Dietsche Warande. Nieuwe reeks 2. Jaargang 1
(1887-1888)– [tijdschrift] Dietsche Warande– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
[pagina 693]
| |
Nederlandsche en andere oudheden.
| |
[pagina 694]
| |
Hop is zeer trotsch op de caresses der keurvorstin van Hannover, die hem met eigen hand eene vijg heeft toegereikt. In 't algemeen is Hop zeer tevreden met de wijze waarop hij tafelt. De beschrijving van de waterwerken te Cassel, van de exploitatie der mijnen in Brunswijk en die der plechtigheden van het Congres te Frankfort, ter verkiezing des opvolgers van Jozef I, in April overleden, behooren verder tot de leerrijkste deelen der reisbeschrijving. Hop verwijlde niet in Frankfort tot dat de verkiezing was afgeloopen. Wellicht moest hij (staatszaken worden in deze briefwisseling niet aangeroerd) ten bate der vredespreliminariën naar de republiek terug reizen. Zooveel is zeker, dat hij zich den eersten October 1711 weder te Amsterdam bevond, en de Utrechtsche vergadering kort daarop werd gehouden.
P. Alb. Th.
Cornelis Hop was de zoon van Jacob Hop. De vader was in 1680 Pensionaris van Amsterdam, van 1687 tot 1700 gezant der Vereenigde Nederlanden en daarop tot zijnen dood in 1725 Thesaurier-Generaal der UnieGa naar voetnoot(1). Cornelis Hop was ambassadeur aan het hof van Frankrijk van 1718 tot 1725, en plenipotentiaris op het congres te Soissons in 1729. Verder bekleedde hij tot aan zijnen dood, in 1762, | |
[pagina 695]
| |
verschillende stads- en landsposten. Hij was o.a. Burgemeester van Amsterdam, Bewindhebber der O.I. Compagnie, enz. Rousset droeg hem het 8e deel op van zijn Recueil historiqueGa naar voetnoot(1). Cornelis Hop studeerde te Leiden. Na zijne studiën volbracht te hebben vergezelde hij in 1707 den Luit.-Generaal Daniel Wolff van Dopff, door ‘Haar Hoogmogende’ naar Weenen gezonden. Die reis is in 1887 door mij medegedeeld in de werken van het Historisch Genootschap te Utrecht. In 1711 ging Hop alleen op reis. Het handschrift van deze laatste reis bevindt zich in het British Museum te LondenGa naar voetnoot(2), waarvan hiernevens het afschrift wordt gegeven.
Monsieur,Ga naar voetnoot(3)
Je ne vous ennuieray pas par vous donner en détail une relation de mon voyage, je me donneray seulement l'honneur de vous marquer, ce que j'ai trouvé le plus remarquable, et dont un jour vous vous en pouriez servir si par malheur vous etes oblige de faire le meme chemin et de le fayre de la mesme manière, je suis donc party de la Haye Dimanche 12 de Juillet 1711 au soir et j'ay trouve a Leyde le roef pour Uytrecht, pour laquelle j'ay paye....., a mon arrivé a Uytrecht j'y trouvois une calesche et une charette toute prête, pour la premiere on avoit accordé 32 florins et pour l'autre 20, quoy que le prix soit seulement de 18 francs, mais a cause que la pluye avoit déjà gaté les chemins, et que la barque estoit arrivée un peu plus tard qu'à l'ordinaire, et que je voulois coucher encor à Deventer qui est a quinze lieues d'Uytrecht je devois donner tant, j'y arrivois et je me logeois a La Lune ou au Croissant, où j'estois fort bien et assez | |
[pagina 696]
| |
à bon marché, j'y pris d'abord deux chariots pour lesquels le reglement ordonnois de donner 24 frans pour chacun, sans le passagie geld tout de mesme comme a Uytrecht, et je partais le lendemain 14 a six heures, il ne cessoit tout ce jour de pleuvoir, ce qui rendoit le chemin fort mauvais et long outre que jusques a Bentheim il y eut quinze lieues, on m'avait fait avoir à moi un chariot... ............. mais aussy cela coutoit il un écu davantage. Le passage par le TwentGa naar voetnoot(1) est tres désagreable tout presque bruiere, et des petites mechantes villes sur le chemin, mais encor trouvoit on a manger et boire, et a Goor on fit halte dans une auberge qui s'appelle le hofstee (?), ou j'estois assez bien et le soir a sept heures j'arrivois a Bentheim, où je fus logé à la maison de la Poste, c'estoit là qu'il falloit dire adieu au pais de la République, et à ses commodités, à sa langue, à son argent, et à ses lieues qui se agrandissoit en mille d'Allemagne ausy bien que les incommodités qui se augmentoient, pendant que l'argent devenoit plus leger, j'y voulus voir le chateau du comte mais il y eut tant de cérémonies a garder comme si c'eut été la premiere fortresse du monde, je m'y mettois sur un lit de repos jusques à trois le matin du 15, et il se falloit mettre sur deux charriots ouverts de paysan avec leur chevaux, qui au lieu de courir la poste avoient bien de la peine a nous traîner. Ausy les chemins estoient fort gaté, quoyque nous avions fort bien payes un écu pour chaque couple de chevaux et par mille et encor nous avoit on fait payer de la monnoye d'Hollande que vaut 23 a 25 pct plus que l'argent de l'Empire, deux milles de là on avait d'autres chevaux et nous ne payons que de l'argent du pais a un écu de couple de chevaux par mille, tout de mesme à Ipenbuhr, mais la on nous mettoit avec notre bagage sur un chariot et en revange on nous donna six chevaux, et comme de la il y avoit trois miles jusques a Osnabrugge il falloit payer six ecus, nous y arrivions a quatre heure le soir et d'abord faisions ordonner d'autres chevaux et partïmes a sept heures de la. Sur toute cette route Monsieur je vous prie de remarquer que depuis Deventer jusques à Osnabrugge la plupart du pais est bruyère mais où pourtant par cy par la on tiouve des chateaux et maisons des gentilshommes, que l'on ne trouve pour manger que du jambon et des oeufs a faire omelette, mais de temps en temps la bonne bière; pour remedier a cela j'avois pris un coffre ou il entre des bouteilles de vins et où je mettois de la provision de bouche, dont je ne saurois assez me louer; que quand on quite l'Overijsel on vous triche d'abord avec l'argent, ausy ne le cachent ils pas leur dessein, car ils affectent une telle civilité à vous changer votre monnoye, que par leur empresse- | |
[pagina 697]
| |
ment et l'excès de leur civilité on n'a point de peine a decouvrir leur ruse. L'argent diffère de 23 p cto pour le moins, pour un ducat on doit avoir 8 mark et chaque mark est de 16 sols qu'on appelle schellings, on paye pour courir la poste et pour avancer viste mais au lieu de cela on vous donne des chevaux que l'on ordonne des paysans, et ils vont ou viste ou lentement selon que la fantaisie leur prend; à chaque maison de poste on vous demande une heure pour changer des chevaux, heureux quand on échappe pour attendre deux heures, et quand ils vont deux miles en trois heures c'est assez bien aller, selon leur coutume, si bien qu'il ne faut pas compter de pouvoir faire plus de 10 ou au plus 12 miles par journée. Le chariot de Narden qui allait le mesme chemin et qui partoit à peu près au mesme temps de Deventer, ne nous a pas peu attraper, ausy va-t-elle encor moins viste que nous n'avons fait. Je suis etc. à Osnabrugge ce 16 Juillet 1711.
Nonobstant tout cela il faut que le drinkgelt marche toujours, et le seul secret de faire promptement le chemin est d'en donner beaucoup. Pour moy je l'ay réglé ordinairement à dix sols un peu plus un peu moins, selon qu'ils avoit fait diligence, qu'ils avoient été civils et que j'estois d'humeur. Outre cela on ose bien demander quelque chose pour celuy et qui engraisse les charriots, et depacqueGa naar voetnoot(1) les hardes de l'un à l'autre charriot, et il fallut encor un couple de sols par cy par la donner a ces importuns.
