Bijdragen en Mededeelingen van het Historisch Genootschap. Deel 3
(1880)– [tijdschrift] Bijdragen en Mededeelingen van het Historisch Genootschap– Auteursrechtvrij
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Berichten aangaande ‘'t gepasseerde in Engelant in den jaere 1650, 1651, 1652 ende 1653.’Ga naar voetnoot1)
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Le Coll. Ingolsby a deffaict 3000 hommes qui se preparoyent à aller secourir Charlemont, leur ayant tué 800 hommes sur la place. Nous avons receu avis tres certain d'Irlande, que les villes de Waterford et de Charlow, et le fort de Duncanon se sont enfin rendus à My Lord Deputé, et que le Chasteau de Charlemont s'est pareillement rendu au Chevalier Charles Cootes; de sorte que tout le nord estant nettoié, ledit Chevalier peut à present entrer dans le Connaght. Comme aussy l'armée de Mylord Deputé est libre de marcher vers Limerick, seule place dans les 3 provinces d'Ulster, Leinster, et Munster, qui soit en la possession de l'ennemi. La peste est tousiours bien forte à Dublin et encore plus a Wexford, ou diverses personnes de condition en sont mortes depuis peu. | |
A Londres, ce 20/30 Septemb. 1650.Outre les imprimés, que ie vous envoye, le Secre. de MyLord gn̄al, arriué ce matin d'Escosse, rapporte, que le 24/14 de ce mois nr̄e armée marcha d'Edinbour vers Sterling, ou elle est a present, pour voir ce qui se pourra faire en la poursuitte de la victoire. On tient qu'il y a la quelq. 1500 chevaux du debris de l'Armée, et environ autant en un autre endroict, qui est tout ce qui paroist encorps, toute l'infanterie ayant esté ruinée. Il dit que le Roy estoit en cette ville de Sterling le jour de la bataille, gardé de cincq cens chevaux Anglois, auec lesquels il se deuoit mettre a la teste de son Armée, pr. marcher en Angleterre, si son party eut eu la victoire. Le Gnal Leuen a mis bas sa Commission de Gn̄al et l'Eglise la veut donner a mylord Laudian Karr. Mais le Roy et son party malignant la voudroyent fort faire tomber es mains du Gn̄al Ruthen, papiste, qui a esté Gn̄al sous son pere. Nr̄e gn̄al auant de partir d'Edinbourg, ou il a laissé deux regimens d'infanterie, et un dans Lieth pour | |
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garnison, auec quelque cavalerie en la campagne, a fait sommer le Gouuerneur du chasteau, gendre du Gn̄al Leuen, ou l'on tient qu'il y a 11 a 12, ou 15 ministres et que l'on y a sauvé quelques richesses de la ville. Mais il luy a rendu une sotte response, qui fait qu'on se munit le mieux qu'on pent contre les canonnades, quelques maisons ayant esté remplies de terre, et d'autres travaux se devants faire, pour rendre les coups inutiles, comme aussy pour esleuer quelques Caualiers et batteries pour leur respondre. Ils n'ont tué qu'un de nos hommes de leur Canon, mais ont faict plus grand desordre parmy leurs propres gens, qui retournent habiter la ville, et commencent a y ouvrir leurs boutycques, veu le bon ordre que nos gens tiennent. Nr̄e armée a ietté quantité d'armes en la mer, ne les pouvant faire transporter. Plus de 4000 prisonniers sont dans la ville de Durham, mais environ pareil nombre de blessés et malades ayans esté renvoyés en Ecosse, on ne les y a pas voulu recevoir, et sont la plus part abandonnés a la faim et a la misere. | |
De Londres ce 2/11 d'Octobre 1650.Nous n'avons pas encore receu vos lettres de cett ordinaire, et quand a ce qui se passe de considerable par deça, outre ce que vous verrés dans nr̄e imprimé, vous scaurés, que le parlemt., sur le rapport qui luy a esté faict, que plusieurs gens de bien, affectionnéz a cette Respubl., ont esté mal traittés en Virginie et aux Isles de Barmude, Barbade, Antege et autres par un party de la mesme nation Angloise, qui y portent les interests des Royalistes. Il en a declaré les habitans rebelles et traistres et voleurs, et pour ennemis de cet Estat tous ceux, tant de cette nation, que des estrangers, qui traffycqueront auec eux, ou les assisteront, donnant charge expresse, a tous ses nauires de guerre et autres de se saisir des | |
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leurs et de tous ceux, qui auront aucun commerce auec eux, en attendant quil preparera une flotte pour les reduire a la raison. Nous n'avons rien de certain de nr̄e armée navalle, qui est a la coste du Portugal, non plus que d'Irelande, ou les affaires vont bien a l'ordinaire, et pr. l'Escosse, il auoit couru un bruit, que nr̄e Gn̄all deuoit bien tost venir icy; mais j'apprens quil y en a d'autant moins d'apparence, que nous conceuons de bonnes esperances, quil pourra entreprendre quelque chose de considerable, ou il est, les Escossois estans fort divisés entre eux, Straughan et Carr s'estans desclares pour l'Eglise, Dauid Lesley, qui commende le reste de leur armée, pour le Roy et l'Eglise ensemble, et Argylle, ne s'accordant auec l'un ny l'autre, a ce qu'on dit, et voulant faire son faict a part. On nous dit aussy, qu'on a esloigné de la personne du Roy ceux qui ont passé d'Hollande auec luy et tous les Anglois, et qu'on le veille de sy pres, qu'a peine peut il faire passer ses lettres a ses amis. Cependant nos gens travaillent a reduire le Chasteau d'Edinbourg, ayans desia pris quelques dehors, qui ont esté abandonnés, ou ils ont pris un drappeau et 300 mousquets, en suitte de quoy ils ont faict deux galeries, et passé sous le dit chasteau sans estre endomagés du canon, ny de leurs mousquets, ny grenades, et ont commencé a le miner, ayans grande esperance d'en venir bien tost about, et nr̄e armée ayant receu un renfort considerable on croit que nr̄e Gn̄all en pourra envoyer une partye vers Glasguo, ou ils se mettent en devoir de faire quelque diuersion, et passer auec l'autre de l'autre costé de l'eau dans le Fife, ce que l'on croit d'autant plustost quil y a faict amener aupres de Lieth, tous les vaisseaux, barques et batteaux qu'on a peu recouvrer. J'entans que monsr. l'ambassadeur Joachimi se prepare fort pr. son despart, et qu'il a retenu icy le Capne de Lieffde et un autre pour son passage. C'est tout ce que ie vous puis | |
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dire a present, et que ie suis a l'ordinaire, voire de plus en plus..... | |
De Londres le 7 d'Octobre 1650.Le secretaire Mazuer vous dira sans doute, comme aujourdhuy a esté enuoyé un commandement du conseil d'estat, verifié et passé en Parlemt. a monsr. l'ambassadeur Joachimi, de vuider l'Angleterre et les terres de cette Republieque dans un mois, luy estant pr. cet effect accordé un passeport pr luy et sa famille. Et cela pour tesmoigner leur ressentimt de ce que Mr. les Estats Generaux n'ont pas voulu recognoistre leur Resident, ny donner addresse audr. seigr. ambassadr. au Parlemt. depuis le changemt. du gouuernemt, mais ont d'autre costé reçeu un Escossois pr. Residt. du Roy d'Escosse, pour la grande Bretagne. Le Parlemt. et le Conel. d'Estat ont aussy donné ordre de considerer les interests de cette Repub. auec les autres Estats d'Espagne et de France, afin de les faire valoir par tout. Nr̄e. armée, n'ayant pris que pour six jours de vivres, pour aller recognoistre la ville de Sterling, elle en est retournée a Edimbourg, ou elle a reçeu un renfort de quelques 4000 hommes. Les ennemis sont divisés entre eux sur la leuée d'une nouuelle armée, le Clergé ne voulant pas qu'elle soit au pouuoir des Royalistes, et les Royalistes ne voulant pas que le Clergé y ait plus aucune influence. L'on a aujourdhuy condamné le Chr. Jean Gelles, pour auoir celé ce qu'il scauoit de la trahison du colonel Andrew, cy deuant executé, a tenir prison perpetuêlle, et a perdre ses biens, hormis ses terres, qui viendront a ses heritiers, aprês sa mort seulement. | |
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rattes françois, qui sont venues jusques a l'emboucheure de nostre riviere. Il semble qu'ils nespargnent pas plus vos vaisseaux, que les nostres. Nous avons advis, qu'ils ont encore pris deux riches navires Anglois, chargés de soye, d'une fort grande valeur, ce qui nous anime fort contre eux et nous portera infaliblemt et bien tost a tous actes d'hostilité contre eux. La Gazette de France auoit faict nostre flotte de Portugall perdue et ruinee par un combat, mais nous avons eu nouuelle d'un de nos amiraulx, qu'elle est tousiours en attente de quelque occasion de donner des preuves de son courage et que la fregatte le Constant Warwich ayant rencontré en mer un gallion portugais, chargé de grandes richessesGa naar voetnoot1), et qui estoit defendu de 2 a 30 hommes, l'a enfoncé apres un long combat, ne s'estant voulu rendre, et ne s'en est sauué que 12 ou 15 hommes. Nous n'auons rien d'Escosse que ce que vous verréz dans l'imprimé, a quoy j'e me rapporteray du reste pr. la sterelité de nos nouuelles a present. Lundi prochain doiuent estre executéz un Lieutenant-Colonnel et un autre, l'un decapité et l'autre pendu, par sentence de la haute court de justice, pour s'estre engagiés au service du Roy d'Escosse en vertu des commissions de cet Andrée, qui fut pendu il y a quelque temps. Vous n'aves jamais veu une plus belle monstre que les drappeaux pris sur les Escossois es deux dernieres batailles, comme ils sont arboréz dans la salle de Westmunster. | |
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quel dessein. Cependant nostre armée a ce qu'on tient, est sur sa marche vers Sterling pr forcer cette place, ou ou pr quelque autre dessein, et nous auons un corps d'armée de 8 ou 10m hommes, commandé par Milord Gray, qui est sur sa marche pour entrer en Escosse d'un autre costé par Carlisle. Nos gens minnent tousiours le Chasteau d'Edimbourg, et nous tenons qu'il y a de grandes desunions parmy les ennemis. Noz affaires vont a l'ordinaire en Irlande; un de noz grands navires, nommé premierement le Charles, puis La Liberté, armée de 50 canons de fonte, s'est perdu depuis peu sur nos costes, par la negligence des mariniers, et ne s'en est rien peu sauver que les hommes. Nous ne sçavons encore que croire de cette victoire sur les vaisseaux du Roy de Portugal. | |
De Londres le 11me de Novembre 1650.Monsieur.
Puis que mes lr̄es principales d'AngleterreGa naar voetnoot1) me mancquent je ne puis dire, que ces 3 lignes. Une fregatte, escheue sur ces costes, apportoit expresses d'Espagne, a leur Ambr de recognoistre cet Estat la, ainsy que les lr̄es peschées verifient selon le bruit commun. Le Duc de Glocester pourroit bien estre envoyé en quelque academie d'Escosse, ou les royalistes se deschirent en vrays loupins. Glasquo saisie par le General et le progres dans la mine au chasteau d'Edimbourg, sont les plus seures et notables nouuelles. | |
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du passé et du 3e du courant, et vous rends graces treshumbles du soing que vous prenéz de m'informer de vos nouuelles, marry de n'avoir que peu de choses a adjouster a nos imprimés, sçavoir que le Parlement a ordonné que le Conseil d'Estat pourvoira nos marchands de douze bons navires de guerre pour leur convois dans le Detroit et la Mediterranée, et qu'ils font partir leurs vaisseaux tous ensemble avec six desd. vaisseaux de convoy, lesquels iront pendant que les autre six retourneront, et ainsy continuellement. On a aussy fait une proposition au Parlement que s'il veut donner charges a des particuliers qui s'offrent de le servir bien et fidelement pr. pourvoir toutes ses flottes de vivres et de munitions de guerre bien conditionnées, l'Estat espargnera plus de 80m livres sterl. par an, a quoy il semble qu'on entendra. Nous n'avons rien d'asseuré d'Escosse; on nous dit neantmoins que tous les partis y sont reconciliéz, et que Leslay est audeça de Sterling avec un corps d'armée, outre celuy de Straham pour tascher de tirer quelque advantage de la rigueur de la saison; mais il trouuera a qui parler. Nos freres mineurs travaillent tousiours au chasteau d'Edimbourg, et esperent en auoir bonne issue; au reste on nous fait entendre de France que la France et vostre Gn̄alité veulent faire une ligue contre nous et assister les Escossois, ce que nous ne pouvons encore croire, et c'est une affaire qui requiert plus de temps que ceux qui le voudroyent ne se l'imaginent. On nous dit aussi que le Prince Robert est en mer; mais nous n'avons non plus rien de certain de ce costé la. | |
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sieurs ministres se sont retirés dans les trouppes de StraughanGa naar voetnoot1), lequel, a ce que l'on nous dit, encline a un pourparler auec nous. J'entens que l'on est icy resolu de reduire ce pays la en un estat, qu'il ne nous puisse faire aucun mal et que pour cet effect on levera a ce printemps icy un corps d'armée de 15m hommes de pied, et de 6m cheuaux pour ce dessein, outre les troupes de renfort, qui y sont desia passées et celles qui sont encores prestes, au nombre de 8 a 10m sous la conduitte de Mylord Gray. Au reste nous sommes icy sur la reformation de nostre chicanne, laquelle depuis la venue de Ghuillaume le Conquereur, qui l'auoit apportée de la province la plus litigieuse de la France, s'estoit accreue infiniment sansGa naar voetnoot2) la tirannie. Nos gens de guerre qui sont ceux, qui portent a la reformation de cet abus aussy bien que de beaucoup d'autres, donnent bien de l'aprehension a nos gens de justice. Je vous en pourroy dire d'auantage a la huictaine, Dieu aidant. | |
De Londres ce 2me de Decembre 1650.Monsieur
Nous n'avons pas encore receu vos lettres de cette semaine, desquelles nous sommes d'autant plus inpatiens, que l'on nous fait courir force bruits de vos affaires. Quand aux nostres nous n'avons rien outre nos imprimés, sinon que l'on nous asseure tout de bon que Midleton et les Royalistes d'Escosse ont mis bas les armes, a condition que l'on couronneroit promptement le Roy, et qu'aussy ils sont tous d'accord entre eux, et que Straham est aussy reconcilié, de sorte que le Parlement a donné ordre a quelques officiers de l'armée, qui sont icy, de | |
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s'y rendre promptement. Nous auons aussy advis que nos gens ont encore pris un chasteau a 7 milles de Barwick, que les Escossois auoyent repris sur nous, qu'ils ont fait passer quelques uns de la garnison par les armes, et ont fait les autres prisonniers pour en disposer cy apres a leur volonté. Il a couru force bruits que les ennemis auoyent eu des grands advantages sur nous, mais il n'en est rieu. Quand a l'Irelande, on nous asseure que le Roy d'Escosse en a faict le prince Robert viceroy, et que le Pape l'a approuvé, et donné charge au party Catholique de luy obeïr. Je voy que la France apprehende une rupture auec nous, et pense au moyens de recognoistre cette Republique, qui ne veut pas negocier auec elle sans cela, mais elle voudroit bien le faire de bonne grace, et qu'on luy en donnast quelque plausible occasion. Mais nous les entendrons venir, aussy bien que les deputéz de la ville de Bourdeaux, qui sont en chemin pour venir traiter icy de la vente de leurs vins de la part de leur ville, en recognoissant, a ce qu'on me dit, la Republ.: antrement ils ne feront rien. On me dit qu'ils n'ont pas seulement permission de la Court de le faire, mais aussy de travailler au restablissement du negoce et mesme de promettre le libre transport de nos draps en France, et une amiable satisfaction sur nos plaintes. Mais nous ne les croirons que sur bons gages. C'est ce qui se presente a vous dire, aussy je vous baise les mains et demeure.
Monsieur.
Le Parlement donna, il y a quelque temps, ordre au committé de la Marine de vous faire satisfaction d'un de vos vaisseaux chargé de bled, duquel on disposa a Portsmouth en l'année, 1642, et ce d'autant plutost que Monsr. de Heemstede l'auoit recommendé, lors qu'il estoit icy, et l'on remit en mesme temps au Conel d'Estat de | |
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considerer si l'on vous remettroit en memoire l'affaire d'Ambouin. | |
De Londres le 9e Decembre 1650.Monsieur.
Vos lettres de deux derniers ordsGa naar voetnoot1) ne sont pas encore arrivéz, ce qui est cause que nous sommes en une grande attente de vos nouuelles. Pour les nostres je vous remettray a nous impriméesGa naar voetnoot2) ou vous verréz les particularitéz de nostre derniere victoire en Irelande, qui est une chose tres certaine, et confirmée diverses fois. Pr. l'Escosse, nostre armée y est en bon estat, et l'on l'a renforcé de bon nombre de troupes, pour la mettre en estat de rendre les efforts des ennemis vains, lesquels on nous dit s'estre tous unis, mais ils trouueront a qui parler, et a des gens, lesquels sans la vigueur de la saison seroyent plus tost aggresseurs que defenseurs. On nous asseure que de nos vaisseaux, qui rodent encore la coste de Portugal, ont pris depuis peu un navire de guerre françois, qui auoit trente six pieces de canon de fonte verte, et nostre admirauté a jugé de bonne prise une vintaine de vaisseaux pris sur les François, parmy lesquels il y a quelques hollandois, qui estoient a leur service, et l'on est resolu icy de leur faire bonne guerre et d'en prendre autant qu'on en rencontrera en mer. Le conseil d'Estat a deputé depuis quelques jours un Monsr. Schot, qui est de leur corps, pour aller visiter nostre general de leur part, et communiquer auec luy sur quelques affaires. Le feu survenu il y a quelque temps en la maison du Roy a Edimbourg la quelle en a esté brulé, ce qui a donné sujet | |
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a force bruits, que nos gens avoient esté contraints de quitter cette ville la, n'estoit pas arrivé par accident, mais une vielle sorciere d'Escosse l'avoit allumé, croyentGa naar voetnoot1) brusler nos gens, qui y logeoyent. De Londres ce 9 Decembre/29 Nouembre 1650. | |
Extraict d'une lettre escrit a Londres ce 16me Decembre 1650.Monsieur.
