Dietsche Warande. Nieuwe reeks. Deel 1
(1876)– [tijdschrift] Dietsche Warande– Auteursrechtvrij
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A Monsieur le Dr J. Nolet de Brauwere van Steeland, à BruxellesGa naar voetnoot1).Monsieur et honorable ami,
Je regrette de ne pouvoir répondre en deux mots à la question que vous me faites l'honneur de soumettre à mon jugement. Sous bien des rapports il me semble désirable que les peuples, les races, les familles, dans leurs localités, abdiquent aussi peu que les individus les traits caractéristiques de leurs moeurs, de leur langage, de leur costume, de leurs formes de vie en un mot. Pour moi le peuple frison par exemple, avec son caractère, sa langue, ses manières à lui, est encore autre chose qu'un objet archéologique, condamné à mourir, ou à être empaillé, frotté de camphre et exposé dans les vitrines d'un musée. A ce point de vue, les dialectes existants des langues vivantes ne meritent pas seulement un enregistrement lexicographique comme le louable travail de M. De Bo, - parce qu'il nous importe, dans notre suffisance de savants néerlandais, de connaître les barbarismes provinciaux; mais ces dialectes méritent une étude philosophique approfondie, parce que leurs éléments sont des témoins irrécusables de la manière de penser et de dire de nos | |||||||||||||||||
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compatriotes, et qu'à tout moment nous retrouvons, dans les glossaires des différentes localités, des formes perdues dans la largue générale et quelquefois appelées à y combler des vides. J'ai été souvent frappé, en entendant parler le flamand de Louvain par exemple, comme ce dialecte possède une infinité d'expressions très pittoresques, pour indiquer les nuances de certaines actions, de certaines qualités, que dans la langue générale nous ne pourrions dépeindre que par une expression moins précise et moins frappante. Je crois donc que nous n'avons pas le droit d'étouffer la vie dans certaines branches de la langue thioise ou néerlandaise, et si je n'oblige pas nos jeunes campagnardes à accepter les toilettes de nos dames, qui n'iraient pas à leurs manières, je ne veux pas non plus qu'elles renient leur souvent très joli patois, pour adopter le langage superbe de nos maîtres d'écoles moyennes et primaires. D'un autre côté je ne me dissimule pas que, avec un certain orgueil de vieil Amsterdamois, je me rende compte des peines que se donnent dans nos États-Généraux les membres accourant de la Gueldre, du Nord-Brabant ou de la Frise, pour venir parler à La Haye la langue de Vondel et de Bilderdijk, et j'ai la ferme conviction que, pour un commerce des esprits fertile en bons résultats, il est urgent que les Néerlandais soient au fait de la langue générale, dite civilisée. Je crois qu'il est dans l'intérêt de la littérature, que les bons esprits ne s'attachent pas avec trop de tenacité aux formes d'expression et de prononciation propres à l'endroit de leur résidence. Dans la question qui nous occupe, je n'oserais pas dire cependant que les écrivains de Rond den Heerd, par exemple, atteindraient mieux leur but qui, en premier lieu, est d'être lu, s'ils écrivaient dans la langue des professeurs David ou Bormans. Je n'ai pas de données statistiques pour cela. Si ce que ces messieurs écrivent est bon, mérite d'être lu, l'on ne doit pas marquer d'un sceau de réprobation la forme littéraire dans laquelle ils s'expriment, à moins que cette forme ne pêche grièvement contre les véritables lois de la langue, qui sont, vous me l'avouerez, encore autre chose que les résumés partiaux qu'avec le titre de grammaire néerlandaise l'on met entre nos mains. Il n'y a presque pas de forme très répandue, pas d'idiotisme se soutenant à tra- | |||||||||||||||||