Monsieur,
Je crois que vous aurez receu la lettre que je me suis donné l'honneur de vous avoir écrit d'Osnabrugge et que vous aurez veu que je ne me suis pas arresté plus longtemps que je n'avois besoin pour vous depecher la dite lettre; je estois obligé d'y attendre trois heures et demy à cause que tous les chevaux estoient fatigué par le Duc de Meklenburg qui nous devancoit d'une journée. A sept heures pourtant je me mettois en chemin, il faisait bien nuit avant que je peus arriver à la maison de poste, les chemins étant fort empire et gatez. Ausy fesoit il fort obscur pendant la nuit par les pluyes continuelles. Ausy tost que le jour commençoit l'on se remit en chemin et continuant la nuit suivante je suis arrivé icy le soir à huit heures de vendredy 17 de juillet. Le trajet de l'Elbe nous tenoit le plus à coeur, car on me vouloit assurer qu'il estoit trop tard et que la marée estoit trop forte pour pouvoir arriver avand que les portes se fermoient, et avand huit heures. Ausy estoit il iustement tems, et il ne falloit qu'un quard'heure que je ne fusse y venu trop tard et dans la nécessité ou de me retourner à Hamborg, ou bien de aller coucher à Altona, quand | |
[pagina 698]
| |
à la ville d'Osnabrugge d'où cette lettre commence, elle n'est pas grande et encor moins belle, des maisons antiques, la maison de poste est grande, mais on ne trouve pas là occasion de loger, ausy ne cherchois je pas a y demeurer puisque mon dessein estoit de passer plus loin, encor n'encourrois je là la mesme envîe de changer de la monnoye bonne contre de la mauvaise, c'est a dire contre de la legere, on m'y attrapa ausy un peu et je suis plus redevable a ma defiance qu'a leur bonne foi, que je ne l'ay été plus. J'y payois la poste jusques Nijenburg a 12 miles de la et donnant pour 6 chevaux 10 ecus du pays, le maître de poste me donnoit un billet sur quoy à toutes les maisons de poste l'on me changeoit les chevaux sur la quitance du poste-meester, par quoy je m'epargnay la peine de payer chaque fois de nouveau, et le risque d'estre trompé; l'on peut faire la mesme chose a Naarden et Amersfoort, mais comme j'avois pris des voitures à Uytreght jusques à Deventer cette commodité me manquoit, puisque le maistre de poste de Narden n'a pas la liberté de donner de ses voitures au préjudice des charrettes ordinaires. De la ville de Deventer à Nijenburg on me donnoit un autre ville(?) jusqu'a Harborg, et quoyque je croyois que quatre chevaux pourroient très bien faire l'affaire il fallut avoir 6 et payer encor 18 écus. Mais icy on avoit trouvé un autre moyen de voler. Après encor avoir essayé de changer des especes fruste (?) mesme de l'or,Ga naar voetnoot(1) que l'on voulut prendre sans l'agio, on me fit payer un écu pour l'acquitance de luy avoir payé les postes jusques à Harborg, et qu'en vertu de cela il me donna un ordre aux postes de relais de me servir; enfin je venois à Harburg et après avoir bien pressé les bateliers à voir si je pouvois encor passer la rivière j'arrivois en bonne santé mais fort fatigué ici en ville. Je suis etc. Hamburg ce 18 de juillet 1711.
Monsieur,
Je ne scaurois point décider ce qui m'a fatigue plus ou les incommodités du voyage ou bien deux ou trois chopines que j'ay été obligé de prendre ici, mais je scay bien qu'ils font au moins oublier les premiers incommodités, je suis logé à la cour de Dannemark chez Gober, traiteur François dans la Riche straat, je luy dois faire la justice que sa maison est plus propre que je ne l'avois crue et qu'il traite fort délicatement. Mais par la civilité de Mons1 le Président Van den Berch et des autres amys j'ay diné plus chez eux que chez moy. J'ay rrouvé la ville bien située sur une des plus belles rivières de l'Europe, et dans laquelleGa naar voetnoot(2) deux petites rivières se dégorgent encor par la ville, lesquelles avec les fortifications que l'on a fait, mais | |
[pagina 699]
| |
toutes de terre, rend la ville très forte et presque inattaquable à cause de la grande circonvallation que l'on serait obligé de faire. Outre cela elle a une artillerie très belle et très nombreuse et toujours des magasins de munitions de guerre et de bouche remplis, par dedans elle n'est pas fort belle, peu de belles maisons, peu de belles rues, et peu de propreté mais beaucoup de monde et grand fracas, outre le commerce qui le rend ressemblant a Amsterdam, j'y ai trouvé les manières de luxe à peu près les mesmes, mais j'ay trouvé grande distinction par raport au respect que l'on doit avoir pour son supérieur, qui est traicté ici généralement avec mépris, et il y a des disputes continuelles et véhémentes entre la bourgeoise et le SénatGa naar voetnoot(1). La bourse est belle, mais ne tient pas le tiers de celle d'Amsterdam, et les jours de poste elle fourmille de monde, les autres jours il n'y a pas grande presse, on y trouve sur toutes les places des corps de gardes tant de la ville, qui a une garnison de 2000 soldats, que des troupes de la commission impériale qui y est depuis trois ans et qui fait pester bravement les inhabitans. La garde de nuit est habiliée tous de mesme comme les autres troupes de la ville, et monte tous les soirs la garde tambour battant, et armé de fusils mais font pourtant la ronde avec des bâtons, outre cela elle a une compagnie de dragons. Pendant l'hyver on m'asseure qu'il y a beaucoup de princes et des gentilhommes des environs qui y viennent passer leur temps, et qu'il y a alors de belles assemblées de Dames ce qu'il y manquait asteur, le passe tems des marchands c'est le soir dans la cave de la ville, où on boit du bon vin à très bon marché, où on en trouve de fort bon c'est une institution de la bourgeoisie, il y a 50 ans, et quoy que le vin y est a bon marché, neanmoins elle augmente extremement son capital et ses revenues. Elle est sous la direction des députés des bourgeois elle relève son droit tous les ans de la ville par une pièce d'artillerie de métal a 24 ℔ de bales, et vient de temps en temps au secours de la ville par son argent dans les besoins piessants. L'opéra allemand va toujours son train, et quoyque la langue paroit meilleure pour commander une armée que pour plaire dans la musique, je vous puis dire qu'elle ne laisse pas que d'avoir son mérite et est toujours d'un secours pour faire passei le temps aux étrangers. La place de l'opéra est belle et bien ménagée; derrière la maison de l'opéra on fait voir la fantaisie d'un homme de condition qui a fait faire le temple de Salomon en bas relief, mais tout selon que l'Ecriture sainte l'a marqué, et a la | |
[pagina 700]
| |
mesure juste, on y a travaillé six ans ausy est ce un ouvrage achevé et curieux. Comme l'on fait voir ordinairement aux Etrangers les églises, je les ay ausy vues, et considérant l'antiquité il y en a qui sont belles et riches, et ornées des mesmes ornements comme les catholiques romaines. Les environs de la ville sont beaux et principalement la hauteur d'Altona et sur elle le jardin de la princesse d'Oostfriese, on y a la vue fort belle sur la rivière et par dessus les isles dans elle contre les hauteurs du pays de Luneborg, il y a des auberges ou on va manger du poisson, de l'autre costé de la ville le ham et hoorn fournit une très belle promenade par la grande quantité de jardins que les bourgeois et riches marchands de la ville y ont. La ville est environnée et serrée de pres par plusieurs princes fort puissants, comme sont les Roys de Danemark, de Suede et de Prusse, les Electeurs de Hanovre, les ducs de Holstein, et de Meklenburg et on pourra dire qu'elle ne doit sa conservation qu'a la jalousie de tant de princes, qui ont tous le mesme desir de posseder un si riche tresor, mais principalement est elle serrée de pres par Altona qui est au Roy de Danemark et qui n'est pas une grande heure de la ville. Je suis etc. à Hamburg ce 29 de juillet 1711.
