Dietsche Warande. Jaargang 10
(1874)– [tijdschrift] Dietsche Warande– Auteursrechtvrij
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[Franse bijlage]Bulletin périodique de la ‘Dietsche Warande’.
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que d'Orleans, l'ont déchiré de leurs invectives. Sa merveilleuse Histoire de N.S. Jésus-Christ a été regardée d'un mauvais oeil, parce que le partisan modéré du catholicisme libéral avait continué (en dehors de ses études) la campagne ouverte depuis des années. Quand Mgr. Dupanloup a donné une explication, à sa manière, de la grande Encyclique et du Syllabus, - il faut convenir que le public des fidèles a été assez bénin pour vouloir s'en arranger; et aujourd'hui que l'illustre évêque adhère à la proclamation du dogme de l'infaillibité, sans rien retracter de ses discours et actions d'autrefois, on en est tout heureux et on ne parle de lui que dans les termes les plus satisfaisants. C'est bien l'occasion de dire que Thomas a Kempis n'avait pas tort, quand il ne se souciait pas trop des discours des hommes. C'est très curieux que pour obtenir un peu de justice pour les ‘mânes’ de M. de Montalembert, ce sont ceux qui de tous temps l'ont regardé d'une admiration à grandes précautions, qui aujourd'hui demandent quelque modération dans les invectives dont on semble vouloir le punir, pour l'omnipotence exercée par sa parole. C'est peu généreux de la part de ceux qui un jour conspiraient innocemment pour l'éconduire encore davantage, que aujourd'hui la plus ordinaire justice lui est refusée. Telles étaient mes pensées quand, ce matin fueilletant les Moines d'occident, mes regards tombèrent sur les pages sublimes où l'auteur parle des religieuses. Je cherchais une introduction aux strophes sensibles adressées dans un couvent de femmes au Christ de Charles V, et je ne pus vaincre la tentation de transcrire ici les dites pages, tant à l'honneur du chevalier chrétien et du tendre père qui semble les avoir écrites de ses larmes et de son sang, que pour l'édification de vous, mon poëte, et de moi-même. | |||||||||||||||
[La religieuse.]‘De ce monde perdu, dont nous nous efforçons de retrouver l'empreinte, tout a disparu, tout a péri ou tout a changé, hormis l'armée du sacrifice. Le vaste et magnifique édifice de l'ancienne société catholique s'est écroulé sans retour. Il en surgira, il en surgit déja une autre qui aura, comme l'ancienne, ses grandeurs et ses misères. Mais ce que nous venons de raconter a duré, dure encore et durera toujours. | |||||||||||||||
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Douze siècles après ces Anglo-Saxonnes dont on vient de parler, la même main vient s'abattre sur nos foyers, sur nos coeurs désolés, pour en arracher nos filles et nos soeurs. Et jamais depuis que le christianisme existe, ces sacrifices n'ont été plus nombreux, plus magnanimes, plus spontanés qu'aujourd'hui. Oui, chaque jour, depuis le commencement du siècle où nous sommes, des milliers de créatures aimées sortent des châteaux comme des chaumières, des palais comme des ateliers, pour offrir à Dieu leur coeur, leur âme, leur corps virginal, leur tendresse et leur vie. Chaque jour, parmi nous et partout, des filles de grande maison et de grand coeur, et d'autres d'un coeur plus grand que leur fortune, se donnent, dès le matin de la vie, à un époux immortel. C'est la fleur du genre humain; fleur encore chargée de la goutte de rosée, qui n'a encore réfléchi que le rayon du soleil levant et qu'aucune poussière terrestre n'a encore ternie; fleur exquise et charmante, qui, respirée même de loin, enivre de ses chastes senteurs, au moins pour un moment, les âmes les plus vulgaires. C'est la fleur, mais c'est aussi le fruit; c'est la sève la plus pure, c'est le sang le plus généreux de la tige d'Adam, car chaque jour ces héroïnes remportent la plus étonnante des victoires, grâce au plus courageux effort qui puisse enlever la créature aux instincts terrestres et aux liens mortels. Avez-vous vu, en mars ou avril, un jeune enfant respirer les premiers épanouissements de la nature, et les premières lueurs de l'admiration étinceler dans son beau regard au contact du réveil de la vie dans les bois et les champs? C'était le printemps de la vie en présence du printemps de la nature, et c'était un enchantement! Mais il y a quelque chose de plus enchanteur et qui ravit l'âme aux plus hautes cimes de l'émotion humaine: c'est la vierge déjà adolescente, toute rayonnante de jeunesse et de beauté, qui se détourne de tous les parfums de la vie pour ne plus respirer et regarder que vers le ciel. Quel spectacle! et où en trouver un qui manifeste plus visiblement la nature divine de l'Église, qui fasse mieux oublier les misères et les taches dont sa céleste splendeur est parfois voilée? Mais redisons-le sans cesse, ce spectacle nous est donné partout, et non seulement dans notre Europe vieillie et malsaine, mais dans cette Amérique que contemplent avec espoir et con- | |||||||||||||||
