Annexe à l'édition de Béatrice
(1902)–Anoniem Beatrijs– Auteursrecht onbekend
[pagina I]
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[Beatrice]
Ga naar margenoot+Peu de profit me laisse la poésie:
Les gens me conseillent de l'abandonner,
Et de n'y point dépenser mon esprit;
Mais pour la vertu de Celle,
Qui, mère, resta vierge,
J'ai entrepris le récit d'un beau miracle
Que Dieu, sans nul doute, fit
En l'honneur de Marie, qui l'allaita.
Je veux, à propos d'une religieuse, commencer
Un poème. Que Dieu me permette
De bien le réussir à point
Et de le mener, à bonne fin,
Entièrement selon la vérité,
Ainsi que me le conta frère Gisbert,
Un moine de l'ordre de St-Guillaume,
Qui le trouva dans ses livres;
C'était un homme d'un grand âge.
La religieuse dont je vous raconte,
Etait courtoise et de façns délicates.
On n'en trouve plus aujourd'hui
Qui lui ressemble, je pense,
De manières et de figure.
Faire l'éloge de son corps
Et de sa beauté en particulier,
Ga naar margenoot+Voilà une chose qui ne serait pas bonne.
Je veux vous dire quelle était la fonction
Qu'elle remplit pendant longtemps
Au couvent où elle portait l'habit:
Sacristine elle y était.
Je vous le dis, en vérité,
Elle n'était lente ni paresseuse,
Ni de nuit ni de jour;
Elle était leste à son ouvrage:
Elle avait l'habitude de sonner à l'église,
Elle apprêtait le luminaire et les ornements
Et réveillait tout le couvent.
Ga naar margenoot+Cette damoiselle n'était pas exempte
D'amour, qui produit souvent
Grandes merveilles sur terre;
Parfois il en vient déshonneur,
Misère, colère, mauvaise humeur;
Parfois joie et bonheur.
L'amour rend le sage si sot,
Qu'il y trouve sa perte
Bon gré, mal gré.
Il subjugue tel autre, qui ne sait
S'il doit parler ou se taire
Pour se voir récompenser.
Maint autre il foula aux pieds
Qui ne put se relever que lorsqu'il plut à l'amour.
L'amour rend tel gènéreux
Qui tiendrait plus voluntiers ses dons,
S'il ne les fit par le conseil de l'amour.
On trouve encore des gens si constants
Qu'ils mettent en commun, tout ce que
L'amour donne, que grande ou minime soit la chose:
Richesse, joie, deuil.
Un pareil amour, je l'appelle fidèle.
Je ne saurais vous dire,
Ga naar margenoot+Que de bonheur et de malheur
Découle du ruisseau d'amour.
Voilà pourquoi on ne peut en vouloir
A la religieuse qui ne sut échapper
A lámour qui la tint captive,
Car le diable désire toujours
Temer l'homme et ne cesse de le faire;
Jour et nuit, soir et matin,
Il y employe sa puissance.
Par méchantes ruses, ainsi qu'il s'y connaît,
Il tenta du péché charnel
La religieuse, qui pensa en mourir.
Elle priait Dieu et le suppliait,
Qu'il la consolât par sa bonté grande.
Elle dit: ‘Je suis si chargée
D'un fort amour, et si blessée,
Il le sait, Celui qui sait tout
Et à qui riep n'est caché,
Que la faiblesse me fera défaillir.
Je dois mener une autre vie,
Je dois quitter cet habit.’
Ga naar margenoot+Maintenant oyez ce qui arriva;
Elle envoya quérir le jouvenceau
Pour lequel elle éprouvait grand amour,
Par une lettre carressante,
Qu'il vînt de suite auprès d'elle,
Il y dépendait de son intérêt.
Le messager rejoignit le jeune homme,
Celui-ci prit et lut la lettre
Que son amie lui envoyait.
Joyeux fut-il alors en son âme!
Il se hâta de s'y rendre.
Depuis l'^age de douze ans
L'amour subjuguait ces deux êtres
Qui en souffrirent maintes peines.
Ga naar margenoot+Il chevaucha sitôt qu'il pût
Vers le couvent, où il la chercha.
Il alla s'asseoir devant la petite fenêtre.
Et eut bien voulu, si faire se pouvait,
Voir et causer à son amie.
Elle ne se fit point longtemps attendre,
Elle vint et voulut s'approcher de lui
A la fenêtre, que des barres de fer
Tressaient en long et en large.
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[pagina II]
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Maintes fois ils soupirèrent,
Tandis, que lui était à l'extérieur et elle à l'intèrieur,
Tous deux chargés d'un si fort amour
Ils restèrent ainsi un long moment,
Je ne saurais le dire
Combien de fois elle changea de teint.
‘Hélas, dit-elle, hélas,
Bien-aimé, j'ai tant de peine,
Dites moi quelques paroles
Qui me réconfortent le coeur.
Je suis celle qui désire consolation de toi.
Le dard de l'amour me perce le coeur
Et j'en souffre grande douleur
Je ne puis plus jamais me réjouir,
Bien-aimé, aussi longtemps que vous ne m'ayez délivrée!’