Vos lettres du 24e Nouembre et 1 de ce mois nous ont enfin esté rendues, mais non pas encore le dernier ordre, que nous attendions cette semaine, et vous rends graces treshumbles de vos nouuelles, vous suppliant de me continuer cette faveur, prenant l'interest que je doibs en vos grandes affaires, qui sont a present en agitation parmy vous. Dieu vous en donne bonne issue! Mais tout le monde juge icy, que vous avez desia bien enfournéGa naar voetnoot2), qui n'est pas peu de chose. Cette Republicque n'ignore pas l'importance d'une bonne alliance auec vous, et j'espere que vous la trouueréz tousiours preste a y entendre, comme elle vous en a desia rechergé par son Agent Mr. de Strickland. Mr. Schaep vous en peut dire d'avantage, qui est icy un instrument tres agreable. Nos affaires vont icy a l'ordre, et nos forces sont en fort bon estat en Escosse, ou le plus grand ennemy, qu'ils ont a present a combattre, est la rigeur de la saison; mais ce sont tous jeunes gens, et qui ont le corps propre a la fatigue, et ils n'en vaudront que mieux apres. On me dit qu'il en est venu des lettres au Conel. d'Estat, lesquelles ne sont pas encore ouuertes, et l'on suppose que quelques partis sont a present aux mains. Quelques uns me veulent | |
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asseurer, que le general a ordre de venir faire un tour icy, mais ie ne le puis encore croire. Tout va bien en Irelande aprés ce grand advantage, dont vous avéz les particularités dans nos impriméz. Les 4 Comrs. nommés par le Parlemt. pr. aller resider a Dublin, sont pressés de partir. Le Colonnel Ludlow, qui en est un, et est fait general de la Cavalerie, fait un Regiment qui luy doit suivre. Il y a eu quelque espece de souslevement en la comté de Norfolk, causé par des Royalistes qui pensoyent que l'on deut aussy remuer en quelques autres prouinces voisines, mais ça esté comme un feu d'une poignée de paille, aussy tost esteinct qu'allumé, une quarantaine de ceux, qui s'estoyent declarés pr. le Roy, ayans esté pris et menés prisonniers a Norwich et sur ce que le Parlement auoit ordonné qu'on leur feroit leur proces par les voyes de la justice ordre. C'eux qui ont esté employé a les reduire, ont desiré qu'on le fit par une voye extraordre, sur quoy le parlemt. vient d'ordonner qu'ils seroyent examinés et jugéz par la haute court de justice, dont quelques commres. se transporteront la pr. cet effect, ausquels on a encore joincts d'autres nouueaux comres. de cette province la. | |
De Londres ce 30/20 Decembre 1650.Nous n'avons pas encore nos letres de cette semaine, et en les entendant je vous diray, outre ce que vous verrés dans nos impriméz, que nos affaires vont bien par tout, Dieu mercy. On m'asseure que nos pieces de baterie et nos granades ont desia fait un tel effect sur le chasteau d'Edimbourch, que les assiegés traitantGa naar voetnoot1), ayant demandé qu'on leur accordast dix jours pour attendre du secours dans ce temps la, et qu'ils envoyeroyent a St. | |
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Jonston pour representer l'Estat de la place, ce que nostre general ne leur a pas voulu accorder. Ainsy nous croyons estre a present maistres de la place. Cependant nous tenons que le Clergé d'Escosse est en tres mauuaise intelligence auec le Roy et son party, que nous ne croyons pas fort puissant, et nr̄e armée est de 25000 hommes, ayant receu diverses recreues et de provisions et de munitions suffisament, aussy bien que de l'argent, de sorte que nous esperons d'estre en estat de jouer beau jeu la prochaine champagne (sic), aussy bien qu'en Irelande, ou l'on envoye tousiours du renfort. Nous avons advis que nr̄e Adml Blaque, de six vaisseaux, que le Prince Robbert auoit, luy en a bruslé un, et coulé trois a fond, et qu'il le poursuit de fort pres vers les Isles de Majorque et Minorque. Cincq vaisseaux de renfort sont desia party d'icy, et 3 ou 4 autres sont prets de faire voile pour se joindre aussy audit Adml; sept autres navires de guerre sont aussy prets pour aller reduire les isles revoltées en Virginia. Le Parlemt a ordonné que l'Ambr de Portugael auroit un saufconduit pour venir icy, afin de voir ce qu'il veut dire. J'entens que nr̄e Conseil d'Estat a aussy ordonné que Monsr Strickland retourneroit en Hollande, mais on ne sçait pas encore sur quelles instructions, peut estre auec adresse a la Hollande seulement. Vous aurés, comme j'espere, a present receu ma precedente envoyée par le dernier ordre, qui vous informe des sujects de plaintes que nous avons contre vr̄e Generalité, sur quoy j'attendray vr̄e sentiment. Le Cheualier Jean Stoel est a present deuant la court de justice, ou il plaide sa cause, nous verrons dans peu de jours quelle en sera l'issue. Il court un bruict que le Prince Robbert est pris. | |
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receu le Duc d'Hamilton en grace, qu'il se dispose a un accommodemt avec nr̄e party. Quoy qu'il en soit, nous esperons de voir bien tost leurs affaires descousues et que chacun se sauvera qui pourra. On me dit que le party prevalant a St. Janston a faict le Chlr. Brawne Gouverneur de Sterling en la place du Colonnel Halborne, et que le Clergé a publié un jour d'humiliation et de jeûne et prieres sur le sujet de la perte du chasteau d'Edimbourg, pour requerir l'assistance du Ciel. J'entens aussy que l'envoyé de Portugal, que l'on m'asseure avoir tiltre d'Ambr, et qu'il a esté cy devant employé en cette qualité en Suede, doit avoir audience en Parlemt mardy prochain. Nous attendrons aussy bien tost une ambassade de France lors que cette Cour là entendra l'interest quelle a d'empescher les efforts d'Espagne, et je vous diray encore qu'il y va aussy beaucoup du vr̄e de deputer promptemt icy de la part de vr̄e Assemblée Generale. | |
De Londres ce 20/10 Janvier 1651.L'envoyé de Portugael, bien qu'il pretende que son maistre ne baille point d'aultre tiltre a ses Ambrs, que celuy d'Ambiado ou en latin Missus n'a pas laissé d'accepter son audience d'un Committé et avec peu de pompe, et a esté receu aujourdhuy devant Commissaires du Parlemt. dans la chambre, ou le Roy et les Seigneurs enoyentGa naar voetnoot1) autres fois leurs seances en Parlemt, ou il leur a fait des grands complimens et soubmissions, leur disant entre autres choses, que le Roy son maistre avoit des grandes obligations a cet estat, du secours qu'il a donné autres fois a ses predecesseurs, qu'il attribuoit plustost a la bonne affection de cette nation, qu'a celle de la Cour de ce temps l'a (sic). Ils ont bien raison de nous appaiser, | |
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car nous entendons que le Roy d'Espagne a dessein de leur blocquer cest esté prochain, a nr̄e exemple, leur riviere de Lisbonne d'une flotte de 25 navires et d'autant de galeres, pendant qu'il les attacquera d'une puissante armée par terre. On doit communiquer sa harangue et ses offres au Parlemt, dont il a laissé copie a ce Comitté, et apres on luy donnera responce aussy bien, que l'on doit rendre celle de l'Ambr d'Espagne de la mesme façon, et j'entens qu'on luy doit declarer de la part du Parlemt que l'on ne peut entendre a ses propositions, beaucoup moins envoyer de nouveau en Espagne, que le Roy son maistre n'ait faict justice de la mort du Sr Aschom, nr̄e Agent, ledt Parlemt estant resolu de ne recevoir pour excuse l'authorité du Pape en aucune chose, ou il va de ses interests. C'est envoyé de Portugal insistoit fort sur l'honneur qu'on a faict a mr le Commissaire Schaep, qui a esté receu comme Ambr, mais cela n'a servy de rien. On nous dit cependant icy, que mr de Bellievre doit aller cajoler vr̄e Assemblée, et tascher de vous faire entrer en ligue avec la France et le Portugal contre l'Espagne et cette Repube, mais nous vous croyons asses sages pour ne vous enbarasser pas trop, et pour considerer, combien nr̄e amitié vous est plus necessaire, que celle de la France, qui en cela feroit deux coups, vous embarassant en une guerre dangereuse pour se vanger de vous, et se servant aussy de vos forces pour se mettre a couvert du danger, qui la menace si elle n'y donne ordre de bonne heure etc. | |
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de bien se rejouissent du bon train que semblent prendre vos affaires pour affirmir vostre paix au dedans, et pour continuer vr̄e bonne correspondence auec vos amis, sur tout auec cette Repe. qui s'est trouuée en mesme sentiment de bonne volonté envers vos Provinces, par le choix, qu'elle fit des la semaine passée de ses Ambrs. pr. vous les envoyer, ainsy que ie vous en donnay advis par l'ordre. precedent. Monsr. le Cheff de justice St. Jean tasche encore de s'excuser de cet employ sur sa santé, bien que le Parlemt. sur une requeste qu'il a desia presentée pr en estre deschargé, ait encore confirmé le premier choix qu'il avoit faict de sa personne. On nous dit pr. nouuelle certaine que le Marquis d'Argyle s'est retiré de la Court au chasteau de Sterling pr. seureté, y ayant grand discord entre luy et Hamilton, qui y est plus favorisé. Nous verrons ce qui en est dans peu de temps. L'Ambr. de Portugal a receu une responce fort rude de nr̄e Parlemt. qui taxe le Roy son maistre de mauuaise foy, et de s'estre declaré leur ennemy, et auoir commis des actes d'hostilité contre nous, lors qu'il faisoit semblant de vouloir demeurer neutre, ayant envoyé des gens pr. brusler nos vaisseaux, et ayant souffert qu'on assassinast nos gens en sa presence, de sorte qu'il a esté la cause de grands frais, que cette Respe. a faits pr. son armement par mer, et partant que cet estat ne peut attendre a aucune proposition d'amitié, s'il ne fait voir qu'il a le pouuoir de faire le remboursement de ces frais, et de desdomager nos marchands, qui ont souffert par la mauuaise procedure. C'est tout ce que ie vous puis dire a present, Monsieur, et apres auoir par vr̄e moyen souhaitté un heureux retour a Monsr. l'Ambr. Joachimy et l'avoir asseuré de mon service, aussy bien que le Sr. de Heemstede et les autres amis, aux remontres, ie prendray ma qualité ordre.....
De Londres ce 10e de Fevrier 1651, stilo novo. | |
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De Londres ce 29/19 de Feborier 1651.J'eusse souhaitté que nos Ambrs. eussent desia esté sur le bienGa naar voetnoot1) pour estre tesmoin oculaire de cette bonne affaire, et aussy pr. satisfaire a vr̄e attente publicque. Mais il nous faut encore quelques semaines auant que nous puissions partir d'icy, quelque diligence que nous puissions faire. Nr̄e ambassade devant estre une des (plus) celebres, que vous ayés veu de long temps. Elle ne sera pas moins affectionnée, et ie veux esperer que Dieu en benira la negociation pr. le bien de deux nations, du moins ne tiendra il pas a nous. Vous verrés par nos imprimés en quels termes nous sommes auec le Portugal, dont l'Ambr. ayant eu audience depuis deux jours du Conseil d'Estat, a presenté un memoire, ou il fait monter les pertes que son maistre a faites par nr̄e flotte, a neuff cens mille livres sterlings, mais cela ne luy servira de guerres. On nous dit d'Escosse que le Roy y a fait arrester Argille et Midleton, et que le Chancelier Lauden aura bien de la peine a asseurer sa personne. Nostre Adml. Blake est de retour auec la flotte. | |
Extraict d'une lettre escritte a Londres le 24e Mars 1651.Nous entendons qu'a present tout le monde au dehors a les yeux fichez sur ce qui se mandera de nr̄e Gn̄ael Cromwel, que les malignans ont voulu faire mort, aussy bien a Londres, qu'ailleurs; mais Dieu mercy, nous en avons des meilleures et plus certaines nouvelles. Il a esté bien malade d'un flux de sang dont il avoit esté assez promtement gueri, mais ne s'estant pas conservé et ayant voulu sortir trop tot et aller a Leith, il a eu une recheute si furieuse, q,u'effectivemt on a beaucoup apprehendé pour luy, aiant outre ledit flux, un mal de teste si furieux | |
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qu'il ne pouvoit reposer, ce qui faisoit apprehender une apostume au cerveau, aiant esté cy devant troublé de pareil mal, qui l'auroit indubitablemt emporté, sy l'abcez n'eust crevé par l'oreille. Mais a ce coup le mal a esté moindre, et nous avons appris que son mal de teste et son flux de sang sont non seulement appaisez, de sorte qu'il dort fort bien à present, mais mesmes nous avons veu aujourdhuy lettres de lui venues par le courirGa naar voetnoot1) de ce jour, escrites entierement de sa main, par lesquelles il rend graces à Dieu de sa guerison parfaite, pour laquelle il ne luy manque plus que le recouvremt de ces forces abbattues par un si violent mal. Le bruit qui a couru icy de l'election d'un nouveau Gn̄al, ou plustost de 4, en sa place, a esté fondé sur le choix de deux marechaux de camp, qu'on a faict icy, pour battre la campagne cet esté par toute l'Angleterre avec quelque peu de cavalerie, et par la empescher les malignans de s'assembler, ou causer aucun tumulte, sur quoy il semble que toute l'esperance des Escossois est a pr̄nt fondée. Les personnes choisies pour cela sont les Majors Generaux Skippon et Harrison, qui outre ce titre de Majors Gn̄al porteront celuy de Marschal off the field. Nous ne savons encore aucune chose d'action nouvelle en Escosse, que ce que les livres en disent, ni d'Yrlande aussy, ou l'on envoye des familles entieres pour peupler le païs, et des femmes pour avoir soing des malades. Ce païs seroit dez à present entierement soumis à nr̄e Parlemt, sy on avoit voulu permettre aux papistes, non l'exercice publicq de leur religion, mais bien celuy qu'ils pourroient faire en particulier chez eux, a quoy on ne veut consentir. Et par la vous pouvez voir que nos gouverneurs ont un peu plus de zèle pour la religion, qu'on ne veut faire croire au dehors. Nous apprennons que le Prince Rupert s'aventure encore | |
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une fois en mer avec 5 navires, mais nous ne doutons point que ne sachant rien de l'entrée de nr̄e flotte en la Mediterranée, il ne tombe, sans y songer, entre les mains de nr̄e Cap. Hall qui y est avec 10 navires de guerre et 19 marchands, ou du Cap. Pen qui y commande onze fregattes. | |
De Londres le 31e de Mars 1651.Nous n'avons encore receu aucunes nouvelles de vos quartiers cette semaine, et sommes encores ignorens de l'arrivée de nos Ambrs a la Haye, bien loing de pouvoir avoir apris leur mauvaise reception, comme font courir icy les Royalistes, sans autre fondament que celuy de leur perverse inclination, qui les pousse a desirer telle chose et puis à ensemer le bruit pour faire tant plus d'impression en faveur de leur cause desesperée sur les esprits credules. Le temps n'estant pas encore propre pour l'action, nons en avons peu qui puissent servir de matiere pour escrire, mais en recompense les negociations sont plus de saison. On en a decouverte icy une pernicieuse depuis quelques jours, laquelle avoit esté brassée si finement et secretemt que sans un jugement de Dieu miraculeux qui l'a faict venir au jour lors qu'on y pensoit le moins, nous estions pour voir un grand remuë-menage dans le nord d'Angleterre en fort peu de temps. Les semences de ce complot avoient esté jettées par les Escossois, ou plustost par les Anglois fugitiffs qui sont parmi eux, pour tacher a venir à bout par adresse de ce qu'ils ne peuvent effectuer par force. Quantité de familles riches de ce païs y avoient la main et dit on que plus de 40 maisons, dont le moindre a au moins 4000 ℔ sterl. de revenu, estoient de la conspiration, outre les autres moindres, et tous les rheitres et traisneurs d'espée, qui sont en grand nombre, tant icy qu'en divers autres lieux d'Angleterre. Je ne peux pas vous dire encore le detail de complot, veu | |
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qu'on le tient encore secret ici jusqu'à ce qu'on ait faict la decouverture entiere de l'affaire et des complices et qu'on se soit assurez des principaux. Il est croiable que le dessein estoit de faire une insurrection generale par tout le Nord, et peut estre par tout l'Angleterre à l'approche des Escossois, qui en mesme temps devoient jetter un camp volant toutGa naar voetnoot1) Massey et autres renegats, dans ledt Nord. La decouverture s'en est faicte par une voie etrange et miraculeuse, car un vaisseau ajant este envoié d'Escosse, chargé de commissions en tresgrand nombre, pour estre portées en l'isle de Man et dela en Angleterre, la tempeste jetta ledt vaisseau, dans le port d'Aire au west d'Escosse ou il fust arresté par les troupes de nr̄e Coll. Lilburne, qui y sont en guarnison, et aiant esté visité, lesdites commissions furent trouvées et diverses lettres et instructions, qui decouvrirent tout le mystere, jusques à avoir fait sçavoir les noms de ceux qui avoient deja touché de l'argent pour ce dessein. Celuy qui estoit chargé de tous ces papiers, nommé Birscenhead, frere de celuy qui autrefois escrivoit le Mercurius Aulicus à Oxford, a esté pris dans ledt vaisseau, et mené a Edinbourg d'ou on le fait conduire icy. On dit que les ministres, sur tout ceux de Lancashire, ont eu le doigt fort avant en cette affaire. Le Parlemt a ordonné là dessus que le Major Gn̄al Harrison partiroit d'icy en diligence avec un corps de cavallerie et infanterie pour aller visiter le Nord et sur tout ladite comté. Milord Gray doit aussy aller pour mettre ses gens en ordre dans les provinces voisines. Un Sergr Alleman nommé Comté d'Altime (sic), si je ne me trompe, a esté arresté icy sur ce sujet et mis dans la Tour; un autre gentilhomme nommé Cooke, fils du defunct secretaire d'estat de mesme nom, aiant esté pris pour la mesme cause, a esté examiné. Il est evadé, on a | |
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promis 500 ℔ st. à qui le decouvrira; il est riche de 4000 ℔ sterl. de rente, desquelles il sera en tout cas privé, si on ne le prend point, vous en entendrés plus cy apres. Nr̄e Gn̄al se porte de mieux en mieux en Escosse, Dieu mercy, et se prepare tant qu'il peut a l'action. Tout ce qu'a pu faire le Roy d'Escosse, est d'avoir mis 10 à 11000 tout au plus ensemble, mal armez, mal vestus, et encore plus mal disposez à servir, et tout a fait sans discipline. La noblesse est la principale force, encore est elle si divisée, qu'il y a fort peu à attendre d'elle. Toute leur ressource estoit l'eclat de la conspiration decouverte. L'on fait sortir de cette ville tous les delinquants, papistes et soldats de fortunes et autres gens suspects. Il seroit à desirer quon les put faire entierement sortir d'Angleterre. | |
De Londres le 7e Aurill 1651.Monsieur.
