Dietsche Warande. Jaargang 9
(1871)– [tijdschrift] Dietsche Warande– Auteursrechtvrij
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Bulletin périodique de la ‘Dietsche Warande’.
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lités latines ou celto-romanes, on doit avoir le courage de continuer l'antithèse des germanistes; à savoir: que l'athéisme (à masque protestant) tuera la foi, que la réalité tuera les mystères, la philosophie le Christ et la mort l'immortalité. J'aime grandement la patrie de Kaulbach, de Mendelssohn Bartholdy, de Humboldt, de Hoffmann von Fallersleben. Comment pourrais je ne pas l'aimer? Nous leur avons tant d'obligation. Mais je ne vois pas qu'il y aura toujours des Overbeck et des Deger, des naturalistes et des musiciens catholiques, des Görres, des Reichensperger, des Frédéric Schlegel et des Von Redwitz, pour coöpérer à la balance des facultés. Qu'on ne se fasse pas d'illusion sur le gothicisme enté sur le tronc de l'église évangélique, qu'on ne se méprenne pas sur l'influence définitive des courants civilisateurs de Berlin, de Vienne, de Munich, ni même de Cologne et de Düsseldorf. Le revirement en faveur de la foi, magistralement représenté par le célèbre Gfrörer, n'a pas assez prévalu dans les esprits pour étouffer les funestes semences disséminées à pleines mains par les écoles Hégéliennes, par les élèves de Gervinus et par les adorateurs de l'art omnipotent des Göthe et des Schiller. Partout, partout, le libéralisme gronde sourdement sous terre, et, il faut en convenir, les recherches les plus profondes, qui s'accomplissent dans différentes branches de science en Allemagne, ne sont pas faites au point de vue de la foi. C'est une exception, quand un livre allemand, puisé aux sources, élaboré à grand' peine, - est signé par une main, qui professe le et Unam Sanctam catholicam et apostolicam Ecclesiam. En face de la maison de Habsbourg, à la barbe du patron de Von Beust, le roi évangélique s'apprête à ceindre, par la grâce de Dieu et du comte de Bismarck, la couronne des empereurs. Charlemagne ne laissera pas d'être étonné, en rencontrant, sur un panneau de salle à Aix-la-chapelle, le roi Guillaume: mais la faute en est en partie aux adulateurs du germanisme. C'est une belle civilisation que celle de l'Allemagne du XIXe siècle, qui tolère qu'on massacre des hommes, des penseurs, des chefs de famille et d'établissements d'industrie, avec la même indifférence que les terribles Pharaons de l'ancien monde envoyaient leurs milliers d'esclaves à l'entassement des pyramides ou aux gouffres de la guerre. C'est un bel empereur, que celui qui saupoudre le | |
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déjeuner de sa vénérable femme, dans un hôtel de bains, d'épices télégraphiques comme celles-ci: ‘Le général Bernhardi a conduit à l'attaque le 1r et le 6me régiment Uhlans. Deux bataillons, qui étaient encore tout-à-fait intactes, furent entièrement foulés aux pieds par notre cavalerie.’ Ce mot intacte est admirablement choisi. Ce bon roi aimait tant à entamer, pour son Augusta, un Hammelsbraten, encore intacte; aujourd'hui, que le cher mari à 75 ans et une belle moustache blanche, elle doit vorlieb nehmen ces télégrammes barbares, qui ne seraient excusables qu'en cas que la reine signifiait quelque chose dans le gouvernement de la Prusse. On donne au général Von Moltke l'honneur d'avoir fait un peuple de faiseurs, d'un peuple de penseurs. Hélas, il est à craindre que bientôt la barbarie de la guerre, si elle ne réussit pas à s'ériger en systême, endurcira tellement les coeurs, causera une si grande démangeaison de chasse et de duel aux allemands, qui auront la bonne fortune d'échapper à la mort, que, rentrés chez eux, la soif du sang ne les quittera plus, et que la charité, la douceur et l'humilité deviendront des plantes bien rares au milieu d'une population, à laquelle, pendant des mois entiers, on a fait habiter le champ de bataillè. Les anciens déjà ont dit que les arts adoucissent les moeurs. Hélas, que fera la guerre, une guerre comme la présente, par laquelle on proclame que l'armée ne doit pas être un des organes extraordinaires des nations, pour se tirer d'affaire dans une position pénible: mais que l'ordre normal c'est que toutes les nations soient des nations armées, qu' homme et soldat soit identique, et qu'on apprenne