Ga naar margenoot+Il répondit de tout coeur:
‘Vous savez bien, chère amie,
Que nous avons porté longtemps le poids
De l'amour; pendant toute notre vie
Nous n'avions jamais de repos
Que nous ne nous fussions embrassés.
Dame Vénus, la déesse
Qui nous mit cela dans le coeur,
Sera damnée paf Dieu notre Seignenr,
D'avoir fait dessécher et mourir
Deux si belles fleurs.
Si je pouvais obtenir de vous
Que vous voulie? déposer l'habit
Et me dire une heure certaine,
Quand je pourrais vous faire sortir d'ici,
Je viendrais au galop et préparerais
De bons habits de laine précieuse
Et les ferais doubler de fourrures:
Manteau, robe et surcoute.
Je ne vous abandonnerais en aucune détresse,
Avec vous je veux m'aventurer,
Bien-aimée, en bonne et mauvaise fortune:
Prenez en gage ma fidélité.’
‘Ami chéri, dit la jeune fille,
Ga naar margenoot+Je veux bien l'accepter de vous,
Et aller avec vous si loin
Que personne ne sache en ce couvent
Vers où nous nous sommes dirigés.
Dès ce soir après huit heurss de la nuit,
Venez et m'attendez
Là, dehors, dans le verger,
Sous un églantier.
Attendez-moi là, je sortirai
Et veux être votre fiancée,
Pour aller où vous voudrez;
Et à moins qu'une maladie ne m'accable
Ou des choses qui me soient trop lourdes,
Je viendrai là assurément,
Et je désire ardemment de vous
Que vous y veniez, cher jeune homme.’
Ga naar margenoot+Ils se promirent cela l'un à l'autre
Il prit congé et se rendit.
Là où son cheval se trouvait sellé,
Il l'enfourcha en hâte,
Et s'éloigna au trot
Vers la ville, à travers champs.
Il n'oublia pas son amie.
Le lendemain il parcourut la ville,
Et acheta étoffes bleu es et écarlates
Pour en faire confectionner
Amples manteau et chaperon,
Robe et surcoute,
Bien fourrés, comme il convient.
Personne ne vit meilleure fourrure
Portée sous des habits de femme.
Tous ceux qui la virent en firent louange:
Couteau, ceinture, et aumonière,
Il lui acheta, bons et chers;
Ainsi que coiffes et anneaux d'or,
Et maintes choses de prix.
Il faisait rechercher toutes les choses précieuses
Dont une fiancée pouvait avoir besoin.
Il prit avec lui cinq cents livres,
Ga naar margenoot+Et sortit le soir,
Secrètement, de la ville.
Toutes ces belles choses, les portait avec lui
Bien chargées sur son cheval,
Et se rendit ainsi vers le couvent,
A l'endroit indiqué, dans le verger
Sous un églantier.
Il alla s'asseoir sur l'herbe
Jusqu'à ce que son amie sortirait.
Ga naar margenoot+Je cesse ici de parler de lui,
Et vous parlerai maintenant de la belle mignonne.
A minuit elle sonna matines,
L'amour lui faisait grande peine.
Quand matines furent chantées
Par les vieilles et les jeunes
Qui se trouvaient au couvent,
Et qu'elles turent retournées
Au dortoir toutes ensemble,
Elle resta toute seule dans le choeur
Et dit ses prières,
Ainsi qu'auparavant elle fit souventes fois
Elle s'agenouilla devant l'autel
Et dit avec grande peur:
‘Marie, mère, doux nom,
Maintenant mon corps ne peut
Elle ôta sa coiffe
Et la mit sur l'autel de Notre Dame.
Alors elle ôta ses souliers.
Ecoutez maintenant ce qu'elle fera.
Les clefs de la sacristie,
Les pendit devant l'image de Marie,
Et je vous le dis en vérité
Pourquoi elle les pendit l`a:
Pour qu'à la première heure, si on les cherchait
On puisse mieux les trouver là.
Il n'est que juste, qu'en tout temps
Celui qui passe devant l'image de Marie,
Dirige les regards vers elle,
Ga naar margenoot+Et dise Ave, avant de passer.
Ave Marie; voilà pourquoi elle pensa
A pendre là les clefs.
Ga naar margenoot+Maintenant elle partit de là forcément
Toute nue avec une simple cotte,
Vers une pofte connue,
Qu'elle ouvrit habilement,
Et sortit en secret,
Doucement sans bruit.
Elle arriva en frayeur dans le verger.
Le jeune homme l'aperçut
Et dit ‘Chère, ne vous effrayez pas,
C'est votre ami, que vous voyez ici.’
Lorsqu'ils furent tous deux ensemble,
Elle exprima sa honte
Parce qu'elle se trouvait en cotte,
Nu tête et nu pieds.
Alors il dit: ‘Beau corps
Mieux vous conviendraient
De beaux habits et bons vêtements,
Ne m'en veuillez pas,
Je vous les donnerai à l'ipstaut.’
Alors ils se rendirent sous l'églantier
Et tout ce dont elle avait besoin
Il lui donna en quantité suffisante.
Il lui donna deux paires d'habits:
Ce fut le bleu qu'elle mit là
Ga naar margenoot+Bien fait et seyant bien.
