Bijdragen en Mededeelingen van het Historisch Genootschap. Deel 30
(1909)– [tijdschrift] Bijdragen en Mededeelingen van het Historisch Genootschap– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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Utrechtsche kout van 1769,
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que vous aurez fait le voiage de Turyn à Gènes, et de Gènes à Milan sans fâcheuse rencontre, ce dont je ne doute presque point, car six personnes, comme vous me marquez tres bien, inspirent du respects, et pour se conserver le sien, on se bat à merveille, au contraire des bandits ont toujours une certaine crainte qui n'est propre qu'à ces célérats [sic] et elle est bien augmentée en eux, quand ils en doivent venier, pour faire une capture incertaine, à un combat; et trouvant à qui parler, ils prennent très vite la rescourse du lièvre pour la plus part du temps. Mais comme de pareilles rencontre, quand même on a l'avantage, ne laissent que de causer une certaine émotion, il est bien plus agréable, en pouvant éviter la rencontre de ce gibier de potence. Dans un pais, mon cher cousin, ils fait plus cher vivre que dans un autre. Vous venez de la Suisse, où on dit que tout est à fort bon marché et il me semble que là vous avez oublié que vous êtes Hollandois. Car à en juger par les rapports des étrangers la Hollande est un des pais, où il fait le plus cher. Joint encore à cela, que l'on a chez nous la diabolique coutume de faire paijer à un étranger le double de la valeur des choses; et qui sait, si a Turin on n'en agit pas de même et peutètre par réprésaille: ergo comme Hollandois doublé paye. Vous paroissez fort content de l'acceuil, que vous a fait le RoiGa naar voetnoot1) demême que toute la famille roijale; il me semble que se dut être une politique à toutes les cours de faire un bon acceuil aux étrangers qui y passent, en les animant par là à y faire un plus long séjours, et en y attirant aussi d'autres; car ils peuvent être | |
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introduits partout bien plus facilements que les gens du pais, aussi bien des étiquettes n'ont pas lieu à leurs égards; et les étrangers rendent une cour encore plus brillante. Les manières sont aussi différentes, à recevoir les étrangers, auprès des rois qu'auprès des particuliers, preuve encore ce que vous m'écrivez touchant la différence de la réception que vous a fait le roi de France; d'examiner seulement quelqu'un, que l'on lui présente, ne s'accorde guerre avec l'affabilité et la politesse, qui fait pour ainsi dire l'esprit de la nation françoise. Mais c'est peut être une étiquette nécessaire; parceque la cour de France est plus fréquentée d'étrangers de toute nation qu'aucune autre cour de l'Europe et que si le roi étoit obligé d'entretenir un chaquun en son particulier, qui lui est présenté, il n'auroit jamais fait. Vous voilà à peu prés répondue à tous les points de votre lettre, pardonnez les réflections que j'ai faite à quelques unes si elles ne s'accordent point à vos idées et pensées. A force d'écrire il a radotté; mais par là j'ai voulue vous remettre où vous en êtes restéz à m'écrire, si vous me continués votre correspondance, ce qui me sera toujours très agréable. Nous passerons au dernier article de ma lettre, savoir les nouvelles, arrivéez à Utrecht depuis le mois de juin jusques en décembre. Comme je n'ai pas été à Utrecht durant la belle saison, vous me pardonnerez si j'en ay laisséz échaper quelques unes, que j'ai due obmettre de vous écrire, ne les ayant pas scue, ou seulement à moitié, et privé par là de pouvoir faire des réflection, qui vous satisfisent. Je tâcherai pourtant de vous les tracer en ordre et feray mon mieu pour n'en obmettre aucune. Vous saurez sans doute la mort de monsieur de Jonckheere le sénateur, qui a été remplacé par monsieur | |