Je ne scay si c'est l'impatience ou nous sommes d'entendre des nouuelles de nos Ambrs. qui nous fait trouver le temps long, ou si en effect on peut dire qu'il y a bien long temps qu'ils sont partis d'icy, sans que nous n'ayons rien receu de leur part. La France, quoy que mal auec nos Messrs. a esté la premiere et unique qui nous a fait entendre leur arrivée et bonne reception, sans nous en avoir peu dire d'avantage. Nous luy avons en cela une obligation bien grande d'avoir en partie dissipé le faux bruit, que les Royalistes avoient pris leur temps de semer, qu'a leur approche vr̄e Assemblée Generale s'estoit separée a dessein, et que ne devant se rencontrer qu'au mois de May, nosdits Ambrs. ne devoient pretendre audience avant ce temps la. Mais nous esperons choses meilleures de vos quartiers, et croions que l'interest commun de la liberté et religion aura asses de poids sur vos esprits, pour ne vous laisser pas si aisement emporter au gré de | |
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ceux qui ne cherchent que vr̄e ruine et la nr̄e. Je ne diray par d'avantage sur ce sujet, de peur que voulant trop exagerer cette matière, ie ne me rende coupable de soupçonner ou l'integrité, ou la prudence de vos Estats, ie reviens aux nostres a present. Nos affaires en Escosse n'empirent point, Dieu mercy; bien que la saison ne leur permette pas encore d'avancer beaucoup, nos gens se tiennent encore roysGa naar voetnoot1), tant a cause de l'indisposition de nostre General, lequel se renforce de iour et d'autre, qu'a cause du defaut de leurs vaisseaux, qu'ils attendent pour transporter leur armée au de la de Sterling. Nous esperons qu'ils les ont receus a present, et qu'en breff ils entreprendront quelque chose. Les Escossois de leur part se tremoussent fort pour tacher faire monter leur armée a quelque nombre considerable, pensant par la epouvanter les nostres, lesquels ne sont pas d'humeur a mesurer les hommes a l'aune, mais se considerent eux mesmes comme autant d'instrumens en la main de Dieu pour l'accomplissement de son oeuvre, et aussy ont d'autant plus de courage que plus le nombre de leur ennemis est grand. La division est si grande parmi lesdits Escossois, que l'interest general est absorbé et comme etouffé dans le particulier, leurs propres differens les touchant plus que celuy de leur Roy auec l'Angleterre. On parle que divers d'entre eux tachent a faire faire quelque ouverture de traicté auec nous, mais le chant de cette sirene n'est pas capable d'endormir ceux qui tiennent le gouuernail de nostre vaisseau. Nous n'avons poinct encore les particularités de la decouverture faite de la conspiration bruslée (sic) par les dits Escossois, ieusse fort souhaitté l'avoir pour vous en faire part. Nos forces en Irlande commencent a se faire valoir, et la saison se rendant plus propre, nous ne doutons | |
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point qu'elle ne facent parler d'elles cet esté, sur tout quand le renfort, qu'on leur envoye, leur sera arrivé. Pour echantillon de ce qu'ils scavent faire, la deffaitte qu'ils ont novissime donné aux rebelles, est suffisante preuve de ce qu'ils pourront faire, lors qu'ils auront du secours. La deffaite est grande, quoy que le nombre d'hommes soit petit, et la consequence n'est pas moindre, puis qu'elle leur a fait avoir Finagh et diverses autres garnisons importantes des ennemys. Ie m'abstiens des particularités, puis que les imprimés, cy joincts, vous le donnent au long, mais la perte que nous auons faite de nos Col. Axtel, Sadler et le Hunt, que les pirates de Scilly ont pris, venans d'Irlande en Angleterre pour faire des recreues, nous a fort attristés. Quelques uns ont parlé de donner la vie au pirate Browne Bushell, condamné icy, moyennant la liberté des dits Colonels, mais on ne croid pas qu'on y veuille entendre. Le traicté auec Portugal s'avance, mais n'est pas encore achevé; la France ne vient point encore, mais tourne au tour du pot, et l'on nous permetGa naar voetnoot1) merveilles du costé d'Italie. De Londres le 7 Avril/28 Mara 1651. | |
De Londres le 19/9 Avril 1651.Ie ne peu vous dire en responce a vos premieres, sinon que nous avons receu auec grande satisfaction les nouuelles de l'arrivée et bonne reception de nos Ambrs. non obstant les bruicts contraires des ennemis communs. Mais vostre lettre, confirmée par diverses autres, nous ont remplis d'une joie excessive, nous apprenant que ce n'a pas esté une reception commune et ordinaire, mais plus que royalle. Ie suis extremement joieux d'un si bon commen- | |
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cement, et espere que l'issue en sera encore plus glorieuse et se terminera par une ferme et etroite union des deux Repes. pour le bien et utilité de toutes deux, le maintien et la liberte commune, et l'affermissement de la vraye religion. Nous esperons aussy que Messrs. les Estats prendront soin non seulement d'empescher l'insolence des ennemis de cet Estat, mais qu'ils feront justice rigoureuse sur ceux qui seront si hardis de violer le droit des gens, comme nous apprenous que a osé faire depuis peu le Palatin Edouard. Ie ne vous feray point de repetition icy de ce qui est contenu es imprimés cy joincts; ie vous diray seulement que depuis les nouuelles y contenues nous auons avis, que nostre General, se portant tout a fait bien, a pris l'essor et prend le grand air a present, se disposant a faire quelque chose, des que les batteaux seront arrivés; ils ne doivent pas estre loin, puis que nous auons advis, que l'adml. Demme, qui les a escortés, est bien arrivé a Leith auec 90 navires de guerre, lesquels il en ont desia trouué pres de 30 autres, de sorte que la flotte de cet Estat sur cette mer la est de 70 voiles, outre lesdits batteanx. Nous ne doutons point qu'avant qu'il soit 3 semaines, nous aurons advis du passage de nos gens en Fife, lesquels sont resolus de prevenir les Escossois, et n'attendre pas qu'ils se consument unutilement en frais, pour tacher a rendre leurs levées completes. La decouverture faicte icy d'une conjuration, la plus universelle, qui se soit veu de long temps, s'accroit journellement, dont nous esperons avoir en breff toutes les particularités, que l'Estat tient encore secretes jusqu'a ce qu'on ait decouvert le fond. Diverses personnes sont journellement apprehendées a ce suject. Le Sr. Cooke, fils du jadis secretaire d'Estat de mesme nom, aiant esté repris, a decouvert des merveilles. Le milord Gerard, autre fois l'un des generaux du feu Roy, a esté arresté en | |
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Lancaschire, et le milord Bellasis en cette ville; un nomme Swinfield, cy devant membre de nr̄e Parlemt, et un nommé Ash, marchand, frere du Sr. Asch, membre dudit Parlement, ont esté aussy arrestés; les ministres y trempent bien fort, devant qu'il soit peu, vous en entendrés d'avantage. Ces procedures desesperées de nos ennemis sont autant d'arguments pour excuser la necessité d'armées et de taxes, contre lesquelles les peuples crient si fort, qu'oy qu'en effect leur mescontentemt en soit cause. L'on a intercepté une lettre de Massey, par laquelle il se purge d'adherer au presbitere, se declarant tout a fait episcopal, chose qui le fera adhorter de ce party la, qu'il avoit jusqu'ici suivi. Je ne doute point que vous n'aies appris la procedure de la France envers cet Estat, depuis l'establissement de la Repe.; elle a jusqu'icy refusé de la reconnoistre, neantmoins sa propre necessité et la honte de voir que la Hollande et l'Espange l'aient devancé, aussy bien que le Portugael, elle a plusieurs fois voulu faire mine, en fin elle a hasardé un tour de finesse, aiant envoyé, sans lettres de creance ni autres tesmoignages de reconnoissance, le Sr. Gentillot, majō. en vos quartiers du regiment de Douchamp, lequel a fait a son arrivée icy diverses ouuertures, mais ne paroissant pas avoué, on luy fit commandemt de se retirer de cette ville dans 3 jours, et aussy tost apres d'Angleterre. Il obeit au premier, mais estant arrivé a Gravensende il fit semblant d'y estre malade pour avoir pretexte de demeurer, ce qui ayant esté sceu, il a esté envoié ordre d'icy aux officiers des lieux de l'examiner et le faire embarquer en suitte, et le voir sortir d'Angleterre, ou depuis on nous dit qu'il a ordre de France d'attendre a Calais les ordres du Roy, ce qui fait croire, qu'on luy pourra peut estre envoier des lr̄es de creance. L'envoié de Portugal devoit auoir ce jourdhuy sa derniere conference auec nos Comrs. en laquelle tout doit | |
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estre rompu ou accommodé, je vous en diray plus cy apres. Nos navires pres de Lisbonne ont pris un navire de guerre francois de 20 pieces de bronze, echoué un autre de 36 pieces, et pris deux navires marchands de St. Malo, chargés de toiles de la valeur de 125000 ℔ sterling. | |
De Londres le 21/11 d'Avril 1651.L'affaire de Portugal icy est en sa crise, sans que je vous puisse encore dire quel est ou sera la resolution qui s'y prendra. Nos commissaires ont achevé auec luy le debat de tous les articles en question, et en ont fait leur rapport au Conseil d'Estat, et celuy cy au Parlement, lequel a l'heure que j'ecris cecy, est encore assemblé sur cette affaire, les portes estans extraordinairement fermées. Cependant l'envoyé de Portugal, qui est icy, a dessein de jetter de la poudre aux yeux par l'apparence specieuse de ses offres, a fait imprimer et a delivré a tous les membres de nostre Parlement tous les articles a luy proposées icy, n'on qu'on veuille cacher la verité, mais dans l'opinion qu'on a auec bon droict, qu'il l'a faict a dessein de remuer les esprits, et mettre de la division parmy nos superieurs. La procedure que vous aues tenue contre son collegue, ne sert pas a auancer sa negotiation. Mais helas nous apprehendons bien que la procedure, dont nous apprenons que vr̄e adml. Van Trump a usé en l'isle de SeillyGa naar voetnoot1), ne ruine toutes les semences jettées de part et d'autres par les honestes gens d'une bonne union entre vos Estats et le nostre, et qu'au lieu d'attendre une communion d'amis et d'ennemis entre les deux nations, au contraire on ne soit contraint a faire des traittés et alliances d'autre nature, qu'il ne seroit a desirer pr. le bien commun. | |
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Je souhaitte passionnement que nous n'aions point sujet de douter de la realité et sincerité de vos intentions, de laquelle vous me donnés trop d'assurances, pour que j'en puisse encore douter. Ce sont mes conceptions particulières, sur lesquelles ie vous donneray plus d'esclaircissement, s'il m'est permis, en peu de temps. | |
De Londres 28/18 d'Apuril 1651.Pour nouuelles de ces quartiers, outre ce que l'imprimé cy joints vous en dira, vous saurés que les levées du nord d'Escosse commencent a se faire voir, Midleton ayant mandé au Roy qu'il luy ammene 8000 Montagnars, ce qui fait resoudre ledit Roy d'entreprendre quelque chose soudaine: autrement il se trouueroit forcé, faute de vivres, de desbander ses forces, et ainsy s'exposer a la mercy des nostres. Tout va fort bien en Irlande; mais pour en avancer l'entiere reduction, et voiant que peu de personnes se veulent engager a y aller, nostre Parlement a ordonné qu'on pressera presentement dis mille hommes, pour y estre envoyés, en exceptant la noblesse, les enfans de jurisconsultes et les escholiers. L'affaire de Portugal n'est point encore conclue icy, le temps donné a l'envoyé n'estant point encore expiré pour donner sa responce finale. On le quitte a 180000 ℔ st. pour les frais de l'armement, et restitution presente de ce qu'ils ont saisi sur les marchands, elargissemt. de leurs personnes et descharge de leurs cautions apres quoy il y aura tresue pour six mois durant lesquels le reste s'executera. Nostre Adml. Blake est, croyons nous, a present pres de SullyGa naar voetnoot1), divers pirates de laditte isle s'estant rencontrés | |
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sur la Saverne pres de Milfordhaven auec de nos navires, il y a eu un rude combat, dont les nostres ont eu le dessus, mais ie n'en ay encore peu avoir le detail. Mylord Beauchamp, mylord Chandoys, et Bellasis et de vosGa naar voetnoot1) autres sont a la Tour pour la dernière conspiratien, on m'assure qu'on sequestra le bien de Mys. | |
De Londres le 5e May 1651.Je n'ay encore point recrouvré le papier imprimé de l'envoyé de Portugal: je tacheray a l'avoir pour vous l'envoyer par le prochain. L'accord auec luy n'est point encore fait: il delivra hier quelque papier, dont je ne scay pas encore la teneur. On luy avoit donné encore quelque jours dans lesquels il devoit delivrer sa response, et croid on qu'il attend ou de France ou par la voie de France quelques directions particuliers avant que fournir ladite response. Ainsi monsr l'affaire n'estant pas encore pacifiée, ni la cessation d'armes accordée, ces messrs cy trouvent estrange que vos navires ayent entrepris de porter du secours audit Portugal de poudres, cordages, et autres commodités de contrebande, et ne peuvent pas croire que vos marchands aient esté si simples, veu qu'ils ont sceu que depuis un an nos navires arrestent tout ce qui y va, de vouloir hasarder leurs marchandises, se persuadans plustost, qu'ils n'ont fait que prester leurs noms aux Portugais, et leur bailler leurs vaisseaux a fret; je vous dis cela comme particulier ne scachant pas encor au vray comme l'Estat icy en disposera. Aujourdhuy nostre armée en Escosse celebre un jour de jeune pour implorer l'assistance divine sur sa marche, qu'elle pretend faire aussy tost apres. Elle a desia fait montre generale de 24000 hommes de pied et 4000 che- | |
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vaux effectifs bien resolus et aguerris, outre 5000 autres chevaux et divers regimens d'infanterie, que nr̄e Majoor General Harrison commande sur la frontiere au nord d'Angleterre. La premiere partie de nos bateaux estoit arrivée a Leith il y a 15 jours, du depuis l'autre moitié y est bien arrivée aussy, de sorte qu'en breff nous attendons plus ample matiere de pouvoir escrire. Les vanteries de Royalistes que Medeleton (sic) amenoit de nord d'Escosse 8000 hommes, sont reduittes a present a 4000; la division continue encore bien grande parmy les Escossois. Nos forces, bien que fort dispersées en Irlande a cause de l'etendue du païs, qu'elles doivent garder, font tout fuir devant elles; nostre Commissaire General Reynolds se fait fort, en cas qu'il ne puisse avoir Athlone, dont il traitte auec quelques uns des principaux Irlandois, de passer en la Province de Connagt seule restante aux rebelles. On fait courir des grands bruits, comme si lesdits rebelles estoient en traitté auec le Duc de Lorraine, qui leur a, disent ceux qui font courir le bruit, desia envoyé pour 20000 ℔ sterl. de provisions, armes etc. et leur promet estre a la teste de 15000 hommes ches eux dans la fin d'Avril et d'avoir 5 navires de guerre a leur service. C'est auec cela qu'on endort les petis enfans, comme si toutes ces choses se trouvoient dans des ferets d'eguilletes; on a ordonné 10000 icy pour y aller, lesquels on doit presser. Le pape a donné retraitte au Prince Rupert et autres navires revoltés dans ses ports, dont il pourra bien porter la folle encherre. | |
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Sr. Jennings pardela avoit fait beaucoup de monde chesGa naar voetnoot1) 8 jours auparavant, marque evidente de secret auec lequel s'estoit maniée cette resolution, de laquelle nous autres, qui ne sommes pas dans les conseils secrets, n'avions quasi pas oui parler, sinon qu'on nous avoit dit que leurs Exces avoient pouuoir de retourner s'ils le croioient necessaire pour leur seurté; mais nous ne savions point l'ordre positif qu'apres la venue dudt. Sr. Thirlow et du messager de mr. Schaep. Si maintenant il m'est permis de glosser sur les choses de cette nature, je prendray la hardiesse de dire, que selon mon petit jugemt. ce coup inopiné a esté tressagemt. frappé, pour reveiller beaucoup de lethargiques, qui sont parmi vous, lesquels, ou par mauuais desseins, ou par police pour pouuoir voir plus avant l'evenement de nos affaires, aurochoientGa naar voetnoot2) la negociation, en cela mauuais patriottes, et encore plus mauuais religionnaires, puis que, pendant que les ennemis communs ne perdent aucun moment de temps a pousser la ruine des deux Repes, et que la cagoterie travaille sans cesser en tous les endroicts de l'Europe, specialemt en Allemagne, Boheme etc. a ruiner la religion, pour leur donner temps de venir a bout de l'un et l'autre dessein, ils ont tasché d'embarasser la jonction de ces deux Estats, seuls capables a present de remedier a ces maux et d'empescher que la liberté ne soit ensevelie dans le mesme tombeau qu'on prepare a la religion. Certes, monsr, vostre lettre m'a extrememt consolé dans l'esperance qu'elle m'a donné d'une heureuse issue de cette negotiation, laquelle je souhaite briefve, puis que periculum in mora est, et partant le fait touche tous les bien affectionnés, qui doivent s'emploier par touttes voies possibles a l'avancer et oster tous les empeschemens qui se | |
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pourroient interposer. Quelques lettres vont plus avant que la vostre, et nous disent que tous les Estats en corps ont fait une declaration solemnele de vouloir entrer en une alliance plus estroicte auec nous, que par le passé, qui est le point essentiel de toutte cette negociation. J'ay fort peu a vous communiquer cette semaine; la marche de nr̄e armée en Escosse ne nous fournissant pas des lettres en ce grand abondance, que lors qu'elle est arrestée, et d'ailleurs l'action n'estant pas encore commencée. Le dessein de nostre Generael est, dit on, de faire passer 5000 chevaux, auec autant de pietons en troupe, par un gué qu'il a trouué au dessus de Sterling au West, et les faire conduire en diligence en la Comté de Fife, ou ils doyvent se venir camper et retrancher vis a vis de Blacknesse, que nous tenons au deca, et y donner moyen a nos bateaux d'y descendere d'avantage de monde et toute sorte de provisions et de canons. Pendant que le gros de nostre armée semble vouloir attenter se passage, les bateaux chargés de monde donnent des alarmes continuelles a l'est de ladte Comté de Fife, ou toutte l'armée Escossoise se tient aux escouses n'osant quitter se poste de peur qu'on ne debarque aussy tôt la. En un mot, ils sont bien embarassés, et le seront encore d'avantage, quand ils verront nostre armée a leurs trousses sans riviere entre deux. Nous attendons nouuelles certaines de ce passage, le bruit commun ne nous en estant pas un garant suffisant. Nostre Adml Blake, joint, dit on, avec le vostre, fait rage aux isles de Scylly. Il a desia prise touttes les petites isles, qui bloquent la grande, et a debarqué son monde en cette derniere, ou l'on croid que le seul chateau qui y est, ne sera pas capable de servir longuement contre ses gens deliberéz et extremement resolus; dela aucuns pensent qu'il passera a Jersay, mais les mieux informés disent qu'il ira apres vest (?) d'Isle de Man. | |
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La negociation de l'envoié de Portugal ne va gueres viste et l'on doute fort de l'evenement; il defend pouce a pouce son terrain et ne lasche pied qu'a mesure que la necessité luy oblige, n'e stant pas resolu de rompre, mais aussy ne voulant accorder que le moins qu'il pourra. I'ay esté diverses fois ches luy, pour avoir moien de parler a son secretaire et tirer de luy l'imprimé que je vous ay promis, et que je pensois vous envoyer aujourdhuy, mais il m'a esté impossible de l'y joindre. La republicque de Genes n'a pas seulemt bien receu nos navires, mais mesmes a promis d'envoier icy en breff un ambassade solennel. La France tire le plus en arriere, et neantmoins on nous mande qu'elle veut franchir le saut, et que pour cet effect un nommé le Sr de Lumbré, Conseiller du Roy et cy devant Resident a Cologne, estoit desia party de Paris pour venir en Angleterre auec les ordres et creances necessaires pour la reconnoissance. Nous en attendons l'effect. De Londres le 12/2 May 1651. | |
De Londres le 19/9 May 1651.Monsieur.
J'ay receu la vostre du XIe du courant; ie n'avois garde de vous avoir rien mandés dans celle que vous aviéz receu de moy auparavant, puis qu'escrivant le vendredy, vostre expres et le nostre n'arriverent icy que le samedy; mais ma suivante vous aura esclairci de cela. Nous sommes extremement ioyeux d'entendre les tesmoignages d'affection, qui se passent entre vous et nous, et les bonnes dispositions qu'il y a au bien commun; mais nous serions bien aises d'apprendre en outre si le traité avance et ou l'on en est, si c'est chose qui ne soit point misterieuse, et qui ne soit point tenue cachée. Nous avions desia ouy parler du depart du Sr de Bellievre, ce qui | |
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nous fait esperer, que tout ira bien, puis qu'il abandonne la partie. On nous a fait esperer icy un Resident de France, auec ordre de reconnoistre celuy qui est nommé pour cela. Le Sr de Lumbrés, cy devant presidant de Montreuil, estoit parti de Paris, mais passant par ledt Montreuil il s'y arreste sous pretexte d'affaires particulieres, mais en effect pour y attendre quelques nouuelles d'Escosse, et pour y aboucher en passant ledit Sr de Bellievre, lequel fait l'intelligent aux affaires d'Angleterre, et se croyant fort fin, y donnera sans doute audit Lumbré de la tablature, pour tacher a tromper, mais suivant le proverbe, ‘a trompeur, trompeur et demy’, il trouuera icy a qui parler, ces messrs cy estans resolus de marcher balle en bouche, et n'entendre a aucunes ouuertures, qu'au prealable on ne leur ait donné plaine satisfaction. Le Portugal, qui suit les sentimens et instructions de France, tache a duper icy, et voudroit qu'on desarmat avant qu'il ait donné satisfaction. Mais on se mocque de cela, et le Parlement a resolu qu'il donnera premierement satisfaction sur les 2 premieres articles de son papier, qui touchent l'elargissement de nos gens, et le dedommagement tant d'eux que de l'estat, apres quoy il y aura cessation d'armes pour 6 mois, durant lesquels on executera le reste et on traictera plus avant. Nous n'entendons aucune realité de ces deux Estats la, et vous n'en devés pas entendre d'avantage. La cagoterie a tel pouuoir et influence dans les affaires tant en France et Portugal, qu'ez domaines de la maison d'Austriche, que les protestans ne s'en doivent rien prommettre de bon. En effect nous voions a present par le traictement, que fait l'Empereur aux pauures reformés tant dans la Boheme que dans ses pais hereditaires, auec quelle sincerité la paix d'allemagne est executée, puis qu'au lieu de leur lesser la liberté de leur religion, on les y | |
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veut obliger a embrasser la religion romaine, sans leur vouloir mesmes permettre de se retirer ailleurs. Nous avons certes grande obligation a la Suede d'avoir si honteusement abandonné la cause commune (afin que ie ne dise point qu'ils l'ont trahie), car ie suis temoing que le comte de Gardie estant a Paris, mr Augier l'exhorta fort a ne se desunir point des autres protestans, veu qu'on avoit dessein de le faire retirer d'Alemagne pour apres persecuter a loisir et aisement les Evangelicques et gens de bien, dont nous voions maintenant l'effect. Nous devons donc a present nous unir fermement pour appuier la cause commune, et ie vous peux assurer que ces Messrs cy ont cela fort a coeur et qu'ils ne manqueront en rien a ce devoir. Nous croions icy que la guerre, qui a divisé jusqu'ici toute la Chrestienté, se va tourner en querelle et guerre de religion. Cela soit dit par voie de digression, en laquelle ie me suis emporté sans y penser. J'ay fort sollicité ceste semaine pour avoir un papier de l'envoié de Portugal, mais le secretaire m'a encore dit ce matin qu'il n'en avoit encore pu recouurer, ce qui me fait resoudre, en cas que ie n'en trouue auant le prochain ordrs, de vous en envoier une copie a la main. On a relasché icy vos vaisseaux, qui avoient esté arrestés allans en Portugal; 3 sont partis d'icy, et les 6 autres se preparent a faire voile. Cela vous fait voir l'envie qu'ont nos Messrs de bien vivre auec vous, car en effect ils estoient de bonne prise. La mauuaise foy de Portugal envers cet Estat paroit d'avantage en ce que l'envoyé s'estant obligé par ses offres de faire restituer les vaissaux, que le prince Rupert auoit amenéz a Lisbonne et y avoit laissés, le Roy de Portugal en a fait equiper un en guerre et l'a envoié audit prince a Thoulon, chasseGa naar voetnoot1) qu'on remarque bien | |
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icy. Nos gens luy ont pris novissime un navire venant de Goa, si ie ne me trompe, chargé de marchandises pour 200 mille livres sterling. Trois de nos navires marchands aians esté rencontrés en mer par deux navires de guerre francois, il y a eu rude combat entre eux; enfin les notres ont eu l'avantage, par la confession mesmes de l'Emilia, l'un des deux francois, qui ne sait ce qu'est devenu son camarade. Nous n'avons point de nouuelles de Scylly, sinon que toutes les petites isles estans prises, celle de Ste Marie traictoit, mais la plus part de ceux qui estoient de marque, en sont sortis par mer, a la faveur d'une tormente. Nous n'avons gueres de nouuelles d'Escosse; nostre armée aiant fait rafle de tous les vivres et provisions du pays, est retournée a Edimbourg. Le fourage manquant au dela de la riviere, elle n'a point encore voulu passer. Si les Escossois, qui ne peuvent estre longuement en corps, veulent venir en deca, ils doivent apporter des provisions, ou bien se resoudre a combattre aussy tost, qui est ce que les nostres desirent. Nos Ministres ont voulu faire rage icy, et ont voulu se battre auec la baton de la croix, mais St Jan-frappefort les a atterés; on en a saisis plusieurs tant icy, qu'a la campagne, au nombre de pres de 60, qui par leurs propres lettres sont convaincus d'avoir cabalé auec les Escossois pour faire soulever le peuple. On travaille a present a cette affaire, nous esperons qu'on les obligera a se mesler de leurs mestier seulement, ou qu'on leur fera changer de profession auec nos soldats, s'ils ont tant d'envie de se battre.