Il lui sourit amicalement
Et dit: ‘Bien-aimée ce bleu du ciel
Vous siéd mieux que le gris.’
Elle mit deux bas
Et deux souliers de cuir
Qui lui allaient beau coup mieux
Que des sandales.
Il lui donna à ce moment
Des coiffes de soie blanche
Qu'elle posa sur la tête.
Alors de jeune homme la baisa
Amoureusement sur la bouche;
Il lui semblait, lorsqu'elle se trouvait devat lui,
Que le jour s'éclaircissait.
En hâte il se rendit près de son cheval
Et la mit devant lui en selle.
Ainsi ils partirent ensemble,
Si loin, que le jour commaençait à poindre.
Et qu'ils ne se virent suivis de personne.
Quand la lumière se fit à l'orient
Elle dit: ‘Dieu, consolation du monde
Doit nous proteger maintenant,
Je vois poindre le jour!
Si je n'étais sortie avec vous
Ga naar margenoot+J'aurais sonné l'heure prime,
Comme j'avais coutume de faire autrefois
Dans le cloître religieux.
Je crains que je regretterai ce voyage,
Le monde tient à si peu de fidèlité,
Quoique je m'y sois vouée,
Il ressemble au m auvais marchand
Qui vend des anneaux d'or faux
Pour des anneaux d'or fin.’
Ga naar margenoot+Hélas, que dites vous, candide,
Si jamais je vous abandonne
Que Dieu me punisse!
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[pagina IV]
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N'importe où nous nous dirigerons
Je ne me séparerai de vous en aucune misère,
Si la mort amère ne nous sépare,
Comment pouvez vous douter de moi?
Vous n'avez pas vu de moi
Que je sois méchant ou faux
Depuis que je vous ai choisie
Je n'aurais pu aimer
Une impératrice;
Même si j'étais digne d'elle
Bien-aimée, je ne vous quitterais pas pour elle,
De cela soyez certaine.
Je porte avec nous
Cinq cents livres d'argent blanc bien choisi,
De cela, bien-aimée vous serez la maîtresse.
Même si nous voyageons en pays étrangers
Nous ne devrons rien mettre en gage
D'ici sept ans.’
Ainsi leurs pas les conduisirent
Le roann près d'une forêt.
Les oiseaux y faisaient fête
Ga naar margenoot+Ils faisaient si grand ramage
Qu'on l'entendait partout:
Chacun chantait selon sa nature.
De belles fleurs se trouvaient
Epanouies sur le champ vert,
Elles étaient belles et d'un doux parfum.
L'air était clair et beau.
Il s'y trouvait beaucoup d'arbres,
Richement garnis de verdure.
Le jeune homme regardait la chaste fille
Qu'il aimait avec constance;
Il dit: ‘Bien-aimée, si cela vous convenait
Nous descendrions de cheval et cueillerions des fleurs;
Il me semble qu'il fait beau ici,
Jouons au jeu d'amour.’
‘Que dites vous, répondit-elle, rustre.
Voudriez-vous que je descende sur ce champs
Comme une femme qui gagne de l'argent
Honteusement avec son corps,
Certainement j'aurais peu de pudeur!
Cela ne vous serait pas arrivé
Si vous n'étiez d'une nature brutale.
Je puis en faire triste réflexion.
La haine de Dieu échoit à celui qui la cherche,
Ne tenez plus ce langage
Ga naar margenoot+Et écoutez les oiseaux dans la vallée
Comme ils chantent et se réjouissent;
Le temps vous chagrinera moins.
Quand je serai près de vous toute nue
Sur un lit bien fait,
Fakes alors tout ce que vous désirez
Et ce qui plait à votre coeur;
J'ai la colère dans mon coeur,
Que vous m'ayez proposé cela aujour'dhui.’
Ga naar margenoot+Il dit: ‘Bien-aimée, ne vous fâchez pas,
C'est Venus qui m'a conseillé.
Que Dieu me donne honte et mal,
Si je vous en parle encore.’
Elle dit: ‘Je voos le pardonne,
Vous êtes ma consolation au-dessus de tous les hommes
Qui vivent sous Je ciel.
Même si le bel Absalon vivait
Et que je fusse certaine de vivre mille ans
Dans l'opulence et le repos,
Je ne goûterais pas à ce bonheur;
Bien-aimé, je vous ai choisi,
On ne pourra jamais me reprocher
Que je pourrais vous oublier;
Si j'étais assise au ciel
Et vous ici sur terre,
Je viendrais certainement vers vous.
Hélas que Dieu ne me punisse pas
D'lavoir parlé si follement,
La moindre joie au ciel
N'est égalée ici par aucune joie;
La moindre joie y est si parfaite
Ga naar margenoot+Que l'âme n'y désire
Que d'aimen Dieu éternellement.
Toute chose terrestre est misère,
Elle ne vaut pas un fêtu
En comparaison de la moindre chose qui est là.
Ceux qui souffrent dans ce but sont sages:
Alors que moi je me jette dans l'erreur
Et me rende à de grands péchés,
Par votre faute, cher jouvenceau.’
