Dietsche Warande. Jaargang 5
(1860)– [tijdschrift] Dietsche Warande– Auteursrechtvrij
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Bulletin périodique de la ‘Dietsche warande’.
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de Memling, le seul grand peintre de l'école flamande qui n'ait jamais prostitué son pinceau. Si, dans de semblables cas, je comprendrais votre silence, je comprends non moins la nécessité d'éléver la voix, dans l'occasion actuelle, contre cette image publiée avec la prétention d'être la meilleure manière de représenter ‘Notre Dame de l'Immaculée Conception’, non pas par un individu peu connu, mais sous les auspices et avec l'autorité d'un évêque qui jouit de la plus haute réputation pour son savoir. Je le répète, je comprends la nécessité de votre lettre et je vous remercie d'avoir eu le courage de défendre publiquement les traditions de l'iconographie chrétienneGa naar voetnoot1. Je suis heureux que vous continuiez toujours à soutenir par vos écrits la thèse, que c'est un devoir pour les artistes chrétiens de suivre les traditions de l'Église, consacrées par l'usage des siècles, et de ne pas introduire de nouveaux principes dans leurs oeuvres d'art religieux. Le nombre de ceux qui se donnent la peine maintenant de consulter les traditions de l'Église avant de commencer une oeuvre est, hélas! fort restreint, tandis que la presque totalité du peuple et même une partie considérable du clergé, prétendent qu'on doit laisser aux artistes dans ces choses la plus grande liberté. ‘Chacun a son goût,’ et ‘le génie ne doit pas être enchainé.’ Voilà ce qu'on dit aujourd'hui, et cependant, lors qu'on contemple le passé, comment peut-on cacher aux yeux cette vérité si évidente que l'art chrétien a dégénéré exactement en proportion de ce que les idées libérales (comme on dit aujourd'hui) ont gagné de terrain. La lecture de votre lettre m'a fait de nouveau réfléchir sur l'état actuel et sur l'avenir de l'art chrétien dans la Belgique et ailleurs, sur le mal et le bien que peuvent produire l'architecture, la peinture et la musique, selon qu'elles se soumettent aux lois et aux traditions de notre sainte mère l'Église, ou qu'elles s'élèvent contre elles. Comme il me semble que la cause sacrée de la Religion ne peut que gagner par une discussion sérieuse sur ce sujet, je me permets de vous soumettre ainsi qu'à vos lecteurs quelques-unes de mes pensées, les livrant à vos réflexions. De tous les artistes à qui sont confiées la construction, la restauration et la décoration de nos églises, combien y en à-t-il qui connais- | |
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sent les rudiments du symbolismeGa naar voetnoot1, combien y en a-t-il qui se donnent la peine de mettre leurs oeuvres en harmonie avec les exigences de l'Église? Vous savez, Monsieur et ami, aussi bien que moi, que quoique la nature même de leur profession leur fasse une stricte obligation de s'occuper de ces matières, le nombre de ceux qui s'en occupent est excessivement restreint. Voyons quel est le résultat de cet état de choses, examinons l'état actuel de nos églises. Je vais tâcher d'esquisser ce qu'on peut voir aujourd'hui dans la partie des anciens Pays-Bas qui m'est la mieux connue, dans la Belgique. Commençons par l'extérieur; si c'est une église de ville, l'ancien cimetière a disparuGa naar voetnoot2, et l'édifice sacré, au lieu d'être détaché et entouré d'un grillage convenable, est entouré de maisonnettes, de boutiques, d'estaminets, et d'échoppes adossés contre ses murs sacrés; là où l'isolement existe, les espaces entre les contreforts servent aux habitants du voisinage pour y jeter les balayures de leurs maisons; c'est là que les boueurs trouvent de quoi remplir leurs brouettes en peu de temps; contre les angles sont placés des urinoirs, quelquefois même des lieux d'aisance! A la campagne la porte principale est munie d'une boîte à lettres et les murs sont tapissés d'affiches qui annoncent les ventes prochaines des environs; quelquefois on y voit l'annonce d'un nouveau roman ou de la pièce qu'on va jouer au théâtre, ou des choses pires encore et que ma plume se refuse à re- | |