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fiance tous les esprits généreux; partout où l'Évangile est prêché, partout où un crucifix est dressé, car partout le Christ sait, de ses bras invincibles, saisir et déraciner ces fleurs terrestres pour les transplanter dans une région plus voisine du ciel. Les spoliateurs et les proscripteurs auront beau recommencer leur oeuvre, chaque jour prédite et provoquée par les scribes du césarisme revolutionnaire, la chasteté dévouée recommencera la sienne. Dans les greniers et les caves des palais habités par les triomphateurs de l'avenir, sur leurs têtes ou sous leurs pieds, il y aura des vierges qui jureront à Jesus-Christ de n'appartenir qu'à Lui et qui garderont ce serment, s'il le faut, au prix de la vie. En ce siècle de grande mollesse et d'universel affaissement, ces victorieuses ont retrouvé, ont gardé le secret de la force, et, dans la faiblesse de leur sexe, ne nous lassons pas de le répéter, elles manifestent la mâle et persévérante énergie qui nous manque pour aborder de front et dompter l'égoisme, la lâcheté, le sensualisme de notre temps et de tous les temps. Cette tâche, elles l'accomplissent avec une chaste et triomphante hardiesse. Tout ce qu'il y a de noble et de pur dans la nature humaine est mené au combat contre toutes nos bassesses et au secours de toutes nos misères. Ne parlons plus du charme de la vie contemplative, des joies suaves de la méditation, de la solitude. Ce n'est plus là que le lot du petit nombre. La foule des dévouées se précipite dans une autre voie. Elles accourent, elles affluent pour prodiguer des soins infatigables aux infirmités les plus rebutantes, les plus prolongées de la pauvre nature humaine; pour défricher les déserts de l'ignorance, de la stupidité enfantine, souvent si revêche et si retive. Bravant tous les dégouts, toutes les répugnances, toutes les dénonciations, toutes les ingratitudes, elles viennent par milliers, avec un courage et une patience indomptables, courtiser, caresser et soulager toutes les formes de la souffrance et du dénûment. Et comme elles ont la force, elles ont aussi la lumière, la prudence, la vraie perspicacité. Elles ont compris la vie avant d'en avoir goûté. Qui donc leur en a enseigné les douloureux secrets? A elles si pures et si passionnées, à elles, dans l'âge où le coeur commence à être dévoré par la soif insatiable des sympathies et des tendresses humaines, qui donc a appris que cette | |||||||||||||||
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soif ne sera jamais assouvie en ce monde? Qui leur a révélé l'ignominieuse fragilité des affections d'ici-bas, des plus nobles et des plus douces, des plus tendres comme des plus enracinées, de celles-là même qui se croyaient immortelles, et qui tenaient le plus de place dans les coeurs, où elles ont misérablement péri? Ce ne peut être qu'un instinct divinement libérateur, qui les affranchit en nous les dérobant. Les voilà délivrées des cruels étonnements de l'âme, qui rencontre le mécompte, la trahison, le mépris dans le chemin de l'amour, et quelquefois, après tant d'efforts et tant d'illusions, le silence de la mort dans la plenitude de la vie. Elles ont diviné l'ennemi, elles l'ont tourné, déjoué, vaincu; elles lui ont échappé pour toujours. Elles vont donc porter à Dieu, dans sa première fraîcheur, tout leur coeur, tous les trésors du profond amour, du complet abandon qu'elles refusent à l'homme. Elles vont tout ensevelir et tout consumer dans le secret du dépouillement volontaire, des immolations cachées. Cela fait, elles nous affirment qu'elles ont trouvé la paix et la joie, et dans le sacrifice d'elles-mêmes la perfection de l'amour. Elles ont gardé leur