Ga naar margenoot+Ainsi ils devisèrent.
Ils chevauchèrent par monts et par vaux.
Je ne saurais bien vous dire
Ce qui se passa entre eux.
Ils continuèrent ainsi
Jusqu'à ce qu'ils arrivèrent dans une ville,
Très bien située en une vallée.
Ils s'y plurent si bien,
Qu'ils y demeurèrent sept ans,
Et y menèrent une vie opulente,
Avec force jouissances corporelles,
Et eurent deux enfants ensemble.
Après sept ans
Lorsque les deniers furent dépensés
Ils durent vivre des gages,
Qu'ils avaient rapportés du pays.
Habits, belles choses, chevaux,
Furent vendus à moitié prix,
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Et bien vite dépensés.
Alors ils ne surent de quoi vivre;
Elle ne savait pas filer une quenouille,
De quoi gagner quelque chose.
Les temps se firent durs dans le pays
Pour la nourriture, le vin et la bière
Ga naar margenoot+Et pour tout ce qu'on pouvait manger.
Aussi ils devinrent tristes
Et eussent préféré mourir
Que de mendier du pain.
La misère les sépara
Bien que ce fut à contre coeur.
A l'homme la fidélité fit défaut d'abord;
Il la laissa en grande tristesse.
Et retouma dans son pays.
Elle ne le revit plus jamais depuis.
Avec elle restèrent là bas
Deux enfants extrêmement beaux.
Ga naar margenoot+Elle dit: ‘Il m'est arrivé
Ce que je redoutais, tôt ou tard.
Je suis restée en grandes souffrances:
Celui-là m'a quitté
Auquel je m'étais abandonné en confiance.
Marie, Dame, même si c'est par votre volonté,
Priez pour moi et pour mes enfants,
Que nous ne mourions pas de faim.
Que dois-je faire, misérable femme?
Je dois souiller et mon corps et mon âme
De péchés;
Dame, Marie, venez me en aide.
Même si je savais filer une quenouille
Je ne saurais y gagner
Un pain dans l'espace de deux semaines.
Je dois aller, par nécessité,
Hors la ville, sar les champs
Gagner quelqu'argent avec mon corps
Pour en acheter de la nourriture.
Je ne puis en aucune façon
Abandonner mes enfants.’
Ainsi elle se jeta dans une vie de péchés;
Car on nousudit en vérité
Ga naar margenoot+Que pendant sept longues années,
Elle fut au monde une femme commune,
Et reçut maints péchés,
Qui lui étaient bien désagréables,
Qu'elle commettait avec son corps,
Et dont elle avait peu de plaisir
Quoiqu-elle le fit pour pauvre gain,
Pour cntretenir ses enfants.
A quoi bon tout raconter.
Les honteux et lourds péchés
Dans lesquels elle fut quatorze ans?
Mais jamais elle négligea
Fut-elle en peine ou chagrin,
De prier tous les jours fidèlement
Les sept heures de Ja Sainte Vierge;
Elle les priait en louange et honneur,
Pourqu'Elle la convertisse
Des péchés,
Dont elle était chargée
Depuis quatorze ans.
Je vous le dis en vérité,
Elle fut sept ans avec l'homme
Dont elle eut deux enfants,
Qui la laissa dans la misère,
Ga naar margenoot+Dont elle souffrit grand malheur.
Vous connaissez les premières sept années
Écoutez comment elle continua de vivre.
Ga naar margenoot+Lorsque les quatorze ans furent passés
Dieu lui envoya brusquement dans le coeur
Repentir si grand
Qu'elle se serait laissé trancher la tête
Au moyen d'un glaive tout nu,
Plutôt que de faire encore péché
De son corps, comme elle en avait coutume.
Elle pleurait nuit et jour
Tant que ses yeux étaient rarement secs;
Elle dit: ‘Marie qui allaita Dieu,
Fontaine bénie entre toutes les femmes,
Ne me laissez pas dans la détresse!
Dame, je vous prends à témoin,
Que je me repens de mes péchés
Et qu'ils me font grande peine,
Il en est tant, que je ne sais pas
Où je les commis, ni avec qui.
Hélas, qu'adviendra-t-il de moi!
Je puis bien m'apprêter pour le jugement
(Les yeux de Dieu voient dans tout ce qui est caché),
Car tous les péchés apparaîtront
Tant du pauvre que du riche
Et rout méfait sera puni
Ga naar margenoot+Dont il ne fut fait confession
Et pénitence.
Je le sais bien, sans aucun doute,
Aussi suis-je en grande crainte.
Même si je portais tous les jours le cilice
Et que je rampe de pays en pays
Sur les pieds et sur les mains,
En rude robe de laine, pieds nus, sans souliers,
Encore ne pourrais-je faire
Que je sois exempte de péchés,
A moins, que vous, Dame Marie, ne me consoliez!
Source de toutes les vertus
Vous avez réjoui le coeur de maint homme,
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Ainsi qu'il arriva à Théophile;
Il était un des plus mauvais pécheurs
Et avait donné au diable
Son âme et sa vie,
Et était devenu son serviteur;
Dame vous l'avez sauvé cependant.