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produire. Souvent l'édifice ressemble si peu à une église qu'on a jugé utile de mettre au dessus de la porte quelque inscription pour dissiper le doute des passants. A l'intérieur que voyons-nous? Cette grande et belle collégiale, qui autrefois frappait l'âme de tous ceux qui y entraient et les forçait à dire: ‘C'est vraiment ici la maison de Dieu!’ est froide et déserte. Les murs sur lesquels étaient tracés en détrempe les événements principaux de la vie de Notre Seigneur, de Sa sainte Mère et de quelques uns de Ses Saints, sont recouverts d'un badigeon uniforme dont la monotonie n'est relevée que par des tableaux encadrés, qui sont à la vérité surmontés du nom de l'artiste qui les a peints, avec la date de sa naissance et celle de sa mort, mais dont le sujet est souvent difficile à reconnaître. Les fenêtres, autresois remplies d'imagerie peinte, sont en grande partie bouchées; celles qui ne le sont pas ne contiennent que des verres incolores; le pavé aussi, jadis composé de carreaux de terre cuite émaillée et semée ci et là de pierres tombales et de cuivres funéraires, est devenu un damier gigantesque blanc et noir. Les dispositions de l'église ont été entièrement changées; le baptistère et les confessionnaux ne se trouvent plus près de l'entrée, situation indiquée par les règles du symbolisme: le paradis est converti en remise pour les objets hors d'usage: le jubé, qui jadis séparait le clergé du peuple et qui portait le symbole de la rédemption pour nous rappeler que le seul moyen d'entrer au ciel, symbolisé par le choeur, c'est l'application des mérites de Jésus-Christ par Son saint Sacrifice; le jubé, dis-je, a été demoli, ou, si par un hasard heureux, il a échappé à la destruction, l'image du Crucifié y a été remplacée par un orgue monstre, ou elle est hissée au dessus de l'orgue, de façon que ceux qui voudraient y fixer leurs regards pendant leurs prières en sont empêchés, à moins de se mettre dans une attitude impossible. Et les autels! la plus grande partie, au lieu d'être en pierre sculptée, sont des constructions en bois badigeonné ou peint en imitation de marbre; on y voit des chandeliers en bois peint et doré d'un seul côté, celui qui est tourné vers le peuple; par derrière s'élève une construction monstrueuse qui rappelle les battants d'une grande porte de grange, et au dessus de laquelle se reposent des figures très peu vêtues, que l'on décore bien improprement du nom d'anges: on aurait de la répugnance à s'asseoir devant une table aussi négligée, et pourtant c'est là que doit s'accomplir le plus solennel des mystères de la religion. Tout ce que nous voyons nous répugne; nous allons visiter la chapelle du | |
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Saint Sacrement; là, au moins, les choses seront mieux, il faut l'espérer; nous cherchons des yeux la lumière de la lampe perpétuelle et nous avons de la peine à l'apercevoir; notre Seigneur se trouve caché derrière le maître-autel ou dans quelque autre partie écartée de l'église; le plus souvent le tabernacle où Il est placé est indigne, privé de tout ornement et même des accessoires prescrits par le Rituel. Mais voilà la cloche qui sonne; on va chanter la Grand' Messe, nous allons y assister. Nous prenons notre place dans la nef comme il convient au peuple; mais que voyons-nous? le choeur est rempli d'hommes et de femmes, et au milieu d'une masse de chapeaux et de toilettes extravagantes on découvre deux chantres qui paraissent n'être là que pour montrer leurs chapes; dans les stalles on voit un ou deux prêtres en soutane et les membres de la fabrique. Les chantres se trouvent sur le jubé où, dans les intervalles de l'office, ils causent et s'amusent comme bon leur semble. On commence par l'Introït qui est chanté au grand galop. L'Introït est suivi du Kyrie, que l'Église a prescrit de chanter neuf fois en l'honneur de la Très Sainte Trinité, mais on se soucie peu du symbolisme, et on multiplie les supplications à l'infini pour mieux faire ressortir les notes. Le prêtre entonne le Gloria selon les traditions anciennes, mais le choeur ne peut pas s'humilier jusqu'à chanter de telles vieilleries, aussi le continue-t-il d'une manière tout à fait différente. Le Graduel est presque toujours omis. L'Evangile fini, le curé monte en chaire; quelques personnes, pour mieux voir, se placent sur les estrades des autels contre lesquels elles s'appuient sans se gêner. La prédication terminée on chante le Credo, qui, loin d'être une profession de foi claire, n'est qu'une masse de sons confus; alors, au lieu de l'Offertoire prescrit par l'Eglise, on exécute quelque motet arrangé par le maître de chapelle, et adapté à un air profane tel que celui de l'Opéra de Don Giovanni ‘Si voglio andare, signore’Ga naar voetnoot1; ensuite | |