dès 18 ans à faire venir l'eau à la bouche, à sa bonne mêre et à ses petites soeurs, à la nouvelle qu'on a fraîchement entamé et - écrasé une phalange ennemie. En attendant les travaux de la paix continueront modestement d'aller leur chemin. Nous avons mauvaise grâce peut-être à demander de l'attention pour des questions d'art et de science; mais que faire? Pour ma part - j'ai publié dans le no de ma ‘Warande’ qui vient de paraître quelques traits de polémique, se rattachant à la question des théâtres. Vondel, ce grand ami de la paix, comme Van Lennep le nomme à juste titre, n'a pas laissé de tresser de brillants lauriers pour Frédéric Henri et pour De Ruyter; ce qui prouve bien qu'il n'était pas aveugle pour la gloire militaire, quoiqu'il préféiât la guerre des idées. Je lui ai | |
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donné la parole, pour plaider la cause de l'art dramatique. Vous trouverez qu'il s'en est acquitté à merveille. M. Prins de Jong a terminé l'étude dont j'ai parlé dans mon bulletin précédent. La grande oeuvre littéraire de Viollet-le-Duc m'a fourni une immense série d'arguments sur la peinture monumentale; le rév. père Allard m'a donné la monographie d'un orateur et poëte oublié, Max. van Habbeke. Le rév. Père Van Lommel continue la publication de ses notices éparses (recueillies dans les archives publiques et particulières) sur l'histoire ecclésiastique de notre pays. Je joins à la livraison deux oeuvres d'art. La plus splendide des deux est un poëme de M. le docteur Schaepman, intitulé Lamartine. Peut-être que l'auteur, dont le front, si jeune encore, est déjà ceint de lauriers si bien mérités, n'a jamais écrit une poésie plus riche en idées, plus vraie, pour le fond, plus éblouissante de forme, plus touchante dans sa peinture de l'état des esprits en 1820 et des beautés de la croix. La seconde oeuvre artistique est la gravure d'un beau groupe, que nous devons au sculpteur allemand Fischer et qui représente la Hollande et Nassau à Quatre-bras. Vous voyez bien que, si mes sympathies, dans la guerre présente, sont pour la France, j'entonne de grand coeur le Te Deum au sujet de Waterloo. Je n'aime nullement les Napoléon, ni l'oncle, ni le neveu; mais je ne suis pas de ceux qui ont dit, par rapport au dernier, comme les organes anglais: ‘Now let us kick him; he is down’. Du reste, j'ai vu avec une vive satisfaction que le cardinal Antonelli, dans sa 1re note aux membres du corps diplomatique, est loin de renfermer dans la même sentence de réprobation la conduite de Victor-Emanuel, et celle de l'empereur des Français. Le cardinal dit ceci: ni plus, ni moins: ‘que, par les accords conclus entre le gouvernement français et celui de Florence, on croyait assurer la conservation et la tranquillité des États restés au Saint-Siége; mais que ces conventions ne furent point respectées, qu'alors les troupes françaises revinrent et prêtèrent main-forte aux fidèles soldats du Pape; que, depuis, le gouvernement français, ayant retiré ses troupes à l'occasion de la guerre déclarée à la Prusse, ne négligea point de rappeler au gouvernement de Florence les engagements qu'il avait contractés par les conventions signalées ci-dessus, et de se faire donner les assurances | |
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les plus formelles au sujet de leur observation. Mais que, le sort des armes ayant été défavorable à la France, le gouvernement de Florence, prositant de ces revers, au mépris des accords conclus, prit la déloyale résolution d'envoyer une forte armée pour consommer la spoliation des domaines du Saint-Siége.’ Voilà te tableau des relations entre Rome, l'empereur Napoléon et le roi Victor-Emanuel, tel que par ‘la volonté suprême du Saint-Père’ il est présenté par le cardinal Antonelli aux puissances étrangères.Ga naar voetnoot1 C'est une leçon, pour celles d'entre les feuilles catholiques qui quelquefois ont jugé leurs vociférations les plus outrageantes, leurs expectorations les plus crasseuses trop bonnes pour l'empereur Napoléon; qui n'ont pas eu honte de couvrir de leurs opprobres un front courbé tant de fois sous la bénédiction (non révoquée) de Pie IX. Adieu, mon ami! Espérons et prions que le cercle des mauvaises théories se rétrécisse de plus en plus et que la barbarie échoue dans ses tentatives de sécularisation de nos âmes!
