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Bulletin périodique de la ‘Dietsche Warande’.
1861-1862. - No 4.
NOus publions, dans le quatrième numéro du sixième volume de notre ‘Warande’ une série de particularités moins connues relatives à la vie du poëte catholique Pieter Pypers (12 Dec. 1748 - 19 Juni, 1805). C'est principalement à Pypers qu'on doit l'introduction de l'opéra moderne au théatre hollandais et la nouvelle floraison de la plante français dite ‘tragédie classique’. La dernière période de Pypers inaugera en même temps une nouvelle ère pour l'art dramatique, par le puissant talent de Mad. Ziesenis-Wattier et du célèbre Andries Snoek.
Dans une autre catégorie d'articles de notre recueil nous avons accueilli avec empressement la réimpression, soignée par M. le docteur van Vloten, d'un petit manuel de 1587 extrèmement rare, intitulé comme suit: ‘Des bonnes moeurs et de la manière décente et polie dont les adolescents se tiendront, se mouvront, mangeront, boiront, parleront, serviront à table et dégusteront les mets; avec grand nombre d'autres bons enseignements’. Ce manuel, dressé en formé de catéchisme, est rempli des préceptes les plus curieux caractérisant la bienséance et les étiquettes du XVIe siècle. Voici les titres des rubriques:
‘Comment les adolescents se tiendront dans tous les membres de leur corps.
Des habits.
Comment on se conduira à l'église.
Comment on servira à table.
Comment ou se tiendra à table.
Pour déguster et servir tous les mets.
Manières pour le commeree des hommes,
Des coutumes qu'on observera à l'école.
Du jen.
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Comment se coucher.’
Voici quelques traits de ce catéchisme du ‘bon air’.
‘D. A quoi reconnaît-on les moeurs bonnes et décentes d'un adolescent?
R. A un extérieur pudique, dont les preuves sont les yeux, le front, les sourcils, les joues, en un mot toute la stature du corps.
D. Comment tiendra-t-on les yeux?
R. On ne regardera pas d'un air farouche, comme un insensé, on ne guignera pas dans tous les coins, comme le chat après le souris, on n'aura pas le regard hautain, comme les orgueilleux, ni trop ouvert, comme les sots; on ne clignera pas des yeux: car tout ceci sont de mauvais signes, mais on les gardera chastement et poliment.
D. Comment se tiendra-t-on en compagnie, quand un éternuement vous survient?
R. On se tournera et fera le signe de la croix, et quand on a cessé d'éternuer, on ôtera son bonnet, remerciant celui qui vous a souhaité la bénédiction de Dieu: mais vouloir exciter souvent le besoin d'éternuer et d'y forcer la nature, ce n'est pas honnête.’
On ne prisait pas au XVIe siècle.
‘D. Comment tiendra-t-on la bouche?
R. On ne tiendra pas la bouche trop fermée, comme si on avait peur de l'haleine des autres; elle ne sera non plus trop ouverte, comme les sots tiennent la bouche, mais on la tiendra de telle manière que les lèvres se touchent à peu près.
D. Comment se tiendra-t-on, quand on baille?
R. Quand l'adolescent ne peut pas le dissimuler devant les gens ni s'en retirer, il couvrira la bonche de la main ou d'un mouchoir.
D. Comment tiendra-t-on les dents?
R. Propres et pures; car de celui qui le néglige les dents vacillent et se corrompent, par la pituite; c'est pour cela qu'on rincera les dents, le matin et le soir, avec de l'eau claire et non pas avec de la poudre odontalgique, comme les femmes en ont coutume; ni avec du sel, ni avec de l'alun, car c'est nuisible pour la gencive.
D. Comment marchera-t-on?
R. Pas comme une servante qui a manqué le marché, ni d'un pas paresseux ou trainant comme une vieille femme qui porte des oeufs, ni en tombant de côté comme les ivrognes; ni clopin-clopant, comme certains soldats; mais décemment et poliment.
D. Est-il bienséant de porter des habits à sentes ou bachures, ou de diverses couleurs?
R. Les premiers sont bons pour les sots, les autres pour les sots, les singes ou les guenons.
D. Comment servira-t-on le boisson à table?
R. .... Quelques-uns servent les verres ou les gobelets remplis après lepremier service; d'autres mettent les gobelets et le pot ensemble sur table: c'est en quoi l'on suivra les habitudes du pays.
D. Comment mouche-t-on les chandelles?
R. D'abord on regardera s'il n'y a point de mouchettes, car celles-ci doivent se trouver sur le chandelier; alors on prendra la chandelle de la table, disant: ceci est avec permission, et on la mouchera avec les mouchettes. Mais quand il n'y pas de mouchettes, alors on le fera de ses doigts et on jettera [la suif] de côté et on la frottera du pied, et après on la remettra sur table.’