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vers les âges, qui n'ait un droit d'existence, et si je coöpère à imposer, en fin de compte, la langue qui se parle dans la bonne société à Amsterdam et à La Haye à la population de nos écoles publiques, je ne fais que me soumettre à un mal nécessaire - een noodzakelijk kwaad. Il en est de la généralisation des langues, comme de celle des nationalités elles-mêmes. J'aime la monarchie française, j'admire cette civilisation qui a créé les grandes épopées du moyen âge, les théâtres de Corneille et de Molière, comme les chants de Lamartine; mais je. ne laisse pas de regretter que les traits distinctifs de la Bretagne, du Languedoc, de la Touraine et de l'Auvergne s'effacent. Je trouve facile et agréable qu'à Middelbourg, à Java et à Amsterdam je paie avec la même pièce de fl. 2.50; mais la diversité dans l'unité, l'harmonie dans l'opposition, la couleur, la poésie est du côté de ceux qui aux Indes aimeraient mieux échanger une poignée de leurs précieux nids d'oiseaux contre une aune de calicot, et qui aiment à manipuler les fortes empreintes des monnaies zélandaises et amstellandaises du XVIe siècle. Concluons: que chacun soit soi-même: qu'il écrive, au besoin, l'idiome de sa localité, oui le jargon particulier de sa famille, de sa tribu; mais qu'il ne néglige pas pour cela la langue générale. La nationalité hollandaise et flamande a des droits à faire valoir et il existe une langue moyen terme, une langue civilisée, et dans laquelle, de 1200 à 1874, une foule de grands exprits ont pensé et écrit, et qu'il ne faut pas négliger; elle a sur nous des droits à faire valoir, et nous avons envers elle des devoirs à remplir. Vis unita fortior - notre devise nationale des deux côtés de l'Escaut trouve encore ici son application. Je ne termine pas cette lettre sans vous remercier du grand plaisir que m'a procuré la lecture de vos deux études, dans lesquelles il y a bien des choses que MM. De Bo et Gezelle pourront mettre a profit. Agréez, cher Monsieur, l'expression de mon entier dévoument.
J.A. Alberdingk Thijm.
Amsterdam, 14 Avril 1874. | |||||||||||||||||
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A M.J.-A.v.D.v.V., à Mariendaal (Commune Velp e/B.).Amst. 12 Oct. 1874.
Monsieur et cher ami,
Après la bonne couple d'heures passées ensemble dans votre paisible retraite, nous avons exécuté notre projet d'aller un moment déranger les vénérables pères Capucins de votre voisinage, pour tacher de retrouver l'effigie du P. GrayGa naar voetnoot1), que vous croyiez y avoir vue. Dans les corridors pittoresques du cloître, l'inspection des portraits, ‘accostés’ chacun d'un tableau biographique peint a l'huile, rédigé en vieux neérlandais avec la simplicité frappante d'un martyrologe, nous a vivement intéressés. Nous y avons effectivement trouvé le panégyrique de plus d'un perronnage écossais, qui avait été membre de l'ordre de S. François et s'était distingué comme tel; mais notre vénérable parent n'était pas du nombre. Avec tout le zèle d'ardents bibliophiles, les bons pères ont encore fait des recherches dans leur belle bibliothèque, pour y trouver les traces de Joh. Gray: mais ç'a été en vain. Plusieurs monographies gardaient souvenance des Capucins qui à différentes périodes avaient sacrifié leur vie pour notre sainte religion: mais le Père Gray étant Récollet, ne s'est pas présenté à nos regards scrutateurs. Cependant ce n'est pas seulement le Père Joachim Boenerus, prêtre de l'ordre de S. François, qui fait mention de la fin tragique du Père Gray. Les historiens de la ville de Bruxelles ont gardé bonne souvenance de lui; si les archives de la Baronne Madeline Gray, Heiress des titres du dernier Pair, garderaient le silence au sujet de notre héros, ce serait encore un fait qui s'explique, par un détail que nous fournit en Latin et en Flamand, le Ruremondois Boenerus, dans sa Delineatio historica Fratrum Minorum Prov. Germ. Inf. a Geusiis in odium fidei crudeliter occisorumGa naar voetnoot2) sus-mentionné Voici ce qu'il dit: ‘Martyre du rév. Père F. Joannes Gray. | |||||||||||||||||