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le prêtre invite le peuple à s'unir avec les anges et archanges pour chanter comme d'une seule voix - cum unâ voce - le Trisagium; on se moque bien de son invitation, on connaît mieux que cela, et le Ter Sanctus est entièrement perdu dans un véritable Babel de Hosanna, Gloria, Benedictus et autres fragments de sentences mêlés ensemble dans une confusion merveilleuse qui cesse subitement à l'Élévation. Nous espérons alors avoir un moment de repos pour recueillir nos pensées distraites, quand, o horreur, nous entendons l'air de baryton bien connu de la Favorite de Donizetti: ‘Léonore, mon amour brave, l'Univers et Dieu pour toi, à tes pieds je suis esclave, etc.’ sans une seule note de changée. Après le Pax commence l'Agnus Dei, qui, par un pur esprit de contradiction se chante ordinairement de la manière la plus bruyante; loin de ressembler à une supplication pour la paix, il nous rappelle une troupe de buveurs à moitié ivres demandant encore à boire. Pendant la Communion du prêtreGa naar voetnoot1, au lieu des versets indiqués par le Missel, on chante des duos qui sont exactement copiés de chansons mondaines et même lubriques tels que ‘Fleuve du Tage’, etc. A la fin on joue encore quelque pièce d'opéra. Voilà, sans la moindre exagération, l'état actuel des choses dans beaucoup d'églises en Belgique. Après tout ceci, peut-on s'étonner ‘que les sentiments religieux diminuent en Belgique et que, à chaque génération, on voit s'affaiblir la vénération qu'on porte à notre Mère la Sainte Église.’ Voyez à quels résultats on est arrivé en Italie, et, à moins que je me trompe beaucoup, nous n'y voyons encore que le commencement. Que la Néerlande réfléchisse à temps, c'est la prière que je fais de toute mon âme; proclamez-le, Monsieur, il est temps de rompre avec les traditions de la Renaissance Païenne inaugurée en Néerlande par votre Erasme. Cependant je ne veux pas être injuste, je ne veux pas nier les quelques progrès qu'on a faits depuis quelques années. L'esthétique catholique, il faut le dire, gagne de jour en jour du terrain, sur- | |
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tout parmi le jeune clergé, et grâce au zèle de quelques prélats qui ont introduit des cours d'archéologie chrétienne dans leurs séminaires. Ce que je cherche à démontrer, c'est qu'il est entièrement inutile de tâcher de faire renaître l'art chrétien sans que nous rétablissions en même temps l'éducation chrétienne: car entre ces deux choses il y a les rapports de cause et d'effet qui se trouvent dans le fruit et dans la graine: la graine donne le fruit, et le fruit perpétue la graine. Ainsi l'éducation chrétienne donne l'art chrétien, et l'art chrélien continue l'éducation chrétienne. Ce que l'éducation est pour l'individu, l'art l'est pour la sociétéGa naar voetnoot1. C'est l'éducation qui forme l'homme, c'est l'art qui façonne la société. Ces deux leviers sont capables de soulever le monde, quand la religion sert de point d'appui. Donc, si nous désirons que la génération naissante apprécie les beautés merveilleuses et infinies de l'Art Chrétien, il faut avant tout que nous lui donnions une éducation saine. Si nous nourrissons nos enfants de littérature païenne il est naturel que leurs idées seront païennes. Qu'est ce qui a fait de Michel-Ange ce qu'il est devenu? Personne ne peut mettre en doute l'éclat de son génie ou le pouvoir presque surnaturel de son exécution; mais je soutiens qu'avant de pouvoir imaginer une production telle que son dernier Jugement, son âme a dû être noyée dans le Paganisme. Y a-t-il un catholique sérieux aujourd'hui qui ose nier que cette représentation inconvenante et indélicate de la Venue terrible du Seigneur Christ dans Sa Majesté et Sa Gloire, pour juger les vivants et les morts, ne soit une caricature avilissante de ce sujet glorieux, et qu'il n'ait honteusement envahi le premier sanctuaire de la Chrétienté? N'est-ce pas l'étude exclusive et excessive de la littérature païenne qui flétrit la pureté de Raphaël lui-même, et qui corrompit la délicatesse et la grâce admirables de sa première et de sa deuxième manière, jusqu'au point de la conduire au sensualisme trivial de ses dernières productions? N'est-il pas vrai qu'on cherchera en vain parmi les oeuvres de ses élèves les grands poëmes religieux et historiques tels que leur maître fit au Vatican? N'est-il pas vrai qu'on ne trouve parmi eux que des idées sensuelles sous des formes abruties? N'est-il pas vrai que l'école de Raphaël tomba rapidement jusqu'au cynisme, et produisit enfin des choses que le Paganisme même n'eut pas inventées, si Tibère ne les eût commandées pour ses infamies de CapréesGa naar voetnoot2. N'est-il pas vrai que les artistes de la Renaissance ont fait | |
