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Bulletin périodique de la ‘Dietsche Warande’.
Tome XIe. (Nouvelle Série, T. I) - No 3-6.
Les matières que nous avons traitées dans les quatre derniers numéros de notre revue peuvent se résumer ainsi:
Les Nos III et IV de l'étude biographique du rév. père Th. van Hoogstraten sur le célèbre Guillaume Bilderdijk.
Étude du même sur les frères Van Haren.
Un ami de Bilderdijk, par le même.
Les Nos II et III de l'étude du rév. père J.V. de Groot sur les poésies religieuses du grand Vondel.
Étude du rév. père H.J. Allard sur le poëte populaire Adrien Poirters (1re partie).
Études généalogiques. Les Huygens. Les Du Jardins, par le même.
Étude du Directeur sur un drame de M. Douwes Dekker.
Journal d'un croisé du XIIIe siècle par M.J.-C.-A. Hezenmans.
Le règne végétal, surtout dans la symbolique, la légende, la poésie, par M.A.-M. Oomen.
Inventaire d'une vieille campagne, par M.J.-G. Frederiks.
Châteaux et Abbayes dans les environs de Bois-le-duc, communication de M. le Cte Maurin Nahuys.
Poésies de Vondel et contre lui, par MM. A.-D. de Vries Az. et J.-A. Alb. Th.
Histoire du Roman, No IV (fin), par M. l'abbé W. Wessels.
Quinten Metsijs, par Jonas van Langendahl (de la main du Directeur).
La bibliothèque du martyr C. Musius, par le rév. Père A. van Lommel.
Bagatelles en poésie de Romanus van Wesel et de Marie Tesselschade.
Étude de M. l'abbé J.W. Brouwers sur les ‘grands-hommes’ du XVIe siècle.
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Nouveaux détails sur Fréd. v.d. Kerkhove, par J.-A.A.Th.
Un poëme de Mlle Virginie Loveling, traduit par Mme Lina Schneider.
En outre quelques courtes notices sur de nouvelles publications et autres phénomènes plus ou moins bruyants.
Tâchons de faire tomber un rayon d'intérêt sur ce Bulletin, en y insérant une lettre publiéc par nous dans le Journal des Beaux-Arts de notre excellent ami, M. Adolphe Siret, sur l'Exposition historique d'Amsterdam.
‘La capitale du royaume des Pays-Bas vient d'ouvrir une exposition d'un caractère tout à-fait particulier. Amsterdam, la grande ville commerçante, dont le poëte Thomas disait un jour:
‘Sur les bords de l'Amstel s'élève une cité
Le temple du commerce et de la liberté,
Où d'un peuple opulent l'économie austère
De l'or du monde entier semble dépositaire;
a voué, au mois d'octobre de l'an dernier, une heure de ses rares loisirs à l'étude d'une charte qui formulait son plus ancien privilége. Il y avait six cents ans que le comte de Hollande Florent V, de poétique mémoire, octroyait aux habitants d'Amsterdam le libre passage dans ses domaines et la franchise de péage pour leurs biens et marchandises, en compensation de certains dégâts occasionnés par ses gens de guerre. C'est le plus ancien document où le nom d'Amsterdam se trouve inscrit, et par cette circonstance d'un côté, comme de l'autre par le caractère même de la pièce, le 27 octobre 1875 paraissait une date propre à célébrer par quelque solennité une existence de six siècles. Cependant, on n'a chômé cette fête que par la résolution qu'on organiserait un ensemble des monuments représentant les différentes phases de l'histoire d'Amsterdam de 1275 à 1875, en se permettant même de confier au public les projets qu'on avait formés pour l'avenir de la ville.
‘On a compris qu'une analyse des sphères d'action de notre cité devait servir de base à l'entreprise. C'est ainsi qu'on en est venu à établir onze catégories, dans lesquelles devaient trouver place les documents, les objets d'art, les souvenirs plastiques qui formeraient la série de tableaux et de trophées racontant les aventures de la ville et de sa bourgeoisie. Ces catégories se rap- | |
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porteraient à la Topographie, à l'Administration, aux Institutions judiciaires et militaire, au Culte, à la Charité, aux Sciences, au Commerce, à l'Art, aux Moeurs et Coutumes et enfin aux Evénements remarquables ne se rattachant pas directement aux autres catégories.