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CraijvangerGa naar voetnoot1). Jonckheere étoit de la corespondance, et même un matador. Aussi les messieurs ont tout d'abord songé à le remplacer par un sujet qui en premier lieu n'a eu auquun de ces [= ses] proches ou apparentées dans la magistrature, en [sic] en second lieu le bon Dieu scait d'où ils sont venue et qui ils sont. On dit qu'il sentant [sic] parfaitement l'architecture ainsi que de pouvoir engraisser des boeufs, et en général, tout ce qui regarde le commerce des bestiaux. Mais j'espère, que dans ce dernier article, il réussira mieux que dans le premier, autrement je plain sa bourse, car pour l'ordonnance de ces batimens, et chambre, cela est triste à voir, de sorte que s'il ne satisfait pas mieux dans les points qui regarde [sic] la magistrature, ses collègues en auront mal de ventre. Vous sentez bien qui [sic] faut brûller celle ci après l'avoir lue; point que je satirise, car ce que je vous écris est tout comme je l'ai entendue; mais à cause que je ne veux me faire des ennemis de personnes. A présent à d'autres. Monsieur WoertmanGa naar voetnoot2), secrétaire de la finance, est aussi décédéz, cequi a donné une grande confusion aux messieurs de la corespondance, aussi perdent ils là, soit dit à la vérité, un grand homme. Il connoissoit à fonds notre gouvernement; et quand il | |
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y avoit quelques affaires épineuse, il étoit consulté de tous les membres en général. Il y a eu beaucoup de solicitant pour le remplacer comme secrétaire des finances, mais à dire le vrai, d'eux tous il y en avoit auquun qui auroit osé se flater de l'égaler en capacité. Mais on assure que d'un emploi aussi pénible que l'étoit le sien, quand il le recevoit, et aussi dérangé, il l'a arrangé de façon que celui qui le remplaceroit se trouveroit au fait de tout avec un peu d'aplication en très peu de temps. Les solicitans ont été le secrétaire RoelGa naar voetnoot1), Monsieur Strick l'AngloisGa naar voetnoot2), mr. VosGa naar voetnoot3) et moi; le tour pour donner cet emploi étoit au nobles et monsieur de ZuijlenGa naar voetnoot4) l'avoit à sa disposition; et il l'a donné à monsieur Vos (car il en avoit remis la nomination aux princestadhouder) qui a désisté de la magistrature, dans laquelle il a été remplacé par monsieur et maître le baron Willem Emmerij de Perponcher de Sedlnitzkij, héritier présomtif de la couronne de PologneGa naar voetnoot5); de | |
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sorte que nous avons à présent un successeur des roi, qui est commissaire de bièrre à Utrecht; s'il n'écrit pas plus distinctement qu'il s'explique, je crains bien que sa signature ne fasse une énigme. Il paroit aitre [sic] un jolie garçon et il a un très bon naturel, j'ai été en pension avec lui, et alors on s'apprend à se connaître. Monsieur Vos est donc secrétaire des finances. Mais se qu'il y a de singulier, il étoit un des messieurs de la correspondance, et il a reçue cet emploi par un des nobles, monsieur de Zuijlen; et ce qu'il y a encore de plus singulier, c'es que les messieurs de la correspondance n'ont pas approuvé cette promotion; enfin en tout ceci je ne comprens rien; mais je sçais bien que le choix de monsieur de Zuijlen, ou du stadhouder, a été juste, car on dit que monsieur Vos sentant [sic] très bien les finances, ayant été plusieurs année dans le collège. Le frère de monsieur VosGa naar voetnoot1) est aussi devenue proffesseur extraordinaire de ministre de village qu'il étoit; et jantens juger différament sur son savoir; puisqu'il y a des personnes qui disent qu'il en sçait moin que rien; mais c'est ce qui je sçais, qu'il prêche très mal, et longtemps; et il est | |
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proffesseur en théologie, ce qui ne va pas trop bien, quoique il peut être mauvais orateur, et pour cela bon théologien. Mais je ne sçais si j'ai raison ou tort, mais il me semble que nous ne recevons plus un proffesseur de renom quoique depuis peu d'année on en a appellé quatre ou cinqGa naar voetnoot1) à notre académie; ce qui me fâche bien. Monsieur le sénateur HengtsGa naar voetnoot2) est aussi mort très subitement. Encore un de la corespondance; on a aussi très vite remplacé ce dernier, par la promotion à cette charge du fils de monsieur de Jonckheere, qui est devenu sénateur; je me fais vieu quand je vois de