coeur pour celui, qui ne change pas et ne trompe jamais. Et à son service, elles rencontrent des consolations qui valent tout le prix dont on les paye, des joies qui ne sont pas sans nuages parcequ'alors elles seraient sans mérite, mais dont la saveur et le parfum durent jusqu'à la tombe. Ce n'est pas qu'elles aient voulu nous oublier ou nous trahir, nous qu'elles aimaient et qui les aimions. Non, la flèche qui est entrée dans notre coeur et qui y reste a d'abord traversé le leur. Elles partagent avec nous le poids et l'amertume du sacrifice. Le détachement n'est point l'insensibilité. Il n'y a que la fausse spiritualité qui rende dur, arrogant, impitoyable Toute religion qui dessèche ou endurcit le coeur est une tyrannie menteuse. Ici, dans le vrai sacrifice, dans la mortification suprême, l'affection humaine ne perd aucun de ses droits; ils sont tous respectés, mais tous épurés, tous transformés en offrande au Dieu cui a promis de nous consoler plus qu'une mère: Miserebitur tui magis quam mater. L'ardeur d'une tendresse souffrante, mais si pure, si droite, si sûre d'elle-même, se révèle encore dans chaque accent, dans chaque regard. Le bonheur d'être à Dieu ne ferme point un coeur bien né aux peines d'autrui, et ne l'isole | |||||||||||||||
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d'aucune émotion généreuse. Ce coeur devient au contraire plus tendre et plus intimement occupé de ceux qu'il aime, à mesure qu'il s'enlace d'une étreinte plus passionnée au coeur de Jésus. Est-ce là un rêve? une page de roman? Est-ce seulement de l'histoire, l'histoire d'un passé à jamais éteint? Non, encore une fois, c'est ce qui se voit et se passe chaque jour parmi nous. Ce spectacle quotidien, nous-même qui en parlons nous l'avons vu et subi. Ce qui ne nous était apparu qu'à travers les âges et à travers les livres, s'est dressé un jour devant nos yeux baignés des larmes d'une angoisse paternelle. Qui ne nous pardonnera d'avoir, sous l'empire de cet ineffaçable souvenir, allongé plus que de raison peut-être cette page d'une oeuvre trop longtemps inachevée? Combien d'autres, n'ont pas, eux aussi, traversé cette angoisse et contemplé d'un regard éperdu la dernière apparition mondaine d'une fille ou d'une soeur bienaimée! Un matin elle se lève et s'en vient dire à son père et à sa mère: Adieu! tout est fini. Je vais mourir, mourir à vous, mourir à tout. Je ne serai jamais ni épouse ni mère; je ne serai plus même votre fille. Je ne suis plus qu'à Dieu. - Rien ne la retient. La voilà pui apparaît déjà parée pour le sacrifice, étincelante et charmante, avec un sourire angélique, avec une ardeur sereine, rayonnante de grâce et de fraîcheur, le vrai chef-d'oeuvre de la création! Fière de sa riante et dernière parure, vaillante et radieuse, elle marche à l'autel, ou plutôt elle y court, elle y vole comme un soldat à l'assaut, contenant à peine la passion, qui la dévore, pour y courber la tête sous ce voile qui sera un joug pour le reste de sa vie, mais qui sera la couronne de son éternité. C'en est fait: elle a franchi l'abîme avec cet élan, cet essor, ce magnanime oubli de soi, qui est la gloire de la jeunesse, avec cet enthousiasme invincible et pur que rien ici-bas ne saura plus ni éteindre ni égaler. Mais quel est donc cet amant invisible, mort sur un gibet, il y a dix-huit siècles, et qui attire ainsi à Lui la jeunesse, la beauté et l'amour? qui apparaît aux âmes avec un éclat et un attrait, auquel elles ne peuvent résister? qui fond tout-à-coup sur elles et en fait sa proie? qui prend toute vivante la chair de notre chair et s'abreuve du plus pur de notre sang? Est-ce | |||||||||||||||
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un homme? Non: c'est un Dieu. Voilà le grand secret, la clef de ce sublime et douloureux mystère. Un Dieu seul peut remporter de tels triomphes et mériter de tels abandons. Ce Jésus, dont la divinité est tous les jours insultée ou niée, la prouve tous les jours, entre mille autres preuves, par ces miracles de désintéressement et de courage qui s'appellent des vocations. Des coeurs jeunes et innocents se donnent à Lui pour le recompenser du don, qu'Il nous a fait de Lui-même; et ce sacrifice qui nous crucifie n'est que la réponse de l'amour humain à l'amour d'un Dieu qui s'est fait crucifier pour nous.’ | |||||||||||||||
Le Christ de Charles-Quint.