Monsieur,
Depuis ma dernière j'ai receu tant de nouvelles certaines que l'armée danoise ne viendrait pas encore si tost dans le voisinage de cette ville comme je m'estois imaginé, que je perd le but de mon voyage de voir les cours de Hanovre et Cassel et d'estre à Francfort vers le temps de l'élection d'un nouvel Empereur si j'attendais l'arrivée duGa naar voetnoot(1) | |
[pagina 701]
| |
Roy de Danemark et de son armée aux environs d'icy. J'ai pris donc la résolution d'aller à Rensbourg; pour cet effet je faisois venir le 29 du mois passé vers les quatre heures après mydy un chariot de poste, qui me menoit jusques a Itsenhoe, où je changeois et venois vers les neuf heures du matin a Rensburg 15 miles de Hambourg, je me rendois d'abord chez Mons.Ga naar voetnoot(1) Schalten le general en chef du Roy Danois, qui me receut fort honestement, et qui me menoit a mydy a la Cour, me fit presenter par le mareschal de la Reyne mère,Ga naar voetnoot(2). et cette princesse qui y estoit casuellement dans le dessein de passer outre pour le pays d'Oldenbourg me presenta luy même au Roy. La Reyne mère me paraisoit estre bonne matrone et fort honeste. Le Roy n'avoit pas la mine trop relevée, et n'estoit pas a son avantage quand le general Scholten parloit a luy. Le Roy estant petit et l'autre tres robuste. La cour estoit petite, le mareschal PlatenGa naar voetnoot(3) eut l'honesteté de me prier a manger, mais estant engagé avec le comte de Ransau je me trouvois dans la nécessité de perdre un bon repas pour faire un fort meschant, je le reparois le soir et je m'en allais souper bonnement a la table dudit mareschal. Le bonheur voulut que le Roy fit la revue l'apres mydy de son armée pour la Reyne mere, et je profitois de cette occasion pour voir les troupes du Roy. Le General Scholten me fournit encore des chevaux, les troupes estoient belles et en fort bon estat, et c'estoit a admirer que la cavalerie qui avoit tant souffert dans la bataille deGa naar voetnoot(4) Schandernavie et avoit coupé la gorge a tous leurs | |
[pagina 702]
| |
chevaux se fut remisé en si bon estat, et s'est remonté de si beaux chevaux, la plupart des regiments sont de cinq escadrons, chaque escadron de deux compagnies, il y en avoit qui estoit tres beau, tout n'y estoit pas encore assemblé, la moitié piesque cantonnait encor par cy par la et ne se devoit joindre que dans la marcheGa naar voetnoot(1) vers la Pomeranie, l'infanterie estoit belle mais il avoit plus de jeunesse dans elle que dans la cavallerie. Je crois qu'il y la ensemble 36 esquadrons et 16 ou 18 bataillons, il faisoit fort chaud. Mais le Roy par précaution avoit prit un habit rouge doublé de velours verd et brodé richement. Crimine ab uno disce omnes. Comme le Roy n'est pas très bon cavalier il y avait deux correurs qui devait prendre soin que son cheval ne fit point trop de grimaces, et n'emportait sa personne Royale, au retour de la revue je vouloir voir les fortifications de la ville, que le Général Scholten fait faire quelques années passées mais le temps estant écoulé par la revue | |
[pagina 703]
| |
et le terme de faire la cour au Roy s'approchant, je ne pouvois voir qu'une partie, mais ce que j'ay vu estoit tres beau et bien entendu, y ayant employé tout ce qui l'art peut faire, la ville au reste n'est pas grand' chose vieille et petite et le chateau où le Roy logeoit tout de mesme, je m'en allois de la nuit a onse heures, mais comme beaucoupe de personnes voyageoit alors je ne trouvois pas justement les relais ausy promptement que je l'avois espere, et je ne pouvois attraper Hamburg que samedi au matin. Le pais de Holstein est assez bien principalement les lisieres de la mer, le reste est la plus part bruijere et bois, mais la quantité de la noblesse qu'il y est et le voisinage de la mer Baltique et de l'Elbe le rendent fort considérable. La souveraineté est partagé entre le Roy de Dannemark et duc de Holsteyn, raison qu'il y a des disputes fréquentes mais ausy que l'un empeche l'autre d'empieter sur les droits d'autruy, je suis etc. A Hambourg ce premier d'Aout 1711.
Monsieur,
Ausy tost que je fus reveneu de Rensbourg je me preparois a poursuivre mon voyage plus oultre et je partis de Hamburg le 2 de ce mois, après mydy, assez content de mon sejour que j'y avois fait hormis que je n'avois veu des Dames, je prenois un bateau expres pour passer la riviere qui coustoit 4 marks et c'estoit 5 heures avand que je pouvois estre depesche a Hambourg. il y falloit passer pas l'examination, si je ne venois pas des pais infectés de la peste, j'y payois 12 ecus pour quatre chevaux pour les 12 miles jusques a Zell ou j'arrivois lundy a une heure apres mydy. Le pays jusque la est la plus part bruyere et bois et beaucoup plus propre pour la chasse que pour l'agriculture. Les montagnes ne sont pas fort rudes, et les chemins assez bons. La ville de Zell est assez bien située dans une assez belle plaine; elle est assez grande, et des rues assez larges. Le chateau la residence du vieux duc de Zell est un beau bastiment. L'Electeur de Hanover la conserve, et y tient de ses chevaux et chiens de chasse avec toute leur dependanc et ce qui conserve la ville dans son lustre est une cour d'appellation et tous les colleges, qui y estoient autrefois y sont restées et on dit que la campagne y est bonne, je mangeois un peu dans une auberge, qui s'appelle l'Ange d'or, et apres avoir rendu la visite l'apres mydy a mad. Schuts je me remettois en chemin vers les sinq heures, mais je rencontrois des si mechants postillons, que c'estoit une heure apres minuit avand que j'arrivois a Hanover, ou je trouvois la poste fermée, et ce ne peut qu'avec peine que dans la maison de poste on me vouloit loger pour cette nuit. Il n'y avoit eu pourtant que sinq lieues. le lendemain je foisois vénir un carosse je m'en allois loger chez Chapsan a la maison Electorale prochre de la Cour. C'est la que logent la pluspart des Anglais, et ou l'on est fort bien. Mais ausy ne reçoit il pas tout le monde, je trouvois occasion | |
[pagina 704]
| |
par Mons. le Marquis de la Forest,Ga naar voetnoot(1) un des Gentilshommes de la Chambre de l'Electeur de me faire presenter a la cour le mesme soir, où je trouvois un acceuïl tout à fait surprenant aupres de l'Electrice DouairiereGa naar voetnoot(2) qui me fit venir dans son cabinet, et me fit mille questions sur les affaires et personnes de Hollande, apres quoy, elle me presenta au Prince Electoral et me demanda de promener avec elle dans le jardin, la Cour estant à Herrenhausen, apres elle me fit faire une partie de piquet avec elle et la Comtesse de Bohrenburg a la poule la quelle dura quatre heures de suite, elle me dit de souper, mais n'ayant pas | |
[pagina 705]
| |
efe presente à l'Electeur, je croyois que la bienseance voulut que je me retirasse; le lendemain elle me presenta elle mesme a l'Electeur et m'accabla encor de nouveau de caresse, me faisant voir son figuier et me donnant elle mesme des figues. l'Electeur estoit ausy extrêmement obligeant, liant d'abord quelque conversation sur plusieurs choses, on me fit encor dire d'y souper, je le fis ausy, la table n'estoit pas opulente mais bonne, et la compagnie petite. L'on foisoit tous les soirs la cour, mais comme S.A.E. est la comme véritablement à la campagne puis qu'il n'aime pas la trop grande compagnie on ne luy vient faire la cour que fort négligeamment, ausy n'y est il qu'auprès de l'Electrice puisque c'est proprement là sa cour. Le divertissement ordinaire a la Conr c'est la promenade, jusqu'à ce que la sayson de la chasse commence qnand l'Electeur et toute sa cour vont en divers endroits selon la sayson, dans la ville on se divertit assez bien par des parties privées, mais en general la plus part de la noblesse estant a la campagne, il y faut estre l'hyver pour le divertissement que l'on m'a asseuré alors d'estre fort grand, ausy ne peut il guère manquer, puis que les Princes sont d'un honesteté extraordinaire, et les courtisans tout autant. l'Electrice Douairière est d'une humeur à charmer, et jouit d'une santé parfaite quoy qu'elle à les 80 ans passés. L'Electeur est au premier abord un peu sombre,Ga naar voetnoot(1) mais apres fort civil et honeste, | |
[pagina 706]
| |
et tres esclairé des affaires du temps et de son interest, le Prince ElectoralGa naar voetnoot(1) paroit estre plus vif et plus enjoué, ne manque pas de jugement de civilité, c'est la cour la mieux reglée peut estre de l'Allemagne et sous quelle domination les sujets jouissent de tant de félicité. il y a beaucoup des refugies qui s'y sont établis, partie venue de Zell où la Duchesse françoise de nationGa naar voetnoot(2) les a introduits, partie y veneue | |
[pagina 707]
| |
a droiture. La ville est située sur une petite riviere mais laquelle n'est pas navigable. Le jardin de Herrenhausen y est tout prest a une demi heure de chemin, il est fort beau et il y a des belles promenades et des jets d'eau, elle a trois ou quatre heures de promenade pour faire le tour, le chateau est commode sans estre grand, fort bien meublé, et entre autres de très beaux tableaux, je suis, etc. A Hanovre ce 5 d'Aout 1711.