De Londres le 19/9 May 1651. | |
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Extraict d'une lettre escrit a Londres le 26/16 de May 1651.Nous n'avons encore aucune nouuelle certaine de l'intention du Roy d'Escosse de livrer bataille, sinon un bruit sourd, qui depuis longtemps couroit icy de l'intention des Escossois de passer au deça de Sterling, mais ce matin nous avons eu lettres dudit pays, qui nous disent, que ledit Roy se preparoit a faire passer au deca son armée de 14000 hommes de pied et 6000 chevaux pour non combattre nr̄e armée, mais se mettre a sa veue, et cependant qu'elle seroit attentive a son dessein, donner lieu a Midleton de se faire jour en Angleterre auec quelques 3000 chevaux et certain nombre de dragons. Ces belles propositions sont fort belles a faire dans un conseil de guerre, mais fort difficiles a mettre en execution. Nous avons une armée qui ne dort pas, et qui a un oeil aux champs et l'autre a la ville, et pour vous dire la veritè, si toutte l'armée escossoise veut passer en Angleterre, la nostre luy en facilitera le moien, veu que nous souhaitterions qu'elle y fut desia, estant chose certaine que l'affaire seroit bien tost vuidée. Nous ne craionsGa naar voetnoot1) point les iusurrections domesticques, qui est ce surquoy ils se fondent. On y a donné bon ordre et les plus remuans sont en lieu de seurté. Nous souhaittons passionnemt que cette nouuelle se troue vraye, afin que nous puissions voir en breff un etablissement entier et parfait de nos affaires. S'ils passent en deça il faut qu'ils se battent promptement ou qu'ils s'apportent des vivres, car on a donné bon ordre qu'ils en trouueront assés peu a leur demandement. Les affaires d'Irlande vont bien; nostre armée y est en campagne; 2000 hommes y sont debarqués nouuellement pour la joindre. Nouuelles sont venues aujourdhuy que les rebelles ont | |
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envoié des deputés a Kilkenny pour traicter auec nostre deputé generael, voulant se soumettre a quelque prix que ce soit. Nous n'apprenons rien de Scilly, sinon que le traicté est bien rompu, mais que le Gouuerneur tache d'en renouer un autre; nous avons esperance qu'en peu de jours la place sera a nous, et qu'apres on vaquera aux autres Isles. Le Secretaire de Portugal m'a joué un tour de son metier, car apres m'avoir tenu long temps pour une copie de ses imprimés il m'a donné une cassade, et n'ay pu vous en envoiér qu'une copie la main, que vous trouuerés cy jointe, que j'ay copié mot a mot sur un imprimé que j'ay emprunté. Je suis extremement obligé a vostre bonne volonté, en nom et droict de la quelle, outre les preuves que j'ay par vos lettres, mr Rosin m'en donne encore tous les tesmoignages qui se peuvent desirer. | |
De Londres le 2 Juin 1651.Monsieur.
Nous n'avons rien de vous cette semaine, la poste n'estant pas encore arrivée. Je crois que vous aurés entendu desia le combat qui a esté fait par mer entre quelques navires francois, et 6 navires marchands, 2. Anglois, 2. Hollandois et 2. Zelandois, escortés par un de vos navires de guerre. L'issue du combat a esté que vostre fregatte ayant esté malmenée, tous les marchands ont esté pris par les navires de guerres francois sortis de Duynkirck, ou menans leurs prises, ils ont esté rencontrés de nr̄e Adml Popham, lequel leur ayant donné la chasse, tants les preneurs que les prises se sont jettés dans Ostende et Newport, ou nos navires les tiennent blocqués; nous ne doutons point que l'Espagnol ne sais- | |
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sise les Francois, et renvoie les prises a leurs legitimes maitres. Les marchands ont avis que ledit Popham est auecq une grande escadre de navires devant Dunkirk, soit pour quelque dessein secret, comme veulent dire quelques uns, ou plus apparement sur l'avis qu'il s'y equipoit 20 fregates pour aller au secours des Escossois. Les navires du maral de la Mesleraye en basse Bretagne ont pris un de vos navires marchands sur ladite coste, tres richement chargés. Enfin touttes choses concurrent a vous prouuer la necessité de vous unir estroitement auec nous, puis que nos ennemis se declarent si ouuertement les vostres. Il seroit a desirer que vos 40 navires fussent en la Mer Mediterranée, ou notre cap. Pen fait desia des merveilles; il a pris depuis peu 2. navires francois, venans a Marseille richemt chargés, y aiant entre autres 300 bales de soie, ce qui fera sans doute crier bien haut les mutins de Marseille et causera bien du bruit a Lyon. Le prince Rupert, qu'oy que rappellé en apparence par la reyne d'Angleterre, persiste a aller en mer, pour y faire une seconde tentative, enflé de presomption qu'auec 5 vaisseaux, qu'il a, et 2. brulots, il est capable de battre nos 7 navires de guerre que Pen y commande; mais il pourra vouler (?) court, et peut estre que sa destinée le mene par la a sa fin; il se mit en mer le 12/2 de May. Nous n'avons point de nouuelles particulières d'Escosse, sinon que les Escossois ont amené toutte leur infanterie dans le part de Sterling, qui est au dela de la riviere; mais Middleton n'estoit point joint a eux, se tenant tousiours en distance, et ne voulant avoir rien a demesler auec Argyle et les Sesleys. Il ont envoyé dudit Sterling vers le west d'Escosse pour y faire soulever leur partisans; mais il y a fort peu de disposition; peu de temps nous fera entendre beaucoup des choses de ces quartiers la. Les Irlandois, se fians peu a leur traité auec le duc de | |
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Lorraine, on dit, ont envoié des deputés a Kilkenny pour traiter de leur accommodement auec nostre depute d'Irlande: nous verrons ce que cela produira. Florence a reconnu nostre Repe. Genes se prepare a faire le mesme; la France recule tousiours, attendant le succes d'Escosse; Portugal est echoué icy, aiant receu ordre de se retirer d'ici dans 14. jours, qui expirent jeudy prochain. Nostre Cour de Justice se prepare a travailler au proces de nos ministres scotifiés, lesquels au lieu de precher Jesus Christ, se prechoient eux mesmes, et vouloient brouiller l'Estat.
De Londres le 2 Juin/23 May 1651. | |
Extraict d'une lettre escritte a Londres le 9 Juin/30 May 1651.L'envoié de Portugael, lequel ayant, comme vous avez sceu, receu ordre de nr̄e Parlement de se retirer dans quatorze jours, quand il a veu son terme presque expiré, il a taché a vouloir encore endormir nos Messrs, leur envoiant donner des esperances de grands ordres qu'il attendoit et mesmes du titre d'Ambr, qu'on luy envoioit, disoit il, priant par une lettre, qu'il escrivit a mr Speaker Lenthal, qu'on luy prolongeat son terme jusqu'alors. Mais tant sen faut qu'on le luy ait octroyé, qu'au contraire on n'a pas voulu lire sa lettre, et luy ait on fait réiterer le commendement de se retirer dans le temps prefix, ce qu'il a esté contraint de faire; estant parti d'icy avec tout son train avanthier, pour se retirer sans doute en France et y recevoir ou attendre ses ordres. Mais je doute que s'il retourne, il n'en aura pas si bon compte, qu'il auroit en s'il eut procedé ingenuement et dans la bonne foy. Ces nouuelles que nous avions eues de la maladie de | |
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nr̄e Genl en Escosse, nous avoient fort affligés. Madame sa femme se preparoit a l'aller trouuer; mais avis estant venu, qu'il se portoit mieux, son voiage a esté rompu. Touttesfois nostre Parlement, craignant que sa santé ne fust endommagée par l'air du pais, l'avoit envoié prier de revenir en Angleterre et laisser la conduite et direction de son armée entre les mains de qu'il trouueroit bon. Du depuis nous auons eu nouuelles qu'il estoit entierement gueri, qu'il sortoit, et qu'il agissoit comme auparavant, ce qui fait croire qu'il ne reviendra pas, veu la constitution presente des affaires, qui semblent encliner a un engagement soudain des 2. armées. Celle des Escossois se met en corps, et mesmes bonne partie de son infanterie est desia, dit on, au deça de Sterling, comme s'ils avoient dessein de nous venir chercher. De l'autre part nostre armée est aussy en campagne, bien resolue de les rencontrer. Les Escossois ont fait prendre des provisions a leurs gens, et leur artillerie est preste a marcher; elle consiste en 14. pieces de canon, de differente grandeur; on a fait provision de chevaux pour la tirer. Ils ont fait prendre le sacrement a tous leurs officiers, et font apret a faire le mesme envers les soldats. Massey est fort avant dans leurs conseils. Chaque soldat a ordre de se tenir proche de son drapeau; on croid que leur dessein est pour l'Angleterre, mais ils trouueront a qui parler en chemin. Midleton est retourné du Nord pour des nouuelles levées; celles qu'il a amenées doivent servir pour la garde du pays durant la marche de leur armée. On a fait retirer Hamilton, Argyle et Calcude (sic) ches eux pour un temps, affin que leurs differens ne brouillent point les affaires generales. On parle de faire demettre Holburne de son gouuernement de Sterling et le bailler a Monroe. On travaille icy a lever du monde pour Irlande, on en a pressé quantité ces 2 ou 3. jours derniers. On a encore pris un grand navire francois, dit le grand | |
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Alexander, dans la Mer Mediterranée. On mande de France qu'il y a des navires a l'embouchure de la riviere de Seine pour y surprendre la flotte du sel, qui seroit un bon coup, au quel le Roy seul ou principalement seroit interessé. | |
Extraict d'une lettre escrit a Londres le 16/6 Juin 1651.Nos affaires d'Irlande ont aussy une face toutte riante, nos gens ny etans pas si foibles et inconsiderables, que les malignaus les voudroient faire. Ils sont a present en campagne, et on mande que Mylord Deputé marche auecq un corps d'armée tres puissant vers Limerick, qu'il pretend assieger, pendant que d'un autre costé le Chev. Charles Corts auec un parti de quelques 5000 hommes agit de sa part dans la province de Connacht. On embarque icy journellement des forces pour y envoyer, de sorte que nous esperons que cet esté fera une fin de cet affaire la. Nous attendons d'heure a autre nouuelles de quelque engagement en Escosse, les deux armées estant a present assez proches pour entreprendre l'une sur l'autre. Les Escossois ont fait passer au deça de Sterling 11 a 12 mille hommes, qui composent toute leur armée, sans y comprendre leurs levées au Nord, et se retranchent a 4 miles en deça de la dite ville. Le bruit qui a couru que nos gens avoient pris un chasteau en Fife, vis a vis de Blacknesse, ne se confirme pas: il est seulement vray qu'on leur a données diverses allarmes, qui ont occasionné ce raport. Nostre general se porte tout a fait bien, et assiste maintenant a tous les conseils de guerre, comme sy devant. Les honnestes gens s'impatientent fort icy de voir si peu de progrés a traitté de nos Ambrs auec vos autres Messieurs, et l'on nous veut persuader que vous ne voulés rien conclure, que vous n'aiés veu l'evenement des affaires | |
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d'Escosse. Nous avons meilleure opinion; autrement nous ne pourrions que blasmer cette procedure, et le juger extremement desobligeante, veu mesmemt qu'on estime ici que vous n'aves pas moins d'interest a cette union que nous mesmes. Le Resident de Florence eut hier son audience de nr̄e Conseil d'Estat; celuy qu'on promet de France vient tousiours, et ne vient pourtant point. Mais de ces messrs la nous sçavons fort bien qu'ils attendent l'evenement des affaires du Nord, ce qu'on ne trouue pas si estrange d'eux. De Londres le 16/6 Juin 1651. | |
Extraict d'une lettre escrit a Londres le 23/13 Juin 1651.L'affaire d'Escosse commence a entrer en maturise, et l'on croid avant qu'il soit peu de temps l'on viendra a quelque action entre les deux armées. Celle des Escossois est tousiours a Sterling, on ils esperent avoir leurs nouuelles levées avant que de partir pour les laisser a la garde de ce passage et de la comté de Fife. Scavoir si leur dessein sera de combatre aussy tost nostre armée, ou de se faire jour en Angleterre, nous n'e pouuons pas assurer, quoy que plusieurs estiment le dernier plus probable, a cause des provisions qu'ils font prendre a leurs gens pour plusieurs jours. Mais quel que leur dessein puisse estre, on est prest a leur repondre, tant par de la, qu'au nord d'Angleterre. Nos gens sont aussy tous prets a marcher, aians envoié un mois des provisions pour toutte l'armée a Blacknesse, elle pretend aller porter le momon, ou le cartel de deffi, a celle des Escossois, qui sont dans des tranchesGa naar voetnoot1) aupres de Sterling. | |
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Les deux premiers partis vont assés unimt enssemble dans leur joinction, quoy que tousiours divisés d'interest. Mais lesdits Montrossiens ne veulent point s'unir, qu'oy qu'ils protestent qu'ils combatteront auec les autres contre nous. On croid que le Roy hazardera les autres, qui en effect sont a l'avant garde, et en cas qu'ils soient defaits, se jettera entierement entre les bras de ses vieux amis. Ils se fortifient journellemt et ont fait rompre la barre qui les separoit des employs, ausquels a present ils sont admis a l'exclusion des presbiteriens. L'on confirme la reddition de Scilly mais nous n'en avons encore point les articles en forme, dont pourtant la substance est couchée en l'imprimé cy joinct. Le prince Rupert est en mer il y a long temps, mais on n'entend aucune nouuelle de lui, ce qui fait croire que nos gens ne l'aiant point rencontré, il pourra estre sorti de cette mer pour venir peut estre en Escosse. Nostre Cour de justice parlera dans peu de jours a nos ministres, perturbateurs du repos publicq, et qui ont voulu cabaler auec les Escossois. De Londres le 23/13 Juin 1651. | |
Extrait d'une lettre escrit a Londres le 30/20 de Juin 1651.Nous avons si peu de nouuelles, et suis d'ailleurs en si grande haste, que je ne vous importuneray pas d'une longue lettre. Nostre Cour de justice est a l'heure que j'ecris cecy, assise a Westmunster pour travailler aux proces d'un de nos ministres seditieux, nommé Love, lequel vient d'estre amené devant elle pour la premiere fois; en apparence on luy lira seulement son accusation, et l'affaire sera remise au premier jour afin qu'il y puisse repondre. On a de grandes preuues et tesmoignages contre luy: aucuns croient qu'on en fera un exemple, mais | |
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d'autres pensent qu'il sera condamné a mort, et qu'apres le Parlemt luy fera grace, laquelle en tout cas il ne sauroit esperer qu'en reconnoissant et se soumettant tant a l'authorité dudit Parlement, qu'a celle de la Cour. La confiance qu'ont cette sorte de gens qu'on n'oseroit ou qu'on ne voudrat pas proceder contre eux, et que partant leurs crimes demeurent impunis, est cause qu'ils sen font a croire (sic), et par tant plusieurs souhaittent qu'on leur tesmoigne d'abord asséz de rigeur. Les affaires d'Escosse sont tousiours en mesme estat, les 2. armées se regardant l'une l'autre, et tachant a se lasser et affamer. Les Escossois, qui ne sont 12000 pietons et 6000 chevaux, dont ny en a que 2000 de bons chevaux, ne veulent point se battre, ni sortir pour entrer en Angleterre, ou ils commencent a perdre l'esperance d'aucun soulevement, et partant different de rien attenter que leurs levées du Nord ne soient venues pour garder le pays, pendant quils feront quelque entreprise. Cependant ils consument leurs provisions, qui ne dureront plus guerres, et au contraire nos gens ont des vivres et de toutte sorte des provisions pour toutte leur armée pour plus de 5. mois, outre 40. navires chargés, qui sont parti d'icy cette semaine pour eux, et autres 40 qu'on leur envoiera dans 15. jours ou 3 semaines au plus tard, de sorte qu'il y a apparence que nostre armée delivraGa naar voetnoot1) l'autre par le grand champion d'Escosse, qui est la faim, sans qu'il soit besoin d'hasarder des hommes. Nous n'avons point encore la confirmation de la nouuelle venue d'Irlande de la defaite de l'armée Irlandoise Castlehaven par le nr̄e; on dit que ledit Castlehaven y a esté tué, et que nos gens, qui sont a present a Connacht, ont desia commencé un siege devant Galloway, la plus forte ville de tout le pays. | |
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Les articles de Scylly ont esté presentés a nostre Parlemt et tout est certainemt reduict audit lieu nonobstant les bruits contraires de nos Malignans. On desespere ici du succes du traitté de nos ambrs auec vos Estats; qu'elles assurances on tache a donner de vostre sincerité, on se persuade tousiours que vous attendés l'evenement des affaires d'Escosse, et que quoy que vous soiés mal auec la France, a cause des prises qu'ils ont faites sur vous, neantmoins vous vous entendés auec elle en ce qui regarde l'Angleterre. Aucuns mesmes assurent que mr de Bellievre n'est pas parti si malcontent, et qu'il en a fait la mine pour mieux couvrir le jeu. Ce sont les pensées de plusieurs. De Londres le 30/20 Juin 1651. | |
De Londres ce 7 Juiliet/27 Juin 1651.Je vous escris ce mot en haste pour vous donner avis de l'arrivée de nos Ambrs en cette ville. Nous n'avons point de nouvelles du Nord; l'Yrlande se reduit admirablement bien. Le Connight offre de traitter, mais point de quartier; leur foiblesse est telle, que devant deux mois d'icy, on pourra en estre maistres absolus. Nostre ministre dispute encore pour sa vie, mais il est trop criminel pour n'avoir pas si legerement une abolition. La corruption a esté punie cette sepmaine en Mylord Howard, membre du Parlement, lequel pour avoir esté trouvé coupable de prendre des presens, a esté declaré incapable d'avoir seance dans ce Parlement, ni aucun autre a l'avenir, a esté condamné a 19m ℔ Sterl. d'amende, et a garder prison dans le Tour durant le plaisir de la Maison etc. | |