Votre ami,
J.-A.A.Th. | |
Suite et fin de la lettre de M. l'Abbe BrouwersGa naar voetnoot2.A ce volume sur la plinthe aurait convenu, me semble-t-il, le titre de ce grand poème de Vondel, où la théologie, et la philosophie, et l'histoire, et toutes les sciences qui sont les dames d'honneur de la Dominatrice au temple des Beaux-Arts, les vassales princières de la reine Poésie, ont rivalisé pour faire jouer toutes leurs puissances de conceptions poetiques, pour faire briller toutes leurs splendeurs de formes majestueuses et enchanteresses, pour faire chanter toutes leurs harmonies, en un mot, tous les mystères du génie, vibrant sous le souffle de Dieu: Contemplations sur dieu et son culte. Voilà la puissante oeuvre originale de Vondel que j'aurais voulu voir élever sur la | |
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plinthe.Ga naar voetnoot(17) Ce ne peut avoir été que dans un moment de distraction que M.A.Th. a écrit ses lignes sur la comparaison de Vondel avec le Dante. Cependant toute sa lettre est, à mon avis, une des pièces les moins heureuses qui soient jamais sorties de sa plume. Je regrette de la devoir analyser.Ga naar voetnoot(18) Elle rapporte si peu ce qu'il y a d'essentiel, que ce qu'elle dit, devient maintes fois tout à fait inexact à cause de ce qu'elle ne dit pas; puis elle renferme je ne sais combien d'inexactitudes que je ne puis laisser passer. La toute première impulsion positive pour l'érection d'un monument à Vondel, a été donnée par l'Amsterdammois auquel ma correspondance a rendu hommage. La lettre mentionne le même nom, mais tout le reste de la 1re colonne est aussi peu en rapport avec le monument du Parc que la naissance d'Hélène avec la prise de Troie. Aussi ne me suisje pas occupé de ces choses d'un autre âge et étrangères à la question de ce monument. La seconde colonne de la lettre contient: a) de minces détails qu'on apprend avec plaisir en prenant une tasse de thé; mais dans le cadre de ma correspondance audelà de la frontière, je n'avais pas à vous entretenir de ces affaires de famille, de futilités que ne rapporte pas même la grande édition de Vondel parue à Amsterdam même, omission que j'approuve.Ga naar voetnoot(19) b) Et puis que de contradictions entre ces détails de la lettre et les pages écrites par d'autres Amsterdammois, membres de la commission centrale! Relever toutes ces contradictions, ce serait écrire plus d'une colonne. Il nous suffit ici de constater le fait et d'indiquer, à qui veut en trouver les preuves, le XIIe vol. de la grande édon de Vondel, pp. 621, 641 et suiv. Mais le faible de M.A.T. est également échu en partage | |
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à MM. van Lennep et Binger. Ces MM., anciens Amsterdammois tous les trois, sont d'une inexactitude exemplaire dans la question qui nous occupe. En parlant ainsi, j'adoucis mes expressions.... C'est la plus haute susceptibilité ‘d'ancien Amsterdammois’ qui a jeté dans l'arène le noble champion que j'ai à combattre. Je crois même que cette susceptibilité a joué à la plume du Directeur de la Warande un drôle de tour, car ne la voyons-nous pas écrire une lettre, dont la pensée principale se trouve dans le Post-scriptum c. à. d. dans les notes au pied de la page? Ce que ma correspondance a dit par rapport à la fête de Vondel, célébrée a Ruremonde, voilà ce qui parait avoir éveillé cette susceptibilité, laquelle dicte toute la lettre, mais ne déclare les motifs de ce casus belli que dans les notes. C'est comme sij'avais porté une main téméraire à la couronne de la reine des cités de la Néerlande, comme si j'avais fait passer des fleurs et des diamants du front