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M. Ter Gouw commence, dans la présente livraison, la publication d'un travail modeste et solide sur la science du blason. M. Ter Gouw est un des rares archéologues traitant cette matière qui ne se laissent pas éblouir par le verbiage de leurs prédécesseurs. La plupart des notions, que M. Ter Gouw établit relativement au blason, sont fondées sur une étude personnelle des monuments, soit littéraires, soit politiques, relevant de la sigillographie, etc. etc.
Dans un autre article le directeur de la ‘Warande’ a publié l'inspection d'une galerie historique, nouvellement ouverte à Amsterdam. C'est la société des artistes, dite Arti & Amicitiae, qui vient de commencer la décoration de ses salons d'une espèce de peintures murales: des tableaux à tendance historique, de plus on moins de valeur, exécutés à l'huile, et coördonnés dans un encadrement exécuté sous la direction de l'habile M.C. Springer. C'est à cet excellent peintre de vues-de-ville, ainsi qu'au peintre de genre M. Lingeman, qu'on est redevable que l'idée de cette galerie ait été mise en exécution. Le but de cette décoration est de servir d'ornement aux salles, quand il n'y a pas d'exposition de tableaux de chevalet; d'attirer par là les étrangers tout comme les gens de la ville; d'augmenter un peu les revenus de la caisse des veuves et orphelins des peintres, et de soumettre à tous les yeux une série permanente des différentes spécialités qui se rencontrent dans la phalange artistique de notre pays. Aussi nous pouvons dire, à notre satisfaction, que quoique la Hollande soit assez pauvre en peintres d'histoire, plusieurs peintres de genre, de marine et de paysage ont su tirer un excellent parti de leur art spécial et que, sous l'inspiration nommément de M. Hofdijk, poëte, qui, dans les dernières années, s'est beaucoup occupé d'études historiques, on a pu choisir quelques scènes dans notre histoire qui se prêtaient à merveille à la reproduction par le pinceau de nos Van de Velden, de nos Hobbema, de nos Saenredam, de nos Jean Steen d'aujourd'hui. Mais comme il n'y a déjà pas moins de cinquante-deux tableaux et comme jusqu'ici il n'y a que la
moitié de nos artistes qui ont coópéré à cette oeuvre, on comprendra qu'il y a parmi les tableaux achevés et agréés, beaucoup qui maintiennent très faiblement le rang de peinture historique qu'on leur a destiné. La collection pêche aussi par une absence totale de plan mûrement conçu et dont les éléments aient été pesés avec la science et la conscience requises pour une oeuvre pareille.
Avant de procéder à l'exécution de l'oeuvre, trois travaux préalables auraient dû être menés à bonne fin. En premier lieu, comme on
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voulait représenter l'histoire de la civilisation de nos provinces néerlandaises, on aurait dû faire un examen rigoureux des qualités à exiger dans chacun des 52 sujets, qu'on adopterait. Autant que possible la grandeur des différents tableaux aurait dû être en proportion de l'intérêt historique du sujet représenté; puis on aurait dû se placer à un point de vue éminemment impartial et n'avoir garde de substituer les opinions d'un parti à la conviction de la généralité de la nation, telle qu'elle respire dans nos institations actuelles. En second lieu, on aurait dû prescrire certaines exigences de ton et d'harmonie aux différents collaborateurs, pour que le soleil d'ocre jaame de celui-ci ne tuât pas les tons fins et grisâtres de tel autre. Dans cette galerie historique on s'est naturellement attaché (et pas assez strictement encore) à l'ordre chronologique; la conséquence en est qu'on na pas pu grouper les tableaux selon l'effet désirable, comme on le fait à une exposition ordinaire. Il en est de même de la proportion des objets représentés sur ces pages. Un monument de la période druïdque ne devrait pas être réduit aux proportions d'un caillou, par la touffe de fougère qui croit sur le tableau voisin, et les personnages ne devraient pas présenter un mélange confus de quelques géants avec des habitants d'un monde lilliputtien. Une autre considération, qui se présente à l'esprit du visiteur de cette galerie, se rattache à l'inconvénient du procédé d'exécution; nous voulons parler de la peinture proprement dite. Celle à l'huile prouve, une fois de plus, qu'elle n'est pas
applicable à la décoration des monuments. La couche luisante, qu'elle présente au spectateur, surtout quand les tableaux sont placés d'aplomb, l'empêche d'embrasser plus d'un tableau à la fois, et même il y en a, à Arti, qui reluisent toujours, à quelque distance possible qu'on se place.