Monsieur,
De Hanovre a Brunsvic il n'y a que sept lieux, encore le chemin est bon jusques a une lieue de Brunsvic je croyois y trouver la cour du Duc de Wolfenbuttel mais il estoit a Wolfenbuttel mesme, je me logeois au Corenshaus, la meilleure hauberge de la ville et ou a | |
[pagina 708]
| |
cause de l'approche de la foire beaucoup des marchands étrangers furent logés. La ville me paroissoit beaucoup plus grande que Hanovre et plus peuplée, ausy est ce une des villes commerçantes de l'Empire, et ou la foire est fort considerable, elle est située sur une petite riviere, qui fait aller des moulins mais n'est pas navigable, contre la une hauteur, je n'y ay pas este assez longtemps pour en scavoir beaucoup de particularites puis que je crois d'en partir a ce moment. Je suis etc. a Brunswyk ce 16 d'Aout 1711.
Monsieur,
Je suis donc party le 16 de Brunswyk et a un lieu de la je me suis trouve a Wolfenbuttel, je faisais d'abord dire au Schloshauptman BenningsenGa naar voetnoot(1) qui scavoit deja que je devois venir que j'estois arrive et que je le faisois demander a quelle heure je pouvois faire la reverence au DucGa naar voetnoot(2), il me fist dire qu'a sept heures le Duc m'attendoit a souper. J'y allois et livrois au Duc une lettre de l'Electrice d'Hanovre, qu'elle m'avoit donnée, il me receut fort civilement, et avec beaucoup de bonté, c'est un vieillard de 80 ans a peu pres, qui a fort bonne mine, et qui a la veue fort bonne, non pas l'oreille ny les pieds. il faut parler bien distinctement avec luy et pour se promener il se fait mener. Je trouvais encor a Wolfenbuttel le CzarewitzGa naar voetnoot(3), ou fils du Czar, qui y estoit venu pour espouser | |
[pagina 709]
| |
la petite fille du Duc. Ce jeune prince de 20 ans est fort bien fait, mais a la couleur jaune, et crache beaucoup a cause des flegmes qu'il a dans l'estomac, parle assez juste, et possède bien la langue allemande; y estant incognito il ne voulut point que je luy fisse la reverence qu'en passant. J'y ay mange a sa table ausy longtemps que i'y ay ete mydy et soir, et toujours egalement honeste et civil par distinction. La cour est assez belle. La ville n'est pas grand chose, l'academie pour la jeune noblesse y donne quelque relief, la bibliotheque est fort belle et nombieuse on est occupe presentement de batir un nouveau batiment pour elle, l'ecurie est bien garnie de beaux chevaux tant pour la maison du Duc que pour l'academie entre autre un sauteur qui fait bien, et qui a le dos tout à fait plié en dedans de plus d'un demy piedGa naar voetnoot(1). Salsdaal y est tout pres c'est le jardin du Duc où il y a principalement a voir les belles et précieuses galeries remplies de beaux tableaux et des belles statues de Michel Angelo outre cela des vastes cabinets de porcelaine des Indes et enfin plusieurs petits cabinets remplis de mille curiosités dont le Duc est très grand amateur. Ce Palais quoyque fait tout de bois est très fort, beau et assez magnifiquement meuble, mais principalement encor des beaux tableaux, le jardin n'est pas fort grand mais fort joly, et remplis de statues, il y a un cloitre luthérien, tout appartenant, des filles dont chacune doit avoir un enfant, sçavoir, pour élever. j'ay ausy veu la cérémonie dans une Eglise Catholique de l'exorcisme, un paysan du pays d'Anspach faisant les grimaces et contorsions comme possede du diable lequel le prestre prétendait de chasser.
Je suis a Wolfenbuttel le 10 de Aouit 1711.
Monsieur
Je suys parti de Wolfenbuttel le 11 de ce mois et je suis passe par Goslar petite ville Imperiale a 4 miles de Wolfebuttel, de la je suis entre dans le Haarts, antiquia silva Heruani, une chaine de montagne fort haute et fort peu fertile qu'en bois de sapins, et en ardoise, et je suis venu par un chemin fort incommode d'elle mesme a cause de la hauteur des montagnes mais encor d'avantage par les pluyes continuelles qu'il faisait tout ce jour la et je suis venu vers le soir a Zellerfeld a 2 lieux de Goselar, j'ay ete loge a la cave de la ville, mais le logement estant trop petit, par la bonté et civilité de bons amys je l'ay changé le lendemain, et suis alle chez Mons. Cari- | |
[pagina 710]
| |
sius berg-waradin, fort honeste homme a Clausthal. Le lendemain apres mon arrivee Mons. Heimburg Vice-Intendant des mines de S.A.E. a qui j'estois adresse par Mons. le Conseiller privé Oberg me vint faire la visite et m'offrit de me faire voir toutes les choses, il me donnoit pour cet effet le secretaire Sijderssikker(?), luy mesme estant affairé pour ce jour la. Il me menoit auparavant dans les huttes mais comme vous ne serez pas fasché de scavoir la maniere de faire de l'argent depuis le commencement jusques a sa perfection, vous me permettrez bien que je commence par les mines, et que je vous prepare la matiere jusques à la monoye. On m'a donc mené à une maison où on me fit prendre des habits fait pour descendre dans les mines, une peau derriere pour pouvoir appuyer contre le rocher il fallut descendre par des eschelles mises assez droits, et de temps en temps et a chaque six toises..... il y avoit un petit bordesGa naar voetnoot(1), pour se pouvoir reposer, et où un autre eschelle commençoit. Chacun de nous avoit un mineur devant soy avec une lampe qui bruloit de suif au lieu de huile. La descente n'estoit pas fort commode. Les trous par ou il falloit passer estoient fort étroits et par les pluyes continuelles et par les veines d'eau qui se rencontroient parcy parla il fesoit humide et froid.Ga naar voetnoot(2) Du coste des eschelles il y avoit la machine pour tirer l'aerts (erts) c'est la matière pour laquelle on travaille et cela se fait par un moulin et machine d'eau qui puise jusques d'en bas dans des cuves ce dit ‘aerts’, que l'on travaille par cy par la en chemin faisant mais principalement tout en bas ou on fait un trou dans le roc et on fait sauter par la poudre à canon les pierres, après quoy on soutient la montagne sur des bois, et on y fait des galleries de costé pour découvrir s'il n'y a point des bonnes veines. Les hommes y travaillent 5 heures de suite par jour et gagnent 28 grosses par semaine, qui font à peu près un florin et demy de nostre monoye. La matiere ainsy tirée du fond de la terre, est voiturée par des chariots aux bergwerken. Il y a environ 180 trous que l'on a creusé a Clausthal pour descendre sous terre et y chercher les trésors caches. Outre cela il y a encore deux villes qui appartiennent a l'Electeur seul c'est Andriesberg et Altona et en communauté la maison de Wolfenbuttel, outre Cellerfeld il y a encor Wielleman, Groent et Lautendaal (?).Ga naar voetnoot(3) Quand donc l'étoffe est sorty de terre, | |
[pagina 711]
| |
