mêmes, hommes méprisable et que les français doivent exécrer comme des traitres, dans l'abyme; vous ne rougissez pas de lui reprocher ces actes contraires à la constitution que vous avez tolérés! Votre race a besoin d'exister longtems pour que vos descendans n'aient plus à rougir du nom que vous leur donnez, et que les français aient oublié l'ignomignie dont vous vous êtes couverts et que vous transmettez à vos héritiers avec le droit d'imiter votre conduite méprisable. - Je ne sais ce que je deviendrai dans ce bouleversement; le pays de Liège, la Flandre hollandaise, le Brabant, seront selon toute apparence, séparés de la France; quel parti prendre! Il faut se laisser aller aux évènemens. Quels qu'ils soient, ils m'éloigneront d'Anvers; cette idée me déchire le coeur: je sens que l'attachement qui pendant quelques mois a fait la seule consolation de ma vie, que ce sentiment qui seul pouvait faire une diversion au chagrin, aux inquiétudes, que l'absence de ma famille me donne, va devenir pour moi un tourment affreux.’ Uit beide de brieven en het dagboek blijkt geen groot | |
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spijt voor den val van Napoleon. Théodore's stijl is die van de Fransche revolutie met wat opgeblazen liefde voor de vrijheid en haat van de dwingelandij; doch ruim is zijn kijk op de gebeurtenissen en gezond zijn oordeel. En hoe gevoelig blijkt dat hart waar, nevens eene jonge en vurige liefde, nog liefde voor de hemelsche kunst der muziek zoo hoog opflakkert! Wat waren de menschen van toen breed aangelegd tegenover onze hedendaagsche specialiteitsmenschen! In de twee jonge harten was de hoofdbezorgdheid toch de toekomst hunner liefde. Zeer interessant intusschen is de beschrijving der steeds wisselende voorvallen. Ook Th. Teichmann geeft verslag van het veranderen van kleur en vlag: ‘18. Ordre de suspendre tous les travaux de fortifications. Le commandant Herz (?) est allé en parlementaire pour convenir des limites entre les ennemis et la garnison. J'ai signé aujourd'huy, avec les officiers du génie, l'acte d'adhésion au nouveau gouvernement. J'ai reçu par la poste la 1e lettre de maman, qui m'ait été adressée directement à Anvers, elle m'assure de sa tranquillité, de celle de toute la famille; et cette assurance dont j'avais bien besoin, me rend parfaitement heureux. On prétend aujourd'huy que la Belgique reste sous la domination française, ah! si cette nouvelle pouvait être vraie, de combien d'embarras cette condition de la paix ne me tirerait-elle pas? L'espoir d'aller habiter Liège, d'y servir la France que j'aime malgré moi, et d'être au sein de ma famille. Un autre espoir bien doux à mon coeur ose s'y laisser apercevoir; celui de ne pas m'éloigner beaucoup de ma chère, de ma charmante J. Je l'ai vainement cherchée ce soir, ni hier ni aujourd'huy elle n'est venue à la promenade, que faitelle? Ses parents l'éloignent-ils de moi à dessein? Ont-ils pénétré mes sentiments? craignent-ils que cet attachement ne nuise au repos, au bonheur de leur fille? Je ne sais à quelle idée m'arrêter; mais si elle m'évite, si demain elle ne s'offre pas à mes yeux à la promenade accoutumée, ma résolution est prise, je ne la chercherai pas, quoiqu'il m'en puisse coûter: elle ne me reprochera pas de manquer à la délicatesse qui dans cet instant où nous sommes prêts à quitter le pays, me prescrit de ne pas chercher à lui inspirer | |
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des sentimens, qui dans un autre tems auraient pu nous rendre heureux tous les deux. 19. On a arboré le pavillon blanc, on l'a salué de 220 coups de canon; la cocarde blanche est de rigueur. Je l'ai vue et reconduite chez elle ce soir; je suis d'une bêtise qui doit la flatter, si elle sait quel effet produit l'amour véritable. Je ne sais que lui dire, quoique mon coeur soit plein. On aurait peine à se figurer un jeune homme de mon âge, tenant sous le bras une jeune personne qu'il aime, ne parler avec elle que de la pluie et du beau temps; hors quelques mots hasardés de part et d'autre, que chacun entend bien, mais qui auraient besoin d'une explication que l'on voudrait et que l'on n'ose demander. 21. Le Ministre de l'Intérieur reprend les Ingénieurs des P. et C. mis à la disposition de la guerre provisoirement. On assure que le Conseil a demandé au Comte d'Artois d'avoir un 1er Ingénieur à la tête du corps. Je n'ai été chez elle ni hier ni aujourd'huy; il me semble que j'ai fait un effort surnaturel sur moi-même: il faut dorénavant que j'évite de la voir; son souvenir, sa présence, m'ôte véritablement le repos; lorsque j'ai passé quelques jours sans la voir, je suis plus tranquille.’ Ondertusschen ging de briefwisseling van Jenny met hare zuster voort: ‘Anvers Dimanche 24 avril 1814... Songes bien toutes les fois que tu me prépares une de ces jolies lettres, qu'elle me rendra la vie, qu'elle fera toute ma consolation. J'en ai grand besoin, ma bonne amie, je ne vois que départs, on ne parle que d'adieux; ceux qui ne nous quittent pas encore, ne comptent plus guère que sur quelques jours. Mr Blacher sort d'ici, il est venu prendre congé de nous, il s'en va demain à Paris; Mr Teichman étoit avec lui, sans doute que son tour viendra bientôt; il pourroit aussi bien que son ami obtenir un congé pour aller voir sa mere; mais il ne veut pas aller chez lui aussi long-tems que les alliés y seront. Mr Courtin est parti depuis huit jours avec Mr Chabanon; ce dernier est chef de division au ministere à Paris, son oncle Mr Malouet ayant été nommé Ministre de la marine. tu me demandes, chere amie, le nom des français qui resteront à Anvers; tout cela est fort incertain tant que nous ne savons pas à qui nous appartien- | |
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drons... on assure qu'anvers sera ville libre; si nous ne pouvons pas garder les français, c'est encore ce que j'aimerois le mieux, mais à condition que le reste de la Belgique restât à la france...’ - natuurlijk want anders zou haar Théodore, te Luik, geen Franschman meer zijn. Van Théodore daags te voren: ‘23. Départ de François pour Lille. Nous l'avons embarqué après avoir diné ensemble chez le Colonel. Je l'ai vue aujourd'huy et hier soir. Lorsque j'annonçai le départ de Blacher pour Paris, la frayeur, la douleur se sont peintes sur sa figure. A peine a-t-elle pu articuler ces mots: et vous? Oh! qu'il m'en a coûté de la quitter; la peine qu'elle éprouve et qu'elle ne peut dissimuler augmente la mienne. Si j'avais au moins l'espoir de la revoir, mais je le crains nous serons séparés pour toujours: et quand je conserverais l'espérance de me rapprocher d'elle, d'unir mon sort au sien, il m'est défendu de lui faire partager cette espérance qui la rendrait bien malheureuse, si, comme cela peut arriver, elle était trompée; je la verrai bien demain. 20. Départ de Blacher pour Paris: je ne connais pas d'homme qui ait un meilleur coeur que celui-là: il est d'une bonté que l'on a peine à se figurer; si dans quelques occasions il n'avait pas montré un peu de faiblesse il serait vraiment inconcevable qu'il pût exister un caractère aussi parfait. Je lui ai de grandes obligations. Je le regretterai toujours comme un excellent camarade et un véritable ami’. Van Jenny, den zelfden dag: ‘Lundi 25. Voilà où j'en suis restée hier, ma petite; on m'a fait monter pour le thé; pendant que nous le prenions, quatre Anglais sont passés sous la fenêtre, et n'ont pas manqué de nous honorer de leur attention, ils étoient en bourgeois mais il me fut facile de les reconnaître à l'antipathie que je sentis pour eux. ils ne peuvent entrer en ville en uniforme; on n'en voit pas beaucoup jusqu'à présent; on assure qu'il y en avoit plusieurs hier à l'hotel du Laboureur pendant la parade; ils auront vu la bonne tenue de nos troupes et la belle santé dont elles jouissent. j'étois aussi à cette parade, tout le monde avoit la cocarde blanche. il faisoit un tems | |