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du Christ un homme de génie et de la Sainte Vierge une mère tendre; n'est-il pas vrai qu'ils ont humanisé et même animalisé toute chose religieuse? Qu'on ne me parle pas de l'exécution excellente de leurs oeuvres; la question n'est pas là, non, elle est toute entière dans l'esprit diamétralement opposé qui anime deux écoles - entre les principes éternels de la morale chrétienne et la négation-païenne de ces principes. Non, si l'on désire faire renaître l'Architecture et l'Art Chrétiens, il faut rétablir un systême d'éducation qui soit chrétien; c'est là le seul moyen de nourrir ce tempérament chrétien dans l'homme intérieur et moral, qui peut ou créer ou chérir l'expression d'idées chrétiennes dans le monde extérieur et matériel. Il n'y a que deux moyens d'élever nos enfants - le mode chrétien suivi par nos pères depuis le temps de St Augustin jusqu'au XVe siècle, et le mode païen et pedantesque par lequel le premier fut remplacé à la Renaissance, malgré les efforts de Savonarole, de St Charles Borromée, de Barthélémi des MartyrsGa naar voetnoot1, de St Ignace, de Possevinus et d'autres hommes illustres; c'est cette dernière éducation qui nous a amenés au bord de l'abîme où nous sommes, ce n'est que l'autre qui peut empêcher nos enfants d'y tomber. Jetons nos regards sur le passé, contemplons la lutte entre le Pa- | |
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ganisme et la Religion Chrétienne, lutte qui se termina par la victoire de celle-ci. Lisons ce que dit le grand St AugustinGa naar voetnoot1 du Systême d'éducation qui était en vogue pendant sa jeunesse, systême pour lequel il y avait alors quelque excuse, car la Société ne venait que de s'élever hors du Paganisme, et naturellement les écoles continuaient à suivre la vieille routine. Mais la génération qui lui succéda fit attention à ses avertissements. Un systême chrétien fut établi par toute la Chrétienté; voyons ce que ce systême a produit; contemplons les siècles qui le suivirent et étudions le progrès extraordinaire qu'avait fait non seulement l'architecture, la sculpture et la peinture, mais tous les arts, la littérature, la poésie, le drame, la musique, etc. Jamais, à aucune époque, le monde n'a fait tant de progrès, et si l'on avait continué ce systême il est impossible de se faire une idée de la perfection à laquelle les arts auraient atteint. Mais la lutte recommença; le Paganisme n'était pas mort, et l'Italie fut envahie par une foule de Grecs dégénérés; alors naquit la renaissance funeste du Paganisme. A mesure que le goût des études et des antiquités classiques augmente, celui des études chrétiennes diminue; le premier s'étend peu à peu et finit par dominer; l'autre s'affaiblit et disparaît presque entièrement. La Bible est lue plus généralement par les sectaires Protestants que par les Catholiques, mais elle n'est étudiée que pour les besoins de la polémique. Les vies des saints, la Légende dorée, les petites fleurs de St François et de pareils recueils sont vilipendées comme des nids de miracles ridicules. Le cardinal Bembo, secrétaire de Léon X et évêque de Bergame, appelle les Epîtres du grand Docteur des Gentils des nugae; il demande et obtient la permission de lire son Bréviaire en Grec. de peur que le texte latin ne gâtât son style. Les choses et les hommes de la religion chrétienne sont abandonnés au vulgaire comme un aliment grossier, tandis que la classe noble se nourrit de l'ambroisie des dieux païens et du nectar de l'OlympeGa naar voetnoot2. Un évêque français, et ce n'est pas un mauvais, Jacques Amyot d'Auxerre, grand aûmonier de France et précepteur des fils de Henri II, traduit ‘les Vies de Plutarque’, les ‘amours de Daphnis et Chloë’, les ‘amours de Théagène et Chariclée’, etc. Il recommande les livres païens à l'encontre de l'Évangile. ‘Tels livres’ (dit-il en parlant de ceux des païens) ‘d'autant qu'ils sont ornez de beau langage, enrichis d'exemples tirez de toute l'antiquité et tissuz de l'ingénieuse invention d'hommes sçavants qui ont | |
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visé à plaire ensemble et à profiter, entrent quelquesfois avec plus de plaisirs ès oreilles délicates, que ne fait pas la sainte Escriture, qui pour sa simplicité, sans aucun ornement de langage, semble commander plustot impérieusement que de suader gratieusement.’Ga naar voetnoot1 Un autre évêque, le Cardinal Sfondrati de Crémone, compose et publie un poème sur l'enlèvement de la belle Hélène. Ce n'est plus de la Bible et des saints, mais d'Horace, de Platon et de Plutarque qu'on apprend à parler, à vivre et même à mourir. Un religieux même se fait lire, par manière de prière des agonissants, l'ode de Horace ‘Eheu fugaces.... labuntur anni’. On le voit bien la Renaissance vit, marche, existe dans le Paganisme comme le poisson dans l'eau; ce que Saint Paul dit de Dieu, on peut l'appliquer au paganisme: ‘En lui nous avons la vie, le mouvement et l'être.’ (Actes. XVII, 28). Voilà le résumé de la manière de vivre des hommes de la Renaissance. Maintenant passons en revue les corypheés de cette décadence: les cardinaux, les évêques et les princes qui contemplaient avec pitié les produits naïfs des siècles précédents, et qui avaient plus à coeur la paganisation de l'art que la réforme de la discipline et des moeurs. Voyez les Médicis, ces érudits pédants, adorateurs des charmes de la nudité et corrupteurs des moeurs du peuple, qui n'avaient point de goût pour la dignité sévère du caractère romain et qui n'exploitaient de l'antiquité que le côté sensuel. Voyez ces princes de la maison d'Este, à qui les admirateurs de la Renaissance attribuent une influence si grande et si glorieuse sur les produits artistiques et littéraires de la ville de Ferrare, soumise à cette famille pendant quatre siècles. Des quinze souverains que cette maison a produits y en a-t-il un seul d'un caractère digne de respect? Un de ces prétendus protecteurs éclairés des arts, Obrizzo Ier, fait la guerre aux moeurs, en | |
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instituant des courses de femmes; un autre, Alberto, surnommé l'honnête et le pieux, après avoir exercé d'odieuses cruautés, fait, pour tromper le Pape, un pompeux pèlerinage au tombeau des SS. Apôtres, accompagné d'un cortège de 420 courtisanes! Un autre, Nicolas III, a 23 bâtards officiellement reconnus; il fait consacrer l'un d'eux abbé de PomposaGa naar voetnoot1, et quand le Bienheureux Jean de Fossignano, Evêque de Ferrare, voulut réformer les abus qui existaient dans certains couvents, il le chasse de son siége. Borso, bâtard et successeur de Nicolas III, fait peindre dans le palais de Schifanoja des fresques qui représentent toutes les obscénités imaginables. Hercule, son bâtard et son successeur, a un fils qu'il fait nommer Primat d'Hongrie à l'âge de sept ans, Archevêque de Capoue et de Milan, Évêque de Modène, de Novarre et de Narbonne, et usurpateur de Ferrare, en dépit du Pape. Ce précoce dignitaire, qui fait plus tard arracher les yeux à son frère Jules pour une rivalité d'amour, figure dans l'histoire comme un des protecteurs les plus éclairés des lettres et des arts, et cependant il n'encouragea que la littérature, la peinture et la sculpture impures, et ne donna pas la moindre récompense à des hommes tels que François Cieco, le poëte, et Boiardo, le traducteur consciencieux d'Hérodote et le plus grand poëte de son temps en Italie. Alphonse Ier, encore un patron à qui l'on a prodigué les louanges, tyran détestable, ami de l'Arétin et patron de ce Baptiste Dossi qui mettait dans la représentation des nudités mythologiques ce sentiment de la chair tant goûté à cette époque malheureuse, Alphonse fait peindre par Dossi un portrait de sa maîtresse, la belle Laura Dianti, fille d'un chapelier, pour laquelle il avait fait construire une somptueuse demeure. Sous ce portrait il fait peindre la légende, ‘Quia fecit mihi magna qui potens est.’ Quelle profanation impudente et terrible! Ce monstre et son frère, le Cardinal d'Este, meurent tous deux d'excès de tableGa naar voetnoot2. Le fameux Accolti, Évêque de Crémone au commencement du XVIe siècle, est l'ami intime, le correspondant et même le remunérateur de l'infâme Arétin dont le livre des ‘Figures’ faisait les délices des nobles de la Renaissance, et leur fit tomber dans la plus grande dépravation. On peut voir, dans Brantôme, les ravages terribles que fit ce livre infâme dans la société. Qu'il suffise pour nous de | |
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constater que le paganisme, tout désordonné, tout dégradé qu'il fût, est encore plus voilé que l'Arétin. Et cependant c'était l'homme que les rois, les princes, les évêques et les cardinaux de la Renaissance se plaisaient à honorer. A Rome le Pape Alexandre VI a l'impudeur de se faire représenter, dans une des chambres du Vatican, sous le costume d'un des trois rois Mages, à genoux devant la belle et trop connue Julie Farnèse, représentée en Madone. Tels furent les patrons de la Renaissance en Italie; et partout c'est la même chose. En France ce sont des rois et des reines qui se conduisent comme de vraies divinités païennes; Francois Ier, qui était pire qu'un dieu païen, et qui après avoir mené une vie aussi débauchée que celle du modèle auquel il visait, Jupiter, meurt d'une maladie que, par respect pour les moeurs, on ne puisse nommer; ce sont sa mère, Louise de Savoie, sa soeur Marguerite de Navarre, et toute cette honteuse série de princes et de princesses qui jouaient aux dieux et aux déesses de l'Olympe. En Angleterre c'est un roi adultère qui finit par devenir un hérétique; en Bourgogne et en Flandre un Duc, durement lubrique, plongé dans tous les excès du sensualisme. A Liége et à Cambrai ce sont des évèques qui font des processions publiques en honneur de leurs concubines, ou se font servir la messe par leurs fils et leurs petit-fils