Het Belfort. Jaargang 8
(1893)– [tijdschrift] Belfort, Het– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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Onuitgegeven Fransche aanspraken van Jan David.Dank aan den eerweerden heer Jan Bols zijn wil in het bezit van de handschriften van eene reeks FranscheGa naar voetnoot(1) aanspraken, omtrent 60 jaar geleden door David uitgesproken als bestierder van het college van Pitzemburg te Mechelen. | |
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Ten titel van document achten wij het niet onaardig en zonder belang er een van over te drukken in het Belfort, en vindt men er genoegen bij, dan geven wij later insgelijks de andere. Te dezer gelegenheid zal het ongetwijfeld aan de lezers ook aangenaam zijn, als inleiding aan deze redevoeringen, hier eenige min gekende bijzonderheden nog te vernemen uit 't mans verdienstelijk levenGa naar voetnoot(1).
J. David werd in 1801 te Lier geboren; in 1820 trad hij in 't Groot Seminarie; op het einde van 1821 werd hij tot onder-regent benoemd van het Athenoeum van Antwerpen, en vervolgens in September 1822 tot leeraar van groote figuur aan het Klein Seminarie van Mechelen. Daar verbleef hij tot het jaar 1825, wanneer het gesticht gewelddadig gesloten werd. Ondertusschen, den 20 Augustus 1823, was hij priester gewijd door den prins-aartsbisschop de Méan. Eens het Klein Seminarie gesloten, was David van zijn ambt ontslagen en volkomen vrij; doch wat baatte hem de vrijheid, als de openbare oefening van zijnen godsdienst belemmerd of van de noodige bescherming verstoken bleef! De opgedrongen rust werd hem een tijd van zonderlinge werkzaamheid... Het was alsdan, dat in Mechelen eene vereeniging ontstond van ieverige en geleerde priesters, die voor doelwit had ontbrekende godsdienstige werken aan het Vlaamsche volk te bezorgen... De vereeniging werd ingericht onder de bescherming van den toenmaligen plebaan der O.-L.-Vr. kerk van Antwerpen, later Mgr Sterckx, aartsbisschop van België en primaat van België, en telde onder hare leden kanonik Jan van Gils en de eerw. heeren Willem Huysmans (pastoor van S. Pieterskerk, te Mechelen, overleden in 1863), Gabriël Hermans (oud-leeraar van 't Klein Seminarie, vervolgens pastoor te Leest, overleden in 1854), doch inzonlijk J. David en zijnen onafscheidbaren vriend P.-F.-X de | |
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Ram, die op twintigjarigen ouderdom zijn medeleeraar aan het Klein Seminarie geworden wasGa naar voetnoot(1). Na tijdverloop van drij onstuimige jaren besloeg de Bibliotheek der verspreiding van goede boeken niet min dan drij en dertig deelen (Mechelen, 1826-1829)... Ondertusschen hadden de herhaalde klachten der geestelijkheid en meer dreigende voorteekens - te laat, eilaas! - eenigszins de oogen opgeklaard van Koning Willem I; en den 1 Mei 1830 mochten de geestelijke scholen heropend worden en professor David zijne lessen hernemen in het Klein Seminarie. Nu echter werd hij met het onderwijs der rhetorika belast. Korten tijd nadien was het stedelijk college van Mechelen tot een zoo volkomen verval geraakt, dat de regentie dier stad de noodwendigheid gevoelde van het in 1831 onder toezicht van het aartsbisdom te plaatsen, wat ook gebeurde. Van dit oogenblik tot het jaar 1836 bleef de eerw. David aangesteld als Bestierder van het college van Pitsemburg, en hij kon op korten tijd het vervallend gesticht op eene hoogte brengen, die later door weinig instellingen van onderwijs bereikt werd. Hier volgt nu eene der redevoeringen, aldaar ter gelegenheid eener prijsuitdeeling door David uitgesproken:
Messieurs,
En prenant aujourd'hui la parole, je n'ai d'autre but que de stimuler l'ardeur de mes chers élèves et de les engager à parcourir courageusement et jusqu'au bout la carrière littéraire dans laquelle un grand nombre d'entr'eux se sont signalés par les succès les plus brillants. Je n'ai pas, il est vrai, attendu jusqu'à ce jour pour exciter dans mes élèves le zèle et l'assiduité; pendant tout le cours de l'année, je n'ai cessé de leur donner tout ce que mon devoir et mon amour pour eux, ont pu m'inspirer de bons conseils et de paroles d'encouragement; mais pourrois-je laisser passer cette occasion solennelle, où tout ce qui les entoure | |
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est propre à graver profondément dans leurs coeurs les avis qui sortent du fond du mien? En effet à la vue de ces nobles marques qui vont devenir la récompense du travail; en présence de ces dignes magistrats qui prennent tant d'intérêt à la prospérité de notre établissement, de ces professeurs instruits et infatigables qui trouvent dans les succès de leurs disciples leur plus douce récompense; en présence de ces parens dont le coeur palpite de joie dans l'attente des couronnes qui vont orner les fronts de leurs enfants bien aimés, de ces nombreux amis qui prennent une part si vive au triomphe de leurs jeunes concitoyens, quel est le jeune homme, au milieu de tout cela, qui pourroit rester sourd à la voix qui lui crie sans cesse de mettre à profit les beaux jours de la jeunesse pour acquérir par le zèle et le travail les connoissances qui doivent lui mériter des distinctions si honorables? Quel est celui qui, en ce moment, ne se sente enflammé d'une noble émulation pour remporter dans la suite de nouvelles victoires, ou pour disputer, par des efforts soutenus, la palme à ses concurrents? Car voilà, mes chers élèves, le premier fruit de vos études, ces médailles d'honneur qui vont orner la poitrine des premiers d'entre vous, comme les trophées d'une innocente victoire. Ces