pareille personnes emploié. Pour celui ci, il n'a jamais étudié, mais on dit pourtant qu'il sentent parfaitement la magistrature etc. Je ne le connois point, et fort peu de monde le connoit. A présent, et en dernier lieu, des morts, et ceci est bien le plus riches de ceux qui sont mort depuis longtemps à Utrecht. C'est le conseiller, monsieur et maître Jean Jacob van Westrenen seigneur de Lauewerecht. Homme généralement regretté pour ces générosité dont il ne cessoit journellement d'en donner des preuves, enfin vous le connoissez de renom, et mieu que je ne puis vous le dépeindre. Enfin le générosissime et pauvre homme a été enterré avec une suite de trente quatre carosse. Le | |
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peuple, à ce que l'on racconte, a fait des huées, l'orsque le convoi funèbre est arrivé à l'église de St. Jacob, où il a une superbe tombe, et a crié ‘daar gaat nu de rijken heenen’ etc.: passage trop applicable: on racconte, je vous nommerai celui qui m'a racconté le trait, suivant de Themat, c'étoit le greffier Van den HeuvelGa naar voetnoot1) qui l'avoit de millord d'AthloneGa naar voetnoot2), et celui ci l'avoit de la bouche de Themat, où il soupoit; celui-ci donc le lamentoit et disoit qu'il perdoit tant, et un si brave père; mais ce qui lui fâchait le plus, c est de n'avoir pas pue profiter, et en même temps égaler la manièr(e), de mettre son argent à jnterent comme le défunt. Sentimens dignes pour faire valoir des pleurs qu'autrement la nature fait verser à des enfens bien nées en perdant un père chérie. J'ai rencontré ce ladre (= van de pokken geschondene) tandis que son père n'étoit point encore enterré, et je lui fis mon compliment (de félicitation) je veux dire de condoliance au sujet de la mort de son père: la filicitation sur son heureuse convalescience, car il y a été au bord du tombeau, et même a été dérangé quelques temps, je veux dire fou: mais comme l'ivraye croît toujours, il en a réchappé. Mais il ne me répondit rien; aussi puis je vous assurer que je ne remarquois point la moindre émotion en lui; mais lorsque je m'informois comment se portoit son épouse c'est que le visage ne peut démentier les sentimens jaloux dont ce vilain est remplie. Lorsqu'il se trouvoit si | |
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mal, ce qui a duré plusieurs semaines, et que les médecins ne crurent point quil en réchapperoit, dans un moment, qu'il n'avoit point de fièvre, et qu'il étoit présent, il fit venier la femme, qui étoit à ce que des personnes qui l'a soignoit ont assuré, inconsolable. Il la fit donc venier, lui demandoit pardon de tous les tors, qu'il lui avoit fait souffrir, et étoit très en paine de scavoir si elle les lui pardonnoit de bon coeur; ce qui effectivement elle avoit fait; car des personnes, qui lui ont été tenier compagnie on dit, que cette femme devoit avoir un humeur d'ange, tant elle étoit triste et inquitté du sort d'un marie qui ne lui avoit caussé que des paines et tourments; de sorte que l'on assure que ce n'est pas la faute de la femme si ils ne vivoiet pas bien en harmonie; mais revenons à notre sujet; il fit encore un don à la femme, étant si mal, de soixante mille florains, à ce que l'on dit; et il ne cessoit de la demander pardon de même qu'à Dieu, tant dans ces délires qu'autre moments, qu'il étoit présent. Mais à paine se remet il de sa maladie, où son humeur diabolique le reprens; il dit à sa femme, Madame croyoit être délivré de moi, enGa naar voetnoot1) étoit en joye; mais elle c'est trompé; et ce que j'ai fait avant ma maladie, à votre égard, ne sera rien en comparaison de ce que vous me voierez faire à présent à votre sujet, et je vous feray éprouver ce que un mari a des prérogative sur sa femme; et ce drôlle a déjà commencer à la traiter pire que jamais, lors ce que les fraieurs de la mort l'on pressé; il a seulement changé de paroles dans ce temps de détresse ce qui ne prouve que trop sa lâcheté. Je veux bien vous avouer que sâchant toutes ces histoires, trop longue pour vous | |