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hier aussi triste que mon humeur... Depuis dix jours, il n'y a pas moyen de se promener au port à cause du mauvais tems; je crois d'ailleurs qu'on préférera maintenant la campagne; je ne suis pas pressée de voir tous ces désastres, on dit que cela fait mal au coeur. Papa est allé avant hier aux vieux Dieu avec henry Verbiest; il y a par ci par là un banc dans le jardin botanique, mais voilà tout; le village de Berghem n'a pas souffert; ce n'est que jusqu'au bout de la pépinière que les maisons sont abattues, c'est à dire celles qui formoient le faubourg de la ville. la grande allée d'arbres devant le Robinet n'existe plus. la Sirene n'est pas détruite; c'est à dire la maison. Merxem a beaucoup souffert de nos batteries, car tu penses bien que nous rendions à Messieurs les anglais, ce qu'ils nous envoyoient si poliment; lorsqu'ils ont cessé, nous avons suivi leur exemple... je suis bien aise, ma petite, que tu lises les journaux; mon oncle vient de s'abonner pour celui des débats (autrefois de l'Empire)... j'allais oublier de te dire que Deurne n'est pas entièrement détruit, mais peu s'en est fallu... Le gouverneur a été hier au spectacle; on donnoit la partie de chasse d'henri IV; cette piece est en vogue depuis le rétablissement des Bourbons; Mr Carnot à son entrée dans la salle a été accueilli avec transport; jamais on n'a vu autant d'enthousiasme; les applaudissements n'ont pas cessés; il y a répondu de la manière la plus gracieuse, se tenant toujours debout et saluant tout le monde de l'air le plus affable; mon admiration pour cet homme ne se refroidira jamais, qu'on est heureux de le connaître! je devois aller au spectacle hier avec Isabelle Pick, mais dans la crainte de n'y pas trouver de dames nous avons remis la partie à la semaine prochaine; maintenant j'en suis fâchée, j'aurois vraiment joui du triomphe de notre protecteur, de notre Libérateur Carnot; n'oublies jamais ce nom, chère amie, je te le recommande, sans lui nous serions bien à plaindre. A propos de spectacle t'ai-je dit que Dorsan a fait banqueroute et que les acteurs se sont chargés entr'eux de l'entreprise? ces pauvres malheureux ont toujours tenu bon malgré le siege, on les a forcés de rester à leur poste; car enfin à défaut de vivres il auroit bien fallu nourrir les troupes de comédies! depuis le 21 de ce mois plusieurs des | |
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acteurs sont partis; entr'autres mr et mme granger qui s'en vont à Marseille; Tenor à Lille; il nous en reste quelques uns qui jouent trois fois par semaine; Dorsan et sa femme, Mmes Tobi, Belleval, etc....’Ga naar voetnoot(1) Van Théodore: ‘26. On nous annonce que la ville sera évacuée par les français le 3 mai; ainsi plus d'espoir: il faut partir sans savoir ce que je deviendrai; sans aucune destination. Je vais attendre à Liège ce que l'on voudra faire de moi. Quand pourrai-je vivre indépendant de tou gouvernement! Je ne chercherai pas à peindre la douleur de ma chère J. elle me reproche de la quitter. Dieu sait cependant ce qu'il m'en coùte. J'ai reçu une seconde lettre de Maman; elle me fait concevoir les plus vives inquiétudes... je compte partir après-demain.’ Zonder haar geheim mede te deelen, laat Jenny toch ook hare smart in hare brieven raden:
‘- Anvers jeudi 28 avril 1814.
C'est maintenant, chère petite soeur, que j'ai besoin de consolation: tout est fini, les français partent mardi.... comprends-tu tout ce que je souffre depuis cette funeste nouvelle? on me la donna avant hier; je voulus te l'écrire de suite, mais je n'en pus venir à bout. il n'y a donc plus d'espoir! dans cinq jours, je ne les verrai plus! je ne sais pas comment je supporterai cette secousse. on ne sait pas encore à qui nous appartiendrons; pour moi je ne m'en informe pas, cela m'est fort égal, puisque mes amis ne me restent pas, que l'on fasse tout ce qu'on voudra, ah! ma bonne petite soeur, si tu savois ce que je perds! pardon si je t'ennuie de mon chagrin, je ne devrois pas te le faire partager, mais il m'est impossible aussi de te le cacher; je suis entourée de gens qui ne le comprennent pas et qui voudraient presque m'en faire un crime... Tout l'arsenal et les immenses richesses qu'il renferme; les vaisseaux sur le fleuve et en construction, tout enfin reste au pouvoir des | |
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ennemis;Ga naar voetnoot(1) (je veux me donner le plaisir de les appeler ennemis, mardi je ne le pourrai plus.) les français sont désespérés, mais je le suis bien davantage qu'eux assurément.’ De reden van deze vurige liefde voor de Franschen springt in 't oog, maar uit heel deze briefwisseling blijkt toch dat het meisje aan omgang met Franschmannen, aan leven in Frankrijk gewoon was, en daardoor wordt haar schrijven interessant, doordat het een kijk verleent op dien bewogen tijd, waar geen echte nationaliteit meer bestond, waar alles dooreen geworpen werd als de stukken op een schaakbord. Van Théodore: ‘29... je compte partir après demain. Je l'ai vue aujourd'huy; je l'aime chaque jour davantage: tous mes efforts vont tendre à me réunir à ma famille et à ma chère J.’ Van Jenny denzelfden dag: ‘... il paroit que le sort des vaisseaux et de l'arsenal n'est pas encore décidé... nous n'avons plus maintenant le bombardement, mais les logemens nous font trembler; on dit que nous en serons accablés; mon Dieu, que je souffrirai!... Sois tranquille, ton trésor et le mien sont enterrés, ceux qui le trouveroient seroient bien malins. je ne ferai revenir mon piano que lorsque je verrai comment se passera l'entrée des ennemis, aussi bien ne m'en occuperai-je pas de sitôt. ne parlons plus de l'empereur, cela fait trop de mal; sans sa funeste ambition nous serions restés français et nous aurions été bien heureux. le voilà bien avancé dans son île d'Elbe!.... Comment, ma petite, on vous donne les Prussiens à Douai! que le ciel vous en préserve! on en fait un joli portrait...’ Van Théodore, nog krampachtiger geschreven dan naar gewoonte: ‘Je devrais partir demain, dans cette | |