productions littéraires qui vont récompenser leur zèle et par dessus tout les applaudissements de cette assemblée qui prend part à votre gloire et qui conservera un éternel souvenir de vos succès, ah! vous voilà sans doute amplement dédommagés des peines que vous avez dû vous donner pour devancer les autres, voilà sans doute de quoi racheter ces heures d'études que votre âge auroit préféré employer au jeu et aux divertissements. Mais ce fruit, quoique déjà si doux, si précieux, n'est pas le seul, ce n'est que le commencement et le moins considérable des fruits que vous retirerez de vos études, car la science ne doit pas seulement vous mériter des honneurs en des jours de solennité, elle doit faire l'ornement et concourir au bonheur de votre vie toute entière. Les lettres, dit Cicéron, nourrissent la jeunesse, charment nos vieux ans; elles servent d'ornement au bonheur, d'asile et de consolation à l'adversité; elles récréent sous le toit domestique, et n'embarrassent point au dehors; elles veillent avez nous; en voyage, à la campagne, elles se retrouvent avez nous. Voilà l'éclatant témoignage que l'orateur romain rend en faveur des belles lettres, qu'il cultivoit avec tant de succès; et ce qu'il en dit s'applique également aux autres sciences qui font l'objet de vos études, telle que l'histoire, la géographie, les mathématiques. L'agrément et l'utilité en sont également incontestables, et quel est l'homme, pour peu qu'il soit initié à ces connoissances, qui n'éprouve pas tous les jours le fruit qu'il en retire? Quelle que soit la carrière dans laquelle il est engagé, non seulement la science ne pèse pas, mais elle lui procure une foule d'avantages dont | |
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celui qui ne l'a pas cultivée dans sa jeunesse reste à jamais privé. Je conviens, mes chers élèves, qu'il vous en coûte des efforts, que vous avez même des dégoûts à surmonter, et à faire de grands sacrifices pour vous livrer au travail avec toute l'assiduité qu'exigent les études sérieuses auxquelles vous vous appliquez; j'avoue qu'à votre âge, où l'homme aime à se répandre au dehors, où tout vous invite au jeu et au plaisir, vous avez à subir beaucoup de contrainte pour vous concentrer au dedans de vous mêmes et fixer votre esprit sur des objets qui demandent son attention toute entière; mais outre qu'on vous accorde et même avec largesse des heures de délassement et de récréation, où mettant de côté vos occupations sérieuses, vous pouvez vous livrer aux divertissements qui sont propres à votre âge, est-ce trop, je vous le demande, est-ce trop payer une vie entière de jouissance par quelques années de travail? La jeunesse est la saison des semailles; le tems de la moisson, ce sont toutes les années qui suivront, et les fruits que vous recueillerez ne s'épuiseront jamais. Ces considérations ne suffisent-elles pas pour vous enflammer tous d'une noble ardeur pour l'étude, et pour vous exciter à vous lancer de nouveau avec un surcroît d'émulation dans la carrière des sciences, après les jours de repos dont vous allez jouir? Vous ne sauriez être tous vainqueurs aujourd'hui; mais parmi les vaincus, le nombre n'est pas petit de ceux qui ont suivi de bien près tels de leurs condisciples qui sont maintenant victorieux. Vous pouvez donc tous ou presque tous prétendre aux honneurs qui sont aujourd'hui le partage de ceux qui ont remporté la palme. Ils auront par la suite à combattre avec courage pour se maintenir à la hauteur où les a placés leur zèle, et pour s'élever plus haut encore; les autres cédant aux aiguillons d'une noble émulation, tacheront par des efforts soutenus de les atteindre, et s'il est possible de les surpasser; mais tous rivaliseront de zèle pour parvenir au but des études, je veux dire pour s'enrichir des connoissances qui doivent faire l'ornement et le charme de leur vie. Mais je ne vous aurais pas dit, mes chers élèves, tout ce que mon coeur et mon devoir m'inspire pour votre bien-être, si, en vous engageant à cultiver avec ardeur les lettres et les sciences, je ne vous exhortois en même tems à pratiquer la vertu avec non moins de zèle. Sans elle on peut bien être savant, mais on ne sauroit être heureux. La vertu est comme le sel de la science, elle doit empêcher celle-ci de se corrompre. La science en effet est une arme à deux tranchants: l'homme vertueux s'en sert pour défendre la vérité et la justice; tandis que chez l'homme méchant elle ne sert qu'à propager l'erreur avec plus de succès et à faire souvent le mal impunément. J'ajouterai même que de tous les êtres celui que je crains le plus, c'est l'homme aux grandes | |
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connoissances mais qui ne possède pas la vertu. Si donc vous voulez être heureux et vivre en même tems pour le bonheur de vos semblables; si vous voulez devenir un jour des citoyens utiles â notre chère et belle patrie, ne séparez jamais ces deux choses qui vont si bien ensemble et qui se prêtent mutuellement un si ferme appui, la science et la vertu. C'est alors que dans les différentes carrières qui s'ouvriront devant vous, aimés de Dieu et des hommes, vous opérerez votre félicité ici-bas et préparerez celle infiniment plus grande qui vous attend dans l'autre vie. C'est alors que vos concitoyens, témoins aujourd'hui de vos triomphes, se rappelleront avec plaisir ces premiers succès, et voyant que vous aurez réalisé les belles espérances qu'ils ont conçues de vous, ils vous feront trouver dans l'estime générale la digne récompense des travaux de votre jeunesse. |
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