Le bourgmestre nomma un comité organisateur, qui se divisa en autant de sections qu'il y avait de catégories. On forma une liste des personnes, familles, colléges qu'on savait ou soupçonnait en possession d'objets propres à figurer dans l'exposition qu'on avait en vue. On fit un appel au sentiment patriotique et scientifique de ces heureux dépositaires et on recueillit une collection très-importante d'éléments historiques. La régence de la ville mit à la disposition du comité les salles de l'ancienne Académie des Beaux-Arts et bientôt la baguette magique de M. l'architecte Cuypers fit surgir du chaos rassemblé de toutes parts une création resplendissant de lumières intellectuelles et de couleurs pittoresques.
La première salle a les murs recouverts des plans à vol-d'oiseau de la ville aux différentes époques de son existence. Dans le nombre se distingue une vue charmante de la ville du temps de Charles-Quint; tous les batiments, grands et petits, y sont peints avec une finesse surprenante, les bâteaux et vaisseaux sont amarrés ou nagent dans l'Y et sur l'Amstel. L'échevin Cornelis Teunissen (Corneille, fils d'Antoine) a peint ce tableau vers 1536.
Dans une longue galerie on trouve, entre autres, les façades de toutes les maisons des principaux quais qui s'étendent du golfe à la rivière, dessinées vers la moitié du XVIIIe siècle.
Une autre salle, dont les murs sont doublés de carreaux de vitres de 4 mètres carrés, expose une foule de dessins et d'estampes, où la physionomie de la ville et l'intérieur des batiments sont rendus avec une vérité complète et souvent avec un talent tel qu'on reconnaît aux Beerstraten, Berckheyden, Hobbema Van der Ulft, Van der Heyden, Ruysdael, Pronk, Roghman', Cats et d'autres dont on aime à faire la connaissance à cette occasion. Les vitrines de cette salle renferment une série de statuettes en bronze du temps des comtes de Bourgogne, qui ont décoré l'ancienne maison-de-ville. Ces comtes et comtesses anticipent pour le jet des draperies sur le style d'Albert Durer
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et sont en tout point de véritables chefs-d'oeuvre, comme expression, comme agencement et comme exécution. Différents objets rappellent, dans la même vitrine, les fonctions des membres de la magistrature, dont une 3e salle donne les très-remarquables portraits. C'est surtout ici que se déploie dans toute son énergie et dans toute sa superbe cette fameuse aristocratie d'Amsterdam qui au XVIIe siècle contrebalançait le pouvoir du Stathouder, dominait la politique de tout le pays et, partant, avait la plus grande influence sur les affaires de l'Europe en général. Au milieu de ces fortes têtes, au milieu des membres de leur famille, peints par les pinceaux des Van der Helst, des Backer, des Mierevelt, des Maes, des Sandrart, des Sandvoort. etc., l'on remarque l'oeil scrutateur et la lèvre audacieuse du dernier bourgmestre catholique, de ce Joost Buyck, lequel en 1578, dût céder l'hôtel-de-ville au pouvoir révolutionnaire, qui emportait Amsterdam comme une proie depuis longtemps dévorée des yeux. Elle était la dernière des villes de la Hollande qui embrassa le parti du prince d'Orange, et c'est de la race nouvelle, supplantant les anciens régents, que surgirent les fameux magistrats du XVIIe siècle. Dans le voisinage du redoutable bourgmestre (qui fut conduit, avec ses collègues et toute une phalange d'ecclésiastiques à bord d'un navire sans gouvernail) l'on remarque Laurent Reael, une des incarnations du principe de la Réforme, et dans la même salle on admire le portrait en pied du fils de ce dernier, chef-d'oeuvre de ce Thomas de Keyser, qui fait l'extase de M. Burger. Ce Laurent Reael, fils, est le type d'un Amsterdamois de 1630: viril, entreprenant, caractère noble, négociant et navigateur,
mathématicien et poëte, gouverneur des Indes Orientales, disgracié, stoïque comme un Romain. Il était l'ami et le compagnon d'études, même à un âge assez avancé, de nos Hooft et nos Vondel dans leurs agréables réunions au logis des demoiselles Anna et Tesselschade Visscher, la gloire de leur époque.