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persuasion ne pouvant me résoudre à quitter Anvers sans donner à J. une preuve certaine de mon amour, je suis allé chez son père pour lui ouvrir mon coeur. Je n'ai trouvé que sa mère. Je lui ai dit quelles étaient mes espérances et mes desirs. Elle m'a prié d'écrire à son mari et de ne rien dire à sa fille, je lui ai promis. Elle m'a avoué qu'elle avait remarqué que sa fille avait de l'attachement pour moi. Elle m'a demandé de partir sans la revoir, mais un moment après l'amour maternel reprenant son empire elle m'a au contraire prié de revenir pour la reconduire chez elle; je lui ai dit que ses volontés étaient des ordres pour moi, mais que j'aurais beaucoup plus de plaisir à me rendre à la seconde qu'à la 1ère. Je viens donc de donner le bras à ma chère J. Malgré mes résolutions, je n'ai pu m'empêcher de lui dire que j'ai parlé à sa mère, elle m'a assuré qu'elle m'aimait, qu'elle ne craignait que mon absence, mon changement; je lui ai juré que tous mes desirs étaient d'obtenir une résidence qui me rapprochât d'elle et me permit de lui offrir ma main. Je n'ai rien juré que je ne pense, et je serais enchanté de tenir mes sermens....’ Ook in den bundel brieven is er een van Théodore aan Jenny, van den 3n Mei, waarin hij zijne liefde en smart over zijn vertrek met gloeiende woorden beschrijft, een prachtige minnaarsbrief. ‘3. Notre départ est remis à demain. J'ai déjeuné avec un officier anglais; je croyais que mon antipathie pour la nation m'ôterait le courage de manger, mais je me suis apperçu bientôt que ces dissentions nationales ne tiennent pas longtems entre les hommes pris seul à seul. Je l'ai vue et ramenée chez elle pour la dernière fois.’ Ook in Jenny's brieven is er voortaan veel spraak van de Engelschen, en wel in den eersten dien zij schrijft na 't vertrek van den heer Teichmann. Deze had enkel dien dag aangeteekend: ‘4. Parti à 5 heures, avec le colonel Sabatier, le commandant Herz et Montmartre’. - Jenny schrijft: ‘Anvers mercredi 4 mai 1814... quelle tristesse depuis trois jours, ma bonne amie! tout le monde s'en va, on ne voit que départs, et le plus grand des suplices c'est de voir la gaieté | |
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de ceux qui restent; les chers Anversois ne rougissent pas d'insulter nos pauvres amis, toutes les fois qu'ils en trouvent l'occasion,.. On ne croit plus du tout, qu'anvers soit ville libre; au reste on ne sait rien absolument. les alliés ne sont pas encore entrés, on les annonce pour demain; les français partent en petites parties; les ouvriers marins montent la garde, et cette fameuse garde urbaine fait des patrouilles dans tous les quartiers de la ville, mais par malheur elle craint si fort le tumulte qu'elle a soin d'éviter les rues où elle apperçoit quelque trouble; tu conviendras que c'est prudent. tout ce qui tient à l'arsenal reste jusqu'à la paix; Mr de Kersaint est nommé commissaire pour en faire la remise à celui à qui cela reviendra; il a choisi Mr Teichman pour l'aider à cette besogne; ce dernier est parti aujourd'hui pour aller voir sa famille; il reviendra lorsqu'il sera rappelé; mais ce ne sera que pour quelques jours sans doute... Mr Cuvillier reste aussi je crois jusqu'après la paix. il a diné avec nous dimanche, ainsi que Mr Teichman, on croyoit que c'était un diner d'adieu, mais d'après ce changement pour la marine, il faudra peut-être bien y revenir encore... nous voyons depuis quelques jours une foule de bêtes rares, (j'entends des officiers étrangers). c'est une véritable mascarade; tout le monde est en l'air; rien n'est si ridicule que ces anglais; leurs énormes habits et leurs pauvres petits chapeaux ornés d'une queue de poule, te feroient mourir de rire... Mr de Kersaint a couru de grands dangers; la marine depuis plusieurs mois n'a pas payé, et tous ces malheureux ouvriers ont voulu s'en prendre à lui; ils l'ont poursuivi dans les rues, assailli dans son hôtel, enfin il ne s'en est retiré qu'en vendant bien vite ce qu'il a pu soustraire de l'arsenal, et en payant de cela un à compte à ceux qui étoient les plus acharnés; il paroit que depuis long-temps il auroit du prendre cette précaution; à présent tout est tranquille par là, mais à chaque instant la canaille est aux prises avec quelque malheureux soldat français; c'est une horreur!...’ Uit al die brieven blijkt hoe gehaat de Franschen waren, zoowel in de burgerij als onder 't volk. En nochtans is het niet aan een dezer verafschuwde Franschmannen dat wij den vader, den baanbreker der Vlaamsche bewe- | |
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ging, onzen geliefden Conscience, verschuldigd zijn, die juist eenige stappen verder van de plaats waar Jenny schreef, in de Pompstraat van 't zelfde St Andrieskwartier, zijn eerste dagen sleet? Hoe wonder zijn de schikkingen der Voorzienigheid, die uit het kwaad het goed, uit de kwaal het geneesmiddel voortbrengt! ‘... j'oublie dans toutes mes lettres de te dire que pendant le siege on a fait une monnoie obsidionnale, des pieces en cuivre de 10 et de 5 centimes; celles frapées à la marine sont les plus belles; Mr Cuvillier m'en a donné quatre; et je t'en réserve deux; c'est un monument en mémoire du siege d'Anvers que nous transmettrons à nos petits enfans...Ga naar voetnoot(1) tous les gardes d'honneur sont maintenant revenus... pendant que je t'écris je vient de voir passer les voitures du général fauconnet; il étoit dans la derniere avec sa fille; ils passent l'escaut dans ce moment et s'en vont à Dunkerque; si tu savois comme tout cela me perce le coeur! ... je n'ai pas eu de lettres de Mme de Ramfreville depuis le 12 janvier, mais l'autre jour un officier de frégate a écrit à Papa pour s'informer au nom de Mme de R. de ce qu'est devenue Melle Jenny Cooppal; et pour lui demander en grace de rassurer la chere dame sur le sort de cette intéressante petite créature;... j'ai depuis longtems écrit à Mme de Ramfreville, pour lui dire que nous sommes débloqués, mais je la crois à Dieppe et j'ai envoyé ma lettre à Paris...’ De 5e Mei was de dag gesteld voor de intrede der bondgenooten. Ten getalle van 4000, namen zij bezit van de stad, de Pruisen, onder Generaal von Künigel, langs de Roode poort, de Engelschen, onder Generaal Graham, langs de Kipdorppoort. De nieuw gestichte maatschappij van de Harmonie opende den stoet. Tante Çoise schrijft den 11n: ‘Le départ des français et l'arrivée des alliés s'est fait dans le plus grand ordre, les officiers sont logés chez les particuliers et les soldats dans les casernes... Nous n'avons jusqu'à présent chère Mimi pas encore de logement.’ | |