Si je suis une pécheresse
Et une malheureuse inconsolée,
Quelle que fût ma vie,
Dame, souvenez-vous que j'ai prié
En votre honneur, une prière.
Soyez pour moi compatissante,
Ga naar margenoot+Je suis une attristée
Qui a besoin de votre secours,
De ceci je puis me prévaloir,
Que jamais ne resta sans aide
Celui qui vous salua, noble Vierge,
Chaque jour d'un Ave Marie,
Ceux qui aiment de dire votre prière
Peuvent être bien certains
Qu'ils en retireront avantage;
Dame, cela vous est si agréable.
Fiancée choisie de Dieu
Votre Fils vous envoya une salutation
A Nazareth, où il vous chercha,
Et vous apporta une annonciation
Telle que jamais d'un messager on n'en entendit;
Voilà pourquoi sans doute
Ces paroles vous sont agréables,
Et que vous êtes reconnaissante
A ceux qui par ces termes, s'adressent à vous.
Fût-il esclave des péchés
Vous obtiendriez pour lui le pardon
Et le feriez acquitter par votre Fils.’
Ainsi priait et se lamentait
Chaque jour, la pécheresse.
Elle prit un enfant à chaque main
Ga naar margenoot+Et avec eux parcourot le pays,
Dans la misère, de ville en ville,
Et vécut de mendicité.
Elle erra longtemps dans le pays
Jusqu'à ce qu'elle retrouvât le couvent
Où elle avait été religieuse;
Et arriva le soir après le coucher da soleil,
Très tard, dans la maison d'une veuve.
Elle demanda que par pitié on la loge,
Pour qu'elle puisse y passer la nuit.
‘Je pourrais difficilement vous renvoyer,
Dit la femme, avec vos petits enfants;
Il me semble qu'ils sont fatigués.
Asseyez-vous, reposez-vous,
Je partagerai avec vous
Ce que le Seigneur nous donne,
Par la grâce de sa chère Mère.’
Donc elle resta avec ses enfants
Et aurait bien voulu savoir
Ce qui se passait au couvent.
‘Dites-moi, dit-elle, bonne femme
Est-ce un couvent de demoiselles?’
‘Oui, dit-elle, par ma foi
Il est superbe et riche.
On ne connait nulle part son pareil.
Ga naar margenoot+Des religieuses qui y portent l'habit
Je n'entendis jamais parler,
D'elles aucun bruit,
Qu'elles eussent mérité un blâme.’
Ga naar margenoot+Celle qui était assise près de ses enfants
Dit: ‘Comment dites-vous cela?
J'entendis ces dernières semaines
Beaucoup parler d'une religieuse:
Si j'ai bien compris
Elle était ici sacristine,
Celui qui me l'a dit ne mentait pas:
Il y a quatorze ans
Qp'elle s'évada du couvent,
On ne sut jamais où elle se rendit
Ou dans quel pays elle mourut.’
Alors la veuve se fâcha
Et dit: ‘Vons me croyez folle;
Vous cesserez ce langage
Et ne parlerez pas ainsi de la sacristine,
Sinon vous ne resterez céans.
Elle a été sacristine ici
Depuis quatorze ans
Et jamais on ne put se passer d'elle
Un instant pendant toute cette période.
A moins qu'elle ne fut malade,
Il serait pis qu'un chien
Celui qui en dirait autre chose que du bien;
Elle porte l'âme la plus pure
Ga naar margenoot+Que jamais religieuse put porter.
Celui qui chercherait dans tous les couvents
Situés entre l'Elbe et la Gironde
N'en trouverait guère, je pense
Qui vive plus religieusemenit.’
Ga naar margenoot+Acelle qui était tombée depuis si longtemps
Ce langage parut un prodige.
Elle dit: ‘Femme apprenez-moi
Comment s'appelaient son père et sa mère.’
Alors elle les nomma tous deux:
Alors elle sut bien que c'était d'elle qu'elle
Ah Dieu, comme elle pleura la nuit,
En secret, devant son lit.
Elle dit: ‘Je n'ai d'autre gage
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Que le grand repentir de mon coeur;
Venez-moi en aide, Vierge Marie,
Je me repens tant de mes péchés
Que si je voyais un four ardent
Tellement embrâsé
Que les flammes lui sortent de la bouche,
J'y entrerais en grande hâte,
Si je pouvais m'y défaire de mes péchés.
Seigneur vous avez horreur du désespoir,
A celà je veux me fier.
Je suis celle qui espère toujours le pardon
Quoique l'angoisse m'étreigne,
Et me jette en grande frayeur.
Ga naar margenoot+Aucun grand pécheur,
Depuis que vous êtes venu sur terre
Et avez pris la forme humaine
Et avez voulu mourir sur la croix,
Ne fut abandonné par vous;
Celui qui par son repentir chercha le pardon
L'a trouvé, même s'il arrivait tard,
Ainsi qu'il apparut clairement
A celui des deux pécheurs,
Qui pendait à votre côté droit.
C'est une chose consolante pour nous
Que vous le reçutes sans reproches.
Vrai repentir surmonte tout.