on la voiture dans les bergwerken, maisons appropriés a l'usage que l'on en doit faire. C'est la que l'on commence a piler la matière que l'on appelle aerts, et qui contient en soy l'argent, le plomb, le soufre et slak (c'est autant que caput mortuum)Ga naar voetnoot(1) et on la pile fort menu sur la manière que l'on fasse (?) l'huile de semence apres quoi on la lave par l'eau.Ga naar voetnoot(2) On emporte desja beaucoup des parties inutiles, apres quoy on le porte dans les hutten, autres maisons. On le pese et on le livre au pesant au chef des hutten, qui en tiennent exactement registre; on le met depuis dans un brandoven que l'on echauffe avec du feu de bois afin d'en eloigner le soufre et toute autre matiere corrosive, dont l'exhalaison et la fumée sont du poison, que l'on assemble dans la cheminée et dont on fasse de profits encor, afin de ne perdre rien. La matière est environ neuf heures dans ce four, apres quoy on la porte encor dans un magasin et on la pile de nouveau fort petit, y ajoutant de slakken ou caput mortuum mais qui est fluide comme ausy du plomb qui a la vertu de prendre l'argent dans soy, on le met dans un smelt-oven, que l'on échaufe de charbons, c'est la où la matière se separe des slakken, et tout ce qui écoule par en bas par un trou du four est argent ou plomb, que l'on appelle alors verk (?) il faut que dans ce four là la matière reste de 12 jusques a 36 heures de suite et un homme qui sert a cela gagne par semaine 4 ½ P.D.; on le met apres dans des formes, et on le met dans un drijfoven; pour séparer le plomb d'avec l'argent, on fait le fond de ce four de cendre de bois de hormes (?) bien purifié et au milieu on fait un trou de la grandeur que l'on calcule que la quantité d'argent sera et c'est la dedans que l'argent se retire, éloignant le plomb à cause de la plus grande pesanteur de l'argent, le plomb se confond dans la matière qui a fait le fond du four, et l'écume que l'on tire fournit du lithargiriumGa naar voetnoot(3) aureum et argenteum, celuy cy sert a souder et l'autre à faire des couleurs ou bien encor un fort fondis(?) retourne au plomb quand le verk, c'est-à-dire l'argent et le plomb sont dans le four, la marque certaine que l'un s'est séparé de l'autre (ce qui se fait par de grands | |
[pagina 712]
| |
soufflets) c'est qu'il n'y a plus de noir sur l'argent, et on appelle cela le blik, alors il faut tout d'abord éteindre le feu par de l'eau chaude afin que le four ne se casse point, et un moment apres on y tire la piece d'argent, qui selon la valeur des mines est de plus ou de moindre grandeur et pesanteur. L'argent ainsy tiré de la terre et séparé des matières qui l'environnent encor purifie dans le silverbrand un four ou on le purifie de 1 ¼ loit de matieres étrangeres et du 16 loit se réduit a 14 ¾ et alors on la porte a la monoye celle de Clausthal, ou sont les pus riches mines, et où (?) l'arrest (?) en la plus grande perfection se fait autour (?), et alors on fond premierement l'argent et on le met dans des formes longues et minces, apres quoy on le passe par l'aide d'un moulin, et on le rend de la grosseur que l'on destine en forme de lames apres quoy on le met dans un four pour le rendre plus mol, et sortant de quoy elle passe encor par une forme pour examiner encor la grosseur de l'argent qu'on en veut faire, et par une nouvelle invention on coineGa naar voetnoot(1) en mesme temps les petites especes, mais pour les grandes on les coupe en jetons, on les pèse, on fait le bord à celles où le bord doit estre rayé, on en fait la rayure du bord, et puis apres on la coigne, mais a Cellerfeldt on agit d'une autre maniere, on la fond et on la met dans des formes fait de grosse...(?) apres quoy on coupe les pieces et on les pese et comme elles ne sont ny minces ny plates ny rondes on les rend premierement minces. apres cela plates, et puis on les rondit, tout cela se fait par le marteau, on les met puis apres dans le four pour les mollir, et en sortant on les bat encore en plat et en rond et on y coigne dessus, mais comme ce coinn'est pas si bon, ausy tous les autres attirails ne valent pas ceux de Clausthal. l'Electeur de Hanovre est seul maitre de celles de Clausthal et pour 4/7 dans celles de Sellerfelt, les 3/7 qui restent, appartenant au duc de Wolfenbuttel, on m'a assuré que l'on tire de celles de Clausthal seules toutes les années entre 32000 × 40000 mark d'argent, et en dix ans d'icy que l'on a tiré 130,469 centener de plomb, le quel plomb tout doit estre livré là sur le lieu a mons. von Ekkaut Olenberg Contractant, demeurant à Goslar, qui donne 3 1/4 daler par centener.Ga naar voetnoot(2) La souveraineté du lieu est a l'Electeur de Hanovre, ou bien en communion a luy et au duc de Wolfenbuttel, mais les mines se font par des particuliers en soute (?) et tout le monde y est admis, et jouit des grandes privilèges, dont on m'a dit qu'un certain AgricolaGa naar voetnoot(3) fait une | |
[pagina 713]
| |
bonne description; les villes sont assez grandes, et il y en a jusques a trente mille ames qui y vivent des mines, le terrain est tres ingrat au reste et ne fournit que du bois, de l'herbe et du foin. Les maisons sont faits de bois. a cause que l'on a remarque que les pierres ne sont pas tant de durée que le bois, et que les maisons de pierre sont plus tost consumées que celles en bois; il y a un berghauptmann qui a la juridiction supérieure sur les villes de montagne et est comme gouverneur de la part des Princes leurs souverains, j'y ay rencontré fort de civilite de celuy qui l'estoit pour l'Electeur d'Hanovre. et qui s'appeloit BuschGa naar voetnoot(1) m'ayant donné a manger et son carosse a mon service. La religion y est Lutherienne et quelques uns sont reformez, la langue est Saxonne, apparemment qu'ils sont anciennement venus de ce pays la, et qu'ils ont gardé leur langue malgré plusieurs siècles d'échappez, il y fait fort souvent mauvais temps beaucoup de pluyes et de neige, l'air y est subtil enfin c'est un pais tout particulier et digne d'estre plustost veu qu'inhabité. Voycy joint la liste des mines et ce que chacun donne par quard d'année, chacun peut estre intéressé dans ces mines, et c'est en forme de société que l'on y fait travailler chaque mine a 120 ou 130 portions lesquelles valent plus ou moins selon le profit que l'on en tire, ausy selon l'espérance de profit. L'Electeur n'y a que le disme par droit de Regal, et n'a qu'une mine a soy, mais des portions dans la plupart, il y met des officiers, et sont sous serment de fidélité, ausy par la quantité des registres que l'on en tient il est fort difficile d'en user frauduleusement. j'espère que vous ne prendrez pas mauvais que j'ai été si long sur cette matière, elle est curieuse et neuve pour vous autres, je seray plus court desormais. Je suis, etc. A Clausthal ce 13 de Aoust 1711.