La salle des poëtes et celle des amiraux empiètent un peu sur la salle centrale, et c'est ainsi qu'il se fait que les portraits de Vondel et ceux de l'amiral De Ruyter se rapprochent. Je les rapproche également dans cette notice, parce qu'ils représentent avec une évidence frappante le caractère de la vie publique d'Amsterdam au XVIIe siècle: Vondel, qui chanta tous les faits mémorables et toutes les illustrations de l'époque, qui se fit
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l'interprète des aspirations libérales du parti de Grotius et plus tard, en fervent catholique, le chantre du miracle d'Amsterdam, sans abdiquer son rôle d'historiographe en poésie lyrique des faits d'armes de Michel de Ruyter, le fidèle chef d'escadre et délégué de notre amirauté; et De Ruyter, exécutant avec une bravoure et une tactique marine sans pareille les ordres des États Généraux, à la barbe quelquefois du parti stathoudérien; qui, citoyen honoraire d'Amsterdam, mourut, en grand chrétien, dans la Méditerrannée par suite de ses blessures et dont le corps, quand on le transporta en Hollande, fut salué, par ordre de son ennemi, Louis XIV, de tous les ports français qu'on côtoyait.
Nous sommes dans la salle carrée. Le centre est occupé par les monuments du miracle, dont je parlais tout-à-l'heure. Le prêtre qui a eu une grande influence sur le retour de notre plus grand poëte à la religion de ses pères, Léonard Marius, l'ami et, en mainte occasion, le conseiller des bourgmestres, a écrit un petit livre intitulé: ‘De la gloire et de la prospérité d'Amsterdam et des mémorables merveilles qui s'y sont opérées.’ Dans ce bouquin il donne la narration d'un miracle qui eut lieu en 1345, et dont le détail principal est la conservation d'une sainte hostie au milieu des flammes. De ce miracle il date le premier élan que la ville a pris et il faut convenir que matériellement aussi la ville a beaucoup profité des pèlerins qui accouraient en grand nombre pour vénérer le Saint Sacrement.
Cette page de l'histoire d'Amsterdam est représentée ici d'abord par un coffre en bois, où là sainte Hostie a été gardée après qu'on l'eut retirée du feu; ce coffre ainsi que huit dessins à la détrempe exécutés sur toile et représentant différentes scènes de l'histoire du miracle, appartiennent à des corporations protestantes. On trouve encore à l'exposition quatre coussins brodés auxquels se rattache le souvenir du Roi des Romains, Maximilien, qui avait fait voeu d'aller vénérer à Amsterdam l'Hostie miraculeuse, s'il guérissait d'une forte maladie; deux grandes bannières en soie rouge, ornées de peintures dont, au moyen-âge, on se servait dans les processions à l'honneur du Saint Sacrement. Pour rétablir l'équilibre, non loin de ces souvenirs des temps catholiques et d'autres objets appartenant au culte catholique, s'étalent de très-précieux vases et vêtements sacerdotaux qui proviennent des synagogues d'Amsterdam. Dans le nombre se trouve un plat
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en argent repoussé doré, attribué à Adam van Vianen et ayant, dit-on, une valeur de plus de 50,000 fl.
Une des salles est spécialement consacrée aux tableaux etc. de la Bourse d'Amsterdam, à l'histoire du fameux John Law, à celle des corporations de métiers, etc. et en même temps au théâtre. On y voit des maquettes de notre grand théâtre national et une copie des principaux décors exécutés par les meilleurs maîtres. Il y a la salle ou le compartiment de la guerre et de la charité, pompeusement orné de ces magnifiques tableaux dits: ‘Schuttersen Regentenstukken’; comme qui dirait: tableaux de famille, représentant en grandeur naturelle soit des compagnies d'arbalétriers au repos ou dans leurs exercices, soit des régents d'hospice, à la manière des ‘Staalmeesters’.