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Van Jenny: ‘Anvers vendredi 13 mai 1814. ...je crois que tu veux savoir des nouvelles du fameux bal.Ga naar voetnoot(1) d'abord je te dirai que de la vie je ne me suis autant ennuyée; - (Mr Teichmann was nog altijd in Luik) - j'avois un mal de tête comme jamais je n'en ai ressenti, toutes ces figures qui m'entouroient n'étoient pas capables de me le faire passer; maman t'a-t-elle mandé que cette fête se donnoit dans la salle de spectacle? c'étoit plein comme au bal masqué dans la plus grande foule; et presque tout cela des officiers en uniforme; il faut être juste, le coup d'oeil étoit magnifique; il y avoit trop peu de danseuses, presque pas de négocians; de petites tables étoient placées dans ces deux chambres qui servent aux acteurs les jours de spectacles; tu sais comme c'est petit! et là on servoit à souper, ou pour mieux dire on s'arrachoit les tables, les chaises, les poulets, le jambon etc. c'étoit un vrai gaspillage; je crois que cette partie de la fête a dû être agréable aux anglais, parce qu'elle devoit leur rappeler les tavernes de leur pays; ils buvoient comme des templiers. c'est un tourment de ne pas pouvoir causer avec ces gens là; pourtant, ma petite, tu sauras que j'ai fait des conquêtes... on a même été jusqu'à me prier de venir à Londres! j'espère que cela ne va pas mal! mais sois tranquille, cela ne m'a pas tenté; mon Dieu que tout cet hutspot est gauche! qu'est devenue cette galanterie française? on ne dansoit que des colonnes, les directeurs faisoient les invitations parce que les cavaliers n'auroient jamais pu s'expliquer. un de ces malheureux avec lequel j'avois dansé, m'a plantée au beau milieu de la salle lorsque la colonne étoit finie; en me faisant comprendre que je n'avois qu'à chercher madame ma mère; de sorte que j'ai dû traverser seule cette foule; siede gij mij daer loopen? un autre imbécile pendant que l'on dansoit déja, m'a fait asseoir sur un canapé, s'est placé devant moi et m'a dit plusieurs choses très agréables, comme par exemple: il fait très peau ce soir etc. Sans doute qu'il vouloit dire chaud car le pauvre homme suoit à grosses gouttes, et moi aussi de me trouver tête à tête avec cet ostrogoth. quand il n'avoit plus rien à me conter, il s'est décidé à me conduire à la danse | |
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qui étoit sur le point de finir, il y avoit trois ou quatre de ces galans chevaliers qui pendant tout le tems me suivoient comme des petits chiens, et me regardoient si tendrement que ça faisoit pitié; à les juger sur leurs sottes figures, il y en avoit un ivre, un autre imbécile et un troisième fou; tu vois qu'il n'y a pas de quoi se vanter. enfin, ma petite, j'aurois trouvé tout cela fort gai, si j'avois eu quelqu'un avec moi pour en rire; mais j'étois seule avec mes réflexions, qui toutes étoient pour les absens. imagines-toi comme on est gauche et méchant ici: partout comme tu sais les français et les alliés se voyent, se trouvent ensemble, eh! bien, mrs les anversois n'ont pas invité à leur fête les autorités qui se trouvent encore ici! tous les gens raisonnables de la ville blament hautement cette conduite; c'est vraiment un trait abominable. Si tu savois comme j'ai souffert à ce bal de tout ce que j'entendois! c'étoit une joie, des transports pour le départ de nos amis.... S'il faut que j'aille à St-Job pour obtenir de la patience, chère amie, je n'en aurai jamais, car il fait froid comme en hiver et on ne pense pas à cette jolie promenade;Ga naar voetnoot(1) tâchons de nous en donner mutuellement. tu dois en avoir besoin pour supporter le voyage à l'île d'Elbe; j'ai pitié aussi du voyageur, je voudrois qu'il eût été plus traitable sur les bords du Rhin, il eût gardé son trône et surtout la Belgique... on dit que Louis XVIII prétend aussi ne pas la céder et qu'il est soutenu par l'empereur alexandre, mon Dieu que je serais heureuse s'ils pouvoient réussir;... nous sommes encore toujours français à notre place de la monnaie, puisque nous sommes compris dans les propriétés de la marine; c'est une grande consolation; lorsque j'entends le tambour des ouvriers militaires, il me semble que je renais, mon coeur bat de plaisir, une cocarde blanche me transporte. nous n'avons jusqu'à présent que des anglais et des hanovriens; ces derniers sont superbes; c'est à dire leurs uniformes; ils paroissent fort aimables. Comment trouves-tu ces officiers qui viennent voir leur logement, que je reçois de mon mieux, et qui ne reparaissent plus ensuite? nous | |
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sommes vraiment trop heureux. mon piano est remis à sa place; tous les trésors sont déterrés; les pommes ne sont guère endommagées. ... Mr Teichman est à Liége, je ne sais pas quand il viendra, mais ce que je sais bien c'est que son absence laisse un grand vide; gardes toi de te moquer cette fois, petite méchante, car c'est très sérieux ce que je te dis là. je n'ai pas d'inquiétudes pour le petit lieutenant, ma chere amie; et j'ai reçu (ne t'en déplaise) une très belle lettre de lui accompagnée d'un paquet de musique; tout cela est du 7 février et destiné pour ma fête; il paroit que c'étoit retourné à Paris, et maintenant il me l'envoye; tu ne te fais pas d'idée comme mes célestes charmes brillent dans cette lettre, badinage à part, je t'assure que cet aimable souvenir touche infiniment. la musique est fort jolie. à propos de musique, sais-tu que Mr Lamparelli s'est établi à Bruxelles... J'ai été avec (Isabelle) au spectacle dimanche; Mr Limelette a repris la direction; Dorsan et sa femme restent; on donnoit dimanche Adolphe et Clara pour le début de celui qui remplace tenor; il est bien mauvais; Madame Clara étoit aussi détestable, mais on annonce Mme bousigue de Bruxelles pour jouer ces rôles là et cela sera mieux; le spectacle étoit pleiu d'habits rouges; l'orchestre a joué god save the king; et tous se sont levés; ce n'est pas gai de ne voir partout que des figures étrangères;...’ De volgende brief geeft vooral bijzonderheden over louter Antwerpsche toestanden: ‘Anvers mercredi 18 mai 1814. il est déjà près d'une heure, ma chère petite mimi, et le porteur de lettres n'est pas encore venu; je l'attends avec impatience parce que j'espère qu'il m'apportera un mot de toi; depuis tous nos dérangemens la poste n'arrive que le matin et la distribution des lettres s'en ressent;Ga naar voetnoot(1) puisque nous en sommes sur cet article je te dirai que Mr Lopez a la direction de la poste depuis deux jours, le bureau et la boite sont maintenant chez lui rue des claires; il faut espérer que cet emploi remettra de l'ordre dans ses affaires, qui étoient un peu dérangées; j'en suis bien aise pour cett | |