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écrires et en trop grand nombre, j'ai quelquefois eu de la peine à lui rendre la sivilité ordinaire, que l'on se doit en compagnie. Il me semble qu'un drôle comme lui devoit être banis de la compagnie des braves gens. Lauwerecht a été remplacé dans la cour de justice par un monsieur Roelands, qui est très capable. Comme le sousgreffier Strick, avec raison, pensoit avoir cette place et qu'il ne la pue obtenier, il a pris sa démission de l'emploi de sousgreffier qui a été donné au jeune Monsieur van Hengts; car Strick auroit pue rester longtemps sousgreffier, vue que de Jong le conseillerGa naar voetnoot1), se trouve très mal; et quand il sera mort, le sénateur Laan deviendra conseiller en sa placeGa naar voetnoot2), et monsieur Oosterdijck le remplacera comme sénateur; par ces arrangements vous pouvez voir si il y a à faire quelque chose pour un autre homme de façon, quand même il voudroit se pouser dans le politique. Monsieur de Jong, comme il doit vous aitre connue, avoit trois ou quatre de ses petits emplois de rentmester d'un et d'autre couvent. Ces emplois durant sa maladie, qui a déjà duré longtemps, ont déjà été donnée en survivance à trois diverses personnes, qui tous sont morts avant lui. Monsieur Overmeer, qui étoit commissaire des bières, de la part de la Bourgoisie, est aussi mort, et a été remplacé par monsieur CommanGa naar voetnoot3). Voici encore quelques trais que l'on raconte au sujet du défunt monsieur de Laueregt, et de son épouse. Le matin | |
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il a fait un grand gain; madame étant dans la chambre où monsieur étoit agonisant, il y avoit un valet (qui l'a servie les deux dernières années de sa vie) assis auprès de son lit. Quelqu'un d'autre qui entroit dans la chambre demande à madame comment monsieur se portoit. Mijn man lief (dit elle) gaat uijt als een kaars; et se tournant vers le domestique: maar jij jou duijvel, hij en zal soo de oogen niet geslooten hebben, of ik zal je de deur uijtschuppen. Voila assez dit au sujet des morts; mais avant que de quitter la famille de Westreenen, il faut que je vous communique que Klaasje Pesters, fils de Monsieur le Colonel, a reçue la commission de Zeelande, savoir député à l'admirauté de Zeelande pour trois ansGa naar voetnoot1). Si le grand père est mort très vieux, le petit fils commence bien jeune à jouier des emplois. Quoique je ne ne puis me lasser à vous écrire, ma main à la longue refuse de tracer des caractères lisibles; ce dont vous pouvez vous appercevoir. Mais comme j'ai encore à vous dire quelques chose il faudra un peu déchifrer, ce que je veux vous marquer. Cappelle, comme vous saurez, est mariéz à mademoiselle van de VeldeGa naar voetnoot2); il a une femme bien riche mais bien sotte, et, comme l'on dit, hij zoude er wel mede kunnen gebruijd zijn. Monsieur de Wierat est marié a mademoiselle de RijnhuijsenGa naar voetnoot3). | |
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Le fils de monsieur PitGa naar voetnoot1) a une demoiselle de Dorth; monsieur le baron Heeckeren de SuderasGa naar voetnoot2), si vous vous souvenez encore de notre premier voiage à Amsterdam d'un quelqu'un qui disoit: ‘l'on ne banderoit (zeilersuitdrukking) pas pour cens mille florins’, vous vous le rappellerez aisément, il se marie à mademoiselle Alida van Westreenen; monsieur Counen avec mademoiselle Ram. Monsieur le lieutenant Sigterman a fait longtemps la cour à mademoiselle Geldsack, et il l'a aussi demandé en mariage mais elle ne l'a pas accepté, c'et à dire il a eu un blauwtie, le haut officier Conte de RechterenGa naar voetnoot3) l'a aussi demandé, mais aussi eu un blauwtie, quoique il recommence à lui refaire la cour, ne pouvant abandoner la citadelleGa naar voetnoot4); à présent on raconte, qu'elle a un autre adorateur, qui est un Anglois, qui est puissament riche, il est logé ici, chez ObletGa naar voetnoot5), et paroit être un fort jolie homme; monsieur Jhonsson m'a dit que c'étoit un des plus riches particuliers de sa nation; il se nomme monsieur ChartresGa naar voetnoot6). | |