Je puis m'en rendre compte présentement
Vous avez dit: ‘Ami, tu seras,
Aujourd'hui avec moi dans mon royaume
Je te le dis en vérité.’
Encore, Seigneur, n'était-ce pas publiquement
Que Gisemast, le meurtrier,
Vous demanda enfin pardon:
Il ne vous donna ni or ni trésor,
Rien d'autre que le repentir de ses péchés,
On ne saurait pas plus sonder votre clémence
Qu'on ne pourrait en un jour
Vider la mer
Ga naar margenoot+Et la dessécher jusqu'au fond.
Aussi aucun grand péché,
Seigneur, n'a dépassé votre pardon.
Comment serais-je alors éloignée
De votre miséricorde,
Quand je me repens tant de mes péchés?’
Ga naar margenoot+Comme elle disait cette prière
Une somnolence envahit tous ses membres
Et elle tomba dans un doux sommeil.
Il lui semblait qu'en une vision
Une voix lui eriait
Tandis qu'elle était couchée endermie:
‘Femme, tu as si longtemps gémi
Que Marie a pitié de toi;
Car elle t'a attendu.
Va au couvent en hâte
Tu trouveras les portes grand ouvertes
Par où tu sortis en même temps
Que ton amoureux, le jeune homme,
Qui te quitta dans la misère.
Tous tes habits tu retrouveras.
Etendus sur l'autel:
Coiffe, chape et souliers;
Tu peux les mettre sans crainte,
De cela sois hautement reconnaissante à Marie.
Les clefs de la sacristie
Que tu pendis devant l'image
La nuit, lorsque tu sortis,
Elle les a si bien fait garder
Que pendant les quatorze ans
Ga naar margenoot+On n'a jamais soupçonné ton absence,
De sorte que personne n'en a sa quelque chose.
Marie est si bien ton amie,
Qu'elle a toujours servi pour toi
Entièrement comme une autre toi-même,
Voilà ce que la Dame du ciel,
Pécheresse, a fait pour toi.
Elle t'ordonne de rentrer au couvent;
Tu ne trouveras personne sur ton lit.
C'est de la part de Dieu que je te parle.’
Ga naar margenoot+Peu de temps après ceci
Elle se réveilla de son sommeil.
Elle dit: ‘Dieu, Seigneur puissant,
Ne permettez plus jamais au démon
De me jeter en plus grand chagrin
Que je n'ai souffert jusqu'à présent.
Si j'entrais maintenant au couvent
Et qu'on m'y prit pour une voleuse
Je serais encore plus souillée
Que lorsque je quittai autrefois le couvent.
Je vous supplie, bon Dien,
Par votre sang précieux
Qui s'écoula de votre franc,
Si la voix qui m'a parlé
Est venue ici pour mon bien,
Qu'elle ne tarde
A venir encore une fois à moi
Et une troisième fois ouvertement,
Pour que je puisse, sans douter,
Retourner dans mon couvent.
Je veux en bénir
Et toujours louer Marie.’
Ga naar margenoot+Ecoutez, la nuit suivante
Une voix s'approcha d'elle
Qui l'appela et lui dit:
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‘Femme, tu attends trop longtemps
Retourne à ton couvent,
Dieu sera ton consolateur.
Fais ce que Marie t'ordonne,
Je suis son envoyé, n'en doute pas.’
Maintenant elle a entendu une seconde fois
La voix qui est venue à elle
Et lui ordonne de retourner au couvent;
Cependant elle n'osa s'y aventurer.
La troisième nuit elle attend encore
Et dit: ‘Est-ce un esprit d'enfer
Qui m'apparait,
Alors il faut que sous peu disparaisse
La force et la puissance du diable.
Et s'il vient encore ici cette nuit,
Seigneur, rend le si confus
Qu'il sorte de la maison
Qu'il ne puisse me faire du mal.
Marie, venez me en aide,
Vous qui m'envoiez une voix
Et m'ordonnez de me rendre au couvent;
Ga naar margenoot+Je vous en supplie, Dame, par votre enfant,
Veuiliez m'envoyer. la voix une troisième fois.’
Ga naar margenoot+Alors elle veilla la troisième nuit:
Une voix vint par la force de Dieu
Avec une très grande clarté
Et dit: ‘Tu as tort
De ne pas faire ce que je t'ordonne
Car c'est Marie qui, par moi, t'invite.
Tu pourrais attendre trop longtemps,
Va au couvent sans hésitation,
Tu trouveras les portes large ouvertes,
Tu peux aller où tu voudras
Ton habit tu retrouveras
Étendu sur l'autel,’
Lorsque la voix eut dit ceci
La pécheresse qui était couchée
Put voir de ses yeux la clarté.
Elle dit: ‘Maintenant je ne puis douter,
Cette voix vient de Dieu,
Et est le messager de la Vierge Marie,
Je le sais maintenant avec certitude;
Elle vient avec une belle lumière.
Je ne veux plus m'en abstenir:
Je veux me rendre au couvent
Je le ferai aussi de bonne foi
Ga naar margenoot+Me fiant à notre Dame,
Et veux recommander mes deux enfants
A Dieu notre Père.
Il les protégera bien.’