d'Amsterdam au front de Ruremonde. Loin de moi un tel attentat volontaire, et loin de Mons. Alberdingk Thijm un tel soupçon téméraire! Pour pointer contre moi cette note accusatrice, marquée d'une étoile, de la page 4, l'auteur de la lettre doit nécessairement avoir mal lu mes articles, et ce qui plus est, sa note même ne les cite pas bien. Pour réfuter cette note je n'ai que trois choses à dire: 1o qu'on relise mes correspondances; il n'y a pas une syllabe qui assigne au Comité de Ruremonde une date antérieure à l'installation des autres Comités. 2o Je n'ai pas dit un mot du cercle d'action ni des influences de ce Comité, mais j'ai parlé de l'influence qui allait sortir de cette fête, et que tantôt chaque lecteur verra clairement dans les diverses glorifications de Vondel à Amsterdam. 3o La Lettre dit ‘qu'il est difficile de comprendre que votre correspondant considère cette soirée musicale et littéraire comme ‘la première pierre du monument’: quant à moi, il m'est, non pas difficile, mais impossible de comprendre comment l'auteur de la lettre ait jamais pu s'arrêter un seul instant à une telle pensée. Ce que ma correspondance a dit, toute la Néerlande le sait: que la première grande fête célébrée en ‘faveur du monument de Vondel, a eu lieu à Ruremonde.... c'était là un commencement, quelque chose comme la première pierre du monument qui vient d'être consacré.’ La Lettre perd encore de vue, dans la note susdite ce ‘quelque chose comme’ et me citant tout simplement en prose, elle dit que je considère cette soirée | |
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comme la première pierre du monument!Ga naar voetnoot(20) De plus, si mes expressions touchant cette fête, eussent pu avoir aux yeux de mon honorable ami quelque ombre d'incertitude, il aurait dû, en bon critique, consulter l'article du Journal qui parle de cette fète, et auquel j'en appelais, ou bien l'ouvrage, qui a paru à Amsterdam, chez Langenhuysen même, aux jours des fêtes de VondelGa naar voetnoot1. Alors il aurait vu que votre correspondant ne peut avoir voulu dire, et n'a jamais dit, ce que la note a bien voulu supposer.Ga naar voetnoot(21) Mais ce que j'ai dit, ah! je le maintiens et m'en vais le prouver amplement. ‘Noas ne voulions alors, ai-je dit, qu'apporter de la frontière notre humble pierre’ (était-ce revendiquer trop d'honneur pour Ruremonde, d'oser dire que cette fête, que ce comité apportait son humble pierre?) ‘Sans prévoir quelle rayonnante influence allait sortir de la fête de Ruremonde dans un avenir peu éloigné, pour prendre une part bien large à toutes les glorifications de Vondel, au coeur même de la Néerlande, à Amsterdam.’ Ces lignes encore peuvent avoir donné l'éveil à cette sasceptibilité d'ancien amsterdammois, qui est trop noble pour la laisser dans l'erreur. Cependant je ne comprends pas encore comment le Directeur de la Warande ait pu écrire la dernière des deux phrases suivantes: ‘Que la commission d'Amsterdam eut la bonne chance de s'assurer le concours de MM. les artistes C. Rochussen, peintre; Verhulst, compositeur et Cuypers, architecte. Ce dernier, demeurant depuis peu de temps à Amster- | |
