Delafosse, les croquis de Julien Lhomme dans Les Bananiers en fleurs, les Trente Histoires de Congolais de Willy Van Cauteren, pour en venir à l'oeuvre très abondante d'Olivier de Bouveignes.
Celle-ci vaut plus par l'érudition et la cueillette attentive du folklore indigène que par les pages d'imagination et de sensations personnelles. Ce sont les Contes d'Afrique, les Nouveaux Contes d'Afrique, La Légende des Bêtes et de la Brousse, Prix Triennal de Littérature coloniale, Le Roi du Lac, Le Forgeron, Un fruit dans la haie, Entendu dans la brousse. Olivier de Bouveignes a livré encore une série d'études historiques, consacrées à Conrad, au Royaume du Congo, et prépare une histoire de Léopoldville dont on parlera un jour.
Citons ensuite les amusants croquis de L.J. Lens, parus sous le titre de Elisabethville, mon village, qui seront bientôt un témoignage sur cette cité où il y a vingt-cinq ans à peine, des outlaws en tenues de cow-boys côtoyaient encore des dames aux longues robes et aux chapeaux fleuris sous les ombrelles.
En 1931 paraît le premier ouvrage de G. Van Herreweghe, en littérature Henry Drum. Ces Coloniaux, écrit trop vite, manifeste quelques négligences de style, mais, par son ironique saveur, par ses réminiscences de lettré, permet d'augurer un colonial qui sera un humaniste. Des romans suivront, Luéfi ya Kondé, L'Etrange Baiser, qui est plutôt une nouvelle parmi d'autres. Ethnographie romancée, mais qui comporte plus de vérité peut-être qu'on ne pense. Fions-nous à un auteur qui fut un vrai territorial, qui sut étudier, comprendre et aimer l'âme indigène. Une série d'autres nouvelles et d'esquisses complètent l'oeuvre d'Henry Drum, faite d'observation, d'exotisme vrai, et d'humour qui recouvre mal un certain sentimentalisme hérité d'un Loti.
Avec Henry Drum, nous arrivons à la littérature récente et celle d'aujourd'hui. André Scohy, vrai journaliste, a promené des années durant son regard amusé, et attentif, sur un Congo toujours renouvelé, où il a recherché un passé qui s'estompe. Etapes au Soleil, qui a remporté le Prix du reportage colonial, ramasse une série de croquis sur les paysages, les choses et les hommes d'un Congo qui chante. C'est là un précieux témoignage, qui vaut par l'observation fouillée, l'humour et la sensibilité. Il en fait espérer d'autres, et peut-être des oeuvres romancées ou tout au moins des nouvelles qu'André Scohy, avec son bagage actuel, aborderait avec bonheur, nous en sommes persuadés.
De telles nouvelles, Pierre Ryckmans, ancien gouverneur du Congo Belge, nous les a livrées, et ce fut une révélation. Après avoir signé ses ouvrages de colonial, d'humaniste, tels Dominer pour Servir, Messages de guerre, Pierre Ryckmans, libéré de sa lourde charge, poussé par des amis, s'est décidé à publier Barabara, recueil de nouvelles, dont la principale, Barabara, relate l'histoire d'une route, de cette route qui est aussi le banc d'essai du jeune agent ou du jeune administrateur. C'est un récit véridique et vivant. Il est entouré d'autres nouvelles tout aussi heureuses, qui ont fait dire aux critiques que nous tenions notre Ruskin ou notre Somerset Maugham. Ce sont de petites merveilles de concision, d'humour, d'humanité, de poésie. Faut-il