Alors elle óta sans tarder
Ses effers, et en couvrit ses enfants
Doucement, de peur de les éveiller.
Elle les baisa tous deux sur la bouche;
Elle dit: ‘Enfants, restez en bonne santé;
Sur la foi de notre Dame
Je vous laisse ici en pleine confiance;
Si elle ne m'avait attendu
Je ne vous aurais pas quittés
Pour tous les biens de Rome.’
Ga naar margenoot+Ecoutez comment elle fera.
Maintenant elle se rend en grands pleurs
Vers le couvent, mère toute seule.
Quand elle vint au verger,
Elle trouva la porte ouverte subitement,
Elle y entra sans hésiter:
‘Marie, Dame, merci,
Je suis venue entre ces murs,
Dieu me donne bonne aventure.’
Partout où elle vint elle trouva les portes
Large ouvertes devant elle:
Alors elle entra dans l'église.
Doucement elle dit:
‘Seigneur, je vous prie ardemment
Aidez-moi à reprendre l'habit,
Que j'ai, il y a quatorze ans,
Laissé sur l'autel de notre Dame,
La nuit lorsque je suis partie d'ici!’
Ceci n'est pas un mensonge
Je vous le dis sans tromperie,
Souliers, coiffe et chape,
Elle les retrouva à la même place
Où elle les avait déposés.
Ga naar margenoot+Elle les revêtit en hâte
Et dit: ‘Dieu du ciel
Et Marie, Vierge pure,
Soyez bénis;
Vous êtes la fleur de toutes les vertus!
Dans votre pure virginité
Vous avez porté sans douleur l'Enfant,
Qui restera Seigneur éternellement.
Vous êtes un trésor élu;
Votre Enfant a créé ciel et terre.
Cette puissance vous vient de Dieu
Et est toujours à vos ordres.
Au Seigneur, qui est votre protecteur
Vous pouvez commander comme mère,
Et Lui vous appel er chère fille:
Pour cela la vie m'est bien plus agréable.
Qui cherche pardon près de vous
Le trouve, même s'il vient tard.
Votre aide est trop grande;
Si j'ai du chagrin et de la misère,
Vous les avez changés maintenant de telle sorte,
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Que je puis maintenant être heureuse:
Avec raison je puis vous bénir.’
Les clefs de la sacristie,
Les vit pendre, en vŕité,
Ga naar margenoot+Devant Marie, où elle les avait pendues.
Elle se munit des clefs
Et se rendit dans le choeur, où brillantes
Les lampes brûlaient dans tous les coins.
Puis elle pril les livres
Et les déposa chacun à sa place,
Comme elle faisait souvent autrefois;
Et elle pria la Vierge Marie,
De la délivrer du mal,
Ainsi que ses enfants, qu'elle laissa
Chez la veuve, en grand chagrin.
Entretemps la nuit était passée
Et l'horloge se mit à sonner,
A quoi l'on savait qu'il était minuit.
Elle prit la corde de la cloche par le bout
Et se mit à sonner matines, si bien,
Qu'elles l'entendirent partout.
Celles qui étaient couchées en haut au dortoir,
Descendirent ensemble
Sans tarder, du dortoir.
Elles ne surent de la chose ni beaucoup ni peu.
Elle resta au couvent tout le temps
Sans moqueries et sans reproches;
Marie avait servi pour elle,
Comme elle eût fait elle-même.
Ga naar margenoot+Ainsi la pécheresse fut convertie
Pour la glorification de Marie qu'on honore,
La Vierge du royaume des cieux,
Qui toujours, fidèlement
Vient en aide à ses amis
Quand ils sont dans le besoin.
Ga naar margenoot+Cette jeune fille dont j'ai lu l'histoire
Est religieuse comme elle le fut au début.
Je ne veux oublier maintenant
Ses deux enfants qu'elle laissa
Dans la maison de la veuve, en grande peine.
Ils n'avaient ni argent ni pain,
Je ne saurais vous dire
Quel grand chagrin ils eurent
Lorsqu'ils ne trouvèrent point leur mère.
La veuve s'assit à côté d'eux
Et en avait grande pitié.
Elle dit: ‘Je veux aller chez l'abbesse
Avec ces deux enfants,
Dieu lui inspirera
De leur faire du bien.’
Elle mit effets et souliers
Et se rendit avec eux au couvent.
Elle dit: ‘Dame, reconnais
La misère de ces deux orphelins.
La mère toute craintive
Cette nuit les laissa dans ma maison
Et s'en est allée de par la rue,
Je ne sais où, à l'ouest ou à l'est;
Ainsi ces enfants restent sans aide
Ga naar margenoot+Je les aiderais volontier, si je savais comment.’
L'abbesse lui répondit;
‘Gardez-les bien, je vous en récompenserai,
De sorte que vous ne vous en repentirez pas,
Après qu'ils vous furent laissés.
Qu'on leur donne la charité
Chaque jour, par amour de Dieu.
Envoyez ici chaque jour un messager
Qui vienne leur cherch le boire et le manger
S'il leur manque quelque chose, il faur m'en informer.’
La veuve était très heureuse,
Que la chose se passait ainsi.
Elle prit les petits enfants avec elle
Et prit bien soin d'eux.