La galerie historique d'Arti pèche donc, par différents endroits; mais cela ne nous dispense pas d'un devoir que nous accomplissons avec bonheur: c'est à dire, de constater la conviction qui s'établit peu à peu parmi nos peintres au sujet de la valeur et des droits de l'art monumental, et de félictier la société de ce que sa généreuse initiative à été le geme générateur d'au moins une douzaine de vértables chefs-d'oeuvre, qui ne doivent leur existence qu'au projet d'illustration historique de la société, - quelque mal conçu qu'il soit.
Les défauts les plus regrettables, que nous avons à y signaler, proviennent, il nous coûte de le dire, du point de vue condamnable auquel s'est plaeé M. Hofdijk, le consulteur officieux de la société, pour
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le choix et surtout pour l'explication des sujets historiques. Dans le catalogue descriptif, dressé par M. Hofdijk, mais émanant de la société, comme il est prouvé suffisamment par le timbre que porte le titre ainsi que par le fait qu'il se vend au bureau du salon, - l'auteur n'a pas laissé échapper une seule occasion pour laisser un libre cours à ses passions anti-catholiques et illibérales à la fois. Les scènes du XVIe siècle s'expliquent, sous la plume de M. Hofdijk, comme si la révolution de 1795 n'avait pas eu lieu; comme si elle n'avait pas été préparée par les luttes des partis aristocratiques, catholiques et orangistes; comme si la condition de l'heureux établissement de l'ordre de choses de 1815 et de leur modification nécessaire en 1848 n'avait pas été l'abjuration des anciennes dissensions et le rejet des anciens cris de guerre. M. Hofdijk se cramponne à l'insurrection du XVIe siècle et surtout à la personne du Taciturne, pour en faire la sombre cariatide de notre nationalité d'aujourd'hui. M. Hosdijk oublie avec préméditation que cette cariatide foule aux pieds la liberté et tous les droits des catholiques; il feint d'ignorer que le parti des ‘Geuzen’, qui est, pour lui, le seul parti national, est opposé au parti catholique. Il clôt plus d'une page de son catalogue inconvenant avec le cri ‘Vive les gueux’, et cependant il serait le premier à mépriser son concitoyen catholique d'aujourd'hui qui se rangerait sous sa bannière. M. Hofdijk sait parfaitement que son ami Motley, en formulant l'insurrection néerlandaise du XVIe siècle, comme une démonstration violente contre la ‘conspiration sourdement
tramée par Rome et l'Espagne contre les droits les plus sacrés de l'homme’, nous a assignés une place dans la lutte qui ne peut être qu' opposée aux bannières de Marnix, de Lumey, de Sonoy, des meurtriers de nos prêtres, des détracteurs de notre culte, des violateurs de nos droits et des promesses de leurs propres partisans.
Nous ne nous plaindrons pas de tel ou tel livre partial, injuste, passionné, cruel, que M. Hofdijk peut se plaire à jeter à la tête de ses concitoyens catholiques; mais nous ne permettrons pas qu'il abuse, sans protestation de notre part de l'office que la société Arti (dont nous avons l'honneur d'être l'un des plus anciens membres) lui a conféré. S'il est indécent de débiter ses antipathies personnelles dans un simple catalogue de musée, ce défaut de goût devient une injustice grossière quand il se couvre du patronage d'une société, consacrée aux arts et à l'amitié, et aux intentions charitables de laquelle concourent, depuis sa sondation, un grand nombre de néerlandais de toutes les
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croyances tandis qu'à la marche regulière coöpèrent des artistes catholiques, dont le talent et la réputation auraient du moins dû les mettre à couvert contre des agressions qui maintenant semblent, absurdément, émaner de leur propre sein!
Dans nos ‘Mélanges’ nous avons inséré un petit mot à l'adresse des Japonnais, qui viennent de visiter notre pays. C'était vraiment une rage à qui ferait preuve de plus prévenance envers ces gracieux idolâtres: des ministres, des magistrats, ou des dames. C'était ridicule que le prix que nos sommités dans les sphères du gouvernement comme du monde élégant ont attaché aux faveurs accordées à pleine main par ces payens sensuels. C'était à qui leur presserait la main et s'emparerait des petits éventails, des morceaux de papier colorié et d'autres brimborions de cette espèce qu'ils se plaisaient à jeter à la foule de notre élite! Le monde a changé. Ci-devant, nos marins, nos intrépides découvreurs de pays s'assuraient les bonnes grâces des anthropophages par des quincailleries; aujourd'hui ce sont les insulaires payens, admirateurs fanatiques du suicide et persécuteurs sanguinaires des chrétiens, qui viennent nous disposer en leur faveur, en cajolant nos dames et en nous prodiguant des chiffons.
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