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donner l'honneur de vous escrire de ce temps là, et encore a present je me trouve en peine de m'en acquitter, n'ayant pas eu le moyen de reprendre mes habitudes depuis mon retour. Je vous diray que nos Ambrs firent des le Samedy passé rapport de leur negociation au Conseil d'Estat, et depuis Mercredy dernier, 12/2 de ce mois, au Parlemt, ou.Mr. de St. Jean a harangué 3 ou 4 heures en continuant le recit de toute la suitte de l'affaire, avec approbation de toutes leurs procedures, comme aussy entre autres de leur responce donné sur leur depart sur les affaires de la Reyne de Boheme. Vous entendrés parler du tout plus amplement cy apres, et comme le Parlement est peu satisfaict que vr̄e Estat ait si peu temoigné d'affection a cette grande affaire, qui luy importe autant, et plus, qu'a nous, que d'avoir fait perdre le temps a une ambassade sy solemnelle de la part de leurs bons amis, sans luy donner moyen de rien conclure. J'entens que l'on a desia meu dans le mesme Parlemt de faire un ordre que leurs ministres, ny aucun de leur suitte, ne recevront aucun present d'aucun prince ny Estat Estranger, et l'on m'asseure que cela passera bien tost. Ceux qui avoyent opiné contre l'envoy de cette ambassade, ont pris un tresgrand advantage d'en exaggerer le peu de succes, et je crains bien que cela n'apporte tout au moins du refroidissement entre les deux Estats, dont les ennemis se prevaudront, si on ny apporte un prompt remede, ce qui doit estre de vostre part, en prennant garde que la chose ne soit trop eventée, avant que l'on s'applicque a la renouer. Pour moy, je suis extremement desplaisant de l'avoir veu interrompue, et fay tout mon possible pour en excuser les defauts et en conserver tousiours quelques esperances. Dieu veuille, que je ne me voye frustré de celles que j'avois conceues de voir reussir le tout pour le bien commun des deux nations. On a cité par cris publicq dans la grande salle de | |
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Westmunster Mylord Creven a comparoistre dans le 13/3 de Septembre prochain pour respondre et se justifier des crimes qui luy sont imputez, au defaut de quoy on procedera criminelement contre luy. Nos affaires vont parfaictement bien en Yerlande, ou tous les rebelles sont entieremt dissipés et quelques places prises en suitte, on dit que Limerick l'est aussy. Et pour l'Escosse, on croit que les armées sont aux prises, celle d'Escosse ayant esté contrainte d'advancer, a cause de la necessité des vivres. On tient que le ministre Love sera condamné aujourdhuy etc. | |
Extraict d'une lettre escrit a Londres le 21/11 de Juillet 1651.Pour nouuelles icy nous n'avons encore autre chose sinon que messrs les Escossois n'ont point eu le courage de mesurer leur epée auec la nostre. Vous pourréz auoir appris que leur armée s'estoit avancée vers Torewood, et que la nostre estoit venue a Lithgoe, et ainsy estoient a quatre miles l'une de l'autre. Nostre Generael a ensuitte fait auancer la sienne jusqu'à demy mile proche de la leur, une petite riviere et un pont estant tousiours entre les deux. Estant arrivé la nostre, dit Generael rangea ses gens en bataille et demeura en cette posture 7 heures durant, sans qu'ils voulussent sortir de leurs retranchemens pour venir au combat. La nuict survenant ledit Genl fit camper son armée en la mesme place et y demeura jusqu'au lendemain matin. Cependant les Escossois firent planter du canon sur une petite colline, qui commandoit nostre camp et tirerent sur luy quelques 50 coups de canon, qui ne firent autre chose que tuer trois de nos gens. Au matin nr̄e Genl mit encore son armée en bataille, et demeura quatre heures en cette posture pour les attirer au combat, si faire se pouuoit, mais jamais ils ne voulurent sortir. Ainsy voiant qu'ils estoient immobiles, | |
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il fit passer la riviere a quelques uns de ses gens, lesquels allerent a attaquer un de leurs postes, et y ayant fait quelque execution, retournerent auec 15 ou 16 prisonniers, qu'ils firent sur eux, desquels ils apprirent que l'armée Escossoise estoit de 15000 pietons et 6000 chevaux effectiffs. Tout cela n'aiant rien gaigné sur eux de les faire sortir, nostredit Generael rebroussa chemin et fit marcher ses gens vers Glasquo, a dessein d'aller empescher leurs levées dans le West, ou ils tachoient de lever quelques 5000 hommes, en quoy ils trouuoient forte difficultéz par l'empeschemt que leur donnoient les Ministres de ce pays la et le peuple, lesquels continuent a estre malauec ceux de Sterling a cause de la jonction que le Parlemt d'Escosse a faitte auec les Malignans. Le Sr Love, ministre, ayant esté condamné a mort, comme vous pourréz voir par l'imprimé ci joinct, ledit ministre, ou plustost ses amis sous son nom, auoit petitionné le Parlemt pour auoir sa grace. La dite position aiant esté differé pour estre leué jusques aujourdhuy, on la debatue ce matin; mais le Parlemeut a confirmé la sentence de la Cour de Justice, de sorte que Mardy prochain il doit estre executé. Les vanteries de son parti, qui se faisoit fort qu'il auroit la grace, et qu'on n'en osoit venir a l'execution, n'a pas peu servi a sa mort, aussy voioit on bien que tant s'en faut que l'indulgence servit a le ramener et ses semblables a leur devoir, qu'au contraire ils en auroient tiré auantage pour faire cy apres et entreprendre auecq plus d'audace. Nous n'avons point de nouuelles d'Irlande que ce que ledit imprimé vous fera entendre. De Londres le 21/11 de Juillet 1651. | |
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ne vous puis exprimer a l'heure, pour l'honneur que vous m'avez fait de m'informer particulierement de vos nouuelles par la vostre du 21 du courant, qui me fait esperer que les soings de vr̄e Grande Assemblée produiront des fruicts en leur saison et des a present pour vr̄e bien et repos au dedans et pour la conservation de vr̄e bonne correspondence et alliance auec cet Estat, qui vous doibt estre beaucoup plus proffitable, qu'a nous, car je tiens, comme je vous ay souvent dit et escrit, qu'il faut que cette Respublicque et Nation, qui a autrefois jetté les premiers fondemens de vostre liberté, luy donne le sacrament de confirmation. J'en voy des grandes apparances, car si le feu s'allusme si pres de vous, quoy qu'entre les dues de Brandenbourg et Nieubourg, vous trouueres a la fin que tous vos ennemis y contribueront pour vous embrasser vous mesmes, et que vous n'auréz pas de meilleurs amis, que les Anglois. Dieu veuille, que vous n'en veniez pas la, mais tousiours vous feréz bien de faire provision d'eau pour l'opposer a ceux qui feront de toutes parts provisions de bois pour entretenir le feu parmy vous, et je vous puis asseurer que si vous mesnagéz bien vos affaires, vous trouuerés que vous n'auréz pas de meilleurs amis que les Anglois, qui vous seront aux occasions plus fideles, que ces soldats que vous auéz si long temps souldoyés. Nos affaires vont de bien en mieux en Irelande, et nous esperons estre bien tost maistres de ce pays la, et avoir dix mille hoēs a y espargner, pour les faire passer en Escosse, et y achever, auecq ce qui y est, l'affaire encommencée, si elle ne le peut estre plustost. Nostre armée fait tous devoirs de reduire les ennemis a une prompte decision du different; nous auons pris un fort considerable, nommé Newarck sur la reviere de Sterling vers le West, et 1500 chevaux ayans passé dans le pays de Fife pour le recognoistre, y ont donné la chasse a 3000 dragons des ennemis et ayans pillé quelques mai- | |
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sons fortes, sont retournés sans perte. Le major Harrison est a present en Escosse auec une armée de 7 a 8000 hommes, qui donnera aux premiers jours sujet a nos gens d'attenter. On a differé l'execution du ministre Love pr un mois, sur diverses requestes et une entre autres des ministres independans et presbiteriens ensemble sur une maxime que je n'entens pas encore bien: le temps nous en fera voir la suitte. Cependant la hautte Court de justice procede contre les autres conspirateurs. Je vous remettray du reste aux impriméz, et me contenteray etc. De Londres ce 28/18 de Juillet 1651. | |
Extraict d'une lettre escrit a Londres ce 4 d'Aoust/25 Juillet 1651.Je m'estonne aussy bien que ledt Sr Schaep, que vous n'apportiés pas plus de diligence pr l'envoy de vos ambrs, car nous avons icy beaucoup de gens, qui parlent estrangemt du procedé et de l'intention de vos Estats et font leur possible pour faire que ce qui a esté commencé ne se puisse renouer. Vous verréz dans cest imprimé l'estat de nos affaires et le detail du succes, duquel je vous donnay advis pas le dernier orde. Depuis ce corps d'armée a esté renforcé de 4 a 5 mille hommes, et a fait des courses jusques a St Jonston sans trouuer resistance, tout fuiant devant luy, et sur tous les ministres accusés de leurs consciences. On nous dit que le Roy a resolu de passer auec son armée ponr aller rasseurer le pays, mais il trouuera a qui parler, et nostre Genl le suivra bien tost auecq un autre corps d'armée, qui n'est pas moins considerable, que le premier. C'est ce que je vous diray pour l'heure. De Londres ce 4 d'Aoust/25 Juillet 1651. | |
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Extraict d'une lettre escrit a Londres ce 4 d'Aonst/25 Juillet 1651.Je vous dy par ma derniere mon sentiment de cette guerre, qui semble se vouloir allumer a vos portes, et aussy quel prejudice pourront porter a vos affaires auec nous ces longs delays sur l'envoy de vos ambrs, qui auroyent esté beaucoup mieux venuz et receus avant la decision de l'affaire d'Escosse, que si vous ne les envoyéz qu'apres qu'elle aura esté decidée. Nous avons de grandes esperances, que ce pourra estre bien tost, nostre armée estant a la poursuitte de celle de l'ennemy, qui s'est retirée au dela de la Reviere apres un signalé advantage que nostre party y a receu, de la sorte que deux courriers, qui sont venus hier au soir auec lettres de nostre Generael, nous le confirment. C'est a scavoir qu'ayant esté commandé un party de Cavallerie et d'infanterie sous le major Everton pour passer en Fife, et deux forts qui commandoient le lieu de leur descente ayans esté abandonnéz auec 19 pieces de canon et 5 vaissaux munis aussy de canons qui y estoient a l'abry. Le L. Genl. Lambert eut aussy ordre d'y passer auec 2 regiments de cavallerie, de quoy les ennemis ayants eu advis et de l'espouvente donnée au pays, ils y envoyerent en haste cincq mil hommes de pied et quinze cens chevaux d'eslite, commandés par le Chr Jean Browne, lesquels nos gens ayans rencontrés, ils les ont, apres demie heure de combat, mis en deroute, tué deux milles sur la place, et fait mille prisonniers, la plus part de l'infanterie, se voyant abandonnée de la cavallerie, ayant jetté bas les armes, de sorte que nous y avons pris 53 drappeaux. Ce que nous croyons devoir servir d'avantcoureur d'un plus grand succes, l'armée ennemie ayant sur cette nouuelle repassé, et la nostre estant en poursuitte de tous costéz, et cependant que nos ministres et independans | |
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se sont d'eux mesmes assemblés, pour penser aux moyens de se reunir et de faire soubmettre de bonne grace les presbiteriens au Gouuernement present. Cette nouuelle pourra servir d'un puissant argument; vous pouuéz voir par cette commission du Roy d'Escosse contre vos gens, quels remerciemens vous devéz attendre de ce party la. Nostre Parlement a donné bien plus justement a les Commissaires qui sont en Yrelande,Ga naar voetnoot1) de punir de mort selon l'enormité du crime tous ceux qui auront agy, et trempé au massacre, qui tomberont sous leur pouuoir, et de donner a ceux du pays, qui ne s'en trouueront pas coulpable le tiers de leurs biens, pourveu qu'ilz prennent l'engagement et donnent des tesmoignages de leur affection a cette Republicque. De Londres ce 4 d'Aoust/25 Juillet 1651. | |
De Londres ce 18/8 d'Aoust 1651.Monsieur.
Outre cet imprimé je vous diray que nr̄e Genl, voyant qu'il ne pouuoit tirer l'armée Escossoise hors de ses retranchemens, il est passé auec la sienne entiere dans le pays de Fife, ou elle a pris quantité des places fortes, dans lesquelles s'est trouué forces canons et munitions. La ville de Sr Jonston ayant esté sommée et ayant demandé du temps pr se resoudre, il ne luy a esté accordé qu'une heure. Le dernier courier rapporte, que selon l'intention de nr̄e Genl, l'armée du Roy estoit sortie de sa tanniere, et ayant rasé les fortifications de Sterling, faisoit mine de vouloir advancer dans l'Angleterre. Mais soit que nous nous asseurions du Major Genl Harrison, | |
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qui a 4m hommes, et du Coll. Rich qui a aussy d'autres forces sur la frontiere, ou que nous esperions qu'elle se debandera, ainsy qu'on nous dit qu'elle fait, on ne croit pas que nr̄e armée la doive suivre, ny mesmes detacher aucunes forces aprés elle; ainsy nous nous attendons de voir faire de grandes choses de ce costé la devant l'hyver. Nous nous estonnons tousiours du retardemt de vos ambrs, ils n'en seront pas mieux venus et trouueront l'affaire plus difficile. | |
Londres le 25 d'Aoust 1651.Vous avés sceu sans doubte que le Roy a esté contraint d'avancer vers l'Angleterre avec ce qu'il a peu mener des forces auec luy. Il estoit, a ce que disent les dernieres nouuelles que nous avons receus, dans Lanchestshire (sic) a Preston, et Lambert et Harrison auec pres de 9m hommes, chevaux et dragons, et 5 a 6m hommes de pied sont audeça a Manchester, ou ils arrestent, et attendent la venue du Genl Cromwel auec un corps de 13 ou 14 mille hommes. Le Roy ne peut grossir ses trouppes, qui ne sont que 10.000 hommes, et est, a ce qu'on nous dit, en grande necessité de vivres, tous les peuples des pays, ou il passe, se retirans vers nostre armée qui se grossit de la milice du pays, et par tant nous attendons une prompte decision de cette affaire. Vous scaurés aussy que nous avons battu le secours qui alloit a Limeric, de sorte que nous en attendons de jour et autre le reddittion et de Gallouay. Tout est icy paisible, nonobstant la venue du Roy d'Escosse, neantmoins, pour asseurer les affaires, ont fait des grosses levées de monde dans cette ville, le tout de personnes bien affectionnés a l'Estat et au Gouuernement present. | |
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De Londres le 5/15 de 7bre 1651.Monsieur.
Vostre poste de cette semaine n'est pas encore arrivée, et aussy rien de vostre part. Vous entendrés a present de la continuation de nos succes, que nos advis et prognosticques du 25 d'Aoust estoient plus veritables et mieux fondées que vos nouuelles de Cour, car il se trouue que les Escossois et le Roy se sont venus rendre dans le filets, estants tous defaits ou mis en fuitte. Mercredy dernier, 13/3, sur les deux heures apres midy, nostre Lt Genl Fleedwood, ayant commencé de faire passer ses gens sur un de nos ponts de batteaus, et ayant repoussé les ennemis dedans leurs retranchées, apres avoir chassé leurs embuscades de haye en haye, et faisant mine de les vouloir forcer de son costé, l'ennemy se persuada que nostre Genl auroit desguarny son quartier pour ce dessein la, ce qui le fit aussy tost resouldre a fondre sur luy. Mais ils se trouuerent trompés, car luy ayant preveu leur raisonnement, s'estant fortifié de tout ce qu'il avoit peu amasser de gens, tant des vielles bandes, que des nouuelles levées des provinces circumvoisines, et ayant fait passer ses forces sur son pont de batteau a une mille au dessous de la ville de Worchester, apres avoir au prealable fait dresser des embuscades aux Escossois les alla rencontrer si vertement, que ses gens s'emparerent du fort royal et tournerent le canon, qu'ils y trouuerent, vers la ville, de sorte qu'apres un combat de 4 a 5 heures il demeura sur la place et furent faits prisonniers environ 5 mille des ennemis et nos gens se rendirent maistres d'une partie de la ville, ou quelques 2000 Escossois se sont renfermés dans la maison de l'Evesque et la plus part de leur cavallerie a pris la fuitte a la faveur de la nuict. Nostre major Harrison ayant eu ordre de suivre le plus gros esquadron, et divers | |
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autres partis ayants aussy estés commandés pour poursuivre les autres parcelles, sur lesquelles nos paisans se jettent de bon coeur, nostre Genl passa le pont des premiers pour encouragier ses gens, et sauva la vie de plusieurs Escossois, aus quelles ils vouloient donner quartier. Nous attendons qu'une poste nous apporte les particularités et la prise de toutte la ville. Nous avons en mesme temps receu uouuelle d'Escosse que nostre General Moncque estant aller assieger la ville du Dunde, le vieil Genl Leven, les comtes de Loudon, de Linsey et Graffort et autre noblesse s'estants assemblés a 12 milles de la, pour faire souslever le pays en armes et aller secourir la place, nostre dit Genl y a envoyé un parti, qui les a tous amenés prisonniers a Lithe. On nous dit que la ville s'est depuis rendue, de sorte que hier au soir sur la reception de ses nouuelles on tira le canon a la Tour et en d'autres endroicts de cette ville, et fit on aussy quelques feus de joye. J'oblie a vous dire que ce combat de Worchester s'est donné le mesme jour que la bataille de Dumbar l'année passée, et que nos gens avoient le mesme mot qui est ‘the Lord off host.’ J'entens a cette heure que nos gens entrerent hier matin dans la ville par force, et partie par la submission des Escossois, desquels il s'est trouvé deus mille mort dans la place, entre lesquels est le Comte de Montgomeri, et six mille ont esté faits prisonniers auec leurs officiers, et tous gardés dans l'eglises. Nos gens sont si empeschés a faire execution, qu'ils n'ont pas encore le temps d'escrire, on dit aussy que nostre cavallerie estoit des hier a la veue de celle du Roy, qu'elle poursuit. Nous vous dirons la reste a la prochaine. Il court un bruit que le Roy est pris par nostre cavallerie. Signé Rosyn.