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Mademoiselle Titije de Roosemale a eu longtemps et comme vous saviez déjà pour prétendant le jeune monsieur d'Hardenbroeck, mais depuis deux mois on m'a dit que cela étoit entièrement finiGa naar voetnoot1); et que l'on disoit que le Général d'Hardenbroeck auroit défendue à son fils de tant fréquenter la maison de monsieur Roosemale; ce qui est de la vérité, je ne puis rien vous en dire; comme je sors fort peu, m'amusant mieux dans ma chambre à lire qu'aux assemblées; et ma soeur Hansje est depuis bien du temps à SchoonauweGa naar voetnoot2), de sorte que je n'en sais pas tant à présent, que dans d'autres temps que nous fréquentons les compagnies; car se que l'un ne vous dit pas, un autre vous le dit. Mais ce que j'ay vue c'est que je vois présentement toujours mademoiselle Roosemale sans monsieur d'Hardenbroeck, quoique cela me fâche, que cela n'a pas réussi. Il sembloit fait l'un pour l'autre. Mais il est déjà remplacé par monsieur Schreuder, jeune homme qui a bonne mine, très riche, et qui étudie ici. C'est un IndienGa naar voetnoot3); horsmis celui-ci Titie a encore d'autres prétendans, mais je ne les connois pas. Monsieur Crofs est partie pour l'Angleterre, ce qui m'a fait plaisier, puisque il faisoit la cour à ma soeur Hansje; et qu'il étoit très assidus à frequenter les compagnies, où elle venoit, ce qui donnoit matièrre a resonner [sic] au monde; peut- | |
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être à tort et peut être point; car les filles c'est une marchandise, où on peut facilement être trompé; il c'est retiré d'ici justement pas fort honnêttement, car on m'a raconté qu'il y avoit eu quelque micmack. Mais cela a été arrangé par monsieur BraunGa naar voetnoot1). Madame la princesse d'Orange est attaqué des petites véroles et cela pour la seconde fois de sa vie, les ayant déjà eu une fois à Berlin; et elle est très mal et fort foible; aussi a t'elle la plus mauvaise sorte de petites véroles, qu'il y a, de pest pokken. Si nous avions le malheur de perdre cette princesse, ce seroit un coup bien fatal car elle c'est acquis par ces manières affables les coeurs de tous ceux qui ont l'honneur de la connoitre. Ceci donne une grande consternation; et cette maladie règne ici terriblement et en général par toute les provinces, demême qu'un sorte de fièvres chaudes, qui s'annoncent par des maux de gorges; celleci entrennent bien du monde au tombeau; à Utrecht, il y a depuis quelque semaines 18 morts plus que de coutume, sur la liste qu'on délivre hebdomadairement à la maison de ville. Aussi le temps est ici très malsain depuis deux mois, ne faisant que pleuvoir et faire des tempĉtes; la maladie parmi les bestiaux fait aussi des grands ravages, et il y en a fort peu de bêtes qui restent en vie, ce qui occasionne une grande cherté. On a institué des jours de prières; et les bals, et autres divertissement public, on été interdits, dans la province d'Utrecht. Le grand bal de souscription a aussi été déffendue, ce qui a fait bien | |
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des mécontans, et il y a des messieurs, qui se sont expliquéz un peu fortement contre les magistrats et même des magistrats contre leurs collègues. Ce qui n'est pas fort jollie, mais il est aussi resté supprimé. A présent on dit qu'il y aura des parties de dances au maisons. Mais on a dejà chanté un mois cette chanson, et il n'y en vient rien. Venons, à présent, au nouvelles, qui sont fort réscentes. C'est que dimanche passé, il y a eu un duel sur la place de St. Jean vers les six heures du soir entre monsieur Cuijpers, officier de marine, et un autre monsieur, dont jignore le nom; ils ont mis l'épée à la main, et ont poussé quelques bottes, après quoi le dernier a dit, qu'il ne vouloit plus se battre; sur quoi monsieur Cuijpers a dit, que s'il ne continuoit pas à lui donner une honnêtte satisfaction, qu'il le rosseroit. L'autre n'a pas trouvé bon de continuer à se battre, a remis son épée, et a été rosté du marin d'importance, et jusqu'à ce qu'il a pris la fuite. Le lendemain, qui étoit lundi, le 13me, une pareille histoire a encore eu lieu entre un capitaine de hautbord, et un sénateur de la ville d'Utrecht, de nos parents, qui c'est très mal comporté. Voici le fait. Monsieur le capitaine SmitsartGa naar voetnoot1) jouoit au billard, chez Jan Steevens, avec notre cousin de Weede, et monsieur de Tuijl de Hees en LeenGa naar voetnoot2); monsieur de Hees en Leen, ayant intention d'aller passer quelque temps à Amsterdam et comme il vouloit fréquenter les salets, et autre compagnie de dames, il demanda si ces messieurs, qui étoit connus | |