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famille, mais c'est un grand malheur pour celle de Mr Heykolt. je t'écris un peu avant le diner parce que je voudrois aller à confesse;Ga naar voetnoot(1) je ne me trouvois pas assez bien préparée ce matin. j'ai oublié de te mander l'autre jour que l'on rétablit toutes les images de la Ste-Vierge et des Saints aux coins des rues; et que l'on porte publiquement le bon Dieu aux malades; tout cela me semble fort bien, mais il est des gens qui pour effacer jusqu'au moindre souvenir du gouvernement français, voudroient faire rebâtir la muraille autour de la place verte (autrefois cimetière) et y faire replacer la croix au milieu. j'espère que leur projet ne réussira pas, ce seroit le comble de la folie; aussi ces idées-là n'entrent-t-elles pas dans les têtes saines. la foire se tiendra cette année à la place verte; déja presque toutes les boutiques sont placées; il y aura deux rangées qui occuperont le milieu de la place; les allées où l'on se promène resteront libres; mais ces boutiques les rendent sombres; au reste cela sera fort agréable... ...Tu as bien deviné ma figure à ce bal, chêre Mimi; c'étoit une triste figure et une figure triste, tout comme tu voudras l'entendre; aussi suis-je bien décidée à ne pas la faire paroitre à un bal que donne demain la Société de la Sodalité, c'est une redoute comme celles de l'hiver; on dit que toute la ville y sera, mais comme ceux que je voudrois y voir n'y seront pas, je ne veux pas aller me remettre à la torture... Papa a reçu hier une lettre charmante de Mr Teichman; mon Dieu, chère mimi, que tu regretterois ce jeune homme si tu le connoissois bien! il reviendra passer quelques jours ici, mais après cela tout sera fini; plus de plaisir, plus de musique; c'est alors qu'on pourra se faire béguine sans le moindre regret; je parie que tu auras l'insolence de rire de mon désespoir; patience, ma petite; amuses-toi bien à mes dépends. un tems viendra j'espère où je prendrai ma revanche. ...le café et le sucre sont à fort bon compte; ma tante vient d'acheter deux balles de ce premier article à 11 sols et demi la livre... j'avois entièrement oublié de te mander | |
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la chute de cet arbre de la liberté; je trouve fort plaisant qu'on l'ait renversé précisément à l'instant où nos libérateurs faisoient leur entrée dans nos murs. Nos braves guerriers ne font pas l'exercice avec des parapluies, par une raison toute simple, c'est que pour ne pas se fatiguer ils trouvent fort commode de ne pas faire d'exercice ni de parade; mais dans les rues ils ont soin de se garantir de ce qui pourroit humecter leur pauvre petite carcasse. je te disois vendredi que j'allois faire de la musique chez Isabelle, c'étoit pour son anglais, c'est â dire pour l'officier qui loge chez elle; c'est un Zébédéus du premier ordre... adieu croteke lief....’ Ondanks haar franskiljonism was Jenny Cooppal toch wel van hare Vlaamsche stad en haren Vlaamschen stam. Doch welke ontreddering van alle nationale toestanden! welke ontworteling uit den geboortegrond! Met recht mocht G. Kurth onlangs opmerken dat tot in zijne jeugd - en de mijne - nog dat gemis aan vaderlandsliefde, aan vaderlandsche fierheid, duurde. Voorzeker was het de Vlaamsche beweging die den eersten stoot gaf tot meer normale gevoelens. Was Jenny door en door verfranscht, als taal, dan bewijst de volgende brief van tante Çoise dat, in den dagelijkschen omgang, het Vlaamsch haar natuurlijk was. Zij begint in 't Fransch, maar eindigt aldus: ‘adieu, liefste engel, ik zien uw en maete geerne en wensche hoe langer hoe meer naer uw wederkomste. nog 13 maanden dan zullen wij zoo gelukkig zijn van malkanderen te omhelzen, wel verstaende als het God zal believen hetgeen ik van herten ben wenschende.’ Eene groote treurnis verwachtte de twee vrouwen, maar zij wisten het niet: de schielijke dood van den oom die met tante Çoise woonde. Nog den 22n Mei meldt Jenny vroolijk: ‘Tu ne sais pas que vendredi mon oncle a eu la bonté de nous conduire au spectacle, maman et moi; tout étoit plein, nous avons eu la loge à côté de celle du coin; tu diras que je suis une coureuse, ma petite; c'est une exélente chanteuse qui en est la cause; elle ne donnera que fort peu de représentations; elle est mauvaise actrice mais son gosier est admirable; elle est jeune et jolie; ce soir elle | |
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joue dans la Rosière de Salenci et le calife; avant hier c'étoient les prétendus...’ 't Was op den Zondag dat het meisje dat schreef en zij ging weer 's avonds naar den Schouwburg. Bij hare thuiskomst zakte de oom plotseling ineen. Deze droeve gebeurtenis wordt in een aantal brieven behandeld, den geneesheer ‘(Mr haenegraef)’ die bijgeroepen wordt, het lijken door eene ‘(grouw none)’, de elf-uren-missen in de St. Andrieskerk, enz., maar weldra krijgt de gewone luchtige toon weer de bovenhand. - In het dagboek van Mr Teichmann staan enkel eenige nota's van af zijn vertrek naar Luik. Den 28n Mei keerde hij weer naar Antwerpen met zijne zusters, maar durfde zich niet te snel in het rouwhuis vertoonen. ‘Anvers vendredi 10 juin 1814... depuis plus de trois semaines il semble que tout ait conspiré, à me priver de mon grand plaisir; tu as beau te moquer de mes hael-brieven,Ga naar voetnoot(1) je t'assure qu'ils me prennent tout juste les momens qui t'étoient destinés; outre cela, tu dois te rappeler que depuis le mariage de lisbeth, il faut que je copie tous les jours sur le klad-boek ce qu'arhiaen écrit le soir sur une simple feuille-volante;... Mr Teichman est maintenant nommé Par le Roi pour arranger ici les affaires de la marine à la paix générale, de sorte qu'il pourra bien nous rester encore 3 ou 4 mois;... on lancera ce mois-ci un vaisseau; ce sera la dernière fois sans doute que nous jouirons de ce magnifique spectacle;... les anglais ont donné un bal samedi passé, jour de la naissance de leur roi; les français y ont été invités; c'est une bonne leçon pour nos imbéciles d'Anvers; le général anglais a comblé de politesses nos amis, et surtout Mr gourdon (l'amiral) qui a eu la premiere place au souper...’ ‘Anvers samedi 11 juin 1814. ... (la chambre) du coin est occupée par un officier, du moins par le bagage; l'officier est à Willemstad pour 3 jours; son domestique loge dans la remise et son cheval à l'écurie; nous n'avons pas encore vu l'officier...’ ‘Anvers Mardi 14 juin 1814. ... j'ai été au bal samedi, ma chère petite soeur; c'étoit | |
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une fête champêtre au jardin des arquebusiers; j'y suis allée avec Isabelle, nos trois cousines verbiest, Keke Pick, Mr Teichman et Papa; le bal n'étoit pas gai du tout, on auroit dit que l'on dansoit malgré soi, il y avoit fort peu de monde, mais tout cela ne m'a pas empêchée de m'y amuser; j'avois près de moi des personnes si aimables!.... nous sommes restés au bal jusqu'à trois heures, et le dimanche j'étois bien fatiguée; nous ne sommes pas sortis; Mr Teichman est venu à six heures, et a passé le reste de la soirée avec nous; ce pauvre petit est tout seul ici, il n'a de consolation que nous, de sorte que tu ne dois pas trouver étonnant qu'il vienne souvent nous voir... ... on commencera le 1er aout à démolir les vaisseaux qui se trouvent en construction; on accorde trois mois aux français pour achever cette triste besogne; d'après cela il est à présumer qu'ils ne nous quitteront que vers le milieu de l'hiver, et peut-être aussi pas du tout, car toutes les lettres de Paris annoncent qu'on nous rend aux français; personne ne se soucie de notre Belgique; depuis la rupture du mariage de la princesse Charlotte (fille du prince régent d'angleterre) avec le prince d'orange, il paroit que nous ne serons pas aux hollandais...’ ‘Anvers mercredi 14Ga naar voetnoot(1) juin 1814. ... lundi nous avons tous passé la soirée chez Isabelle; on a fait beaucoup de musiqua; j'ai chanté trois airs et trois Duos avec mr teichman; l'anglais qui loge chez Isabelle joue fort bien du violon; il y en avoit encore deux autres, et imagines-toi ma surprise, chère Mimi, lorsque parmi cette troupe d'imbéciles, j'ai reconnu mon grand nigaud de bal, tu sais bien un de mes adorateurs, c'était l'ivrogne; cette fois il n'avoit pas ce petit agrément, mais je t'assure qu'il étoit tout aussi tendre; il ouvroit pour me regarder, non seulement ses grandes yeux mais aussi sa grande vilaine bouche, enfin pour te donner une idée de sa figure je te dirai qu'il ne ressemble pas mal au kwaye jongen, il est d'une taille gigantesque. rien n'étoit plus comique que notre conversation; ce pauvre homme se tuoit à me dire les plus belles choses du monde (du moins je le suppose) moi je me | |