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Qui donc nous redira le langage sublime
De son regard mourant et porté vers les Cieux?
O céleste douceur! ô douloureux abime,
Où l'amour de Jésus se révèle à mes yeux!
Oh! laisse-moi baiser sur ta face livide
Ces vestiges cruels d'un soufflet infamant;
Je ne m'àbuse pas, c'est ma main déïcide
Qui t'infligea, mon Dieu, cet odieux tourment.
Dans sa bouche entr'ouverte, ô langue desséchée,
Tu murmures encor: J'ai soif, soif de ton coeur,
Oui, ta brûlante soif ne peut être étanchée
Que par le repentir, les larmes du pécheur.
Toujours je la verrai cette épaule blessée,
Que déchira pour moi le fardeau de la croix;
Toujours je la verrai cette main transpercée,
Qui semble me bénir pour la dernière fois.
Ses muscles sont tendus, ses veines épuisées,
Le Prophète l'a dit: tous ses os sont comptés;
Ses membres sont meurtris, toutes ses chairs blessées
Et le sang à longs flots coule de tous côtés.
Laisse-moi m'abreuver à cette source pure
Qui jaillit, ô Jésus, de ton coeur adoré,
Je veux, collant ma lèvre à ta large blessure,
Savourer à longs traits ce breuvage sacré.
Va donc, ô Dieu victime, où ton amour t'appelle,
Subjuguer à la fois et l'orgueil et l'erreur,
Calmer le repentir, charmer le coeur fidèle,
Confondre dans tes bras le juste et le pécheur.
Mais en quittant ce toit, tu vois couler nos larmes,
Que ne puis-je, ô Jésus, te suivre pas à pas!
Te montrer en tous lieux et révéler tes charmes
A ce monde insensé qui ne te connaît pas.
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Je ne te verrai plus, effigie adorable,
Mes regards artristés te chercheront en vain....
Mais non, tu m'as laissé l'empreinte ineffaçable
De ton Image sainte, ô Crucifix divin.
Partout tu m'apparais, partout je te contemple,
Ta croix, à mon réveil, se dresse devant moi
Dans mon humble cellule, et surtout dans le Temple
Où mon âme, ô mon Dieu, s'épanche devant toi.
Que j'expire à tes pieds, si jamais je t'oublie,
Si je ne vois tes traits jusqu'au dernier soupir.
Ah! du calice amer pour moi tu bus la lie,
Pour toi, mon doux Jésus, je veux vivre et mourir.
Pour moi sur cette terre il n'est plus qu'un délice:
Répandre ton amour, partager ta douleur;
Loin de moi le plaisir: amour et sacrifice!
Tel est, ô Dieu souffrant, le seul cri de mon coeur.
Cloue à ta croix ce coeur, couronne-moi d'épines,
C'en est fait, mon Jésus, oui tout est consommé.
Mon Dieu, je me remets entre tes mains divines,
A toi seul j'appartiens, à toi j'ai tout donné,
Tout: mon âme et mon corps, oui tout, ma vie entière,
Les gouttes de mon sang, mon esprit et mon coeur,
Ma famille chérie, et mes soeurs et ma mère,
Et mes jours d'amertume et mes jours de bonheur.