Monsieur,
Je suis party de Clausthal le jour que je vous ay écrit ma derniere lettre et comme il avoit fallu monter beaucoup pour y venir, tant il falloit descendre de hauteur. C'estoit un charme de revoir une fois des beaux pais. Je prenois ma route par Osterode, Northeym | |
[pagina 714]
| |
MündenGa naar voetnoot(1) et de là à Cassel. Les environs de Münden sont connus. Mais quand on descend dans le pays de Hesse on trouve un beau paysage, les hauteurs mais fertiles, des bois, mais pas trop grands, et en tout cas bonne retraite pour le gibier, qui y est ausy en abondance. La ville est assez jolie située sur la Fulda, qui se jette à Münden dans le Weser, et qui est navigable jusques au dessus de Cassel. La ville Francoise est fort belle, et comme elle est neuve on est encor occupé a y batir des fort belles maisons. Le chateau du LandgraveGa naar voetnoot(2) est très beau j'ay eu l'honneur de l'avoir fait la reverence et d'avoir mangé avec luy. il paroisoit d'un naturel tres doux et naturellement honeste et bon. Comme il aime sur toute chose la mathematique et bien principalement la mechanique et l'architecture, on voit des grands et vastes dessins a l'entour de la Capitale comme le jardin du chateau et l'orangerie, mais principalement le grand ouvrage de Wysensteyn ou Winderkastel on bien plus ce que l'on y veut faire. C'est à une lieu de Cassel sur une haute montagne, où la nature a donné de l'eau en telle abondance que par des canaux ou y peut assembler au moins et pendant les chaleurs de l'été jusques a un jet d'eau de 20 doigts cubics. et en hyver ou bien en la plus grande quantité cela va jusques a 60 doits cubics dont on est maitre desus la montagne sur quoy on y a batty une espece de chateau antique de 300 pieds de diamètre et 388 de hauteur, sur quoy il y aura 250 statues pour ornement, tout ceci est prest d'estre fait, et on fait déjà sauter une fontaine, après plusieurs petites, dans des grottes ornées, de 40 pieds de hauteur dont le diametre est de 2 doigts C'est un Pelion ou Pyphon enterre sous le rocher qui la jette. il y a ausy déjà 600 degres de faits pour y monter et le long desquels les cascades font déjà leurs effets. il y en a 28 de la largeur de dix ou douze pieds et des deux costés d'environ trois pieds de largeur, il y en a de chaque costé 78, le tout environne par des larges montées. A toutes les six grandes cascades il y a un bassin, | |
[pagina 715]
| |
d'eau. Tout cecy est fait, mais ce qu'il se doit faire selon le plan est tres grand, et pas a comprendre comment on puisse avoir l'idée assez grande pour entamer un tel ouvrage, encor est ce de l'invention du Landgrave mesme. Je n'ay pas peu bien savoir la hauteur de tout l'ouvrage a cause que l'on ne l'avoit pas encor mesure, mais toujours c'est prodigieux. estant sur une des plus hautes montagnes du païs où on scoit que les montagnes sont extremement eleves. il y aura bien dix ans avant que tout puisse etre acheve selon le plan qu'on en fait en petit et en bas relief, il y a deja 11 ans que l'on a travaille quelquefois avec 500 hommes et 900 chevaux plus ou moins selon les temps; une commodité est que l'on trouve tous les matériaux sur les lieux. Quand a la Personne du Landgrave il paroit estre fort bon Prince doux et pieux, quelles qualites sont presque le caractère de la maisonGa naar voetnoot(1), outre cela il est extremement civil, la cour est belle, et bien servye et tout le monde en general y est fort civil. Le pays n'est pas fort grand mais fort bon et enfermé dans des furieuses montagnes, qui en rendent l'acces difficile. Je suis etc. A Cassel ce 17 d'Aoust 1711. La chasse est le grand penchant et le divertissement de la cour et de la noblesse, aussy est elle bonne.
Monsieur.
Je suis party le 18 de ce mois de Cassel, et par des chemins assez penibles et montagneux je suis venu icy. Il y a 6 postes | |
[pagina 716]
| |
entre Cassel et Francfort chacune de trois miles le chemin estoit fort gasté par les pluyes continuelles, et il falloit aller toute la nuit sans que la lune donnoit le moindre secours au defaut du jour. et non pas mesme les etoiles, et ce n'estoit qu'a peine que j'attrapois cette ville le 18 au soir. Je trouvois pour mon grand agrement chez le Resident SpinaGa naar voetnoot(1) des billets que l'Electeur de TrierGa naar voetnoot(2) m'avoit fait donner pour estre logé dans le quartier de la ville qui estoit marque pour sa suite, et c'estoit dans le Snoeitgasse (?) chez la veuve de van Hilter. Je me donnois l'honneur d'abord le lendemain de faire la reverence au dit Electeur qui non seulement me receut fort civilement mais me prit dans sa suite, avec cette distinction, qu'au lieu de me donner la table des gentilshommes de sa suite il me fit presenter une place a la table du Marechal; de la Cour tout cecy m'accomoda fort bien, car outre que je n'avois pas besoin de songer pour mon logement et pour ma nourriture, je avois encor par dessus tout cela la protection de la cour, et je ne pouvois plus estre consideré comme etranger, et par-la point sujet ny a la ville (?), ny a en sortir du temps de l'Election avec tous les Etrangers. me voilà donc asteur gentilhomme Ecclesiastique, Electoral, Catholique Romain et mesme si vous voulez Archiepiscopal, et dans la suite vous me trouvez toujours sous cette figure, sans pourtant changer la moindre chose a l'attachement que j'ay pour estre toujours etc. Francfort ce 24 Aoust 1711.