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tuois à le comprendre, et tout cela fort inutilement. Notre officier est arrivé aujourd'huy, il me paroit tout jeune, nous tâcherons de le voir le moins que possible; c'est admirable, ma petite, comme toutes les dames font parade de leurs anglais; tu te rappelles qu'elles n'auroient pas voulu se montrer accompagnées d'un officier français. ah! bien maintenant elles ne font plus un pas sans un de ces vilains anglais à leurs côtés; il faut convenir qu'elles ont bon goût!... ce soir nous irons avec toute cette société nous promener sur l'eau, dans la jolie chaloupe de Mr Teichman;...’ Uit bijna al die brieven kan men opnemen, nevens de franschgezindheid van Jenny, hoezeer zij eene uitzondering was, hoe weinig populair de Franschen waren bij de Antwerpsche bevolking. Zij scheldt de Engelschen als domkoppen uit, maar bekent zelve dat zij geen woord van hunne taal verstaat. Men mag zich afvragen wat haar oordeel zou geweest zijn, had zij Engelsch gekunnen, en vooral was haar hart nog vrij geweest. De volgende brief licht ons in over de aangename Scheldevaart: ‘Anvers Lundi 20 juin 1814. ... je te disois je crois que j'allois me promener sur l'eau, oh ma petite la jolie promenade! le tems étoit parfait, la société délicieuse, la chaloupe admirable; nous avons débarqué à Beurght; ce village est du côté de St-Bernard; il est situé au bord de l'escaut; nous avons trouvé là un gazon charmant et le plus bel ombrage; mr teichman avoit eu l'attention d'emporter de la ville des patisseries, du vin, de l'orgeat, etc. le gazon nous servoit de table et de chaises;... nous ne sommes revenus qu'à neuf heures et nous n'avons tous trouvé qu'un seul inconvénient à cette jolie promenade, c'est qu'elle avoit été trop courte.... je suis toute endormie, chère petite soeur; j'ai été au bal samedi, et je ne suis pas encore défatiguée; c'est Mme Pick qui a voulu m'y mener; c'étoit par souscription; Mr Limelette qui en avoit fait l'entreprise, a mis tous ses soins à contenter le public; toute la place de la comédie jusqu'à la rue des tanneurs étoit plantée d'arbres et ornée d'une illumination fort belle; l'ancienne entrée du spectacle avoit été transformée en un superbe salon, et comme depuis | |
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quelque tems il y a un café dans la salle dite des nobles, cela faisoit une suite admirable; c'est là qu'étoit servi le souper; on dansoit comme aux bals masqués sur le théâtre; qui étoit orné de guirlandes d'olivier, car il faut savoir que cette fête étoit à l'occasion de la paix; beaucoup de français y sont venus; c'est te dire que je me suis fort bien amusée; Mr teichman y étoit aussi, mais comme ses soeurs n'a voient que leurs robes de deuil, elles ont préféré n'y pas venir; il y avoit un monde infini, mais surtout des habits rouges en quantité; c'est pour le coup, ma bonne amie, que j'ai fait une conquête! ma modestie ne me permet pas de te donner tous les détails de cette aventure, je te dirai seulement qu'un de nos imbéciles d'anglais m'a poursuivie d'une manière si vive que quatre de nos Mrs ont été forcés de me faire un rempart de leur corps pour me soustraire à ses importunités; il a débuté en me priant de danser avec lui; comme je lui disois que j'étois engagée, il m'a demandé si c'étoit avec mon bon ami;Ga naar voetnoot(1) à cette question je me suis mise à rire comme une folle; il a continué à me supplier de lui donner ma main seulement, ce que j'ai eu la cruauté de lui refuser; ensuite il a voulu savoir si j'étois libre, si j'avois un amant, et qu'il s'offroit pour l'être; que penses-tu que j'ai repliqué à tout cela, chere Mimi? j'ai ri, ma petite, et toujours ri; j'ai secoué les bras qu'il vouloit tripotter de ses vilaines mains; enfin je suis parvenue, avec Mme Meirt, jusqu'auprès des galans chevaliers (Mr roelans et Mr teichman) qui voyant l'embarras où je me trouvois, m'ont garantie des démonstrations trop vives de cet ostrogoth; celui-ci a senti que la partie devenoit trop forte, et comme la prudence est une des grandes vertus de nos chers anglais, il s'est retiré sans tambour ni trompette. tont le monde étoit occupé de mon aventure, c'étoit à qui m'en parleroit. le grand blondin étoit aussi au bal, et plus tendre que jamais; seulement vers le milieu de la nuit, se trouvant la tête lourde et les jambes faibles, il a fait un petit somme dont il est sorti quelque tems après dans un état de calme et de fraicheur admirable,... Maintenant je m'en vais te nommer mes | |
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danseurs: la 1re contredanse avec mr grisart (que tu ne connois pas.) la seconde avec mr teichman; la 3me avec mr roelans; la 4me avec mr teichman et la 5me avec mr roelans. à la sixième j'étois partie. j'ai eu le petit plaisir de refuser tous les anglais; certes je n'aurois pas dansé avec eux puisqu'il me restoit encore quelques français; mais comme je ne dansois pas les colonnes ni les valses, j'ai été forcée de refuser aussi plusieurs de ces derniers. je n'ai quitté le bal qu'à 4 heures et demie du matin...’ Het ging er vroolijk toe in dien tijd, te Antwerpen. Zoo afgewisseld het leven was door de gedurige botsingen tusschen de volkeren, zoo bont was het er tusschen in, in tijd van vrede. En denken dat een jaar daarop de groote slachting van Waterloo nog moest plaats nemen! Levendig weet het meisje alles te verhalen. Doch ook godsdienstoefeningen vermeldt zij in hare brieven. Dikwijls onderbreekt zij zich om naar 't lof te gaan. Die dansen waar zij zoo dikwijls van spreekt - ‘la colonne’ waren rythmische wandelingen met figuren, op de muziek van Don Giovanni van Mozart, zeer opgewekt en vroolijk. Er was: ‘la grande et la petite colonne’. Mijne moeder en mijne tanten hadden die nog gedanst. Uit den zelfden brief: ‘... Dans tous mes détails, j'ai oublié de te dire que jeudi je suis allée au spectacle avec Isabelle voir Mme Saqui célebre danseuse de corde; c'est vraiment une chose merveilleuse; la beauté de leurs costumes est surprenante; jamais le spectacle n'avoit été aussi brillant; toutes les loges étoient remplies, les dames en grande toilette et tous les rangs garnis de quinquets...’ Weeral een nieuw opschuddend bezoek aan het reeds feestende Antwerpen: ‘Anvers lundi 27 juin 1814. Tu ne devinerois pas, chere petite soeur, qui m'a empêchée hier de t'écrire; c'est l'Empereur de Russie, rien moins que cela; on l'attend depuis trois jours, et tout le monde est en l'air; avant hier et hier j'ai fait comme les autres, je me suis tenue à la fenètre pour le voir s'embarquer à la tête de flandres, mais aujourd'hui je n'ai plus le même courage; j'attendrai patiemment qu'il vienne s'offrir à mes yeux, et je ne me dérangerai plus; pourtant je ne | |