illégitimes. Mais en voilà assez, comme spécimens de ces faits dégoutants dont il ne serait pas difficile de remplir plusieurs grands volumes in folio. Et maintenant que nous avons contemplé quelques-uns des patrons principaux de la Renaissance, examinons les oeuvres d'art de cette époque fatale. Pouvons-nous être étonnés de trouver que, les artistes étant entièrement païens dans leur vieGa naar voetnoot1, leurs oeuvres soient aussi entièrement païennes? Pour nous convaincre de cela, il n'est pas nécessaire que nous allions visiter les palais et les châteaux pour examiner les tableaux, les statues et les meubles qui les décorentGa naar voetnoot2. Il suffit pour nous de jeter un coup-d'oeil sur les édifices sacrés. Souvent, dans l'intérieur | |
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même des chapelles et églises de la Renaissance, on ne pouvait poser ni le pied ni la main que sur des représentations dont les analogues sont traduites aujourd'hui en police correctionnelle par nos commissaires de morale publique. Les carrelages, les vitraux, les miséricordes et accoudoirs des stalles, les chapiteaux, les voûtes et même les livres d'heure de cette époque fourmillent d'obscénités ou du moins d'inconvenances peintes et sculptéesGa naar voetnoot1. N'est-ce pas un tableau effrayant? et cependant je n'ai levé qu'un coin du voile. Je n'ose pas faire plus, et je n' aurais pas même fait autant, si ce n'était pour démontrer la nécessité de rompre avec les traditions de la Renaissance, qui malheur à nous, dominent encore aujourd'hui; car sauf de bien rares exceptions, les pays et les hommes de l'Europe continuent toujours à être plus ou moins païens. Oui, il faut le dire, il n'y a rien de sacré que les hommes de la Renaissance n'aient dégradé; on frémit de le relever: ils ont pensé faire beaucoup d'honneur à la Sainte Vierge en l'assimilant à Vénus, puis qu'ils n'ont pas eu honte de la répresenter sous la forme de cette déesse impure. Dans le collatéral nord de l'église abbatiale de St Dénis, contre le mur de refend de la chapelle où est placé le tombeau de Louis XII, il existe un monument qui provient de l'église de St Jacques-la-Boucherie à Paris. Ce bas-relief se compose de deux parties dont l'une représente la mort, l'autre l'assomption de la Mère de Dieu. Dans cette dernière, ‘Marie, pied gauche sur des nuages, pied droit sur la tête d'un ange, monte au ciel en compagnie de quatre petits anges ou génies qui lui font de la musique. Ici, pas de nuée qui encadre et protége la Vierge sans tache; pas de voile sur la tête; pas de manteau sur les épaules; pas de robe sur le corps; ni livre de prières à la main gauche, ni lys virginal à la main droite. Pour tout vêtement, un lambeau d'étoffe, une ceinture transparente. C'est une Vénus sous prétexte de Marie.’Ga naar voetnoot2 Mais les artistes de la Renaissance qui osaient faire de la Vierge, sur laquelle, selon St Thomas, jamais un regard de concupiscence ne put s'arrêter, une impudique, et déshabiller | |
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Marie en Vénus, ont aussi fait du Christ un Jupiter tonnant et L'ont peint sous les traits de personnages de mémoire infâme. Ce tableau, ou plutôt cette esquisse de la Renaissance, n'est nullement exagéré. C'est là la semence qui a produit le Voltairianisme et la Révolution en France; c'est celle qui produit l'apostasie de l'Italie aujourd'hui. La désolation qui menace l'Église en ce moment fut prédite, il y a trois siècles et demi, par ce grand champion de la Foi, le dominicain Savonarole, dans un sermon qu'il prêcha à Florence, dans lequel, après avoir dépeint sous les couleurs les plus sombres le terrible danger que récélait le mouvement des esprits vers la littérature et l'art païens, il s'écrie: ‘Par l'étude continuelle que vous faites de ces choses, et la négligence des sublimes croyances de la Foi Catholique, vous finirez par avoir honte de la Croix du Christ, et vous vous impregnerez de l'esprit orgueilleux et luxurieux du paganisme jusqu'à devenir faibles en fait de foi et de bonnes oeuvres; enfin vous tomberez dans l'hérésie et dans l'infidélité même.’ Y a-t-il un catholique sérieux qui puisse nier la vérité de cette prophétie. La preuve de sa vérité, hélas! est trop évidente. La société, dans laquelle nous vivons, est païenne. La Renaissance a tout paganisé, non-seulement les arts, mais aussi l'Astronomie, la BotaniqueGa naar voetnoot1, toutes les sciences; elle a même osé mettre ses mains sacrilèges sur la Liturgie de l'Église, dont elle a corrompu les hymnes. Examinons l'ignorance profonde des hommes d'aujourd'hui sur les sujets qui devraient les intéresser le plus. Que connait-on de l'histoire de lÉglise, de la vie des Saints, du symbolisme de la liturgie et de l'art chrétien? Quand nous contemplons la hauteur à laquelle on avait atteint au XIIIe Siècle, il est très difficile de comprendre comment les maîtres de la jeunesse ont pu délibérément abandonner le systême chrétien, substituer les classiques païens à la Bible et aux Pères de l'Église, et permettre à de jeunes gens chrétiens de se plonger dans l'étude de la mythologie sensuelle et bestiale des dieux et des déesses du paganisme, au lieu de nourrir leur esprit des actes des Martyrs. Mais hélas! les ‘vertus de la philosophie,’ et ‘les mystères sublimes du Platonisme’Ga naar voetnoot2 furent plus souvent proposés à la jeunesse | |