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dam, venait de bâtir quelques maisons d'un style excellent dans la rue qui reçut plus tard le nom de Vondelstraat; mais on n'a pas toujours été très-sûr que la Commission du Pare où Vondel serait placé, consentirait à rallier cette rue à son plan.’ Hé bien, s'il faut de temps en temps écrire de la prose, écrivons de la prose. A mon grand regret cette prose aussi doit aller se mettre en contradiction avec celle de M.A.Th. Voici ce que je dois opposer aux lignes citées de la Warande, pour maintenir ce qu' a dit ma correspondance. 1o Les anciens Amsterdammois possédaient la statue de Vondel, mais ils ne savaient où la placer de concert avec la Régence de la ville. Lorsque le Torensluis leur fut définitivement refusé, ils étaient au bout de leur latin (ten einde raad). La commission centrale ne savait de quel bois faire flêche: pour témoins de cette situation, j'ai MM. J. Van Lennep, T. XII, p. 642; Fock, actuellement ministre de l'Intérieur; De Greeff, architecte de la ville, et tous ceux enfin qui ont assisté à la réunion du 21 Juillet 1866. Peu de jours après cette réunion, un jeune amsterdammois, membre du Comité de Ruremonde, l'architecte Cuypers, saisit la Régence de la ville d'un plan de son invention qui sauve la commission et place la statue au Parc.Ga naar voetnoot(22) 2o Le membre du Comité de Ruremonde n'avait pas seulement bâti quelques maisons dans la rue qui reçut plus tard le nom de Vondelstraat, mais cette rue est sa création, comme le disait si bien: Onze Tijd. Que cette nouvelle rue, cet élargissement d'Amsterdam ait reçu le nom de Vondelstraat, c'est encore grace à la proposition expresse venue du même côté. Amsterdam et Vondel doivent cette rue et son nom à leur concitoyen, l'ancien membre de la commission de Ruremonde, à M. Cuypers. Mon honorable ami n'a qu'à consulter la réponse de la Régence à M. Cuypers, (15 Janvier 1867 Nos 10793 et 80) pour avoir une pièce irrécusable. Il est très-vrai que la Commission du Parc n'a pas toujours été décidée à rallier la rue à son plan. Cette pro- | |
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position est encore venue du même architecte. Bien plus, pour arriver à ce magnifique résultat, l'ancien membre du comité de Ruremonde cum suis, ont payé à la commission du Parc plus de 14,000 fr. de leurs propres deniers.Ga naar voetnoot(23) La pièce authentique qui atteste ce fait, est à la disposition de quiconque désire contrôler ce que je viens de dire. Donc cette superbe entrée au Parc, Amsterdam la doit à son nouveau concitoyen. La commission du Parc a voulu, à son tour, noblement et généreusement glorifier le grand poète, en donnant à cet Elysée d'Amsterdam le nom de Vondelspark. L'origine de ce nom ne remonte-t-elle pas à la même cause que le reste? Aurions-nous jamais vu ce Parc prendre le nom de Vondelspark, si la statue de Vondel n'y avait trouvé sa place, grace à la proposition mentionnée de M. Cuypers et au noble assentiment de la Commission du Parc? Je n'exprime pas le voeu que ces nouvelles preuves de mes affirmations antérieures puissent trouver grâce aux yeux de la susceptibilité de tous les amsterdammois. Ce serait leur attribuer une pusillanimité par trop indigne d'eux. Ou l'Amsterdam de nos jours serait-il tellement dominé par un mesquin amour de clocher, qu'il n'est pas permis à tel nouveau citoyen ‘cadeau que les provinces du Sud ont fait à Amsterdam,’ - comme l'a dit M.A.T. lui-même dans sa WarandeGa naar voetnoot(24) - d'embellir la capitale du pays? Et si cela s'est fait, faut-il alors garder un silence respectueux de peur d'encourir la disgrâce de cette ‘susceptibilité d'ancien Amsterdammois?’ Allons donc! Vous, les premiers, et l'Amsterdam de nos jours comme vous, vous avez l'esprit trop grand et le coeur trop noble pour descendre à ces pusillanimités, tandis que d'autres ont le caractère trop indépendant pour en tenir compte. Et puis Ruremonde et Amsterdam ne sont-ce pas également des villes de la Néerlande? Or à Ruremonde plus d'un plan de monuments vondéliens avait déjà été fait en vue du concours que nous croyions voir annoncer bientôt. Il n'y a pas eu de concours. | |