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réponds pas que si j'entendois un coup de canon, je n'oublierois pas mes résolutions... si (nos amis) n'étoient pas ici pour recevoir cet Empereur de Russie, je ne sais pas comment les autres s'en tireroient; une chaloupe magnifique l'attend à la tête de flandres; le préfet maritime (mr gourdon) Mr Cuvellier et d'autres vont tous les jours l'attendre de l'autre côté de l'escaut; je crois qu'il ne viendra pas encore aujourd'hui, car voilà les troupes qui formoient une haie depuis le port jusqu'à la place de Meir, qui reviennent. alexandre logera au palais Impérial; et le roi de Prusse dans la maison de Mr Cornelissens place verte; ils viendront surement au chantier, et alors nous les verrons bien; j'aime assez cet Empereur parce qu'on assure qu'il a voulu nous conserver à la france. ... Papa et maman sont établis dans le nouvel appartement depuis Samedi; il est vraiment joli et fort commode; mais pour moi je regretterai toujours la rue de la place verte; du reste il n'y a pas de comparaison, celui-ci vaut le double; et pourtant il est moins cher de fr. 300...’ ‘Anvers samedi 2 juillet 1814. Je t'annonce, ma chere petite soeur, que je ne t'écrirai pas aujourdhui, et cela parce que mon cher papa a bien voulu me donner à copier un énorme mémoire pour son procès à Pau... tu trouveras peut-être que j'ai tort de ne pas garder cette lettre jusqu'à demain pour la rendre plus longue, mais tu sauras, ma petite, que ma tante a pris une voiture pour nous conduire dans tous les environs de la ville qu'elle ni maman n'ont pas encore vus depuis qu'ils ont été ravagés; tu vois que je serai en course; cela ne m'amusera pas beaucoup. à propos, l'empereur de russie est arrivé mercredi à 4 heures de l'après midi;Ga naar voetnoot(1) on ne pensoit plus à lui, mais la chaloupe et les autorités l'attendoient à la tête de flandres; il a passé l'escaut aussi vite que le vent; il a fait son entrée dans la voiture de Mr Nicolas Werbrouck; je n'ai pas couru pour le voir; seulement vers le soir nous sommes allés nous promener à la place de Meir, mais nous | |
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ne l'avons pas apperçu; il s'étoit montré dans l'après diner à son balcon, et même dans la rue pendant qu'il passoit la revue des troupes anglaises. nous avions l'espoir de le voir le lendemain au chantier, Mr Teichman devoit nous y conduire, mais ce beau monsieur a eu l'insolence d'y aller à cinq heures du matin, et nous n'avons pas voulu nous déranger de si bonne heure; il est allé ensuite au bassin et à la cathédrale et puis il est parti pour la haye. les français sont fort contents de lui; mr gourdon ne l'a pas quitté un instant; l'empereur lui a serré la main, en lui disant: qu'il aime les français, qu'il les porte tous dans son coeur, qu'il se plait à ne parler que leur langue etc. on a remarqué qu'en parlant de Napoléon il a toujours dit: l'Empereur Napoléon. ...’ Midden in deze politieke gebeurtenissen en berichten, ging de liefde-idylle voort haren gang. Zelfs brieven werden door de jonge lieden gewisseld, gloeiende liefdebrieven van wege den heer Teichmann, meer ingehouden bekentenissen langs den kant van 't jonge meisje, maar is haar schrijven aan hare zuster, met het gedurig weerkeeren van 's geliefden naam, niet in zichzelf eene bekentenis? Dat deze zuster de dolle franschgezindheid van Jenny niet deelde, bewijzen hare brieven. Zoo schrijft zij onder ander met kalm doorzicht den 3n Juli: ‘... tu parais desirer que les français nous viennent reprendre; notre pays a déja assez souffert pour qu'ils nous laissent tranquilles maintenant.’ Natuurlijk dat deze taal geen ingang vond bij het oudere meisje: ‘Anvers jeudi 7 juillet 1814. ... je t'ai dit l'autre jour tout ce que cet empereur de Russie a fait ici, mais j'ai oublié de te conter que la ville a été illuminée; nous sommes allés nous promener après le souper, pour jouir de ce beau coup d'oeil; Mr Teichman qui se trouvoit chez nous par hasard, m'a donné le bras; tu conviendras que je te rends un compte bien exact de ma conduite. Dimanche nous nous sommes promenés en voiture; d'abord à Deurne, ensuite au Leye, et puis chez nos cousines Verbiest;Ga naar voetnoot(1) Mr Roelans étoit avec nous; tous les | |
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environs sont presque rebâtis; ce qui m'a fait le plus d'impression c'est l'église au LeyeGa naar voetnoot(1) et cette jolie campagne vis à vis;Ga naar voetnoot(2) cet endroit là fait mal; les arbres ne seront pas sitôt remplacés que les maisons; on se sert des anciennes briques pour rebâtir ces dernières, de sorte que nous ne livrons guère que de la chaux;Ga naar voetnoot(3) en ville on ne bàtit presque pas, notre sort est trop incertain;... notre premier officier ne loge plus chez nous, mais nous en avons déja un autre dont je ne connois pas encore le visage; son domestique et son chien paroissent bien bonnes personnes;... C'est mardi qu'on a lancé le navire à six heures du soir; jamais il n'y eût tant de monde pour jouir de ce beau spectacle... la tente étoit fort jolie et j'en eus une des meilleures places; je ne puis te dire, chère mimi, les différentes sensations que j'éprouvai au moment où ce magnifique vaisseau s'élança dans le fleuve;... j'étois hors de moi; j'étouffois en songeant que c'étoit pour la dernière fois que j'étois témoin d'une pareille fête! je ne pouvois détacher mes yeux de ce vaisseau; il avait l'air de braver tous les anglais en passant devant eux! il étoit pavoisé de deux énormes drapeaux blancs, et orné de feuillages, on l'a nommé le superbe, et c'est à juste titre. cette cérémonie m'a rendue triste pour le reste de la journée;... Mr Teichman qui m'avoit offert le bras en sortant de la tente, a passé la soirée avec nous, et comme il n'étoit pas aussi attendri que moi il est parvenu à me dérider un peu. Les commissaires hollandais qui doivent faire le partage de la flotte ici conjointement avec les commissaires français sont arrivés; je crois d'après cela que nous verrons bientôt partir le reste de mes amis; je dis mes car je vois bien, ma chere, que tu leur a déja tourné casaque; lorsqu'ils remportoient des victoires tu ne rêvois qu'eux, et maintenant tu veux qu'ils nous laissent tranquilles...’ Hoe meer men deze brieven leest, hoe beter men de | |