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à Amsterdam, ne pouvoit pas lui procurer connoissance à des messieur qui le présenteroit à Amsterdam; sur quoi monsieur Smitsart répondit, avec plaisier: je vous donnerai une lettre pour monsieur le bourgemaitre BoudaenGa naar voetnoot1), qui est mon oncle, et qui vous procurera quelqu'un qui vous introduira partout où il vous plaira; sur quoi monsieur de Weede dit, je vous donnerai une lettre pour mon beau père, monsieur StraalmanGa naar voetnoot2), et comme celuilà connoit beaucoup de monde à Amsterdam, il poura vous faire introduire partout; et alors Smitsart vous donnera des adresse voor de winckel etc. Monsieur Smitsart se fâchant, comme de raison, auroit dit: mon cousin, vous me faites là un compliment, qu'un homme d'honneur ne peut souffrir, et cela dans un lieu public. Vous parlez à un homme, qui ne se conte en rien inferieur à un monsieur de Weede. Hormis cela je suis homme d'honneur et officier; je ne vous ay choquéz en rien, il faut que vous me demandiez excuse ici en public, ou il m'en faut satisfaction; sur quoi monsieur de Weede auroit répondue pour excuse: j'ai fait serment de le ne demander jamais; l'autre a dit: il faudra pourtant vous résoudre à le faire; et a continué son jeu; monsieur de Weede a quitté la partie, et a passé par la petite chambre, où on verse la caffé, passé par l'autre chambre, et a gagné le Domskerckhof; monsieur Smitsart l'a aussitôt suivi, à la piste, et l'a attaint au coin du Domsteeg, lui disant: il me faut une excuse ou satisfaction; l'autre n'a pas voulue demander excuse, sur quoi Smitsart a dit: dégainez | |
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et défendez vous; monsieur de Weede a dit qu'il faisoit trop sombre. Je puis voir le blanc de vos yeux; il fait un beau clair de lune (comme il faisoit effectivement). Je vois bien que de cela il ne viendra rien, si je vous laisse aller; retournez plûtôt avec moi et faites moi une excuse; et si vous ne voulez pas faire cela, en garde, ou je vous rosse. Sur quoi Weede a dit: j'ai femme et enfan de sorte que je ne puis me battre; et pour demander excuse, j'ai fait serment de ne le demander à personne. Sur quoi monsieur Smitsart l'a régallé d'une volée de coups de plat d'épée; du Domsteeg jusqu'à la Place de St. Jean. Alors Weede a cryé au secours pour la garde, et Smitsart a dit: comment diable vous appelez la garde et cela contre un officier. A présant vous en aurez encore plus, et il l'a convoié de la même manière jusques à sa maison; et alors Smittsart a dit: retenez bien, qu'il faut me demander excuse, ou vous en aurez encore plus, dès que je vous rencontreray. Mais Weede a été le mardi de grand matin chez Smitsart, qui étoit encore à ce que l'on dit au lit, et il lui a demandé pardon; après quoi Weede est partie pour Amsterdam; voilà l'histoire comme je l'ai de deux personnes qui ont été au caffé pendant la céne [sic]; mais il n'avoit pas vue la rossade; mais quelques chosse de cette nature qui se passe à Utrecht, au claire de la lune, à cinq heures du soir. ne peut être cachée, aussi cela fait-il la nouvelle du jour; comme je vous l'écris ici, notre cousin Cees Roosemale, qui avoit été au caffé, me l'a racconté, et monsieur SchutGa naar voetnoot1), de qui le frère avoit été au caffé, me l'a racconté paraillement; hormis | |