Monsieur,
Le jour du Congres estoit arreste au vingtieme de ce mois mais comme plusieurs ambassadeurs manquerent encor au rendez-vous et que le nonce du Pape, et les ambassadeurs du Roy de Boheme n'avoient peu convenir du ceremoniel avec les Electeurs on le differa jusques a mardy 25 du mois quand la premiere conference s'est tenue. C'estoit en toute ceremonie que cela se fit, la maison de ville estoit preparé pour cela, dans la chambre où l'on se devoit assembler il y avoit sur une petite estrade sept fauteuils de velours noir d'un costé de la table, et 28 sieges a dos derriere de l'autre costé de drap noir en quatre rangs les uns les autres, sur les fauteuils les Electeurs et les premiers ambassadeurs de chaque Electeur prendroient leurs places et sur les autres les ministres et les autres ambassadeurs auroient les leurs. Dans | |
[pagina 717]
| |
un coin de la chambre il y eut une autre table pour les secretaires de chacun, la chambre estoit en noir, en bas de la montée il y avoient deux hallebardiers de la Ville, en haut à la première porte tout autour et sur la place devant la maison de ville, il y eut une garde de la garnison et troupes de la Ville. Vers les dix heures l'Electeur de Treve commençait sa marche en cet ordre. Avand tout alloit le fourier de la Cour menant tous les laquais des Seigneurs de la suite de la Cour deux à deux au nombre de 150, apres quoi venoient douze pages vestus a la Bourgognonne. leur gouverneur et deux capellans suivoient. Les gentilhommes en nombre de 50 a peu près suivoient la dessus, puis les palefreniers et douze valets de pied, six haydukkes marchoient devant le carosse de Son A.E. Le carosse estoit attelé de six chevaux et l'Electeur y estoit seul dedans, a la portière marchoient le Grand Ecuyer et le Capitaine des gardes avec quatre coureurs environné de 25 hallebardiers. Derriere le carosse suivoient 18 valets de chambre de l'Electeur, les gens de sa musique et de sa chancelerie et de la chasse, enfin venoit la compagnie des gardes du corps. Les officiers a la teste armés comme a l'ordmaire hormis qu'ils étaient à pied comme tout le reste de la suite. tout le monde estoit en deuil, et les gentilhommes marchoient chapeau bas, pêle-mêle et sans ordre. six chanoines ou conseillers de l'Electeur dans deux autres carosses à deux chevaux dont trois entrèrent ausy dans le conclave. qui pourtant ne marchèrent point dans là file. l'Electeur estoit en robe et manteau longs. De mesme le grand doyen de Treve le Baron Els,Ga naar voetnoot(1) les autres estoient ausy en manteau, mais du depuis les séculiers l'ont quitté, et il n'y a que les ecclésiastiques qui l'ont gardé. l'Electeur de MayenceGa naar voetnoot(2) est venu à peu près dans le mesme ordre, il avoit trois ou quatre carosses à six chevaux hormis que la suite de ses gentilhommes n'estoit pas si grande. Les ambassadeurs des Electeurs venoient avec 3, 4 ou six carosses a six chevaux, et leurs gentilhommes estoient dans les carosses excepté les Bohemiens dont les gentilhommes estoient ausy devant le carosse des ambassadeurs n'y ayant que les laquais, les pages et les heydukkes qui marchoient à pied devant les carosses. Les Bohemiens estoient ausy en deuil, ils venoient avec cinq carosses a six chevaux, c'es- | |
[pagina 718]
| |
toient le comte Vindisgrats,Ga naar voetnoot(1) le comte Kinsky,Ga naar voetnoot(2) et le Sr Konsbroek,Ga naar voetnoot(3) la suite de leurs gentilhommes est assez grande, et la pluspart sont des comtes Autrichiens ou Bohemiens. Les Palatins avoient trois carosses a six chevaux. Les cochers et les postillons avoient la livrée de l'Electeur, mais les valets de pied les couleurs de leurs maîtres. Leur magnificence estoit dans un fort beau carosse de l'Electeur, se reservant de faire éclater leur grandeur jusques a ce que l'Electeur luy mesme soit venu. Les ambassadeurs estoient le Baron de SikkingenGa naar voetnoot(4) et Metsiert (?) Les Saxons venoient avec quatres carosses a six chevaux, lesquels carosses ils ont augmentés de deux autres encor plus magnifiques et sans faire tort aux autres, ils n'avoient pas l'équipage le moins leste, leurs chevaux estoient fort beaux, les carosses magnifiques, mais surtout brilloit beaucoup la couleur de leur livrée, c'estoit le drap jaune, garny de passements d'argent bordé d'un petit bord bleu. C'estoient le Baron Friese,Ga naar voetnoot(5) chancelier de l'Electorat, le comte de Werthern,Ga naar voetnoot(6) et le Sr Hagen. et quoique l'Electorat est le premier des Protestants, leurs trois jeunes ambassadeurs estoient pourtant de la Religion Romaine. Les Prussiens avoient 5 ou six carosses et six chevaux. dont il y en avoient qui estoient beaux et des beaux chevaux, la suite de leurs gentilhommes estoit assez grande. Les ambassadeurs estoient le comte de DohnaGa naar voetnoot(7) le Sr. de Hynungen et le Baron Mardefeld mais le second ambassadeur mourut le lendemain de la première conférence d'une apoplexie et eut pour successeur le éomte de Mettering, enfin les | |
[pagina 719]
| |
Hanovriens, qui y assistoient pour la première fois avoient un assez bel équipage et venoient avec trois carosses à six chevaux, le Baron Gors et le Sr Schrader estoient les ambassadeurs. Le comte de Papenheim comme maréschal de l'Empire les receut en bas de leur carosse. Deux Desputes de la ville foisoient la mesme chose, la garde estoit dans les armes, battant la marche dès que la suite approchoit d'eux. Le comte Papenheim les mena dans la chambre destinée à l'assemblée, et restoit à la porte jusques a ce qu'ils eussent fait pour les reconduire de la mesme maniere a leur carosse quand chacun retournoit chez soy de la mesme maniere qu'il estoit venu, chacun pourtant servoit selon son rang, mais y venoit quand bon lui semblait. La mesme ceremonie s'observe ausy quand les ambassadeurs se donnent des visites de ceremonies, avec cette différence pourtant qu'ils se recoivent à la portière du carosse, et les reconduisent de mesme, qnand aux visites que les Electeurs se rendent la mesme chose s'observe. mais pour la visite des ambassadeurs aux Electeurs on n'a pas convenu, puisque les Bohemiens prétendent estre receu comme les ambassadeurs Royaux, quoy qu'ils aient renoncé à toute distinction par l'acte de réadmission. Les Electeurs ne leur veulent pas accorder leur demande sur cela les autres Ambassadeurs prétendent la mesme chose, et ne peuvent point voir les Electeuis non plus. A la fin pourtant on est tombé d'accord sur ce point de ceremonie, et les Ambassadeurs se sont contentés d'estre receu par les Electeurs dans leur premiere antichambre et conduit de mesme a leur depart. Le grand chambellan les recevant dehors la dite antichambre, le grand mareschal au haut de la montée, et le mareschal de la Cour en bas du carosse. Je suis. A Francfort ce 27 de Aout 1711.
Monsieur,
Une des curiosités qu'on montre aux Etrangers et laquelle est justement de saison dans la constitution des affaires d'apresent, est la bulle d'orGa naar voetnoot(1) de l'Empereur Charles IV laquelle est gardée icy en original a ce que l'on prétend, c'est le fondement de toutes les constitutions et loix de l'Empire, c'est le sceau d'or qui l'a donné le nom et elle est encore très bien conservée, il est trop connu ce qu'elle contient pour vous ennuyer par une relation. au reste c'est du temps de la messe que la ville brille le plus, car alors on voit toutes les boutiques | |
[pagina 720]
| |
pleines et bien garnies et principalement de l'argenterie d'Augsbourg que l'on y trouve en grande quantité, ausy est ce vers ce temps la que la noblesse et les grands seigneurs d'alentour y viennent passer une quinzaine de jours et que l'on se divertit bien, il y en a deux par an. L'une du printemps et l'autre de l'arrière saison. par une vieille mode on envoit le jour que la messe commence des escortes a la rencontre des marchands et principalement du costé de Cologne, du Palatinat, d'Augsbourg et de Neurenberg, ausy les recoit on au bruit de l'artillerie de la ville et la garnison sous les armes, mais il n'y a que la coutume qui fait continuer ce manoeuvre dans les temps à présent puisque les marchands viennent quand bon leur semble et il n'y a qu'un fort petit nombre qui se servent de cette escorte. Au reste, quand la messe est finie la ville n'est pas trop peuplée et les magasins et les boutiques sont pour la plus grande partie fermée et le monde qui y reste attaché à leurs affaires. Mais asteur les assemblées des dames fourmillent de monde, car oultre les Electeurs et Ambassadeurs des Electeurs et leurs suites nombreuses il y avoit le Prince Electoral de Saxe, plusjeurs Princes et comtes souverains des environs et autres parties de l'Allemagne, des ministres des pluspart des puissances de l'Europe, et une infinité d'Etrangers que la solemnité de cet acte ou la foire, ou la curiosité avoient fait venir et concourir dans cette ville, et quoy que c'est dans l'été, il y a une abondance de chapeaux (?) tres grande par toutes les suites des ambassades qu'il y a pour l'élection d'un nouvel Empereur. Deux comédies allemandes assez méchantes partagent encor un peu la grande foule, mais quand elles sont finies et que ceux qui y ont été viennent encor rendre leurs hommages aux Dames, on a de la peine à se pouvoir tous ranger dans les plus grands appartements; qui ne veut pas trop suer, il n'y doit pas venir. La situation de la ville est assez heureuse estant dans un fort beau pays, a la rivière du Meyn, qui à 3 lieux de là se joint au Rhin, environné de beaucoup de princes dont la naissance est plus grande que la force et la puissance et pour le commerce d'Italie et l'Empire avec la Hollande justement au centre et au passage. le senat est composé de gentilhommes, des bourgeois et des artisans, tous Lutheriens. les Catholiques y ont deux églises et couvents publics et les juifsGa naar voetnoot(1) un quartier de la ville, mais les Reformés vont à Bokenheym, sous la domination du comte de Hanau pour exercer leur devotion a une demy lieue de la ville. La grandeur de la ville parait plus quand on considère son circuit que elle est effectivement, je ne | |
[pagina 721]
| |
crois pas qu'elle contient 6 mille maisons, outre qu'il y a beaucoup de vuide du costé de la porte de Hanau, il y a plusieurs quarrés dans la ville et quelques rues assez grandes et larges pour qu'elles occupent beaucoup de terrain, je suis. a Francfort ce 10 de Septembre 1711.