La mère qui les avait allaités
Et beaucoup souffert pour eux
Etait très heureuse
Quand elle les sut en bonne garde,
Ses enfants qu'elle abandonna
Et quitta en grande misère.
Elle n'eut plus crainte ni préoccupation
Dès lors pour ses enfants.
Elle continua à mener une sainte vie;
Beaucoup elle soupirait et tremblait
Jour et nuit;
Ga naar margenoot+Car elle avait dans le coeur le repentir
De ses méchants péchés,
Qu'elle n'osait confesser,
A personne, ni révéler
Ni même relater par écrit.
Ga naar margenoot+Quelque temps après, un jour, vint
Un abbé, qui avait coutume de leur rendre visite
Une fois dans le courant de l'année
Pour apprendre s'il n'y avait
Quelque bruir de médisance
Qui put leur valoir honte.
Le jour où il était venu
La pécheresse était étendue par terre et disait
Sa prière dans le choeur,
Elle était en grande incertitude.
Le diable la tentait par la honte,
Pourqu'elle ne fasse point part
A l'abbé de son méfait de pécheresse.
Tandis qu'elle était en prière
Elle vit à côté d'elle passer,
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Un jeune homme habillé de blanc.
Il portait sur son bras, tout nu,
Un enfant qui lui semblait mort.
Le jeune homme jonglait
Avec une pomme, et la rattrappait
Pour l'enfant et en faisait un jeu.
La religieuse vit cela
Tandis qu'elle était en prière
Ga naar margenoot+Et dit; ‘Ami, si cela est permis,
Et si vous venez de Dieu
Je vous en conjure par ses commandements
Que vous me disiez, sans rien me cacher,
Pourquoi vous jouez devant cet enfant
Avec cette belle pomme toute rouge,
Tandis qu'il repose mort dans vos bras:
Votre jeu ne lui sert à rien.’
‘Certes, religieuse, vous dites vrai:
Il ne se doute point de mon jeu
Ni peu, ni beaucoup,
Il est mort et n'entend ni ne voit.
De même Dieu ne sait pas
Que vous priez et jeûnez;
Cela ne vous aide à rien
C'est tout peine perdue,
Que vous vous fustigiez.
Vous êtes tellement noyée dans les péchés
Que Dieu n'entend pas vos prières
Là-haut dans son royaume.
Je vous conseille, allez en hâte
Auprès de l'abbé votre père
Et racontez lui tous
Vos péchés sans mentir.
Ne vous laissez pas tromper par le diable.
Ga naar margenoot+l'abbé vous absoudra
Des péchés qui vous font souffrir;
Si vous ne voulez les dire
Dieu se vengera durement de vous.’
Le jeune homme s'éloigna
Et ne voulut plus se montrer;
Elle comprit ce qu'il avait dit.
Au matin elle se rendit de suite
Auprès de l'abbé et le pria qu'il écoutât
Sa coufession, mot pour mot.
L'abbé était un sage,
Il dit: ‘Fille, chère amie,
Je veux bien.
Réfléchissez bien et examinez
Complètement vos péchés.’
Alors elle alla se mettre
A coté du saint abbé
Et fit connaître toute sa vie,
Et son existence dès le commencement,
Comment un amour frivole
La séduisit tellement
Qu'elle dut quitter
Son habit, en grande crainte,
Une nuit sur l'autel de notre Dame,
Ga naar margenoot+Et quitta le couvent avec un homme,
Dont elle eut deux enfants.
De tout ce qui lui était arrivé
Elle ne cacha rien.
Tout ce qu'elle savait au fond de sou coeur;
Elle en fit part à l'abbé.
Lorsqu'elle eut confessé,
L'abbé, le saint père, lui dit;
‘Fille, je vous absoudrai
Des péchés qui; vous font souffrir
Et que vous m'avez conffessés.
Louée et bénie
Soit la Mère de Dieu.’
Il lui posa en même temps sur la tête.
La main, et lui fit pardon.
Il dit: ‘Je ferai, en un sermon
Connaître publiquement votre confession,
Et l'arrangerai sagement
Que vous et vos enfants.
En aucun endroit
Vous n'éprouverez aucune honte;
Ce serait un tort de taire
Ce beau miracle, que notre Seigneur,
Fit en l'honneur de sa mère.
Je le ferai connaître partout;
Ga naar margenoot+J'espère aussi
Que maint pécheur s'y convertira
Et honorera notre chère Dame.’
Ga naar margenoot+Il fit connaître au couvent,
Avant de retourner chez lui
Ce qui était arrivé à une religieuse;
Mais elles ne savaient pas
Qui elle était; la chose resta cachée
Il prit les deux enfants de la béguine
Et les conduisit avec lui.
Il leur nou un habit gris,
Et ils devinrent deux braves hommes.
Leur mère s'appelait Beatrice.
Louez et estimez Dieu,
Et Marie qui allaita Dieu
Qui fit ce beau miracle,
Elle la tira de toute misère.
Prions tous, petits et grands
Qui entendons lire ce miracle,
Pourque Marie soit notre médiatrice
Dans cette douce vallée
Où Dieu jugera le monde!
Amen
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