Ajoutez à cela que dans plusieurs salles les murs sont recouverts de haut en bas des plus rares dessins et estampes, donnant en effigie une histoire complète de la ville. De distance en distance on a accroché ou adossé aux murs de vieilles enseignes et toutes sortes d'objets en bois peints, par lesquels on avait l'habitude d'annoncer sa profession aux passants; on y voit des bas-reliefs qui ont figuré dans les vieilles façades, des costumes, instruments de musique, voitures, modèles de vaisseaux et, dans deux vitrines, les habits avec lesquels nos plus célèbres acteurs et actrices ont joué les grands rôles de la tragédie française et du drame allemand, traduits dans le temps en assez mauvais néerlandais.
Un des objets qui caractérise spécialement la bourgeoisie d'Amsterdam c'est un orphelin de l'hospice public, très bien peint en grandeur naturelle sur une planche échancrée; cet orphelin tient dans la main un martinet réel, avec chandelle, qui servait de flambeau aux régents-trésoriers, quand, munis de leurs trois clefs, ils visitaient leur coffre-fort. Il va sans dire qu'à cet acte mystérieux un garçon porte-bougie vivant ne pouvait assister et que les nobles seigneurs cependant ne pouvaient pas tenir eux-mêmes la chandelle.
Les moeurs et coutumes sont représentées avec bonheur dans les différents appartements qu'on a arrangés dans une large enceinte dans le style de 1600 à 1750: il y a une cuisine de 1650, une chambre à coucher et un salon de la même date et puis encore un salon dn XVIIIe siècle. En outre on trouve ici deux
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maisons entières en miniature, l'une datant de 1676, l'autre de 1720. Tout y est: la famille, les meubles, les ustensiles, les combustibles; le linge ne fait pas défaut dans les armoires, les livres de deux centimètres sont présents dans la bibliothèque.
Ajoutez à tout cela que force armoiries font foi, sinon de la noblesse, au moins du caractère patricien de l'ancienne bourgeoisie d'Amsterdam; que presque tous les hommes et femmes, qui se sont fait un nom dans l'histoire de la ville, y sont représentés par leurs portraits et qu'on reconnaît, avec étonnement, que la littérature et la peinture néerlandaises des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles étaient à peu près concentrées dans les remparts de notre illustre métropole.
Je termine ce rapide compte-rendu en faisant hommage à qui de droit de cette exhibition sans égale. Nous la devons surtout aux messieurs que nous allons nommer: M. Gérard Heineken qui le premier a suscité l'idée d'une exposition, au bourgmestre, l'honorable M. den Tex, qui aussitôt a patronné l'entreprise, à l'incessante activité de MM. P.A. Brugmans et J.C. de Marez Oyens qui ont exécuté le programme projeté par ce dernier, sous la présidence de M.J.-B. Ploos van Amstel; à MM. Witkamp et D.C. Meyer qui ont dressé le catalogue systématique, à M. Cuypers qui a classé et groupé les objets.
L'auteur de cet article a eu l'honneur d'être l'organe du comité lorsqu'il a rendu compte de ses intentions et que, dans un manifeste répandu par milliers d'exemplaires dans les différentes classes de la population, il a également fait valoir les droits d'Amsterdam au rang que lui assigne la présente exhibition de ses titres.
Les étrangers qui désirent faire une connaissance plus que superficielle de la Venise du Nord, ne doivent pas négliger cette occasion unique.
Un ‘Guide’ en langue française se vend à l'entrée.
Jos.-A. Alberdingk Thijm.
25 Août, 1876.
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Au Journal de Bruxelles.
Anvers, 31 Août 1876.
Monsieur le rédacteur en chef,
Je ne veux pas quitter votre beau pays, avant d'avoir rempli un double devoir.