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‘Le rév. P. Frère Joannes Gray, né en Ecosse, avoit été chassé de sa patrie pour la foi catholique; il fut d'abord Chanoine d'Anderlecht-léz-Bruxelles. Après il entra dans l'ordre Séraphique des FF. Récollets. Dans la grande insurrection à Bruxelles les Gueux ont trouvé le Père Joannes seul à sa cellule et le supposant être le P. Gardien (à cause de son graad àge) ils vouloient qu'il leur donnat de l'argent; ce que n'ayant pas (conformément à son état) les scélérats sanguinaires lui ont ôté la vie, par deux blessures à la tête et deux au coeur, l'an de Jésus-Christ quinze cent soixante dix-neuf, le 5 Juin.’ Le P. Boenerus paraît être assez bien informé; mais il se trompe visiblement quant à la date de l'assassinat du Père Gray. Le tableau que nous trace l'Abbé Mann, dans son Abrégé de l'Histoire eccl., civile et naturelle de la ville de BruxellesGa naar voetnoot1), extrait en partie d'un manuscrit de Foppens de la Bibliothèque royale, peut servir à rectifier et à compléter la narration et vient en même temps corroborer notre opinion sur la situation des catholiques néerlandais à l'époque où le P. Gray tomba victime du mouvement dont les libéraux (pour cette fois seulement d'accord avec des calvinistes orthodoxes) ne cessent de nous faire l'éloge. ‘Malgré les troubles, dit l'Abbé Mann, qui régnoient depuis plusieurs années dans les Pays-Bas, malgré les progrès que les sectaires avoient faits en différentes villes; l'on n'avoit pas encore attenté à la religion à Bruxelles. L'on y exerçoit paifiblement la seule religion catholique. L'on ne faisoit les prêches calvinistes que dans une ou deux maisons particulières. Bref, on y détestoit encore les profanations des églises, qui étoient survenues à Anvers, à Gand, à Malines, et ailleurs. ‘Mais après que le prinee d'Orange eût été rappellé à Bruxelles, et qu'il se fut arrogé toute l'antorité, les calvinistes qu'il appuyoit commencèrent à devenir plus hardis. ‘Olivier Van den Tympel, seigneur de Corbeeck sur la Dyle, gentilhomme de Louvain, fut établi gouverneur de cette ville par ce Prince. Il étoit colonel d'un régiment d'infanterie, et capitaine d'une compagnie de cavalerie. Il étoit entreprenant et entiérement dévoué à la nouvelle secte. Au commencement sa garnison n'étoit composée que de troupes nationales levées par | |||||||||||||||||
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les états du pays: mais par la suite des troubles, elle fut augmentée de deux mille hommes d'infanterie, et de quatre régimens de cavalerie de troupes étrangères. ‘Le comte Philippe d'Egmont, demeuroit depuis un an a Brux elles. Les révoltés se flattoient qu'il se seroit uni à eux, pour venger la mort du comte Lamoral, son père, decapité en 1568. Mais bien loin de-là, il avoit fait son accommodement avec le roi Philippe II. Son régiment d'infanterie wallonne, et une compagnie de gardes à cheval, étoient restés auprès de lui et sous ses ordres. Avec ces troupes, et l'assistance de quelques bourgeois, il tenta de faire rentrer Bruxelles sous l'obéissance du roi- En effet le 4 juin, ses gens s' étoient déjà rendus maîtres du boulevart Ste. Claire, et de la porte voisine dite de Halle, croyant faire entrer par-là les autres troupes du roi, qui devoient venir à leur secours. Le comte d'Egmont marcha en même temps à la cour, avec 80 de ses gens, dans l'intention d'y prendre poste: mais le gouverneur Van den Tympel s'y étoit déjà retranché, avec les troupes de la garnison rebelle. Les bourgeois cal vinistes coururent aux armes et se joignirent à eux. Cependant le colonel Bomberghe, avec une partie des rebelles, chassa les gens du comte d'Egmont de la porte de Halle, et il la boucha par le moyen de quelques chariots de foin, afin d'empêcher la communication avec les troupes de dehors. Le parti du comte, n'étant pas assez fort, fut également repoussé à la cour, et chassé jusqu'au Cantersteen, où il renouvella le combat, mais avec perte. Enfin le comte fut obligé de se retirer avec les siens jusqu'à la grande place, où il se tint retranché pendant deux jours; lorsque le manque de vivres et de munitions l'obligea de capituler avec le gouverneur Tympel, par l'entremise de Théodore de Liesvelt, conseiller du prince d'Orange (qui le fit peu de temps après chancelier de Brabant). Par cette capitulation il fut permis au comte d'Egmont, avec tous ses gens, de sortir de la ville par la porte d'Anderlecht, le 6 juin, veille de la pentecôte. ‘Entre temps les rebelles reçurent des secours d'Anvers et de Gand; et ils trouverent à propos de faire entrer aussi en garnison à Bruxelles, un régiment d'Ecossois nommé les Broucquilles, à cause de leur habillement. Ce fut fous le prétexte de contenir la bourgeoisie dans l'obéilsance de l'Archiduc Matthias: mais c'étoit en effet pour exercer plus librement leur brigandages et leurs | |||||||||||||||||