De Londres ce 15/5 de Septembre 1651. | |
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Londres le 8 Septembre 1651.On espere voir dans peu de jours la fin de la guerre sans resource, et on scaura que la marche du Roy en Angleterre n'aura esté qu'un stratageme du genl Cronwel, lequel l'estalonne de bien pres, ayant donné tout l'ordre necessaire pour s'asseurer d'eux, a ce qu'il ne luy puissent eschapper. Cependant milort d'Erby, auec milort Widrington, et plusieurs chevaliers et gentils hommes s'estants mis en debvoir de faire une puissante diversion au pays de Lanchestchire de 1500 hommes, qu'ils avoient assemblés, n'ont a present que peu de fuyardts de reste, lesquels sont poursuivis, ses deux Seigrs ayants esté blessés, le dernier mort et plusieurs desdits chevaliers tués ou blessés; il y en a 400 fait prisonniers, tout leur bagagé pris. Tout est paisible icy ou 15 a 16m hommes en armes y attendent le Roy, pour l'y recevoir s'il y vint. Nostre Bourgeoisie a fait montre de 12m hommes, a la teste desquels on a declaré le Roy traittre a l'Estat et la lettre, escritte au Maire de cette ville pour le debaucher, brusler par la Main de bourreau. Nostre armée d'Escosse continue ses progres. Le Roy est a Norchester lequel il pretend fortifier, mais les paisans ont refusé d'y travailler. Le Genl Cromwel estoit auant hier au soir a Straford sur Avon a 15 miles de la auec le gros de l'armee et le Lt Genl Fleedwood a Bembury auec 10m hommes. | |
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source, plus tost que nr̄e Republe, qui est fondée sur de plus solides fondemens qu'ils ne s'imaginent. Nr̄e ditte armée, que ie tiens estre plus de vingt mil hommes, des vieux soldats, sans la milice des pays, qui se soulevent tous contre les Escossois et la grossisent infiniment, outre 12 ou 15m hommes de pied et 15 a 16e chevaux pour la garde dela ville de Londres, est a present, a ce que nous tenons, a la veue de celle du Roy, qui est campée ès environs de Worcester, et ne tardera guerre de leur donner le chocq. Cependant Mylord Derby auec Mylord Widrington et plusieurs chevaliers, que le Roy auoit laissé en Lancaschire, pour faire quelque puissante diuersion, en faisant souslever le pays, y ont esté poursuivis par nos gens, et le 27 de ce mois, a nr̄e stile, s'estant donné combat, lesdts seignrs y ont esté blessé le dernier a mort, et la plus part desdts Chevaliers aussy blessés mortellement ou tués, ou faicts prisonniers, auec 400 autres pris et leur bagage, et le reste des fuyarts poursuivis par nr̄e Collonnel Lilburne, qui commandoit en chef. Tout est cependant en repos icy. Et l'on nous dit que nous avons pris un bon vaisseau de Dennemarcq, qui portoit des armes et munitions en Escosse, ou nr̄e armée ne pert pas de temps. Ainsy nous esperons de bien finir cette campagne et bientost nr̄e guerre. On dit, que l'ennemy est fort perplex en ses conseils, et son infanterie fort fatiguée et mescontentée: Que leur mescontentement avoit passé si avant, que leur Roy auoit esté obligé d'aller de regiment en regiment, le chapeau a la main, les prier de marcher encor un peu, et qu'il les mettroit bien tost en guarnison, en lieu ou ils ne mancqueroient de rien. Le Roy aiant envoier (sic) sommer le Coll. Mackworth, Gouverneur de Shrowsbury, il luy envoya pour responce un refus, sans autre suscription que ‘au Commandeur en Chef des forces Escossoises.’ Le Comte de Darby est assiegé par nr̄e Coll. Lilburne dans le chasteau de Lancastre: et | |
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croit on le duc de Buckingham aussy; nos prochaines en diront d'avantage. Hier la Bourgeoisie de cette ville aiant faict montre de 12000 hommes en la place dite Moorefields, en presence de nr̄e Parlement, le Roy d'Escosse y fut proclamé traittre a cet Estat a la teste desdites forces, et sa lettre, escritte au maire de cette ville pour le debaucher, bruslée par la main du bourreau. Nous avons avis que nr̄e admiral Popham, aiant esté debarqué a Douvre fort malade d'une fievre, y estoit mort le 19 Aougst. Nous avons avis que le Roy d'Escosse est tousiours a Worcester, lequel il pretend fortifier pour cet effet. Aiant faict sommer les paisans d'alentour, de venir travailler aux fortifications, ils ont refusé de le faire. La plus part de ses forces sont campées entre ledt Worcester et Tewsbury. Nr̄e Gn̄all estoit avant hier au soir a Stratford sur Avon, a 15 miles de la, avec le gros de l'armée et le Lieut Gn̄all Fleetwood a Bambury auec 10000 hommes. | |
Londres le 22e 7bre 1651.Il y a certitude de la deffaite entiere du Roy et de son armée, ou il a eu 10m hommes pris et 3m morts sur la place; entre les prisonniers se trouvent le duc de Hamilton, les contes de Darby, de Cleueland, de Shrewsbury, de LadredailGa naar voetnoot1), de Rodes, de Carnouartz et de Kelley, les Barons St. Clare et Spine, les Chevalliers Bacquinton, Coningham et BalpreGa naar voetnoot2) Clare, le Coronnel Grale et le Sr Richard Franshabene, Secretaire du Roy, le | |
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Major Gn̄l Pitcoti, le Major Gn̄l Mongommery et plusieurs autres de condition, 15 Coronnels de cavallerye, 8 de infanterye, 8 Majors et 37 Capns de cavallerie, 13 Majors et 72 Capns de infanterie et plusieurs autres menus officiers, 158 drapeaux et cornetts, l'estandart royal, tout le bagagie, 2m peres d'armes, le carosse, le colier de l'ordre et de jartiere du Roy, lesqs ont esté pris par un Capne, qui n'a manqué que d'un movementGa naar voetnoot1) d'attrapper le Roy dans Worcester, le quelle, comme on dit, est eschappé avec 12 chevaux, sans qu'on sache quelle route il a pris. Les prisonniers ont est mené a Blacwal sans passer par ici; le Gn̄l Cromwel doit en triumpher(?); cette apres disné tout le monde luy va audevant, tant les membres du Parlement, soldates, tant cavallerie que infanterie, et d'force noblesse. La ville de Worcester a este donne au pillage aux soldats pour punition de son infidelité. On a promis 1000 ℔ Sterlinghs a qui livrera le Roy; Massy est mort de ses blesseures. | |
De Londres ce 22e de 7bre 1651.Je viens de recevoir vr̄e agreable lettre du 15e du courant, et suis mary de ne vous en pouvoir remercier suffisamment, comme j'eusse bien souhaité. L'entrée de nr̄e noble Gn̄ael, qui se vient de faire en cette ville, nous ayant faict perdre 4 a 5 heures de temps a attendre. Le Parlemt et le Conseil d'Estat luy sont allé au devant, et le Speaker l'a amené dans le carosse dela Repube, accompagné des membres du Parlemt, et susdt Conseil en carosse et a cheval, et de grand nombre de cavallerie et infanterie; on croyoit, que l'on ameneroit aussy aujourdhuy les prisonniers, mais cela est encore remis. On m'asseure, que David Lesley est pris en la poursuitte du | |
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debris de l'armêe Escossoise avec quelques autres Seigrs et Gentilhommes et Officiers, jusques au nombre de 2 ou 300. On croit que le Roy (qui fut avec un petit nombre) aura de la peine a eschapper. Tout se rend en Escosse, ou nr̄e Gn̄ael a encore renvoyé dela cavallerie et doit envoier de l'infanterie. Le Parlemt a assigné a nr̄e Gn̄all Cromwell quatre mille livres sterlings de revenu en fonds de terre en Angleterre, pour luy et les siens, outre les deux mille cincq eens livres qu'il luy avoit desia donné. Deux mille livres au Lieut Gn̄all d'Irlande Iereton; mille livres au Lieut Gn̄all Lambert. Cincq eens livres au Lt Gn̄all Monck, 300 au Colonnel Okey, 200 au Colonnel Allurey. On me dit que toutes les personnes de qualité de l'armée Escossoise sont pris, hormis le Roy, Buckengam et Willmot. Le 4/14 Sept. Nr̄e cavallerie, qui poursuivoit les ennemis en attrapa 1400 a Neewpoort, en la Comté de Salop et fit divers Seigrs prisonniers, et du depuis en a encore pris un bon nombre en divers endroits, aucun d'eux ne faisant resistance, quand une fois on les a atteints. La liste des prisonniers faicts, tant au combat, que dans la ville et en la poursuitte, est de 10000 hommes, et 3000 tuéz de la part des Escossois. Entre les prisonniers sont le Duc d'Hamilton, les Comtes de Darby, de Cleawland, de Shreusbury, de Lauderdale, de Rothes, de Carnwarth et de Relly, les Barons Sinclare et Spiné, les Chevalrs J. Packington, Ch. Cunningam et Ralph Clare, le Coll. Grave et le Sr Ric. Franshau, Secretaire du Roy d'Escosse, le May. Gn̄all Pitscotty, le May. Gn̄all Montgomery, le Sr Jacq. Weans, Gn̄all de l'artillerie, Sr Archibald Waddall, Adjutant Gn̄all de l'infanterie, le Mareschll Withe, le Sr Sam. Travert, Quartiermaistre Gn̄all des Anglois, le Sr Alex. Harriot, Gn̄all des Chariots, 15 Colls de ca- | |
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vallerie, scavoir les Srs Guill. Hurry, Guill. Kent, J. Cheston, Bembow, Gibt Cambel, J. Forbs, David Oglebei, Gn̄all Montgommery, J. Schaw, Jacq. Ogleby, Jacq. Graham, Tho. Oxquicaint, J. Butler, Tho. Thomson et Tho. Hume; 13 Colls d'infanterie, dont trois estoient reformez; 9 Lieuts Colls de cavallerie, dont un estoit reformé, 8 Lieuts Collonnels d'infanterie, 8 Majors de cavallerie et 13 d'infanterie, 37 Cap. de cavallerie et 72 d'infanterie, dont 8 estoient reformez; 55 Quartierm̄s de cavallerie et 90 d'infanterie, 84 Lieuts d'infanterie, 76 Cornettes, 99 Enseignes, 30 serviteurs du Roy, entre lesquels plusieurs sont personnes de qualité, 19 Ministres, 9 Chirurgins, 158 drappeaux, l'Estandard royall, tout le bagage et toutes les armes, au nombre de 12000, tout le canon et les munitions, le caros et les chevaux du Roy, son collier de l'ordre et sa jartiere et quantité d'autres choses de prix, y ont esté prises. La ville de Worcester fut abandonné au pillage de la soldatesque pour punition de son infidelité. De nr̄e costé nous eusmes 100 hommes tuez, et entr'eux seulement 2 Officiers, sçavoir le Quartierm̄re Gn̄all Moseley, et le Capne Jones, et 300 blessez, entr'autres le Sr Howard, Capne des Gardes de nr̄e Gn̄all et un autre Capne; le Roy faillit de fort peu a estre pris dans ledt Worchester, un de nos Officiers ne l'ayant manqué que d'un moment dans sa chambre, ou il trouva et prit son ordre comme dit est, et tout son equippagie. On ne sçait encore ce qu'il est devenu, sinon qu'aucuns disent qu'il estoit sorti de ladte ville seulement avec 12 chevaux. | |
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l'Angleterre et vos Provinces mal ensemble, pendant que la France y travaillera de son costé par le retour de vr̄e ambr Boreel. Et l'on nous asseure en mesme temps, que le conseil du Roy de France depuis la nouuelle de nr̄e succes extraorde et de l'affermissemt de cette Republe pensent aux moyens de l'envoyer complimenter et s'excuser de bonne gracc de ce quils ne l'ont pas plustost faict. C'est pour quoy c'est a vous a bien considerer si l'alliance d'Angleterre ne vous sera pas infinimt plus avantageuse, que celle d'un Royaunne, qui est prest a tomber en de grandes confusions. | |
De Londres le 13/3 Octobre 1651.Monsieur.
Apres mes remerciemens pour l'honneur receu par vostre aggreable lettre du 6 du courant, je vous diray que j'ay receu auec grande joye la nouuelle du restablissemt du Sr de Heemstede dans son ancienne charge. C'est un acte de justice qui doit redonder au bien de vr̄e patrie et de vos alliés, et j'espere, comme vous faittes, que ce sera un moyen d'advancer et d'entretenir la bonne correspondence de ces deux Estats, ausquels je prens le plus d'interest. De plustost que vous y penserés serieusement de vr̄e costé ce sera le meilleur, car je voy beaucoup des personnes, qui se mettent en debvoir d'y mettre des obstacles, et de nous mettre mal ensemble. On m'entretient ordinairemt des choses fort estranges, et de grands blasmes que l'on jette sur vos Estats, comme ayants eu intelligence tres estroicte auec le Roy d'Escosse, et s'estans declarés assés ouuertement contre le bien de ceste Respe. On me dit qu'il y en a des preuves assés certaines, mais je refuse tousjours ces choses, comme des chimeres, et ne veux nullement croire que rien de cette nature se soit fait depuis la mort de son Altesse. Nous n'avons | |
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point d'autres nouuelles a present icy, sinon que l'on y arme puissammt par mer, et que l'on travaille a y establir les affaires au dedans, comme aussy que le Parlement a ordonné des commissaires pour aller establir celles d'Escosse, ou nos gens continuent tousjours leurs progrès, et les porteront jusques au bout, aussy tost que le secours, qui y est envoyé, y sera arrivé. Nostre cavallerie a fait une course sans opposition, jusques aux montagnes, et est venue querir son infanterie pour prendre une place qui en est la clef. On commence aussy a penser aux moyens de desbander les forces qui se trouueront inutiles. De Londres ce 13/3 d'Octobre 1651. | |
Westmunster den 6 October 1651.Mijn heere.
Alsoo van des Conincx verstroyde armade noch niemant in Schotlant was aengecomen, soude men aldaer aen dese nederlage twijffelen, ende onder den Graeff van Argile, Huntley en andere veel volcx by een brengen, om de Engelse, die doort besetten van Sterling ende St. André, Aberdeen ende Montrosse verswackt sijn, vande belegeringe voort casteel Strathbolgy int graeffschap Buchan op te slaen en vorders te resisteren. Doch alsoo van hier eenige regimenten te voet en te peert daer henen sijn gesonden, ende vier hondert van dit volck tot Kilmore waren overvallen en verstroyt, soo meent men alhier dat hun dit voornemen haest sal ontvallen. Den adel van Fife soude aen den Lt Generael Moncke eenige conditien hebben laten voordragen, waerop sij luyden gewillich waren sich dese regieringe te onderwerpen, doch dat hun, als een geconquesteert volck, dat selve was geweygert. Vanden Coninch en can men noch niet seeckers vernemen; sommige meenen dat sijne Mat int gevecbt | |
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voor Worchester is gebleven, andere dat deselve int vervolgen is verdroncken, andere dat deselve in Man is, doch wort meest gelooft, dat sijne Mat noch ergens in Engelant schuylt. Nae dat het Parlement verlede Dyngsdach vast- en biddach gehouden, heeft het selve daechs daer aen beginnen te overleggen, hoe, en op wat voet het Parlement te vernieuwen, en heeft men alsdoen gevoteert, dat men toecomende Woensdach sal overwegen, hoe dickwils dese veranderinge sal geschieden, wie de electie sal hebben, ende wat luyden te kiesen. De Schotse gevangene officieren sijn alhier in den Tour, nae Winsor, ende andere plaetsen gebrocht. De graeff van Derby, de lord Louderdale, de generael Lesley, en Midleton werden noch tot Chester bewaert. Van hier en andere plaetsen is eenich volck nae Pleymuyden gesonden, om tegens 't eylant Jarsey gebruyckt te worden. Een agent van Genua gisteren vanden Raedt van State admissie versocht ende vercregen hebbende, wierde, als hij veerdich stont om te comen, aengesecht, dat sulex voor toecomende Dynchsdach niet conde geschieden. Den admirael Popham is verleden Woensdach met groote pompe in de Westmunsterse kerk begraven, den generael Cronwel, de Speaker, en meest alle heeren vant Parlement volchden 't lick te voet. | |
Uyt Westmunster den 13 October 1651.Hoewel de Yeren door des Conincs intocht en progres in Engelant seer moedich gemaeckt sijnde, in veele plaetsen sterck vergadert waren, om d'Engelse van Gollaway en Limerick aff te dryven, off door diversie deselve plaetsen te doen quitteren, soo wort nochtans met de laetste brieven van daer bericht, dat de voors. Yeren niet anders hebben uytgericht, als dat sij in Tripperay twee trouppe van coll. Sankys regimt geslagen, twee cape neffens andere | |
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mindere officieren gevangen, en 't casteel Carno int graeffschap Wexfort vermeestert hadden, waer tegens het casteel Kilkey vande genl commissaris Reynold was verovert; doch souden de Tories overal groote schade doen, voor Dublin veel beesten wech gehaelt, ende het uytgesondene secours geslagen hebben. Den aenslach op Athlone ontdeckt sijnde, wierden d'aencomende Yeren qual. onthaelt, en haren commandr Sir Lucas Dillon gevangen. In Schotlant is de graeff van Argile, Huntley ende andere groote seer besich met volck te vergaderen; doch blijft ondertusschen het stercke casteel Dumbarton sterck belegert. Het Parlemt verlede Dyngsdach wederom vast- ende bededach gehouden hebbende, heeft s'anderen daags commissarissen genomineert, die tegens toecomende Woensdach schriftelijk sullen voorstellen, hoe ende op wat manier men best ende bequaemst het Parlement soude vernieuwen. Den ouden generael Lesley en andere heeren omtrent Dundée in Schotlant gevangen, sijn voorleden Saterdach alhier in den Tour gebracht, als oock gisteren de jonge Lesley, de lords Lauderdale, Middeleton, Cunningam ende Flemming. Den algemeenen danck- ende biddach is tot den 3. Novemb. uytgestelt, en alhoewel het banckethuys in Witehall met bancken, taeffel en een nieuwen trap tot een groot feest is versien, soo sal nochtans niet gehouden, maer de 1100 ℔ St. die daer toe gedestineert waren, onder de armen uytgedeylt worden. Alsoo de rechters vande admt noch geen rapport aen den Raedt van State hebben gedaen, soo ist dat de capn van Salingen noch niet en can weeten, off hij sal geoordeelt worden arrestabel te sijn, ofte niet. De ordinancie van geen waren met andere schepen in Engelant te laten in trecken, segt men dat toecomende weeck sal gepubliceert worden, mits welcken eyndigende blijve. | |
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Een ander uyt Westmunster oock van den 13. October 1651.De acte van geen waren met andere schepen in Engelant te laten incomen, is gearresteert ende sal toecomende weecke gepubliceert worden, ende sal deselve wesen sonder geprefigeerden tijt. De generael Askeu is met sijn onderhebbende schepen omtrent de Barbados, welck eylandt men gelooft al gereduceert te sijn, en wert daerdoor vergunt aen de Engelsche daer heenen te varen, gelijk ick op de Beurs verscheyde billetten van veele schepen hebbe gesien, bij particuliere derwaerts gesonden wordende. Den taux voor de armade is van hondert twintich duysent ℔ sterlings smaents, gemindert tot tachtich duysent ℔, maer de andere lasten sullen noch voor een tijt lang continueren, alsoo Schotlant meest is gereduceert. Soo is men hier besich het segel te veranderen, doch noch in twijffel off de harp van Yrlant, oft 't Schotse kruys sal ter sijden het Engelsche boven staen oft onder, gelijck uyt het bijgaende, en staet den twijffel daeruyt, om dat Schotlant laest gewonnen is. Den agent van Oldenburch heeft noch geen gehoor gehadt, als oock die van Genoa. 't Schip van capn van Salingen wert te langer gedetineert, omdat den acceptant aen den Rade van State vertoont heeft, dat hij dickmael aen de admt tot Rotterdam versoeck gedaen hadde, dat mochte verhoort worden. Het Parlement is besich om eenige commissarissen nae Schotlant te senden, daer onder men secht den heer St. John oock te sijn. Het feest in Witehal wort achtergelaten om geen opspraeck onder de gemeente te causeren. Den grave van Derbey meent men dat tot Chester sijn sententie sal ontvangen, alsoo hij uit Londen 2 a 3 personen omgebracht heeft. | |
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De gevangen Schotten, gelogeerd in Tutelfield, sterven seer, 20, 30, 40 daechs. Vijff schepen tot Portsmuyden leggende, en alhier vrij gemaeckt sijnde uyt een arrest, sijn de novo opgehouden, om volck nae Garnsey te voeren. Den agent van Genoa is het voorleden Woensdach gegaen als over acht dagen.
Monsieur.