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qu'il disoit que monsieur Smitsart auroit d'abord répondue: ik kan hem dan beeter adresse geeven bij de winckel als uwen schoonvaader bij fatsoenlijke lieden, of denk jij dat omdat je nu gelt heb, alles te seggen dat je in de mond komd; je heb dog maar een mensiste vrouw etc. mais Roosemale ma dit, qu'il n'avoit entendu rien de pareil, et qu'il avoit même admiréz la tranquilité de monsieur Smitsard. Il me fâche, que cela est arrivé à monsieur de Weede; non seulement il est quitte de son honneur, mais aussi la famille de sa femme est terriblement taxée par là; un chaquun donne tord a monsieur Smitzard, à cause quil a rossé un sénateur; mais je trouve qu'il a eu grand raison, quoique j'ai beaucoup de respects pour mes seigneurs et maîtres, quand ils mérittent quelque chose, il faut qu'ils en rescoivent le salaire, tout comme un autre. Et j'ay eu une prévention de ce qui vient d'arriver à Weede. Car il y avait quinze jours avant que ceci lui est arrivé, que j'étois à la partie de jeudie, ou monsieur de Weede railloit un quelqu'un un peu fortement, et celuilà le traitoit en garçon; le soir je dis à mon père: si Weede raille un chaquun de la façon dont il s'y est pris le soir, il m'éttonnera si il ne s'attirera pas quelques affare, qui l'en fasse répentier; et à présent ceci lui est arrivé. En voilà assez à se sujet. J'ai soupé il y a quelque jours chez monsieur votre grand pèreGa naar voetnoot1), qui rajeunit; nous y fîmes une | |
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partie, et le soir y mangâmes des huîtres. J'ai été chez lui jusqu'à minuit. Il avait aussi fait demander ma soeur Hansje mais elle étoit à Schoonauwen. Et si je ne pouvois venier, il avoit envoyé un billet, qu'alors le CornetGa naar voetnoot1) devoit venier, et si celui là n'étoit pas en ville alors le troisième monsieur, mais il marquoit bien dans son billet, qu'il ne demandoit qu'un des messieurs et la demoiselle. Et la raison étoit, qu'il vouloit une table de douse; mais à cause que Hansje étoit à la campagne, nous n'y avons été qu'à onze, à savoir primo monsieur de Stoettweegen; votre oncle de Stoettweegen; le Conseiller van den HeuvelGa naar voetnoot2) et son épouse; Monsieur van den Heuvel le greffier; madame de Gui; ma tante; mon oncle; et Mitze de NassouwGa naar voetnoot3); Mademoiselle Testas; et moi; nous nous y sommes bien divertie et le veillard [sic] étoit très gay. Vous aurez sans doute vue l'entrée publique de sa saintetéGa naar voetnoot4) et la courbette qu'il a faite; s'aura été superbe à voir comme toutes les raretés et beaux édifices, que l'on trouve dans cette ancienne maîtresse du monde; vous y aurez aussi vue l'ancien capitole, marquez moi si on y engraisse encore des oye de distinction, de distinction, dis je, car premièrement oyes républicaine, puis roiales, impériales, et à présent je me trouve embarassé de leur donner un titre, car on ne dit pas saintales; mais il me revient: oyes papales; et si ils sont plus grand | |
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que les oyes ordinaire. Je m'aperçois que ma plume ne peut plus me servier et n'y ayant plus rien à vous communiquer qu'à vous demander de brûler celleci après l'avoir lue, et vous priant d'être assuréz que je serez toujours avec la plus parfaite amitié monsieur et très cher cousin
Votre très humble et obéissant serviteur et cousin
Utrecht 26ème Décembre J.P.H. YVOIJ. 1769.
P.S. Vous irez peutêtre bien voir le mariage de madame la future dauphine; et si vous allez voir sa résception vous pouriez y rencontré votre ami de BottenstijnGa naar voetnoot1); car on dit qu'il va faire un voiage, et qu'il se propose d'aller voir cette réception; il n'a plus sa campagneGa naar voetnoot2), ainsi je crois qne cela pouroit être vrai, mais je ne puis vous l'assurer. Pour ce qui regarde le Cadet Bottenstijn, il va voiager, à ce que j'ai oui de monsieur ColGa naar voetnoot3). Adieu, portez vous bien. P.S. Dans le moment on met dit que la princesse royale d'Orange est très mal. Mrs. AssembourgGa naar voetnoot4), Daniëls, 't Lam, Boet- | |
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sclaarGa naar voetnoot1), Regteren, Buddens, Stoetweegen, d'Oorschot, Dudoc, viennent de quitter le collège de musiqueGa naar voetnoot2), on dit qu'ils seront suivie de bien d'autresGa naar voetnoot3), cela me fâche. Handschriften der Amsterdamsche Universiteitsbibliotheek. Verzameling Diederichs 31 Be. |
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