Monsieur,
Voilà encore la grande quantité du monde qui se trouve augmentée apresent par la nombreuse cour de l'Electeur Palatin,Ga naar voetnoot(1) qui arriva il y a deux ou trois jours icy avec une suite de plus de 1300 personnes des deux sexe, et 1200 chevaux. Madame l'Electrice est arrivée en mesme temps, quoyque par une pretention de ceremonie, et qu'il voulut estre receu comme vicaire de l'Empire, et recevoir par ce principe plus d'ostentation d'honneur que les autres Electeurs tant par rapport au salut de l'artillerie, que de la reception, il a refuse toute sorte d'honneur à son arrivée, et qu'il voulut entrer incognito. il y avait un si prodigieux concours de monde qu'il paroissoit que tout ce qu'il y avoit a Francfort s'estoit donné rendez vous aux environs des maisons ou l'Electeur avoit pris son quartier. on croyoit que le lendemain il feroit son entrée pour la premiere fois au congres au Römer, mais estant fatigué, il le remit au lendemain apres quoi il le fit de la mesme maniere que l'Electeur de Treve l'avoit fait hormis que tous ses gens estoient hors de deuil, et qu'il n'avoit que l'Electeur et les gentilhommes qui estoient habillés de noir, encor y avoit il cette différence que tout fut precede par un avand garde de ses gardes, au reste les valets de la cour, les pages, les gentilhommes et tout le reste estoit regle comme je viens de dire et sur le pied de l'Electeur de Treve la garde estoit plus nombreuse, et consistoit bien en 200 personnes outre ses hallebardiers suisses. Le nombre de ses gentilhommes et courtisans n'estait guère plus grand que le notre, [c'estoit Mr. d'Obdam], les rubans rouges, marque de l'ordre Electoral de St. Huber donnoit plus d'eclat que les petits collets d'un archevesque, deux ou trois Envoyes des Princes Italiens et le Ruban bleu de l'ordre de l'Elephant donnoient un grand relief au cortege, mais surtout brilloit le carosse dans lequel l'Electeur estoit, qui estoit de grande magnifi- | |
[pagina 722]
| |
cence. Ses gardes et ses gens estoient habillés de ses couleurs ordinaires de bleu et ses galons d'argent. La curiosité dans le beau sexe pour la marche des auties Electeurs et Ambassadeurs, se renouvela plus vivement ce jour la, et le beau temps qu'il fit y donna plus de brillant et de lustre, toutes les fenestres aux environs de la maison de ville estoient tapissés de ces etoffes vivantes, elles eurent contentement sur les deux buts qne les dames ont ordinairement à ces sortes de solemnites, puisque spectatum veniunt veniunt spectentur ut ipsae. Je suis, a Francfort ce 26 Septemb. 1711.
Monsieur,
L'on n'attendoit rien de plus constamment que d'apprendre le jour fixe de l'Election puisque la capitulation estoit dressée, les Electeurs que l'on attendoit arrivés, enfin tout ce l'on creut en' etat pour achever l'acte pour lequel tant de dépense estoit faite. Quand on commençoit a entamer des points lesquels plusieurs années ne pourroient pas décider et comme mes affaires particulieres me pressoient beaucoup a retourner dans le pais, je pris le parti de m'embarquer le 27 au grand matin dans une peute barque,Ga naar voetnoot(1) et comme il faisoit clair de lune, j'allois jusques a Mayence avand que le jour commençoit a paroitre en passant je voyois la le jardin de l'Electeur au dessus de la ville a 4 lieux de Francfort au bord de la riviere, qui est assex beau, et principalement pour les fontaines qui y sont, et sa belle situation. Ayant fait chercher un [...] et ne le trouvant point assez promptement je pris le parti, de partir de la immediatement, et de passer par le [...] sur les ordres, que l'on avoit donne par avance, et sur mon passeport que j'avois de l'Electeur de Trier. Cela reussit assez bien et il n'a fallu que j'abordasse qu'a deux ou trois endroits, et je venois le soir vers les huit heures a Coblentz douze lieues de Mayence on na peut rien au monde voir de plus agreable et de plus beau que la riviere le Rhin depuis Mayence jusqu'à Coblentz principalement dans le Ringau. Le bord de la riviere est tout habite, les villes se joignent les unes aux autres par des villages contigus, passé Bingen on estoit dans les montagnes lesquels de l'un costé sont toutes plantées par des vignes et de l'autre par des bois, et aux bords toujours des villes ou villages par cy par là des chateaux. horsmi la belle vue et la quantité du monde qui y demeure il n'y a pas beaucoup a voir La tour dans laquelle on dit qu'un Archevesque de Mayence se retira au milieu du Rhin pour eschaper la poursuite des souris et laquelle pour cela s'appelle encor le Muizentoren et le chateau qui s'appelle le Palz | |
[pagina 723]
| |
et lequel on dit avoir donne l'origine et le nom aux comtes Palatins du Rhin construite ausy au milieu de la riviere sont presque les seules choses remarquables; par les rochers cachés sous l'eau et qui sont le plus en nombre aux environs de Bingen et St Goar, la riviere paroit de temps en temps un peu dangereuse, mais plus à cause du peu d'habilité des bateliers que de raison. pour joindre les deux bords du Rhin il y a un pont volant à Rheinfels, et nulle part ailleurs. Quoyqu'il n'y avoit que la lune qui me peut estre de quelque secours pour voir, je montois encor a la citadelle, plus pourtant pour scavoir les ordres pour passer plus oultre par le postring (?), que bien pour satisfaire ma curiosité; ausy tost que je scavois ce que je désirois je me remettois dans ma barqueGa naar voetnoot(1) et me mettois a dormir jusques à Bonn si bien que je n'ay pas trop bien formé une idee du pays par lequel je passois alors, et je venois a dix heures du Lundi matin a Cologne a douze lieues de Coblents, où je fut arresté jusqu'a sinq heures apres mydy avand que de pouvoir avoir des chevaux. c'estoit à minuit quand je venois à Dusseldorf a sinq lieues de Cologne et la poste estoit fermée, j'estois obligé m'y arretér jusques a huit heures du matin avand que je pouvois partir; a 4 heures apres mydy,Ga naar voetnoot(2) j'estois a Wesel sept lieues de Dusseldorf, et pendant que l'on attelloit mes chevaux j'allois voir la citadelle qui est au bord du Rhin de sinq bastions, a laquelle on travailloit encor. le lendemain mercredy matin a trois heures j'atteignent Duisborg qui sont trois mortelles lieues de Wesel je venois a Arnhem, assez à temps pour avois le chariot de poste pour Amsterdam, très content d'avoir fait tant de diligence et d'estre arrive en bonne santé dans le pays. Quoyque i'aurois ete fort content d'avoir veu la fin et l'Election mesme de l'Empereur, je n'ay pas lieu d'estre mecontent du voyage que j'ay veu la cour et l'armée de Danemark, les cours de Hanovre, Wolfenbuttel, Cassel, Mayence, Treve et Palatine, tout l'Empire ensemble pour ainsy dire dans une ville, quantité de beaux pays par où je suis passé, la particularité des mines et des richesses cachées au Haarts et que j'ay ete accable par lant civilités et d'honneurs, et que je suis revenu en bonne santé dans la patrie, mais principalement que j'y ay trouvé et vous et tous les autres amys et parents en bonne santé. Je suis etc. A Amsterdam ce premier d'Octobre 1711. | |
[pagina 724]
| |
|