Dietsche Warande. Nieuwe reeks. Deel 3
(1881)– [tijdschrift] Dietsche Warande– Auteursrechtvrij
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A Madame la Douairière H., née Mary B.,
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pour l'archéologie, prétendent toujours que l'excellent Czar Pierre avait une prédilection toute spéciale pour leur localité, et ils affectent de croire que c'est surtout à leurs chantiers que le bizarre Muscovite s'est initié dans les secrets de la construction des navires. Nous autres, Amsterdamois, nous avons laissé dire; mais de temps en temps on a rappelé à nos voisins que, pour être dans le vrai, on devrait reconnaître que Pierre a demeuré pendant des mois consécutifs à Amsterdam, où il avait sa bibliothèque, son observatoire et ses outils.... mais nos bourgmestres n'y ont guère tenu; le séjour du chef des Russies de toutes les dimensions et de toutes les couleurs leur a été quelquefois à charge et le profit qu'on a retiré de son amitié n'a pas été d'une exorbitante valeur. Comme l'on fait a Zaandam un cas exceptionnel de la maisonnette, dont le Czar avait loué un appartement, et comme des Princes et des Princesses ont l'habitende de s'y rendre en pèlerinage et d'y écrire leur nom dans un album, on laisse faire, quelque drôle d'impression que ce mésentendu fasse sur nous autres, gens d'Amsterdam. Feu M. Jacobus Scheltema, l'ardent adorateur de Tesselschade (que vous connaissez bien), a écrit un tres bon livre sur le séjour de Pierre en Hollande; on pourrait s'y renseigner: mais les gens n'aiment pas à lire avec attention, et la jeune tradition touchant le Muscovite de Zaandam (il y en a qui s'imaginent que le nom géographique doit s'écrire Sardam en souvenir du Czar) donne un démenti formel à ma thèse qu'une chose imprimée fait plus d'impression qu'une chose racontée. Qu'y faire? Je continue la publication de mon Almanac et de ma Revue. Il me faut naturellement des réceptacles pour les productions littéraires des amis qui m'entourent et pour les miennes propres: il y a un petit et modeste public qui a l'habitude de nous lire, et voilà comment il se fait que le nombre de mes livres va toujours en croissant. Je voudrais, surtout pour mon Almanac, pouvoir mettre en avant une idée-mère, réaliser un plan, ne pas me borner à surveiller l'impression d'un recueil quelque peu fortuit; mais le temps me fait défant. Ce qu'il y a de méthodique dans mon esprit je dois le consacrer à mes leçons, et de cette manière mes publications ne sont que des reflets d'idées qui se suivant sans plan de campagne. Je viens de terminer encore un volume de la Dietsche Warande. | |
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Les Pères Dominicains van Hoogstraten et de Groot, tous les deux des esprits fort distingués et de véritables savants, qui, pour être d'excellents poëtes et prosateurs, ne laissent pas d'avoir fait leur philosophie avec un grand éclat, m'ont encore puissamment aidé à mieux faire connaître à nos compatriotes les deux grandes figures de Vondel et de Bilderdijk, dont le culte, sans cela, pourrait bien un peu souffrir des dévasfcations que se permettent dans leurs courses vagabondes les théories hyper-naturalistes. Mon ami, M. Anton Sterck (que vous connaissez très bien) m'a gratifié d'une étude généalogique sur la familie Halewijn-de-Piennes. Le Père Allard de la Compagnie de Jésus m'a fait une étude biographique sur les Helvétius-de-Mun qui ont contracté des alliances dans notre pays. Il appelle spécialement l'attention sur le fait remarqaable que le philosophe Claude Adrien Helvétius, auteur du livre de l'Esprit et JésuitophobeGa naar voetnoot1 de première classe, était le père du bisaïeul de cet Albert de Mun lequel, à la tribune française, s'est fait une gloire de venger l'honneur des Jésuites et de l'éducation qu'ils donnent. M. Édouard van Even, le docte et si intelligent archiviste de la ville de Louvain, m'a fourni une biographie très attachante et remplie de faits peu connus de ce personnage mitré dont vous avez vu quelquefois le portrait à perruque poudrée dans notre salie à manger. J'avais par hasard decouvert dans l'église de Ste Gertrude à Louvain (que vous connaissez mieux que moi) que ce prélat était un gentilhomme hollandais, avant-dernier abbé des nobles chanoines de Ste Gertrude dans l'ancienne capitale du Brabant. J'y ia fait joindre une gravure du portrait. Moi-même j'ai donné une notice sur mon ami très regretté, le peintre Reinier Craeyvanger: esprit original, coeur d'or, s'il en fut jamais. Dans la sphère des questions philosophico-sociales différents | |
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phénomènes ont encore passé la revue dans mon recueil. Peut-être, dans votre hermitage où les jours se suivent pleins de sérénité et d'espoir, avez-vous entendu parler de la théorie des Pessimistes de nos jours, qui a produit une espèce de secte comme certaines autres. Of course ce sont des penseurs allemands qui la patronisent: MM. Schopenhauer et Hartmann. Un littérateur, en prose et en vers blancs, M. Marcellus Emants, qui montre très peu de points de rapport avec son saint baptismal, le Pape Marcel, s'est fait l'apôtre de ces tristes théories. C'est dommage que les beautés poétiques d'une composition fort remarquée aient servi de véhicule à son fatalisme et que bien des gens pieux ont été scandalisés de ce qu'il emprunte en partie au langage biblique les noms des personnages auxquels il fait jouer un rôle dans son poëme épique intitulé Lilith. La mythologie gréco-latine continue de son côté à fournir matière à l'étude de nos savants et artistes. Deux livres - une traduction (non terminée) de l'Iliade, par M.C. Vosmaer, et une anthologie de traditions se rattachant aux déesses et nymphes les plus remarquables de l'antiquité par Madame Lina Schneider - ont fait le sujet d'une appréciation dans la Warande. Le 3e vol. de la nouvelle série, qui nous occupe, renferme en outre des critiques ou des recommandations de différents autres ouvrages de la main de mon cher frère et collègue, le prof. Paul Alb.Th. de Louvain, et des détails biographiques sur un historien et homme d'état de nos jours, M. le professeur Vreede (par le jeune docteur J.W. Spin) et sur un excellent humaniste de la Renaissance, peu connu, le Ruremondois Jean Murmellius, par M. le curé Wessels. Une généalogie de l'intéressante familie patricienne d'Amsterdam, Hooft - célèbre surtout parce que le chef du mouvement littéraire du XVIIe siècle, Pierre, fils de Corneille, en sortait, quelques poésies inconnues du XVIIe et du XIXe siècle complètent, avec quelques courtes notices sur différents sujets, ce volume de ma revue qui vient de célébrer ses noces d'argent avec mon très indulgent et très fidèle public néerlandais. Que votre amitié me continue la première de ces qualités; la mienne ne sera jamais trouvée en defaut pour ce qui regarde l'autre. Adieu. Jos. A.Th. |
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