Ayant esté indisposé d'un rheume, et forcé de garder le logis quelques jours cela m'a empesché d'apprendre ce qui se passe par le monde; j'entens neantmoins que le Parlemt a aujourdhuy ordonné qu'il ne traittera de 15 jours d'autres affaires, que du nouueau representatiff, ou Parlemt. L'acte pour le commerce est imprimé, auquel il est porté qu'on ne souffrira pas qu'aucune nation apporte dans ce pays, que des marchandises ou manufactures de son pays, ce qui regarde fort l'interest de vos mariniers, qui portent touttes sortes de marchandises par tous pays. Je souhaitterois fort que vos ambrs fussent desia icy pour contrecarrer les desseins de ceux qui voudroient porter les affaires a une rupture; vous verres encore d'autres suittes, si vous ne vous hastés de venir renouer la correspondence. On commence a parler fort haut de la pesche, et de l'affaire d'Amboin et pourtantGa naar voetnoot1), au nom de Dieu, soyes sages, et hastés vos mediateurs. La cour de Justice s'est assise aujourdhuy, devant laquelle le coll. Vaham, le docteur Drake, et un frere du Massey, complices du ministre Love, ont confessés leurs crimes. On a condamné a Chester le comte de Derby a perdre la teste dans la huictaine, et son filz, qui est un pauure prestre, est icy, qui sollicite son pardon en vain a nr̄e Parlemt. On ne se soucie pas de son isle de Man, ou l'on | |
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me dit qu'on a desia envoyé des vaissaux pour la reduire. Ledit comte doit estre executé en une ville de Lancaster, nommée Brouton, comme je croy, ou il a commis des cruautés de sang froid pendant cette guerre; on a desia executé plusieurs de ses officiers a Chester. De Londres ce 19/9 d'Octobre 1651. | |
De Londres ce 19/20 Decembre 1651.Ceux la m'avoient mal informé, qui m'avoyent dit que vr̄e messager, porteur de quelques lettres de vostre Estat a nr̄e Parlemt, estoit arrivé auant le depart du dernier ordre. Car il n'arriva que deux jours apres le dimanche au matin, et le lundy nous eusmes advis que mrs vos ambrs estoient a Gravesende, de sorte que le mardy nostre mre de ceremonies leur mena des barges, dans lesquelles leurs Exces furent amenées de la jusques a la Tour de Londres, ou ils furent receus de la part de l'Estat par le comte de Pembrock, et le Viscomte de l'Isle, filz du comte de Leicester, et par le chevalier Peter Wentworth, qui les conduisirent auec nr̄e mre de ceremonies et plusieurs gentilshommes anglois auec un cortege de 30 à 40 carosses, dont il y en avoit 12. a 6. chevaux, a la maison qui leur auoit esté preparée pour les traitter, de sorte qu'ils y arriverent le mercredy sur les 3. a 4. heures apres midy, et ce soir la souperent auec eux ces seigrs, qui les auoient accompagnés. Le jeudy, qui estoit hier, ils demanderent audience, et aujourdhuy ils l'ont eu dans le Parlement a huicts ouuerts entre xi. et xii. heures, a la veue d'une grande affluence de peuple. Monseigr l'ambr Cats a fait sa harangue en Latin et le Speaker du Parlement luy a respondu en peu de mots en anglois. Je suis allé disner ches leurs Exces, ou se sont trouuéz le comte de Salisbury, et les Chevaliers Jean Davers et Henry Mildmay, qui les auoient accompagnés a leur au- | |
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dience, auec le mr des ceremonies. J'y ay demeuré jusques a la nuict a l'entretien de leurs Exces, de sorte que j'ay peu de temps a vous entretenir a present; a mon retour de la j'ay rencontré l'ambr d'Espagne, qui alloit aussy auoir audience du Conseil d'Estat sur les 6. heures du soir, auec un cortege de 15. carosses, dont il y en avoit 9 a 6 Chevaux. On nous dit qu'il doit venir icy plusiers ambrs pour traverser sans doubte vostre negotiation; mais cet Estat scaura bien distinguer entre les parolles et les effects. Nous tenons que le Sr Spiering est dans Londres, mais incognito, car il estoit entré dans la revière auant vos ambrs et nous esperons que le bon acceuil, que l'on leur a fait, aura une bonne suitte pour le bien commun des deux Estats. | |
De Londres ce 22 Decembre 1651.Nous attendons vos ambrs, s'il ny a d'autres raisons de leur retardement que celle, que vous m'avéz specifiées. On a preparé la maison de Greenwich pour les prier de s'y refraischir et reposer en passant. Spiering a donné ordre que l'on luy loue une maison sur l'eau, s'il est possible, ou il puisse commodemt loger deux carosses et un train de 17. personnes seulement; il faudra qu'il paye icy d'effects, car il trouuera des gens qui dissipent facilemt les ombrages et tenebres des courts. On m'asseure que le marquis de Coignac, petit filz de mr le duc de la Force, jeune Sr bien faict et vaillant homme, est envoyé icy de la part du prince de Condé pour faire quelque proposition, mais il faudra de mesme qu'il la fasse en autre stile que celuy de la cour. Quand a nos nouuelles la mort de ce gallant homme, milord deputé Ireton, arrivé inopinemt, nous ayant surpris, nous auroit estonné, n'estoit que cette Republicque foisonne en hommes d'esprit et de valeur; mais pourtant, je tiens que nous auons fait | |
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une tres grande perte; c'estoit un homme extraorde et infatigable au trauail auquel il s'employoit jours et nuicts, sans prendre son repos ny ses repas, que par necessité. Nos affaires vont tousiours bien par tout, Dieu mercy, et l'on est sur le point de reformer nr̄e grand seau, pour y adjouster l'Escosse. J'oublie a vous dire que le Parlement a nommé le coll. Ludlow pour estre deputé d'Irelande par commission, jusques a ce que le Conseil d'Estat y ait plus amplement pensé. | |
De Londres, ce 26 de Decembre 1651. Stilo veteri.J'ay receu vostre tresagreable lettre du 29. de Decembre, et vous rends graces de la continuation de vos soins pour l'interest commun, touchant lequel, je suis de mesme sentiment que vous, et ne manqueray pas de faire valoir vos advis par tout, ou je m'en verray l'occasion. Messrs vos ambrs vous auront informéz par leur precedente depesche, et par celle d'a present, de leur arrivée, reception et audience, et que le Parlement a donné ordre a nostre Conseil d'Estat de leur donner responce, et d'entendre d'eux toutes propositions, qu'il pourront faire cy apres. Mais tousGa naar voetnoot1) qu'il ny a aucune apparence, que cet Estat revoque l'acte, qui y a esté mentionné, qui a esté fait pour encourager les peuples de ce pays a se desengourdir et prendre peine, et d'avancer leur interest particulier, aussy bien que celuy de la nation. Je souhaitte de les voir bien tost entrer en traicté, affin de couper broche aux differents, qui s'augmentent par le delay. Milord St Jean n'en sera point, estant parti hier auec les autres commissaires, dont il est le premier, pour aller en Escosse, y establir les affaires. Il a aussy bien | |
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que mr Strickland, refusé le present de vostre Estat, s'en estans excusés sur un ordre du Parlemt. qu'aucun ministre publicq ne pourra rien recevoir des estrangers. Mr Turlow, qui estoit un des Secres de nostre ambassade vers vous, et est domesticque dudit Sr St Jean, l'ayant receu, l'a renvoyé par le conseil de ses amis, et moy, qui suis entierement independant et sans employ, j'ay accepté le mien, auec remerciement et gratitude. On a aussy defendu a nr̄e mre de ceremonies, et a tous ceux, qui ont esté employé a servir mrs vos ambrs, pendant le traictement, que cet Estat leur a fait depuis le mercredy, jour de leur arrivée, jusques au lundy suivant, exclusivement de rien prendre, ce qu'ils sont resolus de faire indifferement envers tous. Le Sr Spiering, qui est icy et s'est fait cognoistre, n'a pas encore esté receu comme ministre publicq, ses lettres de croyance ne se trouuans pas en deue forme, bien que quelques uns nous disent, qu'il a pouuoir de les reformer. Ce gentilhomme francois, qui est le marquis de Cognacq, petit filz du Duc de la Force, qui est venu de Bourdeaux, et que l'on disoit estre envoyé de la part du Prince de Condé, est venu seulement d'aujourdhuy en cette ville, pour rechercher en mariage une grande et rische dame; je ne scay, s'il y a quelque autre ministere en ses affaires. On nous dit que la Pologne et la Dannemarq doivent envoyer des ambrs vers cet Estat. Le corps du Sr deputé d'Irelande Ireton doit arriver aujourdhuy icy, auquel on fera des obseques extraordinaires. Ce debandement que vous auez faict a Rotterdam de ces gens qui alloient au service du cardal Mazarin, plaist fort icy, aussy bien que la diligence, que vous apportés pour le recouvrement de vr̄e Liberté. Monsieur. J'ay mis es mains du Secre de mr l'ambr Schaep deux | |
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exemplaires de ce qui s'est imprimé icy de l'affaire d'Amboyna, l'un pour vous, et l'autre pour le Sr d'Heemstede, et il m'a promis de vous les faire tenir par la premiere commodité qui se presentera. Quand a mrs vos ambrs ils eurent encore hier audience du Conseil d'Estat, qui leur promit de considerer les affaires qu'ils proposerent et de leur y donner prompte response. Quelques uns trouuent a redire, qu'avant que d'entrer en traitté ils sollicitent desia la delivrance de plusieurs vaissaux, ce qui se seroit plus convenablement ensuivi apres que l'on seroit convenu d'une bonne alliance, et confirmé l'opinion de plusieurs, que vos Estats les ont plustost envoyés pour les affaires du commerce, que pour l'interest de la religion protestante et de la liberté commune. Ces messrs vos ministres auront bien besoin d'user de grande prudence et dexterité en leurs actions, qui recevront diverses interpretations selon les diverses affections et intentions de ceux qui veulent interrompre cette grande affaire. Mais je veux esperer, que Dieu luy donnera le succes que les gens de bien souhaittent pour sa gloire et le bien de son Eglise. Je suis par tout de vostre sentiment sur laditte affaire, et si je pouuois prevaloir, on en verroit bien tost une bonne conclusion. Je n'ay jamays creu les bruits, qu'on a fait courir de Dunquercque, et en ay tousiours siflé la nouuelle. Je ne scay encore quels commissaires le Conseil ordonnera pour traitter auecq vous Mylord St Jean ne se trouue pas icy, comme je vous ay dit, estant allé en Escosse pour y establir les affaires, et mr Stricklant n'estant pas dudit Conseil cette année, on peut doubter si on le choisira. L'agent du Duc de Florence a aujourdhuy audience audit Conseil. Je vous ay dit par ma dernière que ce marquis de Cugnac, que l'on auoit dit estre envoyé icy de la part du Prince de Condé et des Bordelois, y est venu pour rechercher de mariage la fille aysnée de mr Mayerne. On me dit que le | |
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Sr de Gentillot est encore repassé en Angleterre, mais ie ne le puis encore croire. Vous aurés scen que les chasteaux Cornet et Elisabeth des Isles de Garnesey et Jersey se sont rendus a composition: le Parlemt en a aujourdhy ratifié les articles; nous esperons auoir aussy bientost raison de Gallouay en Irelande, et que tout se soubmettera en Escosse. De Londres ce 12 Janvier 1652. | |
De Londres ce 19 Janvier 1652.Vostre lettre du 12e de ce mois me fust hier rendue, et je vous rends graces de la continuation de vos faveurs en m'informant de vos nouuelles. Les jalousies, que l'Espagne commence a vous donner, et les propositions que son ambassadeur veut faire icy, vous doivent servir de raisons pour haster nr̄e jonction et union. Messieurs vos ambrs, n'ayans pas encore receu la response qu'ils attendt de nr̄e Conseil d'Estat, l'ont faict prier de vouloir leur donner lieu et temps pour traitter, ce que je croy qui se fera en bref. On me dit qu'ils n'auront point d'autres commissaires, que ceux qui sont ordonnés de cy devant, au nombre de 12. ou 13., pour considerer les affaires estrangeres, sur lesquelles ils ont pouvoir de resouldre toutes et quantes fois qu'ils voudront s'assembler, voire ne fussent ils que cincq de leur nombre. Monsieur de Strickland n'en sera pas, n'estant plus du Conseil d'Estat. A ce que j'entens, nr̄e gn̄all, le president Bradshaw, les deux Guardes du Grand Seau, mylords Wittlock et l'Isle etc. sont de ce committé, qui sont personnes d'honneur et affectionnez a la religion protestante et au bien des deux nations; Dieu veuille oster toutes les pierres d'achoppemen̄t, et faire reussir le tout a sa gloire et au bien de son Eglize. Quelques personnes bien affectionnez n'approuvent pas, que vosdits ambrs ayent faict faire | |
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des plainctes audit Conseill que l'on a publié a leur porte une nouuelle qui court icy, que un des vos capes de mer a faict pendre un maistre de navire anglois, qui auoit lr̄es de repressailles sur les François, et jetter ses marinniers dans la mer; cette nouuelle s'estant imprimé et publié par des colporteurs, sans que l'Estat en ait eu cognoissance; qu'ils se soyent aussy plaints, que quelques ministres ont presché contre vr̄e nation, qu'on a jetté des pierres contre l'hostel desdits seignrs, et que de leurs gens ont esté heurtés dans les rues. Spiering est tousiours en place. Mr de Stanley fut hier arresté en sa maison, mais relasché soubs caution de 20m ℔. | |
De Londres, ce 8 Feburier 1652.Monsieur.
Si vr̄e Estat se porte a des termes raisonnables de leur part, et vos ambrs mesnagent l'affaire auec prudence, ce que vos amis, qui sont icy en tres-grand nombre, esperent et souhaittent de tout leur coeur, le traitté sera bien tost conclu. Quand a nos affaires d'Estat, vous aures sceu, qu'un nommé Barriere et un autre ont esté envoyés icy de la part du Prince de Condé et du comte d'Augnion, pour demander du secours de quelques 5 a 6m hommes de pied a la solde de cette Repube, offrans de donner les asseurances necessaires. Mais je voy, que ces gens la sont encore bien mal informés de nos affaires, ayants seulemt faicts, a ce que j'entens, leurs adresses a monsr nr̄e Gn̄all, qu'ils s'imaginent en apparence estre comme un Roy parmy nous. Ils trouvert des gens a qui parler, qui sont plus circonspectes, qu'ils ne croyent, en toutes leurs affaires, et qui veulent avoir un fondement solide, auant que de rien entreprendre. Nous verrons auec | |
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le temps ce qui en sera. Le Parlement ayant consideré que le Sr Spiering avoit esté detenu long temps sur la reformation d'un titre, qui n'estoit pas essentiel a ses lr̄es de creance, et qu'il estoit fort esloigné de la cour, qui l'envoie, a ordonné qu'il auroit audience comme un Agent, mais le jour n'est pas encore assigné. Le Conseil d'Estat ayant nommé le mayor gn̄all Lambert, personne de conduitte et prudence aussy bien que de courage, pour estre deputé d'Irelande, le Parlement l'a agrée. Nous sommes bien aises d'entendre que l'on travaille de bonne sorte a la reformation des abus de vr̄e gouvernement, et que messieurs vos Estats attendent l'evenement de ce traitté, avant que de vouloir condescendre a l'impatience de vos peuples. Au nom de Dieu usés de vr̄e prudence et patience en ce rencontre, vous asseurant, que tous nos differens se termineront a l'amiable, et que l'on vous fera de deça toute iuste satisfaction, si on vous a faict tord, quand nous serons convenu du principal et aurons conclu un bon traitté, sur lequel je prie Dieu de vouloir espandre ses plus saintes benedictions, et suis etc. | |
De Londres ce 16 Feburier 1652.Nous n'avons rien de vos quartiers cette semaine, pour la contrarieté du vent, et quand aux nouvelles de ce pays, elles ne sont pas grandes a present. Nos Commissaires commencent a establir les affaires d'Escosse, ayans, suivant leurs instructions, faict publier une declaration pour cet effect, qui leur ordonne, entre autres choses, d'establir le Gouvernement de ce Royaume là suivant les loix d'Angleterre, qui leur doit envoyer sept Juges pour presider en leurs Courts de Justice. Le major Gn̄all Lambert, un desdits Commissaires, est sur le poinct de repasser icy, pour recevoir ses instructions pour l'Irelande, ou l'on doit envoyer un renfort de huict mil hom- | |
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mes a ce primptemps. Vous entendrés des lr̄es de messieurs vos ambrs en quel Estat est le traitté, qui va fort lentemt a ce quil me semble, bien que l'on me fasse tousiours esperer, quil pourra a la fin reussir. Nr̄e Parlement a passé diuerses seances sur l'acte d'oblivion, quil pretend faire publier, quoy que plusieurs en doubtent encore bien fort. Je vous envoye cet acte de l'abolition des titres d'honneur donnés par le feu Roy depuis la separation du Parlemt, afin que vous en voyés toutes les particularités. Je suis contrainct de finir la presente, plustost que je ne voudrois, afin de pouvoir aller voir la pompe funebre de My Lord Ireton, qu'on me dit devoir estre fort extraorde. C'est pour quoy je finiray icy, en vous baisant humblenent les mains etc. Monsieur. Messrs vos ambrs ont eu depuis 2. ou 3. jours une troisiesme conference, de laquelle vous aurés le destail de leur part. Monsr Schaep n'y peut assister, estant indisposé d'un rheume, duquel je le croy mieux a present. Il est vray, que le traitté procède lentement, mais quand je me remets en memoire, que la plus part de vos hommes d'Estat par de la nous disoyent, qu'une telle affaire requerroit des années, et non pas des sepmaines, et que c'estoit en ce temps la le sentiment de mr l'ambr Cats, je veux esperer qu'ils s'appliqueront la mesme consolation, qu'ils nous donnoyent alors. Le Resident Spiering, duquel je vous parlois par ma dernière, mourut Lundy dernier a 5. heures du matin d'une apoplexie, ayant esté indisposé quelque peu de jours auparavant, et cet Estat luy ayant accordé la demeure dans la maison de Greenwich, pour y faire sa demeure, ou il faisoit estat d'aller promptement, pour le recouvrement de sa santé. Le Sr de la Barrière doit bien tost retourner au lieu, d'ou | |
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il est venu, sans auoir, a ce qu'on croit, guerres advancé. Les gens ne veulent agir, que sur des bons fondemens et sur des bonnes asseurances. Un Capne de vaissau francois ayant commission du Comte d'Augnon, estant venu icy pour quelque affaire particuliere, et entre autres pour y vendre du vin (ce qu'on ne luy a pas permis de faire), pour y auoir plus de liberté, a fait quelque temps semblant d'estre envoyé icy de la part dudit Comte. Mais estant pressé de monstrer ses addresses, et n'ayant peu faire voir autre chose, que ladte commission, a couru risque de perdre son vaissau, et d'estre fait prisonnier. Mais en consideration dudit Comte, il a esté renvoyé sans bruict. Nos gens ont eu en Irelande quelques advantages sur les Tories a la faveur des glaces, qui leur ont ouuert le chemin des marescages, ou ces voleurs font leur retraicte. Nos Commissaires sont entré en matière en Escosse, et nous entendrons bien tost parler de leurs ordres. C'est ce qui s'offre a vous dire a present, et que je suis etc. De Londres ce 24 Feburier 1652. | |
De Londres ce 8e de Mars 1652. Stilo novo.Pour certain nous ne sommes pas disposés de deça a commencer une rupture, mais en termes de nous joindre plustost auec vous qu'avec aucun autre Estat si l'on vous trouve fondés en raison et equité, et si vous en voulés vous effaroucher de vous mesmes a la persuasion de vos ennemis et de nostres et de quelques particuliers boutefeux, qui soufflent le feu de discorde, afin de pescher en eau trouble, comme nous en avons quelques uns de deça, aussi bien que vous. Mais nos ministres d'Estat ne se laisseront pas legerement persuader. Dieu veulle que les vostres fassent le mesme. Quand a la protraction du traité, nos gens l'imputent a ce que les vostres ne sont | |
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pas prests, jusques a ce qu'ils ayent quelques nouveaux ordres de vos Estats. Ils devoyent avoir aujourdhuy une conference, mais ils ont desiré qu'elle fust differée, aussy sont ils dans le traccas de changement de demeure, allans faire leur sejour a Chelsey en la maison bastie ci devant par le duc de Buckingham. Et l'on m'asseure de toutte parts et de bonne part, que lors quil entreront plus avant en matiere, ils trouueront que nos gens leur donneront tout ce quils pourront requerir avec raison et equité. Quoy que l'on trouve estrange icy, que vous faictes des preparatifs extraordres par mer, neantmoins cet Estat demeurant es termes de sincerité ne s'y prepare qu'a l'ordre. Dieu veuille que vous ne soyes pas mal conseillés. Je vous dy il y a huict jours que nous avions revocqué nos lr̄es de represailles sur les François, ce qui se trouve vray, si vous y adjoustes le mot de particulieres; les particuliers qui les avoyent obtenues, ayans commendement de venir rendre compte du passé. Toutes choses vont tousjours de mesme train en ce pays. Nous avons pris en Escosse les Orcades et ultimam Tule, ce qui faict penser Argyle a s'accommoder. Nos Comrs y ont publié quelques declarations fort considerables pr lestablissemt des affaires, lesquelles vous pourrés voir dans les imprimés anglois de cette semaine, es mains de quelques uns de vos amis. Major Gen̄l. Lambert, deputé d'Irelande, est icy depuis quelques jours pr disposer ses affaires a y aller prendre son employ. Nous avons eu quelque petit succes sur les Tories, et sommes en bo ne esperance de reduire bien tost tout ce pays la. L'acte du pardon gen̄l est passé, mais n'est pas encore publié. Le Residt Aisima a eu aujourdhuy sa premiere audience, com̄e Agent et a esté fort bien receu. | |
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De Londre ce 15/5 de Mars 1652.Nostre Parlement s'estant assemblé mercredi dernier et le Speaker s'estant trouvé malade, l'assemblé fust remise au mardy prochain pr bailler temps audt Speaker de se faire mediciner. L'acte du pardon generael s'est publié et vous le pourrés voir entre les mains de quelques uns de vos amis, estant trop ample pr l'enclore icy. Vous pourres entendre parler d'un envoyé du duc de Nieuburch, qui est icy venu soliciter la delivrance d'un prestre anglois, detenu en prison, ce qu'il croyoit obtenir de nostre Generael en vertu d'une lettre escrite a son Exce de la part dudt Duc, son mre; mais il l'a remis avec ses civilités ordinaires au bon plaisir du Parlement. Nous n'avons pas de nouvelles considerables d'Irelande, ny Escosse, seullement que nos Commres en reviendront dans peu de temps, apres avoir estably les affaires. Nous croyons que messrs vos ambassadeurs ont receu quelques nouveaux ordres par cette poste pour continuer le traicté, l'expedition duquel doit dependre d'eux. Tous les gens de biens icy, et la plus part de nos ministres d'Estat, en souhaittent une bonne conclusion, qu'ils tiennent dependre entierement de vous. | |
