père ne vouldra toucher à ce qui appartient à un pauvre prince qui lui est très humble serviteur, pour ce que la raison ne le permet, laquelle il ne vouldra oultrepasser, et aussi en considération des loiaus services que mes prédécesseurs ont faict à la Couronne de France et Duché de Bretaigne (dont il est descendu et est héritier) avec grands dangers de leurs vies, grandes despenses, et infinis travaus.’
Le prince d'Orange ne se reconnaissait donc nullement l'obligé du roi d'Espagne, et s'il devait à quelqu'un sa terre d'Orange, c'était au roi de France, parce qu'elle était une terre française.
Mais avant d'appartenir à la maison de Châlons, la seigneurie d'Orange avait été pendant près de deux siècles et demi dans le domaine des seigneurs des Baux. Cette maison seigneuriale des Baux a possédé Orange par le Mariage de Bertrand des Baux avec Tiburge, fille de Raimbaud IV, prince d'Orange, mort en 1173 ou 1175, sans laisser d'enfants mâles.
Le pays où se trouvait le château des Baux, à trois lieues d'Arles, mérite d'être décrit: ‘Nulle part’, dit Jules Canonge, qui l'a parcouru, ‘je n'ai vu des roches aussi étrangement tourmentées; elles se dressent, se creusent, se prolongent sur le vide en gigantesques entablements, jardins aériens qui soutiennent des végétations échevelées; elles s'ouvrent en défilés comme ce bloc des Pyrénées fendu par le glaive de Roland. Cependant le paysage devenait à chaque pas plus fortement accidenté; les rochers se découpaient en étranges profils ou se dressaient en aiguilles, en masses auxquelles la fantaisie d'artistes géants semblait s'être plue à donner