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violences. Ces troupes prirent par force leurs logemens dans les couvens et chez les plus riches bourgeois catholiques. La tragédie commença dès le matin même de ce jour (6 juin), par le pillrge de l'église de St. Nicolas; ou ils brilèrent les autels et les images, profanèrent les vases sacrés, et se revêtirent des chasubles et des dalmatiques: étant ainsi vêtus, ils coururent les rues comme des forcenés. Ils danserent à la ronde autour de la fontaine des trois pucelles, proférant des blasphêmes et des invectives contre la religion catholique; enfin, pour comble de profanation, ils s'enivrèrent à force de boire des santés dans les calices et les vases sacrés. Des l'après-midi du même jour, ces furieux coururent porte leur rage contre l'Eglise principale de St. Michel et Ste. Gudule: mais le clergé et les bourgeois catholiques l'ayant prévu, ils avoient déjà pris [pour sauver les saintes hosties] toutes les précautions que l'état des choses leur permettoit.’ Cependant l'église ne fut pas pour cela épargnée. ‘Dans ce saccagement de l'église, tout fut profané et brisé, jusqu'aux autels mêmes: les reliques des saints furent emportées et dispersées, (entre autres, celles de la Ste. Patrone Gudule, qu'on n'a jamais plue retrouvées); les peintures furent déchirées ou effacée, les statues des douze apôtres furent jettées par terre; la belle chaire qui étoit de cuivre de fonte massif, fut brisée en pièces: en un mot, tous les ornemens de l'église devinrent la proie des fanatiques. Les ecclésiastiques furent obligés de se cacher, ou du moins de ne sortir qu'en habit séculier, pour ne pas s'exposer à être insultés, ou peut-être massacrés. Par conséquent il fallut, dès le jour de la Pentecôte, cesser tous les offices divins dans cette église. On ne peut pas dire au juste, quel jour ni comment les autres églifes de la ville ont été pillées: mais très-certainement elles le furent toutes, et même la chapelle royale de la cour. Les rebelles, non-contens d'avoir envahi les églifes, déchargèrent leur fureur fur les hôtels du comte de Mansfeld, chevalier de la Toison d'or, du cardinal de Granvelle, du duc d'Arschot, et fur quelques autres maisons des plus fidèles sujets du roi, ou tout fut brisé et pillé.
Le 15 Juin, les sectaires firent tous leurs efforts pour entrer | |||||||||||||||||
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dans le couvent des récollets: mais on en avoit fi bien barricadé la porte, que les religieux eurent le temps de se sauver. Il n'y resta qu'un vieillard de 70 ans, le père Jean Gray, écossois, d'une famille illustre, qui avoit été chanoine d'Anderlecht avant de se faire récollet. Ne pouvant s'enfuir avec les autres, à cause de ses infirmités, il se retira dans l'Eglise. Ces furieux, l'ayant trouvé en prière devant l'autel, lui donnerent deux bleslures, l'une à la tête, l'autre à la poitrine, dont il mourut et fut confidéré comme martyr. Entre-temps l'église et le couvent furent pillés et dévastés.’ On parle surtout d'une belle tombe du glorieux Duc de Brabant, Jean I, qui fut dégradée par les Calvinistes à cette occasion. Pendant quatre ans l'exercice de la religion catholique resta défendu et supprimé à Bruxelles. Je n'ai pas au complet la généalogie des Gray du XVIe siècle; mais il me semble très probable que notre John Gray fût un frère, et même frère aîné à ce méchant marquis de Dorset, Lord Henry Gray, qui, par sa seconde femme, Françoise, fut Duc de Suffolk et père de la malheureuse Jeanne. Cela explique aussi l'expulsion de notre prochain Récollet des deux royaumes et, quoique étranger, son admission comme chanoine à la célèbre abbaye d'AnderlechtGa naar voetnoot1); ce qui doit avoir eu lieu avant la restauration de l'Église catholique dans la Grande Bretagne, par la reine Marie (1553). Je dis que le P. John était probablement l'aîné du Duc Henry. Le nom de John dans la Maison des Gray fut souvent conféré aux ainés. C'est ainsi que fut baptisé, entre autres, Sir John Gray qui, dans la séance du Parlement du 10 Avril 1866, défendit hautement (tout Protestant qu'il était) les droits des Catholiques, et condamna avec sévérité l'exploitation des Irlandais au profit des ProtestantsGa naar voetnoot2). Ce fut ce nom que porta (au XVIIIe siècle) le bisaïeul maternel de mes enfants, lequel, issu d'un cadet de famille, servit comme médecin en chef dans l'armée des Pays-Bas, au régiment Stuart. Ce fut le nom enfin de ce vénérable franciscain, que je ne puis me refuser de croirele puissant intercesseur, qui, malgré les souvenirs vivaces de la | |||||||||||||||||
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pauvre Jeanne, a valu à des descendants du chirurgien-major la grâce d'être rentrés dans le giron de la Ste Église. La reine Elisabeth, que Voltaire proclame ‘un des plus grands hommes’ de l'Europe, a eu beau confier le commandement d'une armée au Lord Gray de 1559, pour fustiger les Écossais ca holiques, qu'il qualifiait de ‘Vassals to the Roman harlot’ (Hume, Ann. cit.); ce même commandant a eu beau passer au fil de l'épée 1500 Irlandais et autant d'Espagnols, prisonniers de guerre le Père John avait en attendant versé son sang devant l'autel eucharistique, et le saint prêtre continue à être le coöpérateur de ceux qui viennent confirmer la prophétie de Joseph de Maistre: ‘l'Angleterre sera catholique’. Cependant le Marquis de Ripon,. dont la rentrée a fait tant d'impression, n'est pas un Grey de la même souche que les Johns dont nous parlons. Il y en a eu parmi ceux-ci qui ont écrit le nom avec un e; mais les armoiries diffèrent, et, du vivant de Lord Grey de Ripon, la ligne masculine des Pairs d'Écosse était éteinte dans la personne du Lord John de 1866, son héritière étant sa soeur Madeline, résidant à Forfar, comme je le dis plus haut. Mon illustre ami, feu le professeur Martinus des Amorie van der Hoeven, m'a souvent dit que, parmi les belles choses qu'il aimait dans la ‘section catholique de l'Église chrétienne’ (comme il avait l'habitude de s'exprimer), il admirait et appréciait profondément l'instinct de communauté qui s'y manifestait si visiblement. L'Église catholique est réellement une société; les membres ont conscience de leur solidarité; c'est une famille, dans laquelle il y a des milliers de frères et de soeurs prêts à se charger de la besogne, de la peine, de la responsabilité de leur cher frère. Si les uns prient trop peu, les autres fournissent le double, ou le triple. Si telle sentinelle n'est pas à son poste, telle autre monte la garde pour elle. Quand Dieu viendra pour demander à tels ou tels de ses ouvriers qu'avez-vous fait de vos talents? ils rougiront peut-être, mais Dieu, à la vue des fruits abondants fournis par d'autres, n'aura, malgré toutes ses richesses, rien pour les récompenser en proportion de leur mérite, que le salut de ces pauvres délinquents; et c'est pour cela que l'apôtre nonseulement n'avait pas tort en disant que c'est une pensée salutaire de prier pour les morts; mais c'est encore un moyen émi- | |||||||||||||||||
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nemment pratique pour augmenter les joies du Paradis: car c'est surtout au ciel que notre proverbe hollandais sera trouvé valide: hoe meer zielen, hoe meer vreugd. Adieu! Oremus pro invicem! Tout à vous,
Jos. A.A.Th. | |||||||||||||||||
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Matières,
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1. | La sphère d'action de notre Revue dans les vingt années de son existence et comment élle se trouve mieux circonscrite dans notre tître remanié. |