De Londres ce 22/12 de Mars 1652.Je vous envoye cet imprimé anglois, d'autant plustost, quil contient nostre act d'oblivion. Le Parlemt a mis a part touttes affaires particulieres pour 15. jours, afin de vacquer seulement aux publicques, et travailler a ce qui concerne l'Yrelande, pour haster l'envoy de nr̄e deputé major Lambert, qui y doit passer avec le major generael Monke (qui est aussy icy) aussy tost qu'on aura donné ordre a ces affaires la, et qu'ils auront peu faire leurs preparatifs. | |
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Sr Henry Vane le jeune et le colonnel Fenwick sont aussy attendu aujourdhuy icy pour venir communicquer sur les affaires d'Escosse, ou ils n'ont laissé que 3. de nos coïssaires, mylord St Jean, major Salway et le coll. Tisborne, lesquels aussy, a ce que l'on croit, ne la feront pas long la. L'envoyé de Dannemarcq a eu audience aujourdhuy dans un comté en la Chambre, qui estoit cy devant des Seigneurs, et l'on croit que son envoy est pour preparer chemin a une ambassade. Monsr l'Isle, jeune advocat, frere de mylord l'Isle, l'un de nos Commres du grand seau est choisy pour estre envoyé en Suede avec lettres de nr̄e Parlemt a la Reyne. Monsr Bradshaw, nr̄e agent vers les villes Anseaticques, est sur le point de retourner resider a Hamburg. Advis ayant esté donné de la part de vos ambrs a nr̄e Parlemt, que vos Estats avoyent jugé a propos de mettre en mer une flotte de 50. voiles, pour asseurer vos costes et vos affaires, on a jugé que c'estoit un advis, qui ne requeroit aucune response. Et bien que vos amis ne croyent pas que vous veuilliés rien entreprendre contre nous, plusieurs neantmoins crient aux armes, et la politicque nous obligera a nous preparer aussy, pour nous tenir sur nos guardes. Mesmes l'on me dit que le committé de l'admirauté a desia donné quelques ordres, et que nos marchands offrent aussy a l'Estat de mettre 150. navires de guerre en mer. Dieu veuille empescher que nous ne venious a nous mal entendre, et que les conseils de nos ennemis et des vostres ne prevaillent. J'ay esté fort marry d'apprendre que l'impatience de vos peuples vous ait porté a ces preparatifs, avant que nous soyons passés plus avant en traitté, car a ce que j'entens de toutes parts nous n'y sommes pas en mauvais termes, et il y a bonne esperance, que nous nous pourrons entendre et demeurer amis, quoy qu'on nous veuille asseu- | |
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rer de France que la rupture entre nos deux Repes est inevitable et qu'il courre icy d'estranges bruits, comme si vous aviez dessein de faire un invasion sur ce pays, qui cause aussy de menaces de ce coste cy. Au nom de Dieu, ne nous oublions pas, et soyons sages, et ne gastés pas cette grande affaire, qui est sur le tapis, et qui ne recevra retardement que de vr̄e part. On me dit que lundy prochain vos Messrs doivent avoir conference, et qu'ils auront une response qui vous doit contenter. On donnera aussy ordre aux autres affaires particulieres en suitte, pour veu que vous ne vous imaginiés pas que l'on craigne aucunemt vos preparatifs de guerre. 228 travaille continuellement pour le bien commun, et pour l'accommodement des differents sur les lettres de represailles, etc. | |
Londres le 29 Mars 1652.Messieurs les ambrs de Hollande eurent lundy dernier conference auecq leurs Commissaires, laquelle dura environ deux heures. Les bruits sont en general, qu'on s'accordera, et qu'ils sont convenus de quasi tous les 36 articles. Mais pourtant je ne trouue pas que l'affaire soit sy auancé. Vous scaures ce que leur expres aura apporté. Sy messieurs les Estats munissent leurs places maritimes, asseures vous, qu'on ne neglige rien icy, tant en l'isle de Wicht, qu'autres places, le long de la coste, et on m'a asseuré, qu'on a deffendu a tous estrangers d'y entrer. On a fait courir le bruict derecheff de quelques combats en mer, mais sans fondement, c'est pourquoy il ne faut adjouster foy a tels rapports. On a depuis mes dernieres ordonné, que tous les vaisseaux de 300 tonneaux et par dessus seront equipés, et se trouueront aux Dunes le plus tost qu'il sera possible, quoy est le rendez vouz generall. | |
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De Londres 29e Mars 1652.Nous auons reduict les Barbades et sommes en bonne esperance de reduire le reste. On dit que nous y auous trouué 29 vaisseaux Hollandois. On dit aussy que nr̄e flotte, sous le Cape Pen, a pris 16 vaisseaux Hollandois aux destroits de la Mediterranée, mais ce qui est bon a prendre est bon a rendre, selon le proverbe Francois. Nos affaires vont tresbien en Irelande, et pr Escosse, en consideration de l'affection que ces peuples la tesmoignent a s'incorporer a la Respe d'Angleterre, le Parlement leur accorde des grands privileges, et entre autres, qu'ils auront part, et representatiffs et droit d'envoyer leurs membres aux Parlements, mais quand et en quel nombre cela est indecis. Monsr Dureus, ce grand reconciliateur des Lutheriens et Calvinistes, doit a ce qu'on me dit, faire le voyage de Suede auec mr de l'Isle, ainsy que je vous ay dit, par ma precedente. On nous fait attendre un Ambassadeur de Dannemarck, apres l'envoyé, son precurseur. | |
De Londres ce 5 d'Aurill 1652.Cette nouvelle, que l'on m'avoit dict, il y a 8. jours, que les Anglois avoient pris 16. de vos vaisseaux, au destroict de la Mediterranée, se trouve mall fondée et sans suitte, et je n'apprehende plus d'hostillté entre nous, et nous trouverons auec le temps moyen de composer tous nos differens a l'amiable. Nous ne voulons pas entendre a d'autre alliance qu'a la vostre, bien que nous y soyons solicités de diuers endroicts. On me dit que le Sr Gentillot doit repasser icy de la part de la Cour de France, pour y complimenter nr̄e Republe, et preparer le chemin pour une ambassade de ce costé la. Quand aux | |
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affaires de ce pays, tout y est paisible, et nos pensées sont occupées a establir les affaires en Escosse, et faire un fin de celles d'Irelande. Pour l'Escosse, on ostera tout le pouvoir de la noblesse, en y donnant la liberté au commun peuple, qui tiendra ses terres a bon prix de cette Republ., pour lequell effect on est resolu aussy de travailler de bonne sorte a la reformation de la religion et des loix d'Angleterre, et pour l'Irelande on faict des bons preparatifs, pour en venir a bout dans peu de temps. On nous asseure, que la contagion et la famine est tresgrande parmy les rebelles. En contrechange du mariage, du quell vous m'avés donné advis, je vous diray, que mardy dernier mr le Chevalr de Mayerne maria sa fille auec monsr le marquis de Cugnac, dans l'Eglize de Kinzinton, par monsr Cantarini, ministre de l'Eglize Italiene a Londres, sans aucun bruict, ny pompe, n'y ayant eu que la famille et le ministre du lieu, qui en ait eu cognoissance. Tout s'y porte bien, et les deux partis sont fort contens etc. | |
De Londre ce 12/2 d'Avril 1652.J'ay esté bien aise d'entendre d'ailleurs que vos Estats ont revoqué les lettres de represailles données en Zeelande aux 2. Lamsons.Ga naar voetnoot1) Lesquelles, sans doubté, auroient allumé un embrazement, que l'on auroit eu bien de la peine d'esteindre, et qui, selon toutte apparence, auroit interrompu la bonne aliance encommencée, et laquelle sans doubte aura une heureuse suitte et conclusion, si vous ne l'empeschés de vr̄e costé, ou donnés subject a nos ennemis de la faire. Quelques marchands anglois s'estoient plaints que l'on auoit prolongué l'arrest de leurs vaisseaux dans vos ports, mais nous entendons, que tous nos navires sont en liberté, ce qui oste l'occasion a ces gens | |
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de traffique de nous brouiller pour le present, estant personnes, qui ne feroient point de conscience de perdre tout l'Estat entier pour leurs interests particuliers. Au reste tout va tousiours bien icy pour le bien commun des deux Estats. Le vr̄e ne pert pas en la mort du Sr Frost, secre de nr̄e Conseil d'Estat, qui, a mon advis, vous estoit grand ennemy, dequoy j'ay souuent contesté auec luy. Mr Turlow, mon collegue, and fellow secretary, en nr̄e ambassade vers vous, luy a succedé, sur le quel j'espere que mes raisons auront plus de pouuoir. Je ne scay si ce changement et le retour de Mylord St John, que nous attendons en breff, apres qu'il aura receu la poste qui luy est envoyée, et fait faire publication de quelques declarations de la part de cette Respe, me pourront procurer quelque employ, ce que j'espere. Nous n'avons rien de plus, sinon que mr Barriere, maral de Camp, envoyé de mr le prince de Condé pour faire quelques propositions a cet Estat, ayant reçeu des nouuelles lettres de creance en meilleure forme, que ses premieres, elles ont esté leues en nr̄e Parlement, et l'affaire remise en nr̄e Conseil d'Estat pour l'escouter. | |
De Londres ce 19/9 d'Avril 1652.Par ma precedente du 12/2 du courant, je vous disois n'avoir pas encore receu vr̄e lettre de cet orde la, laquelle m'a esté depuis rendue en date du 5e, aussy bien que celle de la semaine suivante en date dudit 12/2. Et pour response a l'une et a l'autre, puis que le principal subject duquel elles traittent, est de nous persuader que vous n'avéz aucune intention de rompre auec l'Angleterre, mais au contraire de vous lier plus estroictement auec elle, pour le bien de la cause protestante, de la liberté commune et commerce, qui sont les motifs sur lesquels nous vous estions allé trouuer il y a un an, pour vous | |
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offrir ce que vous recherchés a present. Je vous diray encore, que l'on est dans la mesme resolution de deça, et qu'il ne tiendra qu'a vous que l'on ne s'accorde, bien que nr̄e armement naval, auquel vous nous auez causé une despence tres extraordro de gayeté de coeur, s'advance beaucoup plus que le vr̄e, ainsy que nous le scavons de bonne part. Et au lieu que vous manqués d'hommes pour vos vaisseaux, nous au contraire, outre nos gens de marine, mettons dans nos navires bon nombre de nostre milice de terre, qui seront commandés par des Lieuts seulement, affin que nos Capitaines de navire ayent le commandement sur leurs officiers et sur eux. Nostre Generael debvoit faire un voyage aux Dunes pour y donner ordre et les encourager a ce service. Mais il n'en a pas esté besoin, car j'entans, que l'on a desia commencé l'embarquement, dequoy vous ne devés pas entrer en jalousie, pour ce que l'on veut accoustumer nos gens de terre a cela, affin de les pouuoir aux occasions avoir tous prests a les transporter; mais il sera pourtant bon de donner bonne charge a vos gens de marine d'user de prudence, pour ne commencer pas la guerre legerement. Car nous n'en avons aucun dessein de deça, seulement nous ne voulons estre bravés, de qui que ce soit, beaucoup moins de nos amis. Les affaires prennent un bon train. Vos Ambrs ayant eu ce matin une conference auec nos Commissaires, qui a duré plus de deux heures, et, a ce que l'on me dit, en doivent auoir encore une dans peu de jours. Nr̄e envoy vers la Suede ne vous doit aucunement estre suspect, n'estant qu'un compliment, et que pour les informer un peu mieux de nos affaires. Nous ne sommes pas moins sollicités que vous de la part d'Espagne, mais nous ne voulons entendre a aucune autre negotiation, qu'a la vostre, jusques a ce que nous ayons veu comment elle reussira. L'Envoyé du Prince de Condé ne fait pas grande affaire icy, ou il a eu audience, car | |
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nous ne nous fierons a la France, ny a aucun de ce costé la, que de bonne sorte. Il vient aussy un Resident de Venise lequel seroit desia icy, sans qu'il vient auecq un train de deux carosses, estant party en cet equipage de Paris. On nous promet aussy dans fort peu de temps un Ambr de Danemarck, mais croyés moy, vous n'avéz aucun suiet de vous allarmer, ny d'entrer en doubte de nr̄e affection envers vous, bien que quelques uns ayent cy devant voulu faire passer l'arrest que vous auéz fait de nos vaissaux dans vos ports, pour une provocation̄ a rupture; mais vous auéz d'alleurs des bons amis, qui excusent ces choses. Nos affaires vont bien en Irelande et en Escosse d'ou Comes se disposent a retourner, et en Irelande les rebelles taschent par tous moyens de venir a un accommodement, voyant leurs affaires desesperées; mais nous ny voulons pas entendre. 500 chevaux de leur party ont mis bas les armes tout d'un coup pour auoir liberté de se retirer ailleurs. Nos hauttes demandes ne vous doivent estonner, nous nous en accommoderons bien a l'amiable, si nous convenons du principal, comme j'en voy de grandes apparences. Monsr Thurlow, mon confrere en Hollande, estant en la place du Sr Frost, cy devant secretaire du Conseil d'Estat, employ de tresgrande consequence, j'espere que j'en auray plus de moyens de servir mes amis. | |
De Londres ce 3 May/23 Avril 1652.Je vous informay, pas l'orde precedent de l'opinion de quelques uns de deça, qui blasment fort vos delais sur la ratification du traitté, et s'imaginent, que vous attendéz que les affaires de France soient en meilleur ordre pour vous appayser la dessus contre nous. C'est a vous | |
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a present, que ces mesmes personnes s'imaginent, que les deux partys de cet Estat la sont en termes d'accommodement, ce que je croy difficilement; de faire paroistre la fausseté de leur imagination en vous portant vigoureusement et sans perte de davantage de temps pour obtenir la conclusion de nostre traitté; j'entens, que mrs vos ambrs ont en leur derniere conference fait leurs devoirs pour assurer cet Estat de la sincerité de vos intentions a cette fin la. Quant a nos nouuelles nous auons confirmation par un expres de la reduction des Barbades et Isles adjucentes en l'obeissance de cette respe es termes mentionnés cy devant, dequoy plusieurs estoyent en doubte. Aujourdhuy nostre Parlement a traitté de la ratification des articles. La ville de Galloway en Irelande s'est aussy a la fin rendue a des conditions, que l'on ne croit pas que nr̄e Conseil n'y Parlement accordent, scavoir, que quelques uns, qui ont trempé dans les massacres de ces quartiers la ayent quartier. Quoy que ce soit, la ville est a nons, et nous n'avons plus affaire la, qu'a ceux, qui sont demy sauuages, et se retirent sur les Montagnes et dans les Marets. Nr̄e milord Deputé s'acheminera vers la my may, je vous diray de plus que le Sr Poluzzy, Resident de la respe de Venize, est arrivé icy cette semaine pour recognoistre la nostre. | |
De Londres ce 10e May 1652.Le livre de monsr le Resident Aitzema est translaté icy en Anglois et s'y imprime; nous nous estonnons de vos defiances par de la, veu que cet Estat n'a autre intention que de faire une bonne Alliance avec le vr̄e, pour le bien des deux. Il est bien vray que nos vaisseaux sont en mer sous la charge de nr̄e generael Blake, et que nous avons embarqué de nr̄e soldatesque, mais | |
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c'est comme je vous ay cy devant dict pour les accoustumer a la mer, et l'on tient que nr̄e flotte est allée a present vers le West d'Angleterre. Elle a en se promenant, paru a la veue de Dunkercke, ou elle avoit envoyé une barque pr demander, que droict fust fait a quelques marchands Anglois ausquels le Sr d'Estrade gouverneur a aussy tost [fait] faire restitution asseurant nr̄e edit gn̄al. qu'il avoit chargé du Roy son maistre d'entretenir bonne correspondence avec l'Angleterre. On nous dit que six vaisseaux, equippés a Brest en Bretagne sont allés en mer pour pirater, mais qu'ils se gardent de tomber en nos mains. Le Resident de Venize ne se declare pas encore, attendant ses instructions de ses maistres. Le Sr Barrière envoyé du prince de Condé ne faict pas grande chose icy. Il tasche, en cas qu'il n'y puisse faire de levées, dequoy je voy peu d'apparence, de faire restablir au moins le commerce avec la ville de Bordeaux, ce qu'il aura aussy de la peine d'obtenir, bien que plusieurs le souhaittent pour avoir des vins de France. Tout va icy tres bien a l'ordre. On delibera hier sur des requestes presentées a nr̄e Parlemt, d'abolir le payement des dismes, sur quoy on a donné ordre a un committé de travailler et de pourveoir d'ailleurs a l'entretin de nos ministres. Mylord St Jean est en chemin pour retourner icy, bien quil ne soit pas entierement remis de sa maladie. Esperant que l'air de Angleterre y contribuera beaucoup. Monsr l'Ambassadr Schaep s'estant allé promener a cheval, en est tombé et s'est demis un bras, mais on croit qu'il a esté bien remis. Je suis marry de c'est accident, car c'est un ministre, qui nous est fort agreable, et qui est fort actiff pour le bien des deux Estats, a quoy on m'asseure tousiours que toutes choses s'acheminent de mieux en mieux, bien que lentement. | |
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On nous asseure icy, que les habitans du Peru et Mexico se sont revoltés contre le gouvernement d'Espagne, ont tué leur vice-Roy et quelques autres officiers etc. | |
Londres le 5 de Juillet 1652.Mardy dernier le Conseil d'Estat deuoit nommer au Parlemt la somme qu'on deuroit demander aux Ambrs et la seureté pour le temps a venir: cela fut remis jusques a hier. Et lors on dit que l'un et l'autre y fut proposé, mais generalement trouué trop excessif et requis de la moderer et de continuer le traicté avec l'Ambr, et en cas quilz ne puissent s'accorder, rapporter l'affaire entiere au Parlemt pour y mettre la derniere main. Leur demande pour asseurance de l'affront receu par l'admiral Tromp, et que cela ne se fera plus, est: Flissinge, la Brille et autres places maritimes, avec une grande somme d'argent. L'affaire tire maintenant a une fin, les conferences sont journalieres, et ne peut estre que dans peu de jours nous ne voyons a quoy nous en serons. Ce n'est pas sans raison si le peuple par dela perd patience par la perte de tant de vaisseaux Hollandois. Tout cecy n'est rien a l'esgard d'un coup qu'on apprehende, c'est que la flotte marchande Hollandoise, venant de Nantes et autres lieux, au nombre de cent voiles ou environ, a paru sur ces costes, et selon quon mande de PlemueGa naar voetnoot1) par lettres venues ce matin, le dessein seroit de leur envoyer au deuant et la faire entrer icy; si cela arrive, il ny aura plus de retenue de dela. En fin, peu de jours nous mettront hors de ces doubtes. Quelques lettres de Pendenis donnent advis que le 22 de Juin, sur les 8 heures du soir, un grand bruit de canonades y avoit esté entendu l'espace d'une heure, et que | |
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le lendemain le combat avoit recommancé a la veue de la dite place, a 3 heures, en mer sans quon ait encore peu scavoir quels estoient les navires qui combattoient, ny qui a eu l'advantage. | |
Londen den 26 Julij 1652.Met brieven uyt Edinborch van den 10/20 deser hebben wij advis, dat den Adml Blaecke met sijn vloote, doen ter tijt omtrent de hoochte van Aberdene, door den stercken noorden wint gelijcksaem als gearresteert ende sijnen voorgenomenen cours te vervolgen belet was. 't Schip de Lauwrier van den voorn̄ Adml, op conschap uytgesonden sijnde, was met 2 oorloch-, 2 coopvaerdijschepen ende 6 haringbuysen bij de vloote aengecomen. Onse Adml, om te betoonen dat hij de soldaten, matrosen off bootsvolck geen quaet te doen int sin hadde, heeft alle het volck dadelijck in de buysen doen gaen ende in vrede naer huys keeren laten. Men is alhier ten hoochsten verwondert, dat gansch geen gewach van den Adml Tromp gemaeckt wort, dan alleen dat deselve voor eenige dagen sijne vloote in verscheyde esquadrons verdeelt hadde, mette welcke hij in Duyns gecomen, grooten schrick aldaer causerende, maer sonder onse schepen t'attacqueren wederom vertrocken was, ende sijnen cours naer 't Noorden gewent hadde. Men seyt, het Parlement ordre gegeven heeft, dat eenige forten langs de strant souden opgebouwt ende met canon versien worden; laten mede alle bequame schepen ten oorloch uytrusten om de vloote te verstercken. Het Parlement heeft mede geresolveert een verbodt te publiceren, belastende dat geene schepen, van wat natuyr die oock sijn, in den tijt van drie maenden sullen mogen uytloopen, twelck veroorsaecken sall, datt de coopluyden hare goederen weder uytladen, doch het volck met de schepen tot dienste | |
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van het Lant, indien men se armeren kan, over laten sullen. Het Parlement heeft mede een manifest, deducerende de oorsaecke van dese rupture, doen publiceren, van het welcke men apparentel. het translaet haest over zee sien sall. Sij seggen onder anderen totten oorloge met de heeren Staten gedwongen te sijn, dewelcke sij echter noch niet verclaert hebben, niettegenstaende geseyt wort sulcx in de Nederlanden al geschiet te sijn, ende dat haer Ho. Mo. alreede veele brieven van represalien uytgedeelt hebben. Toecomende weecke, meynt men, dat alle de opgebrachte prijsen voor goeden buyt sullen verclaert, de goederen ende schepen vercocht werden. Ondertussen wort voor seecker geseyt, dat den Deenschen Ambr sich der mediatie tusschen beyde Repen met ernst is aennemende, ende dat men hun alhier passelijck gehoor geeft. Den heer de Gentillot, Deputeerde van den Coninck in Vranckrijck, bevindt sich wederom alhier, maer connende geen brieven van credentie toonen, is belast dese landen in den tijt van drie dagen te ruymen.Ga naar voetnoot1) |
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