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comme choses dignes de leur admiration que les vertus ou les mystères de l'Évangile. Le cinquième concile de Latran, dans sa neuvième session, tenue en 1514, ordonna aux maîtres d'école et aux professeurs d'apprendre aux enfants et aux jeunes gens les choses de la Religion, les dogmes divins, les hymnes sacrées, le psautier et les vies des saintsGa naar voetnoot1. Mais on négligea les pseaumes et on apprenait les odes d'Horace; on prisait fort peu les vies des saints et on exaltait la mythologie. Le latin et le grec s'étudiaient exclusivement dans les classiques païens qui furent encore une fois replacés dans cette même position dominante qu'ils avaient occupée quand le monde était livré au culte de Jupiter et de Vénus, alors que les auteurs des plus grands crimes étaient honorés comme des Dieux immortels. Ce fut en vain que les Jésuites tâchèrent de purifier les auteurs païens et d'extirper le poison de leurs livres; le torrent avait gagné trop de force; il se précipita en avant; plus les hommes de bien tâchaient de voiler ce qu'ils ne pouvaient pas entièrement cacher, plus la curiosité dévorante de la nature corrompue pénétra dans les abîmes les plus profonds de ces réceptacles d'infamie. Ce que les jeunes gens lisaient dans les livres, ils le voyaient reproduit d'une manière encore plus palpable par le ciseau des sculpteurs et le pinceau des peintres. L'atmosphère était corrompue, les places publiques, les maisons privées, les jardins, et même les églises étaient remplies d'obscénités. Est-il donc étonnant que cette Renaissance soit devenue la mère, d'un côté, d'une race dégradée de rois et de nobles, de l'autre de cette démocratie furieuse qui met l'Europe aux abois? Contemplons la condition sociale et politique de la société, car celle-ci a également été atteinte par la Renaissance. D'elle est né le Machiavellisme, ce systême de principes faux et iniques par lequel les tyrans des XVe et XVIe Siècles ont établi et consolidé leurs gouvernements despotiques. C'est elle qui leur enseigna de faire la guerre, pas avec la valeur et les armes chevaleresques, mais avec la fraude et le poison. C'est elle qui a semé la haine entre les gouvernants et les gouvernés. C'est d'elle que sont nés le Mazzinisme et le despotisme entre lesquels nous oscillons, l'un aussi insupportable et avilissant que l'autre. Il n'y a rien qui soit durable - rien qu'on vénère. La convenance du moment et l'action de la force brutale sont seules consultées - seules honorées. La décadence de l'Art Chrétien et la | |
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perte de la liberté furent contemporaines et furent également l'effet de la Renaissance. Voyez l'Italie opprimée par les sociétés secrètes; voyez la France écrasée par une tyrannie détestable. On se prosterne devant la parole toute-puissante des usuriers juifs; on laisse massacrer les Chrétiens en foule, par le sabre mahométan. On abandonne la cause du Saint Père aux chances de la lutte du droit avec le plus vil brigandage. Il y a des moments où la contemplation de ce qui se passe m'effraie, où mes espérances sont prêtes à succomber devant mes craintes; mais je ne veux pas désespérer, il y a encore un moyen de nous sauver, il y a de l'espoir pour l'Europe: c'est dans la génération croissante. Il faut que chaque père de famille songe à élever ses enfants dans la seule voie qui puisse les conduire à l'honneur dans le monde et au bonheur dans le ciel, il est temps qu'il les fasse élever comme des Chrétiens. Et je ne parle pas ici des jeunes gens seulement, car le danger ne se borne pas à la littérature classique, quoique ce soit là qu'il y en ait le plus; l'esprit du mal se sert de toutes les armes: c'est ainsi que les mères, les plus scrupuleuses à écarter de leurs filles les mauvaises lectures, leur mettent entre les mains toute espèce de musique, sans crainte et sans discernement, comme si ces paroles rendues plus attrayantes par des sons harmonieux et émouvants, ne pouvaient contenir des sentiments impurs et inoculer dans