Dietsche Warande. Jaargang 4
(1858)– [tijdschrift] Dietsche Warande– Auteursrechtvrij
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Bulletin bimestriel
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erraient par la pauvre tête de nos chargés-de-bâtisse. Ces églises deviennent trop petites, commencent à crouler, ou a ennuyer les curés et les paroissiens. Depuis quelque temps les bons principes se font jour, et il est probable que quand une fois on aura vu et senti la splendeur du soleil de l'art véritable - on ne s'accommodera plus nullepart des soleils factices qu'on a admirés jusqu'ici. L'architecte de la nouvelle église de St Laurent à Alkmaar, M. Cuypers de Ruremonde, ne s'est pas dessaisi un seul instant du puissant phylactère de l'artiste, où sont inscrits les éléments de la trinité architectonique: construction, beauté, symbolisme. Ces trois éléments s'engendrent, se fécondent, se soutiennent mutuellement. Voici le plan de l'église. Elle n'a pas besoin d'exlication. On a voulu, au
milieu de l'église, un assez grand espace, pour distribuer les places des paroissiensd'après les contumes existantes. L'architecte y a pourvu, an moyen des bas-côtés du transsept Par-làil accompagne les pilier q r m n des colonnes dégagée o p gg hh kk ii ff ee. En tout, cela lui donne, pour les colonnes degagées, le nombre sacré du collége apostolíque entourant les qutare piliers évangeliques, où la chaire de vérité s'appuie contre le pilier de St Marc m - St Marc qu'on croit avoir été | |
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le scriba sublime de St Pierre. La localité x est destinée pour le trésor de l'église; w sera la sacristie. Au coin nord-ouest de l'église est la chapelle baptismale; t est destiné pour la déposition des morts. Le choeur ainsi que les bas-côtés seront voutés en pierre et briques; les grandes nefs seront construites à charpente apparente. L'arc de triomphe gagne par ce procédé en grandeur, et au-dessus de l'arcdoubleau du choeur le Christ triomphant, regnant dans sa gloire, apparaîtra aux yeux des fidèles, comme la consommation dn Saint Sacrifice. A côté des portes du nord et du sud sont les confessionaux, les portes de la grâce divine, placées au fond des croisillons, c'est-à dire, sous les mains miséricordieuses du Crucifié. Le clocher a un bel aspect; il est sagement conçu, tant pour la construction que pour sa signification symbolique. Ses étages sont en rapport avec le corps de l'église; le chevron du toit s'exprime dans la façade, par un frontal qui protége la muraille inférieure avec son fenestrage; et c'est de la galerie qui couronne ici les deux tiers inférieurs du clocher que s'élance l'octogone avec sa belle flèche, accompagnée de quatre tourelles contrebutant le noyau de la tour: les quatre saints docteurs latins qui soutiennent l'intégrité de la foi (conf. Durandus). Pour ne pas faire mention de la partie littéraire du présent numéro, nous passons directement à l'aveu que nous avons encore ajouté une complainte nécrologique à notre travail. On a tué.... la mémoire d'un excellent gentilhomme flamand, dans l'église de St Jacques à Bruges. Mardi, le 21 Sept. dernier, nous avons trouvé dans cette église le monument du chevalier Ferry de Gros, dans l'état le plus déplorable. La petite chapelle, où se trouvent les deux pierres sur lesquelles reposent le chevalier et ses deux épouses, et où existe encore l'autel qui se caractérise par une belle maiolica de Lucca della Robbia (une Vierge avec l'Enfant), encadrée en bois, dans le style du siècle, - sert de décharge à l'un de ces malencontreux sacristains belges; la gent la plus irrespectueuse et la plus affamée qui quelque part enrage les chrétiens et les touristes. Ce lieu sacré, cette petite chapelle, avec son autel, son monument, sa fenêtre ogivale, ses souvenirs de la pieuse famille qui l'a choisi pour lieu de repos, après avoir, à ce qu'on dit, comblé la même église de St Jacques de ses bienfaits, - nous l'avons trouvé rempli de poussière et d'immondices; l'autel et le monument couvert de morceaux de pierre et de fer, d'instruments usés, de vieux morceaux d'étoffe etc. etc. De fraiches blessures venaient d'être faites au monument. Les parties supérieuses, comme le profil du gentilhomme (suffisamment ga- | |
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ranti par le cintre de la niche, qui renferme le monument, contre des accidents ordinaires) avaient beaucoup souffert. Violemment un des chiens, veillant au pied des nobles Dames, avait été cassé, et nous avons pu prendre dans nos mains la moitié de l'animal sculpté, orné d'un collier annelé; nous étions sur le point de l'emporter et de l'envoyer au curé de la paroisse - afin de prévenir qu'un amateur d'antiquités ne le volât. Et ce qui est l'important de la chose: c'est que ce monument de Ferry de Gros est une des plus remarquables productions de la statuaire néerlandaise du style de 1500. Toutes trois les figures sont noblement traitées. Elles présentent non-seulement de l'intérêt pour l'étude du costume - mais nous ne pensons pas qu'on trouve ailleurs en Belgique une tête plus belle, plus chaste, traitée avec plus de grandeur et de délicatesse à la fois, que la tête de madame Franchoyse D'Aylly, deuxième épouse du chevalier Ferry de Gros. Et dans cette même église, où on traite de la sorte les rares oeuvres de sculpture qui relèvent encore du grand art du moyen âge et devant lesquelles on se repose des éternelles bambochades des Fayd'herbe et des Duquesnoy, - dans cette même maison de Dieu on expose une série de tableaux des Herregots, des Deyster, des Blondeel et autres di minores de l'Olympe rubensien, de la même force; on les expose - pas pour exciter la piété des fidèles, mais pour donner une satisfaction de musée aux touristes: car au lieu d'écrire les noms des saints au-dessus des tableaux, on y a affixé, en grandes majuscules dorées, le nom de ces malheureux peintres et la date probable du chef-d'oeuvre. Il est temps qu'on mette fin au règne des sacristains et des pour-boires; il est temps de proclamer que la Maison de Dieu est un édifice public, un refuge, à tout temps ouvert à la prière; où c'est un devoir sacré d'entretenir les chefs d'oeuvre de l'art; parce que l'art y est dans le service de la religion; mais où il ne convient pas que l'art ait son culte à lui, ni que les fidèles soient scandalisés par le dilettantisme du beau monde incrédule et par la rapacité des sacristains: sans cela on se mettrait dans la tête, comme notre ami M. Reichensperger le prévoit, ‘que ces églises, riches en oeuvres d'art, sont, proprement dit, des musées ou des cabinets de tableaux, qu'on fait servir de temps en temps à des fins religieusesGa naar voetnoot1’.
Jos.-A. Alberdingk Thijm. |