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Je n'ai pas à juger ici ce procédé de la commission d'Amsterdam. L'oeuvre fut confiée à Louis Royer, ce dont je ne me plains pas. Mais M. Royer a fini, comme le dit très-bien M. Alberdingk-Thijm, par céder à l'architecte Cuypers ‘l'honneur et la satisfaction ‘de pourvoir à la composition et à l'exécution de tout le piédestal.’ Voilà la vérité et voilà, encore une fois, ce que taisent, par ‘susceptibilité’, par oubli ou par une criante injustice, et J. van LennepGa naar voetnoot1et surtout M.H. BingerGa naar voetnoot2 qui est ici parfaitement étranger en Israël.Ga naar voetnoot(25) M.A.T. va encore un peu loin, à mon avis, quand il parle de l'idée-mère des quatre Génies et en appelle à l'esquisse en terre cuite qui fait présentement partie d'une collection particulière. Je suis allé voir cette esquisse de piédestal et ces ‘Génies, ‘ces enfants représentant les quatre genres de poésie dans lesquels Vondel avait travaillé.’ Le piédestal de cette esquisse ressemble au piédestal du monument actuel comme la pièce carrée de marbre sortant de la carrière ressemble à la statue achevée sortant de l'atelier du sculpteur. A la vue de ces ‘enfants’ représentant les quatre Génies, la belle romance d'Hél. Louël: Près d'un berceau, m'est venue spontanément aux lèvres. Je me disais, en voyant chacun de ces enfants, venus des régions éthérées ou des profanes: ...... Que seras-tu sur terre?
Homme de paix ou bien homme de guerre?
Prêtre à l'autel? beau cavalier au bal?
Brillant poète? orateur? général?
En attendant.... etc.
Ce qu'ils seraient devenus sous la main habile du regretté Royer, je ne le sais, mais ce que je sais, c'est que les Génies actuels du monument ne participent en rien de ces enfants en terre cuite. Il y avait bien duement sur l'esquisse de M. Royer, | |
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quatre enfants qui devaient représenter les quatre genres de Vondel, ce fait est incontestable, mais aussi n'a pas été contesté.Ga naar voetnoot(26) Du reste c'est M.A.Th. lui-même qui a ditGa naar voetnoot1 que ce piédestal oeavre de C., est, de tous les piédestaux de la Néerlande, le premier et sous le rapport de la composition, et sous le rapport du style.Ga naar voetnoot(27) | |
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M.A.Th. craint, de voir mes articles faire l'impression que ce n'est pas à Amsterdam que revient principalement l'honneur de ces glorifications du grand homme; sa susceptibilité lui a fait croire que je donnais trop à Ruremonde: mais je ne vois nullement que mes articles soient propres à faire une telle impression. Ai-je dit, par exemple, qu'Amsterdam n'aurait pas dû ceindre le front de Vondel d'une couronne de laurier, parce que telle gravure, composée a Ruremonde, l'avait fait auparavant? Ai-je dit qu'Amsterdam n'aurait pas dû dérouler sur la poitrine du poète la chaine d'or avec le portrait-médaillon de la noble Christine, reine de Suède et fille de Gustaphe-Adolphe, parce qu'on l'avait fait déjà à Ruremonde? Lors même que j'eusse montré comment la racine première ait poussé à Ruremonde, encore n'aurais-je pas manqué d'y ajouter, que telle floraison et tel fruit ont trouvé leur sève et leur soleil à Amsterdam même.Ga naar voetnoot(28) Que serait même un bon plan de bataille, s'il n'y avait pas de vaillante armée pour l'exécuter au champ d'honneur? Mons. J. van Lennep connaissait bien son monde; il savait combien il fallait éliminer du projet de couronner Vondel à Muiden même; d'inviter tous les poètes de la Néerlande à y venir en cortége honorer par quelques vers de leur