2. | Opuscules en vers, à l'honneur du célèbre peintre de fleurs, le Frère Jésuite Daniel Seghers, extraits d'un manuscrit anversois par M. le docteur Paul Alberdingk Thijm, professeur d'histoire et de littérature néerlandaise à l'université de Louvain. |
3. | Petit journal d'une excursion faite avec une Yacht de la Compagnie des Indes Orientales sur la Zuiderzée, tenu par Madame Anne Marie Burman, née Verkolje, rédigé en Hollandais de 1776. Nous devons la communication de ce petit itinéraire à l'obligeance de M. le doct. J.G. Burman Becker à Copenhague. |
4. | Le savant et aimable père Dominicain, le Frère J.V. de Groot, jeune auteur, qui donne de hautes espérances, a commencé dans notre Revue la publication d'une série d'études sur le grand poème didactique de Vondel ‘Bespiegelingen over Godt en Godtsdienst’: Contemplations (des grandeurs) de Dieu et de la Religion. Le rév. père de Groot rend un grand service aux amis de Vondel, en popularisant ainsi les belles idées, disséminées dans des morceaux de vers quelquefois un peu trop prolixes pour trouver des lecteurs. |
5. | Nous complétons dans la présente livraison la traduction d'une étude de M. Jacob Falk sur la mission de la femme dans la production et dissémination du beau. |
6. | Le rév. père Allard, de la compagnie de Jésus, nous a fourni 1o une narration, empruntée à Antoine Arnauld, de la conversion au catholicisme d'un petit-fils de l'illustre Pierre de Corneille Hooft, poëte et historien, 2o quelques pièces relatives au collége dit de Viglius, à Louvain. |
7. | Le rév. Th. van Hoogstraten, professeur dans la maison des |
Dominicains à Huissen, nous fournit un second article d'histoire littéraire et biographique sur notre grand poëte Bilderdijk. La vie matrimoniale de Bilderdijk a occupé dans les derniers temps différents littérateurs; qui, la plupart, se sont démésurément déchaîné contre ce génie, extraordinaire à tous les points de vue. Le père van Hoogstraten tâche de ramener nos littérateurs à la saine raison, en rétablissant les faits dans leur vraie nature. | |
8. | La vie et les travaux de Frédéric van de Kerkhove, traduction d'une très belle étude de M. Adolphe Siret, illustrée du portrait de l'enfant prodige. |
9. | Une étude sur l'immortalité de l'âme, dont nous devons la traduction à la plume exercée d'une de nos lectrices, y a également trouvée une place. |
10. | Une étude sur la sculpture ‘pittoresque’ de nos jours, par le rédacteur. |
11. | Critique lexicographique d'une publication thioise, par le Dr H. Collaes. |
12. | Motice sur les portraits de Pierre de Corn. Hooft. |
13. | Notice sur l'Escurial, tirée du Art-Workman. |
14. | Dans les Mélanges on traite certaines fêtes, célébrées dans la bonne ville de Leyde. On y a joint une critique de la dissertation de M. le prof. M. de Vries sur l'université de Leyde, comme palladium de la liberté. |
En outre les Mélanges renferment une critique par M. le prof. Alberdingk Thijm d'une vie de Marnix, un compliment héraldique à l'adresse du roi ‘Galantuomo’ et quelques autres bagatelles.
- voetnoot1)
- Cette lettre a été adressée à mon honorable collègue à l'Académie royale de Belgique, pour que, au besoin, si la question serait débattue au sein de cette savante compagnie, les ‘particularistes’ y fussent représentés dans la mesure de mes lumières et de - ma modération. Le sujet m'a paru assez intéressant pour justifier la publication de la lettre en Hollande, comme en Belgique, et quelque ancienne que soit la date, la question est encore toujours à résoudre: c'est une question qui pousse ses racines bien avant dans la vie sociale et artistique des peuples, notamment des meilleurs esprits.
A.Th.
- voetnoot1)
- D. Warande, X, Bull. p. 19.
- voetnoot2)
- Anv. Moretus, 1635. In 4o. Paquot et Foppens le nomment Jean, au lieu de Joachim.
- voetnoot1)
- 3 vol. Brux. 1785.
- voetnoot1)
- Voir Schayes, II, p. 150; l'abbé Mann, II, p. 41.
- voetnoot2)
- Lord Gray éleva la voix contre la grande injustice de distribuer aux 700.000 Protestants de l'Irlande (sur 5.800.000 catholiques) tous les revenus de l'Eglise officielle.