Mon compatriote, l'honorable M. de Jonge van Ellemeet, a contracté l'habitude de prendre la parole au nom des gens de lettres hollandais, dès qn'il s'agit, aux congrès, de dire combien nous sommes heureux d'arriver et combien nous regrettons de partir. Pour ma part, j'abandonne volontiers cette charge d'agrément à notre aimable amphitryon de Middelbourg; mais il n'est peut-être pas superftu de dire que les littérateurs hollandais proprement dits sont tout aussi reconnaissants que notre brave Zélandais de l'accueil que la ville de Bruxelles leur a fait, et que, d'un autre côté, chacun de nous laisse à M. de Jonge la responsabilité des déclamations d'usage contre la soldatesque du Duc d'Albe.
Du reste, abstraction faite de ces récriminations surannées, auxquelles nous sommes habitués et qui faisaient dire à feu le chanoine David, en parlant de Snellaert et de Van Duyse: ‘het zijn nochtans goede jongens’, - abstraction faite de ces petites injustices et de ces petites inconvenances, je dois vous dire, Monsieur, que l'attitude des libéraux au dernier Congrès n'a nullement justifié les sinistres prévisions de ceux qui ont attribué à notre réunion des dispositions hostiles vis-à-vis du parti auquel j'ai l'honneur d'appartenir. Bien au contraire à la séance de Mercredi, quand un orateur de Louvain, jeune homme de distinction, mais qui malheureusement s'est laissé entraîner par les faux brillants du libéralisme, a osé dire que le clergé belge n'avait jamais fait preuve de patriotisme, toute l'assemblée a unanimement protesté contre cette injure. Il n'y pas eu au Congrès de démonstration moins équivoque, voire tumultueuse, que celle-là: tellement grande était l'indignation qui animait tous les auditeurs, le président y compris.
Je regrette vivement qu'à l'occasion de notre réunion patriotique et scientifique, quelques organes de la presse, mal informés, soient tombés en de déplorables erreurs.
Je ne relève que celle-ci. Le Journal de Bruxelles, en me donnant des éloges dont je lui sais bon gré comme une preuve de son estime, qualifie mon adversaire (qui n'en est pas moins un de mes amis les plus honorables), le docteur L.R. Beynen de La Haye, comme un ‘libre penseur acharné’: le Précurseur, sans doute avec d'autres intentions, l'appelle un ‘libéral ardent’. Les deux feuilles de cette manière feraient à mon noble ami une réputation qu'il ne mérite à aucun titre. M. Beynen, savant distingué, qui a vu l'Italie et la Grèce et qui est rempli d'un respect sympathique pour nos antiquités chrétiennes, qui a fouillé avec amour les profondeurs de l'art des Fra Angelico et des Raphaël, et qui, d'un autre côté, par la pureté de son coeur et l'élévation de ses sentiments, est conduit à applaudir Savonarola dans ses déchaînements contre la brillante dissolution des moeurs de son temps et de sa ville, - M. Beynen est un pieux Chrétien, quoique n'ayant pas reçu la grâce de rentrer dans le giron de la Sainte Église apostolique et romaine. Comme homme politique il n'est rien moins que radical.
Veuillez accorder une place à cette rectification dans votre estimable journal.
Agréez, Monsieur, rexpression de ma considération très distinguée.
J.A. Alberdingk Thijm.
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Au lieu d'insérer cette modeste réclamation dans ses colonnes, le Journal de Bruxelles écrit ce qui suit:
‘M. Alberdijnck-Thijm, d'Amsterdam, nous adresse d'Anvers une longue lettre dont nous sommes obligés, à notre grand regret, de refuser l'insertion à notre éminent correspondant.
Si nous avions donné à M. Alberdijnck-Thijm le moindre prétexte à réplique, nous ne lui aurions certes pas marchandé le droit de réponse; mais nous ne pouvons admettre à aucun titre que M. Alberdijnck-Thijm vienne répondre dans nos colonnes au nom d'un “noble et pieux ami” qui est en somme un gueux de la plus belle eau.
M. Alberdijnck-Thijm connaît trop bien les usages de la presse pour ne pas comprendre qu'il nous est absolument impossible d'accueillir les réclamations qu'il formule contre notre attitude vis-à-vis du Congrès néerlandais. Libre à M. Alberdijnck-Thijm de se complaire en société des enfarineurs que nous avons vus à l'oeuvre ces jours derniers; mais il doit nous être permis aussi de ne pas partager son opinion si favorable au sujet de personnes qui font à nos convictions une guerre acharnée.