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tegenstelling ziet tusschen de twee meisjes: de eene levendig, enthousiaste, opgaande in kunstroem, dweepend met haren geliefde; de andere begaafd met de gezonde rede, de soliede hoedanigheden van den echten Vlaamschen aard, niet minder hartstochtig eens dat haar hart was gegeven, maar meer ingehouden in de uitdrukking harer gevoelens. Hoe meer ook ik overtuigd word, dat de uitgelezen bloem op dezen stengel gegroeid, Constance Teichmann, uit de geaardheid van beide zusters iets had ontleend. Tot modenieuws toe deelen ons deze brieven mee: ‘.. j'aurai enfin ma robe neuve demain; elle est de guingamp rayée jaune... je l'ai voulue en redingotte. Ma tante a eu la bonté de m'acheter cette année un chapeau de paille d'Italie d'une finesse extrême...’ ‘Anvers lundi 18 juillet 1814. ... Tu ne sais pas encore, ma chere mimi, que mercredi dernier je suis allée souper chez un capitaine anglais; ne vas pas t'effrayer, c'est un homme respectable; il loge chez Mme Meert; Isabelle y étoit invitée, et il lui a pris envie de m'y mener; le souper étoit délicicieux surtout un certain fromage à la glace dont j'ai bien pris ma part; on a parlé anglais pendant toute la soirée mais j'avois heureusement à mes côtés un officier qui parle le français parfaitement bien, et qui par dessus le marché est extrêmement aimable pour un anglais;... il m'a montré des dispositions favorables en faveur des françaises, il sent qu'il les aimera bien mieux que les femmes de sa nation; au reste cet homme parroissoit avoir beaucoup d'esprit et de connoissances... Après le souper on a bu du punch qui étoit fort bon; je crois que toute la société serait devenue anglaise (c'est à dire ivre) si je n'avois pas été là pour lui rappeler qu'il étoit temps de rentrer chacun chez soi. les anglais sont enchantés du séjour d'anvers; ils s'y trouvent si bien que je ne sais en vérité comment ils pourront se résoudre à nous quitter; on assure qu'ils vont détruire toutes les fortifications et même les bâtiments de l'arsenal; on conclut de là qu'ils nous rendront à la france;... tous les matins nous voyons passer ici un des régiments anglais, et puisqu'il faut te dire tout, c'est cet officier du dernier bal, celui qui s'offroit pour être mon bon ami, qui suit la troupe à | |
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cheval; il ne manque pas chaque fois de fixer la fenètre; hier il m'a saluée; leur musique est affreuse;...’ Al poogde Jenny haar zusterken te misleiden met van de Engelschen te spreken, deze zag veel te klaar en antwoordt haar nuchter-weg: ‘... Sais-tu bien que tu deviens une petite coureuse, c'est toujours aller au bal, toujours danser et puis avec des personnes si aimables; tout cela ne m'arrange pas du tout; cette personne me gêne; je trouve que ces commissaires n'ont pas besoin de tant de tems pour démolir ces vaisseaux; gij kont zien wat that gij doet maer ik en wil dien schelen hotter voor mijn broeder niet...’Ga naar voetnoot(1) Maar nu moet Jenny zich weren: ‘Anvers Samedi 23 juillet 1814... Tu trouves, ma chère amie, que les commissaires ne vont pas vite en besogne et moi je trouve qu'ils ne sauroient être assez lents; voilà comme nos gouts se rencontrent mal. tu es bien injuste! que t'a donc fait dien lieven hotter? och! susterke lief, wilt hem tog voor uwen broeder! als hij mij wilt voor zijn vrouw. Aurois-tu pensé que je savois tant de flamand? j'en suis émerveillée...’ Niet alleen als een broeder zou Mimi hem later willen, maar als een vereerden, hartstochtelijk geliefden echtgenoot. Hoe had ze dat kunnen voorzien? Uit den zelfden brief: ‘... mardi soir il nous est arrivé notre cousin le curé Van Agten et sa niece; c'est cet homme respectable qui depuis trois ans étoit retenu dans les prisons de france. il ont logé chez nous. ce curé a beaucoup d'esprit, il se loue des français et nous a témoigné beaucoup d'amitié; on se trouve fort bien avec lui; je ne pouvois me lasser de le regarder, imagines-toi qu'il ressemble à notre grand papa d'une manière frappante; il est aimable comme lui. ils sont partis hier à neuf heures...’ Wie was deze geestelijke? Waarom was hij gevangen geweest? Zoovele vragen, alsook deze: Hoe Jenny haar rechtzinnig geloof overeenbracht met hare fransch-afgoderij? Dat zij daarin niet gevolgd werd, zelfs door degenen die zij voor Franschen nam, bewijst zij wat verder: ‘... il | |
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(Mr Teichmann) est comme toi, ma bonne amie, il n'aime plus les français depuis certaine époque et par la raison que tu me faisois entendre l'autre jour. voilà j'espère des motifs qui pourront te rendre plus traitable en faveur de cet aimable commissaire. un officier anglais vient à l'instant nous porter un billet de logement pour lui et sa famille; et cette famille... est composée de sa femme, sa soeur, trois enfans, une nourrice et une servante...’ ‘Anvers mercredi 27 juillet 1814. ... Lundi soir je suis allée avec Isabelle, maman, Mr Teichman et Mr Desmarets prendre des glaces au café de l'empereur place de Meir; c'est Mr Teichman qui nous les a offertes. hier nous sommes allés avec les mêmes personnes au chantier. je suis entrée dans la chaloupe de l'empereur N. je me suis assise à sa place; Louis XVIII l'a demandée et il paroit qu'on l'embarquera dans le premier vaisseau qui partira pour Brest; l'arsenal est triste maintenant, mais c'est le seul endroit où l'on soit exempt de voir les anglais... toutes les personnes qui ne sont pas venues á Anvers depuis le départ des français, trouvent la ville plus déserte qu'un béguinage;... je ne peux pas te dire à qui nous appartiendrons; il paroit que nous ne serons pas hollandais, et pourtant le prince d'orange vient au commencement d'août prendre le gouvernement provisoire de la Belgique... Dans ce moment il y a une troupe de comédiens anglais; ils donnent leurs représentations au théâtre. on dit qu'il n'y a pas beaucoup de monde, mais aussi il fait une chaleur insupportable...’ ‘Anvers mardi 2 août 1814. ... Samedi nous avons eu grande réunion; thé, bal, concert, tous les plaisirs enfin. la société étoit charmante... j'ai chanté et après cela Mr Charles m'a suppliée de le faire walser; ensuite on a dansé des contredanses; l'orchestre étoit exélent, il étoit mr teichman et moi; je ne sais comment cela se faisoit, nous causions toujours, et je t'assure qu'il n'y avoit pas autant d'accord dans notre musique que dans nos pensées. Notre pauvre anglais s'étoit mis à la porte du salon avec son enfant sur les bras pour m'écouter; nous l'avons trouvé là et tu penses bien que nous l'avons fait entrer; c'est un bien brave homme, et son fils est un | |
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petit bijou; ce cher enfant est fou de la musique; toutes les fois que je quittois le piano, il se pressoit bien vite de m'embrasser et puis me renvoyoit à ma place en criant: nog musiek. il comprend l'anglais et le hollandais. cette famille ne nous donne pas le moindre embarras. Nous avons gardé notre monde jusqu'à dix heures. jamais de la vie je n'ai eu aussi chaud et pourtant je n'ai pas dansé...’ Die zoo gehate Engelschen, afzonderlijk gekend, waren toch, zoo 't schijnt, ook menschen.
M.E. Belpaire. (Wordt voortgezet). |
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