Ah! donne-moi ta croix: c'est ma seule richesse,
C'est la tout mon trésor, ô sainte pauvreté,
Sur mon coeur défaillant, que toujours je la presse
Pour te la rendre au jour de ton éternité.
Je ne sais, mon cher ami, si vous connaissez ce célèbre ivoire dit le Christ de Charles-Quint, - résumé si éloquent d'une foule de grandes pensées et d'émotions profondes. M. M**, qui en est l'heureux dépositaire, m'a souvent raconté, les larmes aux yeux, l'effet | |||||||||||||||
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presque surnaturel, dirait-on, produit par ce chef-d'oeuvre sur des coeurs rarement émus, incrédules même. Il y a bien dans l'air comme un courant qui rassemble les chrétiens et les mène en phalanges au combat. Les armes (pour ne parler que des moyens temporels) sont dans les poëtes et dans l'histoire. Je crois que tout modeste littérateur, qui n'est pas théologien ni professeur de morale, fait bien de commenter ceuxlà, d'étudier celle-ci. Dans ces études nous pouvons donner la main à tout adversaire de bonne foi. Rassemblons des matériaux, - le résultat décidera si les armes qu'ils nous fourniront vont à notre poignet ou à celui de l'ennemi. Voilà, comme vous le savez, le principe vital de ma revue De Dietsche Warande. Dans le 1r et le 2e numéro du Xe vol., que je viens de mettre en circulation, j'ai pu offrir à mes lecteurs:
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Quand aurai-je l'avantage de faire entendre aux habitués de la Warande ‘het boomgeruisch’Ga naar voetnoot2 de votre prose verdoyante?
T. à v.
A.Th.
PS. Comme nous sommes dans une atmosphère de couvent, je | |||||||||||||||
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veux, sur cette page, vous copier encore un passage d'une lettre, qui m'est parvenue de la Maison-mère des Filles de la Croix à Liége, datée du 12 Septembre, Je regrette seulement que les gens éclairés et libéraux devront conclure de cette communication que nous ne sommes pas encore de leur opinion dans les choses surnaturelles. ‘Vous vous rappelez bien que je vous ai parlé d'une sainte petite novice qui avait pris le voile le même jour que moi et qui semblait atteinte d'une maladie de consomption? A peine m'aviez-vous quittée dernièrement, qu'on lui a interdit l'entrée des classes; on pensait que le grand air lui ferait du bien; presque toule la journée elle était doucement occupée au jardin. Cependant sa langueur s'accrût de jour en jour; elle ne pût plus prendre aucune nourriture. Il y a aujourd'hui quatre semaines qu'elle s'est alitée; elle avait maigri terriblement, et ne pouvait prendre autre chose qu'une demie-tasse d'eau et de lait dans les 24 heures. Après 8 jours elle ne prit plus rien, absolument rien; pas même une seule goutte d'eau. Les médecins ne savaient pas expliquer son état. Ils disaient que son estomac s'était fermé, etc. Dix jours elle est restée comme cela, presque immobile, comme un squelette, la voix et les yeux presque éteints. Elle fut administrée, et fit ses voeux éternels. Chacun attendit la mort. Ses parents - famille honora ble de Liége - dont elle est l'unique enfant, étaient inconsolables. On avait voulu lui faire prendre de l'eau de N.-D. de Lourdes; mais parce qu'elle ne pouvait rien supporter, et puis comme elle désirait bien mourir, cela ne se fit pas. A la fin cependant la soeur qui la gardait lui en mit quelques gouttes dans la bouche; sans lui dire ce que c'était. On s'unit dans une fervente prière. Et la nuit elle demanda encore à boire. Elle bût alors tout un verre d'eau de N.-D. de Lourdes. Et voilà qu'elle dit: “Je suis guérie”. Le matin ou lui permit de se lever et on l'a habillée. Maintenant elle prend d'heure en heure du bouillon, et le supporte très bien. Elle est pâle et maigre au-dessus de toute description; mais la vie revient visiblement. La ville est remplie de cet heureux événement, et les parents ont l'intention de faire don d'un beau calice, avec inscription, à notre chapelle. Non-seulement, comme disait mon oncle Lambert: une prière fervente console de toutGa naar voetnoot1, mais encore elle obtient tout.’ |