Nous disons a notre honorable correspondant qu'il forme une exception dans les rangs de notre parti. La plupart des journaux catholiques de la Hollande et les principales feuilles flamandes de notre pays ont unanimement conseillé aux catholiques de s'abstenir des délibérations du Congrès et cet avis, n'en déplaise à M. Alberdijnck-Thijm, a été suivi ponctuellement. Dès lors, malgrè la profonde estime que nous inspirent le caractère et le talent du vaillant directeur du Tijd, nous devons rester fidèles à la conduite que nous avons tenue à l'égard du Congrès précité.
Un mot encore. M. Alberdijnck-Thijm estime que nous avons versé dansde “déplorables erreurs” en donnant au Congrès une signification politique. Nous étions, dit-il, mal renseignés. Nous en sommes bien fâchés pour notre honorable correspondant, mais il n'y a ici qu'une seule personne mal renseignée, et c'est... M. Alberdijnck-Thijm.
Lors de la dernière séance générale du Congrès, il a été prononcé par le Dr Van Vloten un discours qui était l'apologie la plus complète de la gueuserie et de ses exploits. De ce discours M. Alberdijnck-Thijm n'a rien, absolument rien entendu, pour le motif bien simple qu'il est sorti de la salle au moment oû le Dr Van Vloten commençait sa philippique. Nous dirons même que cette sortie a été fort remarquée.’
Je tiens à coeur de faire dans ma Revue acte de présence comme membre du Congrès de Bruxelles; c'est pourquoi je dépose cette petite correspondance dans mon ‘Bulletin’. Je saisis cette occasion pour déclarer une fois de plus ce qui du reste, en Hollande, est depuis longtemps avéré, que je ne suis nullement ‘directeur du Tijd’; que je ne fais pas même partie de la rédaction et que je n'y ai jamais été attaché. Les journaux étrangers me font en cela trop d'honneur, et, d'un autre côté, me chargent d'une responsabilité que je récuse. Je dois ajouter à cette observation, que pour ce qui est de mon absence, quand M.
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van Vloten a lu son discours sur les années 1576 et 1876, je conviens volontiers que je me suis retiré à dessein. Au Congrès d'Anvers mon illustre ami le docteur Schaepman et moi nous avions déjà combattu les appréciations bien connues de M. van Vloten. Au Congrès de Bruxelles je venais de traiter la question de la soi-disant liberté, que la révolution du XVIe siècle nous aurait procurée, et je m'étais étendu sur les pactes des premières années du dernier quart de ce triste siècle autant que je le croyais nécessaire pour justifier la profession de foi nationale en histoire et en politique des catholiques néerlandais. Je pouvais prévoir que M. Van Vloten (qui du reste ne s'arrogeait nullement la qualité d'interprête des bases de notre Congrès et qui n'est pas habitué à des auditoires parfaitement sympathiques) tomberait dans les mêmes erreurs, que j'avais signalées et que je regrettais dans le discours de M. Beynen. M. van Vloten lisait une pièce préparée d'avance, et ne trouverait pas l'occasion de tenir compte de mes arguments. Cependant le bon goût me défendait de protester de nouveau. C'était superflu. Et comme cependant je ne pouvais pas permettre qu'en ma présence l'opinion traditionnelle de mes compatriotes protestants fut de nouveau développé avec l'emphase qui, en cette matière, leur tient lieu d'une delibération mûre et d'une conclusion saine et équitable, - j'ai préféré me retirer. Tolérer dans une assemblée délibérative qu'on développe impunément des hérésies historiques et qu'on prononce des arrêts injustes, - serait d'une grande faiblesse, et
cependant, à la dernière séance du Congrès, il était difficile d'opposer les mêmes arguments aux mêmes agressions, à moins qu'on eût voulu passer pour un descendant du chevalier de la Manche. L'abstention toutefois m'a coûté; on me croira sur parole.
J.A.A.Th.
12 Sept. -76.
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