le coeur qui se forme des germes déplorables, qu'on ne peut plus jamaîs extirper. Un auteur païen même a fait l'observation suivante: ‘Nihil tam facile in animos teneros atque molles influere quam varios canendi sonos, quorum vix dici potest quanta sit vis in utramque partem; namque et incitat languentes, et languefacit excitatos, et tum remittit, tum contrahit.Ga naar voetnoot1’ N'a-t-on pas une preuve de la vérité de ces remarques dans le tempérament et le ton efféminé de la haute société dans toutes les nations de l'Europe, qui semble être infatuée de musique d'opéra et de morceaux de chant, où l'on ne sait souvent ce qui répugne le plus, la trivialité ou l'inconvenance. Ah, que ne pouvait devenir l'Europe - que ne deviendra-t-elle pas, quand elle acceptera une réforme radicale et que les purs principes de l'Évangile seront franchement acceptés et mis en pratique? Quelle limite pourrait-il y avoir au progrès humain, si la Loi Éternelle de Dieu était sincèrement reconnue comme le seul vrai point de départ, comme le seul guide digne de notre confiance? En quoi les | |
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nations chrétiennes seraient-elles moins glorieuses, moins eivilisées, moins magnifiques, moins libres, si dans leur littérature, leur architecture, tous leurs arts enfin, l'idée dominante était en harmonie avec l'Évangile, et avait pour but la réalisation de ce que Dieu, dans cette Révélation de Sa Volonté, a proposé à ses créatures comme la fin de leur création et de leur vie passagère ici-bas? Si l'Europe, si la Chrétienté pouvait être réformée sur de tels principes - principes reconnus par notre Saint Père, l'illustre Pie IX - quel âge d'or pourrait rayonner sur le monde! Au lieu de guerres d'ambition ou de jalousies folles, les nations de la terre rivaliseraient pour le développement de leurs ressources intérieures. L'absence de la guerre et la diminution des taxes qui en découlerait naturellement, donnerait un accroissement inconcevable aux richesses matérielles, à la splendeur des arts, ains qu'à toute chose qui tend à rendre un peuple heureux. Le paupérisme disparaîtrait peu à peu sous l'influence d'une morale saine; tous les rangs seraient unis par un sentiment de respect et de dépendance mutuelle; le schisme et l'hérésie tomberaient devant l'autorité reconnue de l'Église, et le systême social de l'humanité atteindra le nec plus ultra, le climax glorieux de la perfection relative dont elle est capable; enfin, le grand problême de l'histoire, et de la lutte entre le bien et le mal pendant dix fois six siècles, recevrait la solution glorieuse rêvée par les poëtes, prédite par les prophètes, et demandée et espérée par tous les saints depuis le commencement du monde! Quelle perspective glorieuse! Ah! c'est bien celle que la Révélation nous propose comme un encouragement dans nos efforts pour la cause de Dieu, quoique cet état même ne sera qu'un type et un avant-goût des gloires éternelles et intarissables des élus de Dieu. Mais avant que ce temps puisse arriver, nous aurons à soutenir une lutte dont chaque année nous pressentons de plus en plus l'approche. Préparons-nous, dépouillons-nous de tout ce qui est infecté et souillé par le paganisme et le matérialisme, et prenons l'armure chrétienne; entourons nos enfants de tout ce qui peut leur inspirer la force morale et le courage pour prendre, ainsi que de vaillants soldats, leur part dans le combat qui s'annonce. Écartons de leur vue autant que possible les sculptures et les tableaux inconvenants qui énervent le corps et l'âme; détruisons-les, ne souffrons rien de semblable dans nos maisons, sous le prétexte que ce sont des oeuvres d'art, car l'excellence de leur exécution même constitue leur plus grand danger. Prodiguons partout des souvenirs qui leur rappellent les actes de ceux que l'Église nous propose comme des modèles à | |
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suivreGa naar voetnoot1. Ne leur permettons pas la lecture de fables et de mauvais romans, mais nourrissons-les des actes des Martyrs; rien n'est plus propre à leur donner la force dont ils auront besoin. Ah, un de mes compatriotes l'a bien chanté: ‘O land of saints! the hour is nigh - far nigher may it be
Than yet I deem, albeit that day I may not live to see; -
When all thy commerce, all thy arts, and wealth, and power, and fame,
Shall melt away - at thy most need - like wax before the flame;
Then shalt thou find thy truest strength thy martyrs' prayers above,
Then shalt thou find thy truest wealth their holy deeds of love;
O land of saints! thy peace will dawn - but not without the fight:
So come the contest when it may, and God defend the right!’
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