propre cru, l'homme du peuple, le Prince de notre Parnasse. La commission de la fête connaissait bien son monde; une cavalcade, possible à Anvers, possible à Ruremonde, ne l'est pas pour cela en Hollande. La commission a bien fait d'arranger le beau cortége dont nous avons été témoins. Comment donc, j'aurais jamais méconnu les mérites d'Amsterdam, et de ses grands littérateurs, et des membres de la Commission? personne ne leur a rendu, à l'occasion du monument, d'une manière plus accentuée, un hommage public plus chaleureux que je ne l'ai fait à RuremondeGa naar voetnoot1. N'en parlons plus; il suffit que les lectures, les entretiens, les débats sur Vondel aient porté leurs fruits, tant à Ruremonde, qu' à Amsterdam. Aussi a-t-on pu reconnaître la même inspiration et la même exécution à la salle festivale de Ruremonde, et aux fêtes d'Amsterdam, c. à. d. et à la rue de Vondel, et au Parc, et au monument, | |
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et aux chars admirables du cortége, et à la transformation magique de Muyden, et au salon du banquet au Palais de l'Industrie du peuple, et à la salle du concert. Je ne fais qu' indiquer ici les sources générales des preuves pour ce que j'ai dit au commencement de mon premier article. Quiconque veut voir de plus près ces sources et ces preuves, qu'il ait recours à l'opuscule déjà citée de la fête à Ruremonde; puis à l'opuscule du Dr J. Ten Brink, à la Dietsche Warande, à la publication de Dordrecht, intitulée Europa; parmi les journaux c'est le Dagblad van Zuid-Holland en 's Gravenhage qui a décrit le mieuxGa naar voetnoot1, à côté de l'Amsterdamsche Courant et du Handelsblad, les fêtes de Vondel. Ma correspondance ne s'est pas occupée des fêtes, mais seulement des nouveaux monuments de Vondel.Ga naar voetnoot(29) Qui donc pourrait disputer à la ville d'Amsterdam l'honneur principal de ce quia été fait pour Vondel? Personne. Mais aussi, qui pourrait infirmer ce que j'ai dit par rapport à la fête de Ruremonde? personne non plus, sans en excepter l'auteur de la Lettre. J.G. Brouwers. | |
Post-scriptum
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N. 23. Le Vondelstraat. M. van den Biesen qui a pris l'initiative dans la déclaration, ‘que le Binnendijksche-Buitenveldertsche Polder est habitable’ n'avait que l'intention de frayer un sentier de sa campagne au Leyderdorperpad; je conviens qu'on ne peut pas dire que c'est là la ‘première idée de Vondelstraat’: je me suis done trompé sur ce point. Ce sont deux autres Messieurs (ayant nom Overeem et Hartgerink) qui ont commencé la rue, à leur waniëre: mais c'est bien à M. Cuypers, qu'on la doit, comme développement d'une pensée artistique. L'auteur de l'article dans la revue Onze Tijd, dont M.B. invoque l'autorité avec tant de sympathie, lui est done un véritable auxiliaire. Qui peut avoir écrit cet article? N. 27. De Maatschappij ran Bouwkunst. Je dois ajouter à cette note, que M. Cuypers n'est pas seulement Président de la section Amsterdam, mais aussi membre du Comité central de la Société pour le progrès de l'Architecture. Pour conclure, je répète ce que j'ai dit dans mon mot d'introduction, que les fautes, que je me permets de reprocher à M.B., ne proviennent que de ‘l'excès de ses vertus et de l'exubérance de ses talents’: j'ajoute que je forme des voeux sineères pour que M.B. nous donne encore longtemps l'édifiant exemple d'un digne prêtre, qui s'intéresse vivement aux progrès de la vérité dans l'histoire et de l'esprit chrétien dans les arts, dont il a été si souvent un porte-flambeau fidèle et généreux. A.Th. Veille de Noël,
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